Qu’il est doux, ô mon Ursule, d’avoir dans son mari, un chef éclairé, vigilant ; un protecteur sage, tendre ; d’y voir un père, un ami, & sur-tout un amant !
qu’il semble doux aux cœurs longtems agités !..
Ils n’ont garde, tout gâtés qu’ils sont, d’apercevoir qu’ils se gâtent, ni de sentir le poids de l’eau quand ils en ont par-dessus la tête : et pour parler aussi à ceux qui commencent, on ne sent le cours d’une rivière que lorsqu’on s’y oppose : si on s’y laisse entraîner on ne sent rien, si ce n’est peut-être un mouvement assez doux d’abord où vous êtes porté sans peine, et vous ne sentez bien le mal qu’il vous fait que tôt après quand vous vous noyez.
Douce obscurité qui fit trente ans mon bonheur, il faudrait avoir toujours su t’aimer ; il faudrait qu’on ignorât que j’ai eu quelques liaisons avec les Editeurs de l’Encyclopédie, que j’ai fourni quelques articles à l’Ouvrage, que mon nom se trouve avec ceux des auteurs ; il faudrait que mon zèle pour mon pays fût moins connu, qu’on supposât l’article Genève m’eût échappé, ou qu’on ne pût inférer de mon silence que j’adhère à ce qu’il contient.
L’autre, avec un génie moins élevé, moins étendu, moins fort, moins fertile, mais plus soutenu, plus égal, plus doux, avoit trouvé le chemin du cœur & le secret d’intéresser toutes les passions (au profit des bonnes mœurs). […] Malezieux étoit en société de composition avec l’Abbé Genest, homme aimable, doux & liant par caractère, poli, homme de Cour, propre à figurer dans de pareilles fêtes par sa facilité à trouver des rimes. […] C’est un instrument de musique monte sur des tons plus ou moins doux ou forts. Corneille est une trompette qui rend des sons éclatans, Racine une flute qui les rend fort doux, Pradon est un sifflet qui les rend aigres.
La gloire de le perfectionner, de le rendre un Poème complet, était réservée à un siècle éloigné des anciens Romains, à des dèscendans reculés, qui n’ont ni leurs mœurs ni leur courage ; mais qui sont en récompense doux, honnêtes, bons dévots & grands Musiciens. […] Sa Poèsie douce, noble, élégante & vive, se prêtait à tout ce que la musique éxige. […] La jalousie, la fureur, agitent ceux qu’elles doivent enflammer ; l’amour y fait sentir ses loix à des cœurs dont il est vraisemblable qu’elles soient chéries : en un mot, je défie qu’on me montre le moindre sentiment mal placé ; c’est-à-dire, la perfidie dans l’âme d’une amante ; la férocité parmi des mœurs douces, &c. […] Il faut au Musicien des paroles douces & tendres, qui cachent sous une simplicité apparente des pensées grandes & majestueuses.
Car quelque insensé que l’on soit, on a néanmoins assez de courage pour ne pas craindre la mort ; parce qu’on la regarde comme un tribut dû à la nature : mais pour le plaisir, l’attrait est si puissant, que les plus sages n’en sont pas moins frappés, que les fous ; parce que le plaisir fait le plus doux charme de la vie pour les uns et pour les autres. […] Esprit en nous par notre tranquillité, notre douceur, notre modération, notre patience ; parce qu’il est de sa nature un esprit tendre, et doux : il nous défend au contraire de l’inquiéter par nos fureurs, par nos emportements, par nos colères, par nos chagrins. […] Je veux que dans ces spectacles il y ait des choses purement agréables, simples, modestes, quelquefois même honnêtes : faites réflexion cependant qu’on ne mêle pas d’ordinaire le poison avec le fiel, ou avec l’hellébore ; mais avec des liqueurs douces et agréables au goût. […] Du reste, quels doivent être ces doux avantages que l’œil n’a point vus, et que l’oreille n’a point entendus, et que l’esprit humain n’a jamais pu comprendre ?
On assujettit aux sens les plus grandes ames, on y représente comme doux & invincible l’ascendant de la beauté, on ne songe qu’à s’en rendre la servitude aimable. […] La symphonie au haut de la tour, qui d’abord étoit douce & gaie, tout-à-coup devint rude, lugubre, effrayante, annonça la confusion. […] Tout le public le juge de même, à l’exception de Voltaire, à qui l’Auteur a envoyé sa piece, & qui lui a répondu en vers fort médiocres : J’ai lu votre aimable Rosiere, malheur au dur attrabilaire qui lui reproche un doux baiser.
Jacques, d’où coulent des eaux douces et amères, la bénédiction et la malédiction. […] On voit de même que les personnages assortis aux caractères réussissent mieux ; un homme emporté prendra mal un ton doux et tendre, un esprit doux et modéré n’est pas fait pour les fureurs d’Oreste, le masque du vice embarrasse la vertu, le masque de la vertu ne sied pas bien au vice : Rien n’est beau, j’y reviens, que par la vérité.
Doux saisissement qui se change enfin en une source pure de volupté.
Remplissez vos scènes, non d’idées difficiles à combiner, à sentir, non d’expressions qui ne parlent qu’aux oreilles, mais de faits qui ébranlent l’ame, qui subjuguent le cœur ; mais de ces sentimens qui frappent les spectateurs, & s’emparent d’eux avec une douce violence.
Après avoir parlé de la taille, de la souplesse, de la légèreté & de l’oreille qu’il doit avoir ; il ajoute, qu’il n’est pas plus difficile de trouver un visage à la fois doux & majestueux.
Il préférerait de ma part des attaques inconvenantes et irrespectueuses qui tourneraient en ridicule notre sainte religion, afin d’avoir sans doute la douce jouissance si jésuitique, de me voir condamné comme sacrilège.
C’est ce qui arrive toujours, quand on n’en voit que l’image ; mais l’image ne peut plaire sans remuer le cœur, et ce mouvement qui l’amollit et le corrompt a d’autant plus d’effet qu’il est plus doux et qu’il avertit moins.
C’est en cela qu’est l’artifice du Théâtre, et c’est aussi en cela que consiste l’illusion et le danger : car on ne se défie point de l’amour ni de l’ambition, quand on en fait que sentir les mouvements, sans en éprouver les inquiétudes ; et cela arrive toujours quand on n’en voit que l’image ; mais l’image ne peut plaire sans remuer le cœur, et ce mouvement qui l’amollit et le corrompt, a d’autant plus d’effet qu’il est plus doux, et qu’il avertit moins.
