On ne voit pas le mal quand les mœurs sont pures : Omnia munda mundis ; mais quand il n’y a plus de mœurs, un mot, pour peu qu’il peigne, effraie non la pudeur, qui n’est plus en nous, mais la décence, qui est l’hypocrisie de la vertu perdue. […] Tandis qu’une corruption presque générale inonde le reste de l’Europe, on respire toujours sous les sages loix des Rois de Sardaigne l’air pur de la vertu, (ce n’est pas faire l’éloge de la France). […] C’est bien mal entrer dans les sentimens d’une si religieuse Princesse, qui, comme on le dit avec raison, a respiré toute sa vie l’air le plus pur de la religion & de la vertu, dans un heureux climat, qu’a épargné la corruption qui inonde le reste de l’Europe .
Doux saisissement qui se change enfin en une source pure de volupté.
1 » Il est donc vrai, Monseigneur, que le Pape avait un Théâtre où sa Sainteté occupait la première place, l’Empereur la seconde, et le Doge de Venise la troisième : Eh qu’y pouvait-on représenter de plus beau, de plus pur, et, si je l’ose dire, de plus profitable que les Pièces de Corneille et de Racine ?
Ils prêcheront souvent avec force contre les Danses, et le Bal, par lequel sont excitées les passions les plus dangereuses: Enfin ils emploieront tous leurs soins à représenter avec un zèle pieux, et avec autant de véhémence, qu'il leur sera possible, combien les Comédies, qui sont la source et la base presque de tous les maux, et de tous les crimes, sont opposées aux devoirs de la discipline Chrétienne, et combien elles sont conformes aux dérèglements des Païens; et que comme elles sont une pure invention de la malice du Démon, le Peuple chrétien les doit entièrement abolir.
L’amour de Cléante et de Marianne peut être conservé tel qu’il est dans Molière, en tâchant seulement de le rendre encore plus pure et plus innocent.
Toutefois le Poëte sensé ne s’arrêtera pas uniquement à cette source ; il ira puiser aux eaux pures de l’humaine Sagesse. […] Ne m’accuserez vous pas plûtôt de trop de défiance pour avoir employé tant de timides précautions à mettre en problême une chose non seulement évidente par l’idée pure du Theatre, mais de plus prouvée par le suffrage de la Philosophie, & par la déposition de l’Histoire ? […] Alors l’Opera même réünira l’utile à l’agréable pour insinuer dans les cœurs le pur amour de la vertu. […] N’en introduisez que de vertueux, ou de ceux qui veulent le devenir en se corrigeant, vous aurez bientôt dans la Scéne une Académie pure, & propre à épurer les mœurs. […] Contraignez les Auteurs d’épargner les oreilles pures.
Car il suppose que les Comédies d’aujourd’hui sont dans un état de pure nature, et dépouillées de toute mauvaise circonstance ; ce qui n’est point du tout vrai, et en quoi il se trompe beaucoup. […] Que cependant ce n’est point assez de connaître par qui les créatures ont été faites, par où elles sont bonnes ; mais qu’il faut aussi savoir par qui elles sont corrompues, par où elles deviennent mauvaises, et par où elles cessent d’être les ouvrages de Dieu ; car il y a une grande différence entre les créatures pures et les créatures corrompues, comme il y a une grande différence entre leur premier Auteur et celui qui les corrompt. […] Nous avons assez de choses à réciter, nous avons assez de Vers, assez de Sentences, assez d’Hymnes, et assez de Cantiques ; et ce ne sont ni fables ni fictions, mais des vérités pures et sincères. […] Que dans les Spectacles il y ait un milieu criminel entre la danse de David et les infamies de la gentilité idolâtre ; on ne peut en douter, et notre Docteur lui-même n’en doute pas, puisqu’il abandonne les représentations qui ne sont pas tout à fait pures, quoiqu’elles n’aillent pas jusques aux excès des Païens. […] C’est bien plutôt une marque que la Comédie est si pure et si régulière, qu’il n’y peut avoir de honte ni de scrupule à s’y trouver. » Quoi !
Je ne suis pas le seul qui tombe dans une pareille contradiction ; le public n’est aussi guères d’accord avec lui-même : il veut que la diction des Drames soit pure & élégante ; & cependant il applaudit des Poèmes dont le stile n’est rien moins que sublime. […] Voici de la Prose toute pure : Pensez y bien : j’attens pour me déterminer.
