Nous avons vû que celle-ci n’étoit nullement favorable à sa cause : ajoutons le témoignage des Payens qu’il n’oseroit suspecter ; nous préluderons par les Docteurs de l’Eglise, sans avoir aucun égard à sa répugnance ; leurs sentimens font un ensemble d’un aussi grand poids que les Canons, & dès qu’ils se réunissent en grand nombre sur une assertion doctrinale, on ne peut la démentir, sans s’écarter des bornes de la foi dont ces grandes lumieres ont conservé le précieux dépôt dans leurs ouvrages respectifs. […] Tel est le témoignage de Saint Cyprien, lequel étant né dans les ténébres de l’idolâtrie, lorsqu’il exerçoit la profession d’Orateur & de Philosophe, fut converti par le Prêtre Cecilius ; puis ayant éclairé l’Eglise par sa doctrine, étant monté sur le premier Siége d’Afrique, après l’avoir soutenu long-tems par son zéle, il l’édifia par sa mort généreuse, versant son sang pour la foi de J. […] On voit encore en cette Loi les Puissances temporelles tendre la main aux Chefs de l’Eglise, à l’occasion des Spectacles : si nous remontons jusqu’au IIe. siècle, nous trouvons à coté de Tertulien, St. […] L’Eglise aux IV.
Or j’ose dire qu’on ne trouvera pas un seul Prédicateur dans l’Eglise qui ait approuvé, qui ait toléré la comédie, qui ne l’ait expressément & sévèrement condamnée. […] Que c’est se jouer de Dieu d’avoir dit anatheme au démon dans le baptême, & de rechercher ces fausses joies ; que l’Eglise étoit sur ce point si sévère dans sa discipline, qu’elle mettoit quelquefois obstacle à la conversion des infidèles, qui aimoient mieux ne pas embrasser la foi que de renoncer au théatre, &c. […] Ajoutez à cela tous les Ministres de l’Eglise, Pasteurs, Confesseurs, Prédicateurs, Docteurs, &c. […] N’y eût-il que la désobéissance à l’Eglise votre mère, qui l’a défendu, vous devriez trembler.
Nous ne nous lassons point d’entendre le plus éloquent des Orateurs, & l’un des plus saints Evêques de l’Eglise. […] Il se plaint des irrévérences dans les Eglises & du peu de fruit qu’on tire de la parole de Dieu. […] Nos mystères, dit-il, sont des comédies, & nos Eglises des théatres. […] Vous ne sauriez sans rougir, vous ne pourriez sans crime, les entretenir de ce que vous avez vu & entendu, vous êtes obligé de garder honteusement le silence ; en revenant de l’Eglise au contraire, vous racontez avec confiance & avec fruit ce que vous ont appris, ce que vous ont inspiré de bon & d’utile la voix des Prophètes, l’enseignement des Apôtres, l’oracle de la loi divine, la réception des sacremens.
Il serait inutile et impossible de faire l'histoire et d'épuiser le détail des folies humaines dans les divertissements ; nous ne parlerons que d'une espèce qui s'était répandue dans toute la France pendant les siècles d'ignorance, et s'était glissée jusques dans les Eglises et dans l'Office divin, et par les plus indécentes profanations avait porté dans le sanctuaire l'abomination de la désolation, sous une infinité de noms bizarres, la Fête des Fous, la Fête de l'Ane, les Innocents, la Mère folle, l'Abbé et les Moines de Liesse, l'Evêque des Imbéciles, le Pape des Fats, le Roi des Sots, le Prince de Plaisance. C'étaient des enfants de chœur qui chassaient les chanoines de leurs stalles pour faire l'office à leur place, qui s'habillaient en Evêque et donnaient des bénédictions ; des gens qui menaient à l'Eglise un âne vêtu d'une chape, et chantaient des hymnes en son honneur, des chansons bachiques, des postures grotesques, des mascarades hideuses, des repas sur l'autel, et partout la comédie, dans l'Eglise, où l'on dressait le théâtre pour la jouer. […] L'Eglise a toujours condamné avec indignation ces profanes extravagances ; elle a enfin réussi à les bannir du lieu saint, il n'en reste que quelques légers vestiges dans les processions de la ville d'Aix, dans quelques Communautés de filles, où le jour des Innocents les Pensionnaires sont les maîtresses, dans plusieurs paroisses de campagne, où le jour du Patron on fait des cérémonies singulières, surtout dans les folies du carnaval, dans les bals et les comédies ; ce que l'Eglise n'a jamais pu abolir, non plus que les vices qui les produisent, et les crimes qu'ils font commettre.
