Si cette malheureuse passion vue de loin dans deux personnes qui s’aiment, et dont on n’entend pas même les discours, est souvent capable de faire de vives impressions sur celui qui les observe ; qu’arrivera-t-il, lorsque, sur la scène, un jeune homme et une fille, avec toute la vivacité que l’art peut inspirer, font parade de leur tendresse dans un Dialogue, où les pensées étudiées du Poète sont toujours portées à l’excès ? […] Qu’on ne me dise pas que des amours qui causent tant de tourments à ceux qui en sont possédés, et qui les portent à tant d’extravagances, sont plus propres à corriger de cette passion qu’à l’exciter : Cela pourrait se dire avec quelque vraisemblance, si, après tous ces tourments, et toutes ces extravagances, les Amants finissaient par être réellement malheureux : En ce cas les Spectateurs pourraient concevoir de l’aversion pour une passion qui ne produit que des peines dans sa fin, comme dans son progrès : mais malheureusement l’amour de Théâtre, et surtout celui de la Comédie, a toujours un succès heureux ; et le Spectateur en conclut avec raison, que les maux soufferts par les Amants, pour arriver à ce succès favorable, loin d’être une juste punition due à une passion condamnable, sont plutôt une persécution injuste suscitée à la vertu qui finit par en triompher. […] Quelle correction peut-on espérer d’une passion traitée de cette manière, surtout lorsqu’elle finit par triompher, comme il arrive toujours dans les Comédies, ainsi que je l’ai remarqué plus haut. […] Je suis surpris qu’il n’arrive pas au Théâtre moderne ce qui arriva à celui d’Athènes, où les Spectateurs, ennuyés d’entendre depuis longtemps des chansons Dionysianes, crièrent tous unanimement, plus de Bacchus, plus de Bacchus ; et que notre Parterre ne se mette pas à crier, plus d’Amour, plus d’Amour.
CONCLUSION Le Sauveur ayant prononce en saint Mathieu Chap. 18. v. 7. cet anathème : « Malheur au monde à cause des scandales ; il est nécessaire qu’il arrive des scandales, mais malheur à l’Homme par qui le scandale arrive.
J’aurais voulu que le Théâtre se fût éloigné : je craignais, & je desirais d’y arriver. […] L’instant arrive : la toile se lève : il faut paraître : je m’avance sur la Scène : un profond silence règne jusque dans le Parterre : mes regards concentrés n’osent quitter le tapis : je chancelais ; ma seule timidité sans doute me fit des Partisans : enfin j’ose lever la vue… Ma sœur,… vis-à-vis de moi… dans l’Orquestre, enseveli dans ses pensées… mon époux… je le découvre cet Amant vers lequel toute mon âme cherchait à voler… Un mouvement involontaire m’échappe, & je lève vers le ciel des regards supplians. […] Le fait qui sert de base au récit qu’on vient de lire, est-il arrivé sur le Théâtre de la Capitale de la France ? Je n’en sais rien : mais on m’a communiqué une Lettre, qui fait part à madame Du D** d’un trait tout semblable, arrivé depuis peu dans une Ville considérable de nos Provinces, & que je vais rapporter. — Mademoiselle de F***, élevée dès l’enfance dans le Couvent de C**, n’en était sortie que pour épouser un jeune Conseiller ; soit qu’il eût beaucoup de mérite, ou seulement celui d’être le premier objet capable de la toucher, qui se fût offert à sa vue, on dit qu’elle l’aima éperdûment. […] Il arrive presqu’aussi-tôt quelle : sa surprise fut extrême en voyant sa jeune épouse.
Voilà pourtant ce qui arrive tous les jours. […] L’événement arrive-t-il le jour ou la nuit ? […] J’arrive à la Comédie comme dans un appartement d’ami. […] Cela arrive sans doute, mais cet abus est une atteinte formelle à l’art & à l’illusion qu’il doit soutenir sans cesse.
Apprenez, pauvres misérables, ce qui vous doit arriver après la mort, par ce qui vous arrive durant la vie.
Les incidens qui naissent les uns des autres, arrivent comme ils ont du arriver suivant la vraisemblance. […] Le Dénouement arrive par une Reconnoissance qui cause une Péripétie, & la Reconnoissance comme la Péripétie, naît du Sujet. […] La Tragédie est l’imitation d’une Action ; cette Action arrive ordinairement, parce que tels Personnages ont telles Mœurs, telles Inclinations, tels Caracteres : il faut donc qu’une Tragédie ait des Mœurs. […] Les choses arrivent comme on a prévu, parce qu’elles arrivent suivant les Mœurs des Personnages. […] On peut bien dire qu’alors tous les Spectateurs étoient Peuple, ce qui arrive aussi parmi nous.
L’ouvrage, négligé par suite de ce malheureux goût, attirait souvent sur eux les réprimandes du maître, et ils ne manquaient jamais, chaque fois que cela arrivait, le fameux « dissimulons !» […] Tout en exhalant ma mauvaise humeur contre cette fureur dramatique, qui menace de transformer en théâtres les cafés et les cabarets de notre bonne ville, j’arrive à la barrière des Bons-Hommes. […] Malgré mon appétit violent, je me hâtai de gagner l’autre rive, en frémissant de trouver encore un spectacle à la plaine de Grenelle, ou à Vaugirard, où j’arrivai moitié mort de faim, d’humeur et de fatigue. […] Pénétré de ce grand principe, et tout en brodant sur ce sujet, j’arrive à ce boulevard qu’on a nommé, je ne sais pourquoi, Montparnasse. […] J’arrive à l’Ambigu, que je reconnais parfaitement ; sa façade a résisté aux outrages du temps, et brille même encore près d’une moderne.
Il arrive cependant sur ce sujet, comme il est arrivé sur tant d’autres, des moments de lumière où la vérité se découvre, et où les excès deviennent si grands et si visibles, que l’on est obligé de parler et de donner des règles pour en arrêter la licence. […] Nous défendons absolument et très étroitement de se servir de lieux saints ou consacrés par la célébration de nos saints mystères, pour la représentation de ces Tragédies à quelque point que l’on les réduise, mais beaucoup plus étroitement encore si on y joignait quelqu’une des choses que nous venons de défendre dans le précédent Règlement : et si ce scandale arrivait, comme cela nous paraîtrait une profanation publique de ces lieux, et une espèce d’abomination dans le lieu saint, Nous défendons très expressément à tous Prêtres du Clergé ou Réguliers d’y célébrer la S.
Selon moi, elle n’est établie que pour avertir de ce qui est arrivé avant l’ouverture de la Pièce. […] Ses personnages sont ils dans le cas qu’on désire de sçavoir ce qui leur est arrivé avant l’ouverture de la Scène ? […] Il faudrait alors que ce qu’on marquerait devoir arriver à tel Personnage lui convint de telle sorte que le Spectateur craignit à chaque instant de l’en voir déchu. […] Il arrive aussi que le Spectateur est tout étonné de voir représenter avec ce qu’on lui a promis, des choses aux quelles il ne s’attendait pas ; ce mêlange de choses qui n’ont que peu de rapport les unes aux autres, est cause qu’il ne fait où fixer son attention. […] La Tragédie intitulée La mort de César, avertit bien par son seul titre que le principal Héros doit mourir ; & cependant on est aussi surpris, aussi affligé de sa fin tragique, que si l’on n’eut jamais sçu ce qui devait lui arriver.