Je réponds que, quand cela serait, la plupart des actions tragiques n’étant que de pures fables, des événements qu’on sait être de l’invention du poète, ne font pas une grande impression sur les spectateurs. […] « C’est véritablement un grand service, leur dit cet académicien, si, en adoucissant les mœurs, vous les avez rendues meilleures et plus pures ; mais si vous ne les aviez adoucies qu’en les amollissant, si votre magie n’avait servi qu’à transformer des tigres et des lions en des renards et des singes ; le beau secret que vous auriez trouvé !
Les gens du bon air, les demi-raisonneurs, les pitoyables Incrédules peuvent à leur aise se mocquer de ma démarche ; je serai trop dédommagé de leur petite censure & de leurs froides plaisanteries, si les gens sensés & vertueux, si les Ecrivains dignes de servir la Religion, si les ames honnêtes & pieuses que j’ai pu scandaliser, voient mon humble désaveu avec cette satisfaction pure que fait naître la vérité dès qu’elle se montre.
Ce sage célebre, le plus sage des Grecs, dont la vie & la morale étoient si pures, que quelques auteurs ont voulu en faire un saint ; ce sage si différent des sages modernes, que par sa sagesse il s’attira l’indignation du théatre, dont les autres obtiennent les éloges, & se sont ses défenseur, qui y fut si indignement joué par Aristophane : disgrace que la philosophie de nos jours n’a pas à craindre.
Le but de l’Eglise en rassemblant ses enfans, n’est pas de les attrister, par des idées sombres, & de les tenir immobiles plusieurs heures de suite, dans une posture gênante : elle cherche au contraire à les remplir d’une joie pure, dans la célébration des Fêtes, pour leur rapeler les bienfaits de Dieu ; Héliot (Hist. des Ordres Monastiques) raporte que les persécutions ayant troublé la sainte paix des Chrétiens, il se forma des Congrégations d’hommes & de femmes qui, à l’exemple des Thérapeutes, se retirèrent dans les deserts ; là ils se rassemblaient dans des hameaux les Dimanches & Fêtes, & y dansaient pieusement en chantant les prières de l’Eglise.
Nous ne lisons quasi aucun des Anciens, qui ait parlé de cette matière, qui ne reprenne beaucoup tels jeux : lesquels je suis aussi certain que les magistrats Chrétiens n’approuvent aucunement, ains étant chargés du pesant faix d’une si grande police, les permettent seulement, comme nous avons vu les prêches des hérétiques et bordeauxv publics être permis, en intention d’éviter plus grands maux : mais toutefois s’il fallait permettre le mal, il me semble du tout intolérable que ce soit sous le titre de la Passion, comme il ne serait loisible et ne devrait être permis aux femmes débauchées, se titrer de la confrérie de la très sacrée et très pure vierge Marie mère de Dieu.
Ces crimes dont jadis a frémi la Nature Ne souillèrent jamais une Terre si pure : Si quelques Passions y règnent tour à tour, C’est celle de la Gloire, et celle de l’Amour Quitte la ruse Grecque, et la fierté Romaine, Choisis quelque grand Nom sur les bords de la Seine.
Les maximes de l’Evangile sont pures et vivifiantes, celles du théâtre sont dépravées ; elles n’offrent qu’un faux jour qui conduit au précipice : c’est un appât qui vous attire ; mais prenez bien garde, il contient un poison dangereux.
Or la passion d’amour la plus pure peut perdre sur le Théâtre toute son innocence, en faisant naître des idées corrompues, même dans l’esprit du Spectateur le plus indifférent.
Molière dans le plus grand nombre de ses Pièces a été imitateur, il n’a inventé que la moindre partie de son Théâtre ; j’observe donc que lorsqu’il a imité, si la source où il puisait n’était pas pure, ses Comédies ne sont pas assez correctes : et de là vient qu’il nous a donné plusieurs Pièces où les bonnes mœurs ne sont pas toujours régulièrement conservées ; au contraire lorsqu’il a inventé, il nous a fait connaître combien il était exact observateur des règles de l’honnête homme, en respectant les égards de la Société civile, et en ne donnant que des Pièces utiles pour la correction des mœurs.