Le mepris & l’indignation ne sont pas toujours employés par les hommes vertueux pour écraser les méchans ; ils s’en servent rarement au contraire, & n’ont recours à ces armes rigoureuses, que lorsqu’ils ne peuvent parvenir à les corriger par des voyes plus douces. […] Cette prétention monstrueuse, qui prend sa source dans l’humeur, pénetre aisément toute l’ame, si la raison n’oppose une digue à la rapidité du torrent, & ne nous ramene à des sentimens plus doux : on devient cruel & vicieux en prêchant sans cesse la vertu & l’humanité : on substitue le chagrin, la colere, les passions les plus incommodes à la société, à la place de l’honneur & de la probité qu’on a sans cesse dans la bouche, & dont on a défiguré les idées dans une imagination déréglée, & l’on finit comme Alceste par chercher sur la terre un endroit écarté, où d’être homme d’honneur on ait la liberté ; c’est-à-dire, homme d’honneur à sa maniere, en vivant seul. […] Ils sont tranquilles, ils ne troublent point l’ordre public : victimes d’un préjugé qui les flétrit moins que ceux qui en sont prévenus, ils trouvent dans l’art même qu’ils professent, des ressources contre l’anéantissement où devroit les plonger l’opinion de la multitude : organes journaliers des plus sublimes leçons de vertu, il n’est pas possible que leur ame n’en acquiere le goût : ils se font aimer : les personnes sensibles aux agrémens de la société recherchent leur commerce, & cultivent leur amitié : ils sont ordinairement doux & civils. […] Il avoit imaginé le projet de l’établissement d’une Cour de raison, où l’on devoit employer d’abord les remedes les plus doux, les plus efficaces ensuite, jusqu’aux petites maisons inclusivement, pour temperer les ebullitions de l’esprit, & corriger les écarts de l’imagination.
L’esprit philosophique qui l’a dictée serait de même date parmi nous, et peut-être eût épargné à la nation Française, d’ailleurs si paisible et si douce, les horreurs et les atrocités religieuses auxquelles elle s’est livrée. […] Elle ne réveille en nous la plus puissante et la plus douce de toutes les passions, que pour nous apprendre à la vaincre, en la faisant céder, quand le devoir l’exige, à des intérêts plus pressants et plus chers. Ainsi elle nous flatte et nous élève tout à la fois, par l’expérience douce qu’elle nous fait faire de la tendresse de notre âme, et par le courage qu’elle nous inspire pour réprimer ce sentiment dans ses effets, en conservant le sentiment même. […] L’amour sera pour lors entre les deux sexes ce que l’amitié la plus douce et la plus vraie est entre les hommes vertueux ; ou plutôt ce sera un sentiment plus délicieux encore, le complément et la perfection de l’amitié ; sentiment qui dans l’intention de la nature, devait nous rendre heureux, et que pour notre malheur nous avons su altérer et corrompre.
Voilà M. le doux poison de la vie civile & la maladie contagieuse qui corrompt les meilleurs naturels, lors qu’ils imitent plutôt les vices d’autruy qui nous entraînent par une force agreable, & qui flatte la nature, que les vertus qui nous attirent par un charme contraire, qui choque ses inclinations : & c’est si je ne me trompe cette pernicieuse inclination d’imiter tout ce qui se passe dans le monde, qui a donné le commencement à la comedie, & la naissance aux Comediens. […] Quoy, l’on verra l’histoire de leurs vies mêlée d’intrigues d’amour & d’incidens de galanteries, & representée par des vers qui expriment & émeuvent les passions d’une maniere si forte & si douce, qu’en faisant les portraits de ces saints & de ces saintes, ils font paroître avec éclat leurs petites foiblesses, & obscurcissent leurs plus grandes vertus. […] L’experience nous apprend que comme les especes du vice frappent les gens d’une maniere plus douce & plus agreable, & qu’elles sont de plus fortes impressions dans l’ame que toutes les images de la vertu, ce n’est pas merveille si le cœur en est plûtôt corrompu, & si toutes les passions en sont plus promtement déreglées. […] Cét illustre Penitent ne parloit point là à mon sens, des spectacles sanglans, dans lesquels un gladiateur, ou un lyon étoit la victime sacrifiée au divertissement du peuple, la mort ny le carnage ne faisoit point le plaisir d’Augustin, son cœur étoit occupé d’une passion plus douce & plus tendre, amare & amari mihi dulce eratIdem c. 2. , non dit-il, rien ne me paroissoit plus doux dans la vie, que d’aimer & d’estre aimé ; & c’est pour cela, ajoûte-t-il, que tunc in theatricis congaudebam amantibus ; je me réjoüissois avec ces heureux & fortunés amans de theatre & de comedie, cum sese fruebantur per flagitia , sur tout lors qu’ils pouvoient acheter au prix de plusieurs crimes, le fruit de leur amour ; quamvis hæc imaginarie gererentur in ludo spectaculi , je ne laissois pas de gouter un veritable plaisir dans ces avantures imaginaires.
C’est une douce violence que le Théâtre fait au spectateur, pour l’intéresser à l’action, & lui cacher la source de ses plaisirs.
O douce vie !
Mais pour remonter plus haut, Aristote nous en instruit par un beau discours en ses Problèmes, où il écrit que les tons ou modes qu'il nomme Soudoriens et Souphrigiens, qui étaient deux manières de chanter, n'étaient point usités dans les chœurs des Tragédies, parce qu'ils n'étaient pas assez doux et modérés, et qu'ils étaient magnifiques, impétueux et violents, mais au contraire, ils étaient propres et familiers aux Scéniques, parce que la scène imite les paroles et les actions des Héros ou Demi-Dieux, c'est-à-dire des Chefs des Armées, dont les anciens faisaient seulement leurs Héros ; ceux des autres conditions n'étant estimés que de simples hommes.
Ils ne peuvent souffrir son langage qu’autant qu’il est tempéré par un langage plus doux, et racheté par des maximes qui s’accordent mieux à leurs faiblesses.
