… car entrer dans l’église avec des masques à la main, y entendre la messe, bénir ensuite les masques et ces odieux déguisements avec de l’eau bénite puisée dans le grand bénitier, puis se masquer et danser devant l’image de la Vierge, qui tient au grand portail de l’église, c’est, selon moi, unir les bacchanales, les saturnales les plus infâmes, aux cérémonies les plus augustes, les plus saintes de notre culte ! […] PP., en l’année 1653, à l’occasion de l’Enigme infâme qu’ils y exposèrent, et dans laquelle on voyait tous les dieux du paganisme, tels que Jupiter, Vénus, Cupidon, etc., dans la nudité la plus absolue, et à côté des sujets les plus respectables de notre culte, tels que le saint-sacrement de l’autel, l’image de Jésus-Christ, de la Vierge, et des autres saints. […] Les complies de la Pentecôte étant finies, le doyen, les chanoines, et les habitués sortaient de l’église en procession, et venaient dans le petit cloître : il y a au milieu du préau un dôme, et au-dedans une masse de pierre taillée en rond, et des images aussi de pierre à l’entour. […] Le premier jour de mai le chapitre d’Evreux avait coutume d’aller dans le bois L’évêque, qui est fort près de la ville, couper des rameaux et de petites branches, pour en parer les images des saints qui sont dans les chapelles de la cathédrale. […] Le chapitre de Rouen a joui jusqu’à la révolution du droit de délivrer des prisonniers le jour de cette cérémonie, à laquelle cependant depuis plusieurs années on ne portait plus l’image hideuse du monstre Gargouille.
Le style de cet Ecrivain est doux & coulant, simple & naturel, ses images agréables, ses sentimens tendres. […] Ces images plaisent un moment ; mais à force de les sasser & ressasser, tourner & retourner, on lasse le lecteur le plus patient. […] Abus sacrilége, qui fait sentir la nécessité de la circonspection modeste qui interdit ces images. […] La variété des évenemens, l’enchaînement des aventures, les intrigues des personnages, la galanterie perpétuelle qui y regne, les images voluptueuses & souvent licencieuses, qui allarment la vertu, malgré la prétendue modestie de son traducteur, le mêlange des mysteres & des fables, de Dieu & des démons qui révoltent, des opérations magiques & des miracles, qui sont tirés des dialogues continuels de ses acteurs, qui parlent plus qu’ils n’agissent.
Sur ce que vous dites qu’une chose qui peut produire quelquefois de mauvais effets dans des esprits vicieux, quoique non vicieuse d’elle-même, ne doit point être défendue, quand surtout elle peut servir à l’instruction et au délassement des hommes ; je réponds avec Saint Augustin, (voilà un Antagoniste digne de vous ;) je réponds, dis-je, avec Saint Augustin, que le fond de l’homme étant naturellement vicieux et corrompu, et les meilleures choses par conséquent sujettes à être tournées en poison presque chez tous les hommes, tout ce qui se présente à eux sous une image de volupté, même la plus innocente, peut causer de terribles impressions sur les âmes, et les cause même nécessairement. […] Monsieur, j’ose encore ne pas convenir avec vous, que l’amour exprimé chastement dans cette Poésie, bien loin d’inspirer de l’amour, contribue à guérir de l’amour, pourvu qu’on n’y répande point d’images ni de sentiments voluptueux, et que si quelqu’un malgré cette précaution ne laisse pas de s’y corrompre, la faute vient de ce quelqu’un, et non pas de la Comédie.
Nicole, qui est la semence de la vie, & la parole du diable qui est la semence de la mort, ont cela de commun qu’elles demeurent souvent longtems cachées dans le cœur sans produire aucun effet sensible… Le diable se contente quelquefois de remplir la mémoire des images (du spectacle) sans passer plus avant, & sans en former encore aucune tentation sensible : mais ensuite après un long tems, il les excite & les réveille sans même qu’on se souvienne comment elles y sont entrées, afin de leur faire porter des fruits dignes de mort, Rom.
Il a le contentement d’y considerer les tableaux de ses inclinations, les images des desirs, de l’amour, de la joye, de la haine, & des autres passions : les applications de tous ces mouvemens à des sujets differens, un mélange si bien disposé, qu’il laisse de la passion pour le retour des mouvemens que les Acteurs suspendent pour un temps, afin de recréer par la nouveauté de ceux qu’ils font paroistre. […] Quelques-unes de ces Pieces sont des copies animées de l’innocence & de la sainteté ; quelques-unes sont des tableaux vivants des passions les plus noires & les plus criminelles ; quelques-unes tiennent le milieu de ces extremitez, & sont des images éloquentes des vertus, & des vices. […] Elle a trop de discretion & de pieté pour frapper de ses foudres l’image de Jesus-Christ. Plusieurs autres Pieces nous representent des Histoires saintes de l’ancien & du nouveau Testament ; ces images parlantes de la sainteté ne sont pas plus dignes des foudres de l’Eglise, que les images muëtes, qui n’entretiennent que les yeux : & ce seroit un caprice bien injuste de respecter les dernieres, & de condamner les premieres ; l’Eglise n’est pas capable de cette conduite bizarre, & opposée au respect qu’elle nous ordonne de rendre aux images de Jesus-Christ, & des Saints. Quand nous remarquerions quelques passions criminelles dans les plus religieuses Comedies, elles n’y paroissent que dans un état qui en fait concevoir de l’horreur : & elles ne sont non plus contraires au respect que nous devons à ces images parlantes, que les bourreaux qui dans un tableau font mourir Jesus-Christ, ou les Saints, ne sont pas opposez à la veneration que nous devons à cette representation de la Passion de Jesus-Christ, & du martyre des Saints.
Il craint peu de brouiller les images en les rendant confuses.
Ces Peuples, toujours frappés du bruit des armes, & des exercices Militaires, chercherent dans leurs amusemens même, des images qui entretinssent leur ame dans la chaleur, dans cette situation fiere & un peu sombre qu’inspire l’horreur des combats. […] 6 Les Romains n’eurent donc plus d’intérêt à se voir rappeller dans leurs Spectacles, les images de la guerre ; ils ne songerent plus qu’à jouir des douceurs du repos : la Comédie eut donc la préférence, & fit tant de progrès, que Térence l’emporta sur Aristophane & Ménandre ses modèles.
Tout cela, ne sont-ce pas autant de fortes attaques, données par les yeux, & par les oreilles, au cœur des personnes, qui écoutent ce qui se declame, & qui voyent le spectacle d’une comedie, pour y porter des impressions d’amour, en leur amolissant la volonté ; en leur gravant dans l’imagination des images, & des representations moins honnétes ; & en leur laissant dans la memoire des idées, qui ont toûjours quelque chose de sensuel ? […] Elle est, par exemple, d’un temperament doux & tres-sensible ; elle a un cœur, qui prend aussi-tôt feu ; l’imagination en est vive & forte, pour conserver la molesse, & l’impureté des images ; la volonté en est naturellement foible, & facile, pour se laisser aller à toutes ces representations ; elle a l’experience de ces desordres secrets, qu’elle a plûtôt aimez, qu’elle n’a combattus.
Une action théâtrale est l’image plus ou moins forte de ce que nous voyons tous les jours. […] Nos plus foibles drames ne doivent leur réussite, qu’à ces touchantes images qui rapellent à nos cœurs le sentiment de l’humanité. […] Je vous interroge vous-même ; pouvez-vous être heureux par l’image du plaisir d’un autre, lorsque ce plaisir vous est prejudiciable ? […] Voilà l’image de ce qui se passe aux pieces nouvelles. […] La multiplicité des images qu’elles nous présentent, éleve notre ame & lui procure de nouvelles lumieres.
Après s’être gaussé des choses séculières, on se raille des choses les plus saintes, de la confession, de la prédication ou des images, des cérémonies de l’Eglise et des personnes sacrées ; on y mêle les paroles même de la Bible, on profane ce qu’il y a de plus saint et de plus auguste en l’Eglise ; les serviteurs, les servantes et d’autres personnes qui ont l’esprit faible, entendant ainsi parler avec mépris des choses saintes, perdent le respect, la vénération et l’estime qu’ils en avaient ; ils s’accoutument à les considérer comme des choses profanes, indifférentes et de petite conséquence, ils tombent en un état d’insensibilité et d’endurcissement ; ce qui fait qu’ils se confessent, qu’ils communient, qu’ils prient Dieu et qu’ils entendent les sermons par manière d’acquit.
