On comprend bien que Madame de Maintenon ne fut pas difficile à faire représenter de pareilles pieces. […] Or de bonne foi, des pieces qui flattent si fort la malignité, sont-elles dans l’esprit de la religion ? […] C’est faire beaucoup de grace à notre siecle de le dire observateur des bienséances : assurément les trois quarts & demi des pieces qui paroissent, ne valent pas mieux que celles du siecle passé. […] ne joue-t-il pas tous les jours les pieces de Moliere & de ses contemporains ? […] Les pieces, les représentations qui les mettent dans le plus grand jour, sont des chef-d’œuvres.
Il joua rarement dans ses pieces, à cause de son peu de voix : Il fut couronné, dit l’histoire, vingt fois. […] Les Romains ne connurent que très-tard les pieces de théâtre ; ce ne fut que du tems d’Auguste que la Tragédie parut avec éclat. […] Ces pieces n’étoient données au peuple, que dans des jours de fêtes publiques, ainsi que leurs titres l’annoncent. […] Ils composoient à prix d’argent, & vendoient leurs pieces aux Ediles ; Térence vendit sa comédie de l’Eunuque 8000 pieces. […] Il nous reste de lui quarante & une pieces de sept cent qu’il a composées.
Cependant le théatre germanique ne le mérite pas toujours ; les pieces régulieres & décentes de Métastasio y sont bien accueillies. […] Il s’y occupe à composer des pieces pour les couvens, entre autres pour celui des Dames nobles. […] La plupart des pieces de Moliere, de Dancour, de Favart, de Boissi, tout le théatre italien sont écrites en prose. […] Les meilleures pieces seroient rejettées sans l’étiquette. […] Les conversations ne sont que du verbiage, la plupart des pieces de théatre ne le font pas moins.
Ses cinq ou six pieces ont quelques beautés, mais bien des défauts. […] Ces loix sont plus sévères que les nôtres ; ils avoient beaucoup moins de pieces, elles étoient plus châtiées que les nôtres ; celles qui sont venues jusqu’à nous en font foi. […] Toutes les pieces qui conduisent à employer des termes sacrés ou mystiques, doivent être bannies du théatre : les sujets tirés de l’Ecriture ne doivent jamais y paroître. […] Par malheur la plupart des pieces n’inspirent que la fourberie, les intrigues, les fripponneries, pour réussir à satisfaire la passion. […] Plusieurs pieces qui avoient réussi, ne marquoient pas moins son talent que le Vert-Vert & la Chartreuse.
que des objets d’horreur, dans les pieces de Crebillon, Skapear, Semiramis, &c. […] Par conséquent le théatre, qui est une école de galanterie & de frivolité, doit leur être encore plus interdit que tous les contes des nourrices, & ces pieces frivoles que quelquefois on leur fait. […] Les pieces du théatre ont pour les mœurs les mêmes dangers que les Romans, & les Romans les mêmes avantages que les pieces de théatre. […] Pour en mieux éloigner, il veut qu’on lui fasse apprendre par cœur les plus beaux endroits de ces pieces, c’est-à dire qu’on forme un Acteur. […] Il faut cependant, dit-il, ne faire lire que les bonnes pieces, où il n’y a rien de dangereux.
Toutes ces petites pieces ne sont que des répétitions déguisées de ce qu’on a dit cent fois. […] Toute la morale, la plus sublime perfection est renfermée dans ces pieces rapportées ; ensuite elle a décomposé certaines pieces, certains actes, certaines scènes qui lui ont paru plus morales que d’autres, en a exprimé tout le suc, & développé le but, a mis sous les yeux les détails qu’elle croit y conduire. […] Qui n’aimeroit mieux lire une de ses pieces où il viole toutes les regles, que les productions de nos critiques modernes, où toutes les regles sont observées, & ses consolent du mauvais succès de leurs pieces, comme un médecin de la mort de ses patiens (ses malades), parce qu’il les a traités suivant les regles ? […] Il étoit encore mauvais acteur, & ne savoit jouer que les rôles des Spectres : de-là vient qu’il en tant mis dans ses pieces. […] Les pieces enchantées sont communes en France ; l’Opéra n’est qu’un enchantement où tout est surprenant.
Eh quelle comparaison cependant de dix ou douze lignes avec des volumes de pieces galantes ! […] Les libertins, les Comédiens même parlent comme nous ; jamais ils n’ont avancé que l’obscénité & l’impiété fussent permises, ils ont toûjours prétendu que leurs pieces en étoient exemptes. […] Combien de pieces de théatre qui ne sont que quelqu’un de ces contes mis en action, dans les termes mêmes de l’Auteur ? […] Dans combien de pieces voit on un Acteur caché, qui a tout entendu, montrer la plus vive & la plus juste indignation d’un entretien qu’on n’auroit osé tenir devant lui, tout innocent qu’on veut le faire croire ? […] Ce sont de vraies pieces de théatres, des scènes, des décorations, des habits, des masques.
C’est une occasion unique, ces pieces doivent être bien écrites, & doivent être insérées dans les registres des deux compagnies. […] Il disoit n’avoir jamais mieux jugé de la bonté des pieces que depuis qu’il n’entendoit plus les Acteurs (ce qui n’est guere croyable), sur-tout quand on jouoit ses pieces, ce qui alors lui étoit plus facile, puisqu’il les savoit par cœur, & les avoit vues jouer ; il y en a de bonnes. […] Un Ecrivain, Philosophe & observateur, rapporte que dans les pieces qu’il connoissoit, il se plaçoit le plus loin du théatre aux troisiemes loges, & se bouchoit les oreilles. […] On réalise, pour ainsi dire, le sentiment & l’action dont on parle, ou entraîne invinciblement ; ce qui met une si grande différence entre les Acteurs qui jouent les mêmes pieces, les Orateurs qui prononcent le même discours. […] Ce qui est très-vrai, & n’est rien moins que la réforme des mœurs, les pieces de Moliere ne sont que des satyres personnelles.
Triste sort des pieces espagnoles ! […] de la Place, qui a fort bien traduit des pieces choisies de Shakespear. Malgré cet enthousiasme anglomanne, si l’on présente au Comité des comédiens ces pieces angloises traduites, je doute que ce souverain tribunal se charge d’en jouer aucune. […] Il a fait des décorations innombrables pour toutes sortes de fêtes, de pieces & d’opéras, même de décorations mouvantes qui forment de vraies pieces, une pantomime mecanique bien supérieure aux marionnettes, qui alloit d’elle-même, aussi énergique, aussi pitoresque que les discours & les gestes des meilleurs acteurs : c’est être à la fois acteur & acteur, é jouer tous les rôles. […] On a affiché au foyer de la Comédie un tableau de pieces nouvelles qui sont reçues, au nombre de quarante-huit, dans l’ordre où elles doivent être jouées.
Chaque volume in-4 contiendra quatre pieces de cinq actes, ou l’équivalent en petites pieces ou discours qui feront un traité de tout l’art dramatique. […] Les trois Théatres tragique, comique & lyrique en fourniront plus de cent à quatre pieces chacun. Cette collection ne sera jamais finie, car il paroît chaque jour de nouvelles pieces. […] Foix, & bien d’autres, nombre de pieces de Serail. […] Dans la verité les Chinois savent par cœur un grand nombre de pieces.