Comme si les vives images d’une tendresse innocente étaient moins douces, moins séduisantes, moins capables d’échauffer un cœur sensible, que celles d’un amour criminel à qui l’horreur du vice sert au moins de contre-poison. Mais, si l’idée de l’innocence embellit, quelques instants, le sentiment qu’elle accompagne, bientôt les circonstances s’effacent de la mémoire, tandis que l’impression d’une passion si douce reste gravée au fond du cœur. » « On prétend nous guérir de l’amour par la peinture de ses faiblesses. […] Le savoir, l’esprit, le courage ont seuls notre admiration ; et toi, douce et modeste Vertu, tu restes toujours sans honneurs !
Dès-lors ce ne furent plus les jeunes épouses qui trompèrent les vieux maris ; ceux-ci sont devenus les trompeurs ; oui, ces espiègles ont fait faux bond à leurs fidèles moitiés ; ils ont eu à leur tour des intrigues, des confidentes ; ils ont reçu des lettres secrètes, des poulets ou billets doux ; ils en ont écrit, ils ont donné des rendez-vous aux jeunes femmes qui avaient alors beaucoup d’attentions pour eux, qui les flattaient, qui leur souriaient agréablement en signe d’affection, ou du moins de reconnaissance. […] Les femmes n’avaient rien de plus précieux que les prérogatives de leur sexe ; elles préféraient à de plus doux plaisirs les jouissances de leur propre estime et de l’estime des autres. […] Oui, d’après toutes les traditions qui les concernent, la douce harmonie d’un commerce pur régnait dans ces assemblées composées de l’élite du sexe, de femmes douées des plus belles qualités de l’âme, dont les petits défauts qu’on leur reprochait tenaient, pour la plupart, à ces qualités supérieures.
Les Français dont les larmes couloient avec Bérénice, dédaignent aujourd’hui les passions douces & naturelles. […] Le style en est plus noble, les idées plus belles, les expressions plus douces, la doctrine plus pure que la conversation d’un tas d’esclaves ; d’hommes & de femmes de mauvaise vie, de jeunes libertins, ou de vieux bourgeois qui forment tout son théatre, & quelque pure qu’en soit la latinité ; on n’apprendra jamais autre chose qu’un style bourgeois, des conversations qui ne préparent un jeune homme ni au barreau, ni à la Cour, ni à la chaire, ni à l’armée, ni à la société du beau monde. […] Il étoit de la société la plus douce.
il se l’arrache à lui-même, & se prive du plus doux plaisir de la société, en perdant la pudeur. […] Ainsi maintiendroit-on sincerement le doux empire de toutes les vertus. […] (Charmantes un jour voit naître & mourir, votre éclat si doux) : Je mourrai bien-tôt après vous, plutô que vous peut-être.
C’est qu’il se formoit aux théâtres, où tous les citoyens, sans distinction, étoient admis ; dans les fêtes publiques, où les grands poëtes et les grands historiens récitoient leurs belles compositions et disputoient le prix ; et dans les places publiques où il entendoit l’éloquence, tantôt douce, tantôt foudroyante, de ses orateurs. […] Depuis près d’un an, avant la révolution, le peuple n’étoit plus si doux, si facile à conduire. […] un roi, maître suprême, En qui vous révérez la Divinité même : Des grands, que son pouvoir a seul rendu puissans ; Du bras qui les soutient, apuis reconnoissans : Un peuple doux, sensible….. une famille immense, A qui le seul amour dicte l’obéissance ; Qui laisse tous ses droits à son pere asservis, Sûre qu’il veut toujours le bonheur de ses fils.
Or si jusques sous les yeux du Roi, sous la direction d’une Dame pieuse, dans une communauté religieuse, dans un sujet tout saint, un Poëte naturellement poli, doux, modeste, d’une morale sévère, & même alors converti, n’a pas épargné les personnes de la Cour les plus distinguées, un Ministre puissant, le Roi lui-même & le Pape, quelles mesures doivent garder dans un théatre public un vil amas d’Acteurs, sans naissance, sans éducation, sans religion & sans mœurs ? […] A cette source féconde l’homme le plus borné va s’aguerrir, le caractère le plus doux va se nourrir de poison ; à cet attelier, à cet arsenal public de médisance, toute une ville va se fournir d’armes dont il se fera mille blessures, les aiguiser, apprendre à les manier, & enfoncer le poignard en riant.
Les belles courses se font dans les Carrieres justes & reglées ; l’adresse paroît davantage dans la justesse que dans le desordre ; & la modestie a des appas plus fins & plus doux que l’échapement & que la debauche. […] Car il ne faut pas qu’il découvre toutes choses, de peur de violer le mystere, & de risquer les plaisirs de la surprise, qui sont les plus doux que donne le Spectacle. […] Ils font les cadences aussi justes, les tremblemens aussi doux, & les diminutions aussi regulieres que les voix les mieux instruites, & que les Instruments les plus parfaits. […] Car ce seroit une lourde & grossiere faute de faire le Masque de Bachus aussi doux & aussi tendre que celuy de l’Amour ou de Venus. […] Ce soûlagement est encore suivy d’une douce satisfaction.
Sous cette puissance plus aimable, plus indulgente pour les passions, le rafinement présente à l’homme ces passions sous des couleurs plus douces.
Ce gentilhomme, si bien élevé, si doux, si judicieux, vomit plus de grossieretés contre son écuyer que la plus brutale harangere ; il lui donne des coups de lance sur la tête, l’étend presque mort à ses pieds.
En vérité vous êtes plus blanche que votre lait ; mais vous n’êtes pas si douce à beaucoup près.
C’est de là que naît dans les âmes pieuses, par la consolation du Saint-Esprit, l’effusion d’une joie divine ; un plaisir sublime que le monde ne peut entendre, par le mépris de celui qui flatte les sens ; un inaltérable repos dans la paix de la conscience, et dans la douce espérance de posséder Dieu : nul récit, nulle musique, nul chant ne tient devant ce plaisir ; s’il faut pour nous émouvoir, des spectacles, du sang répandu, de l’amour, que peut-on voir de plus beau ni de plus touchant que la mort sanglante de Jésus-Christ et de ses martyrs ; que ses conquêtes par toute la terre et le règne de sa vérité dans les cœurs ; que les flèches dont il les perce ; et que les chastes soupirs de son Eglise, et des âmes qu’il a gagnées, et qui courent après ses parfums ?