Tels sont les romans, les pièces de théatre, les ouvrages de galanterie, on y admire la finesse des pensées, la délicatesse de l’expression, la variété des images, regardez-y de près ; le cœur y est bien plus touché que l’esprit, le plaisir vient sur-tout du vice qu’on y a délicatement répandu, qui flatte une imagination gâtée ; on ne sauroit soutenir la vue d’un objet grossier, montré à découvert, mais nous sommes bien aise qu’on nous le fasse entrevoir à travers un voile délié, qui le laisse voir ànu à l’imagination, qui s’y applique avec un plaisir extrême, & lève aussi-tôt le voile, & il ne faut pas un grand effort pour le lever au théatre où il est des plus transparens. […] Il en faut dire de même des images ou livres (licencieux) & de l’assemblage des deux sexes, sur-tout des jeunes gens, c’est-à-dire, feu contre feu ; quel souffre ! […] Ce livre poussé jusqu’à huit volumes est écrit assez décemment, c’est-à-dire, que cette Dame qui a de l’esprit, de la politesse, beaucoup d’usage du monde, a évité les termes grossiers & les images obscènes ; quelle femme bien élevée en fait usage ? […] Dans le même temps tous les livres des Protestans reprochent aux Catholiques l’invocation des Saints comme une idolatrie, parce qu’ils se servoient en latin & en françois du mot adorer les Saints qu’ils se mettoient à genoux, brûloient de l’encens devant leurs images élevées sur des autels, comme si on employoit le titre de Saint pour les grands hommes du Paganisme : Saint Socrate, Saint Pluton, ce qui n’est pas plus propre aux habitans du Ciel que l’adoration, les sacrifices dûs à la divinité.
Enchanté des images de sa maladie, il idolâtre tout ce qui lui rend sa corruption sensible. […] bannissant de vôtre mémoire jusqu’au souvenir des images du théâtre, ouvrez les Livres sacrés, & dites avec le Prophéte : Seigneur, les méchans m’ont raconté leurs fables, les inventions de leur esprit ; mais elles n’ont rien qui ressemble à vôtre loi divine : Narraverunt iniqui fabulationes, sed non ut lex tua. […] Voilà une image fidele du mondain dans les spectacles ; il ne croit jamais y courir le moindre danger. […] De-là tous ces agrémens que l’ennemi de la pudeur a pris soin de répandre sur les spectacles ; de-la, comme remarque l’ingénieux Lactance, cette beauté, cette noblesse de sentimens, cette vivacité, cette diversité d’images pour faire trouver les crimes plus charmans & plus aimables. […] C’est quelquefois un jeune dissolu plongé dans le désordre, un vieux mondain qui va y chercher l’image de ses anciennes miseres, & tâcher d’y ranimer les étincelles du feu qui l’a brûlé, une femme livrée aux plaisirs, esclave de ses sens, idolâtre d’elle-même.
Tout cela, ne sont-ce pas autant de fortes attaques, données par les yeux, & par les oreilles, au cœur des personnes, qui écoutent ce qui se déclame, & qui voyent le spectacle d’une comédie, pour y porter des impressions d’amour, en leur amolissant la volonté ; en leur gravant dans l’i-imagination des images, & des representations moins honnêtes ; & en leur laissant dans la memoire des idées, qui ont toûjours quelque chose de sensuel ? […] Je ne diray pas, que c’est pécher mortellement, d’aller à la comédie ; mais je diray, qu’à plusieurs c’est péché mortel, d’y aller : La verité de cette proposition ne se prend pas simplement du spectacle, mais encore des dispositions particulieres de la personne, Elle est, par exemple, d’un tempérament doux & très-sensible ; elle a un cœur, qui prend aussi-tôt feü ; l’imagination en est vive & forte, pour conserver la molesse, & l’impureté des images ; la volonté en est naturellement foible, & facile, pour se laisser aller à toutes ces representations ; elle a l’expérience de ces desordres secrets, qu’elle a plûtôt aimez, qu’elle n’a combatus.
Mais j’entends ici plusieurs personnes qui protestent qu’elles ne se sentent point émues à la comédie, et qu’elles n’ont jamais reçu aucune atteinte, aucune impression maligne de ces sortes d’images. […] Ces choses portent leur condamnation avec elles, c’est contre cette dissipation, cette perte de temps prodigieuse, tout ce jeu de passions qui en produisent de pareilles, à ces larmes arrachées par leur vive image, cette impression contagieuse de nos maladies, ces parures, ces chants efféminés, ces yeux pleins d’adultères, cet enchantement du spectacle, cette agitation violente d’un cœur qui doit être le sanctuaire de sa paix, ces éclats de rire si peu convenables à des Chrétiens qui sont captifs sur le bord des fleuves de Babylone, et doivent attendre à tout moment la décision de leur sort éternel, en un mot tout cet amas de périls que les théâtres réunissent dont un seul est suffisant pour perdre une âme dans l’état de faiblesse où le péché de notre premier Père nous a réduits.
« Pour bien comprendre ce que nous venons d’avancer, il ne faut que considérer quelles impressions font sur l’âme les images les moins animées par elles-mêmes, et quel est le sentiment naturel qui accompagne la lecture d’un événement profane, la vue d’une peinture immodeste ou d’une statue indécente : si ces objets, tout inanimés qu’ils sont, se retracent naturellement à l’esprit, si on ne peut même en sentir toute la beauté et toute la force sans entrer dans la pensée de l’auteur ou dans l’idée du peintre, quelle impression ne font pas les spectacles, où ce ne sont pas des personnages morts ou des figures muettes qui agissent, mais des personnages animés, qui parlent aux oreilles, qui, trouvant dans les cœurs une sensibilité qui répond aux mouvements qu’ils ont tâché d’y produire, jettent toute une assemblée dans la langueur et la font brûler des flammes les plus impures ! […] Enchanté des images de sa maladie, il idolâtre tout ce qui lui rend sa corruption sensible.
ceux-là n’ont-il pas perdu l’image de Dieu, la ressemblance de Iesus Christ qui se transforment en des simulacres rempliz de sacrilege ? […] celuy se trompe bien fort qui en faict ce iugement, celuy est tyrã qui prend l’habit d’vn tyran, celuy qui se faict Dieu se reuolte contre Dieu, celuy n’a pas voulu porter l’image de Dieu qui porte celle d’vn Idole, qui vouldra gaudir auec le Diable ne pourra s’esiouyr en Iesus Christ, nul ne se iouë seurement avec vn serpent, nul ne se iouë impuneement auec le Diable, s’il nous reste tant soit peu de pieté, si nous auons esgard à nostre humanité, si nous auons soing du salut de nostre prochain, retirons ceux qui courent ainsi à toute course à perdition, qui sont rauiz á la mort, sont emportez aux enfers & sont precipitez à la gehenne : Que le pere donc retire son enfant, le maistre son seruiteur, le parent son parent, le citoyen son concitoyen, l’homme l’homme, & tous les Chrestiens, qui se transforment en bestes, iumens, pecores, demons, & celuy, qui les deliurera rẽportera le loyer, qui le mesprisera commettra offense, biẽ-heureux est celuy qui se garde de ne faire chose que bien a point, & qui est soigneux du salut d’autruy. […] & sacré, & porte au frontispice l’image d’vne vierge tenant son fils Iesus, arriere prophanes impures de cet objet de pureté & saincteté, arriere fols de cet objet de prudence, arriere du lieu où vous faictes les insensez à l’enuy, Vet. charta & mortualia. […] Si jadis entre les Payens l’object de la statue & de l’image de l’Empereur arrestoit toutes violences & immodesties, que c’est object du Roy des Roys, de l’Empereur des Empereurs, de ceste Emperiere & Royne mere de Dieu que l’Eglise nous met deuant les yeux en memoire de l’incarnation, mette fin à noz folies & irreuerences plus que payennes : Sur ce subject ie vous allegue vne histoire escrite par Pierre de Montboissier le venerable Abbé de Cluni & Auuergnat, discourüe par Huës Abbé de loüable memoire son deuancier, en plain chapitre la veille de Noel : Sçachez mes freres que Dieu sera auec nous en ceste saincte iournee, qu’il s’esiouyt de voz appareils & s’attend à vostre deuotion seruiable, sçachez außi que le Diable de l’autre part ennemy & enuyeux de vostre felicité s’efforcera d’offusquer la splendeur de ceste iournee & de vos bonnes œuures, ou d’amoindrir la gloire de ceste festiuité, vn de voz freres (parlant de luy) a veu ceste nuict la vierge mere de misericorde tenant sur son giron son fils qu’elle a enfanté ceste nuict, & a veu vne multitude d’Anges qui l’enuironnoit, ce petit enfant, Dieu tressailloit de ioye & applaudissoit des mains & dressant son visage riant & sa parole vers sa mere, vous voyez dit-il ma mere la nuit de ma natiuité remplie d’allegresse, en laquelle les oracles des prophetes & les hymnes des Anges se renouuelleront, & toutes les creatures celestes & terrestres se resiouiront de ma naissance de vostre ventre virginal, où est maintenant la perfidie de l’ennemy damné ? […] Les origines de ClairmõtEstienne 2. de ce nom Euesque constructeur de la vieille Eglise enserra dans son image tres-riche ouuré de la main d’Adelelme, qui est encores sur le principal Autel, Supr. 3. b.