Je suppose qu’il y ait des pieces honnêtes ; il suffit qu’il y en ait souvent de mauvaises, pour le condamner. […] Ajoutons que les pieces qu’on joue à la cour sont ordinairement plus châtiées que celles qu’on joue à la ville ; mais quand même ces pieces ne seroient pas dans les regles de la bienséance, pensons-nous que le prince qui les voit représenter veuille faire une loi de son exemple ? […] Si l’on y a joué quelquefois des pieces de Moliere, ce n’est qu’après les avoir chârrées. […] S’occuperoient-ils de ces scandaleuses pieces, si la religion dirigeoit leur imagination & leur plume ? […] Je n’ai jamais connu aucun défenseur du théâtre, qui ne convienne qu’il y a quelquefois du danger ; qu’il y en a toujours pour certaines personnes ; qu’il y en a dans beaucoup de pieces ; qu’il y a donc alors du péché.
Le titre des pieces est aussi François que le langage, l’intrigue, le dénouement ; les hommes à la mode, les liaisons du jour, les acteurs de société, &c. […] L’auteur Russe est fort mécontant des comédiens, qui, en réfusant de jouer les pieces, l’ont forcé de se faire justice par l’impression. […] Si le Prince Clenerlow avoit voulu renoncer à sa part d’auteur, on auroit pris la peine d’apprendre les pieces. […] Les Gazettes ont annoncé ce grand événement ; elle a enchanté tout le monde, non par des pieces sérieuses, mais par des opéra bouffons, où la nouvelle actrice, la Caille, distinguée par une voix agréable, plaira bientôt aux Corses, par d’autres attraits. […] Quel délire de théatre, d’en aller construire au Levant, & d’y jouer des pieces !
Les meilleures pieces, dit-elle, donnent des leçons de vertu, & laissent l’impression du vice. […] Rappeler tous les rôles & toutes les pieces où elle faisoit les délices du public, ce seroit multiplier ses regrets. […] L’amour est dans le dramatique la matiere d’un grand différent ; faut-il le mêler dans toutes les pieces ? […] Voltaire, dont les pieces, la plûpart décentes, sont l’ornement du théatre, dans la lettre au P. […] Porée a composé & fait représenter bien des pieces, il est vrai, sans amour).
Si l’on veut dire que les gens sérieux ou fort occupés s’accommodent moins des pieces sérieuses on a raison, ils ne cherchent dans le spectacle qu’un délassement dont ils ont besoin : par conséquent des pieces divertissantes. […] Les bonnes pieces n’ont pas besoin d’emprunter de struchement. […] Ces peuples, dans leurs demeures souterraines, jouent aux échecs avec les mêmes pieces & les mêmes regles que nous. […] Il se fait lui même ses pieces d’écaille, d’os de poisson, de côte de baleine ; mais ils leur donnent des noms différents. […] On n’a même jamais voulu donner ces pieces comme Conseiller du Roi, mais comme des divertissemens.
Et comment, sans géométrie, faire la coupe des pieces de ces habits, & leur donner la précision & l’élégance ? Toutes les pieces en sont des figures géométriques, la plupart irrégulieres. […] Les pieces de mythologie ne sont peuplées que d’être factices. […] Ses meilleures pieces ont de grands défauts, ses farces ne méritent pas même la critique. […] Moliere est plus varié, plus fécond, plus original, plus fin : chaque bonne scène de ses pieces vaut mieux qu’une bonne fable de Lafontaine.
Ils ne sont plus si dévots aujourd’hui, ils se sont apprivoisés avec les tableaux de Cythere, & ne mettent plus leurs pieces sous les auspices des ames du purgatoire. […] Ils ont des pieces sacrées qu’ils jouent dans les Eglises, si graves & si modestes, que la sainteté des lieux n’en souffre aucune profanation. […] Ces pieces dégénérerent en licence, il fallut les abolir ; l’usage en a également passé en Espagne. […] Il y a mandé les Acteurs de l’opéra & de la comédie Italienne alors désœuvrés à Paris, & y a fait exécuter plusieurs pieces. […] Sulpice à Paris dans les pieces de théatre qu’on y joue.
Plusieurs pieces en portent même le nom, le Menteur, les Fourberies de Scapin, les Femmes d’intrigue, &c. […] Elle transporte le théatre dans sa maison, dans son cœur ; forme souvent des troupes pour jouer des pieces, ou s’y enrôle, toute sa vie n’est qu’une comédie, son mariage avec le Comédien qui lui a plû en est le dénouement. […] Voltaire a fait des histoires, les Annales de l’Empire, l’Histoire universelle, le Siecle de Louis XIV, &c. qui par les mensonges innombrables qui en font le tissu, ne sont, comme Zaïre, Mahomet, &c. que des pieces de théatre, des romans. […] On voit plusieurs pieces sur le même sujet, César, Alexandre, Iphigénie, Mérope, &c. elles sont toutes différentes, les faits sont par-tout défigurés, selon la fantaisie du Poëte ; il n’y en a pas une où l’en suive fidellement l’histoire. […] Vie de Corneille par Fontenelle, l’Examen de ces pieces.
La plûpart de ces pieces sont les Contes de la Fontaine mis en drame. […] Ces pieces n’ont pas passé au théatre public, elles sont trop galantes pour ne pas y figurer bien tôt. […] Le Mercure, par les pieces fugitives, les petits romans, les détails des spectacles, n’est guère moins dangereux. […] Cette piece est faite pour un théatre de société : on promet plusieurs volumes de pareilles pieces. […] On a toujours blâmé les pieces de Collège & des Communautés Religieuses (V.L.
Charles corrigeoit de ses propres mains les pieces qu’on y jouoit. […] N’ayant pu réussir, il demanda que du moins on corrigeât les pieces, & qu’on n’en représentât aucune qui n’eût été approuvée du Censeur (comme on fait à Paris). […] Le théatre fut très-licencieux, témoin les pieces de l’Abbé Boisrobert, son favori, qu’il eût dû réformer le premier. […] Mais les pieces n’en valoient pas mieux. […] Il faut bien choisir quelque passion pour la traiter & la combattre, & personne n’empêche un Auteur de prendre une action vertueuse pour le sujet de ses pieces.
Si vous pouviez réformer toutes nos pieces de théâtre dans ce goût-là, j’ose vous assurer que vous n’auriez pas long-tems à déclamer contre nos spectacles, que vous rendriez bientôt déserts. […] Comme vous dites vous-même, Que nos Auteurs modernes, guidés par de meilleures intentions, font des pieces plus épurées ; je n’aurois plus rien à vous opposer sur la nature de la Comédie, si je pouvois passer sous silence le jugement que vous portez des pieces modernes. […] Vous comparez l’ennui occasionné par les pieces nouvelles, à l’ennui qu’on éprouve au sermon. […] Voilà l’image de ce qui se passe aux pieces nouvelles. […] Ce n’étoit pas la peine, pour vous efforcer si infructueusement d’être plaisant, d’avancer contre la verité, que dans les pieces modernes c’est toujours une femme qui fait tout.
Il seroit aisé de lier toutes les pieces de Moliere, & en former ainsi un systême de vice. […] Il semble même que pendant les quatorze ou quinze ans du règne de la Marquise de Montespan les Comédiens de divers théatres se soient donné le mot pour faire diversion aux scrupules du Roi par une quantité de pieces sur des adultères, où, comme Moliere, on n’en fait qu’un badinage. […] Qu’on parcoure les pieces jouées en ce temps-là, dans l’histoire du Théatre, l’histoire de l’Opéra, le Théatre Italien, on sera surpris de voir si souvent l’adultère sur la scène. […] Je m’étonne que Racine dans sa dévotion, chargé de faire des pieces pieuses pour S. […] Plagiaires éternels les uns des autres, & d’eux-mêmes, les pieces, les rôles, les scènes, sont comme les Acteurs, qui ne font que changer de noms ou d’habits, se placer à droit ou à gauche, sur-tout pour le mariage, qui est le fond de toutes les comédies.