Société dont la seule description est si séduisante, qu’elle a fait plus d’une fois regretter aux disciples de la nature et de ses doux penchants, de n’être qu’une agréable chimère, impossible à réaliser.
Mourons : quel doux moment ! […] L’Auteur ne connoît ni les Communautés ni les familles pieuses, quand il donne pour de la violence une éducation douce, pieuse, honnête. […] Monval m’occupoit seul, & remplissoit mes heures, Lorsque tout sommeilloit dans l’ombre de la nuit, Même durant le jour craignant d’être obsedée, Craignant qu’on m’arrachât à cette douce idée, Mon ame autour de lui recueilloit ses plaisirs. […] Cet esprit foible est aussi-tôt changé, un mot la porte plus au mal que dix ans de la société la plus douce & la plus pieuse ne peuvent lui faire croire le bien ; elle ne voit que des monstres : Omnia tuta timens : On séduit ma candeur, on veut m’en imposer, Et tout ce que j’aimois conspire à m’abuser.
Et il n’est personne à qui il soit aisé d’en imposer sur la façon de les rendre : s’il est tendre, affectueux, compatissant ; on connoit le cœur humain, & personne n’ignore le ton qui lui est propre : qu’il soit enfin, ce rolle, doux, & bienfaisant, feroce & dur, sec & froid, triste & morne, sauvage, & héréssé : ce sont autant de caractéres dont chacun porte l’idée en quelque sorte & le sentiment en soi ; tout le monde sçait leur langage, & l’expression qui leur convient. […] Il s’agit d’arranger l’expression avec la chose, le relief avec les situations, le coloris avec les traits ; varier les tons : être tantôt sec & coupé ; diversifier le geste : être ici imposant & décisif ; là vif & décousu ; s’élever sans enflure, rabattre sans brusquerie, trancher sans vivacité, être fort sans dureté, doux sans mollesse, gracieux sans prétention, simple sans art, & noble sans étude : y a-t-il rien qui demande tant de justesse & de précision, tant de tact, & de discernement ? […] L’esprit en devient-il plus léger, la raison plus active, le caractére plus liant, les mœurs plus douces ? […] Ajoutons à tout cela, l’habileté d’une marche compassée, l’adresse d’un intérêt ménagé, l’attente facile & naturelle d’un denouement préparé : y a-t-il rien de si propre à combattre l’ennui, à soutenir l’agrément, à maintenir l’esprit dans l’état gracieux de la plus douce sérénité.
Occupés d’abord de leurs premieres conquêtes sur les Carthaginois, & de leurs dissentions domestiques, les Romains n’aimoient alors que les fêtes où ils célébroient leurs triomphes par des jeux où le sang des hommes & des animaux étoit répandu ; & leurs mœurs ne devinrent plus douces, qu’après que, vainqueurs des Perses & des Grecs, ils firent passer dans Rome toutes les richesses de l’Asie. […] Quel doux commerce de sentimens, quelle volupté pure, quelle harmonie divine résulteroient de ces accords mutuels de tendresse ! […] On entend aussi, dans cet opéra, chanter sur la breche de la forteresse que l’on vient d’emporter d’assaut, un air commençant par ces mots : Dans ces asiles doux & tranquilles, &c.
Si sa vertu ne doit pas être entièrement exempte de faiblesse, il ne faut pas aussi que ce soit un scélérat insigne ; les Grecs qui aimaient à voir la scène ensanglantée, représentaient souvent sur leur Théâtre, des hommes fort vicieux, ou du moins qui avaient commis de grands crimes : Œdipe, Oreste, Alcméon, Médée, Thyeste étaient de ce caractère ; ainsi le spectateur était toujours dans la terreur et dans l’effroi ; mais la pitié est incomparablement plus douce, et plus conforme à l’humanité : Ainsi dans le choix que le Poète fait de ses Héros, il ne doit point en introduire sur la scène, qui soit coupable de quelque crime énorme. […] Les parricides, les incestes doivent être suivis de châtiments proportionnés à la noirceur de ces grands crimes ; mais les disgrâces des personnes moins coupables que malheureuses, font une impression plus douce ; c’est ce qui attire ces larmes de compassion, qui attendrissent l’âme, et qui causent un plaisir si délicat. […] Le Théâtre des Anciens doit nous faire conclure, que leurs mœurs étaient sauvages et barbares ; ils aimaient à voir sur la scène des carnages et des massacres : Nos mœurs sont maintenant plus douces, plus polies, plus humaines ; nous ne pouvons voir qu’avec horreur la scène ensanglantée ; il faut que l’on ménage nôtre délicatesse par des récits, qui nous apprennent le détail de ces actions barbares, dont nous ne pouvons souffrir la vue.
Calomnies, puisqu’à la passion près qu’il a combattue, c’étoit un bon père qui l’avoit bien élevée, & même bien placée, puisque l’état de Vestale étoit l’état le plus doux & le plus brillant de Rome. […] La vertu même, ailleurs si douce & si paisible, Y fait notre supplice, & le rend plus sensible.
Le parler élégant, la propriété du langage, les douces Métaphores, la licence des mots et des sentences lesquelles embellissent les oraisons,Quint. li. 10. ch. 2. ex Theophrasto. […] qu’Hercule fut grandelet, il s’en alla en un désert, et que deux femmes se présentèrent à lui, desquelles l’une était fort belle, parée de toute sorte de pierreries riches, reluisante de pourpre, et parfumée de senteurs fort odoriférantes, laquelle usant de douces paroles et emmiellées, le demandait pour compagnie, lui promettant de lui donner tous les plaisirs et voluptés qu’il savait souhaiter : l’autre habillée en une bonne dame et sage Matrone, sans parure, sans dorure, sans odeurs, la tête baissée, l’assurait, que s’il la voulait suivre, il souffrirait premièrement beaucoup de travaux et de labeurs : mais qu’enfin il ne serait point mortel, comme l’autre lui promettait, ains serait immortel.
