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106. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [R] » pp. 447-466

Les Acteurs & les Actrices ne pourront se marier que les uns avec les autres, sous le bon-plaisir de la Direction, qui se servira de ce moyen pour exciter l’émulation de la Troupe, en favorisant toujours le mérite, en cas de concurrence. […] A plus d’un Article de ce Règlement, la rougeur vous est à tous montée au visage ; & sans doute il excitait votre indignation. […] … Non : une Actrice d’une conduite dérèglée, est, à la vérité, un scandale continuel ; sa vue seule réveille la lubricité : mais fût-elle la vertu même, elle est encore très-dangereuse n’excite-t-elle pas la passion, les desirs ? […] MOLÉ, en 1761 : Pour vous, il faut vous modérer : moins de feu, plus de naturel ; il ne vous manque, pour être un parfait Acteur, que d’exciter plus le sentiment que l’admiration, & d’être moins applaudi.

107. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

Image parfaite de l’affinité, de la conspiration mutuelle des affections de l’ame avec les impressions que font les exemples : c’est le frémissement des cordes ; le son est toujours analogue à celui qui l’excite, c’est-à-dire, conforme à ses affections. […] Devenu grand, il sera un querelleur, il excitera des dissensions, se battra en duel, peut-être excitera des : révoltes, traitera mal sa femme, ses enfans, ses domestiques, ses confreres, &c. […] La modestie, l’honneur, la fidélité sont ses premieres victimes ; il n’y a point d’affection déréglée dont les caprices impérieux excitent tant d’orages, & poussent la créature plus directement au malheur. […] Ce tumulte excita tant de frayeur, que plusieurs femmes grosses accoucherent sur le champ (qu’y venoient-elles faire ? […] Qu’on juge par ce trait qu’elle est la force du Théatre pour exciter la passion, & celle de la séduction des actrices ; par conséquent quel est son danger pour la vertu.

108. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Le Spectateur qui abuse du tendre sentiment que le Drame a réveillé, avait le cœur corrompu, avant de venir au Spectacle : le vice y dormait ; il se fût éveillé de lui-même, quand rien n’aurait contribué à l’exciter. […] Sans vouloir passer pour sage contre vous, Monsieur, je crois qu’on peut vous répondre : Qu’est ce donc que ces émotions, ces passions excitées, ce plaisir donné qui vous effraient ? […] Quelqu’éloignée qu’elle paraisse de la perfection, elle en est bien plus proche que la mort du Bouc ravageur, qui n’excita que de la joie. […] On avait fu profiter de la fermentation que causa ce Spectacle perfectionné, pour exciter les Peuples & les Rois à se croiser ; & l’on ne réussit malheureusement que trop : dès que le but fut rempli, on négligea le Spectacle. […] Nicole n’en aurait été que plus ardent à condanner le Théâtre : soyons sûrs qu’il nous pardonnerait plutôt des Pièces qui n’excitent que le rire, sans intéresser le cœur, qu’une intrigue attachante, où le sentiment domine.

109. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

Est-ce exciter les passions que de les montrer sous un point de vue où elles sont toujours odieuses, dès qu’elles sont criminelles ? Est-ce exciter l’ambition d’un usurpateur que de lui représenter Polifonte justement mis à mort par le jeune Égiste son Prince légitime ? Est-ce exciter la barbarie, l’orgueil et; la cruauté que d’exposer aux yeux du public Gusman puni de sa férocité par Zamore ? […] Par exemple la catastrophe de son Électre, au lieu d’exciter la terreur et; la compassion, donne de l’horreur, ce qui passe le tragique. […] Il ne faut qu’exciter l’industrie des habitans, et; l’on n’aura pas de peine à y reussir.

110. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXI. Les spectacles condamnés par les auteurs profanes anciens et modernes. » pp. 179-182

Celles qui ne respirent pas l’amour profane excitent les sentiments les plus violents d’ambition, de vengeance, de cruauté, de perfidie ».

111. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

Si on peut abuser des images, on peut aussi en tirer des avantages sans nombre ; elles instruisent de l’histoire de la Réligion ; elles font entendre les mystéres, les dogmes de la foi ; c’est le livre des ignorants, très-souvent même des sçavans ; elles excitent à la vertu par les exemples, à la fuite du vice par la vue de sa punition ; elles font honorer les Saints ; les Anges & la Sainte Vierge, Dieu-même, dont elles peignent les grandeurs, la justice, les bienfaits, comme le ciel, la terre, les astres, annoncent sa gloire. […] Elle excite plus de criminels mouvemens, que la sainte ne fait faire d’actes de vertu ; elle corromp plus de cœurs que la Sainte n’en convertit. […] L’Eglise explique les mystères de la Réligon à la faveur de ces pieuses images, à la portée des simples ; la séduction dévoile les mystères de l’impureté, aux yeux de l’innocence qui les ignore, & en rappelle l’idée à l’imagination lubrique qui s’en repaît ; c’est l’école du vice & l’école de la vertu : le zèle excite à la vertu par la vue des couronnes célestes que les Saints ont obtenus, il éloigne du péché par le tableau de la mort, du jugement, de l’enfer préparés aux pécheurs ; & le démon par les jeux, les ris, les graces, les délices, le bonheur des amans, dans les bras de la volupté, réveille les goûts, anime l’espérance, écarte les remords, enivre de plaisirs ; c’est le Prêtre de Paphos, & le Ministre de l’Eglise.

112. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VIII. Dans quelle Nation la Poësie Dramatique Moderne fit-elle les plus heureux progrès ? » pp. 203-230

Si leurs Piéces de Théâtre étoient faites avec ordre & bien conduites, elles feroient bien plus de plaisir, parce qu’elles exciteroient les Passions qu’elles doivent exciter. […] Mais l’Auteur du Spectateur ne donne pas une grande idée de la Tragédie de sa Nation, quand il dit qu’on y excite la Terreur, par des ombres, des spectres, par le son d’une cloche : & M. de Voltaire, très-capable de juger de cette Tragédie, malgré les éloges qu’il a donnés quelquefois au Théâtre Anglois, ne dit-il pas dans sa Lettre à M. […] Ainsi ne parlons pas de sa Tragédie intitulée le Duc de Guise, Piéce propre à exciter une Populace à la révolte, & faite pour tourner en ridicule la Religion & ses Ministres, sous le Personnage du Curé de S.

113. (1722) Chocquet, Louis [article du Supplément au Dictionnaire Historique et Critique] « article » pp. 42-44

On met très souvant les Diables en jeu ; & c’est dans ces endroits là que le Poëte s’excite le plus, & qu’il met principalement en œuvre son industrie ; mais il soutient mal les caracteres, & au lieu d’inspirer de l’horreur, il étoit plus propre à faire rire. […] Ces Pelerins qui alloient par troupes, & qui s’arrêtoient dans les ruës & dans les places publiques où ils chantoient le Bourdon à la main, le Chapeau & le Mantelet chargez de Coquilles & d’Images peintes de diverses couleurs, faisoient une espece de spectacle qui plut, & qui excita la pieté de quelques Bourgeois de Paris à faire un fond pour acheter un lieu propre à élever un Theatre, où l’on representeroit ces Mysteres les jours de Fête, autant pour l’instruction du peuple, que pour son divertissement.

114. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre premier. Origine des Spectacles. » pp. 1-14

On fit un recueil de stratagèmes pour faire réussir tous les crimes, favoriser toutes les passions, ménager toutes les intrigues, traverserb tous les pères, maris, maîtres, exciter l’amour du libertinage, et le faciliter par le jeu infâme des valets, des soubrettes et des confidents, qui furent toujours dans la comédie les rôles les plus intéressantsc. […] « Le luxe, dit Mézerai, qui cherchait partout des divertissements, appela du fond de l’Italie une bande de comédiens dont les pièces, toutes d’intrigues, d’amourettes et d’inventions agréables pour exciter et chatouiller les douces passions, étaient de pernicieuses leçons d’impudicité.

115. (1726) Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat « Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat » pp. 176-194

Il est utile à la société de mettre les méchants, les injustes, les scélérats sur le théâtre, mais à condition que le Poète les peindra avec les traits et les couleurs qui peuvent exciter dans le spectateur l’horreur de l’injustice, de la méchanceté, de la scélératesse, et jamais avec des traits et des couleurs qui diminuent le crime en y déguisant le sentiment et les opinions des criminels : et serait-ce un projet digne d’un honnête homme et d’un bon citoyen d’employer beaucoup d’esprit à exciter des larmes pour le malheureux Cartouche ou pour le malheureux Nivet morts sur la roue, pour l’infâme Catilina détesté de tous les bons citoyens ?

116. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  PRÉFACE. » pp. -

ce n’est pas non plus pour exciter l’indulgence du Public que je mets une Préface à la tête de cet Ouvrage : non, je n’ignore pas que j’en aurais besoin : jeune encore, c’est le premier que j’ai osé livrer à l’Imprimeur ; que de raisons !

117. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XIII. La Comédie considérée dans les Acteurs. » pp. 26-29

Que faut-il qu’il fasse pour jouer naturellement une passion, & pour l’exciter dans les spectateurs ?

118. (1620) L’Honneur du théâtre « Prologue » pp. 39-42

C’est elle qui par la lecture et considération des choses louables égale la prudence d’une jeunesse bouillante à celle d’une vieillesse expérimentée, réveille les esprits impuissants pour les faire aspirer à la grandeur, excite les plus puissants à mériter un los immortel, salaire de leurs bonnes vies, anime les soldats par l’immortalité de ceux qui n’ont redouté les dangers pour la conservation de leurs parties, retire les méchants de leur impiétés par la crainte d’infamie, exhorte à la vertu, déteste le vice, guerdonne les bons, abhorre les méchants, et se rend tellement utile aux humains, qu’elle semble servir d’une sage maîtresse pour les former à l’honneur par son instruction.

119. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « V. Si la comédie d’aujourd’hui purifie l’amour sensuel, en le faisant aboutir au mariage.  » pp. 19-24

C’est pour vous dire, que le licite loin d’empêcher son contraire, le provoque : en un mot, ce qui vient par réflexion, n’éteint pas ce que l’instinct produit ; et vous pouvez dire à coup sûr, de tout ce qui excite le sensible dans les comédies les plus honnêtes, qu’il attaque secrètement la pudeur.

120. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XV. Les spectacles éteignent le goût de la piété. » pp. 133-137

L’harmonie de l’âme est entièrement dissipée à la comédie, puisqu’on y perd ordinairement les sentiments de la pudeur, de la piété et de la religion, si on y va souvent ; et elle est fort ébranlée, pour peu qu’on y aille, parce qu’elle excite et réveille les passions ; parce qu’elle fait ou doit faire cet effet dans tout le monde ; parce que c’est son but, sa fin et son dessein, et que ce n’est que par accident qu’elle ne le fait pas toujoursbd.

121. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE IV. Des Femmes de Théâtre. » pp. 42-48

J’ai prouvé, si je ne me trompe, que le Théâtre est pernicieux dans l’état où il est aujourd’hui : il y aurait, dit-on, de l’inconvénient à le supprimer : mettons tout en usage pour le réformer au point d’en faire un amusement aussi utile qu’agréable ; car je suis persuadé que le Théâtre serait bien moins redoutable à la vertu, et qu’il produirait même un bien réel à la société, si, en y laissant les traits enjoués et les saillies d’esprit qui peuvent exciter à rire, on en faisait une Ecole de bonnes mœurs et, pour ainsi-dire, une Chaire publique où l’on débiterait, aux personnes de tout sexe, et de tout âge, les maximes de la plus saine morale, avec gaieté et sans les effrayer par l’appareil de l’austérité, et du pédantisme.

122. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre V. Infamie civile des Comédiens. » pp. 101-125

Ils indiquent à la vérité quelque différence dans le jeu, les pièces, la conduite ; une dissolution, une impudence plus ou moins grande, excite la sévérité des lois, le zèle des Princes et des fidèles. […] Tout le monde vit avec indignation le trouble qu’excita Lully quand il s’avisa d’acheter une charge de Secrétaire du Roi. […] Qu’on s’amuse à en faire un moment l’application détaillée, qu’on dise à Rome, un Consul, un Préteur, un Sénateur, etc., Comédien ; dans tous les pays du monde, un Ministre d’Etat, un Ambassadeur, un Gouverneur de province, Comédien ; qu’on dise parmi nous, un Général, un Colonel, un Capitaine, un Président, un Conseiller, un Avocat, un Notaire, etc., Comédien ; ces idées sont si disparates, les personnes et l’emploi sont si opposés l’un à l’autre, que ce seul langage révolte : la seule proposition serait une insulte et une folie, exciterait l’indignation, ou ferait rire par le ridicule ; ce serait allier le bon ordre et la dissolution, la sagesse et la folie, la considération et le mépris, la confiance du public et la friponnerie. […] Il s’y en est trouvé quelquefois assez pour y jouer des pièces ; mais les Gouverneurs de ces maisons royales sont gens de mauvaise humeur, qui n’aiment point la comédie, et qui font jouer des tragédies de toute une autre espèce, assez propres à exciter la terreur et la pitié, selon les règles d’Aristote.

123. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [E] » pp. 399-406

J’irai dans nos bois ; là, j’écouterai le Rossignol & les concerts des hôtes des Forêts ; leurs sons enchanteurs n’exciteront pas dans mon âme une émotion dangereuse. […] L’obscénité sans voîle, exciterait tout-au-plus quelques mouvemens grossiers, mais peu durables, puisqu’on ne pourrait se les rappeler avec cette voluptueuse sécurité, toujours si douce & si dangereuse.

124. (1692) De la tragédie « De la tragédie ancienne et moderne. » pp. 148-162

Et dans la vérité, il n’y a point de passion qui nous excite plus à quelque chose de noble et de généreux qu’un honnête amour. […] C’est qu’on doit rechercher à la Tragédie, devant toutes choses, une grandeur d’âme bien exprimée, qui excite en nous une tendre admiration.

125. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

Quelle impression neuve et forte n’excitera pas en eux le langage que Burrhus ose tenir à Néron ? […] « Rien de tout ce qui paraît au théâtre (continuez-vous) ne nous convient, parce que nous y voyons toujours d’autres êtres que nos semblables, et que le tragique les met au-dessus de l’humanité. » Mais le raisonnement est aisé à faire du moindre au grand : « Et si un Roi, pour 5 trop s’abandonner à la vengeance, tombe dans un malheur si grand, qu’il excite la pitié, à plus forte raison celui, qui n’est qu’un homme du commun, doit tenir la bride à de telles passions, de peur qu’elles ne l’abîment dans un pareil malheur. » Et c’est parce que les hommes rabattront assez de la vertu, qu’il faut leur en montrer de plus grands modèles. […] L’amour des plaisirs physiques est commun à tous les hommes ; l’amour de la gloire convient à des Rois, et c’est dans leurs âmes qu’il faut l’exciter : c’est ce que Racine a fait avec tant d’art ; et Racine a du moins, sur tous les écrivains politiques ou moraux, l’avantage d’attacher ses lecteurs.

126. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [Q] » pp. 444-446

Un Auteur qui n’excite que le rire de la méchanceté, a manqué son but.

127. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XIII. Si l’on peut excuser les laïques qui assistent à la comédie, sous le prétexte des canons qui la défendent spécialement aux ecclésiastiques. » pp. 52-57

Ainsi outre les autres inconvénients des assemblées de plaisir, on s’excite et on s’autorise, pour ainsi dire, les uns les autres par le concours des acclamations et des applaudissements, et l’air même qu’on y respire est plus malinq.

128. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VII. Sentimens des Prédicateurs. » pp. 168-180

Gazer la licence, colorer les expressions, c’est exciter davantage les désirs. […] Tout ce qui peut flatter la passion y est mis en œuvre, tout l’art y est employé pour exciter une passion que nul art ne peut amortir, & vous présumez assez de vous-même pour croire que vous ne risquez rien ?

129. (1825) Encore des comédiens et du clergé « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. 13-48

On ne prétend pas dire qu’il faille exciter le peuple à se livrer malgré lui à l’étude des sciences ; mais il faut lui laisser la liberté de s’instruire, lui en faciliter les moyens plutôt que d’y mettre des entraves, et de pousser la petitesse jusqu’à persécuter cette précieuse et utile méthode de l’enseignement mutuel, que les aveugles partisans des jacobinières de Montrouge et de Saint-Acheul a, persécutent pour plaire à la puissance jésuitique. […] Je n’ai fait cette dernière remarque que pour exciter la surveillance des gouvernements contre les vices, l’immoralité et les exorbitantes prétentions de nos prêtres, et non pour nuire à la vraie religion et offenser ceux qui la professent. […] Depuis que la cruelle superstition exerce ses ravages dans la malheureuse péninsule, depuis que la faction du monachisme et du jésuitisme, ultramontaine malgré le saint-siège, y verse de toutes parts à grands flots le sang humain et y excite les passions les plus haineuses ; depuis qu’elle y fanatise le peuple abruti par l’ignorance, on n’y a pas encore entendu la voix du père des chrétiens, nulle pastorale apostolique, n’y a encore été proclamée, d’accord avec l’autorité souveraine séculière, pour apaiser les fureurs, ramener les esprits à l’autorité légitime, et instruire les hommes sur leurs devoirs de chrétiens et de sujets soumis.

130. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE V. Du principal motif de la Réformation du Théâtre. » pp. 49-58

C’est là qu’ils entendent parler de toutes sortes de matières, qui peuvent ou exciter leur curiosité, ou développer les germes de leurs passions ; et c’est là que, dans un âge encore si tendre et si susceptible des impressions du vice, ils commencent à le connaître et à se familiariser avec lui.

131. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

On peut se faire entendre sans gestes, un Pantomime sans paroles, mais on n’excite pas si aisément les passions, ou n’imprime pas des idées aussi vives & aussi promprement que quand on réunit ces deux langages. […] L’acteur ne peint la passion que pour l’exciter dans le spectateur. 2.° Crime ; il n’est pas permis d’exciter les passions dans les autres. […] Peut-on se permettre de les exciter, se faire un jeu de le communiquer, & d’en recevoir les blessures ?

132. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VII. De la Diction. De la Poësie dans la Tragédie. » pp. 122-130

Elles n’excitent que des mouvemens imparfaits, qui ne savent ni nous laisser dans notre assiette, ni nous enlever hors de nous-mêmes.

133. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Quelle différence n’y a-t-il pas entre des actions et des paroles qui peuvent par hasard exciter les passions, et celles qui les excitent en effet ? Les dernières sont absolument défendues et criminelles ; mais pour les premières, telles que sont les Comédies d’aujourd’hui, qui n’excitent les passions que par hasard, il n’y aurait rien de plus outré et de plus injuste que de les condamner, autrement il ne faudrait pas qu’une belle femme allât à l’Eglise, de peur d’y exciter la passion d’un libertin : il ne faudrait pas lire les Histoires, parce qu’elles se servent de paroles qui expriment les passions, et qu’elles rapportent des actions éclatantes dont elles ont été la cause. […] Et ainsi ce n’est point un hasard que les Comédies excitent les passions, comme l’assure notre Docteur, mais ce serait un miracle si elles ne les excitaient pas. Les belles comparaisons après cela que fait ici notre Docteur, quand il nous dit : « que s’il était défendu d’aller à la Comédie, une belle femme ne devrait point aller à l’Eglise, de peur d’y exciter la passion de quelque libertin ; qu’on ne devrait pas lire les Histoires, parce qu’elles rapportent des faits éclatants dont les passions ont été la cause ; et qu’on ne devrait pas même lire l’Ecriture sainte, parce qu’elle peut être l’occasion des Hérésies et des erreurs». […] Mais ce n’est pourtant pas par accident ni par hasard que les Comédies excitent les passions ; ce n’est pas par une occasion prise, ainsi que parle le Docteur, mais par une occasion bien donnée et bien préparée ; puisque les Comédies avec tous leurs accompagnements, ne tendent qu’à donner du plaisir et à remuer agréablement les passions.

134. (1634) Apologie de Guillot-Gorju. Adressée à tous les beaux Esprits « Chapitre » pp. 3-16

Aussi la Comédie à la prendre dans les bornes de l’innocence et de l’honnêteté est une nue représentation des histoires passées ; et en ce sens elle n’a aucune difformité : au contraire elle peut ce semble, autant exciter à la vertu les esprits bien faits, comme la trompette guerrière émouvait le courage d’Alexandre. […] Ils ont même donné des règles pour exciter le Ris.

135. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE IX. Des entreprises de la puissance spirituelle ecclésiastique, contre la puissance temporelle séculière. » pp. 149-173

Un des meilleurs moyens que puisse employer le gouvernement, pour résister à la faction jésuitique ultramontaine et s’opposer à l’empiètement de l’autorité spirituelle du clergé, est de comprimer les intrigues et les cabales des congréganistes, si dévoués aux pères de la foi, et qui, par l’influence des coteries et des confréries, parviennent à obtenir toutes les places et tous les emplois ; il faut qu’il surveille autant qu’il est possible, les prêtres et les jésuites qui entourent les grands, excitent parmi eux les passions ambitieuses, et cherchent avec hypocrisie à fanatiser et à séduire toutes les classes les plus distinguées, ainsi que les moins éclairées, afin d’augmenter et de fortifier le pouvoir de l’autorité spirituelle. […] Il prétendra que j’ai voulu exciter la haine contre les bons prêtres, néanmoins si respectables à mes yeux, lorsqu’ils mettent en pratique la charité, cette vertu divine qui est au-dessus de la foi, ainsi que l’a dit saint Paul (voyez ci-dessus page 17).

136. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

Elles développent et fortifient par les mouvements qu’elles excitent en nous, les sentiments dont la nature a mis le germe dans nos âmes. […] Les passions dont le Théâtre tend à nous garantir ne sont pas celles qu’il excite ; mais il nous en garantit en excitant en nous les passions contraires ; j’entends ici par passion, avec la plupart des Ecrivains de morale, toute affection vive et profonde, qui nous attache fortement à son objet. […] Vous appelez passagers et stériles les mouvements que le Théâtre excite, parce que la vivacité de ces mouvements semble ne durer que le temps de la pièce ; mais leur effet, pour être lent et comme insensible, n’en est pas moins réel aux yeux du Philosophe. […] Il suffirait pour les justifier de ce reproche, de faire attention aux sentiments louables, ou tout au moins naturels, qu’elles excitent en nous ; Œdipe et Phèdre l’attendrissement sur nos semblables, Atrée et Médée le frémissement et l’horreur. […] Mais son effet n’est pas pour cela de nous faire préférer le vice au ridicule ; elle nous suppose pour le vice cette horreur qu’il inspire à toute âme bien née ; elle se sert même de cette horreur pour combattre nos travers ; et il est tout simple que le sentiment qu’elle suppose nous affecte moins (dans le moment de la représentation) que celui qu’elle cherche à exciter en nous ; sans que pour cela elle nous fasse prendre le change sur celui de ces deux sentiments qui doit dominer dans notre âme.

137. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE II. » pp. 18-28

« Le luxe qui cherchoit par-tout des divertissemens, appella du fond de l’Italie une bande de Comédiens dont les piéces toutes d’intrigues, d’amourettes & d’inventions agréables, pour exciter & chatouiller les douces passions, étoient de pernicieuses leçons d’impudicite.

138. (1684) Epître sur la condemnation du théâtre pp. 3-8

De plus grands intérêts, de plus beaux sentiments N’excitent dans l’esprit que d’heureux mouvements.

139. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VIII. Actes de fanatisme et avanies exercés par quelques prêtres, contre des Comédiens français. » pp. 141-148

Le fanatisme goûtait sans doute cette douce jouissance que lui fait éprouver le trouble qu’il excite et sur lequel il fonde son importance ; mais heureusement le gouvernement, dans sa sagesse, prévint les funestes effets que l’intolérance indiscrète du curé de Saint-Laurent devait produire.

140. (1731) Discours sur la comédie « MANDEMENT DE MONSEIGNEUR L’EVEQUE DE NIMES, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 352-360

Mes très chers Frères, Nous voyons avec douleur depuis quelque temps, l’affection et l’empressement que vous avez pour les Spectacles, que nous avons si souvent déclarés contraires à l’esprit du Christianisme, pernicieux aux bonnes mœurs, et féconds en mauvais exemples, où sous prétexte de représentations et de musiques innocentes par elles-mêmes, on excite les passions les plus dangereuses, et par des récits profanes et des manières indécentes, on offense la vertu des uns, et l’on corrompt celle des autres.

141. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

La révolution qui a ruiné tant d’honnêtes gens fournit nombre d’exemples d’une pareille conduite qui est naturelle, qui a été celle de beaucoup d’émigrés élevés dans l’aisance, et qui doit être imitée par tous les malheureux faits pour exciter l’intérêt des particuliers et mériter des applaudissements et l’estime publique. […] On y rit de la juste indignation que ces monstres excitent et du projet de s’en éloigner. […] … On pourrait alors, sans craindre d’exciter le courroux de personne et de s’attirer d’amers reproches, ou des réfutations passionnées et aveuglément injurieuses, dire des ouvrages ou des tableaux pleins de vérités qui n’étaient pas bonnes à jouer de ce peintre incomparable, que c’est en effet leur malice, leur esprit ou leur gaîté, qui fait plaisir et qu’on applaudit, que c’est leur bon effet de faire rire qui empêche aujourd’hui d’en voir les mauvais, comme il a empêché autrefois de les prévoir. […] Comme ceux-ci, par les cris qu’ils jettent à la vue de l’édifice en flammes, quelles que soient leurs dispositions intérieures, donnent l’éveil aux gens plus intéressés à le sauver, de même ceux qui appellent du secours à la vue de la misère qui accable l’indigent, quel que soit le fond de leur cœur, fixent l’attention, excitent la sensibilité des àmes plus disposées à le secourir.

142. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Voilà ce qui donne lieu à mes préjugés contre ce qui excite la passion de l’amour. […] Qu’ai-je donc besoin d’aller m’exciter à ce que je dois éviter, ou d’aller apprendre des mysteres que je dois ignorer ? […] Or, peut-il être quelque âge où il soit permis d’entretenir & d’exciter nos passions ? […] Le plus souvent au contraire, son but est d’exciter en nous des sentimens opposés à ceux qu’elle prête à ses Personnages. […] Tout est capable dans le monde, dit-on, d’exciter les passions.

143. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

Le son & la lumière se répandent & s’éloignent dans un instant, & ne consomment aucune matière ; les odeurs ne se répandent que lentement, & durent long-temps, les saveurs ne se font sentir qu’en s’appliquant au palais, & la sensation bonne ou mauvaise qu’elles excitent cet ébranlement des nerfs qu’elles picotent ne s’affoiblit que peu à peu, & se mêle avec celle qui la suit ; ce ne sont point comme dans le son ces cours d’archets, ces sentimens momentanés & précis qui se succèdent pour la mélodie, ou se réunissent pour l’harmonie, comment suivre la rapidité des sons, former des croches, battre la mesure dans le goût & l’odorat ? […] Et quoiqu’à la vérité ces sortes de péchés soient communément moins graves que les autres ; il n’y a point de Théologien qui ne convienne qu’ils peuvent être très-considérables ; mais il n’est pas douteux que si on répand les odeurs avec une mauvaise intention pour amollir, pour séduire, pour exciter les mouvemens de la chair, pour animer la débauche ; ce qui n’est que trop ordinaire, ce seroit alors un très-grand péché, il n’est guère d’Actrice qui ne mérite ce reproche. […] Comme il y a des drogues aromatiques, des liqueurs spiritueuses, des alimens échauffans qui allumant dans le sang un feu séditieux, une fermentation tumultueuse, excitent le feu de la concupiscence ; il est aussi des odeurs qui produisent ce dangèreux effet, elles s’élèvent comme une vapeur, & sont comme une espèce d’extrait de cette pernicieuse nourriture, & ce qu’il y a même en elle de plus subtil & de plus capable d’empoisonner, Sinibaldus avec tous les Médecins l.

144. (1687) Instruction chrétienne pour l’éducation des filles « CHAPITRE XIII. Des jeux, des spectacles, et des bals, qui sont défendus aux Filles Chrétiennes. » pp. 274-320

Grégoire, qu’il y a des jeux et des divertissements permis, et que l’on en peut prendre, comme on prend une médecine pour purger le corps de ses mauvaises humeurs, et le rendre plus capable et plus propre au travail : mais nous entendons parler ici de ces jeux défendus, qui ruinent les familles, qui remuent et excitent les passions, et font perdre le temps, qui est si précieux. […] Voyons maintenant cette Fille mondaine dans l’assemblée ; elle n’est pas plutôt assise, que ses yeux courent partout pour voir les autres, et sur le champ son cœur est saisi de jalousie contre les unes ; et de mépris contre les autres : celles qui sont plus courtisées, excitent son envie ; et si elle l’est plus que les autres, son orgueil s’enfle, et les regardant avec dédain, elle les porte à la vengeance. […] , dont les meilleurs ne valent rien, et quand il parle à sa Philotée, ne les appelle-t-il pas des récréations impertinentes, et des passe-temps très dangereux, parce qu’ils dissipent l’esprit de piété, affaiblissent les forces de l’Ame dévote, ralentissent le feu de la charité Chrétienne, et excitent dans le fond du cœur mille sortes de mauvaises affections.

145. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

Elle excite en nous les passions ; c’est-à-dire, qu’elle arrose des plantes qu’il faudroit laisser sécher ; elle donne le commandement à ce qui ne devroit qu’obéir : elle met ce qui nous rend malheureux & vicieux à la place de ce qui seul peut nous rendre heureux & meilleurs. […] On en fit un recueil de stratagêmes, pour faire réussir tous les crimes, favoriser toutes les passions, ménager toutes les intrigues, traverser tous les peres, maris, maîtres, exciter l’amour du libertinage, & le faciliter par le jeu infame des valets, des soubrettes & des confidens, qui furent toujours dans la Comédie les rôles les plus intéressans. […] Le nombre & la cadence chatouillent l’oreille ; la fiction flatte l’imagination ; & les passions sont excitées par les figures. […] On les aime à cause des passions qu’elles peignent, & de l’émotion qu’elles excitent. […] Le mal peut servir de remede, quand il est de nature à exciter l’horreur, & qu’il faut le vaincre par le combat.

146. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

La malice naturelle aux hommes, est le principe de la Comédie : nous voyons les défauts de nos semblables avec une complaisance mêlée de mépris, lorsque ces défauts ne sont ni assez affligeans pour exciter la compassion, ni assez révoltans pour donner de la haîne, ni assez dangereux pour inspirer de l’effroi. […] Si l’on demande, pourquoi le comique de situation, nous excite à rire, même sans le concours du comique de caractère, nous demanderons à notre tour, d’où vient que l’on rit de la chute imprévue d’un passant ?

147. (1574) Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces « Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces. » pp. 423-426

Car c’est détourner les paroles et exemples, qui nous sont proposés pour nous exhorter à la vertu Evangélique, à soutenir et défendre les vices : pour ce que ces choses-là ne sont pas écrites, afin de les aller voir ès spectacles, ains pour exciter de plus en plus nos esprits et entendements, d’être plus diligents ès choses profitables, puisque les Ethniquesl le sont tant ès choses qui ne leur apportent aucune utilité. C’est donc un argument et motif de nous exciter à vertu, et non une permission ou liberté d’aller regarder l’erreur des Gentils : afin que l’esprit fût plus induit à embrasser la vertu Evangélique, à cause des divins loyersm qui nous sont proposés, vu que par la calamité de tous travaux et douleurs, nous est permis d’accourcir et abréger ce chemin terrestre.

148. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

Le propre de la tragédie est d’inspirer la terreur et la pitié : elle manque son but, si elle n’excite ces mouvements tendres qui arrachent les larmes, ces violentes agitations qui font frémir à la vue d’un grand danger ou d’un grand malheur. […] En vain, Prince, prétendez-vous accabler ce peuple par la force de vos armes, et par les superstitieuses malédictions d’un Prophète, forcé à se démentir, et à changer en bénédictions les anathèmes que vous vouliez lui faire lancer ; pour vaincre sûrement vos ennemis, rendez-les voluptueux, envoyez dans leur camp des femmes Madianites, belles, parées, faciles, séduisantes (des Comédiennes) ; que par leur chant, leur danse, leurs fêtes, leurs jeux, (les spectacles), elles excitent les passions et fassent pécher Israël, la victoire est à vous : « Balaam docebat Balac mittere scandalum in Israel. » (Apoc.

149. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Comme elles, il excite la curiosité : il cause de l’admiration comme elles. […] L’héroisme vertueux exprimé de la sorte peut-il charmer l’oreille, pénétrer les cœurs, & y exciter une émulation digne de lui ? […] qu’on employe le mal même à la guérison du mal, quand il sera de nature à exciter l’horreur, quand il faudra le vaincre, non par la fuite, mais par le combat, non par l’ignorance, mais par l’épreuve. […] S’il déplore ses maux & ses tourmens, c’est pour exciter, non pas le repentir, mais le désir. […] C’est pour cela que la Méchanique a inventé ces ressorts sçavans qui ont l’air des prodiges, & qui, à votre gré bouleversent la nature, excitent des tempêtes, lancent des foudres, agitent les mers, ouvrent les Enfers, confondent le Ciel & la Terre !

150. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Tantôt il excite la pitié et la compassion ; tantôt il se déguise avec tant d’art, qu’on le prend pour la vertu ; souvent il croit se rendre ridicule, il se rend aimable ; et toujours sous prétexte de rendre une passion odieuse, il en inspire de funestes. […] « Comme la passion de l’amour est, dit-il, la plus forte impression que le péché ait faite sur nos âmes, ce qui paraît assez par les désordres horribles qu’elle produit dans le monde, il n’y a rien de plus dangereux que de l’exciter, de la nourrir, et de détruire ce qui la tient en bride, et qui en arrête le cours. […] L’Auteur l’arrête où il veut dans ses personnages par un trait de plume ; mais il ne l’arrête pas de même en ceux en qui il l’excite : la représentation d’un amour légitime, et celle d’un amour qui ne l’est pas, font presque le même effet, et n’excitent qu’un même mouvement, qui agit ensuite diversement, suivant les différentes dispositions qu’il rencontre ; et souvent même la représentation couverte de ce voile d’honneur est plus dangereuse, parce que l’esprit la regarde avec moins de précaution, qu’elle y est reçue avec moins d’horreur, et que le cœur s’y laisse aller avec moins de résistance. « Mais, ajoute-t-il, la Comédie n’excite pas seulement les passions, elle enseigne aussi le langage des passions, c’est-à-dire l’art de s’en exprimer, et de les faire paraître d’une manière agréable et ingénieuse, ce qui n’est pas un petit mal. […] Il répond ensuite au prétexte qu’on réveille l’amour pour le corriger et le bannir ; il appelle cela exciter un grand incendie pour l’éteindre, après qu’il a fait bien des ravages ; donner du poison pour le faire revomir, après qu’il a déchiré les entrailles.

151. (1709) Mandement de M. L’Evêque de Nîmes contre les Spectacles pp. 3-8

Nous voyons avec douleur depuis quelque temps, l’affection et l’empressement que vous avez pour les Spectacles, que nous avons souvent déclarés contraires à l’esprit du Christianisme, pernicieux aux bonnes mœurs, et féconds en mauvais exemples, où, sous prétexte de représentations et de musiques innocentes par elles-mêmes, on excite les passions les plus dangereuses ; et par des récits profanes et des manières indécentes, on offense la vertu des uns, et l’on corrompt celle des autres.

152. (1643) Les Morales chrétiennes « Des Théâtres. » pp. 511-519

Les disgrâces qui entrecoupent les grands desseins ; contentent, parce qu’elles excitent la miséricorde dont la nature a mis les semences dans notre cœur ; elles servent de consolation à la misère des affligés, et de lustre à la fortune des plus heureux : la magnificence des Théâtres, les changements des scènes ; la beauté, les ornements des personnages, contribuent beaucoup au plaisir, et une secrète sympathie fait que les mouvements du cœur sont plus forts, néanmoins plus doux, en ce qu’ils paraissent plus justes étant communs dans les assemblées.

153. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

Enfin, quand par mille sentiments divers & mille mouvements contraires, qu’on aura eu l’art d’exciter ; même malgré vous, dans votre cœur, on aura su vous intéresser pour le héros le plus passionné ; sous prétexte de punir le vice & de récompenser la vertu, quand vous verrez enfin couronner à vos yeux la passion la plus ardente & la plus vive, rien de puni que l’insensibilité & le défaut d’ardeur ! […] De-là, comme remarque l’ingénieux Lactance, cette beauté, cette noblesse de sentiments, cette vivacité, cette diversité d’images, pour faire trouver les crimes plus charmants & plus aimables ; de-là cette magnificence, cette pompe de décorations, pour leur donner, plus d’appareil, un éclat plus frappant ; de-là cette liberté de fiction, pour en dégager la représentation de tout ce qu’ils eurent dans la réalité de rebutant & de hideux ; de-là cette exactitude de proportions & de vrai-semblances, pour exciter plus sûrement à l’imitation ; de-là cette politesse de langage, ces vers nombreux composés avec art, pour aider à les retenir plus aisément. […] Dans un lieu où tout les excite & les enflamme, que deviendront des cœurs amollis & attendris au milieu des assauts violents qu’ils auront à essuyer de toute part ?

154. (1640) Traité des Spectacles des Gentils « SAINCT CYPRIAN DES SPECTACLES. » pp. 155-193

Sainct Paul mesme pour nous exciter à l’amour de la Vertu, & à la haine du vice, s’est seruy des termes de luttes, de combats, de courses ; de palmes & de victoires ; pourquoy donc sera t’il moins permis aux Chrestiens d’assister à vne representation qu’aux anciens ; pourquoy leur deffendra t’on des choses que la Saincte Escritute authorise si solemnellement. […] Comme si ce n’estoit pas assés à l’homme d’estre aucunement porté de son naturel à la barbarie, sans reueiller encore ses humeurs & ses passiõs, & exciter dans son cœur vne funeste rage par céte leçon publique.

155. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « La criticomanie — Autres raisons à l’appui de ce sentiment, et les réponses aux objections. » pp. 154-206

La plus dangereuse est la peinture à faux, dramatique, de l’homme et de la société, ou cette infidélité des tableaux vivants qui sont censés être ceux des mœurs ou de la vie commune de tel rang, de telle corporation, ou de tel âge ou bien de telles personnes que la malignité désigne, et qui vont être décriées, flétries, peut-être mises au désespoir ; il consiste aussi dans la solennité et l’éclat des représentations, avec tous les prestiges du théâtre ; c’est encore en réunissant la fiction à la vérité, en accumulant à plaisir les vices, en les combinant et faisant supposer une liaison naturelle entre eux ; c’est l’éternelle image des passions humaines les plus honteuses sous les traits sacrés de la vertu qu’enfin on ne croit plus voir nulle part qu’en apparence, que l’on méconnaît et décourage par trop de défiance, ou qu’on insulte par malignité ; enfin, c’est en créant ainsi et faisant agir avec toute l’énergie possible, sous les yeux de la multitude des personnages monstrueux qui servent d’excuse et d’encouragement aux méchants, qui font horreur aux bons et, comme je l’ai déjà dit, portent l’agitation dans les esprits faibles, l’inquiétude ou l’animosité dans les cœurs, exaltent la tête de tous, et vont de la scène publique provoquer la persécution, porter les désordres dans les scènes privées de la vie, où toutes les passions excitées imitent la hardiesse des auteurs, cherchent à réaliser leurs chimères jusques sur la vertu la plus pure : « Là de nos voluptés l’image la plus vive ; Frappe, enlève les sens, tient une âme captive ; Le jeu des passions saisit le spectateur ; Il aime, il hait, il pleure, et lui-même est acteur. » Voilà plus clairement comme il arrive que ces critiques vantées manquent leur but, sont de nul effet contre le vice audacieux, sur l’hypocrite impudent qui atteste Dieu et la religion en faisant bonne contenance au rang des victimes nombreuses des aggressions aveugles et des calomnies effrontées. […] Et dans le même temps on disait contre à peu près aussi ce que disent les modernes contradicteurs, tout en rendant justice à l’art et aux talents de nos bons auteurs : que le recueil de ces ouvrages ne contient que des peintures dangereuses des passions les plus entraînantes, que des tableaux corrupteurs ; qu’on y voit l’intérêt sollicité le plus souvent en faveur du crime ; une plaisanterie perfide faisant naître le rire au lieu d’exciter l’indignation ; travestissant les vices en défauts brillants, les travers en agréments, les conventions théâtrales excluant la vraisemblance, le caprice des auteurs dénaturant les faits et les caractères ; des sentiments outrés, des mœurs postiches et des maximes bonnes pour amollir les cœurs et égarer l’imagination.

156. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE VII. Histoire de la Poësie Dramatique moderne. » pp. 176-202

Dans ce Sujet il leur étoit aisé, en faisant paroître des Diables, d’exciter la Terreur & la Pitié. […] Ne les auroit-il pas aimés comme les autres, si les Poëtes avoient su exciter une Pitié charmante ?

157. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

Mais quelle compassion peut-on avoir des choses feintes et représentées sur un Théâtre, puisque l’on n’y excite pas l’auditeur à secourir les faibles et les opprimés, mais qu’on le convie seulement à s’affliger de leur infortune ; de sorte qu’il est d’autant plus satisfait des Acteurs qu’ils l’ont plus touché de regret et d’affliction ; et que si ces sujets tragiques et ces malheurs véritables ou supposés, sont représentés avec si peu de grâce et d’industrie, qu’il ne s’en afflige pas ; il sort tout dégoûté et tout irrité contre les Comédiens ? […] Philippe Auguste, selon Dupleix, consacra les prémices de sa Royauté à la gloire de Dieu ; car aussitôt aprés son Couronnement, il bannit de sa Cour les joueurs d’instruments, Bateleurs, les Comédiens, et les Farceurs, comme gens qui ne servent qu’à effeminer les hommes, et à les exciter à la volupté, par mouvements, discours, et actions sales et lascives. […] Mais ces Danses qui se font parmi nous (disons-en de même des Comédies, puisque le Livre de saint Charles est pour les unes et pour les autres) sont toutes pour exciter dans ceux qui y assistent un plaisir sensuel, et n’ont point d’autre effet que de porter au mal. […] « Ils prêcheront souvent avec force contre les Dances et le Bal, par lequel sont excitées les passions les plus dangereuses. […] Allez, allez Prédicateurs ; travaillez à exciter la crainte de Dieu dans les âmes : parlez, menacez, tonnez, représentez les Jugements de Dieu ; faites des Discours sur la mort, sur l’enfer, sur les démons ; tout cela ne fait plus rien dans l’esprit des hommes ; ils ont trouvé moyen de se faire un divertissement des objets les plus redoutables : et rien n’est plus capable de toucher une personne addonnée aux représentations du Théâtre.

158. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Avertissement. » pp. -

Puisque ne mettre que des sentimens dans une Tragédie, c’est n’exciter, comme on l’a éprouvé, que de l’admiration, & que c’est par leur seul mélange avec les passions que les grands Poétes sont parvenus à nous inspirer la pitié & la terreur.

159. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — Extrait des Registres de Parlement, du 22 Avril 1761. » pp. 210-223

La conclusion outrée de la Consultation, acheve de révolter les esprits, & d’exciter l’indignation contre le Livre entier & contre l’Auteur.

160. (1749) Maximes pour se conduire chrestiennement « Des Plaisirs, et en particulier des Spectacles. » pp. 233-248

Mais tout à coup un cri extraordinaire frappa ses oreilles et excita sa curiosité.

161. (1844) Théologie morale « CHAPITRE I. Des Péchés de luxure non consommée, sections 644-651. » pp. 291-296

Sont également coupables, ceux qui font, impriment, vendent ou prêtent des livres impudiques, obscènes, qui ne sont propres qu’à exciter ou à nourrir les passions ; tels sont la plupart des romans, des livres de galanterie.

162. (1707) Réflexions chrétiennes « Réfléxions chrétiennes, sur divers sujets. Où il est Traité. I. De la Sécurité. II. Du bien et du mal qu’il y a dans l’empressement avec lequel on recherche les Consolations. III. De l’usage que nous devons faire de notre temps. IV. Du bon et mauvais usage des Conversations. Par JEAN LA PLACETTE, Pasteur de l’Eglise de Copenhague. A AMSTERDAM, Chez PIERRE BRUNEL, Marchand. Libraire sur le Dam, à la Bible d’Or. M DCCVII — Chapitre XII. Du temps que l’on perd à la Comedie, et aux autres spectacles de même nature. » pp. 269-279

Les Pieces de theatre ne sont propres qu’à exciter, et qu’à fortifier les passions.

163. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « FRAGMENT D’UNE LETTRE A ME. DE ****. SUR LES SPECTACLES. » pp. 82-92

Que de faits n’a-t-on pas à nous donner pour exciter en nous une noble émulation !

164. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE X. » pp. 171-209

Sur votre Théâtre, Mademoiselle, on représente les passions ; un Comédien s’efforce de le faire aussi naturellement qu’il est possible ; on ne peut réussir sans les exciter en soi, il faut se pénétrer d’une ardeur qui ne s’efface pas aisément, après la représentation. […] Considérant avec Saint Cyprien3, les pratiques autorisées par la coutume, dès-qu’elles s’écartent des bornes de la vérité, comme des vieilles erreurs, moins propres à exciter l’émulation qu’à causer de l’horreur à toute personne sincérement vertueuse.

165. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 5. SIECLE. » pp. 147-179

puis qu'on est d'autant plus touché de ces aventures poétiques, que l'on est moins guéri de ses passions, quoi que d'ailleurs on appelle misère le mal que l'on souffre en sa personne ; et miséricorde, la compassion qu'on on a des malheurs des autres: Mais quelle compassion peut-on-avoir en des choses feintes, et représentées sur un Théâtre, puisque l'on n'y excite pas l'auditeur à secourir les faibles et les opprimés, mais que l'on le convie seulement à s'affliger de leur infortune ; de sorte qu'il est d'autant plus satisfait des Acteurs, qu'ils l'ont plus touché de regret et d'affliction ; et que si ces sujets tragiques, et ces malheurs véritables ou supposés, sont représentés avec si peu de grâce et d'industrie, qu'il ne s'en afflige pas, il sort tout dégoûté et tout irrité contre les Comédiens. […] Nous faisons toutefois ce que je viens de dire, nous nous disons Chrétiens, et par nos impuretés nous excitons contre nous un Dieu miséricordieux ; nous l'irritons alors qu'il s'apaise, et nous l'outrageons alors qu'il nous caresse : Nous offrons donc à Dieu des Jeux infâmes pour les bienfaits qui viennent de lui, nous lui faisons des sacrifices exécrables, comme s'il avait pris notre chair pour nous donner de si mauvaises instructions, où qu'il nous les eût fait entendre par la bouche de ses Apôtres.

166. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177

L’amour, les flêches à la main, montre ses blessures, moins pour guérir, que pour blesser ; verse des larmes pour allumer, non pour éteindre ; déplore les maux pour exciter le désir, non le repentir. […] Elles dictent les loix, sont la paix ou la guerre, disposent des finances, font pencher la balance de la justice, décident de la victoire, distribuent les graces, non par une autorité directe, mais par l’ascendant de la passion ; elles règnent sur les cœurs, leur inspirent les sentimens, sont couler les larmes, pousser les soupirs, excitent à leur gré la tristesse ou la joie ; on ne pense que d’après elles, on étudie leurs regards, on obéit au moindre signe de leur volonté. […] La scène perdroit son agrément sans cet artifice ; elle languit, si elle n’excite les passions ; on veut être ému, & on ne pardonne pas aux Acteurs qui ne savent pas troubler notre repos & altérer notre innocence ; tout y concourt à séduire l’ame & à l’amollir ; le cœur, conduit par les yeux & par les oreilles, s’attache ; la raison suspendue se tait ; la religion n’est plus entendue dans un si grand fracas de plaisirs.

167. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

« Ces fragilités excitent la pitié et la commisération ; et ne sont point des fautes à être nécessairement punies. […] Il semble qu’un tel renversement, loin de plaire, ne devrait jamais manquer de choquer la raison, et d’exciter l’indignation de ceux qui en sont les spectateurs. […] Un homme qui a perdu l’esprit ne rit de tout son cœur que parce qu’il est fou : la frénésie même et la fièvre chaude peuvent tellement remuer le diaphragme qu’elles excitent le ris à un malade.

168. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [N] » pp. 431-435

Quant à la manière de leur former un Actricisme parfait, celle que je vais proposer ne sera pas goûtée des Acteurs des grands Théâtres : mais ici ce ne sont pas nos Comédiens qu’il faut consulter : ils sont faits comme tous les autres hommes ; un Etablissement nouveau, du même genre que le leur les révolte, excite leur jalousie, & leur fait desirer de l’anéantir : l’utilité publique est un motif faible pour quiconque fait corps à part.

169. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « La tradition de l'Eglise sur la comédie et les spectacles. Les conciles » pp. 53-68

Ils prêcheront souvent avec force contre les Danses, et le Bal, par lequel sont excitées les passions les plus dangereuses: Enfin ils emploieront tous leurs soins à représenter avec un zèle pieux, et avec autant de véhémence, qu'il leur sera possible, combien les Comédies, qui sont la source et la base presque de tous les maux, et de tous les crimes, sont opposées aux devoirs de la discipline Chrétienne, et combien elles sont conformes aux dérèglements des Païens; et que comme elles sont une pure invention de la malice du Démon, le Peuple chrétien les doit entièrement abolir.

170. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE X. De la protection due aux Comédiens par le ministère public, contre les entreprises du fanatisme. » pp. 174-185

On éprouve une sensation pénible, en lisant dans l’histoire, que depuis cette fatale époque de la ligue, la société des disciples de saint Ignace de Loyola, dont la domination ne peut s’établir que sur les discordes civiles et la désorganisation sociale, n’a cessé d’exciter des troubles et des désordres, dans tous les gouvernements qui ont eu l’imprudence de la recevoir et d’en suivre les conseils ; il n’est enfin, pour ainsi dire, aucune conspiration régicide, dans laquelle des jésuites n’aient figuré comme conspirateurs et complices.

171. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVIII. Eprouver par soi-même si les spectacles sont dangereux, c’est vouloir tomber dans les dangers qu’ils offrent. » pp. 154-163

Comment peut-on concevoir que des chrétiens à qui on a fait connaître la nécessité de combattre leurs passions, croient qu’il leur soit permis de les nourrir, de les exciter, et d’appeler à leur secours des maîtres encore plus entendus à les faire naître et à les inspirer ?

172. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « PENSEES SUR LES SPECTACLES. » pp. 1-12

Mais c’est le comble de la misère de ne pouvoir trouver de plaisir que dans ses propres maux ; de récompenser ceux qui les savent entretenir et les rendre incurables, au lieu de penser à les guérir ; et il est incompréhensible, que les Chrétiens qui doivent avoir appris qu’ils n’ont à combattre que leurs passions, croient qu’il leur soit permis de les nourrir, de les exciter, et d’appeler à leur secours des maîtres encore plus entendus à les faire naître et à les inspirer.

173. (1658) L’agent de Dieu dans le monde « Des théâtres et des Romans. CHAPITRE XVIIII. » pp. 486-494

Mais parce que l’acteur a pour dessein principal d’exciter les passions ; de tous les sujets il choisit ceux où elles se portent le plus, il passe ainsi pour fort adroit à mouvoir les cœurs en leur représentant ce qu’ils aiment, comme à notre façon de parler, c’est faire du feu, qu’y mettre du bois, et c’est donner cours à l’eau, de lui préparer une pente.

174. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

Mais, supposant avec lui que tout languit, que tout est triste sans les femmes, que le souverain bonheur est cette jouissance physique, & dans le fonds il est vrai que cet amour pur est bien rare, quoique les apologistes du Théatre nous aient quelquefois bercé de cette chimere, puisqu’en effet les femmes ne plaisent & ne cherchent à plaire que par les sensations, & qu’elles excitent les plus vives, surtout au Théatre, qui est le regne du seul plaisir physique, dont tous ses amateurs sont épris, que c’est leur vie, leur béatitude, qui les jette dans l’ivresse & le délire ; est-il moins vrai, dans les principes de la Religion, qu’il n’est pas permis d’exciter, de goûter, de désirer, d’attendre ce plaisir physique, d’y penser même volontairement, hors d’un légitime mariage ; par conséquent que le Théatre, où tout le fait naître, où tout s’en occupe, où tout s’en repaît, est le lieu du monde le plus dangereux pour la vertu, & où se commet le plus de péchés ?

175. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE V. Réforme de Fagan. » pp. 110-128

Tout ce qui nourrit la concupiscence, réveille la cupidité, excite l’impureté ; voilà le démon, la chair & le monde, que nous abjurons. […] Parce qu’elles en font métier, & se donnent tous les jours en spectacle pour de l’argent, tiennent école de galanterie, & font tout ce qu’elles peuvent pour exciter la passion. 4. excuse.

176. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IX. Défauts que les Etrangers ont coutume de reprocher à notre Tragédie. » pp. 231-259

Leur unique objet étoit d’exciter une grande émotion ; & une Action simple, mais terrible leur suffisoit. […] Si nos premiers Poëtes eussent connu leur Art, ils eussent pensé tous, qu’un Poëme dont l’objet est d’exciter la plus grande émotion, ne devoit point prendre pour Passion ordinaire, celle qui ne cause ordinairement qu’une foible émotion : mais aucun de nos premiers Poëtes Tragiques n’avoit, comme je l’ai dit plus haut, étudié son Art : ils ne songeoient qu’à satisfaire le goût de leurs Spectateurs.

177. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V. Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. » pp. 51-75

Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. […] « Si on examine le comique de cet auteur, partout on trouvera que les vices de caractère en sont l’instrument, et les défauts naturels le sujet ; que la malice de l’un punit la simplicité de l’autre, et que les sots sont les victimes des méchants : ce qui, pour n’être que trop vrai dans le monde, n’en vaut pas mieux à mettre au théâtre avec un air d’approbation, comme pour exciter les âmes perfides à punir, sous le nom de sottise, la candeur des honnêtes gens.

178. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

S’il en était quelqu’un qui écoutât ces motifs supérieurs, ce prodige exciterait nos éloges. Mais ils ne pensent tous qu’à l’argent, à la volupté ; ils n’estiment les pièces qu’autant qu’elles sont lucratives, et qu’elles excitent les passions.

179. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

On répond que l’Opéra est d’autant plus dangereux, qu’à la faveur de la Musique dont les tons sont recherchés, et disposés exprès pour toucher, l’âme est bien plus susceptible des passions qu’on y veut exciter, et particulièrement de l’amour qui est le sujet le plus ordinaire de cette sorte de Comédie. […] Enfin l’Auteur de la Réfutation s’applique à prouver que les Comédies et les Opéra excitent ou entretiennent l’Amour impur dans les cœurs.

180. (1715) Dictionnaire de cas de conscience « COMEDIE. » pp. 739740-750

 » Cela étant ainsi, nous pouvons donc assurer, comme une chose constante, que c’est avec raison que les Comédiens, et tous autres gens de cette trempe, dont l’emploi est d’exciter ou d’entretenir l’amour mondain et profane, sont privés de la participation des choses saintes ; et il n’est pas moins certain, que l’on ne peut sans péché assister à leurs spectacles. […]  » Il est nécessaire qu’on sache que ce Saint Docteur n’entend pas parler des Comédies, telles que les dépeignent les Conciles et les Pères, et telles qu’on les représente encore aujourd’hui, ou comme nous l’avons déjà dit, on ne voit qu’intrigues de mariages, ou d’amourettes et que des paroles équivoques, qui ne tendent qu’à exciter, ou à entretenir les passions les plus déréglées et les plus honteuses.

181. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver. » pp. 128-178

Dans les Pièces de cette dernière espèce (s’il y en avait) les gens sages ne trouveraient rien qui pût les scandaliser ; parce que ceux même qui sont les moins scrupuleux, n’y verraient rien qui pût les exciter au mal. […] De plus, cette passion excite différents sentiments et différentes impressions dans les Spectateurs mêmes ; tantôt elle corrige par l’horreur, comme dans Andromaque et autres Pièces du même genre, où les Amants éprouvent les derniers malheurs, et sont punis de leur passion par la perte même de la vie ; tantôt elle corrige par la compassion, comme dans le Cid, où les traverses, qui rendent les deux Amants malheureux, sont d’autant plus propres à corriger, que les Scènes d’amour de la même Tragédie en sont plus capables de corrompre, et le dénouement plus dangereux.

182. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre IV. De l’illusion Théâtrale. » pp. 64-79

Il vaudroit mieux, pour les connoisseurs délicats, qu’il continuât son jeu, ils ne perdroient que quelques mots, & ces mouvemens de terreur, qu’on vient d’exciter en eux, ne seroient point réfroidis.

183. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-9

Il y a quelque chose d’énigmatique dans sa conduite : il a loué Moliere à l’excès, & l’a amerement critiqué ; il le craignoit pendant sa vie, & lui rend justice aprês sa mort ; il veut qu’on excite les passions sur la scène, singulierement l’amour, & il en déplore les effets ; il copie & embellit Horace, il est plus indulgent que lui ; il blâme la galanterie de Quinault, & applaudit à celle de Racine, qui est encore plus dangereuse ; il réconcili Racine avec Arnaud, avec qui ses travaux d’amatiques l’avoient brouillé, & il donne soigneusement les regles de cet art pernicieux.

184. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE II. De la passion d’amour sur le Théâtre. » pp. 18-35

Qu’on ne me dise pas que des amours qui causent tant de tourments à ceux qui en sont possédés, et qui les portent à tant d’extravagances, sont plus propres à corriger de cette passion qu’à l’exciter : Cela pourrait se dire avec quelque vraisemblance, si, après tous ces tourments, et toutes ces extravagances, les Amants finissaient par être réellement malheureux : En ce cas les Spectateurs pourraient concevoir de l’aversion pour une passion qui ne produit que des peines dans sa fin, comme dans son progrès : mais malheureusement l’amour de Théâtre, et surtout celui de la Comédie, a toujours un succès heureux ; et le Spectateur en conclut avec raison, que les maux soufferts par les Amants, pour arriver à ce succès favorable, loin d’être une juste punition due à une passion condamnable, sont plutôt une persécution injuste suscitée à la vertu qui finit par en triompher.

185. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies à conserver. » pp. 276-294

Enfin le caractère de Chrisale d’un bout à l’autre, peut servir d’école à tous les Auteurs de Comédie de Caractère ; cet homme ne se dément jamais, et dans le cours de la Pièce toutes les fois qu’on l’excite à parler avec vigueur, et qu’on parvient à l’échauffer contre sa femme, dans le temps même qu’il prend son parti et qu’il est dans la plus grande colère, on voit toujours ce qui en arrivera lorsque sa femme paraîtra devant lui.

186. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Ce systeme dramatique, s’il étoit reçu, & goûté par la nation, ne serviroit qu’à exciter les passions les plus violentes, dans les deux sexes, & à renouveller les horreurs des Cirques, aussi opposées à l’humanité qu’au Christianisme ; à accabler de douleur & de crainte sous prétexte de plaisir ; à attirer l’homme hors de lui-même, à le jetter dans l’ivresse, le rendre comme insensé, pour l’amuser, & dans la vérité ne lui procurer aucun plaisir, rien ne plaît s’il passe les bornes de la nature. […] C’est au contraire à la douceur, à la charité, à la compassion, qu’il faut exciter les hommes, & les accoutumer aux actions bonnes & chrétiennes. L’homme doit combattre ses passions, & non se faire un criminel divertissement de les exciter, une volupté de les sentir ; la Loi lui défend de s’y complaire ; à plus forte raison des passions, extrêmes, affreuses, inhumaines ; mais le théatre ne vit que de vice, & tout vice lui est bon : c’est chez lui un mérite, une gloire, un talent de l’inventer, le multiplier & le repandre.

187. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Et comme il lui fut aisé de remarquer qu’il étoit beaucoup plus facile de faire pleurer ses Auditeurs que de les faire rire, il s’attacha à exciter la Pitié par des récits d’avantures tristes & cruelles, & ce Spectacle paroissant noble fut bientôt reçu à Athenes, tandis que le Spectacle où l’on ne disoit que des choses boufonnes & grossieres, resta dans les Villages. […] Tous deux porterent au plus haut point la gloire du Théâtre d’Athenes, & divertirent le Peuple, en lui faisant verser beaucoup de larmes, parce qu’ils choisissoient ces Sujets terribles, dont je parlerai dans la suite, s’attachant principalement à exciter la Crainte & la Pitié, par des Actions conduites avec toute la vraisemblance possible, en présence de Chœurs, qui étant composez d’un grand nombre de Personnages, augmentoient la pompe du Spectacle.

188. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE II. Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. » pp. 52-86

Pourquoi donc, le titre du livre, des Comédiens et du Clergé, exciterait-il une si grande susceptibilité ? […] L’ultramontanisme y a fait également tous ses efforts pour y exciter le désordre et la rébellion en armant l’épouse contre son royal époux, et le fils contre son père et son roi.

189. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-10

C’est à peu près le même effet que dans D Quichotte : ces passions représentent, nourrissent, raniment, excitent des passions réelles ; ce sont deux cordes à l’unisson : les vibrations de l’une se repétent dans l’autre, & dans l’occasion font faire les mêmes extravagances & commettre les mêmes crimes.

190. (1671) De la connaissance des bons livres « DE LA COMEDIE  » pp. 232-248

Les Comédies où les passions sont si bien représentées, ont offensé tous les Dévots ; Selon leur opinion on y emploie des paroles trop tendres qui réveillent la passion d’amour dans les cœurs ; Il s’y trouve en quelques endroits des Discours véhéments qui excitent la colère pour des sujets qui ne le valent pas ; l’orgueil et l’ambition y ont leur place, pour nous apprendre à rechercher les faux biens du Monde, et à mépriser les vrais biens, qui sont ceux de la Vertu, et tous les biens entièrement spirituels.

191. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE X. Des six parties de la Tragédie, suivant Aristote. Examen de ces six parties dans Athalie. » pp. 260-315

« La plus belle des Reconnoissances est celle qui étant tirée du sein même de la chose, se forme peu à peu d’une suite vraisemblable des affaires, & excite la terreur ou l’admiration, comme celle qui se fait dans l’Œdipe de Sophocle & dans l’Iphigénie : car qu’y a-t-il de plus vraisemblable à Iphigénie que de vouloir faire tenir une Lettre dans son Pays ? […] A la vérité la Catastrophe est heureuse pour les bons, & funeste pour les méchans ; elle remet l’ame des Spectateurs dans la tranquillité : mais une Tragédie, peut, comme je l’ai dit, être parfaite, sans exciter la Terreur : & quand on ne mettroit celle-ci qu’au second rang, pour obéir à Aristote, on ne l’admirera pas moins. […] Le Grand-Prêtre qui donne ses conseils à cet Enfant, rassure les craintes de Josabet, ranime la foi d’Abner, excite le courage des Levites, les fait partir pour le combat, regle leurs places, prend une épée pour y aller aussi, est à tout, & malgré tous ses soins, tant de sujets de crainte, tant d’ordres à donner, conserve toujours une ame tranquille.

192. (1845) Des spectacles ou des représentations scéniques [Moechialogie, I, II, 7] pp. 246-276

Si les peintures et les images immodestes ou obscènes présentent naturellement à l’esprit ce qu’elles expriment, combien plus sera-t-on touché des représentations théâtrales, où, comme dit Bossuet, « tout paraît effectif ; où ce ne sont point des traits morts et des couleurs sèches qui agissent, mais des personnages vivants, de vrais yeux, ou ardents, ou tendres et plongés dans la passion, de vraies larmes dans les acteurs, qui en attirent d’aussi véritables dans ceux qui regardent : enfin de vrais mouvements, qui mettent en feu tout le parterre et toutes les loges ; et tout cela, dites-vous, n’émeut qu’indirectement et n’excite que par accident les passions…. […] Voici ce qu’il en dit : « Comme les fauteurs des comédiens soutiennent que saint Thomas leur est favorable, en ce qu’il semble dire que la profession des comédiens n’est pas mauvaise de sa nature, et que l’on peut même contribuer à leur subsistance pourvu que ce soit d’une manière modérée…, il est nécessaire que l’on sache que ce saint docteur n’entend pas parler des comédies telles que les dépeignent les conciles et les Pères, et telles qu’on les représente encore aujourd’hui, où on ne voit qu’intrigues de mariages, ou d’amourettes et que des paroles équivoques, qui ne tendent qu’à exciter ou à entretenir les passions les plus honteuses.

193. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

Mais pour les passions molles & voluptueuses, où l’ame se livre aux funestes délices de l’impureté, à la dissipation, à la frivolité, perd la pudeur, la religion, la charité, il n’est pas douteux que le théatre & la danse, analogues au caractère nationnal, montés sur ce ton, établis & entretenus dans ces vues, par des personnes plongées dans le désordre, exercées à exciter les passions, les peignant, les embellissant, les réalisant, étalant, offrant l’objet avec toutes ses graces au premier qui en veut, se piquant, se faisant gloire de produire ces malheureux effets, il n’est pas douteux que le théatre & la danse théatrale ne fassent dans tous les cœurs les plus grands ravages. […] L’art de la danse dans sa juste idée, est l’art de peindre & d’exciter les passions, & d’en présenter les objets par les mouvemens du corps, c’est la volupté en action, le cœur en mouvement, comme la peinture représente par les couleurs, la musique par les sons.

194. (1764) De l’Imitation théatrale ; essai tiré des dialogues de Platon : par M. J. J. Rousseau, de Genéve pp. -47

Mais songez toujours que les Hymnes en l’honneur des Dieux, & les louanges des grands hommes, sont la seule espèce de Poësie qu’il faut admettre dans la République ; & que, si l’on y souffre une fois cette Muse imitative qui nous charme & nous trompe par la douceur de ses accens, bientôt les actions des hommes n’auront plus pour objet, ni la loi, ni les choses bonnes & belles, mais la douleur & la volupté : les passions excitées domineront au lieu de la raison. […] Par une analogie assez naturelle, ces réflexions pourroient en exciter d’autres au sujet de la peinture sur le ton d’un tableau, sur l’accord des couleurs, sur certaines parties du dessein où il entre peut-être plus d’arbitraire qu’on ne pense, & où l’imitation même peut avoir des regles de convention.

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