Coûtume obseruée dans la lecture des pieces. […] Saisons des pieces nouuelles. […] Grands frais dans les pieces de machines. […] Saisons des pieces nouuelles. […] Grans frais dans les pieces de machines.
La plupart de ses pieces sont en prose. […] Quand on lit ses pieces avec réflexion, on n’est plus étonné de l’auteur, on l’est de soi-même. […] Sa vengeance étoit implacable & réfléchie, jusqu’à composer des pieces exprès pour ridiculiser ses ennemis. […] On se prévalut de quelque détails nécessaires à la constitution dé ses pieces. […] Que résulte-t-il de ses pieces les plus libres, que le sexe n’est point fait pour une gene excessive.
Jusqu’aux Communautés religieuses, il y en a vingt de filles sur une d’hommes, qui représentent des pieces dans leurs Monastères. […] A la Chine, au Japon, dans toute l’Inde on voit des troupes nombreuses de Comédiennes courir de ville en ville, de maison en maison, jouer toutes les pieces qu’on leur demande, & après la piece rendre tous les services que l’on veut. […] Il ne restera plus que la comédie Françoise, & de bonne foi mérite-t-elle l’apothéose, sur-tout dans les petites pieces qui suivent les tragédies, & dédommagent de leur sérieux ? […] tout languiroit, ce seroit un ennui mortel ; il n’y auroit plus ni pieces, ni Poëtes, ni Acteurs, ni spectateurs (la perte seroit légère). […] Les femmes sont le sujet d’une multitude de pieces qui les rendent ridicules : précieuses, savantes, prudes, coquettes, sages, libertines, jeunes & vieilles, les foiblesses des femmes font la moitié du théatre de Moliere & des autres comiques.
Cependant ce génie dramatique n’a donné au public qu’une douzaine de pieces. […] Il s’étoit fait une bibliotheque de théatre très-considérable ; il achetoit tout ce qu’il trouvoit, & outre les œuvres des Auteurs de quelque nom, il avoit plus de vingt volumes in. 4.° de pieces détachées. […] Racine & sa famille furent moins économes : il avoit laissé quantité de fragmens de pieces qu’il avoit projeté de composez ; mais on l’a cru assez riche de son fonds. […] Tout est émaillé de pareilles pieces de rapport qui décellent un esprit épuisé qui ne sait comment finir un vers. […] La premiere de ses pieces l’éleva au comble de la gloire musicale, parce qu’il travailloit de génie sans connoître les regles de l’art, & que le Poëte devoit tout à l’art & à l’usage du monde.
Les Protestans comme les Catholiques, les Luthériens d’Allemagne comme les Calvinistes de France & de Holande, dans leurs synodes & leurs Casuïstes, ont toujours défendu les comédies, & nommement les pieces tirées de la Bible (nous l’avons démontré liv. […] Il a fait nombre de contes, de romans, de poësies galantes, de pieces de Théatre, lui seul & en société. […] Un ouvrage de marqueterie de pieces rapportées de Crebillon, de Corneille, Racine, Moliere, Regnard, Voltaire, quel délire ! […] Ces vers sont pris du Divorce comique, petite farce où l’on suppose que la Troupe des Comédiens veut quitter Clomire (anagramme de Moliere) s’il ne corrige ses pieces. […] Ses grimaces souvent causent quelques surprises ; Toutes ses pieces sont d’agréables sottises.
Outre l’esprit du Corps, la composition & la représentation de beaucoup de pieces qui lui étoient communes avec son maître, le P. […] Ce sont pourtant les pieces les plus châtiées, & les moins accompagnées de circonstances dangereuses. […] On représente des pieces dans les Collèges, les Communautés. […] Tout cela ne se trouve-t-il pas dans les pieces de théatre ? […] 3.° Ceux qui n’y iroient & ne payeroient que quand on joue des pieces pieuses, comme aux Collèges, ne seroient pas répréhensibles.
Il rapporte, pour prouver son mérite, quelques petites pieces assez médiocres & très-licencieuses, qu’il dit excellentes, par ironie apparemment ; car il n’aime pas un auteur qui a médit de Voltaire, & très-injustement. […] Ce commentateur a joint aux pieces de Chaulieu une piece du jeune Voltaire, qui marque plus d’irréligion que de talens. […] Les autres pieces ne valent pas mieux. […] Des pieces de ce caractere ne sont pas difficiles. […] Voilà l’heureux effet que devroit produire la critique ; mais à Paris il y a actuellement quatre procès entre les Comédiens & les auteurs, parce que la troupe a cru que quelques-uns de ses membres y doivent être désignés par leurs pieces.
Ce roman en est tout rempli ; la malignité y regne d’un bout à l’autre, en fait tout le sel, comme dans les comédies, ou lui donne, comme aux pieces de théatre, un bon motif, de corriger du goût de la lecture des romans de chevalerie : vice fort rare & fort peu contagieux. […] 44, une critique judicieuse des drames espagnols, qui ne tombe pas moins sur les pieces françoises ; où, selon les brochures innombrables qui tous les jours innondent les théatres de Paris, se trouvent les mêmes défauts & de plus grands qu’à celui de Madrid, l’auteur se jette sur la morale, & dit : L’aversion que j’ai pour les comédies de notre temps, n’est pas moindre que celle que j’ai toujours eu pour les livres de chevalerie. […] Ce mêlange monstrueux de bien & de mal, de folie & de sagesse, d’absurdités & de bonne morale, est commun dans les pieces de théatre, où il est ordinaire de voir une sentence à côté d’un propos licencieux : ou croit que l’un sert de passeport & d’excuse à l’autre.
en fournissent de même ; mais le nombre en est petit, une vingtaine de pieces dans chacune l’épuiseroit. […] Il étoit Amateur, & même Auteur de plusieurs pieces, qu’on a données au Public. […] Henault, que nous n’ayons dans peu de temps tout Mezerai en pieces de Théâtre. […] A cinq ou six pieces près, Moliere ne fait que se répéter. […] L’Abbé Metastasio avoit précédé M. de Belloi dans la carriere des pieces historiques utiles aux bonnes mœurs.
On devroit bien faire aussi des pieces sur Corneille, Racine, Panard, Dominique, qui valent bien Moliere, chacun dans son genre. […] Moliere travailloit avec beaucoup de difficulté ; mais il n’étoit pas fâché qu’on crût qu’il travailloit facilement les pieces qu’il dit dans sa préface avoir fait en quinze jours de temps, reposoient depuis plus d’un an dans son porte-feuille : la vanité & le mensonge sont l’air qu’on respire au Théatre.
Les différentes pieces étoient remplies de boutiques de toute espece ; on y trouvoit des cafés, des guingettes, des marionnettes, des parades, &c. […] La capitale du Béarn fit représenter les deux pieces dont Henri IV. étoit le sujet. […] Cet accord est fréquent ; les pieces fugitives de cet encyclopédiste prouvent qu’il a eu ses foiblesses, ou plutôt qu’il a fait son cours d’humanité, qu’il a pris ses licences. La plupart de ses pieces sont très-licencieuses, les contes de Lafontaine le sont moins. […] C’est un ouvrage à pieces rapportées de la réminiscence de cet homme qui a lu des bucoliques, & long-temps habité les campagnes.
Tels sont les operas boussons, les pieces de la Foire, des boulevards, presque tout le théatre italien & la moitié du théatre françois, les deux tiers de Moliere. […] Par ce choix des acteurs, les pieces seront mal jouées. […] Où trouver même des pieces dont tous les rôles soient vertueux ? […] I, demande s’il faut faire représenter des pieces de théatre dans les collèges. […] Avoir composé des pieces de théatre c’est avoir droit au bonnet de docteur, sur-tout si la nouvelle philosophie en a dicté les sentences.