Distributrices des douces liqueurs. […] La Comedie est vne representation naïue & enjoüée d’vne auanture agreable entre des personnes communes ; à quoy l’on ájoûte souuent la douce Satyre pour la correction des mœurs. […] Mais outre les grandes qualitez necessaires au Poëte & à l’Acteur ; il possedoit celles qui font l’honneste homme, il estoit genereux & bon ami, ciuil & honorable en toutes ses actions, modesté à receuoir les eloges qu’on luy donnoit, sçauant sans le vouloir parêtre, & d’vne conuersation si douce & si aisée, que les premiers de la Cour & de la Ville estoient rauis de l’entretenir. […] Distributrices des douces liqueurs. […] Ces Distributrices doiuent estre propres & ciuiles, & sont necessaires à la Comedie, où chacun n’est pas d’humeur à demeurer trois heures sans se rejouir le goust par quelque douce liqueur : mais elles ne peuuent entrer dans le rang des Officiers, parce qu’elles ne tirent point de gages des Comediens, & qu’au contraire elles leur rendent tous les ans de leurs places dans chaque Hostel iusqu’à huit cens liures.
Dieu a envoyé à son peuple les Jérémie lamentables, pour gémir sur les iniquités du monde ; les Ezéchiel terribles, pour épouvanter les cœurs endurcis dans leur péché ; les Daniel tendres, pour les attirer par le desir des récompenses, à l’amour de la vertu ; les Isaïe élevés & sublimes, pour leur réveler les plus profonds mystéres de sa grace & de sa miséricorde ; en un mot ces hommes tout de feu, pour les embraser d’une ardeur toute céleste dans le service de Dieu : mais il ne leur a jamais envoyé des farceurs publics, pour les brûler d’un feu criminel, en leur montrant par de charmans portraits combien il est doux de pécher sans contrainte, & de parvenir sûrement aux plus injustes desirs. […] Comme un salpêtre qui prend feu à la moindre étincelle, elle se porte avec ardeur à des désordres quelle n’entend qualifier que d’agréable servitude, que d’aimables chaînes, que de doux martyre ; & le démon, comme un troisiéme ennemi, le plus artificieux de tous, ne tarde guéres à achever par ses secrets enchantement ce que le monde, la chair & les passions lui ont préparé de victoires.
Quinault étoit d’un caractere doux, poli, honnête, & la Grange caustique, acariatre, emporté ; aussi leur sort fut-il sort différent. […] L’un étoit aussi doux que l’autre étoit caustique.
Il est dans ce pays de quoi se contenter, Car les femmes y sont faites à coqueter ; On trouve d’humeur douce & la brune & la blonde, Et les maris aussi les plus benins du monde. […] si plaisante & si douce !
Ainsi ceux qui aiment les jeux, le bal, la comédie, et qui suivent le luxe et les vanités du siècle, ne veulent point entendre traiter chrétiennement ces matières, afin de pécher plus librement et sans inquiétude, et comme leur goût est dépravé, ils trouvent de l’amertume dans les viandes les plus douces. […] Ils y voient un spectacle, qui flatte tous les sens, qui remplit leur esprit de vanités, qui amollit leur cœur par le son ravissant des violons et des instruments, qui flattent les oreilles, et qui charment et enlèvent l’âme par une douce et agréable violence.
Ils abandonnèrent les routes battues ; préférèrent le plus piquant au plus agréable ; le mélange confus des teintes, aux charmes d’un coloris naturel, la multitude des incidens, au doux prestige d’une action simple ; enfin, le merveilleux au beau.
L’on pourrait néanmoins y apporter d’autres remèdes plus doux, plus Chrétiens, et moins violents.
Mais j’entends de doux sons ; et la Vestrisae arrive, On dirait qu’elle veut, par sa marche lascive ; Du libertin Boucheraf , échauffant le cerveau, A peindre Messalineag, exciter son pinceau : O toi qui sans danser, te pâmant en mesure, Fais passer dans nos cœurs un rayon de luxure ; Quand te reverra-t-on, pour ton bien, notre honneur, Pour le repos du monde, et ton propre bonheur, En pet-en-l’air de gaze, au retour du Théâtre, Prodiguant tes trésors de corail et d’albâtre ; De ces fiers ennemis contre nos jours armés.
Vous pouviez employer des termes plus doux que ces mots « d’empoisonneurs publics », et de « gens horribles parmi les chrétiens ».
Le théâtre, leur dit-il, est un champ perfide ; pour être douces, les blessures qu’on y reçoit, n’en sont pas moins meurtrières, pernicies delicata, &c.
Le théâtre, leur dit-il, est un champ perfide ; pour être douces, les blessures qu’on y reçoit, n’en sont pas moins meurtriéres, pernicies delicata, &c.
Ma sœur, des momens bien doux ont suivi celui-là.
« Le luxe, dit Mézerai, qui cherchait partout des divertissements, appela du fond de l’Italie une bande de comédiens dont les pièces, toutes d’intrigues, d’amourettes et d’inventions agréables pour exciter et chatouiller les douces passions, étaient de pernicieuses leçons d’impudicité.
malgré mille précautions, une femme honnête et sage, exposée au moindre danger, a bien de la peine encore à se conserver un cœur à l’épreuve ; et ces jeunes personnes audacieuses, sans autre éducation qu’un système de coquetterie et des rôles amoureux, dans une parure immodeste, sans cesse entourées d’une jeunesse ardente et téméraire, au milieu des douces voix de l’amour et du plaisir, résisteront à leur âge, à leur cœur, aux objets qui les environnent, aux discours qu’on leur tient, aux occasions toujours renaissantes, et à l’or auquel elles sont d’avance à demi vendues !
Si dès à présent on établit dans un grand Etat un Bureau pour diriger les spectacles vers les mœurs désirables de la société, si par les prix qu’elle distribuera aux Poètes qui plairont le plus et qui dirigeront le mieux leurs ouvrages vers la bonne morale, il arrivera avant trente ans que les pères et les mères les plus sages mèneront leurs enfants à la Comédie comme au meilleur Sermon, pour leur inspirer des sentiments raisonnables et vertueux, il arrivera que dans toutes les villes, de trente mille habitants il y aura aux dépens du public des théâtres et des Comédiens, afin qu’avec peu de dépense les habitants médiocrement riches puissent assister au spectacle, et l’on verra ainsi le plaisir contribuer au bon gouvernement, ce qui est le sublime de la politique ; car qu’y a-t-il de plus estimable que de mener les hommes par le chemin des plaisirs innocents et actuels, à une diminution de peines, et même à d’autres plaisirs futurs, la nation se polirait de plus en plus jusques parmi le peuple, les sentiments de vertu entreraient avec le plaisir dans les cœurs des Citoyens, et par le perfectionnement de nos mœurs, la société deviendrait tous les jours plus douce, plus tranquille et plus heureuse, et c’est le but que je m’étais proposé dans ce Mémoire.