Insensé, vil… Mon ami, il faut m’aider à me fuir moi-même, à éviter le dangereux Objet… Elle partage mon desespoir… Si tu savais comment nous sommes devenus coupables… Je parlais d’Ursule ; je fesais son éloge ; son adorable image enflamait mon imagination : je me croyais loin du crime… C’en est fait… j’ai mon ignominie & les remords de ma Complice à supporter.
Par pensées, parce que pour égayer la compagnie on tâche de se rappeler de bons contes, et qu’on réfléchit sur la façon dont on les rendra plus piquants, par l’indécence des images, et l’addition de quelques réflexions polissonnes. […] Si l’on établissait un spectacle à Genève, il y faudrait une garde, et ce serait à vos yeux une image affligeante de l’oppression et de la Tyrannie : langage de libertins qui ne voient que l’oppression et la contrainte dans un objet cher aux gens sages, puisqu’il en résulte la paix et la tranquillité.
Faites-vous ouvrir les porte-feuilles de mille gens du monde ; vous y trouverez des milliers de lettres pleines des plus vives images de l’amour. […] L’image positive que vous vous êtes fait de la pudeur, suppose nécessairement une estime et un goût intérieurs pour les femmes ; cependant vous en parlez de façon à faire croire aux meilleurs esprits, que vous les méprisez souverainement, et que votre mépris est formé de haine et d’aversion. […] Non, je crois les plaisirs nécessaires ; je ne les fuirais pas, s’ils avaient conservé leurs premiers charmes : ils étaient faits pour nous rendre heureux ; mon cœur, sans les avoir jamais connus, en chérira toujours l’image ; mais ils ne sont plus, ils ont péri par les mains qui nous les dispensaient….
Quelles atteintes mortelles ne peuvent pas donner à leur innocence, le nombre infini de maximes empestées qui se débitent dans les Tragédies et surtout dans les Opéra, les expressions et les images licencieuses que présente très souvent la Comédie !
LA fable des amours de Cupidon & de Psiché, inventée par Apulée, dans son âne d’or, mise en vers par la Fontaine, dont Moliere a fait un mauvais drame, & Thomas Corneille un mauvais opéra, que Lulli réchauffa des sons de sa musique, & que l’Abbé Basnier dans sa mythologie, traite avec raison de conte puerile ; cette fable vient d’être rajeunie dans un poëme en huit chants, avec des notes, comme si elle en valoit la peine, pour servir de suite aux fables de l’Abbé Aubert, & qui assurément doit en empêcher le fruit, en remplissant l’esprit du lecteur d’une multitude de folies amoureuses, dont le fonds est très-licencieux, & les images dangereuses. […] Ce denouement ingénieux est la véritable image des mariages qui se font sur la scene, & qu’on donne pour le remede & le correctif, le beau côté de morale du libertinage, venu après coup, quand tout le mal est fait. […] Les compagnons d’Ulysse abordent dans l’isle de Cirée, pour prendre des rafraîchissemens, & le livrer à la débauche : la maîtresse qu’on appelle Reine, leur fit, sous l’habit d’une actrice, l’accueil le plus favorable, & leur fait boire une liqueur délicieuse ; mais empoisonnée, (avec des drogues qui portent à l’impureté ;) ils sont changés en bêtes, en loups, en pourceaux, en lions, en ours, & enfermés dans une étable, d’où ils ne peuvent plus sortir ; où on les nourrit de glandes images des effets de la volupté qui transforme les hommes en bêtes, & selon leurs caractères divers, les rend immondes comme des pourceaux, voraces comme des loups, furieux comme des lions, & les reduit à la derniere misere, il faloit que le Divin Homere aimât la table ; dans ce qui précéde leur changement en ce qui suit leur retour, qui occupe trois ou quatre pages, il est parlé vingt fois de bonne chere ; ils ne font que boire & manger, & U’ysse comme les autres. Ces images se trouvent dans l’Ecriture, la femme prostituée, dans l’Apocalypse, enivre comme Circé, les Rois & les sujets, de sa coupe empoisonnée.
L’esprit, si l’on peut le dire, a sa parure, son miroir, sa toilette aussi-bien que le corps ; le démon tend les mêmes piéges, & tient encore le même langage à une femme éprise de sa beauté, vous êtes belle, mais vous le serez bien davantage, si vous embellissez vos charmes ; Dieu pouvoit vous mieux partager, une espèce de jalousie l’a rendu réservé dans leur distribution ; si vous y suppléez par les couleurs & les ornemens de l’art, vous lui ressemblerez, vous n’en serez que plus parfaitement son image, on vous adorera comme une Divinité, les amans tomberont à vos genoux ; on voudroit vous faire un crime de ce fard & de cette parure empruntée, c’est le fruit de la science du bien & du mal qu’on vous interdit : ne craignez rien vous n’en mourrez pas, ce fruit sera votre bonheur, faites-en goûter à l’homme, vous serez heureux, eritis sicut Dii . […] 5.° Le visage est le miroir, l’image de la Divinité ; il faut donc l’embellir par religion pour honorer Dieu, comme on embellit les Églises, les ornemens, les autels ; c’est un genre de culte que Dieu n’agréa jamais, qui loin de l’honorer l’offense. […] 9.° Il est permis d’incruster, de recrépir les murailles, de dorer les statues, les meubles, de vernisser les images, de lustrer les étoffes ; le fard est une incrustation, un plâtre, une dorure, un vernis, un lustre. […] Ces expressions qui dans notre langue paroissent tenir du burlesque ; dans le genie de l’Hébreu sont des portraits vifs & énergiques, pris des choses les plus communes, sérieuses & pleines d’images, d’expressions basses, dégoûtantes dans notre langue ; belles & nobles & frappantes dans le style oriental, celui-ci en particulier : quasi combusta facies eorum, facies denigratæ sicut carbonem .
Il combat l'enfer et l'éternité : « Ce Dieu qui nous créa, qu'on ne peut trop chérir, Comme un sombre tyran verrait avec plaisir L'aiguillon des douleurs déchirer son image, Une éternelle nuit détruire son ouvrage ! […] A deux cens lieues de son pays, elle entre par curiosité dans une Eglise, démêle la voix de son amant parmi les Religieux qui chantent, et se fait Religieux pour vivre avec lui : « … Près de lui je vivrai, L'air qui vient l'animer, je le respirerai. » Bien plus, pour le séduire, si elle peut, et s'enfuir avec lui : « Je conçois le projet d'enlever à son Dieu Une âme qu'il semblait échauffer de son feu. » Une hypocrite sans religion, sans pudeur, qui se joue des choses les plus saintes, et persévère jusqu'à la mort dans ses sacrilèges : « C'était d'un homme, ô Dieu, que j'encensais l'image, … Il n'était point d'autre Dieu pour mon cœur. » Un personnage si méprisable peut-il intéresser personne, inspirer ni amour ni pitié ? […] Il serait moins ridicule, si pour donner au théâtre une décoration nouvelle, on attachait aux coulisses les estampes si connues des exercices de la Trappe qu'on voit dans les boutiques, les galeries, les chambres des bourgeois, où une piété gothique n'a pas encore permis de substituer aux images de dévotion, pour l'édification publique, les figures de l'Arétin ou des contes de la Fontaine, qui parent si religieusement les cabinets des Acteurs et des Actrices, et ceux de leurs adorateurs. […] La vue des monstres ne les fait pas aimer, l'image du crime le fait goûter.
Il est vrai qu’on a remarqué que la figure de plus d’un Danseur n’est guères agréable quand elle ôse paraître sans voile ; mais alors elle est au moins l’image de la nature. […] N’est-ce pas au contraire l’image de la nature ? […] Toutes les raisons qu’il allégue se détruisent d’elles-mêmes, lorsque l’on considère que la danse est l’image de la joye qu’on éprouve ; & qu’il est fort naturel qu’une grande multitude de gens forment des danses, lorsqu’ils ont quelques sujets d’allégresse. […] Les Poètes lyriques de nos jours, en voulant faire dire à leurs personnages une pensée galante ou spirituelle, leur mettent souvent dans la bouche des complimens entortillés, d’une fadeur èxtrême, ou des jeux de mots ridicules : est-ce donc là l’image de la nature ? […] D’ailleurs tous ceux qui s’avisent de critiquer l’usage de la musique dans ce Spectacle superbe, devraient bien s’appercevoir que le chant au Théâtre de l’Opéra-sérieux, est l’image de la parole ; & que si le chant est quelques fois ridicule dans certains cas, il n’est guères moins naturel que la déclamation empoulée de nos Acteurs tragiques(60).