Je crois même très-déplacé de mêler des danses aux pieces saintes du nouveau Testament, comme Polieucte, &c. […] La danse est moins déplacée dans les pieces de l’ancien Testament, comme Jephté, dont la fille alla en dansant au-devant de son père ; David, qui dansa devant l’Arche. […] Il est des pieces où elle seroit ridicule. […] La danse est au contraire dans l’esprit des pieces Payennes ; c’est le cérémonial de Cithere, digne de la Déesse qu’on y adore & des anathêmes de la vertu. […] Sulpice, même dans les pieces dont on y tolère la représentation.
Mais la preuve de ce que je dis se fortifie beaucoup, par la nature de plusieurs pieces de theatre, qui font aujourd’huy le plus agreable divertissement des auditeurs ; car souvent, où elles sont toutes bouffonnes, ou elles peuvent passer pour impies, étant une chose trop connuë, qu’on en a vû, qui tournoient toute la devotion, & la pieté en ridicule. […] Mais comme vous pourriez vous retrancher, en me disant deux choses, & que ces pieces ne se joüent pas tous les jours, pour soüiller toûjours le theatre, & que toutes les personnes qui ont plus de Christianisme, ont coûtume de s’en abstenir ; je vous l’accorde, quoy que cela se pourroit assez disputer : Laissons donc ce theatre infame & libertin, pour vous mettre hors de combat : Mais revenons aussi à ce theatre, dont j’ay tantôt parlé, qui ne respire que l’air de l’amour, qui en enseigne si delicatement tous les leçons, & que vous voudriez bien justifier, disant que des bouffonneries impies ne s’y voyent point ; or sachez, que celuy-cy n’est gueres moins dangereux que l’autre. […] Il me semble, qu’il ne vous reste plus rien à m’objecter sur cette matiere, si ce n’est qu’aujourd’huy, le Theatre est plus innocent, qu’il ne fût jamais, & que les pieces, qu’on y jouë, n’ont rien de cette indecence, qu’elles avoient autrefois.
Mais les pasquinades ne sont que des bons mots, des traits malins, de épigrammes satyriques : il est rare qu’on fasse des pieces d’une grande étendue. […] Il a composé plusieurs pieces en latin, selon les regles de S. […] Aucune des pieces innombrables composées par les jésuites, même livrées à l’impression, n’a paru au grand jour de la scène françoise. Il est vrai qu’aucune n’a passé pour un chef-d’œuvre, & que la seule idée de pieces de collége les feroit tomber. […] Le P. la Rue a été mieux obei : on n’a plus pensé à ses pieces, qui en effet ne valent pas celles de Racine.
La chose étoit facile, Rosalie étoit belle, dansoit bien, n’étoit pas cruelle, & exercée par la Comtesse, qui pendant ces trois ans avoit en chez elle un théatre de société, où elle avoit représenté une infinité de pieces, en avoit fait une très-bonne Actrice. […] Tout cela ne peut qu’être mauvais, décorations mesquines, Acteurs désagréables, pieces ridicules, sauts au lieu de danse, bouffonneries mêlées à dessein dans les pieces les plus sérieuses, par-tout académies de jeux de hasard, sous le nom de Ridotti, où l’on trouve cinquante ou soixante tables de jeu dispersés dans dix ou douze chambres, & plusieurs cabinets aux environs remplis de Courtisannes. […] 5. rapporte qu’un Grand d’Espagne devint amoureux de la Reine, & dans un carrousel où elle étoit, se masqua en Monnoyeur, avec un habit brodé de pieces d’argent qu’il avoit fait battre exprès, semblables à une monnoie qu’on appeloit réales, réaux, comme nos petits écus, qui portoient pour devise, mii amors son reales, mes amours sont royales : jeu de mots qui peut signifier, j’aime l’argent, comme qui diroit, les écus sont mes amours, ou bien, une personne Royale est l’objet de mes amours. […] Dans un très-grand nombre de pieces de théatre (Moliere en est plein) des déguisemens en Marquis, en Valet, en Peintre, en Musicien, en Médecin, en Allemand, que sais-je ? […] Ces pieces sont scandaleuses, surtout tirées d’un sexe à l’autre, ou pour quelque mauvais dessein, comme dans l’Amphitrion le déguisement de Jupiter & de Mercure.
Les pieces dans ce goût sont sans nombre : elles prouvent également la stérilité d’un auteur, qui a recours à cette intrigue usée, & le danger de ces illusions qui ont été un piége pour des ames innocentes. […] Il y avoit des grandes & des petites diableries, comme aujourd’hui des grandes & des petites pieces ; les petites étoient jouées par deux ou trois diables, les grandes par quatre & quelquefois plus ; d’où est venu le proverbe, faire le diable à quatre : car quatre diables réunis devoient faire un vacarme effroyables.
Tout ce qui l’a précédé, accompagée & suivie, il y a tant d’autres pieces sur les statues ? […] La sagesse de Minerve, la fierté de Junon, la force de Mars, la chasteté de Diane, les graces de Venus, pour lesquelles on avoit choisi les plus jolies danseuses ; ensuite venoient à la file, les héros & les héroïnes de ses pieces qu’il avoit si heureusement ressuscitées, chacun avec les habits de son rôle : Mahomet, César, Brutus, le Duc de Foix, Zaïre, Alzire, Marianne, Merope, &c. […] La voilà donc la grande Pythonisse, vêtue de blanc, pour marquer la pureté de ses mœurs ; car depuis la défunte Daphné, Apollon n’aime que les vierges ; aussi les muses font-elles appellées les chastes sœurs ; pere des poëtes, aussi chastes qu’elles ; la voilà l’intime amie de Voltaire, l’héroïne de toutes les pieces, qui a rempli de son nom tous les théatres, depuis Rouen jusqu’à Vienne, à Varsovie, à Petesbourg & au Palais de délices ; qui a fait résonner tous les échos, de sa voix mélodieuse, qui a allumé tant de passions, fait composer tant de vers, fait tourner ; la tête à l’Avocat Huerne, qui voit à ses pieds toutes les autres actrices, comme un grand chêne porte sa tête chenue au-dessus des nuages, & daigne à peine régarder les petits arbrisseaux qui croissent au tour de lui ; qui a formé pour le théatre sa chere fille, la charmante Hus, vestale comme elle ; en un mot, & c’est tout dire, ce mot renferme tous les éloges ; la voilà l’incomparable Clairon, qui à pas lents, & d’une démarche majestueuse, d’un air de reine, accompagnée des graces, des jeux, des ris, des talens, s’avance vers la statue du Dieu Voltaire. […] Ont-ils donné à Melpomêne & à Thalie un théatre complet, de plus de vingt pieces plus belles l’une que l’autre, & un très-beau commentaire sur le théatre du grand Corneille ? […] Ce drame, au patriotisme près, que le zele des François pour leur Roi a tant fait valoir, n’a rien de plus remarquable, que trente autres pieces qui brillent sur le théatre, & nommément la plupart de celles de Voltaire, qui, du côté littéraire valent autant & plus que le Siége de Calais.