La versification même est dure, entortillée, sans graces, sans naturel, quoique dans une langue douce, coulante. […] C’est dans ce livre détestable que paroit la corruption, qui d’une douce passion a fait un art abominable. […] L’esprit, selon lui, est déplacé dans la galanterie, le cœur & les sens y ont moins de part, ils sont moins flattés, il partage l’attention, & fait diversion au cours doux & tranquille de la sensation délicieuse.
Le goût dominant est la volupté, le plus sur moyen de plaire, est d’irriter les mouvemens de la sensualité ; par conséquens de fortifier, d’embellir, de conserver la couleur, la fraîcheur, la délicatesse du teint, c’est à-dire, la carnation naturelle, ce sont les Lys & les Roses, & non les paillettes d’or, qui vont au cœur ; l’or au contraire, au lieu de se fondre & de s’incorporer avec les couleurs naturelles, douces & tendres, tranche, tenir, donne un air rude, un ton livide, annonce la magnificence, mais n’allume point la passion, on le répandra sur les habits, par vanité, jamais sur le coloris par volupté. […] Si c’est être doux, humble, chaste, mortifié, pieux, si c’est porter les ornemens de chrètiens, alors nos Adversaires sont de bons chrétiens, & nous sommes des fous, & des fantasques, en nous contentant de ce que la necessité & la commodité demande, & regardant le reste comme superfliu.
Il faut en enrageant se taire, & filer doux. […] Auparavant poli, caressant, doux, aimable, on devient brusque, dur, indifférent, capricieux, intraitable.
Leur état, quoique propre à leur faire mener une vie douce & aisée passe pour infame. […] Comparez une Actrice avec une Religieuse, & pour mieux sentir le contraste, imaginez une Religieuse sur le théatre au milieu des Actrices, une Actrice dans un chœur de Carmelites au milieu de la Communauté ; comparez cette guimpe, ce bandeau, ce voile, ce scapulaire, cette robe ; avec ce rouge, ces cheveux frisés, ces riches habits, ces parfums, ces pierreries, cette immodestie ; comparez ces yeux baissés, ces regards modestes, ce maintien honnête, ces démarches mesurées, cette voix douce & ferme, avec cette légèreté, ces transports, cette mollesse, ces langueurs, ces regards passionnés, ces yeux perçans, ces tons efféminés, ces attitudes séduisantes ; comparez leurs actions, leurs discours, le chœur où l’on chante les louanges de Dieu, le théatre où l’on célèbre la Déesse d’Amathonte, ces cellules où se pratiquent tant de mortifications, ces coulisses où se prennent tant de libertés, ces parloirs où l’on ne reçoit que des visites de charité ou de bienséance, ces loges où l’on donne des rendez-vous à ses amans, ces discours pieux où l’on ramène tout à Dieu, ces entretiens licencieux qui ne respirent que le plaisir, la débauche, la malignité, ces repas dissolus, ces soupers fins, poussez bien avant dans la nuit, cette vie sobre & frugale, austere même, où la loi du jeûne laisse à peine le nécessaire.
La prude, l’ignorante, la fidèle, la modeste, la douce, la complaisante, la laide qui se pare, la vieille qui se rajeunir, l’Actrice vendue à un jaloux, & de son côté l’homme qui veut séduire quelque femme, tout est comédie en amour, jusqu’à l’amour même qu’on fait semblant d’avoir. […] Il est bien-venu partout, d’un caractère doux, d’un commerce agréable ; c’est un phénomène, ses mœurs ne sont pas moins rares que ses talens.
Certes, ses faiseurs n’ont point hérité des graces douces et fines, qui enchantent dans l’Oracle, dans Pygmalion, même dans Zénéide. […] La pitié se mêle chez eux à la colère, lorsque sur les fronts de ces enfans, ils remarquent, à travers l’audace et la malice qui déjà renforcent leurs traits, un reste touchant d’ingénuité, douce vertu de cet âge.
L’amour conjugal, l’amour paternel occupent aussi la Scène à leur tour : c’est toujours le même sentiment pour le fond : ce que m’inspire une jeune Beauté ; cette douce chaleur qu’elle excite dans mon cœur ; cet enchantement que cause sa présence & qui se répand sur tout ce qui l’environne, sont la source de l’attachement que je dois éprouver un jour pour les enfans qu’elle m’aura donnés. […] Ce serait les priver du plus doux des plaisirs, & de l’exercice de la plus noble de leurs facultés. […] Des Arcis & moi, sommes obligés de vous laisser : Mesdames, nous allons prendre des soins bien doux ; ils auront pour but de vous rendre inséparables. […] C’est encore aujourd’hui le sentiment de tous les Théophilomanes, qui criminent le doux penchant de la Nature, & par de fausses conséquences d’un principe vrai, regardent le chef-d’œuvre de la Sagesse divine, comme une imperfection de la nature humaine ; qui voudraient que l’Epoux aimât sa Femme comme ne l’aimant pas, qu’il en usat comme n’en usant point : plaisante manière en vérité ! […] Ce mot Psyché signifie âme : les plaisirs des sens ne sont pas les plus doux de l’amour… Hem !
Enfin, l’esprit philosophique qui régne dans ce siécle, regarde ces pressentimens, ces douces émotions que nos Poëtes mettent dans le cœur de deux personnages, unis sans le sçavoir, par les liens du sang, comme un brillant préjugé, une antique chimère.
Place-t-on au premier rang, dans le Temple de Mémoire, les machines de l’Opéra, dont le jeu cause une si douce surprise ?
L’obscénité sans voîle, exciterait tout-au-plus quelques mouvemens grossiers, mais peu durables, puisqu’on ne pourrait se les rappeler avec cette voluptueuse sécurité, toujours si douce & si dangereuse.
Voilà qui est plus que capable de nous préserver de l’ennui, et de causer à notre cœur de douces émotions sans le laisser en proie à ces folies des folies, comme les appelle saint Augustin, « et non daretur turpis præda nugatilibus ».
Ainsi donc notre profession est et utile et délectable et au Prince et à ses sujets, nous purgeant outre tout cela de tous attentats, de tous crimes de lèse-majesté divine et humaine, qui ne nous banniront jamais, aidant Dieu, de l’agréable clarté de ce grand soleil de clémenceag, aussi doux et prompt au pardon que vaillant et courageux aux alarmes.