On opposera vainement que non seulement un Ecclésiastique mais même un simple particulier ne peut jamais assister au spectacle parce que le vice au Théâtre est toujours en opposition avec la vertu et que l’image du vice est toujours scandaleuse ; je réponds à cela qu’il faudrait donc bannir de l’éloquence sacrée ces peintures énergiques et frappantes du crime qui semblent le mettre sous les yeux des Auditeurs, dont on veut que l’imagination soit puissamment affectée par les images oratoires. […] Rousseau a dit dans sa Lettre4 à Mr. d’Alembert l’image du vice les choquait moins (les Anciens) que celle de la pudeur offensée. […] qu’est ce que c’est que l’image du vice à découvert qui ne choque point la pudeur des Anciens ? […] En un mot l’image du vice à découvert les choquait moins que celle de la pudeur offensée.
Il est difficile de faire un ouvrage où l’on instruit en amusant, où l’on couvre l’aridité du savant des charmes d’une diction élégante, où l’on enchaîne le raisonnement & les images de Vénus. » Ils appellent ces explications galantes, cette lecture amusante ; en cela bien différente de celle de son concurrent, grave, sérieuse, profonde, qui traite fort peu galamment Vénus de prostituée, & son culte un tissu de prostitution publique en son honneur : ce que le galant abbé combat de toutes ses forces. […] Les fables de la mythologie païenne, si elles étoient purgées des images licencieuses qu’on trouve à chaque pas, seroient plus utiles que les corbeaux, les lapins, les renards, les cigales du Bonhomme dont on veut faire l’apothéose. […] Bien loin d’y étudier la morale, & puiser des prétendus germes de vertus, on se contente de voir des images, & on ne jette les yeux sur le reste que pour comprendre l’action & entendre les paroles d’un chat qui court après la souris, & qui certainement ne dit mot ; & après avoir enfin compris ce profond mystere, qu’on dit pourtant si clairement exprimé par le burin, qu’a-t-on appris de plus ? […] Ses poësies, dit ce critique, ne plaisent que sur le théatre, & n’ont aucun mérite à la lecture ; parce qu’elles ne consistent qu’en images, pantomimes & ariettes, & ne disent rien à l’esprit. Il devoit ajouter qu’elles partent du cœur & lui parlent trop, par l’indécence de ses images, malgré un vernis de politesse qu’exige le goût du siecle, & qui le rend plus dangereux que la grossiere obscénité : ce sont des tableaux du vice vivant & agissant, paré de toutes les graces séduisantes, dont l’atelier est la toilette.
La diction de la plûpart de nos Poëmes est trop séche, trop languissante, sans force, sans images, sans embonpoint, sans carnation.
Il ne faut pas avertir que ce ne sont pas des crucifix, des images des Saints ; des tableaux de dévotion ; ce ne sont pas même des tableaux indifférents d’histoire, de païsages d’animaux, des machines. […] Le partage est si bien fait, l’opposition si bien reconnue, qu’on n’oseroit placer dans la Chapelle aucun des Dieux du théâtre, ni aucun image de dévotion au théâtre c’est le jugement anticipé, où les bons sont à la droite, & les méchans à la gauche : sous quel de ces drapeaux ennemis marchez vous ? […] C’est mal connoître le cœur de l’homme, de décharner toute la Réligion, & en faire une sqelette, en supprimant tout l’extérieur du culte ; qu’on prévienne les abus, qu’on y rémédie, qu’on explique les vérités, mais qu’on laisse les cérémonies, les images ; comme on laisse aux orateurs & aux poëtes, les allégories, les métaphores, l’harmonie, &c.
En voici une des plus canoniques : Cupidon à la guinguette ayant perdu son carquois, vit cette ébauche imparfaite du Peintre encor sous ses doigts : Prenons, dit-il, cette image, pour ranger les cœurs sous mes loix il n’en faut pas davantage. […] Autrefois les bonnes gens y mettoient les images des Saints, aujourd’hui ce sont des Actrices. […] Il faut du moins en avoir l’image, être toujours à la comédie : y passera-t-on l’éternité ?
Comædo, appelle la Comedie, imitation de vie, miroir de coustume, et image de verité. […] Ils nous ont laissé par leurs écrits les portraits et images des vaillants Capitaines et Chefs de guerre, pour les contempler et ensuivre : par lesquels nous sommes excités d’avantage à suivre toute sorte de vertu et de louange. […] Comædo, appelle la Comedie, imitation de vie, miroir de coustume, et image de verité.
Il n'y a point de Préteur, de Consul, de Questeur, de Pontife, quelque libéralité qu'il déploie, qui vous puisse faire voir ces choses qui vous puisse donner ce plaisir : Néanmoins la Foi vous les représente dès à présent par les Images qu'elle en forme dans vos esprits ; et après cette vie vous verrez ce que l'œil n'a point vu, ce que l'oreille n'a point entendu, et que l'esprit de l'homme n'a jamais conçu. […] Et y-a-t-il de parole insolente, que les Comédiens et les Farceurs ne profèrent, pour faire rire ; de sorte que ceux qui par leur inclination y prennent plaisir, en emportent chez eux de vives images empreintes dans leur esprit.
Comme si les vives images d’une tendresse innocente étaient moins douces, moins séduisantes, moins capables d’échauffer un cœur sensible, que celles d’un amour criminel à qui l’horreur du vice sert au moins de contrepoison ? […] Les animaux ont un cœur et des passions ; mais la sainte image de l’honnête et du beau, n’entra jamais que dans le cœur de l’homme.
, qu’on y voit, qu’on y sent l’image, l’attrait, la pâture de ses passions ?
» Lorsque ceux avec qui nous conversons, expriment vivement leurs affections, ils nous les communiquent ; l’image de leurs actions, que nous voyons, le son des paroles qu’ils prononcent d’un ton élevé, excitent en notre âme des idées qui sont suivies des mêmes mouvements dont ils sont agités.
De quelque part que l’argent vienne à la caisse de M. d’Alembert, je répons qu’il sera bien venu, & le secretaire de l’Académie n’exigera pas plus de lettres de noblesse qu’il n’en exige de la plupart des académiciens, dont les ouvrages encore dans le porte-feuille, n’ont été ni avoués ni désavoués du public ; les louis d’or sont bien nobles, ils portent l’image du Roi ; ils sont bien savants, & font une foule de savants en tout genre. […] toi qui sans doute incrédule A tant de prodiges nouveaux, Diras de lui comme d’Hercule, Un seul n’a point fait ces travaux ; Ne divise point ton hommage, Fixe tes régards incertains, Porte les yeux sur cette image, Vois celui qui dans quinze lustres, Egal à vingt hommes illustres, En a seul rempli les destins. […] Vous avez orné mon Image Des lauriers qui croissent chez vous, Ma gloire en dépit des jaloux, Fut dans tous les tems votre ouvrage.
Elle est employée à divers usages chez les Egiptiens ; un serpent qui se mord la queue est l’image de l’éternité. […] Les canons, les rubriques, les livres liturgiques n’ont jamais connu les queues ; les anciennes images n’en donnent aucune idée ; S. […] Mais tout se tait sur cet important objet jusqu’aux auteurs mystiques, les plus féconds en reflexions, jusqu’aux estampes, des rubriques & aux images de devotion, où bien loin de diminuer les ornemens, on les multiplie souvent à l’exces.
Les hommes dont tous les sens sont frappés à la vûe des femmes (quelle image), courent brusquement à elles avec tout le feu des désirs (voilà l’Arétin). […] Tout se termine par un cantique digne de la fête, de l’Auteur, des Acteurs, & certainement des Actrices : Chantons, célébrons la folie ; La gaieté vole sur ses pas, La volupté naît dans ses bras (image modeste), Et le plaisir lui doit la vie. […] Si l’amant d’une de ces femmes déshonorées par le commerce de leurs attraits, au lieu de rougir de son choix, le confioit insolemment au public, en offrant l’image de la courtisanne dans le temple des arts ; s’il avilissoit ces arts mêmes en exigeant d’eux qu’ils éternisassent ces traits par le marbre & le bronze (le portrait, l’estampe, le buste & la médaille de la Clairon) ; s’il donnoit enfin au vice le prix de la vertu, je m’écrirois, qu’êtes-vous devenu, &c.