Un acteur des plus distingués de ces graves sénes, fit incognito un voyage à Bruxelles pour se divertir, le lendemain de son arrivée il se présenta au directeur de la comédie, pour entrer dans la troupe, & s’offrit à l’essai pour toute sorte de rôles d’homme ou de femme, dans plus de trente pieces qu’il savoit par cœur ; en effet, pendant un mois il joua le roi, le valet, l’arlequin, la soubrette, &c. parfaitement. […] On donne un avant goût du plaisir futur, on annonce les pieces qui se représenteront après Pâques, c’est un sujet fort dévot de méditation pendant les fêtes. […] On a loué un quartier du Collége, sous l’appartement du Principal, à une société d’amateurs pour y jouer la comédie ; ils y ont fait bâtir un théatre, & trois fois la semaine ils donnent des pieces, où ils font fort souvent acteurs ; ils ne se nomment modestement que la Société Bourgeoise, le Théatre Bourgeois ; mais plus nobles que les actionnaires, gentilshommes du spectacles public, ils font tous les frais, & reçoivent généralement gratis. […] Il y prit goût, non pour des pieces régulieres, & bien faires, dont il n’étoit pas capable de sentir les beautés ; mais pour des farces & des mascarades dignes de la barbarie de ses peuples ; il avoit à sa cour un vieux fou, nommé Jotof, qui lui avoit appris à écrire, & s’imaginoit avoir mérité, par ce service, les plus importantes dignités. […] Il y reste toujours un grand défaut, le mélange du sacré & du profane, des plaisanteries jusques dans les pieces prises de l’Ecriture, défaut qui se corrige difficilement.
Monfleuri, célebre Acteur & Auteur, aussi bien que son fils, dont les pieces sont indécentes, mourut presque sur le théatre, comme Moliere. […] La plupart de ses pieces ont une pareille source. […] Il a donné plusieurs volumes de pieces Italiennes, où les loix de la décence sont peu écoutées, ainsi que dans les estampes dont il les a ornées. Ce théatre, toujours rival du théatre François, même de l’opéra, quoique le goût soit tres-différent, parodie & ridiculise presque toutes leurs pieces, & même la musique qu’il a burlesquement contrefaite. […] Ainsi au théatre la plus belle piece réussit ; après un certain nombre de représentations, il faut que des pieces, des décorations, des Actrices nouvelles viennent picoter le palais blasé du spectateur.
Cent autres pieces italiennes plus régulieres ont fait oublier les siennes, qu’on ne joue plus. […] & cent autres pieces modernes que l’impiété seule a pu enfanter. […] Je m’en rapporte aux critiques, la plupart très-justes, qui paroissent tous les jours contre les pieces de théatre : d’où il résulte qu’il n’y en a presque point de bien écrite. […] Ses malheurs ne le rendirent pas sage, même à l’égard du théatre : car il composa douze pieces fort inférieures à l’Aminthe, qui ne réussirent pas. […] Il donna à l’Opera & au Théatre françois plusieurs pieces qui réussirent, & l’initierent dans ce monde voluptueux & frivole, de qui le Prophete dit : Ducunt in bonis dies suos & in puncto ad inferna descendunt.
Il y en a dans Moliese ; dans le Théatre Italien ; mais il n’en est point sur la toilette d’une Actrice, fonds très-comique & inépuisable, qui fourniroit à plusieurs pieces ; mais la licence y seroit inévitable, si le portrait étoit ressemblant. […] Ce jeu de l’imagination, cet assortiment de pieces de rapport, souvent peu faites l’une pour l’autre, n’est qu’un masque qui déguise la laideur, & quelquefois défigure la véritable beauté. […] Depuis le Cardinal de Richelieu il a été fait en France des milliers de pieces de théatre ; on en estime une cinquantaire, tout le reste n’a fait de chez Serci qu’un saut chez l’épicier. […] Sur les pieces même qui sont restées au théatre, & qui reparoissent quelquefois quinze ou vingt ans après, l’Auteur a la glorieuse & consolante satisfaction de se dire : J’ai travaillé toute ma vie pour faire gagner de l’argent à une troupe de misérables corrupteurs du public, & à faire commettre bien des péchés à une troupe de spectateurs ; étoit-ce la peine de prendre la plume ? […] Quand une fois la vieillesse, la maladie, la mort, le dégoût du public, ont moissonné ces belles fleurs, on ne peut plus, comme les pieces du vieux Corneille, les remettre sur la scene.
Quel homme vertueux voudra, je ne dis pas se lier avec eux, mais approcher de leurs palais & voir jouer leurs pieces, fussent-elles dévotes ? […] s’occuperoient-ils de ces scandaleuses pieces, si la religion dirigeoit leur imagination & leur plume ? […] Il est même vrai que les pieces qu’on joue à la Cour doivent être plus châtiées. […] On ajoûte avec charité : Ces scrupuleux réformateurs savent bien se dédommager en particulier ; ces loges grillées d’où ils voient sans être vûs, ces lectures de tous les Poëtes dramatiques ; ces pieces représentées dans les Couvens & les Collèges disent assez qu’ils ne croient pas le mal aussi grand qu’ils le disent. […] Les jours de spectacle un Exempt des Gardes alloit les chercher pour jouer leurs rôles dans les pieces annoncées, & après la piece les ramenoit en prison.
Je ne doute pas que le goût aujourd’hui dominant du théatre ne contribue à cette haine & à ce mépris, & je ne comprends pas comment les Communautés Religieuses ont pu s’aveugler sur leurs intérêts, jusqu’à le favoriser, à composer, à faire représenter des pieces dans leurs maisons, à donner des règles de l’art dramatique, dont une bonne politique devoit les rendre ennemis déclarés. […] Voilà le poison de trois pieces qui ont paru depuis peu, le Comte de Comminges, Ericit, ou les Vestales, Euphemie, ou le Triomphe de la Religion, & apparemment des autres que le sieur Arnaud menace de nous donner dans le même goût. […] L’Auteur convient de cette parfaite ressemblance entre les pieces qu’il appelle des Sœurs : il ne veut pas décider de la préférence. […] Fagan ajoute : Tous les sujets des pieces qui conduisent à employer des termes sacrés ou mystiques, doivent être bannis du théatre.
.° Cent cinquante ans après, ces bouffonneries commencèrent à prendre un air régulier, & à devenir de petites pieces qu’on appela des Mystères, parce qu’on n’y représentoit que des choses saintes. […] Il en est ainsi à la Chine, au Japon, dans toute l’Inde, où l’on ne connoît point de théatre public, mais où l’on voit des troupes de Balladins qui vont dans les maisons où on les appelle divertir les gens par leurs bouffonneries, présentent un catalogue des pieces qu’ils savent, & jouent sur le champ ce qu’on leur demande. […] Thomas, contre les fausses interprétations que le relâchement lui a données, & après avoir démontré combien les spectacles sont contraires aux divines Ecritures, combien ils sont dangereux en effet, & dans le sujet des pieces, & dans la maniere de les représenter, dans les Actrices, les danses, les masques, vices communs à tous les théatres, qui rendent même la scène moderne plus obscène que les scènes Grecque & Romaine, malgré le voile de l’équivoque dont on la couvre, & le mariage qui est le dénouement de l’intrigue, il conclud que les Acteurs & les Actrices sont dans un état de péché mortel & de damnation. […] Il ne fait pas plus de grace aux pieces des Communautés & des Collèges, qu’il proscrit sans ménagement.
Ce mauvais goût gâte les pieces, il fait gémir la vertu ; les prix dramatiques sont l’ouvrage de l’Académie françoise, qui, en couronnant l’éloge de Moliere, a prostitué ses lauriers, un siecle après sa mort, à celui qu’elle avoit méprisé pendant sa vie ; jugement qui porte atteinte aux bonnes mœurs en donnant lieu d’en estimer le corrupteur & tous ceux qui se piquent de l’imiter. […] Les Boulevards les Italiens, la Foire, le Vauxhal, les ballets de Novere, les petites pieces n’en connoissent pas le nom. […] On a fait pour la premiere fois cette cérémonie le 3 mai 1777 : Messieurs les Curés en le recevant ont bien voulu faire un petit remerciement à l’Académie qui a été fort applaudi ; plusieurs Académiciens ont donné ; les uns des discours, les autres des pieces de vers très-ingénieux, analogues au sujet de la Fête.