» Bourdaloue, dans son sermon sur les divertissements du monde, se propose cette question qu’il résout de même : « Les Spectacles profanes où assistent tant de mondains oisifs et voluptueux, ces assemblées publiques et de pur plaisir, où sont reçus tous ceux qu’y amène, soit l’envie de paraître, soit l’envie de voir ; sont-ce des divertissements permis ou défendus ? […] Et qu’on ne dise pas que leur morale a été de pur con[ILLISIBLE]. […] Les gens du bon air, les demi-raisonneurs, les pitoyables incrédules peuvent, à leur aise, se moquer de ma démarche : je serai trop dédommagé de leur petite censure et de leurs froides plaisanteries, si les gens sensés et vertueux, si les écrivains dignes de servir la Religion, si les âmes honnêtes et pieuses que j’ai pu scandaliser, voient mon humble désaveu, avec cette satisfaction pure que fait naître la Vérité, dès qu’elle se montre… L’unique regret qui me reste, c’est de ne pouvoir assez effacer le scandale que j’ai pu donner à la Religion par mes Ouvrages, et de n’être point à portée de réparer le mal que j’ai pu causer sans le vouloir.
Je veux pour un instant que nous ne soyons que d’humbles Copistes ; il s’ensuit toujours que les critiques dont on a cherché à nous accabler, sont injustes, & que tant de raisonnemens, qui tendaient à nous ôter jusqu’à la moindre espérance de connaître la Mélodie, sont tombés en pure perte. […] Rousseau, & lui fait souvent hazarder des choses fausses, ou de purs sophismes.
Que seroit-ce dans une imitation pure ?
Après le Bal, un esprit mondain, mille pensées des objets, qui ont frappé les yeux, des attachemens le plus souvent criminels… Le Bal & les Danses, tels qu’ils se pratiquent en ce tems sont criminels, parce qu’ils sont contraires à la profession du christianisme étant défendus par les Conciles, & par la Doctrine de l’Eglise, & une occasion de plusieurs pechez, & qu’il est rare, qu’on s’en retourne aussi pur, & aussi innocent qu’on y est allé… On ne peut nier que les Saints de l’ancien Testament, n’ayent quelque-fois témoigné leur joye par une espece de danse, mais c’estoit pour rendre graces à Dieu de quelque heureux succés, ou de quelque signalée faveur, qu’ils en avoient reçuë, & ces marques de rejoüissance étoient accompagnées d’un culte religieux, qu’ils rendoient au Seigneur.
Mais ie crois pouvoir dans les choses de pur plaisir preferer le goust vulgaire & moderne à toutes les recherches, & à toutes les citations des plus grands hommes, & des plus profonds Humanistes : & ie ne fais point difficulté de dire que nous avons veu sur nôtre Scene, des Ouvrages qui ne cedent en rien à ceux de l’Antiquité, & dont l’ordre, le dessein & l’execution seroient des exẽples precieux, mesme aux anciens Tragiques & Comiques, que nous prenons pour nos exemples.
Ces Chrêtiens du cinquiéme siécle se plaiserent aux spectacles que les paiens avoient inventés ; mais ils eurent soin de rectifier leur intention, & d’y assister à la Chrêtienne ; cependant le zelé Prêtre les traita encore comme des Apostats de la Foi : & en les traittant de la sorte, il nous fit connoître, que les spectacles de la Comedie ne peuvent jamais être rectifiés par l’intention la plus pure : non, Madame, aucune intention ne leur otera la malice, qui leur est propre ; & ce sera toûjours une injure à Dieu, que d’y assister.
C’est le fruit de vos méditations sur les devoirs que nous impose sa doctrine la plus pure et la plus sainte, dictée par la sagesse même sous le voile de notre humanité.
Par malheur, on prit goût à la farce, et d’accessoire elle devint bientôt le principal : comme elle offrait une fidèle et naïve image des désordres du temps, elle ne pouvait être très pure et devait quelquefois causer du scandale : c’est ce qui détermina, en 1546, les révérends Pères de la Trinité à expulser de leur maison les confrères de la Passion, qui y avaient eu jusque là leur théâtre.
L’opinion qui veut avec raison trouver un plaisir innocent & pur aux belles représentations du Cid & de Cinna, & le préjugé qui condamne avec non moins de fondement la fréquentation & l’usage habituel des Spectacles de toute espece, sont-ils donc deux choses adsolument impossibles à concilier ? […] Quel doux commerce de sentimens, quelle volupté pure, quelle harmonie divine résulteroient de ces accords mutuels de tendresse ! […] Le produit excédant de beaucoup les frais du Spectacle, le surplus alors pourroit être employé au soulagement du malheureux contribuable des campagnes, & à l’extinction de la dette nationale, tandis que d’un autre côté, les pièces ramenées à la pureté de l’ancien Théâtre des Grecs, & la comédie devenue réellement l’école du monde, l’amour, peint alors avec les traits du plus pur sentiment, remettroit en honneur le mariage un peu déchu de son ancienne considération : & c’est ainsi que l’exécution de ce projet serviroit au bien & à l’avantage général de la Nation.
