/ 217
68. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Résumé et moyens de réformation. » pp. 105-200

Vu cet irrésistible progrès des choses, et cette disposition générale des esprits, disposition telle qu’on ne voit presque plus que des envieux ou du métier infâme, ou des talents et de la vue des infâmes qui l’exerçent, le fait de les laisser sous l’anathême, qui contribue déjà au relâchement de cette partie de la société, est très-préjudiciable dans tous les cas à la foi et au respect dûs aux décrets de l’Eglise, et nuit par là généralement aux mœurs. […] Mais le plus grand, le meilleur moyen de réformation serait que les auteurs dramatiques, qui ont l’air depuis Molière à ces poltrons qui poursuivent des ennemis en fuite, ou cachés, et n’osent attaquer ceux qui font volte-face, fussent bien convaincus, enfin, qu’au lieu de harceler sans cessé directement ou indirectement les deux premières écoles, ils feraient beaucoup mieux de déployer leur talent et concerter leurs efforts avec ceux du reste de ces écoles, contre la dernière, jusqu’à ce qu’ils soient parvenus, sinon à la détruire, à l’affaiblir, ou la décrier au point que ses disciples, poursuivis, désarçonnés à leur tour et abandonnés surtout de leurs hommes marquants, qui leur servent d’autorité et de point de ralliement (ce qui doit être aujourd’hui un résultat de l’exemple seul de notre vertueux roi), soient forcés enfin, contre l’ordinaire, de chercher une retraite, d’aller se cacher dans la seconde école, d’où il sera ensuite d’autant plus raisonnable d’espérer pouvoir les diriger vers la première, qu’il n’y aura plus à choisir alors entre se réformer et se livrer à de plus grands excès. […] Quel plus digne emploi des écrivains dramatiques ou autres peuvent-ils faire de leur temps et de leurs talents ? […] Afin de parvenir au but éloigné, aussi difficile à atteindre qu’il est désirable, j’en conviens, d’accorder leurs moyens respectifs d’instruction et de réforme, de coordonner leurs principes et réglements, leurs systèmes ou méthodes, et les mettre assez en harmonie pour qu’à l’avenir les écoles complémentaires du théâtre tendent véritablement au complément, à la perfection et au maintien de l’éducation précédente des autres écoles, ou du moins pour qu’elles n’en détruisent plus l’effet par un second apprentissage de la vie tout-à-fait opposé au premier ; pour parvenir, dis-je, à ce but désirable, sine quo non mores, il sera nécessaire alors que l’élite des auteurs et artistes dramatiques, que ces hommes distingués, recommandables par leurs mœurs autant que par leurs talents, et par leur influence ou ascendant sur leur société soient adjoints au conseil d’administration générale de l’instruction publique, et prennent part à ses délibérations, dont ils seront chargés de transmettre les résultats aux conseils également combinés des écoles des départements, avec lesquels ils entretiendront une correspondance habituelle.

69. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

(c’est un grand talent ;) libertin aimable dont les couleurs sont toujours fraiches, & qui ne peint les passions qu’apres les avoir senties, (c’est une vertu héroïque ;) il fait voir combien il connoit les femmes. […] Heureux s’il n’avoit pas porté trop loin un talent dangereux, dont le seul dédommagement est le plaisir d’avoir nuit. […] Cette cruauté, ce persiflage, cet Egoïsme féroce, cette ame dénaturée, si peu honnête, cette jouissance morne, inquiéte, ce plaisir de nuire, ce talent dangereux, ne sont pas un panégyrique flatteur de ce composé admirable, de ce Sublimé. […] Il est inconcevable que cet ingénieux Ecrivain dont les poésies sont si agréables, si riches, si variées, qui, par son honnêteté, autant que par son talent, honore depuis tant d’années notre Parnasse ; bon citoyen, ami de ses rivaux, du caractere le plus doux, ennemi de toute intrigue, détestant les cabales, évitant avec le même soin & l’adulation & la satyre, ait à se plaindre de son siecle, Nous ne connoissons point sa personne, nous n’examinons point son mérite poétique, mais ce que nous venons de rapporter, pris de ses œuvres sur la religion & les mœurs justifie le mécontentement de son siecle, & fait voir le fond qu’on peut faire sur les éloges des Journaux.

70. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre VI [V]. Élizabeth d’Angleterre. » pp. 142-187

Chacun selon les loix d’Angleterre doit être jugé par ses pairs, les Princes par les Princes, les Comédiens par les Comédiens, plus en état que personne d’aprécier leurs talents & leur jeu. […] Mais ses taches sont couvertes par ses talents ; dites plutôt qu’elles effacent la gloire de ses talents, & que la profusion des éloges décrédite. […] Le second étoit beau comme un Ange ; il avoit les graces, l’esprit, les talents d’un Ange dans le corps d’un homme : Talenti Angelici nelle amore humano. […] Elle favorisa l’un par intérêt, il lui étoit utile ; l’autre par estime, il avoit de grands talents ; un autre par crainte, il pouvoit former un parti redoutable ; l’autre par légereté, par caprice, lui avoit plu. […] La taille, l’adresse, l’agileté, la bonne mine de ce jeune homme, gagnerent si bien son cœur, qu’elle en fit un Ministre, d’abord Vice-Chancelier, & bien-tôt après Chancelier ; dignité éminente, qui en Angleterre, comme en France, suppose d’autres talents que celui de la danse.

71. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Le talent du théatre quelque grand qu’on le suppose, est au moins un talent frivole, & par conséquent Moliere un homme frivole, proposé pour sujet du prix de l’Académie Françoise ; un homme dont la frivolité fait tout le mérite, c’est donner à la frivolité une considération très-dangereuse pour les mœurs, même pour la littérature en les rendant très-frivoles. […] La sagesse lui donna toujours la préférence, & c’est un vrai scandale de sacrifier les intérêts de la religion & de la vertu à quelque talent dramatique, quelque supérieur qu’il puisse être. […] Ce n’est plus génie, talent, c’est mémoire. […] Des hommes de beaucoup d’esprit & de talent ont travaillé après lui, sans pouvoir lui ressembler ni l’atteindre. […] Sa malignité outrée peignoit tout le monde, & ce grand talent de peindre étoit précisément un grand vice.

72. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VII. De la Diction. De la Poësie dans la Tragédie. » pp. 122-130

D’autres auteurs ayant le talent de la versification, répandent les fleurs & les figures à pleines mains, dans leurs ouvrages.

73. (1691) Nouveaux essais de morale « XIV. » pp. 151-158

Je ne suis point jaloux des applaudissements qu’on donne à ces Messieurs, j’admire leurs grands talents ; mais je les plains de les employer si malheureusement, qu’il faut renoncer à la Religion que nous professons, et à l’Evangile de Jésus-Christ, pour ne pas croire qu’il est fort à craindre que ce qui leur a attiré l’applaudissement des hommes, n’attire sur eux l’indignation de Dieu.