Aussi, dans tous les temps, les Pieces comiques ont elles été l’image des mœurs de la Nation pour qui elles ont été faites. […] Les bienséances les plus communes y sont sacrifiées, des images licencieuses y tiennent lieu d’ornement, & l’on y montre l’obscénité toute nue, ou enveloppée tout au plus du voile transparent de l’équivoque. […] On y voyoit de grands sentimens & une vertu peut-être trop sublime pour qu’on pût se flatter d’y atteindre : on n’y rencontroit point de ces images licencieuses qui montrent le vice sous une forme aimable. […] En voulant peindre les hommes au naturel, on y fait des portraits trop charmans de leurs défauts ; & loin que de pareilles images puissent inspirer la haine du vice, elles en cachent la difformité pour le faire aimer ». […] Il y a des Ecrivains qui ont donné comme des images des anciennes fêtes nationales les Tournois & les Carrousels, dont on sçait quel étoit l’appareil.
car les Mimes exposent un adultère, ou le montrent aux yeux ; et ces Histrions efféminés inspirent l'amour qu'ils représentent, et se revêtant de l'image de vos Dieux, ils font honneur au crime qu'ils leur imputent ; et vous font pleurer par des mouvements de tête, et les gestes qu'ils emploient pour exprimer une douleur imaginaire. » Où nous ne voyons pas une parole qui concerne le Poème Dramatique.
Le public voulait que les demi-dieux et les héros de l’antiquité judaïque et païenne eussent ses formes, et si Racine, pour plaire à la cour et au public, en altéra les images en leur donnant la couleur des mœurs françaises, il réagit simultanément sur les générations à venir, par la pureté de son goût, l’élégance de son langage et la perfection de ses tableaux. […] Un déplorable échange se faisait alors entre les auteurs et le parterre ; ils lui rendaient les caricatures de tous les originaux qu’il leur avait prêtés, et ces sales images de ses mœurs, ces niais propos du bas peuple gâtaient au moins l’esprit et le goût.
En ôtant le rouge avant la catastrophe, ou dans les grands malheurs, nos Acteurs sont parvenus à réparer cet inconvénient autant qu’il pouvait l’être : c’est une faible image de l’effet que dut produire le changement de masque chez les Anciens.
Ceux qui le veulent excuser disent que c’est une Instruction agréable, une Morale divertissante, une Peinture de la vie, une image des passions et de leurs désordres, une Apologie de la vertu, et une condamnation du vice, puisque celui-ci y est toujours maltraité, et que celle-là y est toujours couronnée.
Watelet & par le Journal des Savans, Septembre 1775, est l’image de l’anglomanie théatrale, où regne la même bisarrerie. […] Ces images ne sont-elles pas bien nobles ? […] Son libertinage le changea si fort, qu’il s’en déclara l’ennemi, annéantit son autorité, & le peuple fit brûler chaque année son image dans des rues. […] On ne peut danser sans avoir un bon-sens exquis : chaque pas, chaque mouvement, chaque attitude est une leçon, une image de vertu.
Il s’ensuit de tout ceci que la musique instrumentale est un composé de différens bruits, plus ou moins modifiés ; & que la vocale n’est que l’image de la manière dont les hommes élèvent ou abaissent la voix en articulant plus ou moins vîte, selon le degré des passions qui les agitent. […] Tout ce qui nous environne n’est point en repos ; le silence est banni de l’Univers, il est l’image du néant : l’habitant de la terre était donc conduit par ce qui l’entourait, autant que par sa nature, & ses besoins, à faire & à éxciter des bruits ; & voilà ce qui insensiblement lui fit découvrir la musique instrumentale. […] Il est vrai que la musique instrumentale semble imiter aussi toutes les passions dont l’ame est agitée, telles que la joye, la tristesse, la colère & l’amour ; & qu’il paraît étonnant que des sons puissent être l’image des passions : mais je crois que la peinture qu’elle nous en fait n’est vraie que par l’idée que nous nous formons. […] Son harmonie lui parut l’image du bon ordre de l’état ; il crut qu’en la conservant toujours telle qu’elle était, on conserverait toujours l’ordre & la police dont il était si jaloux.
Il y a une Providence qui veille à nos besoins essentiels ; celui qui nourrit les animaux, qui habille les fleurs de la Campagne, n’oublie pas une créature qu’il a faite à son image & pour sa gloire ; c’est entre ses bras qu’une Actrice doit se jetter, en renonçant aux secours qu’elle recevoit d’une main criminelle ; le nécessaire ne lui manquera pas : si les délices lui sont enlevés, elle doit s’en consoler, puisqu’elle rentre dans l’état d’où elle n’auroit jamais dû sortir.
Qu’on ne dise pas que ce sont des folies de jeunesse ; ses drames, son poëme des Saisons, fruits d’un âge mûr, comme il l’avoue, renferment beaucoup de tableaux tracés par un pinceau voluptueux, qui n’est rien moins que dirigé par la saine morale : ce n’est pas le hasard ou quelques saillies qui défigurent ses œuvres par la licence des images. […] Il pouvoit ajouter, que les innombrables épithetes, cent fois répétées, font la moitié de son livre ; que les mêmes mots, les mêmes tours, les mêmes rimes, les mêmes objets, les mêmes images, qui reviennent à tout moment, ne sont qu’un jargon que le poëte le plus médiocre peut mettre en œuvre comme lui. […] Apelles, en te l’ôtant , dit-il, je n’en jouirois pas, elle te regretteroit, & l’image de tes amours la suivroit. […] Cette foule de guerriers, de femmes, d’amours, de nymphes, les changemens de décorations, les métamorphoses sont toutes de l’invention du faiseur de ballet, qui veut des pantomimes, des cabrioles, des images lascives, des attitudes voluptueuses, des objets indécens. […] Le Perruvien fera le parallele de la tyrannie de ses maîtres modernes, & du gouvernement sublime des incas, dont l’esprit de communauté étoit le ressort, dont on voit une foible image au Paraguai.
Voilà, Messieurs, une image fidele du Mondain dans les spectacles ; il ne croit jamais y courir le moindre danger. […] De-là, comme remarque l’ingénieux Lactance, cette beauté, cette noblesse de sentiments, cette vivacité, cette diversité d’images, pour faire trouver les crimes plus charmants & plus aimables ; de-là cette magnificence, cette pompe de décorations, pour leur donner, plus d’appareil, un éclat plus frappant ; de-là cette liberté de fiction, pour en dégager la représentation de tout ce qu’ils eurent dans la réalité de rebutant & de hideux ; de-là cette exactitude de proportions & de vrai-semblances, pour exciter plus sûrement à l’imitation ; de-là cette politesse de langage, ces vers nombreux composés avec art, pour aider à les retenir plus aisément. […] C’est quelque-fois un jeune dissolu plongé dans le désordre ; c’est un vieux Mondain qui va y rechercher l’image de ses anciennes miseres & tâcher d’y rallumer les étincelles du feu qui l’a brûlé ; c’est une femme livrée aux plaisirs, esclave de ses sens, idolâtre d’elle-même.
Elles sont l’image du scandale qui a l’odeur contagieuse du péché ; le péché mérite toutes les peines ; elles servent à l’expier. […] Le Prophete se sert de ces images qui sont communes dans l’Ecriture ; car on voit par tout des métaphores, des figures prises des bonnes & des mauvaises odeurs. […] Au contraire le Ciel est un jardin de délices, où comme dans le Paradis terrestre qui en étoit l’image, on cueille toute sorte de fleurs & de fruits.
.° On retient dans le désordre ; l’esprit rempli de ces idées, l’imagination pleine de ces images, le cœur pénétré de ces sentimens, on porte par tout le théatre, on y pense le jour, on y rêve la nuit, on en respire l’air, on en entend les chants, on en voit les danses : cette habitude se forme & se perpétue ; qui se corrige ? […] En répandant par-tout le goût de la friuolité, fournissant un continuel amusement, érigeant la volupté en art, livrant les objets des passions & les enflammant, rendant la jouissance commune & facile par des invitations régulieres & un cercle journalier d’occupations variées & agréables, une matiere inépuisable de conversations, une source intarissable d’images, de lectures, de pensées, il donne un corps à l’oisiveté, un état à la frivolité, une consistance à la mollesse. […] Rien de plus ennuyeux que des discours galans sans obscénité ; l’esprit ni la passion ne peuvent s’y satisfaire ; toujours mêmes images, mêmes sentimens, mêmes mots, feux, flammes, chaînes, soupirs, adorations, lys & roses, &c.
Dieu réprouve la confusion des sexes, des personnes, par des déguisemens, sur-tout dans l’homme, qu’il a fait à son image. […] Il défend toute sorte de déguisemens, à plus forte raison celui qui défigure son image : Quantò magis imaginis suæ. […] Ne sont-ce pas les personnes les plus impudiques qui aiment le plus les travestissemens, parce qu’ils y trouvent l’aliment de la concupiscence dans l’image de l’objet qu’ils aiment ?