Ces sujets fussent-ils permis, ne sauroient faire de bonnes pieces. […] Nos pieces sont moins dangereuses, du moins les crimes n’y sont plus commis par les Dieux, dont l’élévation semble les autoriser, &c. […] Les mêmes raisons doivent les bannir de la scène, non-seulement par l’indécence d’exposer à des yeux malins & profanes un état spécialement consacré par la religion, ce qui lui fait perdre tout le respect qui lui est dû, & a fait porter les ordonnances les plus sévères pour interdire ces jeux sacrilèges, mais encore parce que de tels rôles ne peuvent faire de bonnes pieces, ni produire de bons effets. […] On lui enveloppoit la tête & tout le corps de plusieurs pieces d’étoffe, pour la dérober aux yeux du peuple, & empêcher qu’on n’entendît ses cris.
Les deux pieces de Phedre & de Tartuffe dans le fond sont semblables, & sont la parodie l’une de l’autre.
Tout dans ces pieces est le renversement absurde des mœurs & des usages de Salenci qu’on veut représenter. […] Aveu qui condamne l’esprit, le langage, la marche de toutes ces pieces, où, comme dans toutes les autres comédies, ces filles ne sont que des coquettes. […] Le Sieur Denré & les deux pieces qui rendent le Seigneur maître du choix sont bien éloignés de cette obligation, la concurrence de l’Intendant, du Seigneur & de leur préposé fait rire. […] Qu’on juge de la sagesse d’un amateur qui étudieroit l’histoire & les mœurs dans les pieces de théatre.
Des arc-de-triomphes furent dressés dans toutes les rues de Moscou, les pieces d’artillerie prises sur les Suédois y furent traînées, les drapeaux, les étendards, les timbales y furent portées, le brancard de Charles tout brisé sur un char, tous ses officiers deux à deux, le Czar sur le même cheval qu’il montoit le jour de la bataille, & les soldats prisonniers, jusques aux chariots de munitions des Suédois, fermés par le Régiment des Gardes. Ce cortége fut un jour entier à parcourir les rues de Moscou, au bruit épouvantable de toutes les cloches, trompettes, timbales, tambours instrumens de musique, de deux cens pieces de canons, de plusieurs milliers de mousquets, des airs redoublés de cinq ou six cens mille habitans ; on n’auroit pu entendre le tonnerre.
L’Empereur Adrian essuya cette fatigue, & marcha à la Teste de ses Troupes, armé de toutes pieces, à pied, & fit cette journée entiere en cét équipage.
Pour voir dans Dorat un homme ivre du Théatre, il ne faut pas avoir recours à ses pieces pour tous les Spectacles, qui ont échouées sur-tous. […] Ses contes, ses pieces fugitives, son poëme, &c. tout est rempli d’indécence. […] La Czarine à qui on a écrit ces belles pieces, la souffriroit-elle dans ses Sujets ? […] Il faudroit copier toutes ces petites pieces qui ne respirent que le libertinage & l’irreligion, d’ailleurs sont fort peu de chose.
L’abbé de Rieupeiroux, chanoine de Forcalquier, dont nous parlons ailleurs, ayant quitté l’état ecclésiastique pour se livrer au théatre, il composa plusieurs drames qui ne réussirent pas, & quantité de pieces fugitives, dont la plupart roulent sur la galanterie, & dont on ne se souvient plus, n’a laissé qu’un souvenir fort médiocre de ses talens & de sa personne. […] Le trop fameux Paul Scarron, l’homme le plus comique & le plus comédien qui fut jamais, a composé beaucoup de pieces de théatre & de livres burlesques, en vers & en prose, qui ne sont que des farces la plupart très-plates, jusqu’à sa traduction de l’Enéide de Virgile, où il travestit en bouffon de guinguette le poëte le plus élégant & le plus sage ; jusqu’à son Roman comique, qui n’est que la suite des aventures d’une troupe de comédiens, toutes dignes d’eux & de lui, & ne peuvent amuser que les treteaux de la foire.
Cette grande place qu’on avoit remplie de siéges couverts de riches tapis, n’étoit qu’un vaste amphithéatre, comme ceux des romains, plein d’un monde infini, pour voir des pieces de théatre qui devoit se jouer. […] Abus qui ne devroient trouver grace devant aucun tribunal, contre lequel du moins il devroit être permis d’employer le ridicule : mais la fermentation a été poussée si loin, que le gouvernement a proscrit les deux pieces, & fait fermer le théatre. […] Le jour que devoit se faire la cérémonie il envoya un acteur la faire pour lui : celui-ci ne s’en acquitta qu’imparfaitement ; il ne parla qu’en termes généraux, sans désigner expressément les deux pieces dont on étoit mécontent. […] On a recueilli dans les Délices de la Poësie françoise quelques-unes de ses pieces fugitives, qu’on auroit bien fait de laisser avec ses moutons.
Mais, ajoute le Journal, si on est étonné de cet assemblage indécent d’Henri IV & du Théatre, si on a la patience de lire ces pieces, on sera bien plus étonné de leur succès, malgré les absurdités dont elles fourmillent . […] Sans approuver ce tableau de Calot, du moins je vois une différence entre ces deux pieces : dans l’une, il est inconnu, déguisé, réfugié par hasard chez un paysan, après s’être égaré, il est naturel qu’il se familiarise avec ses hôtes : mais que, dans un jour de bataille, au milieu de ses guerriers, il s’occupe des puérilités d’une galanterie, chante des ariettes avec ses généraux, & fasse faire des rondes à la fin du repas, ne diroit-on pas qu’on a voulu dégrader & faire mépriser ce grand Roi, le travestissant en Tabarin, ou que l’auteur n’a aucune idées des bienséances ? […] Si la Ligue eut joué des pieces contre lui, elle n’en auroit point eu de plus insultantes. […] La plupart des armories composées de pieces roturieres, d’animaux, d’outils de métiers, &c. attestent l’état de celui qui les a le premier arborées, & ternissent l’éclat du cimier & des supports dont on affuble l’écusson, comme le plâtre & le vermillon décelent la pâleur & les rides du visage qui se recrépit & s’enlumine. […] De-là on alla jouer les pieces de théatre dont ce Prince est le sujet, la Partie de Chasse & la Bataille d’Ivri, très-appropriées au lieu, au temps, au Prince, qui avoit tant chassé dans ce pays, vêcu avec les paysans, fait ses premieres armes en galanteries, & donné bien des comédies.
Ajoutons : si quelqu’un approuve le théâtre, ce ne sera pas ce fameux Orateur de Rome, homme d’une prudence si profonde & d’un discernement si exquis, qui citant nommément les auteurs les plus graves de la Grece & leurs pieces les plus sérieuses, attribuoit au plaisir qu’on prenoit à les voir représenter & à les lire, tous les déréglements de l’esprit & tous les désordres du cœur. […] Ici la joie éclate, ailleurs les larmes coulent ; & dans ces pieces qu’on nomme saintes, dans ces pieces où l’on ne cherche qu’à s’édifier & à s’instruire, Seigneur, vous le savez, si ces pleurs sont pour vous !