74. (1804) De l’influence du théâtre « PREFACE. » pp. -

Après avoir examiné toute la frivolité des objections, qu’on oppose ordinairement pour arrêter ou suspendre toute réforme au théâtre, j’ai fait voir qu’il était possible de le rappeler au but réel de son institution, et de donner à ceux que des talents particuliers y appellent, un véritable lustre dans la société.

75. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Qu’est-ce que le talent du Comédien ? […] N’est-elle pas un don de la Nature, ainsi que les talents ? […] [NDA] Si les Anglais ont inhumé la célèbre Oldfield à côté de leurs Rois, ce n’était pas son métier, mais son talent qu’ils voulaient honorer. Chez eux les grands talents anoblissent dans les moindres états ; les petits avilissent dans les plus illustres. […] Elles peuvent acquérir de la science, de l’érudition, des talents, et tout ce qui s’acquiert à force de travail.

76. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre XI. Du Balet. » pp. 209-318

Enfin, pour conclure, ces talents subalternes, sont des deffauts quand ils dominent & prevalent aux premiers soins, mais ce sont des qualitez de Heros, qui rendent un Gentil-homme sans prix, quand ils ne sont qu’accompagner, & quand ils ne sont qu’en accessoire. […] Du temps de Neron un Pantomime fut preferé par un Roy Barbare à tous les autres presens qu’il pouvoit esperer de l’Empereur, à cause du beau talent qu’il avoit de parler des mains en dançant, & de representer par ses gestes tout ce qu’il eust pû énoncer par des paroles. […] Car le talent de plaire est un don du Ciel & des Astres, plûtot que de la regle, & que de l’estude. […] En cela tous les deux se peuvent tromper, & chacun d’eux donne trop à son talent ou à son inclination. […] Enfin la mine, l’air, la grace, & tous ces talents agreables aux yeux, ne sont pas trop pour une personne qu’on veut employer au Balet.

77. (1695) Preface [Judith, tragedie] pp. -

Ils ignorent le talent d’inventer, ou en font un mauvais usage.

78. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

tous les prétendus talents qu’y acquiert la jeunesse, ne valent pas une vertu qu’elle peut y perdre. […] Le grand Corneille ne se rassura jamais entièrement sur l’abus qu’il avait fait de ses talents : il consacra ses dernières années à le réparer. […] « Qu’est-ce que le talent du Comédien ? […] n’apprendrons-nous jamais combien mérite de mépris tout homme qui, pour le malheur du genre humain, abuse du génie et des talents que lui donna la nature ? 

79. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

C’est le talent du Comédien Anglois Garrik. […] Ce talent méprisable fit sa fortune ; plusieurs Grands Seigneurs le prirent pour leur bouffon, le menoit à l’armée, le mettoient dans leurs fetes ; ils avoient en lui seul une troupe d’acteurs & une troupe complette ; sa faveur lui procura un bon Prieuré dont il recevoit les revenus en grimaçant & une place à l’Académie Françoise qu’il amusoit ; ainsi les biens ecclésiastiques & les honneurs littéraires sont souvent des présens de la fortune. […] Mon talent n’est pas de leur faire sentir que j’ai de l’esprit, mais de leur apprendre qu’ils en ont. […] Le succès éclatant & soutenu qu’elle eut à la réprésentation, justifia le goût de l’Abbé & le talent de l’Auteur.

80. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

Elles ont leurs Prêtres et leurs Prêtresses qui entretiennent leur culte avec le plus grand zèle, des Prédicateurs pleins d'esprit et de talents qui en débitent la morale et lui gagnent une foule de prosélytes, des Dévots innombrables qui viennent assidûment l'écouter et la mettent fidèlement en pratique, et dans leur sainte impatience vont dans des chambres pratiquées à dessein autour du Temple en faire dévotement les exercices. […] parler le langage du vice, en prendre les allures, en peindre les horreurs, en excuser les excès, en inspirer le goût, en faire sentir les mouvements, en ouvrir l'école, en donner des leçons, l'ériger en vertu, tromper, aveugler les hommes, fixer leur attention sur des objets méprisables et criminels, effacer les idées des biens et des maux éternels, pour ne mettre le bonheur ou le malheur que dans le succès ou les obstacles de la passion, s'en faire un art, un métier, un état de vie, y consacrer tous ses talents, ses moments, ses forces, sa santé ! […] Faut-il qu'à la faveur des talents le vice ait le droit de parler plus haut que les lois, et de faire taire l'Evangile ?

81. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

On ne fut pas longtemps à s’apercevoir que le talent de censurer le vice, pour être utile, devait être dirigé par la vertu ; & que la liberté de la Satyre accordée à un malhonnête-homme, était un poignard dans les mains d’un furieux : mais ce furieux consolait l’envie : voila pourquoi dans Athènes comme ailleurs, les Méchans ont trouvé tant d’indulgence, & les Bons tant de sévérité : témoin la Comédie des Nuées ; exemple mémorable de la scélératesse des envieux, & des combats que doit se préparer à soutenir celui qui ose être plus sage & plus vertueux que son siècle… […] On s’amuse à recopier le Petit-maître, sur lequel tous les traits du ridicule sont épuisés, & dont la peinture n’est plus qu’une école pour les Jeunes-gens qui ont quelque disposition à le devenir : cependant on laisse en paix l’Intriguante, le Bas-orgueilleux, le Prôneur-de-lui-même, & une infinité d’autres dont le monde est rempli : il est vrai qu’il ne faut pas moins de courage que de talent pour toucher à ces caractères ; & les Auteurs du Faux-Sincère & du Glorieux ont eu besoin de l’un & de l’autre : mais aussi ce n’est pas sans effort qu’on peut marcher sur les pas de l’intrépide Auteur du Tartufe.

82. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre V. De la Dépense des Spectacles. » pp. 75-88

Il se forme par là des prosélytes : les élèves ne manquent pas d’aller au spectacle admirer leurs maîtres, perfectionner leurs talents, et les faire briller. […] « La feinte et l’artifice sont leurs talents, elles savent sous un maintien déguisé et un air modeste, couvrir un cœur dévoré de l’amour des richesses, et dépouillé des sentiments de vertu, qui n’est pour elles qu’une gêne importune.

83. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIII. L’Opéra est le plus dangereux de tous les spectacles. » pp. 111-117

On a recours pour certaines maladies à l’agitation qu’elle a le pouvoir de causer dans notre cerveauax. » Athénée nous assure que toutes les lois divines et humaines, les talents, les vices et les actions des hommes illustres étaient écrits en vers, et publiquement chantés par des chœurs, au son des instruments ; et nous voyons par nos livres saints que tels étaient, dans les premiers temps, les usages des Israélites.

84. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Vous savez faire quelques vers, dialoguer une scène, prononcer avec grâce ; à quoi vous servent ces talents pour la société ? […] Molière a le talent de peindre en détail les ridicules, il sait copier et contrefaire, il prend naturellement le ton, les allures, les manières de ses personnages. […] Le plan, les vers, les pensées sont du ressort de l’esprit et le fruit des talents. […] Il a mal connu l’esprit et les devoirs de son état et il a dû aller bien secrètement à l’école, et en déguiser bien adroitement les leçons, s’il a fait quelque cas de sa réputation ; la seule idée que ses talents étaient l’ouvrage des comédiens l’eût décrédité sans retour.

85. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

« Mais, poursuit-il, un Comédien, en jouant un scélérat, déploie tout son talent pour faire valoir de criminelles maximes dont lui-même est pénétré d’horreur. p. 146. […] Le seul tort qu’on lui peut imputer est de l’avoir embrassé, mais trop souvent un écart de jeunesse décide du sort de la vie ; & quand on se sent un vrai talent, qui peut résister à son attrait ? […] En quelque situation qu’un honnête Homme se trouve, il se gardera bien d’embrasser un état deshonorant, c’est une tache qui reste & que le temps ne peut jamais effacer ; quelque talent qu’il ait, à quelque dégré de supériorité qu’il atteigne, il ne pourra le mettre à l’abri de l’infâmie. Si les mauvais Acteurs sont méprisables, les bons doivent l’être si l’état est tel : la médiocrité d’un talent ne peut avilir celui qui l’exerce. […] Le talent le plus sublime ne peut illustrer une profession, si réellement elle est méprisable ; il est mille traits chez cette nation, qui prouvent l’état qu’ils font des Acteurs.

86. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Livre second. » pp. 2-7

Les grandes vertus, les grands talents, employés à de grandes choses, peuvent seuls mériter ce titre.

87. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Du Fard. » pp. 143-168

Les mouches sont une branche du commerce, & l’art de les placer suppose des grands talents. […] Quand on est si curieux d’étaler tous ces ornemens, on a des vues bien différentes, on n’en a guere que de criminelles : Illis hoc studium vulgò conquirit amantes  ; pour moi très-satisfait des graces, de l’esprit, des talents dont vous êtes ornée, je vous trouve toujours très-bien, telle que vous êtes, tandis que vous serez éloignée des excès du luxe : His tu semper eris nostro gratissima visu. […] Une actrice célebre, par plus d’un talent, au moment de la piéce où elle alloit jouer un grand rôle, au lieu de s’en occuper, étoit à sa toilette à se farder, penfant uniquement à relever ses charmes, par tout l’art de la coquetterie ; on lui représenta qu’elle devoit se préparer à jouer son personnage : bon, bon, dit-elle, le premier, le plus important personnage d’une actrice, est de paroître jolie, il fait le prix de tous les autres.

88. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

Tout l’ouvrage n’est que la peinture & l’éloge de l’amour, une suite de portraits des Actrices présentés dans le jour le plus séduisant, élevées jusqu’au ciel par leurs charmes, immortalisées parce qu’elles savent inspirer la passion ; c’est le sublime, la vraie gloire, le plus beau talent, le plus doux moment de la vie : Qui voit poindre le jour de l’immortalité. […] Ce talent, s’il peut être appelé talent, est un bien mince mérite ; mais il plaît, que faut-il de plus ?

89. (1822) De l’influence des théâtres « [De l’influence des théâtres] » pp. 1-30

Comminge 26, l’Autodafé 27, Dorothée 28, se partagèrent longtemps, avec le petit Arlequin29, l’honneur d’amuser les amateurs du beau talent de Julie Diancourt30, que les Queriau31 et autres mimes fameuses ne feront jamais oublier. […] Près de là, et vis-à-vis un jeu de paume, décoré jadis des armes d’un fils de France, où je jugeai plus d’un coup dans ma jeunesse, je vis un nouveau bâtiment, pour moi du moins, qu’on me dit être les anciens grands Danseurs du Roi58 qui, sous le titre de la Gaîté, titre qui n’engage à rien, ont enterré dans le coffre d’Arlequin mort et vivant59 les farces qui les soutinrent, pour singer, dans d’extravagantes actions, étayées d’une belle décoration, qui fait souvent tout le mérite de ce qu’on veut bien appeler un ouvrage, les premiers talents de notre scène tragique. […] » me répondit-il. « Cette légende modeste convenait autrefois ; Michot, Damas, Varenne, Julie et les deux Tabraise étaient le noyau de cette troupe, que le père du Tonnelier 65, sous la protection d’un prince66, gouvernait avec un talent que, pour les progrès de l’art, Thalie devait éterniser comme le feu sacré de Vesta !

90. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

Plus les auteurs de ces fables ont de talents, plus ils sont dangereux ; ils s’insinuent par leurs grâces, se gravent plus profondément, et se font mieux retenir par l’harmonie et la beauté des vers : « Facilius intrant in memoriam versus numerosi et ornati. » Des tragédies ne représentent que les fureurs et les amours des mauvais Rois ; ce ne sont que des forfaits montés sur le cothurne : « Regum malorum cothurnata scelera. » Les gestes et les mouvements licencieux des Acteurs, la mollesse de leurs corps efféminés, leurs déguisements en femmes, à quoi servent-ils ? […] Il se moque de ceux qui font l’éloge des talents des Comédiens ; ce qu’il appelle absurde et ridicule, comme tant d’autres faux jugements dont il fait le détail : « Histriones laudans quod absurdum. » (L. […] Ce saint Prêtre de Marseille, que quelques-uns ont cru Evêque, et que sa piété, ses talents, ses écrits, son zèle, ses travaux, et les services qu’il a rendu à l’épiscopat, ont fait appeler le maître des Evêques, S.

91. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

Le talent d’acteur & d’auteur de comédie lui paroît celui d’un homme abominable. […] Rousseau, ne trouve à cela rien d’extraordinaire : ils ont voulu honorer, dans une actrice, non le métier, mais le talent.

92. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE VII. Histoire de la Poësie Dramatique moderne. » pp. 176-202

Je parlerai dans la suite de cette Piéce ; & à l’égard du succès de la Merope sur les Théâtres de l’Italie, je rapporterai ce qu’en a écrit Riccoboni, qui y contribua beaucoup par son talent pour la Déclamation tragique, talent devenu très-rare dans le Pays de Roscius, parce que, dit-on, le Peuple en Italie n’a jamais aimé les Spectacles tristes.

93. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre II. Du Théâtre Moderne, & de celui des François. Celui-ci comparé au Théâtre Grec. » pp. 25-38

Des traits de lumiere qui perçoient, de tems en tems, ce cahos informe, & le desir de mériter un applaudissement plus flatteur, découvrirent une route, où le talent pût entrer sans rougir.

94. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

« Si les Anglois ont inhumé la célébre Oldfied à côté de leurs Rois, ce n’étoit pas son métier, mais son talent qu’ils vouloient honnorer. […] Dites-moi, s’il vous plaît, s’il est possible d’honorer le talent du Comédien, sans faire honneur à son métier, puisque le talent en est l’essence ? […] Car enfin quel étoit ce talent qu’on honoroit ? […] Voilà cependant quel étoit le talent pour lequel on a enterré la sublime Oldfield parmi les Rois. Selon vous la nature de ce talent constitue le deshonneur de la profession du Comédien, donc ce talent est honteux par lui-même, donc les Anglois ont associé l’opprobre à la Majesté des tombeaux de leurs Maîtres.

95. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

Sans doute que le grand Molé, le grand le Kain, le grand Granval, la grande Clairon, la grande Vestris, & tous les grands & grandes de l’opéra & de la comédie Françoise, qui croyent bien valoir tous les Cardins & les Cardines Italiens, auront aussi leurs médailles, en récompense de leurs talents supérieurs. […] Emilie de Breteuil, Marquise du Chatelet avoir de l’esprit, de la lecture, des graces, de la voix, de la fortune, du talent pour le théatre ; elle étoit de la cour de Madame la Duchesse du Maine, à Seaux ; très-bonne actrice, & y jouoit fort bien, & chantoit sur les théatres de société, à Seaux où il y avoit de beaux esprits, & quelques sçavans, comme Malesieux, &c. […] Cette universalité de goût pour le plaisir, les arts, les sciences ne marque point un vaste & puissant génie, ni même de vrai talent ; c’est tout au plus une femme qui a de l’esprit, aussi n’a-t-elle rien fait d’elle-même ; elle a expliqué Leibnitz & traduit Newton, l’un & l’autre très-superficiellement, Voltaire peut bien lui avoir inspiré cette vanité & cette inconstance ; car je ne sai trop s’il est son maître ou son disciple ; que n’embrasse pas le génie du grand Voltaire, histoire, romans, théologie, philosophie, politique, jurisprudence, grand poëme, petit vers, tragédie, comédie, opéra, cantate, panégyrique, satyre, celle-ci très-abondante, impiété, irréligion, celle-ci presque par-tout, vérité, mensonge, ceux ci inépuisables ; dignité, frivolité, gravité, galanterie, décence, obscénité ; il a autant de pompons, des biribis, de jupons que la Minerve de la France ; le moyen de n’être pas enjoué d’un tel prodige, quand on est aussi frivole que lui ?

96. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

serait curieuse de savoir « où il a pris le merveilleux talent qu’il a de dire des injures ? » « Madame, répond cet homme de bon sens ; c’est un talent né avec moi : j’avoue que je n’ai rien omis pour le perfectionner, afin d’avoir quelque mérite et quelque relief parmi les Dames. […] D’ailleurs, je commence à croire qu’il y a autant de plaisir à conduire une intrigue pour autrui que pour soi-même : cela exerce tous les talents naturels de la femme ; il y a de la pratique pour l’hypocrisie, pour la dissimulation, pour la flatterie, pour le mensonge et pour la malice.

97. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [N] » pp. 431-435

[Je crois qu’on doit honorer le talent dès qu’il se montre : quelques-uns des Enfans-Acteurs du Théâtre-Ephébique promettent beaucoup : mais je le répète d’après l’Auteur, il faudrait envisager l’avenir pour ces jeunes Elèves, & dans les Pièces, respecter scrupuleusement leur innocence.

98. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE III. De la comédie et des comédiens chez les païens et chez les chrétiens. » pp. 101-112

Son accusateur prétend prouver que ce prêtre a spéculé sur les malheurs d’une auguste victime de la révolution7, et qu’au moyen d’un faux matériel, il en a tellement imposé, qu’il est parvenu d’abord, à certaines époques, de ramasser à son profit d’abondantes aumônes ; et profitant d’un crédit usurpé, il aurait enfin obtenu l’une des meilleures cures de Paris, qui n’aurait dû être confiée qu’aux talents et à la science, unis à la vertu.

99. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVIII. Eprouver par soi-même si les spectacles sont dangereux, c’est vouloir tomber dans les dangers qu’ils offrent. » pp. 154-163

Rien ne découvre mieux l’intention secrète qu’on a de chercher du plaisir dans l’agitation que le spectacle cause à l’âme, que l’indignation que l’on ressent contre les personnes qui n’ont pas eu le talent de l’agiter ni de troubler son repos.

100. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VII. Quelle doit être la Comédie après la réformation du Théâtre. » pp. 69-85

Entre tous les genres de Poésie, celui qui demande particulièrement un talent naturel, et un génie supérieur, c’est la Poésie dramatique.

101. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. L’Arétin, le Tasse, l’Arioste. » pp. 38-79

Il étoit naturellement poëte, talent facile dans la langue italienne qui se prête à toute sorte de poësie. […] Dans la satyre la plus mordante rien n’égale l’Arétin : c’étoit son vrai talent (si on peut appeller talent le poison de la malignité), il n’épargnoit ni Papes, ni Rois, & se faisoit appeller le fléau des Princes, flagellum Principum, comme porte une de ses médailles ; il n’épargna pas ses plus grands bienfaiteurs, les Médicis qui l’avoient tiré de a poussiere, Charles V. […] Tout cela sent bien le théatre : mais il est vrai que le Tasse avoit un esprit supérieur, un génie fécond, un talent surprenant pour la poësie.

102. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V. Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. » pp. 51-75

où Cicéron, le sauveur de la république, Cicéron, de tous ceux qui portèrent le nom de pères de la patrie, le premier qui en fut honoré et le seul qui le mérita, nous est montré comme un vil rhéteur, un lâche : tandis que l’infâme Catilina, couvert de crimes qu’on n’oserait nommer, prêt d’égorger tous ses magistrats et de réduire sa patrie en cendres, fait le rôle d’un grand homme, et réunit par ses talents, sa fermeté et son courage, toute l’estime des spectateurs ? […] victimes de nos applaudissements insensés, n’apprendrons-nous jamais combien mérite de mépris et de haine tout homme qui abuse, pour le malheur du genre humain, des talents que lui donna la nature !

103. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

Ce n’est pas assurément à des Orateurs formés par de tels maîtres, que l’Eglise et la magistrature, la religion et la justice, la droiture et la vertu, ont jamais dû leur gloire ; la seule idée que leurs talents étaient l’ouvrage du théâtre, les eût décrédités sans retour ; on eût dit comme Boileau, « et dont les Cicéron se font chez P. […] Les jeunes gens cependant n’y exercent pas moins leurs talents et leur mémoire, sans risquer de s’amollir et de se dissiper.

104. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

Il aurait mieux valu aussi leur rappeler que de bons parents, avant de se révolter et d’en venir à des extrémités fâcheuses contre leurs enfants ingrats et dénaturés, souffrent long-temps, meurent quelquefois de chagrin ; que de bons enfants, qui ont moins droit d’exiger, ne sont pas obligés à moins de combats et d’égards pour leurs parents indifférents et injustes, dont, au reste, l’insensibilité ne résiste pas toujours aux efforts constants de la tendresse, ou du respect filial ; et que probablement leur père se souviendra enfin qu’ils sont ses enfants, s’ils n’oublient pas qu’il est leur père ; et puis ajouter que si, en attendant que l’amour paternel se réveille dans son cœur, ils se trouvent dans le besoin, alors ils doivent penser qu’appartenant à un père disgracié de la nature, il est raisonnable qu’ils s’assimilent aux enfants d’un père disgracié de la fortune, et suivent les exemples qu’ils en reçoivent de se servir soi-même, de se contenter de peu, de ne pas désirer de superflu, de travailler s’il le faut, se rendre utile aux autres, tirer parti de ses talents et de son industrie ; ou de se jeter dans les bras de sa famille, de ses amis, invoquer leur appui. […] , observez que dans le Tartufe, l’auteur nous montre le vice sous ses couleurs les plus odieuses, qu’il emploie tout son talent à nous le faire avoir en horreur, à nous rendre insupportables jusqu’à ses apparences ; il nous apprend à le poursuivre, à le démasquer sans ménagement ; il le confond, il le fait punir sévèrement ; Tartufe est traité par Orgon, en face et avec courroux, d’ingrat, de traître, scélérat, méchant animal, que tous les personnages de la pièce, animés des mêmes sentiments, voient sans pitié, avec grande joie au contraire, saisi par des archers et conduit dans un cachot ; faites cette observation, et il s’ensuivra qu’Alceste est puni, que sa vertu est ridiculisée, parce qu’il se livre ici contre les hommes vicieux à l’indignation qui est provoquée contre eux dans le Tartufe. […] Que si même, aurait pu ajouter le prudent ami, les circonstances, votre talent et votre goût, vous portent à mêler à vos instructions une certaine dose de raillerie, de finesse, de pointes ou d’ironie, de la gaîté, du comique, même de la poésie, en un mot un peu de comédie, faites-le à la manière d’Horace, de Pascal et de Michel Cervante.

105. (1790) Sur la liberté du théatre pp. 3-42

Et l’on oseroit ainsi fermer la carriere, limiter le nombre des concurrens, et fixer des bornes à l’industrie, au talent et au génie. […] Dazincourt ; mais les succès qu’ils obtiennent, doivent leur prouver que la nature ne les ayant point bornés à un seul genre de talent, tout privilége, qui les empêcheroit de les déployer, seroit injuste et vexatoire, qu’il priveroit le public du plaisir qu’il trouve à les entendre, et qu’il les frustreroit des applaudissemens qui leur sont dus. […] Un homme de lettres, amateur du talent des comédiens ; mais ennemi des privileges, a fait au sujet des Trois Noces les vers suivans : Par ordre de la liberté, Que le temps rendra plus polie, Chez vous Melpomene et Thalie Diront enfin la vérité : Par nos suffrages enhardie Votre ardeur les secondera, Mais si vous chantez l’opéra, Ne chantez pas la tragédie.

106. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

C'est un prodige sans doute, et tout Jésuite est un prodige ; ils ont tous les talents infus, jusqu'à ceux du théâtre, les ouvrages naissent sous leurs pas. […] Je ne dis pas qu'on ne puisse quelquefois employer ces expressions métaphoriques, qui sont partout reçues, encore moins voudrais-je soupçonner la pureté d'intention d'un Auteur que j'ai connu rempli de piété, je dis seulement que c'est un homme qui, comme un grand nombre de Jésuites, nourri du théâtre, ayant composé et représenté des pièces, regardant les talents dramatiques comme un mérite distingué, s'en est rendu le langage familier, et le parle naturellement à tout propos, sans s'apercevoir de l'indécence de l'application qu'il en fait aux choses saintes.

107. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XIX. Des Talens mal-à-propos attribués aux Comédiens. » pp. 45-62

D’ailleurs, quelque prévenu que l’on soit en faveur du Comédien, on ne met apparemment pas son talent au-dessus du génie des Corneille, des Racine, des Crébillon, des Voltaire.

108. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXII. De l’usage du Théatre relativement au Comédien. » pp. 104-121

Celle-ci dépend des lieux, des tems, des circonstances, des mœurs, du gouvernement, de la situation, du rang, de l’éducation, des talents.

109. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Mais, outre que dans la Mettrie le mérite étoit médiocre, d’ailleurs c’est un impie, un débauché, quelque talent qu’on lui suppose, qui mérite peu les éloges publics d’un roi & d’une académie. […] Il n’y a point de comédien qui joue également bien toutes sortes de personnages, il y en a peu qui en joue plusieurs disparates : il faut dans ce métier comme dans tous les autres métiers, suivre pour réussir son talent & son goût. […] On rempliroit des livres des mots imitatifs & très-plaisans qu’inventent les harangeres dans leurs conversations Boileau, Satyre X. vers 358, parle d’une femme de son quartier qui avoit éminemment ce beau talent. […] Le plus grand mérite auprès de ces sages maîtres de la langue, est le talent de l’art dramatique.

110. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40

Il en est même qui s’y consacrent, & dont le talent funeste est d’exceller dans les infamies. […] Et cet abus des talents est toléré, est applaudi. […] Auguste l’acheta 100 talents, (cent mille écus) & le plaça comme le plus bel ornement dans le Temple de Jule César son pere adoptif ; des portraits de ce caractère sont inestimables.

111. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

Si un homme est dépourvu de ce double talent, où s’il ne lui est pas permis d’en faire usage, quelle autre ressource lui restera-t-il pour plaire à ses Lecteurs, ou se concilier les suffrages des Spectateurs ? […] Cette dissipation continuelle dans laquelle vivent les partisans des Trétaux, ne leur permettant pas de se livrer à aucun genre d’étude, il arrive de toute nécessité que leur esprit dépérit, & que les dispositions qu’ils annonçaient pour tel ou tel talent, meurent faute de culture. De même qu’une lampe s’éteint lorsqu’on cesse d’y mettre de l’huile ; de même l’esprit & le talent se rouillent & se perdent lorsqu’on manque de les exercer. […] Supposons néanmoins, que la jeunesse ne puisse dans ces cercles, d’obscures Phrynés, que des idées de femmelettes, (qui, sans doute, paraissent les moins dangereuses) ; ces mêmes idées sont ordinairement si plates, si sèches, si ridicules, si impertinentes, qu’elles suffisent pour dégrader le talent, appauvrit l’esprit, & l’aveugler entierement. […] d’Alembert, le talent de développer dans tous les ouvrages de l’Art, ce qui doit plaire aux ames sensibles : Les Auteurs du Dictionnaire de Trévoux, une sentiment naturel de l’ame, indépendant des Sciences & des Arts : M.

112. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « Préambule » pp. -

C’est pourquoi, plein de confiance dans la nouvelle ère qui vient de s’ouvrir, je veux ajouter mon denier au tribut de talents ou d’efforts attendus de tous les amis de l’ordre et de la patrie, pour concourir au rétablissement de la morale sur ses anciennes bases, revues ou éclairées, et au retour du repos et du bonheur de la société dont on voudrait souvent pouvoir s’éloigner aujourd’hui, en s’écriant avec plus de raison qu’autrefois : O beata solitudo !

113. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVI. Il y a des divertissements plus utiles et plus décents que les spectacles. » pp. 138-149

Ne peut-on pas trouver quelques délassements agréables dans une lecture, dans quelques jeux d’usage, dans la fréquentation de ces sociétés choisies, où on a le spectacle de tous les talents et de toutes les vertus, où l’on rencontre des femmes qui ont l’avantage de plaire par leur mérite, mais qui savent en même temps inspirer tout le respect qui est dû à leur sexe ?

114. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Fagan, connu par plusieurs Pièces de Théâtre qui ont réussi, (pour annoncer ses talents, il suffit de nommer la Pupille, cette Pièce toujours nouvelle pour les Spectateurs, et adoptée par tous les Théâtres de la France) vient à la qualité d’Auteur de joindre celle d’Apologiste3. […] Il est vrai qu’il faudrait plus d’art ; mais les talents en brilleraient davantage ; ce serait une nouvelle carrière ouverte aux Auteurs, qui en auraient plus d’occasions de se signaler. […] Tous les défenseurs du Théâtre ont toujours été étonnés que les Comédiens fussent excommuniés, et que les Spectateurs ne le fussent pas ; et M.F. regarde encore aujourd’hui comme une singularité frappante, que les Comédiens soient en même temps proscrits et autorisés ; et il trouve que c’est une contradiction insoutenable, que de vouloir diffamer une troupe de gens à talents, que l’on reconnaît d’ailleurs être nécessaires, et que ce contraste ne peut pas longtemps subsister dans un Etat, dont le goût et les décisions sont des lois pour toutes les autres Cours de l’Europe. […] Plusieurs Comédiens de nos jours sont estimables par leurs talents ; on ne doute point qu’ils ne le soient tous par leurs mœurs ; il faudrait encore qu’ils le fussent par leur état. […] Que l’art de Molière et de ceux qui l’ont suivi, en déguisant le danger, l’ont rendu plus grand, et que les talents des Auteurs dramatiques ne sont pas des titres pour justifier leurs Pièces.

115. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

Cet Abbé ne manquoit pas d’un certain talent ; il avoit de la gentillesse, & quelques petits traits assez fins & assez piquans ; aussi étoit-il de l’Académie Françoise, & fut-il canonsé au jugement de deux Evêques : mais on auroit bien dû épargner à sa mémoire le tort de produire au grand jour cette nouvelle comédie qui jure avec la gravité d’Ambassadeur, le caractere sacerdotal & le panégyrique épiscopal. […] Moliere amuse assez, son génie est folâtre ; Il a quelque talent pour le jeu du Théatre, Et pour en bien parler, c’est un bouffon plaisant Qui divertit le monde en le contrefaisant.

116. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

Jugeons par ce trait des largesses et du goût du Cardinal : Colletet, un des cinq favoris, n’avait en naissance, en fortune, en talents, en ouvrage, en bonnes mœurs, d’autre mérite que d’avoir su s’insinuer dans le bureau politique. […] D’un autre côté, un homme du commun pour la fortune et pour la naissance, homme simple et sans intrigue, fort bourgeoisement façonné, qui n’avait d’autre titre que la beauté jalousée de sa pièce, et d’autre protection que son talent, comme il dit lui-même avec plus de vérité que de modestie, « Je ne dois qu’à moi seul toute ma renommée», assez fier même dans son obscurité, et nullement courtisan.

117. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

Chants, danses, masques, discours, tableaux, intrigues, romans, parures,licence, assemblage de sexe, compagnies, passions, etc. tout s'y trouve à la fois, relève et assaisonne l'un par l'autre ; choix, délicatesse, raffinement, variété, multitude, assortiment, gradation, continuité, magnificence, éclat, profusion, tout y est porté à la perfection par l'esprit, l'étude, les talents, l'exercice, l'adresse. […] Mais ce sont des voix, des gestes, une âme, des talents, des grâces ; mais c'est une légèreté, une figure, une action, un goût !

118. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

Est-ce-là de l’esprit, du talent, de la poësie, ou plutôt folie & impiété ? […] Je ne sai si le Mercure, octobre 1774, a cru s’embellir, en rapportant comme bonne une Epître de près de quatre-vingts vers de l’Abbé de Chaulieu, & faire honneur au talent de son héros : il ne pouvoit lui rendre un plus mauvais office, & il s’est mal servi lui-même ; c’est bien la piece la plus plate & la plus basse. […] je suis belle ; toutes les préfaces & annonces des drames disent de même, j’ai un grand talent.

119. (1725) Mr. de Moliere [article des Jugemens des savans] « Mr. de Moliere, » pp. 339-352

Il ajoute que les beautés des Portraits qu’il fait, sont si naturelles qu’elles se font sentir aux personnes les plus grossiéres : & que le talent qu’il avoit à plaisanter s’étoit renforcé de la moitié par celui qu’il avoit de contrefaire.

120. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

On éleva un théatre dans l’appartement de Madame de Maintenon, son Mentor ; la Duchesse de Bourgogne, le Duc d’Orleans y jouerent avec les personnes de la Cour qui avoient le plus de talent.

121. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre I. Du Théâtre des Anciens. » pp. 2-24

Le talent brille dans l’un, un génie toujours créateur anime l’autre.

122. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [C] » pp. 391-398

Racine eut le talent d’éviter ces petites fautes : toujours élégant, toujours exact, il joignait le plus grand art au génie, & se servait quelquefois de l’un pour remplacer l’autre : cherchant moins à élever l’âme qu’à la remuer, il parut plus aimable, plus commode, & plus à la portée de tout Spectateur.

123. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

Le grand Corneille ne se rassura jamais entièrement sur l’abus qu’il avait fait de ses talents. […] Gresset renonça à travailler au théâtre dans le temps même que ses talents si enviés de Voltaire lui promettaient un nouveau genre de célébrité dans la carrière dramatique.

124. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

Les veuves Romaines s’enservoient pour se mettre dans le plus grand deuil, & mieux contrefaire les affligées, les Coëffeuses mortuaires s’accréditoient, & leur talent pour la parure les firent employer pour toute sorte de décoration, & les rendirent très-célebres ; d’autant mieux que dans le bon goût de la coquetterie, une parure en noir, a beaucoup de grace, il convient mieux qu’aucune autre au teint & à la phisionomie de certaines personnes. […] Guillaume Penn & Joseph Barclai, hommes d’un mérite supérieur, employerent tout leur bien, leurs travaux, leur crédit, pour établir les Quakers en Amérique, dans la Province qui porte le nom de Pensilvanie ; ils y fonderent une Eglise de leur Secte, & firent servir leurs talents pour séduire le peuple, & réduire en systême toutes les rêveries des Quakers ; ils y ont réussi.

125. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE III. Réformation de l’Abbé de Blesplas. » pp. 55-81

Ce n’est pas aux talens seuls, c’est au théatre même & à la corruption que la faveur est accordée ; le talent n’est que le prétexte. Est-ce au talent qu’on en veut quand on passe la nuit avec une Actrice ?

126. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

Un jeune homme entiché de la comédie Bourgeoise, a rejetté de sa troupe bénévole, un de ses amis à qui sans doute il croit peu de talent. […] C’est parce qu’on disoit à Le Sage qu’il falloit plaire au peuple ; c’est parce que le Sage croyoit, suivant son mot, qu’il valoit mieux faire de méchantes pièces que d’être Commis, qu’on l’a vu, avant de produire Turcaret, enfanter une centaine de médiocrités en Vaudevilles, louer son talent à des joueurs de Marionettes, s’épuiser en parodies forcées, en scènes à tiroirs, faire chanter des êtres métaphisiques incompatibles avec toute mythologie, charger Arlequin de la défense d’Homere, et malgré toutes ses ressources, essuyer souvent des chûtes à la foire.

127. (1770) Des Spectacles [Code de la religion et des mœurs, II] « Titre XXVIII. Des Spectacles. » pp. 368-381

» Marmontel, dans son Apologie du Théâtre, convient que « à l’égard des tentations auxquelles une Actrice est exposée, il en est qui dans la situation actuelle des choses, semblent comme inévitablesc ; on ne doit pas s’attendre, ajoute-t-il, de voir des mœurs pures au Théâtre, tant que le fruit du travail & du talent ne pourra suffire aux dépenses attachées à cette Profession ».

128. (1665) Réponse aux observations touchant Le Festin de Pierre de M. de Molière « Chapitre » pp. 3-32

Mais ne m’avouera-t-on point qu’il s’y prend bien mal pour nous persuader que la véritable dévotion le fait agir, lorsqu’il traite Monsieur de Molière de démon incarné, parce qu’il a fait des pièces galantes et qu’il n’emploie pas ce beau talent que la nature lui a donné à traduire la vie des saints Pères ?

129. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VI. De la Poésie de style. Si elle fait seule la destinée des Poëmes. » pp. 94-121

« Le Père Mallebranche, dit-il, a écrit contre la contagion des imaginations fortes, dont le charme, pour nous séduire, consiste dans leur fécondité en images, & dans le talent de peindre vivement les objets.

130. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Ils veulent que le talent du théatre réunisse tous ces éloges, comme s’il supposoit ou donnoit toutes les vertus, ou en tenoit lieu. Le gros de la nation au contraire refuse de voir autre chose que le talent dans l’homme qu’il distingue, & borne à l’estime qu’il doit à l’art, tous les sentimens sur l’artiste.

131. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

Après tout une piece bien jouée vaut un quartier bien prouvé, & suppose plus de talent que le plus vieux parchemin. […] Bouhours, Maniere de bien penser, qui d’ailleurs louoir le talent de Moliere, blâmoit avec raison les exagérations grossieres & gigantesques, communes dans ses pieces, par exemple, dans l’Avare qui a perdu sa cassette : Je n’en puis plus, je me meurs, je suis mort, le suis enterré, n’y a-t-il personne qui veuille me ressusciter ; je veux faire pendre tout le monde, & me pendre moi-même après ; montre-moi ta troisieme main , &c.

132. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

Qu'on loue, à la bonne heure, les vers, dont plusieurs en effet sont beaux, et qui séparés de la pièce, et ne servant pas à étayer et à masquer un édifice d'impiété, feraient honneur aux talents du Poète ; mais qu'on ose en exalter la religion, la morale, les bons effets, inviter l'Auteur à se livrer à ce genre de poésie, regretter que cette pièce ne soit pas reçue sur le théâtre, désirer qu'elle s'y établisse, il est fâcheux qu'une pareille inattention (et ce terme est bien doux) porte le sceau de l'autorité publique. […] On voit avec plaisir un tableau bien fait des choses hideuses, on admire la délicatesse du pinceau, l’artifice des Peintres (ou plutôt l'habileté, l'adresse, le talent, artifice suppose toujours quelque fraude).

133. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

L'élève du théâtre a dû aller bien secrètement à l'école, et en déguiser bien adroitement les leçons, s'il a fait quelque cas de sa réputation : la seule idée que ses talents étaient l'ouvrage des Comédiens l'eût décrédité sans retour.

134. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

La vertu étoit encore respectée, le mercure regrette que ce dramatique sur les fleurs de lys, n’ait pas continué une carriere où il montroit le talent le plus décidé, je regrette au contraire qu’il y soit jamais entré, & qu’au moment de terminer celle de sa vie, pour entrer dans l’éternité, il ait rappellé au public les écarts de sa jeunesse. […] Personne ne peut lui en disputer le mérite & la gloire, en joignant toutes ces qualités au talent du théatre qu’il avoit exercé dès sa jeunesse, il eût réussi mieux qu’un autre à remplir son projet d’histoire théatrale, & animer sur la scéne ce qu’il avoit dit dans son abrégé : nous aurions une histoire de France ; de la façon de Melpomene qui auroit usurpé les droits de sa sœur fameuse dans l’histoire.

135. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

Cet homme supérieur à ses ouvrages, dit le Grand Vocabulaire tom XI, pag 131 « Composa des piéces, & imita beaucoup Quinault … On l’a regardé comme le prémier des hommes, dans l’art nouveau de répandre des lumiéres, il a été sans contrédit, au dessus de tous les savans, qui n’ont pas eu le talent de l’invention. » C’est toujours le Grand Vocabulaire. […] Il a bouleversé tous les principes des mœurs, & a rompu tous les liens, qui attachent les hommes à Dieu, à leurs Supérieurs, à leurs égaux… Dans la Poësie, il a souvent prostitué son talent à l’impiété, & aux obscénités les plus infames… Voltaire impie acharné, qui a abusé de tous ses talens, pour se rendre le corrupteur de son siécle, & dont la mort aussi détestable que la vie, l’a fait rejetter avec horreur de la sépulture Chrétienne, qu’on n’a pu lui procurer, que par subtilité, dans un pays éloigné &c &c &c. » Un tel homme, Madame, n’étoit-il pas fait pour épurer nos Théatres ? […] Toutes vouloient parler en même tems ; mais moi, qui n’ai pas le talent de satisfaire, par une seule réponse, à des difficultés disparates, je pris le parti de leur demander grace, jusqu’à ce qu’elles fussent convenues de parler chacune à leur tour : la plus respectable eut enfin la préférence : voici son achyle. […] Je pris la liberté de finir, par la question suivante… Depuis quand a-t-on le talent de former la jeunesse à l’école de l’impureté, & où tout conspire à faire rougir la pudeur ?

136. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE V. Du Mensonge. » pp. 100-113

Le talent d’Acteur n’exige pas moins ce caractère double, pour jouer si fréquemment, si aisément, si naturellement, toute sorte de rôles, & tendre comme vraies & profondément senties toute sorte de passions factices.

137. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

On les voit si tendres et si passionnées qu’on désire être l’objet de cette sensibilité, et réaliser des fictions si séduisantesz. » Les talents de leur profession relèvent tellement les grâces de leur sexe, qu’elles semblent être des divinités qui intéressent d’autant plus qu’on a plus de discernement pour juger le mérite de leur jeu.

138. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

On reprochait à César, comme une grande faute, d’avoir obligé Laberius, Chevalier Romain, qui avait un talent singulier pour contrefaire les gens, et qui avait composé quelque comédie, de monter sur le théâtre et de jouer sa pièce.

139. (1836) De l’influence de la scène « De l’influence de la scène sur les mœurs en France » pp. 3-21

Soumis aux commotions de son époque, le poète y puisa ces traits si profondément pervers, qu’un talent inimitable rend encore plus odieux par leur contact avec des caractères si beaux, si grands, si parfaitement héroïques.

140. (1769) Dissertation sur les Spectacles, Suivie de Déjanire, Opéra en trois actes, par M. Rabelleau pp. -71

Le champ à moissonner sera toujours fertile, lorsque le Souvérain échauffera du feu de ses regards les germes du talent & du génie prêts à éclore. […] Ils avoient un talent admirable pour instruire des chiens, des ours & des singes.

141. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE II. L’Impiété du Théâtre Anglais. » pp. 93-168

Mais ce merveilleux talent, si rare ailleurs et si commun chez nous, ne s’y produit pas toujours sous la même forme : tantôt on exténue le mot affreux, auquel on change quelque lettre sans altérer par là le sens ; comme si on voulait éluder le crime, bien que l’on viole la loi : tantôt on ne fait que bégayer, on ne prononce le mot qu’à demi ; mais on laisse toujours assez entendre la chose : c’est comme une pièce de monnaie qui n’est point si tronquée tout autour qu’on n’y voie et la figure et le nom. […] pour tourner contre lui l’usage de leur raison, et les talents dont ils lui sont redevables ?

142. (1765) De l’éducation civile « De l’éducation civile » pp. 76-113

Ce n’est certainement point le génie qui nous manque ; nos voisins eux-mêmes en conviennent ; ce n’est que le goût des choses solides, & le talent de bien choisir l’objet de nos travaux.

143. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « La criticomanie — Autres raisons à l’appui de ce sentiment, et les réponses aux objections. » pp. 154-206

Et dans le même temps on disait contre à peu près aussi ce que disent les modernes contradicteurs, tout en rendant justice à l’art et aux talents de nos bons auteurs : que le recueil de ces ouvrages ne contient que des peintures dangereuses des passions les plus entraînantes, que des tableaux corrupteurs ; qu’on y voit l’intérêt sollicité le plus souvent en faveur du crime ; une plaisanterie perfide faisant naître le rire au lieu d’exciter l’indignation ; travestissant les vices en défauts brillants, les travers en agréments, les conventions théâtrales excluant la vraisemblance, le caprice des auteurs dénaturant les faits et les caractères ; des sentiments outrés, des mœurs postiches et des maximes bonnes pour amollir les cœurs et égarer l’imagination.

144. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Fêtes de Théatre. » pp. 169-185

& dès qu’il en paroît quelqu’un à Paris, d’un talent distingué, elle fait les plus folles dépenses pour l’attirer, ne fût-ce que pour quelques jours, ainsi fit-elle venir la célebre Gaussin, dont la conversion édifiante a réparé les scandales, ainsi depuis peu a-t-elle invité Bellecourt, acteur qui joue avec succès, dans le haut comique.

145. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Machiavel. » pp. 198-214

Un acteur doit avoir ce talent, &, pour bien rendre son rôle, accompagner les paroles de ce langage.

146. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VII. De l’idolâtrie du Théâtre. » pp. 143-158

Ses crimes sont montés jusqu’au ciel ; qu’elle soit aussi profondément confondue qu’elle s’est impérieusement élevée ; que ses tourments répondent à ses délices, sa misère à son opulence, ses larmes à sa joie profane, son désespoir à sa présomption : « Quantum in deliciis fuit, tantum date illi tormenta. » Tous les peuples, saisis d’étonnement, s’écrieront : Malheur, malheur à vous, infâme prostituée, si fière de vos attraits, de vos talents, de vos parures, de votre gloire, de votre volupté ; dans un moment vous ne serez plus.

147. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VIII. De la Folie. » pp. 163-179

C'est à peu près tout le mérite de Scarron, chez qui la création ou l'assemblage de quelques mots, ou l'union de quelques idées qui ne sont pas faites l'une pour l'autre, présentent un burlesque, qui après avoir fait rire deux o trois fois, ennuie et le fait mépriser : mérite méprisable dont se piquent ordinairement les Poètes comiques, qu'ils appellent talent de peindre par les sons, par mots pittoresques, et qu'ils empruntent le plus souvent des harangères, nation féconde en sobriquets, la plupart aussib as que celles qui les donnent et ceux qui s'en servent.

148. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

A travers tant de folies, on trouve pourtant des morceaux qui décelent le plus rare talent, des situations, des plus grands intérêts, des descriptions de la plus grande vérité. […] Il avoit pour ce genre une facilité incroyable, Les parens, aussi pédans que le précepteur, ne s’accommodoient point de ce beau talent ; ils le destinoient à la robe, & lui avoient acheté, une charge de conseiller au parlement.

149. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE X. » pp. 171-209

Ce n’est point sur vous en particulier que je fais cette sortie, Mademoiselle, votre talent suffisoit pour vous soutenir dans l’opulence, & vous n’avez eu, je crois, nul besoin d’y employer le commerce de vos bonnes graces ; mais vous devez rougir de votre confraternité.

150. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre I. Convient-il que les Magistrats aillent à la Comédie ? » pp. 8-25

Il n’est pas surprenant que ses talents supérieurs, alors peu développés, et sa science encore médiocre, ne lui aient pas obtenu la préférence sur son concurrent, homme formé, connu, et, à en juger par son style, bien plus agréable et plus intrigant, et qui d’ailleurs n’était pas sans mérite, comme il paraît par ses ouvrages, où l’on trouve une grande connaissance du droit, beaucoup d’érudition et de subtilité.

151. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

Le métier de Poëte n’est pas une profession dans la société, encore moins celui de Poëte Dramatique ; il n’est guere que le fruit de la paresse, de la légéreté, du libertinage ; peu favorisé de la fortune, sans distinction pour la naissance, la sagesse demandoit que Piron prit un état où il put gagner sa vie : il préfera l’indigence du Parnasse où le talent qu’il se sentoit lui faisoit espérer des lumieres & des trésors.

152. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE V. Réforme de Fagan. » pp. 110-128

Plusieurs pieces qui avoient réussi, ne marquoient pas moins son talent que le Vert-Vert & la Chartreuse.

/ 217