Fulvius, fit porter deux cent & tant d’Images, d’or, d’argẽt, & d’airin, des Villes ou des Païs subjuguez, & presque autant de marbre. […] Car cet Illustre & fier ennemy qui ne respiroit que la gloire, qui fit preceder son Char par Iuba, un des plus grands Rois de l’Affrique, & porter les Images de Caton, de Scipion & de Petrejus, voulut épargner cette honte à Pompée, & il retrancha du nombre des Statuës ordonnées, celles de ce grand homme. […] Son Image fut conduite au Capitole dans un Char ordonné, paré, & avec toutes les ceremonies accoustumées dans les plus celebres & plus pompeux Triomphes.
Toute Action appartenant à l’Ame, comme dit Ciceron, & le visage étant l’image de l’Ame, Animi est omnis Actio, & imago animi vultus est ; il est certain que le Masque qui avoit plusieurs utilités, faisoit un tort considérable à l’Acteur. […] Les Anciens nous disent que le Pantomime avec un Geste éloquent, eloquente gestu, rendoit tout intelligible : Tout ce qu’il imitera, dit Manilius, vous le croirez voir, surpris de l’image de la vérité, Quodque aget, id credes stupefactus imagine veri. Un Spectateur qu’étonne l’image de la vérité, n’est pas attentif à des gestes d’institution, & à comprendre une Langue arbitraire.
L’horreur qu’on a pour les Comédiens est si grande, qu’on ne souffre pas même leur portrait ni leur statue dans un lieu public où se trouve l’image du Prince. […] Qu’on leur abandonne, à la bonne heure, l’avant-salle du théâtre, les foyers et les coulisses ; ces endroits sont dignes d’eux, déjà souillés par leur séjour, il importe peu d’y voir leurs images : ils ne méritent pas d’être ailleurs. […] Les Comédiens, dit Turecrematal, sont des oiseaux de proie qui se jettent sur ceux que les passions livrent à leurs ongles crochus, pour les plumer et les dévorer, ou des chasseurs qui par la glu et l’hameçon de la volupté, les filets de la représentation, prennent les stupides oiseaux qui viennent à eux : « Sicut milvi volant ad rapiendum, Histriones insidiantur, ut possint rapere. » On y applique ce que dit le Sage ; une Actrice est un gouffre qui engloutit tout : « Puteus profundus os alienæ. » Qu’on leur donne tout au plus par charité, s’ils sont véritablement pauvres ; l’humanité regarde son semblable dans chaque homme, et la religion y respecte l’image de Dieu, quelque défigurée qu’elle soit par le vice.
C’est vne bonace pleine de charmes, & l’image d’vne heureuse paix, dans laquelle il est bien moins aysé à l’esprit humain de se retenir, estant, comme il est, naturellement ambitieux & inquiet, que d’exciter des troubles & du tumulte, & de faire le mauuais & le violent. […] Il y a eu des images de quelques Dieux, qui sembloient plustost venir de la main d’vn Charpentier que de celle d’vn Sculpteur, tant elles estoient grossieres & mal-polies : Mais on les faisoit ainsi tout expres ; & cette rudesse estoit de l’essence de la Religion, comme icy elle est de l’essence de l’Art.
Ces instrumens exprimant tour à tour les différentes images du jugement dernier, formerent une simphonie lugubre & effraiante, qui sert encore d’entretien aux connoisseurs.
127) ce dernier trait, comme une image digne de tous nos éloges.
La tentation d’Eve par le serpent, celle de Notre-Seigneur dans le désert, les prestiges des magiciens de Pharaon, les possessions de l’Evangile n’ont rien de commun avec ce cahos de délire, aussi contraire au bon sens qu’à la religion & au bonnes mœurs : ce transport de sorciers dans le vague des airs, à cheval sur un bâton, par la vertu d’un onguent magique ; cette cohorte de démons, ce trône au milieu d’une campagne pour recevoir les hommages, ces cornes, ces pieds de chevre, ces danses, ces chants, ces repas, ces infamies, ce font les rêves d’un malade, les écarts d’un cœur corrompu, qui se livrent à toutes les images qui flattent la volupté.
Dans ces paroles le monde, et le Théâtre qui en est l'image sont également réprouvés.
Tout en est semé dans le monde : il fut pris selon son souhait, et c’est alors qu’il fut enivré du plaisir de la comédie, où il trouvait « l’image de ses misères, l’amorce et la nourriture de son feu » Ibid, 2.
[NDA] Si une position ne convient pas plus à l’essence d’une chose qu’une autre ; si une disposition de nos organes n’est pas plus convenable qu’une autre aux fonctions de notre âme ; si un mouvement quelconque des rayons solaires n’est pas plus propre qu’un autre à représenter dans nos yeux l’image des choses que nous voyons, comment pourrons-nous nous décider, lorsque les différentes positions d’un objet, les diverses dispositions de nos organes, et la variété des mouvements de ce fluide subtil, qui fait la lumière, nous feront voir, toucher et goûter différemment un même objet ?
On en voit quelquefois qui portent leur sacrilege audace jusqu’à substituer aux figures des Dieux des croix d’or ou d’argent, des images du crucifix, des medailles devotes pendues à leur cou. […] Les trois Furies étoient représentées à peu près de même, tantôt blanches & charmantes images des objets du péché, qui séduisent par leurs attraits ; tantôt noires & affreuses images des suites du péché, qui déchire l’ame, par les remords vivement représentés par les serpens qui sifflent sur leur tête, la torche & les fouets qu’elles ont à la main, & la difformité insoutenable de leur visage. […] Elles étoient encore l’image des trois penchans de l’homme, que l’Evangeliste appelle les trois concupiscences, d’abord agréables, mais dont les traits sont si funestes.
Cet homme avoit de l’esprit ; il y a des traits ingénieux, & des saillies agréables, mais ils sont noyés dans un cas d’expressions basses, d’images grossieres, de conversations de guinguettes, entre gens les plus vils, quoiqu’il eut de la naissance & une éducation qui auroient dû l’en rendre incapable ; mais malheureusement la fréquentation de ses compagnons de débauche, des femmes de mauvaise vie, de la lie du peuple, & des Comédiens de son tems, à qui il faisoit jouer ses pieces, le dégraderent. […] A travers ce bourbier il éclate des étincelles d’esprit, des saillies plaisantes, des images vives, des allusions fines, des critiques justes, des expression énergiques. […] On a fait bien de fautes en donnant ce livre au public. 1.° On a ramassé, sans choix, tout ce qu’on a pu trouver de badineries de l’Auteur, & la moitié auroit dû demeurer dans son portefeuille, 2.° On a inséré des Lettres & Epitres du Comte de Gramont, de Rousseau, de Chaulieu, & ce sont de mauvais voisins. 3.° Le Libraire avance dans des Avis & des Notes, que ce sont des Chefs-d’œuvres : la charlatanerie saute aux yeux. 4.° On a laissé grand nombre d’images obscenes, de traits d’irréligion qu’on auroit dû supprimer. […] Dieu conserve pendant 17 siecles & découvre tout-à-coup cet affreux monument de sa vengeance, image des feux éternels, pour alarmer & convertir le pécheur.
Image parfaite de l’affinité, de la conspiration mutuelle des affections de l’ame avec les impressions que font les exemples : c’est le frémissement des cordes ; le son est toujours analogue à celui qui l’excite, c’est-à-dire, conforme à ses affections. Image parfaite du Théatre : il n’est qu’un orchestre ; les spectateurs sont des violons, leurs passions sont les cordes, l’acteur & l’actrice sont l’archet qui les pince, le frémissement du cœur suit l’impression, & forme avec lui un accord parfait de vice. […] Il a du naturel, de la facilité, de l’enjouement, des images vives, riantes ; il inspire de la gaieté, même en parlant de la goutte dont il étoit dévoré. […] Une vaste salle où il avoit ses livres & qu’on appelle sa bibliotheque, tout autour des tablettes, & sur la planche ornée & tapissée d’inscriptions grecques & latines dont plusieurs sont demi effacées, comme on voit dans couvents, les parloirs, les dortoirs pleins de sentences & d’images.
Y a t-il de plus grande folie que de se déguiser en bêtes, de se rendre semblable à une chevre, ou à un cerf ; afin que l’homme qui a été formé à l’image & à la ressemblance de Dieu, devienne le sacrifice & la victime du demon ! […] N’ont-ils pas effacé en eux-mêmes l’image de Dieu ? […] Celui qui se déguise en idole, ne veut point porter l’image de Dieu. […] « Je demande maintenantd (dit ce sçavant homme) si les masques plaisent à Dieu ; puisqu’en defendant de faire aucune figure, il défend à plus forte raison de faire des figures de son image.