Les pantomimes jouoient toute sorte de pieces sans dire un mot. […] Ces danses étoient des intermèdes, des délassemens, comme elles le sont encore dans les entr’actes de nos pieces dramatiques ; elles ranimoient le plaisir. […] La danse n’est pas proprement une danse simple, mais une danse composée & représentative dans toutes les pieces où elle est enchassée.
A la premiere l’Empereur monté sur un cheval armé de toutes pieces & richement harnaché, fit plusieurs allées & venuës sur ce Pont, la Couronne en reste, la hache à l’arçon, le bouclier au bras, & l’épée au costé.
Les friponneries de toutes les pieces de Regnard & de la moitié de celles de Moliere, Inspirent-elles la sécurité qui laisse les portes ouvertes, & apertis ostia portis ?
Je soutiens que c’est une des pieces les plus indécentes qui aient jamais paru. […] tous ceux que Moliere met sur la scène dans ses autres pieces, sont-ils des dévots ?
Le peuple mesme, ou du moins les honnestes gens qui se trouvoient aux Spectacles, leur jettoient quelques pieces d’argent. […] Les 5. estoient armez de toutes pieces, & en eurent ce nom Grec, qui signifie, armé dans le combat, ou un homme qui combat armé.
C’étoit un Seigneur bien fait, aimable, galant, fort aimé des femmes & fort reconnoissant, mais il étoit né avec un goût romanesque d’aventure qui fit de sa vie un tissu de pieces de théatre. […] Évremont, comme le titre le porte, ces aveux sont d’autant plus décisifs, que cet Epicutien sans religion étoit un amateur déclaré du théatre, pour lequel il a composé plusieurs pieces, & qui vraisemblablement parle d’après sa propre expérience.
Les romans, les poëtes, les pieces de théatre sont pleins de ces folies. […] Ce devoit-être une jolie chose qu’un habit héraldique du quatorzieme siecle, chamarré des pieces armoriales de l’écu ; les Tailleurs, les Brodeurs, les Cordonniers devoient savoir le blason.
Sur mille pieces de théatre qui ont paru depuis un siécle, il n’y en a pas une où la jeunesse joue un rôle d’une parfaite modestie, où on ne lui donne des leçons de vice, où on ne l’y fasse tomber. […] Cet écusson, que ce Saint préferoit à celui de sa famille, est bien différent des armoiries prophanes que la vanité & la bizarrerie ont introduite dont les pieces, les supports, les cimiers sont le plus souvent l’ouvrage du délire/ La chaire où il prechoit étoit ornée de ce nom sacré. […] Mais, dit-on, un melange de décorations dévotes & de pieces galantes, des mysteres de l’Evangile & des Orgies de Paphos, des tourmens des Martyrs & des graces des Actrices, de Saints & de Déesses, feroit un spectacle monstrueux, aussi revoltant que ridicule ; il ne feroit dû goût ni des acteurs ni des spectateurs.
Moliere nous a bien fait voir dans cet ouvrage qu’il connoissoit le vrai but de la Comédie ; & s’il ne s’y est pas conformé dans toutes ses pieces, c’est qu’il a plutôt voulu plaire qu’instruire, ou peut-être, ce qui est plus vrai, c’est qu’il a appris par sa propre expérience qu’il y a quelques persécutions à essuyer, quand on tente sérieusement la réforme des Mœurs Il est d’autant plus admirable dans le Tartuffe, qu’il a su y joindre l’utile & l’agréable, & tirer l’un & l’autre du fond de son sujet.
Il est vray que les sages du paganisme avoient fait du theatre une école publique, pour inspirer avec plaisir l’horreur du vice, & l’amour de la vertu : & que les Poëtes qui étoient les Theologiens des Gentils avoient inventés les pieces comiques & tragiques pour une bonne fin ; en effet, ceux qui ont étés les juges plus favorables de leur intention, ont voulu nous persuader que ces autheurs n’avoient pretendus autre chose, sinon de purger la volonté de ses passions dereglées, par la representation de la tragedie, dans laquelle le theatre étoit toûjours ensanglaté par la mort des vicieux, & par le châtiment des coupables ; & de purger l’esprit des opinions erronnées, par la representation des comedies, dans lesquelles on tournoit en ridicule les autheurs de la fausse doctrine, & les maîtres des méchantes opinions : mais comme la poësie qui a été employée à ces sortes d’ouvrages s’est corrompuë parmi les Payens, elle a donné plus de force au vice pour le faire suivre, que de charme à la vertu pour la faire imiter. […] Mais vous me direz peut-estre, mon Pere, les Muses Françoises sont bien plus chastes que les Muses Grecques & Romaines, elles n’ont point l’humeur cõquête, ny lascive de l’ancienne Thalie, le theatre est maintenant purifié de toutes les ordures qu’il avoit tiré des Payens ; & nos Poëtes qui font profession du Christianisme ne nous donnent plus que des pieces saintes & honnêtes, dans lesquelles on voit toûjours la vertu triomphante, & le vice abbattu. […] Il faut donc ô Chrétien, que vous detestiez necessairement tous ces ouvrages, puisque vous en detestez les autheurs, & ne faut pas m’alleguer icy pour excuse, que ce sont des poëtes Chrétiens, & de fort honnêtes gens, qui sont les autheurs de ces pieces, & qui en ont composez les vers ; je ne veux point répondre à cette objection, mais je veux que S. […] Augustin, vous jugerés qu’en nous décrivant les pieces qu’on joüoit de son tems sur le theatre, il nous a fait le portrait des comedies qui se joüent dans le nôtre ; & vous confesserés aussi que les mouvemens dereglés qu’il sentoit dans son cœur à la vuë de ces spectacles, ce sont les mêmes que vous ressentés encore dans les vôtres à la representation d’une comedie.
Les familles font semblant de craindre les exhortations d’un Moine qui séduit les enfans & leur donne la vocation religieuse, & elles ne craignent pas les vocations théatrales que donnent les pieces & les Actrices, en les éloignant du mariage & les rendant malheureux. […] La comédie de l’Avare, l’une du petit nombre des bonnes pieces de Moliere, est scandaleuse sur ces article.
Il me semble, qu’il ne vous reste plus rien à m’objecter sur cette matiere, si ce n’est, qu’aujourd’huy le Théatre est plus innocent, qu’il ne fût jamais, & que les pieces, qu’on y joüe, n’ont rien de cette indécence, qu’elles avoient autrefois.
Il est vrai que dans plusieurs pieces elles jouent très-bien les rôles d’Urgande, de Mélusine, de Médée, de Circé, de Fées, de Sylphides ; mais elles ont d’autres talismans plus puissans que la médaille de Cathérine, pour ensorcèller leurs adorateurs. […] Il reste des vestiges de ces anciens goûts, quoique sous une forme bien différente, dans les pieces pieuses qu’on joue quelquefois, Polieucte, Ester, Athalie, Joseph, Judith, &c. On ne peut disconvenir qu’un théatre, où on ne donneroit que de pareilles pieces ne fut infiniment moins dangéreux que celui où on ne représente que les amours des Dieux, les intrigues de la jeunesse, toute sorte de galanteries, avec des Actrices, dont l’air immodeste est aussi analogue aux sujets prophanes que la modestie convenoit à des sujets pieux.
Ses pieces où il y a le plus de Poësie, sont celles de ce genre.
Parmi les pieces de cet Homme rare, il y en a qui blessent directement l’honnêteté publique, & qu’il faudra bannir du Théatre, quand on pensera sérieusement à le réformer. […] Je reconnois, avant d’aller plus loin, que Corneille a fait des pieces très-intéressantes. […] Racine m’ont fait naître l’idée d’examiner de plus près ses Tragédies, en ce qui concerne l’amour, & de marquer celles, où selon mes lumières, cette passion a trop de part ; celles où l’amour peut être d’un dangereux exemple ; enfin les pieces où il me paroît absolument déplacé.