Les saints évangélistes, ainsi que les pieux et vénérables personnages de la primitive église, ne cessèrent tous de prêcher la douceur, la charité, l’humilité, le pardon des injures, et le mépris des richesses. […] Il est temps que le chef de l’église rompe un silence si nuisible qui semblerait l’accuser de donner son approbation, à la rébellion et à l’anarchie. […] Les théologiens qui, jusqu’à présent, ont voulu traiter cette question de la réunion des schismatiques à l’église de Rome, pour la plupart soumis à l’empire des préjugés, n’ont jamais bien envisagé cette question difficile dans son véritable point de vue ; ils n’ont présenté que des raisonnements faibles ou sans justesse, qui toujours ont été, et seront toujours sans effet. […] Que le pape chasse les jésuites qui n’offrent qu’une société dangereuse, ou plutôt une secte désorganisatrice qui n’est en harmonie avec aucune autorité sur terre, pas même avec celle du chef de l’église, auquel plus d’une fois elle fit la loi, et dont les éléments tendent à la dissolution de tout ce qui lui résiste, et de tout ce qui lui est contraire. […] Le chef des chrétiens sera alors bien certain de rendre la paix à l’église, d’apaiser les désordres qui désolent les gouvernements, et fera le bonheur des souverains et des peuples.
Il vaut mieux que la vertu cede la place au vice, que Dieu s’en aille avec les Saints dans les Eglises. […] Les mêmes traits peuvent s’appliquer à l’Eglise. […] Vierge, à l’Eglise, & à l’ame fidelle. […] Telle une femme mondaine, qui vient à l’Eglise, assiste à la Messe avec toute la pompe de la vanité. L’Eglise est le Calvaire, l’autel est la croix, la Messe est le sacrifice où J.
Qu’ils s’habillent doncques dittes-vous, qu’ils s’habillent même proprement, qu’ils voïent les honnêtes gens, & qu’ils vivent honnêtement avec eux : Mais qu’ils s’habillent en gens d’Eglise, que leur propreté soit conforme à leur profession, & que leur vie fasse respecter leur caractere de tous ceux, qui seront témoins de leurs actions. […] Les enfans de ces premiers enfans de l’Eglise, auxquels les Païens n’avoient point d’autres reproches à faire, si ce n’est qu’ils ne paroissoient point dans le Cirque, qu’ils fuïoient le teatre & les spectacles publics, qu’on ne les voïoit ni couronnez des fleurs, ni vêtus de pourpre, qu’ils aimoient la pauvreté, & qu’ils avoient horreur des charges & des honneurs ! […] Aussi ceux-là ont attiré toute la terre à Jesus-Christ par l’odeur de leur sainteté, & ont fait avoüër aux plus-opiniâtres d’entre les Gentils, qu’il n’y avoit point d’apparence, que l’erreur pût se trouver, où brilloit tant de vertu ; au-lieu que nos dereglemens servent de pretexte aux heretiques pour se separer de l’Eglise, & persuadent aux ames simples & peu êclairées, que la verité ne se peut rencontrer, où regnent tant de desordres ?
Esprit ès Ecritures Saintes, par l’Eglise, par les Saints Pères, et par la raison même. […] Qu’est-ce que l’Eglise en a autrefois ordonné ? […] Les Apôtres et les Saints ont tous été dans ce sentiment, que le Christianisme et la discipline de l’Eglise, est une école de larmes et de pleurs, et non pas de joies et de délices : ce qui a fait dire autrefois à S.
Cette doctrine, puisée dans le sein de l’Eternel, nous ordonne de renoncer en face de l’Eglise, et par les promesses les plus solennelles, à tout ce qui peut nous être un obstacle pour arriver à la félicité la plus sublime. […] Il est assez singulier qu’un Auteur ait ignoré le succès de ses Pièces dans le temps, et qu’il ait attendu douze années à en être informé par un homme d’Eglise. […] Vous nous assurez que jamais le Théâtre n’aura l’approbation de l’Eglise.