Sa plume qui est le truchement de ses pensées, et ses écrits le symbole de ses mœurs, font connaître, que ses œuvres sont l’image de son esprit, et son visage étant l’âme raccourcie de son naturel et le miroir de son cœur, montre par la débilité de son cerveau, que ses sens sont égarés, et que son jugement a sorti les bornesc de la raison, par ce grand débordement d’injures dont son libelle est rempli : Ce Casuiste semble avoir mal pris ses mesures, d’avoir voulu faire un parallèle, de la Profession des anciens Histrions, à celle des Comédiens ; d’autant qu’il n’y a aucune affinité ni correspondance entre leurs exercices, l’une étant un pur batelage et souplesse de corps, et l’autre une représentation d’une fortune privée, sans danger de la vie, comme témoigne Horace, en son livre, de Arte d, « Comedia vero est Civilis privataeque fortunae sine periculo vitae comprehensio » ; Je sais bien qu’il y en a plusieurs, qui ne sachant pas la différence de ces deux professions, confondent l’une avec l’autre, et sans distinction de genre, prennent leur condition pour une même chose ; Mais il y a une telle inégalité entre elles, qu’il est facile de juger par la diversité de leurs fonctions, qu’elles n’ont nulle conformité ensemble, car celle des histrions n’est comme j’ai déjà dit qu’une démonstration d’agilité de corps et subtilité de main, mais l’autre étant une action plus relevée, fait voir qu’elle est une école des plus belles facultés de l’esprit, et où la mémoire fait un office digne d’admiration ; l’antiquité nous apprend qu’autrefois les Romains avaient ces Bateleurs en quelque considération, à cause du divertissement qu’ils donnaient à leurs Empereurs, mais ayant abusé du crédit qu’ils avaient obtenus du Sénat, s’adonnèrent à toutes sortes de licences pernicieuses, ce qui obligea la ville de Rome de les chasser, et particulièrement un nommé Hyster, qui s’étant retiré à Athènes, fut suivi d’une bande de jeunes hommes, auxquels il enseigna ses tours de passe-passe et autres parties de son métier, et furent appelés Histrions, du nom de leur Maître, ces Libertins s’ennuyant de demeurer si longtemps dans un même lieu, prirent résolution de revenir à Rome pour exercer leurs jeux : Mais l’Empereur Sévère, ne pouvant souffrir ces Ennemis des bonnes mœurs, fit publier un Edit, par lequel ils furent pour la seconde fois bannis de tout le pays latin ; Lisez ce qu’en dit Eusebius, et Prosper Aquitanus, sur la remarque des temps et des siècles : Pour le regard des Mimes, ou Plaisanteurse, ils ont pris leur source d’un certain bouffon appelé Mimos qui signifie en langue grecque Imitateur, d’autant qu’en ses représentations il contrefaisait divers personnages, et imitait les façons des uns et des autres. […] Mais si nous considérons en quel point est aujourd’hui la Comédie, nous trouverons qu’elle n’a aucune marque de l’antiquité, et ceux qui la professent, témoignent par la probité de leur vie, et par la représentation de leurs actions, qu’elle est entièrement dépouillée de toutes les qualités, qui pouvaient la noter d’infamie, et son mérite, l’ayant montée au plus haut degré de sa perfection, s’est mise dans une telle considération, auprès des Rois et des Princes, qu’elle leur tient lieu d’une sérieuse occupation ; Aussi se fait-elle avec tant de modestie, par l’innocence de ses poèmes, qu’elle dépite l’envie d’en offenser la réputation ; Je dirai de plus qu’elle est tellement Civile en ses diversités, qu’elle contraint les plus Religieux de lui donner des louanges, et chacun confesse que la force de ses charmes est si grande, qu’il faut être privé de sens commun pour en choquer la bonne odeurk ; Si l’on regarde le nombre de ses qualités, on verra, que c’est le tableau des plus agréables passions, la parfaite image de la vie humaine, la vraie histoire parlante, la pure philosophie visible, l’entretien des bons esprits, le trône de la vertu, l’exemple de l’inconstance des choses, l’ennemie de l’ignorance, le modèle de l’Orateur, le raccourci de l’éloquence, le Cabinet des plus riches pensées, le trésor de la moralité, le miroir de la justice, le magasin de la fable ; bref j’en dis peu pour n’en pouvoir dire assez, et j’ai de trop faibles Eloges, pour la moindre de ses parties : Et quoique ce Pédant l’attaque par les plus rudes invectives de sa haine, elle est un puissant rocher, contre l’orage de ses malédictions, une tour, pour résister aux écueils de sa médisance, une muraille de bronze contre ses calomnies, un boulevard pour s’opposer à ses accusations, un bouclier contre ses impostures, un rempart capable de dissiper la foudre de passion, elle est enfin à l’épreuve de ses machines, et conservera sa renommée malgré l’effort de ses intentions.
En un mot l’image du vice à découvert les choquait moins que celle de la pudeur offensée. […] Voilà l’image de ce qui se passe aux nouvelles Pièces. […] Est-ce là l’image fidèle de la Société ? […] Nos cercles conservent encore parmi nous quelque image des mœurs antiques. […] Cependant je douterais qu’en ceci l’image trop naïve de la Société fut bonne au Théâtre.
Il condamnoit les subtilités des Luthériens ; les excès des Calvinistes qui cassent les vitres, point de Confession, la Communion arbitraire pour qui en voudroit ; le culte des Images libres, il en faut au peuple ; point de Moines, point de Célibat des Prêtres, point de Paradis terrestre ni d’Enfer éternel. L’Homme à l’image de Dieu, chimere : il seroit honteux à Dieu de ressembler à l’ignorance, à la foiblesse, au vice, à la folie. […] Ne vous laissez pas éblouir par le mot de justice, il est fort équivoque ; la justice est l’image de Dieu ; qui peut atteindre à cette perfection ?
La danse est une image des mystères infames qu’on y célèbre ; ce qui suffiroit pour en dégoûter les Chrétiens, qui doivent avoir en horreur tout ce qui appartient au culte & ramène aux infamies de ces fausses Divinités : Depuis la dépravation des mœurs, dit Cahusac, les danses ne tiennent plus qu’au plaisir ; les charmes qui en résultent pour les exécuteurs & pour les spectateurs, en redoublent la passion. […] Ces fêtes, commencées dès l’aurore, continuées dans le jour, poussées bien avant dans la nuit, dégénererent bien-tôt en images plus libres, & de ce premier pas vers la corruption elles se précipitèrent avec rapidité dans la plus affreuse licence. […] On n’est pas surpris de trouver dans Lucien cette liste & ces images, c’étoit un Payen & un cinique ; mais peut-on voir des Chrétiens faire métier de représenter ces infamies, & des milliers de Chrétiens spectateurs s’en repaître journellement ?
« Dans [la] Comédie [des Anciens] […] l’image du vice à découvert les choquait moins que celle de la pudeur offensée. »ea Quel galimatias est ceci ? Qu’est-ce que c’est que l’image du Vice à découvert qui ne choquait point la pudeur des Anciens ? […] Non, la folâtre Galatée ne faisait pas mieux, et Virgile eût pu tirer d’un colombier l’une de ses plus charmantes images. » eo.
Nous n’exagerons point la Pompe de leur appareil, ny ce qu’une vive Image de la guerre pouvoit y permetre de galanterie, ny ce que la dépence pouvoit déguiser d’une veritable guerre.
Il semble que les Enfans soient tous nés Comédiens, tant on trouve de facilité à leur enseigner le Mimisme : en effet, cet âge est celui des Jeux & des Ris ; tout est prestige, tout est illusion dans cet âge charmant ; & tout ce qui est imitation & faux-semblanta des attraits pour lui : la Comédie, qui n’est qu’une image des mœurs par son intrigue, est aussi la peinture des actions par ses Imitemens, comme elle est celle des manières par ses Modelemens ; cet Exercice doit être par-là doublement utile à la Jeunesse, qu’il prépare à remplir réellement dans la Société, ce qu’elle a feint sur la Scène.
vice ne s’insinue guère en choquant l’honnêteté, mais en prenant son image ; et les mots sales sont plus contraires à la politesse qu’aux bonnes mœurs : voilà pourquoi les expressions sont toujours plus recherchées, et les oreilles plus scrupuleuses dans les pays les plus corrompus.
Une telle Comédie pourrait être le miroir de la vie humaine, en présentant aux vicieux, dans le Jeu des Comédiens, une image si naturelle de leurs désordres, qu’elle serait capable de les en faire rougir et de les porter à s’en corriger.
Dieu s’offense, que la Majesté du Roi, qui est son image, soit profanée jusques à la faire servir à cet infâme ministère.