Quels sont les héros des pieces mêmes où l’amour profane ne regne pas perpétuellement ?
Le nombre la variété, la beauté de ses pieces, en sont le plus grand ornement ; & quoique dans un genre different de Corneille & de Racine, il peut se mesurer avec eux. […] La critique & le mauvais succès de quelques pieces, auxquelles il fut toujours fort sensible, les maniéres desobligeantes des acteurs, l’ont souvent mis de mauvaise humeur, & lui ont fait lancer des sarcasmes qu’il a cru de bons mots ; mais un historien est plus croyable qu’un poëte.
Les paroles, les habits, la parure, la démarche, les gestes, les intrigues, le style des pieces, tout y est plein du poison de l’impureté.
Une Actrice à l’Opéra, portée sur un char ou dans une barque faisant la Venus, comme en effet dans une foule de prologues de pieces de divertissement on en joue le rôle, environnée des Graces, des Nimphes, de Danseuses, de Chanteuses de Figurantes, est à la vérité moins riche que la Reine d’Egypte ; c’est un char, une barque, un trône de carton. […] L’histoire de Judith pourroit fournir de très-belles pieces au Théatre tragique & lyrique.
Les Apologistes du Théâtre ont à m’opposer les pieces qui sont représentées par des Ecoliers sous la conduite de leurs Regens, qui sont ordinairement des Religieux ou des Ecclésiastiques : toutes sortes de personnes assistent à la représentation sans conséquence, le silence des Prélats vaut une approbation.
Tertullien qu’il nommoit son maistre luy avoit appris que ces méchantes pieces commettent en effet dans le cœur, & par les actions de ceux qui les voyent joüer, les crimes qu’elles representent sur les Theatres. […] Ils composent leurs pieces avec tant d’artifice, que les plus méchans y trouvent suffisamment dequoy se contenter, & que les bons, à moins d’estre bien éclairez, ont de la peine à y découvrir ce qui merite la censure, & sont presque contraints de suspendre leur jugement, & de dire comme ces anciens Senateurs, la chose n’est pas constante : Non liquet, nous ne pouvons pas justifier ces Pieces comme innocentes, parce qu’elles prennent le party du vice en apparence ; on ne peut pas les condamner comme mauvaises, parce qu’elles semblent soûtenir & relever la vertu : elles se mettent à couvert de la censure des bons par cette apparence d’innocence, elles évitent le mépris des méchans par cette apparence de malice : l’apparence du mal couvre l’apparence de l’innocence, celle de l’innocence couvre celle du mal, ce mélange continuel ne laisse pas le temps de reconnoistre lequel l’emporte ou du bien ou du mal ; & ce venin, comme celuy de Pelage, ne s’apperçoit qu’aprés qu’il a eu le temps d’agir avec toute sa force, & qu’il a tout perdu.
6. que par une sorte de complot contre l’état religieux, on avoit donné trois pieces pour le diffamer. […] Il compare les deux pieces : Ericie l’emporte, il trouve pourtant des morceaux bien frappés dans Mélanie.
Aucun examen, sans doute, ne serait plus digne d’un Gouvernement aussi sage, aussi éclairé, aussi bienfaisant que le nôtre, que l’examen des pieces restées aux deux Théatres : rien n’assurerait mieux ses droits à notre reconnaissance, que la défense sévere qu’il serait de représenter toutes celles dans lesquelles on apperçoit le plus faible germe de corruption. […] Les Beaux Esprits ont compose des pieces sur des graves sujets ; le héros de la farce est gravé en trente-six planches, pour le moins ; son portrait orne tous les sallons, on s’arrache l’original, je ne doute pas même que les Parisiens ne fassent au premier moment élever une Statue à cet immortel Jeannot, qui sera représenté comme un nouveau Diogene, sa Lanterne à la main, cherchant dans la foule de gens qui s’extasient devant lui, un homme de bon sens, & ne le trouvant point. […] Le chef de cette Troupe s’appellait le Prince des sots, titre fort honorable sans doute ; les pieces de ce tems étaient intitulées : la Sotise.
Les uns l’appellent Manicata à longues manches, comme les robes des Bénédictins ; les autres, Variegata de diverses couleurs, ou de diverses pieces d’étoffe.
Elle paroit de toutes ses graces les pieces de son ami Voltaire.
Les pieces que ces jeunes seigneur jouent sont en langue polonoise : elle est harmonieuse pour leurs oreilles, & coulante pour leur gosier.
L’Auteur de la Lettre dira-t-il après cela, lui qui dit avoir lu toutes les pieces qui ont été imprimées : « Qu’il n’y a rien trouvé d’indécent qui puisse en aucune manière blesser le Christianisme, ou la pureté des mœurs. » §.
Il n’y auroit que les libertins qui pussent voir les pieces des honnêtes ; les femmes de qualité & de vertu en auroient de l’horreur ; au lieu que l’état présent de la comédie ne faisant aucune peine à la pudeur attachée à leur sexe, elles ne se défendent pas d’un poison aussi dangereux, & plus caché que l’autre. […] & appellerez-vous honnêtes, ces intrigues odieuses dont certaines pieces sont remplies, & même celles de cet Ecrivain si célébre parmi vous, à qui vous faites un mérite singulier d’avoir saisi & sçu peindre les mœurs de son siécle ; cet Ecrivain que vous osez nommer le Réformateur de vos théâtres, cet Ecrivain d’autant plus dangereux, qu’il couvre quelquefois de fleurs les piéges qu’il tend à la vertu, & qui souvent attaque l’innocence, sans allarmer la pudeur ? […] Ce ne sera pas ce grand Orateur de Rome, homme d’une prudence si profonde, d’un discernement si exquis, qui citant nommément les Auteurs les plus graves de la Grece, & leurs pieces les plus sérieuses, attribue aussi-tôt après aux plaisirs qu’on prenoit à les voir représenter & à les lire, tous les déréglemens de l’esprit & tous les désordres du cœur.
Il n’est pas moins inutile d’ajoûter, que quoyque l’on ne voye guere de pieces de Theâtre sans amour, & que pour l’y faire entrer, on n’a pas même égard à la verité de l’Histoire, pourvû qu’on ne sorte point de la vray-semblance ; neanmoins on n’y represente que des passions legitimes, qui ont pour fin le Mariage, que Dieu même a authorisé, & institué le premier ; parce que l’esprit de ceux qui les voyent representer, ne s’attache qu’à ce qui luy plaît, & fait abstraction des circonstances qui les peuvent justifier ; car ce n’est pas une chose que les Acteurs puissent regler dans ceux qui écoutent, ni arrêter dans les limites qui sont permises, comme fait le Poëte dans ses Vers ; au contraire les spectateurs n’en reçoivent souvent que ce qu’elles ont de criminel ; & elles agissent ensuite selon la difference des dispositions qu’elles rencontrent ; & l’on peut dire, que souvent la representation d’une passion couverte de ce voile d’honnêteté, a plus infailliblement son effet, que les autres les plus illegitimes, parce qu’on est moins sur ses gardes, qu’on s’en défie, & qu’on s’en défend le moins ; aussi agit-elle plus à coup sûr, & sans qu’on se précautionne des remedes qui pourroient en empêcher l’impression : d’où il s’ensuit que ces spectacles sont toûjours dangereux pour tout le monde, & qu’un Chrétien ne doit jamais se fier à sa propre vertu.
Outre les mousquets des soldats, on traînoit plusieurs pieces de canon, comme dans une armée qui va donner bataille à la mort.