Pour moi la Vérité, cette chaste Fille du Ciel, siège dans mon sein ; elle fait mes délices, & je sens une joie voluptueuse à suivre ses douces impressions. […] Les Anglaises sont douces & timides, les Anglais sont durs & féroces … … … … … A cela près tout est semblable. » Un petit Homme & un grand mis en parallele (quoique cela ne soit pas possible) doivent être selon lui, semblables par le contraste même ; quelle impertinence ! […] Si les Acteurs, dis-je, entraînés par l’exemple fatal des Actrices suivent ce torrent inévitable dont la source est la débauche, pourquoi les Anglais durs & féroces ne prennent-ils pas l’esprit doux & timide de leurs compagnes aimables ? […] Lucius qui était l’aîné, homme hardi, fier & cruel, eut une femme d’un esprit doux, raisonnable, pleine de tendresse & de respect pour son père ; Aruns qui était le cadet, beaucoup plus humain & plus traitable que son aîné, trouva dans la jeune Tullie une de ces femmes entreprenantes, audacieuses, & capables des crimes les plus noirs. […] « On voulut recommencer la Danse, il n’y eut plus moyen ; on ne savait plus ce qu’on faisait, toutes les têtes étaient tournées d’une yvresse plus douce que celle du vin.
Nous sommes convenus par exemple, que si un homme naturellement doux & moderé, vient à perdre ou son Fils ou quelque autre chose qui lui soit extrêmement chere, il portera plus patiemment cette perte que ne seroit un homme d’une autre humeur. […] Ce n’est point une douce Terreur dont les Atrées, les Œdippes, les Phedres nous remplissent : ainsi l’on pourroit croire que Boileau, toujours si exact dans ses expressions, ne l’a point été dans ces deux Vers. […] Je ne prétens pas que ceux de nous qui vont tous les jours à la Comédie, soient plus doux, plus humains, plus charitables, que ceux qui n’y vont jamais.
« L’éloquence plus vive et plus emportée dans une République, dit le Père Brumoy, est plus douce et plus insinuante dans une Monarchie »1 ; cette différence résulte de celle des Gouvernements. […] Voilà les motifs qui rendent l’éloquence dans une Monarchie moins vive, mais plus douce et plus insinuante. […] La scène d’un jeune homme, d’un caractère doux et bienfaisant, qui cependant, emporté par les fumées du vin, vient de jeter une assiette au visage d’un de ses meilleurs amis, contient des réflexions et en fait faire de si sensées à tous ceux qui l’écoutent ou qui la lisent, qu’on peut présumer que des scènes dans ce goût, et destinées à la même critique, feraient une impression très utile dans le cœur de nos ferrailleurs étourdis.
Des l’annonce de sa réponse, et sur cette annonce seulement, j’ai presque désiré, je l’avoue, que mes raisonnemens fussent détruits de fond en comble, et qu’il me fùt impossible de répliquer, tant il me semblait doux d’être détrompé et ramené à l’opinion d’un homme aussi éclairé que M. le missionnaire Desmares.
Qu’il est doux même, en remarquant les foiblesses dont l’humanité est capable, d’admirer en même tems les beautés qu’elle nous présente !
D’un autre trait, elle nous peindra les douces occupations qui ont amusé ses loisirs.
Objets séduisans, scènes agréables, décorations pompeuses, habits magnifiques, mysteres d’amour ingénieusement expliqués, air languissans, faits pleins de tendresse, Acteurs poussant les plus doux traits de la passion, concerts harmonieux, voix pénétrantes, actions empoisonnées, enchantemens diaboliques, inventions funestes de l’enfer, examinez quelle impression tout cela fait sur votre cœur, en quelle disposition se trouvent alors vos sens, jugez-en par le présent, par le passé ; & si vous êtes de bonne foi, je m’assure que vous direz que sans avoir égard aux autres, tout cela est pour vous une occasion prochaine de péché.
ce fidelle qui imite la candeur & la bonne foi des premiers Chrétiens, qui marche sur leurs traces : un homme qui n’est vigilant que pour empêcher que le vice n’entre dans son ame, qui n’est juste que pour abandonner lui-même ses droits temporels & soûtenir ceux de ses Freres, qui n’est puissant, grand, élevé en autorité que pour défendre ceux qui ont besoin de son appui, & proteger le foible & l’innocent : heureux que pour combler les pauvres de ses bien-faits : sincere qui n’entretient pas le vice en le dissimulant : désinteresse qui ne trahit pas son ministere pour un vil interêt : charitable qui ne fait pas ses largesses du bien d’autrui ; mais qui fait de son bien propre le patrimoine de l’indigent : patient qui ne murmure pas contre la main Toute-puissante qui le frappe, & qui pardonne une injure si-tôt qu’il l’a reçuë : doux & affable au milieu de l’éclat & de la pompe qui l’environne, pénitent dans la prosperité comme dans l’adversité, joïeux dans les maux comme dans les biens.
Combien de gens naturellement polis, bienfaisants et doux, deviennent brutaux, caustiques et durs quand ils ont trop bu d’un coup ?
Il est nécessaire surtout que la religion, unie à la vraie philosophie, recouvre, par un miracle du courage et de la sagesse de ses organes les plus éclairés, et persuasifs par le langage et l’exemple de ces douces vertus que recommande le Dieu de bonté et de miséricorde qu’ils servent, oui, persuasifs par ces moyens ; car, loin de nous les vôtres, odieux inquisiteurs, furibonds fanatiques ; vous êtes épouvantables ! […] On y voit quelque chose de précieux par dessus tout : on y voit que les passions seraient le plus sagement contenues ; que les goûts dépravés, que toutes les licences corruptrices, seraient le plus rigoureusement réprimés ; que les fables dangereuses, bien que piquantes, comiques ou pathétique seraient rejetées, et, par conséquent, que la morale pourra être mise en sûreté ; sans que les sociétaires et autres bien intentionnés puissent avoir à se plaindre, puisque la censure sera exercée dans la meilleure forme possible, par leurs pairs assemblés ; lesquels pourraient aussi mieux apprécier alors cet axiome : Naturam repellas furcâ, usque tamen recurret ; et faire une plus sage ou plus profitable distinction, 1° entre les vices inexpugnables de nature, qu’on ne peut que contenir, et les vices de civilisation qu’il faut combattre franchement, comme le courageux Alceste le fait dans les faquins et les intrigants, qu’il désigne ; 2° entre les travers d’esprit, les ridicules et les préjugés susceptibles d’être corrigés actuellement par le théâtre, et ceux qui doivent être encore respectés, ou corrigés par des moyens plus doux, à cause de leur adhérence à des parties délicates de la morale, à des vertus que l’action trop violente ou trop prolongée du premier remède détruirait avec eux.
