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60. (1765) Apologie du théâtre français pp. 1-4

***  Et là le grand Corneille (Auteur incomparable) Pompeux dans ses écrits, sublime dans son art, Doit ici trouver place et prendre aussi sa part ; L’esprit ingénieux !

61. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

On attribue à M. d’Alunbert un mot peu vraisemblable dans un Savant d’une grande réputation : Qui auroit à choisir d’être Nevton ou Corneille, seroit bien d’être embarrassé, ou ne mériteroit pas d’avoir à choisir. Cette idée dictée par l’enthousiasme d’un amateur, cette comparaison de deux hommes grands, chacun dans son genre, sont absolument fausses, soit en comparant esprit à esprit, objet à objet, travail à travail ; il s’en faut bien qu’il faille autant de pénétration, d’étendue, de précision, de justesse, de force pour faire parler les Héros de Corneille, que pour embrasser le système du monde. […] Les Anglois, tout admirateurs qu’ils sont de Shakespear, ne l’ont jamais mis en parallèle avec Nevton, quoiqu’il ait d’aussi grands traits de génie que Corneille, & que la décence qui lui manque ne soit pas un défaut sur le théatre Anglois. Le paradoxe de M. d’Alunbert fait peu d’honneur à Nevton, il en seroit trop à Corneille, si personne pouvoit l’adopter hors des coulisses & des loges. […] Shakespear a des traits de génie étonnans, égaux & supérieurs aux plus beaux endroits de Corneille ; mais ce ne sont que des traits momentanés, rien de suivi, rien de soutenu, rien d’achevé ; ces éclairs éblouissans laissent dans la plus profonde obscurité.

62. (1777) Il est temps de parler [Lettre au public sur la mort de Messieurs de Crébillon, Gresset, Parfaict] « Il est tems de parler. » pp. 27-36

Au tyrannique empire, au despote injurieux que les Histrions exercent contre les successeurs des Corneille ou des Moliere, je n’ai dit mot. […] J’ose avancer à la barbe des Athéniens, que Corneille ni Moliere ne pourroient faire de nos jours un si grand nombre de Piéces, vû la lenteur des Histrions, & leur négligence à jouer les nouveautés ; & je le prouve, car il est tems de parler.

63. (1802) Sur les spectacles « FUITE DES MUSES ET DU BON GOUT : Peut-on compter sur leur retour ? » pp. 3-11

On aurait à citer, de nos jours, Roméo-Ducisb, Chénier-Fénélonc, Abel-Legouvéd, Arnaud-Marius e, Mercier-Agamemnonf : mais puisque Voltaire est placé si loin de Racine et de Corneille par nos impitoyables Aristarques, il devient impossible de citer personne après ce grand génie. […] Demandez-lui ce que l’on respirait d’enthousiasme au café Procope, en prenant du café pour six blancs ; et de quel œil le Génie qui fréquentait ce temple des Oracles, envisageait ces jeunes hommes, adorateurs assidus de Corneille et de Racine.

64. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « III. Si la comédie d’aujourd’hui est aussi honnête que le prétend l’auteur de la Dissertation. » pp. 5-9

Mais il n’est pas nécessaire de donner le secours du chant et de la musique à des inclinations déjà trop puissantes par elles-mêmes ; et si vous dites que la seule représentation des passions agréables dans les tragédies d’un Corneille et d’un Racine, n’est pas dangereuse à la pudeur, vous démentez ce dernier, qui, occupé de sujets plus dignes de lui, renonce à sa Bérénice, que je nomme parce qu’elle vient la première à mon esprit ; et vous, qui vous dites Prêtre, vous le ramenez à ses premières erreurs.

65. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VI. Les spectacles produisent et favorisent l’incrédulité. » pp. 86-89

Corneille et Racine, dont la foi n’a jamais été suspectée, et qui même ont eu, dit-on, des alternatives de piété en travaillant pour le théâtre, emportés par la fougue de leur imagination, ont avancé une infinité de maximes blasphématoires, et ont sacrifié la raison, la probité, la foi, à la satisfaction d’éclore une prétendue belle pensée.

66. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

Corneille, du Théatre abjurant les maximes, Eut voulu n’en avoir jamais souillé ses rimes. […] Corneille & Racine ont eu raison, dit le prémier, de gémir d’avoir passé leur vie dans une occupation condamnée. […] Bossuet se sert du témoignage de Racine lui-même, pour prouver que ses piéces, & celles de Corneille, sont pernicieuses à la pudeur. […] Aussi a-t-il soin de nous dire, que bien en prit à Corneille, de ne s’être pas borné dans son Polieucte, à faire casser les statuts de Jupiter. […] Comme Racine, Corneille, Quinault, Houdart de la Motte, Gresset &c.

67. (1726) Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat « Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat » pp. 176-194

Je sais bien qu’un nouvel Auteur peut traiter le même sujet que l’ancien, mais de peur de passer pour plagiaire, il évitera de copier les plus belles scènes et de se servir des plus beaux vers ; il fera peut-être mieux à tout prendre que l’ancien Auteur, qui a traité le même sujet, mais sa pièce aurait été beaucoup meilleure, s’il avait pu sans scrupule et sans rien diminuer de sa réputation se servir de tout ce qu’il a trouvé d’excellent dans l’ancienne pièce ; or pour cela il faudrait qu’il lui fût imposé par un prix proposé de perfectionner telle pièce, alors il ne perdrait rien des beautés de telle pièce de Corneille, de Racine, de Molière et de leurs successeurs, ou s’il se trouvait forcé de perdre quelques-unes de ces beautés, il leur en substituerait de plus grandes et y en ajouterait de nouvelles. […] Je doute que de pareils connaisseurs eussent jamais passé à Corneille l’approbation tacite du duel que l’on trouve dans le Cid.

68. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  PRÉFACE. » pp. -

Noms immortels que la postérité révère, que les Corneille, les Racine, les Voltaire ont fait revivre sur la Scène, animez mon ame échauffée d’un zèle respectueux pour vos vertus ?

69. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XIII. S’il est nécessaire qu’une Pièce de Théâtre plaise autant à la lecture qu’à la représentation. » pp. 359-363

Jettez les yeux sur la prémière Tragédie de Corneille ou de Racine, voyez comme ils mettent dans la bouche de leurs Acteurs toutes les figures de la Rhétorique.

70. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

On a toujours fait dire à Aristote, que le but de la tragédie est d’employer la terreur & la pitié, pour purger les passions ; doctrine que Corneille ne comprenoit pas, M. […] Calderon moins fécond, mais fort supérieur à Lopez, est le Corneille de l’Espagne, selon nous, & selon le langage de Madrid : Corneille est le Calderon de France ; ils étoient contemporains. […] Le Pere Tournemine Jésuite, entousiasmé de Corneille, écrivit en Espagne pour savoir en quelle année Calderon avoit composé sa piece, & s’il étoit venu en France ; on ne se souvint pas de l’année de la composition, mais on lui apprit celle de l’impression, après 1647, que l’Heraclius de Corneille fut joué ; mais avant son impression, on lui marqua que Calderon étoit venu à Paris, y avoit fait des vers à l’honneur d’Anne d’Autriche, qu’il avoit pu voir représenter, & avoir retenu plusieurs traits de Corneille.

71. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XX. Suite des prétendus talents du Comédien & de la Déclamation théatralle. » pp. 63-85

Quand Corneille a mis son qu’il mourut , l’auroit-il écrit au hazard, sans sentir les beautés de cette expression ? […] On ne joue pas tous les jours les Tragédies de Corneille, & tous les jours on les lit avec admiration.

72. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

On auroit du faire le même honneur à Corneille, à Quinault, à Lulli, on le fera à Racine, à Crébillon, & dans la suite immense des siécles au grand Voltaire jusqu’à la fin du monde ; mais il me semble qu’on ne devroit pas prendre leur mort pour époque, il faudroit choisir quelque événement brillant de leur vie : car leur mort n’est pas brillante. […] Tels Corneille, Quinault, Racine, la Fontaine ; est-il de l’honneur du théatre de solemniser ces repentis ? […] Un buste, un pied d’estal pour un si grand Dieu, ont quelque chose de bien mesquin ; il faudroit une statue entiere, & même un colosse comme celui de Rhodes : aussi les comédiens qui se sont fait tant d’honneur, il y a quelques années, en rendant hommage à Corneille, non par une fête séculaire, mais en donnant à sa niéce le profit d’une représentation, & après avoir payé un tribut si noble & si légitime (à très peu de frais) au pere de la tragédie, viennent de faire éclater leur reconnoissance, (à aussi bon marché) envers leur pere, le créateur & le modèle de la bonne comédie, par un grand effort, ils ont réservé le profit de la premiere & de la derniere représentation des deux farces faites pour lui, l’Assemblée, & la Centenaire, les destinent à lui faire élever une statue ; mais il s’en faut de beaucoup que cette foible somme, (je la croyois grande, puisqu’on fait tant valoir la générosité des comédiens,) que cette foible somme soit suffisante, pour les frais du monument ; il y a lieu de croire qu’ils seront sécondés par une nation sensible & généreuse, qui ne permettra pas qu’un projet, qui l’honore, soit comme tant d’autres, vainement annoncé. […] Les statues de Corneille, Racine, Voltaire orneroient le péristille de la nouvelle salle, que l’on projette de bâtir, & la France depuis long-tems, la plus heureuse rivale d’Athenes, dans les beaux arts, le seroit aussi dans les honnuers rendus à ceux qui les cultivent. […] Pour bien aprétier cette libéralité si vantée, il faut se souvenir que le profit d’une représentation n’est autre chose que ce qui reste de ner, tous frais faits, & tous les acteurs payés ; leurs gages sont toujours les mêmes, ils ne donnent rien du leur, ils abandonnent seulement un profit de hasard, plus ou moins considérable, selon qu’il y a du monde, & qui peut être nul si la piéce ne réussit pas ; voilà ce qu’ils disent leur avoir fait tant d’honneur, à l’égard de la niéce de Corneille, & ce qu’ils donnent à l’Hôtel-Dieu, quand on les oblige de donner ce profit.

73. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE X. Des six parties de la Tragédie, suivant Aristote. Examen de ces six parties dans Athalie. » pp. 260-315

Ces deux Piéces n’ont cependant aucune ressemblance entre elles, non seulement parce qu’il est bien différent de vouloir remettre sur le Trône un Prince en âge d’agir par lui-même, ou un Enfant de huit ans : mais parce que Corneille a conduit son Action d’une maniere si singuliere & si compliquée, que ceux qui l’ont lue plusieurs fois, & même l’ont vue représenter, ont encore de la peine à l’entendre, & qu’on se lasse à la fin, D’un divertissement qui fait une fatigue. Dans Heraclius, Sujet & Incidens, tout est de l’invention du génie fécond de Corneille, qui pour jetter de grands intérêts, a multiplié des incidens peu vraisemblables. […] Il seroit aisé de faire voir que les Personnages de Corneille n’ont pas toujours un caractere marqué, & que dans les Piéces de son successeur tout a son caractere. […] Il faut donc que le Poëte qui a su rendre théatral un pareil caractere, ait eu un génie très-rare : ce qui devroit faire changer de langage ceux qui ne savent que dire, le sublime Corneille & le tendre Racine, parce qu’ils n’ont étudié ni l’un ni l’autre. […] Il est très-poëtique, & n’a point cependant la pompe du récit de la mort d’Hippolyte, & de plusieurs autres morceaux de la Tragédie de Phedre, parce que le Poëte attentif en tout à la vraisemblance, conforme son stile à ses Sujets, ce qui fait que ses Tragédies ont toutes une Versification différente, au lieu que la Versification de Corneille, si j’ose le dire, est toujours la même, toujours pareille tournure de Vers.

74. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130

Un Commentateur Espagnol se fert du mot miedo, qui veut dire Crainte : enfin Corneille dans son Discours sur la Tragédie, nommant les deux Passions qui en sont l’ame, suivant Aristote, nomme toujours la Pitié & la Crainte. […] Corneille avoit donné au Passage d’Aristote, un sens à peu près pareil à celui qu’a suivi M. […] Cette explication, ajoute Corneille, ne plaira pas à ceux qui s’attachent aux Commentateurs de ce Philosophe. […] Je n’impute point à Corneille des sentimens qui peuvent se trouver dans les Epîtres & les Préfaces qu’il retrancha de l’Edition de 1663, & qui se retrouvent dans les Editions suivantes. […] Quand Corneille écrivoit l’Epître qu’on retrouve à la tête de la suite du Menteur ; il ne connoissoit encore ni son Art, ni Aristote, ni Horace.

75. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — [Introduction] » pp. -1

Tout dans les annales du théatre n’est pas digne des grands noms de Corneille, de Moliere, de Voltaire, de Baron, de Clairon ; c’est le malheur de l’humanité.

76. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre III. De la Fable Tragique. » pp. 39-63

Mais comme l’a sagement remarqué le grand Corneille ; « cette éloquente & sérieuse description que Séneque fait de la maniere dont ce malheureux Prince se crêve les yeux, ce qui occupe tout le cinquieme Acte, feroit soulever la délicatesse de nos dames, dont le goût attire aisément celui du reste de l’auditoire ». […] * Voici comme on lit ces vers, dans un discours de Corneille au Roi.

77. (1751) Nouvelles observations pp. 393-429

M. de Voltaire, qui a si bien suivi les traces du grand Corneille, & qui a fait plus que lui, en enrichissant la Nation d’un Poëme Epique, auroit dû imiter son noble empressement à retrancher dans le Cid, les quatre fameux Vers sur le Duel, dès qu’on lui eût fait entendre qu’ils étoient contre les bonnes mœurs. […] Un amusement si instructif sera-t-il toujours accusé, & doit-on se faire un nouveau titre des regrets que Corneille & Racine ont témoignés sur la fin de leurs jours ? Corneille & Racine ont gémi ; ils en ont eu raison, sans doute, puisqu’ils ont passé leur vie dans une occupation condamnée : mais n’est-il pas bien cruel que les Auteurs de Cinna, d’Héraclius & de Phédre, ayent été fondés à verser des larmes d’un juste repentir ?

78. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

Le théatre, après avoir volé les pieces Espagnoles, a voulu imiter la Cour d’Espagne ; il fait des grands, le grand Corneille, le grand Racine, le grand Moliere, le grand Voltaire, le grand Panard, le grand Marmontel, &c. […] Voilà le vrai père du théatre, le premier Corneille, le premier Moliere, dont tous nos grands ne sont que la digne postérité. […] Thespis, qui alloit de village en village gagner un bouc, seroit bien étonné, s’il revenoit au monde, de voir les tombereaux devenus l’opéra & l’hôtel de la comédie, & lui-même Corneille & Baron.

79. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VI. Euphemie. » pp. 129-148

Mais on doit en user sobrement : il y en a peu dans Racine & dans Corneille. […] Jamais Corneille, Racine, Voltaire, n’ont fait tenir ce langage à leurs amans ; Moliere même & les autres comiques ne le font tenir qu’à des valets ou des pay sans. […] Voltaire auroit dû imiter la docilité de Corneille à retrancher dans le Cid quatre vers fameux sur le duel, des qu’on lui eût fait entendre qu’ils étoient contre les bonnes mœurs.

80. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

de tous les siecles, de toutes les nations, supérieur à Corneille & à Racine. […] Bien plus, il est supérieur à Corneille, à Racine, à Despreaux, non-seulement pour l’élévation du génie, mais par l’élégance, la noblesse, la correction du style. […] Mais l’usage en est établi, la poësie regne dans le tragique, les chef-d’œuvres de Corneille & de Racine (beaux noms que l’usage met par-tout) sont tous en vers : voilà le ton du jour. […] Corneille & Racine mêmes, s’ils revenoient au monde avec des chef-d’œuvres, ne voudroient pas tenter cette révolution, & n’y réussiroient pas. […] Corneille, Racine, Crébillon, &c. n’étoient pas moins républicains.

81. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

Je ne serois pas surpris qu’on masquât ainsi Corneille & Racine, & qu’on enrichit le dépôt de la comédie de vingt nouveaux Théatres. […] Il fut fort heureux d’avoir paru dans un temps où étonnés du crime de Damiens, & de la suppression des Jesuites, les esprits étoient montés & tournés singulierement du côté de la fidélité dûe au Prince, comme Corneille fut en partie redevable de ses succès à la situation des esprits, montés & tournés de son temps vers l’indépendance, par les mouvemens de la ligue & de la fronde. M. de Belloi n’auroit pas été goûté il y a un siecle, Corneille le seroit peu aujourdhui. […] Le Théatre, tel qu’il fut chez nous, dès sa naissance, sous Corneille & Moliere, une école des vertus & des mœurs, est l’instruction publique la plus utile, parce qu’elle est la plus agréable. […] Corneille en fit une école d’orgueil & d’indépendance, Crebillon une école de vengeance & de fureur, Racine une école de galanterie, Voltaire une école d’irréligion, Moliere, Dancourt, Poisson, Montfleuri, Vadé, Gherardi, & tous plus ou moins, une école de libertinage, d’adultere, de fourberie, &c.

82. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Corrections et additions. » pp. 364-368

Il aurait bien dû considérer qu’elle va à son but d’une manière enjouée, & en répandant sur tous les objets un air de plaisanterie, afin de faire une impression plus facile, plus douce, ou qui soit différente de celle qu’on éprouve aux Drames des Corneille.

83. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Sixième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 40-72

Un moment : je fais ce que je dis, & je ne prétens pas, comme tu pourrais le croire, faire rendre les chefs-d’œuvre de Molière, de Corneille, de Racine, &c. […] On doit sur-tout l’attribuer au trop de liberté qu’on laisse aux Actrices : on ne daigne imposer aucuns devoirs à des femmes destinées à l’emploi sublime de faire passer dans nos âmes le sentiment vif, animé de toutes les beautés de notre Corneille, de notre Racine, de notre Voltaire. […] La demoiselle Dumesnil va-t-elle aujourd’hui cousulter Corneille, pour exprimer si dignement les beautés de ce grand homme ?

84. (1705) Traité de la police « Chapitre IV. De la Comédie Française ; son origine, son progrès, et les Règlements qui ont été faits pour en permettre, corriger et discipliner les représentations, ou pour en assurer la tranquillité. » pp. 439-445

Les choses étaient dans cet état, et le théâtre presque abandonné, lorsque Corneille fit paraître sur la Scène sa Melite. […] Corneille cependant animé par la réussite de ce premier ouvrage, continua de travailler, et donna sept ou huit Pièces de théâtre en moins de six ans : l’on fut toujours de plus en plus charmé de la beauté de ses ouvrages ; mais sa Tragédie du Cid qu’il fit représenter en l’année 1637. mit pour ainsi dire le comble à sa réputation. […] Pendant que le Théâtre Français se rétablissait, que l’on y réparait ainsi tous les défauts qui l’avaient fait tomber autrefois dans le mépris ; que les nouvelles Pièces de Corneille, celles de Racine, de Quinault et de Molière, y ajoutaient tous les jours quelques agréments et quelques nouveaux degrés d’estime et d’honneur, les Vénitiens inventèrent chez eux les Opéra.

85. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre prémier. Le sujet. » pp. 160-182

de Voltaire ne se fit point un scrupule de donner au Public Œdipe déjà traité par le grand Corneille. […] Il serait alors de notre honneur d’estimer plutôt les Tragédies de Corneille, où respire l’antique vertu des Romains, que des Pièces où l’on dépeint d’après nature un misérable Artisan.

86. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

« Un Clerc pour quinze sols, sans craindre le holà, Peut aller au parterre attaquer Attila, Et si ce Roi des Huns ne lui charme l'oreille, Traiter de visigoths tous les vers de Corneille. […] Nous avons vu que Corneille est assez sincère dans l'examen de la pièce du Menteur, où le mensonge est récompensé, pour convenir que cela n'est point nécessaire, que le Poète qui ne cherche qu'à plaire ne s'en embarrasse pas.

87. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. L’Arétin, le Tasse, l’Arioste. » pp. 38-79

Dans la vérité, les meilleurs poëtes écrivent mal ; Moliere n’a qu’une conversation bourgeoise, souvent de harangere ; Quinault ne donne que des fadeurs de galanterie : ou le loue de ce qu’il sait choisir des mots mélodieux propres a la musique qu’il répete à tout moment ; Crébillon est dur, enflé, sombre, hideux, à quelques vers près, saillans & sublimes, Corneille n’a que du verbiage ; demandez-le aux commentateurs ; Racine & Voltaire sont les deux qui soutiennent mieux l’élégance, la décence, la correction du style : je ne parle pas de la religion ni de la vertu. […] Si l’on veut bien peser tout ce qui s’est dit du grand Corneille, de l’immortel Racine, de l’inimitable Moliere, du sublime Voltaire, du fameux Baron, de la charmante le Couvreur, soit dans des vers qu’on leur a fait, soit dans des dissertations sur les matieres théatrales, soit dans les discours présentés aux Académies, à l’honneur de Moliere & de Lafontaine, par les Sieurs Laharpe & Champfort, &c. on y trouvera les mêmes fatuités, non-seulement jettées au hasard dans quelques lettres obscures, mais très-sérieusement, avec réflexion établies & présentées au public, avec tout l’appareil de la démonstration géométrique. […] Qui n’a vu les portraits des actrices, les figures d’Arlequin, de Scaramouche, de Moliere, de Corneille ; à tous les foyers, dans les maisons, les boudoirs, à tous les coins des rues ? […] En France ces médailles sont plus rares ; cependant les comédiens en ont fait frapper pour Corneille, & l’ont représenté sous les traits d’Auguste, avec les attributs d’un empereur romain. […] Mais le Parnasse Florentin prit tout au tragique ; il se livra à son ressentiment, comme quelques années après le Cardinal de Richelieu se livra à la jalousie contre Corneille, en faisant censurer le Cid.

88. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — [Introduction] » pp. 2-6

On devroit bien faire aussi des pieces sur Corneille, Racine, Panard, Dominique, qui valent bien Moliere, chacun dans son genre.

89. (1684) Epître sur la condemnation du théâtre pp. 3-8

Pour charmer dans ses jeux, l’esprit avec l’oreille, Il n’a plus son Molière, il a perdu Corneille.

90. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « IV. S’il est vrai que la représentation des passions agréables ne les excite que par accident.  » pp. 10-18

Dites-moi, que veut un Corneille dans son Cid, sinon qu’on aime Chimène, qu’on l’adore avec Rodrigue, qu’on tremble avec lui, lorsqu’il est dans la crainte de la perdre, et qu’avec lui on s’estime heureux lorsqu’il espère de la posséder ?

91. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Il citait en exemples, Corneille, sur-tout Racine, Crébillon, dans la Tragédie ; Molière, quelquefois Regnard, & Destouches dans la Comédie. […] Je le répète, ce jeu est beau, comme les traits des Pièces de Corneille sont admirables ; mais il faut l’abandonner, ou du moins en user si sobrement, qu’on ne s’y livre qu’une fois dans une Représentation. […] Les Ouvrages de Corneille, de Racine, de Crébillon, de Molière, paraissent être des productions mâles, sorties d’un cerveau mûr ; & ceux de quelques Auteurs modernes, des saillies brillantes, des éclairs de génie que laisse échapper une bouillante Jeunesse. […] On peut reprocher au grand Corneille, d’avoir fait ses Héros trop grands. […] Je compare Corneille à un père, qui place le déjeûné de son fils dans un endroit inaccessible : l’enfant approche, fait des efforts, mais se décourage enfin : un peu plus bas, il se fût exercé à le saisir.

92. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

Corneille en a profité. […] Les trois cens pieces de Lopès de Vega, & les trente plagiats de Corneille n’alarment pas tant la conscience qu’une seule comédie de Moliere, comme tous les romans des Amadis, des Chevaliers du Soleil, de la Table ronde, &c. où les Paladins alloient pour fendre les géans, mettre en fuite des armées, & conquérir des royaumes, en invoquant leur Dame, ne font pas autant de mal qu’un seul de nos romans à la mode. […] Porée, Brumoy, les Abbés Abeille, Boyer & Pelegrin, Corneille même, Racine, Crébillon, Voltaire, quoique laïques, sont-ils jamais entrés dans aucune troupe ?

93. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Riccoboni. » pp. 4-27

Sur plus de deux mille pieces qui ont paru depuis Rotrou & Corneille, à la renaissance du théatre, il ne parle que de cinquante-trois des plus connues, des mieux accueillies. […] J’ai préféré Corneille & Racine, ces deux chefs de la poësie dramatique. Est-il possible qu’un Comédien leur admirateur déclaré, ne conserve que cinq pieces de Racine & sept de Corneille, & deux on trois en les corrigeant ?

94. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE I. Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M. Rousseau. » pp. 13-64

« Les chefs-d’œuvre de Corneille et de Molière tomberaient aujourd’hui, et s’ils se soutiennent, ce n’est que par la honte qu’on aurait de se dédire, et non par un vrai sentiment de leurs beautés ; une bonne pièce, ajoutez-vous, ne tombe jamais que parce qu’elle ne choque pas les mœurs de son temps. »s Après vous avoir fait distinguer ce que Molière et Racine ont bien fait de ménager dans nos mœurs, il est question de vous prouver maintenant que Molière surtout n’a pas à beaucoup près respecté ce qu’il y avait réellement de vicieux en elles. […] Corneille, le pieux Racine et M. de Voltaire ont-ils attendu des motifs pour attaquer l’orgueil despotique, l’hypocrisie et le fanatisme ? […] Corneille, Racine et Voltaire n’ont cependant pas attendu ces événements, pour s’efforcer d’en inspirer la crainte ; nous pouvons ce me semble conclure de ces exemples que nos Auteurs ne sont pas aussi lâches que vous le dites et ne respectent pas autant les mœurs du siècle que vous feignez de le croire. […] [NDE] Dancourt reformule ici librement l’argument suivant de Rousseau : « Aussi, le goût général ayant changé depuis ces deux Auteurs [Corneille et Molière], si leurs chefs-d’œuvre étaient encore à paraître, tomberaient-ils infailliblement aujourd’hui. […] [NDE] Corneille, Cinna, 1643 ; Voltaire, Le Brutus, 1731 ; La Mort de César, 1743 (Scudéry, 1637) ; Crébillon, Catilina, 1749.

95. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Rousseau attribue à Molière et à Corneille des ménagements auxquels je suis bien convaincu que ni l’un ni l’autre n’avaient pensé. […] Dans Le Cid, Corneille autorise le duel, mais dans quelle circonstance ? […] L’actrice qui joue Emilie ou Colette, est elle plus vendue à l’or des spectateurs, que ne l’étaient Corneille et M. […] S’il me répond qu’elle leur vend sa présence, son action, sa voix et le talent qu’elle a d’exprimer tout ce qu’elle imite, je dirai que Corneille et M. […] L’âme de Corneille s’élevait jusqu’à l’héroïsme pour faire parler Cornélie et César, après s’être abaissée jusqu’aux sentiments de la plus lâche trahison pour faire parler Achillas et Septime.

96. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Est-ce vous, inimitable Corneille, Génie formé pour enfanter le Tragique ; grande ame en qui la Nature voulut, ce semble, faire essai de toute l’étenduë de ses forces, & tenter jusqu’à quel point l’esprit humain peut s’élever au-dessus de l’humanité ? […] Ignoriez vous la force toute-puissante du Grand Corneille ? […] Racine jeune le consola de Corneille vieilli & peu docile à suivre ses traces. […]   Corneille dans le grand avoit étonné les esprits par la majesté pompeuse de ses pensées ; Racine dans le tendre fascina les cœurs par le charme enchanteur des sentimens. […] Il ne détrôna pas Corneille : mais il partagea le Trône de la Scéne avec lui.

97. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « Discours préliminaire. » pp. -

Encore une fois, il était nécessaire que je parlasse alternativement, de la Comédie-mêlée-d’Ariettes, & des Poèmes perfectionnés chez les Français par Corneille & Molière.

98. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre X. Des Décorations. » pp. 336-344

Corneille ni Racine ne se sont point servis de ces moyens étrangers.

99. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE PREMIER. De la Passion de presque tous les Peuples pour la Poësie Dramatique. » pp. 8-16

On en peut dire autant de celle qui a été longtems en vogue en Italie & en Espagne, & l’on en peut dire autant de la nôtre, jusqu’à Corneille & Moliere ; quoique nous eussions commencé du tems de François I à étudier les Grecs.

100. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IX. » pp. 158-170

Chacun sçait la pénitence du grand Corneille ; M.

101. (1846) Histoire pittoresque des passions « RELIGION » pp. 158-163

bref, je ne sais que penser. » Telle était la situation du théâtre, lorsque vers le milieu du seizième siècle la comédie profane intervint avec ses obscénités, et rivalisa avec la religieuse jusqu’au siècle de Louis XIV, où les Corneille et les Racine commencèrent à illustrer notre scène, et lui donnèrent un caractère de décence et de moralité.

102. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Corneille & Racine, fort supérieurs pour la religion & les mœurs, l’état, la naissance, qui jamais ne s’abaisserent jusqu’à être des Comédiens, le valoient bien, chacun dans son genre. […] Mais le Chancelier Daguesseau, qui ne fut jamais à la comédie, & qui dans ses Mercuriales en fait un portrait hideux, pour en éloigner les Magistrats ; mais M. de Lamoignon, que Moliere joua, ce qui a fait écrire si vivement contre Moliere Baillet son Bibliothécaire ; mais M. le Franc de Pompignan, qui malgré ses brillans succès y a renoncé si généreusement & si bien écrit contre ce dangereux spectacle au religieux fils de Racine ; mais Corneille, Racine, Quinault, Lafontaine, inconsolables d’avoir travaillé pour le Théatre, lorsque la grace leur ouvrit les yeux, auroient-ils placé Moliere sur les autels ? […] Et ensuite le Prélat donne des regles (qu’il n’a pas trouvées dans les canons) il fait l’examen des grands tragiques, de Sophocle, Euripide, Corneille. […] On ne peut douter que Fenelon ne condamne le théatre, & ne blâme Corneille d’avoir introduit des épisodes d’amont dans ses pieces, Racine d’en avoir fait le corps des siennes, Moliere surtout de sa licence, de ses bouffonneries, de sa mauvaise morale, & cependant il propose à l’Académie le projet d’un traité de la tragédie & de la comédie, & en trace le plan & les regles ; & dans le temps qu’il proteste ne pas souhaiter qu’on perfectionne le théatre, qu’il se réjouit d’y voir des défauts, parce que le poison en est moins dangereux, il donne les moyens de le perfectionner & d’en ôter le poison en corrigeant les défauts qui l’affoiblissent. […] Il méprisoit, comme Corneille, ajoute-t-on, cette modestie affectée, ces mensonges des ames communes, manege ordinaire de la médiocrité.

103. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VIII.  » pp. 195-221

Abaillard avance qu’Héloïse qui faisoit le bel esprit, & avoit lu quelques poëtes, récita à haute voix, pendant la cérémonie de sa profession, quelques vers de Lucain, sur la mort de Pompée, dont elle faisoit l’application à ses amours, à ses malheurs, à sa profession forcée, qu’elle faisoit par désespoir ; c’est donner une bien mauvaise idée de sa vertu, de la prudence, de la décence de son amant ; mais l’écrivain de la lettre à Philinte en donne-t-il une bien avantageuse de lui-même, en rapportant la traduction de ces vers, pris de la tragédie de Corneille, sur la mort de Pompée. […] Au reste, voilà Corneille, son théatre n’est guere que Lucain mis en vers François, sa grandeur Romaine est plus mémoire que génie. Il ne seroit pas difficile de ramasser dans Corneille, de quoi faire la moitié de la Pharçale.

104. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Machiavel. » pp. 198-214

Corneille, Racine, Crébillon, Voltaire, &c. doivent à ces horreurs leur célébrité. […] Pour le plagiat, Machiavel ne s’en défendoit pas, on ne s’en défend gueres en France, Corneille & Moliere ont les plus grandes obligations au théatre espagnol, Racine à celui d’Euripide ; le vol dramatique est notoire, & tous les jours on se le reproche.

105. (1760) Lettre d’un curé à M. M[armontel] « letter » pp. 3-38

Un d’eux qui n’était rien moins que brave, nous avoua que dans l’enivrement où l’avait mis ce chef-d’œuvre de Corneille, il eût été tenté de percer de son épée, qu’assurément il ne savait pas manier, le premier qui en sortant l’eût coudoyé, même innocemment, ou lui eût marché sur le pied. […] D’après des principes si sensés, quel est mon étonnement de lire dans un Ouvrage aussi répandu que le Mercure, que Corneille, dans sa Pièce du Cid, autorise à la vérité le duel, mais « dans un Fils qui venge son Père, et qui de deux devoirs opposés choisit le plus inviolable » !

106. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 4-42

Riccoboni a donné un catalogue des tragédies & des comédies qui ont paru dans le seiziéme siécle, dont le nombre passe celui des piéces Françaises, qui ont paru dans le dix-septiéme siécle, depuis Corneille & Moliere. […] Pour les tragédies, on ne nomme que Racine, on oublie Corneille, Voltaire & Crebillon, qui n’en seront pas contents, & on ne parle ni de l’opéra, ni du doucereux Quinault. […] Apostole Zeno rendit service au théatre Italien, non du côté des mœurs, il le laissa comme il l’avoit trouvé ; mais dans la partie litteraire, il reforma la scéne Italienne, comme Corneille avoit réformé le théatre François, en le soumettant aux bonnes regles ; introduisant le goût & l’imitation des anciens, la majesté des tragédies & la finesse des comédies Grecques, Romaines, & Françaises, qu’on ne connoissoit guere avant lui ; il y fit usage des chœurs, de la musique & de la danse, mais il les amenoit à propos, les lioit naturellement à ses piéces & fit comprendre qu’elles ne devoient être qu’accessoires ; & certainement depuis son regne les théatres innombrables de Venise, la Patrie, ne sont pas devenus plus chastes ; ainsi il reforma encore deux théatres en Italie, l’un régulier selon les idées de Zeno puisées dans l’antiquité, l’autre libre selon le caprîce des auteurs & des acteurs qui continua selon l’usage. Tels sont en France les deux théatres François & Italien dont chacun a son domaine à part, ou plûtôt sur le même théatre, telles sont la partie reguliere de la grande piéce, & la partie libre de la petite piéce, qui la suit : depuis que les tragédies Françaises ont été traduites en Italien, le goût s’est répandu, leurs poëtes ont admiré se limité Corneille, Racine, Crebillon & Voltaire, & fait répresenter ces pieces traduites ; mais le peuple est trop gai pour trouver du plaisir à pleurer & à craindre, & sera long tems fidéle à Pantalon & à Arlequin.

107. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. De l’Opéra-Sérieux. » pp. 184-251

Les deux Pièces de Corneille èxceptées, ses prémiers Drames sont remplies d’un comique, tirant beaucoup sur le burlesque. […] Je sais qu’il est des gens qui prétendent que le stile des Opéras-sérieux peut être poètique, c’est-à-dire mâle, nerveux, & plein de force, comme celui qu’on admire dans les Tragédies du grand Corneille : mais ils sont bien dans l’erreur. […] Quinault connaissait bien le genre du Spectacle qu’il a formé ; & Lully qui ne put s’accommoder de Corneille, le connaissait bien aussi. […] Après le chant sérieux, on passerait à la mélodie bouffonne ; de même que les Drames de Corneille sont remplacés par de petites Comédies : à Thésée, ou à Castor & Pollux, on verrait succéder avec plaisir sur le même Théâtre : On ne s’avise jamais de tout, ou le Sorcier, &c.

108. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre II. L’Exposition, le Nœud & le Dénouement. » pp. 183-210

Que les Auteurs qui se destinent à travailler pour le Spectacle moderne, sçachent par cœur & répettent souvent cette utile maxime du grand Corneille. […] Tous les Dénouemens du nouveau Théâtre sont fondés mal-à-propos sur un changement de volonté Il faut prendre garde, recommande Corneille, que le dénouement ne vienne pas par un simple changement de volonté, mais par quelque incident qui oblige d’agir ainsi.

109. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

Que chacun suive son goût dans des jeux qui ne sont faits que pour amuser, c’est , dit-on, sacrifier le grand Corneille, le grand Moliere, faire succéder des bouffonneries à des chefs d’œuvre, pour s’épargner les fatigues d’admirer. […] Ce ne sont que des mots ; personne ne méconnoît le mérite théatral de Corneille, de Moliere. […] Arlequin aime les lazzis, Arnaud les atrocités, Corneille le sublime.

110. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIV. De l’usage de composer des Pièces, ou des Rôles pour un ou plusieurs Acteurs. » pp. 219-233

Du tems des Moliere, des Corneille, des Racine, le Théatre étoit rempli des meilleurs sujets.

111. (1697) A Monseigneur de Harlay, Archevêque de Paris « A MONSEIGNEUR DE HARLAY, ARCHEVEQUE DE PARIS, DUC ET PAIR DE FRANCE  » pp. 394-406

1 » Il est donc vrai, Monseigneur, que le Pape avait un Théâtre où sa Sainteté occupait la première place, l’Empereur la seconde, et le Doge de Venise la troisième : Eh qu’y pouvait-on représenter de plus beau, de plus pur, et, si je l’ose dire, de plus profitable que les Pièces de Corneille et de Racine ?

112. (1715) La critique du théâtre anglais « AVERTISSEMENT DU TRADUCTEUR. » pp. -

Nos Modernes qui marchent sur les pas des Anciens et du célèbre Corneille, trouveront leur conduite applaudie, et s’y affermiront par les exemples dont on leur rappelle le souvenir.

113. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVIII. Eprouver par soi-même si les spectacles sont dangereux, c’est vouloir tomber dans les dangers qu’ils offrent. » pp. 154-163

« Un pas hors du devoir peut nous mener bien loin. » Corneille.

114. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

Taconet la sert mieux selon son goût que Corneille : il peut compter sur la préférence. […] Il traduisit en vers les Pseaumes de la Pénitence, & composa quantité de poésies sacrées, Noëls, Cantiques en françois & en patois bourguignon, que le peuple chante avec plaisir ; comme Corneille qui termina sa vie par la traduction de l’Imitation de J. 

115. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE V. Réforme de Fagan. » pp. 110-128

Racine, Corneille, Quinaut ont fait pénitence d’avoir composé des tragédies. […] N’est-il pas cruel que Corneille & Racine aient été forcés à verser des larmes sur leurs ouvrages ?

116. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — Lettre premiere. » pp. 2-17

Le sieur de la M… a cruellement abusé de votre patience, Mademoiselle, il auroit dû ménager d’avantage la délicatesse de vos oreilles ; les Tragédies de Corneille vous ont fait aimer la précision ; c’est un goût qui mérite des égards, & vous pouvez les attendre de moi.

117. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-9

Corneille & Crebillon, qui canonisent la vengeance, Marmontel, qui autorise le duel dans son Apologie du Théatre, apprennent-ils à modérer la colere, & regat iratos ?

118. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V bis. Le caractère de la plus grande partie des spectateurs force les auteurs dramatiques à composer licencieusement, et les acteurs à y conformer leur jeu. » pp. 76-85

Le vieux Sertorius voudra séduire une jeune femme éperdument amoureuse de son mari ; voilà les mœurs de la tragédie chez Corneille, le plus grave et le plus sublime de nos poètesak. » Les pièces de cet auteur n’auraient certainement pas plu aux spectateurs, si elles ne leur avaient donné agréablement des « leçons de galanterie, de fourberie, de vengeance, d’ambition ; si elles ne leur avaient appris à conduire habilement une intrigue, à éluder la scrupuleuse vigilance des parents, à surprendre par mille ruses la bonne foi, à ne tendre jamais à faux des pièges à l’innocence, à se défaire avec adresse d’un concurrent, à se venger à coup sûr d’un ennemi, à élever sa fortune sur les débris de celle d’autruial . » En effet, le spectacle perdrait son agrément, s’il n’était un assemblage vif et séduisant de tout ce qui peut plaire, s’il ne tendait à enchanter l’esprit et les sens par mille charmes, et à attendrir le cœur par tout ce que les passions ont de plus fin et de plus insinuant.

119. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

. : ce fera un comédien émérite & consommé ; il les exercera quatre heures par jour, & leur fera apprendre par préférence mes pieces dramatiques : Corneille est sublime, mais gothique. […] Ces grands Auteurs dont on représente les pieces, Corneille, Racine, Moliere, Regnard, &c. […] Voiture a les pensées les plus délicates ; on voit dans Corneille des tirades sublimes.

120. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Commens depuis Homere tous les poëtes , jusqu’au grand Corneille, au grand Racine, au grand Voltaire, se sont-ils servilement attachés à copier de siecles barbares ? […] Saint-Foix, au contraire disoit, je ne douterai plus de la perte du goût, si des hommes de quarante ans ne regardoient Corneille comme le plus grand homme qui ait jamais été . […] Moliere est le premier des Dramatiques (il falloit ajouter Comiques : Corneille & Racine le valent bien), en ce qu’il est original & naïf.

121. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

Corneille fait des vers cent fois plus beaux que les miens, & personne ne les regarde. […] Outre plus de 1200 pieces dont on a fait grace au public, il y en a 25 Vol. dont chacun en contient 12, où Moliere, Corneille & tous nos autres Oracles du Parnasse ont puisé à pleine main sans dire mot, ainsi que dans Calderon, opulence bien supérieure à la pauvreté & à l’ostentation de nos François qui n’ont que trois ou quatre Drames par tome, étalés & allongés par des vignettes, des culs de lampes, des marges, des entre-lignes qui tiennent les trois quarts de la page & n’entendent pas l’ouvrage meilleur. […] Qu’on essaye pareille chose en France, qu’on prenne une Scêne de chaque Comédie de Moliere, de chaque Tragédie de Corneille, qu’on représente de suite ces trente Scènes, ce spectacle seroit ridicule & insupportable.

122. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XIX. Des Talens mal-à-propos attribués aux Comédiens. » pp. 45-62

D’ailleurs, quelque prévenu que l’on soit en faveur du Comédien, on ne met apparemment pas son talent au-dessus du génie des Corneille, des Racine, des Crébillon, des Voltaire.

123. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXI. Si les Comédiens épurent les mœurs. Des bienséances qu’ils prétendent avoir introduites sur le Théatre » pp. 86-103

Quand Corneille & Bossuet étonnèrent la Cour & la Ville des torrents de leur éloquence ; ravis de ces prodiges de leur langue, les François n’eurent pas trop de toutes leurs facultés pour les admirer.

124. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IV. Des Personnages. » pp. 239-251

« Le Poème Dramatique est une imitation, ou, pour en mieux parler, un portrait des actions des hommes ; & il est hors de doute que les portraits sont d’autant plus éxcellens qu’ils ressemblent mieux à l’original. » Ces paroles du grand Corneille prouvent que nous avons raison d’être charmés de la peinture qu’on nous à fait du Maréchal-Ferrant, du Savetier, & d’autres gens pareils ; elles engagent encore les Poètes du nouveau Spectacle à continuer d’être vrais & naturels.

125. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IX. Du Dialogue. » pp. 320-335

Les Poètes de ce dernier genre s’écartent presque toujours de la Nature, parce qu’ils sont trop longs, trop raisonneurs, à l’éxemple de Corneille.

126. (1825) Des Comédiens et du Clergé « article » pp. 60-68

Vers le milieu du dix-septième siècle même, des comédiens de province, qui fondèrent le théâtre du Marais où furent représentées les pièces de Jodelle, de Garnier et enfin de Corneille, se virent tenus à payer par chaque représentation un écu tournois aux Confrères de la Passion.

127. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

N’épargnons donc rien pour lui conserver la grandeur, le sublime que lui donna Corneille, l’élégance de Racine, le vrai comique de Molière, & la pureté des mœurs qui l’accompagne depuis long-tems.

128. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE V. En quoi consiste le Plaisir de la Comédie, & de ce Sel qui assaisonnoit les Comédies Grecques. » pp. 131-144

Corneille qui avoit mis à la mode parmi nous le goût de la Comédie Espagnole, à la tête d’une Piéce qu’il avoit intitulée Comédie Héroïque, avoit avancé que la Comédie peut se passer du Ridicule.

129. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « L. H. Dancourt, Arlequin de Berlin, à Mr. J. J. Rousseau, citoyen de Genève. » pp. 1-12

C’est Corneille et Molière à qui l’on doit ce goût et ce goût est le père du Misanthrope et du Tartuffe.

130. (1731) Discours sur la comédie « TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS CE VOLUME. »

Constantin Empereur, sa mort fait suspendre les Spectacles, 101 Conti (M. le Prince) écrit contre la Comédie, après avoir été ami de Molière, 270 Corneille (Pierre) se repent d’avoir travaillé pour le Théâtre, 27 Cornutus Poète et Philosophe, 87 Couvreur (le) Comédienne, privée de la Sépulture Ecclésiastique, 260 S.

131. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

Le Théâtre François ne les souffre pas ; Corneille, Racine, même Moliere, Regnard n’en ont point. […] Un ouvrage de marqueterie de pieces rapportées de Crebillon, de Corneille, Racine, Moliere, Regnard, Voltaire, quel délire !

132. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

M. Corneille s’étant avisé de représenter sur le Théâtre le martyre de quelques Saints, comme l’on avait accoutumé d’y faire paraître auparavant les Héros et les Héroïnes de l’antiquité ; cela a donné occasion à ceux qui ne connaissaient pas assez le danger de la Comédie, d’en faire de grands éloges. […] C’est pourquoi Monsieur Corneille n’a pu s’empêcher d’en faire paraître dans Polyeucte, où nous voyons Pauline faire une belle leçon de Coquetterie à de jeunes Damoiselles, en racontant à Stratonice, qu’elle aime Severe, contre les défenses de ses parents, qui ne voulaient pas qu’elle l’épousât, à cause de l’inégalité de son bien.

133. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

Racine, Corneille, Voltaire, ne veulent que plaire ; la passion n'est pour eux que le ressort du plaisir. […] Elle mérite mieux le nom de grand que toutes ces horribles tirades de Corneille.

134. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

Ce sera un homme divin, ce sera le grand Corneille, l'adorable Clairon, l'inimitable Baron. […] Un homme vain et orgueilleux est charmé de la fierté Romaine dans Corneille, un cœur tendre et voluptueux des conversations amoureuses de Racine, il faut des machines aux enfants, des farces au peuple.

135. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXIV. Le sentiment, juge plus sûr que le goût. Celui-ci préféré au premier. Pourquoi ? Amour du Théatre, funestes à ses progrès. Honneurs avilis en devenant trop communs. Cabales. Leurs effets, & les moyens qu’on employe pour les éluder.  » pp. 129-150

Ces acclamations, ces demandes d’Auteurs, honneurs qu’on n’a pas faits aux Corneille, aux Racine, aux Moliére, ne signifient plus rien, sont tombés dans le mépris.

136. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

Corneille est admirable, parce qu’il n’étoit environné que de très-mauvais modeles, & ces mauvais modeles étoient estimés & récompensés ; il eût à combattre sur-tout ses rivaux, l’Academie & le Cardinal de Richelieu ; la quantité de piéces indignes de lui, qu’il fit quelques années après, n’empêcha pas de le regarder comme un grand homme, c’est le privilege du genie de faire impunément de grandes fautes, il s’étoit formé tout seul  : Voilà son vrai merite, car les trois quart de ses poëmes son médiocres, & la moitié au-dessous du médiocre ; mais il a des traits sublimes, & ne les doit qu’à lui-même.

137. (1707) Lettres sur la comédie « Réponse à la Lettre de Monsieur Despreaux. » pp. 276-292

Par ces Empiriques j’entends les Corneille et les Racine, qui prêchent la vertu, si vous voulez, mais une vertu de Théâtre, une vertu louche, et qui n’est point capable de déraciner les défauts des hommes.

138. (1666) Lettre à l’auteur des Hérésies Imaginaires et des deux Visionnaires « [Chapitre 2] » pp. 1-7

Vous n’avez pas considéré que ni M. d’Urfé, ni Corneille, ni Gomberville votre ancien ami n’étaient point responsables de la conduite de Desmarets.

139. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

Autrefois les Comédiens se rendoient chez Corneille, chez Moliere, qui donnoient leurs pieces ; aujourd’hui le grand Corneille doit solliciter son introduction, & se ménager des protecteurs. […] Il n’ignore pas que les Ordonnances de nos Rois ont défendu rigoureusement de jouer les Ecclésiastiques & les Religieux, même d’employer leurs habits ; que Moliere, Corneille, Racine, Quinault ne l’ont jamais fait ; qu’on n’eût osé le faire sous le regne de Louis XIV ; que ces portraits vrais ou faux font mépriser la Religion dans ses ministres : au reste ces portraits sont outrés. […] L’actrice Dumesnil est comme une ode de Pindare, elle est plus haute que les nues, & on ne peut guere la comprendre, c’est la Corneille des actrices.

140. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre VI. De ce qu’un Poète dramatique doit sçavoir pour être en état de travailler dans le nouveau genre. » pp. 142-158

Le sublime Corneille, le tendre Racine, Molière le peintre de la Nature ; en un mot tous les grands Hommes qui l’ont rendu fameux, devraient enflammer votre génie, plutôt qu’un Spectacle où l’esprit est souvent contraint de se cacher.

141. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

Du reste ce bel esprit n’est pas suspect, homme du monde, livré à la galanterie, dont ses livres sont pleins, amateur du théatre, Auteur, neveu admirateur de Corneille, il n’étoit ni scrupuleux ni ennemi du théatre. […] Moliere lâcha quelque trait contre lui dans ses précieuses ; tout cela n’aboutit qu’à lui faire quitter le monde, il l’aimoit alors, il fréquentoit le théatre comme tout l’hôtel de Rambouillet, mais quoiqu’amateur, poëte, homme du monde, galant, il composa ce sonet où il semble d’abord se justifier, parce que c’étoit les beaux jours de Corneille, qui bien plus décent que ses prédécesseurs en avoit banni la licence, mais malgré cette réforme il reconnoît l’inutilité de ses leçons & son danger pour les mœurs.

142. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Suite d’Anecdotes Ecclésiastiques. » pp. 106-132

Corneille en faisoit cas. […] Mais une circonstance à laquelle ne s’attend pas un homme qui a de la religion, de la vertu, & même du bon sens ; c’est que, dans ce vaisseau richement chargé, où l’on avoit embarqué des présens magnifiques pour quelque Nabab des Indes, & plusieurs compagnies de soldats, pour la garnison de Ponticheri, on avoit eu la précaution d’embarquer aussi une provision de femmes de bonne volonté, pour le service des passagers, des soldats & des matelots, & notamment une troupe de comédiens & de comédiennes, pour les divertir sur la route, & soutenir le théatre françois de la Compagnie des Indes, répandre sur les bords du Gange les grands noms de Moliere, Corneille, Racine, Crebillon, où ils étoient parfaitement inconnus, quoique leur gloire immortelle, disent nos oracles, ait rempli tout l’univers.

143. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

On veut que Corneille, Racine, Quinaut, se soient convertis, aussi-bien que la Fontaine ; j’en bénis le Seigneur ; aussi ont-ils cessé de composer pour le théatre : heureux d’avoir obtenu la grace d’une conversion si nécessaire, & d’en avoir rempli la condition indispensable, la cessation du crime ! […] Corneille, Racine, Quinault, la Fontaine, ces quatre hommes si célebres, ont expié par la plus amère contrition des ouvrages qu’on veut cire innocens.

144. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

C’était un Corneille qu’il fallait aux Vainqueurs des Nations. […] Un pays où le goût des Belles-Lettres rendait suspect d’hérésie, était indigne d’avoir des Corneille, des Racine & des Molières : on vit en Italie des Farceurs & des Andreino. […] L’homme qui fit ce prodige, c’est Corneille, & la Pièce qui en fut l’occasion, c’est Polyeucte ; Drame, il faut l’avouer, qui réunissait pour les Chrétiens, une partie des choses qui firent le succès des anciennes Tragédies Grecques. […] D’autres Dramatistes, que j’ai nommés plus haut, avaient préparé la voie à notre Corneille : le Poète Hardy, qui le premier encouragea les talens de ce grand-homme, & Rotrou, que Corneille lui-même nommait son père, brillaient sous Louis XIII ; la Mariamne de Tristan eut un succès prodigieux On vit dans le même temps, Mairet, Scudéry, Du Ryer courrir la carriére du Tragique : mais tel qu’un soleil brillant, Corneille effaça ces faibles astres, dont la lueur vacillante n’avait pu dissiper la nuit. Le Comédien Bellerose secondait Corneille : ce fut sur lui que le Sophocle Français modela le Rôle de Cinna.

145. (2019) Haine du théâtre: Bibliographie France (traités, pamphlets, documents, etc.)

Corneille, Trois discours du poème dramatique, 1660 • Corneille, Pierre (1606-1684) : Trois discours du poème dramatique, [chaque discours en tête de chacun des trois volumes de l’édition de 1660 :] Le Théâtre de P. Corneille revu et corrigé par l’autheur, Paris, Augustin Courbé et Guillaume de Luyne, 1660, 3 vol. in-8º. […] Corneille, revu et corrigé par l’autheur, Paris, Guillaume de Luyne, 1664, 2 vol. in-fol. […] Corneille, « Au Lecteur » 1668 • Corneille, Pierre (1606-1684) : « Au Lecteur », in Attila roy des Huns, Paris, Guillaume de Luyne, 1668, n. p. (3 p.)

146. (1770) Des Spectacles [Code de la religion et des mœurs, II] « Titre XXVIII. Des Spectacles. » pp. 368-381

Ce sont sans doute ces crimes inévitables, non-seulement pour les Actrices, mais encore pour les spectateurs, qui ont causé ces repentirs amers des Racine, des Corneille, des la Fontaine, des Quinault, des Greffet, &c. d’avoir travaillé pour le théâtre.

147. (1692) De la tragédie « De la tragédie ancienne et moderne. » pp. 148-162

Descartes et Gassendi ont découvert des vérités qu’Aristote ne connaissait pas : Corneille a trouvé des beautés pour le Théâtre qui ne lui étaient pas connues : nos Philosophes ont remarqué des erreurs dans sa Physique : nos Poètes ont vu des défauts dans sa Poétique, pour le moins à notre égard, toutes choses étant aussi changées qu’elles le sont.

148. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

J’entends encore ce tissu ingénieux, qui forme si adroitement le nœud de la Piece, que le Spectateur cherche avec inquiétude comment le Poëte pourra le dénouer, & qui le dénoue ensuite si heureusement & d’une maniere si convenable au reste de la Tragédie, que le dénouement paroît sortir du nœud même sans que le Poëte ait été obligé de l’aller chercher bien loin, d’emprunter des secours étrangers pour sortir de l’embarras où il s’est mis, & de faire en quelque sorte une seconde Piece pour finir la premiere, comme il est arrivé à Corneille même dans les Horaces. […] Ce n’est pas Corneille que nous entendons, c’est Cinna, c’est Emilie, c’est Maxime, c’est Auguste ; & de-là vient que ce genre d’imitation a un si grand avantage sur celle qui se fait dans l’Epopée. […] Corneille vouloit que l’on eût l’indulgence pour les Poëtes Tragiques, d’admettre un lieu théatral, où, sans blesser la regle de l’unité, on voulût bien supposer que tous les événements de la piece auroient pû se passer avec vrai-semblance ; mais si son idée a quelque chose de bisarre, il ne l’est point de penser que la plûpart des hommes ont une imagination disposée à recevoir toutes les fictions & les suppositions du Poëte, où chacune se place, & où l’apparence fait presque la même impression que la vérité.

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