La raison est que cõme l’idolatrie est une ombre & une fausse image de religion, par laquelle on rend les honneurs divins à des idoles de bois & de pierre : de même la comedie est une espece de religion payenne, par laquelle on rend aussi les honneurs divins à des idoles de chair & de sang, c’est à dire, à des hommes vicieux, & à des femmes débauchées, qui ont estés erigés en dieux & en deesses, sous les noms de Jupiter & de Saturne, de Mars, & d’Apollon, de Junon & de Venus : & comme tous les ouvrages portent ordinairement le caractere de l’esprit & du genie de leur autheur, n’y a-t-il pas raison de dire que la comedie est un veritable reste du paganisme, puisqu’elle n’a eu que les mêmes maîtres, & les mêmes autheurs que l’idolatrie, sçavoir les demons. […] En effet, comme la canonization des Saints est une ceremonie sacrée par laquelle l’Eglise sur des témoignages authentiques de miracles & de vertus, declare qu’un tel homme ou qu’une telle femme est morte en état de grace, & en odeur de sainteté, & permet qu’on luy rende un culte public, qu’on fasse ses images & ses portraits, qu’on fasse son éloge & son panegyrique, & qu’on luy adresse des prieres & des vœux : de même la comedie étant une espece d’apotheose, ou de canonization de ces illustres Payens, tant vantez dans la mitologie, & dans les metamorphoses, dans les fables & dans les romans, & qui se sont rendus plus fameux par leurs vices que par leurs vertus. […] L’experience nous apprend que comme les especes du vice frappent les gens d’une maniere plus douce & plus agreable, & qu’elles sont de plus fortes impressions dans l’ame que toutes les images de la vertu, ce n’est pas merveille si le cœur en est plûtôt corrompu, & si toutes les passions en sont plus promtement déreglées. […] , les images des vices, étans agreables au goût du siecle, elles banissent toutes les pensées de salut & de penitence, qui sont facheuses à la chair & au sang. […] je me laissois entraîner au plaisir des spectacles publiques, parce que je voyois le theatre toûjours rempli des images de mes secrettes miseres, & toûjours embrasé des feux de mon amour lascif.
quelle image présente ce mot ! […] Dans la traduction d’Athalie par l’Abbé Conti, on retrouve les mêmes tours, & les mêmes images de l’Original : y retrouve-t-on la même Poësie ?
La comédie leur offre l’image du monde, la peinture des vices, le désordre des passions, la corruption du cœur humain, le détail des ridicules. […] C’est un des blasphèmes ordinaires aux Protestants d’avilir nos cérémonies et nos offices en les traitant de comédies : tant cette image laisse dans l’esprit un sentiment de dérision et de profanation, qu’elle ag passé en proverbe pour tout dégrader.
L’illusion Théâtrale est, dans tout ce qui appartient à la Scène, un assemblage de circonstances, une suite de rapports, qui fait prendre l’image pour la chose même, la vraisemblance pour la vérité.
Mais la scène qui donnait l'image des grandes passions et des emportements des Héros, ne s'accommodait que de ces deux sortes de tons, forts et capables de porter à des extravagances, et à des mouvements forcenés d'une Bacchante.
Des leçons pour apprendre les subtilités du vice, ou des exemples pour s’affermir dans le crime, ou des aliments des passions pour en repaître leur cœur, ou des peintures fabuleuses pour retracer à leur imagination de trop coupables vérités. » Le théâtre ne leur plaît qu’autant qu’on a soin de ne pas contrarier, jusqu’à un certain point, leurs penchants, qu’on y ménage, qu’on y flatte même leurs passions favorites, qu’on y donne aux vices qui leur sont les plus naturels un vernis d’héroïsme et de grandeur qui adoucisse à leurs propres yeux ce qu’auraient d’odieux des couleurs trop vraies et des images trop ressemblantes : comme ils sont plus susceptibles d’impressions nuisibles et dangereuses que d’impressions bonnes et utiles, une morale exacte, une raison sévère les ennuient et les rebutent.
C’étoit le goût des Medicis, dont la somptuosité effaçoit tous les Princes, surtout de Henri III, son fils bien aimé & son image (Charles IX étoit moins prodigue). […] Qu’on ait cru plaire à cette Reine en la représentant dans un état aussi infâme, il faut qu’on l’ait connue bien dépravée ; il faut l’être beaucoup en effet pour le souffrir, pour accepter de pareils présens, pour garder avec respect de pareilles images, pour les porter sur soi avec confiance comme de reliques, pour les donner à garder comme un précieux trésor. […] C’étoit des exemples, des discours de piété, qui entretenoient la religion parmi un peuple grossier, à qui il faut des images & des discours à sa portée, à qui la perfection enleve ce même spectacle, qu’on dit lui être nécessaire. […] S. dissipation étoit telle, que son fils Henri III formé de sa main, & son image, voulant l’imiter après sa mort, le Maréchal de Biron lui dit : Il n’est pas en votre puissance, ni de Roi qui viendra jamais, si ce n’est que Dieu la fit ressuciter.
Ce n’est là que rapprocher les traits qui doivent former son image. […] « Ce qui achève de rendre ses images dangereuses, c’est, dit-il, qu’on ne le voit jamais régner sur la scène, qu’entre des âmes honnêtes…. […] comme si les vives images d’une tendresse innocente étaient moins douces, moins séduisantes, etc. […] Estime, respect, confiance, vif intérêt, tendre penchant, voilà ce qui lui reste de l’impression qu’il a reçue ; et le besoin d’aimer n’est ici que le désir impatient de posséder l’objet réel dont on vient d’adorer l’image. […] Il me semble au contraire, que le souvenir des circonstances qui ont excité l’émotion, survit longtemps à l’émotion elle-même ; et ce n’est que par ces images que les peines et les plaisirs passés nous sont encore présents.
Bientôt comme nous vous serez citez au tribunal de Dieu ; pulvis es & in pulverem reverteris : Soyez toujours prêts, vous ne savez ni l’heure ni le jour, & loin de vous préparer à ce terrible passage & à vous ménager une sainte mort ; ce spectacle même vous prépare la plus malheureuse, par l’oubli de la mort, où il vous entretient, par l’habitude du vice dont il forme la chaîne, par les péchés qu’il fait commettre, par la frivolité dont il vous amuse ; les images dont il souille vos imaginations & vos regards, les sentimens dont il corrompt votre cœur, les passions qu’il exalte, le goût du monde qu’il vous donne, les exemples du vice qu’il vous offre, les leçons qu’il vous en fait, les attraits & les occasions qu’il vous en fournit : memento homo quia pulvis es & in pulverem reverteris. […] Térence fût-il exactement purgé de toute expression libre, de toute image obscéne, ce qui est bien éloigné de la vérité ? […] Sont-ce bien là des images à mettre sous les yeux des jeunes gens, des détails à exercer leur mémoire, des objets à remplir leur imagination ?
Moliere en offre un grand exemple ; L’auguste image de ses traits, Inspire à l’œil qui le contemple, De la tendresse & du respect. […] l’image d’un Comédien Auguste ! […] Les Lettres Persannes, l’Espion Turc, les Péruviennes & grand nombre d’autres, ne sont que des images & des satyres des mœurs du siécle, sous des noms empruntés ; il n’en est aucune où le théatre ne joue un grand rôle, & avec raison, puisque aujourd’hui en France le théatre est la moitié de la vie.
De qui est cette image & cette inscription, diroit le Seigneur ; comme de la piéce de monoie qu’on lui montra ? […] Le fard en particulier change, efface, défigure l’image de Dieu. […] L’un sert à peindre la blancheur de leur tein, l’autre à consulter comment le fard peut en relever l’éclat ; c’est-à-dire, que contre leur destination naturelle, ils sont employés à détruire cette même pureté dont ils devroient être l’image & donner des leçons.
Quelle préparation à un sacrement qui est l’image de l’union de Dieu avec son Eglise ! […] Est-ce là l’image de Jesus-Christ que nous devons imiter, l’image de Jesus-Christ que nous devons exprimer, le temple du Saint-Esprit que nous devons orner, la bonne odeur de Jesus-Christ que nous devons répandre ?
Or quelles atteintes mortelles ne doivent pas donner à leur innocence le nombre infini de maximes empestées qui se débitent dans les Tragédies, dans les Opéras, & les expressions & les images licentieuses que présentent les Comédies ! […] L’intrigue & l’action forment des images révoltantes : les détails respirent la passion même ; en un mot, tout peint & célebre la volupté.
Le danger que vous courez est donc bien plus grand à la lecture qu’au spectacle même ; car, quand même je vous accorderois qu’il pourroit faire plus d’impression sur vos sens, ce ne seroit tout au plus qu’une impression momentanée qui finit avec l’objet qui l’a fait naître ; mais la lecture produit un effet bien différent, elle vous présente sans cesse cette image séductrice : vous vous y arrêtez : vous la revoyez à toute heure avec un nouveau plaisir.
Nous pensions que le même sang couloit dans leurs veines & dans les vôtres ; nous apprenions sur votre modèle, à les trouver encore plus grands, & rien ne retrace plus en vous une si noble image.