Un malheur déconcerta sa pruderie & sa dignité, le feu prit à sa maison pendant la nuit, & troubla fort mal-à-propos les douces occupations de la famille, composée de huit personnes. […] Autant l’Eglise est déclarée contre les spectacles, parce qu’ils sont opposés à l’esprit du christianisme ; autant la police voit avec peine leur interruption, à cause du désordre que cette interruption peut entraîner ; ainsi par une de ces contradictions si fréquentes dans notre morale, ce qui corrompt les mœurs, sert donc à réprimer leur corruption, du moins à substituer aux passions fougeuses qui troubleroient l’ordre public des passions, plus douces & plus tranquilles.
Ici c’est une narration douce, insinuante, animée, agréable, qui se fait écouter avec plaisir & goûter ses leçons ; qui l’ignore ? […] On voit un nombre d’Acteurs choisis, parés avec tout l’artifice que l’esprit du monde peut imaginer, & que la passion qu’ils expriment peut inspirer ; de jeunes personnes qui se font un point d’honneur de plaire, gagés pour peindre la passion de la maniere la plus vive, qui se font une gloire de l’inspirer ; des voix douces & insinuantes, des manieres engageantes, des paroles tendres, des vers composés avec art pour inspirer l’amour ; cet assemblage prodigieux de choses, dont une seule seroit une tentation, n’est-il qu’un amusement indifférent ?
Vous en conviendrez si vous voulez ; mais il n’en sera pas moins vrai que les femmes sont plus vertueuses, plus attentives aux devoirs de la Religion et de la société, plus douces, plus soumises, plus compatissantes, plus patientes, plus sobres que les hommes en général : elles ont des vices et des défauts, j’en conviens ; mais elles n’en ont aucun que nous n’ayons comme elles, et nous en avons d’horribles que nous n’osons leur reprocher. […] Quoiqu’il ait vu tomber ses Autels et ses Dieux Profanés par l’horreur d’un désordre odieux ; Quoiqu’il ait vu le sang des enfants et des mères Se confondre en coulant avec celui des pères ; Quoiqu’il voie aujourd’hui ses temples démolis, Sous des débris affreux ses Chefs ensevelis, Les palais renversés, les maisons écrasées, Par la faux des Soldats ses Campagnes rasées, Peut-être qu’il perdrait ce triste souvenir, S’il pouvait se flatter d’un plus doux avenir ; Mais il connaît trop bien que des horreurs nouvelles Lui présagent encore des épreuves cruelles.
Ses Tragédies, ses Cantiques, ses Lettres, sa Prose & ses Vers sont comme paîtris de cette faculté souple & délicate qui s’attache sous sa main aux différentes matières qu’il traite, qui les anime, les vivifie, leur communique ce charme secret qui intéresse, & cette chaleur douce & continue dont il ne faut pas chercher la source dans des mouvemens passagers de tendresse, mais dans le trésor inépuisable d’un cœur naturellement sensible & fécond. […] Allons dans vos Etats m’en donner un plus doux ; Ma gloire la plus haute est celle d’être à vous. […] Nous mourons à toute heure, & dans le plus doux sort Chaque instant de la vie est un pas vers la mort.
De cette opposition d’ombres & de lumieres quel doux éclat rejaillit sur la vertu pour l’embellir, que d’horribles ténebres se répandent sur le vice pour le confondre ! […] Le nouveau Peintre, génie heureux, aisé dans l’invention, habile dans l’Ordonnance, sçavant dans l’étude de la nature, exact & patient dans la correction, enrichi des dépoüilles de la Gréce, riche de son propre fonds, pur dans sa diction, doux & coulant dans ses Vers, sembla fait pour attendrir la Scéne. […] Corneille enfin forçant les obstacles d’un sentier escarpé, & sujet par conséquent à d’illustres chutes, redoublant toujours ses efforts pour tendre de plus en plus au sublime & au merveilleux, chercha par la voye de l’admiration des applaudissemens trop mérités, qu’il arracha des plus déterminés à les lui refuser : Racine suivant une pente plus douce, mais par-là plus sûre, s’élevant plus rarement, soutenant son vol avec grace, & le ramenant promptement aux amours, parut s’offrir de lui-même aux suffrages qui prévenoient son attrayante douceur. […] Mais peut-être nos Poëtes ne produisent-ils cette passion douce & feroce que pour la réduire & la réprimer.
La prudence guide vos discours, et la sagesse qui reluit en vos actions, a satisfait nos désirs, et surmonté les espérances que la gloire du passé nous faisait attendre à l’avenir, de cette rare Isabelle, honneur de son sexe, regret des siècles passés, gloire du présent, envie des futurs, ornement de la terre, Merveille du ciel, miracle de nature, Temple sacré : qui ouvrant ses lèvres de roses nous fait voir les images de l’âme, la douce prison des nôtres, les liens de nos esprits, où elle inspire les passions qu’elle désire : Mais quels sont ses désirs ?
On a d’abord dit en Latin Siffiare, son imitatif, ou les deux ff, forment un petit sifflement ; delà est venu le mot François sifflet & siffler, par corruption on a changé les deux ff en b, sibilare, sibilum, ce qui est plus doux à prononcer, & peut s’appliquer plus aisément aux différentes significations du mot siffler, au lieu que siffilare ne convient qu’à la moquerie, & forme une espece de ris en le prononçant. […] On entre dans quelque détail des petits chapeaux qui ne sont qu’une calotte, des grands chapeaux qui, comme un toit, mettent à l’ombre des innombrables formes de coëffures, en Clocher, en Calèche, en Bergère, en Chat, en Elephant, en Cilindre, en Rinoceros, en Doux sommeil, en Dannemarc, en Persienne, à la Grecque, &c. on se lasse de les compter.