Scandale lui repart : « Vous dites vrai, l’homme peut toujours s’égarer ; oui le pur homme.… mais vous êtes quelque chose de plus…. […] régale les Spectateurs d’une chanson à boire, qui est un abrégé du pur Athéisme. […] N’avons-nous pas une lumière plus pure pour nous diriger et de plus terribles châtiments à craindre si nous ne la suivons pas ?
C’étoit un feu pur venu du ciel. […] Ce discours de la Prêtresse n’est-il pas le pur matérialisme ?
Comme le premier de ces deux Arts, tantôt il ennivre l’âme d’une joie vive & pure ; tantôt il y porte l’étonnement, y excite la pitié, la terreur, ou la remplit de courage : Comme le second, il fait des Tableaux ; mais (& j’ose le dire) il est en ce cas, bien au-dessus de la Peinture. […] » On peut représenter les effets de la nature, une rivière débordée, des rochers escarpés, des plaines, des forêts, des villes, des combats d’animaux ; mais ces objets, qui ont peu de rapport avec notre être, qui ne nous menacent d’aucun mal, ni ne nous promettent aucun bien, sont de pures curiosités ; ils ne frappent que la première fois, & parce qu’ils sont nouveaux : s’ils plaisent une seconde fois, ce n’est que par l’art heureusement exécuté.
Un style pur, facile & soutenu, voilà ce qui séduit l’esprit & le flate. […] Un pur hazard les conduisit dans ces lieux empestés ; ils y lierent connaissance avec deux créatures infâmes qui avaient un extérieur honnête, & trouverent leur tombeau dans les bras de ces deux malheureuses, qui, à peine âgées de dix-sept à dix-huit ans, semblaient ne devoir leur laisser moissonner que la fleur du plaisir. […] Si par hazard il se trouve huit à dix citoyens vraiment respectables, sur sept à huit cents spectateurs, il n’en faut pas douter, c’est un pur mouvement de curiosité qui les y a conduits ; ils ont voulu voir de leurs propres yeux, entendre de leurs propres oreilles, & juger, par eux-mêmes, de tout ce qu’on leur a rapporté de ces Spectacles scandaleux ; tous s’écrient, en sortant, que le mal est au-dessus de ce qu’on leur en a dit. […] Ce n’est donc que le pur amour du libertinage, qui chaque jour y attire cette affluence de monde des deux sexes, qui se communiquent mutuellement la lepre de tous les vices dont ils sont infectés, & je crois avoir dit avec assez de raison dans ma Satyre…. […] Dans tous les Etats, mettez, à la place de ces Citoyens dont les mœurs pures sont formées par une bonne éducation & des exemples vertueux, de ces têtes légeres, de ces étourdis élevés dans les écoles du plus mauvais goût & du libertinage ; quelle sera la suite de ce changement ?
Et pour cet effet, tâcherons à prouver par bonnes raisons, que celles qu’ils veulent justifier, et auxquelles ils s’emploient et les entretiennent, sont telles ; Et que les raisons qu’ils apportent pour s’en défendre sont frivoles, et nulles : Et que la pure Antiquité en l’Eglise de Dieu les a condamnées comme pernicieuses. […] Et combien que la Tragédie semble avoir quelque chose plus sévère et de plus auguste que la comédie, néanmoins Solon tança aigrement le Tragédien Thespis, de ce qu’à la façon ancienne il avait représenté devant le peuple une tragédie quoique nue et pure. […] Car elle a beaucoup d’élégance, et le style en est pur et net, et accommodé aux façons de parler ordinaires. […] Varron dit que si les Muses voulaient parler latin, elles se serviraient du style de Plaute : et le latin de Térence est élégant, net et pur, duquel Cicéron dit qui il faut user. » Il avait dit le même auparavant des Tragédies anciennes, que « les Doctes n’en devaient pas négliger la lectureei. » Or ce n’est pas ce que cherchent ceux qui vont ouïr les comédiens. […] Et ceux, qui, peut-être, étaient venus purs à ces spectacles, s’en retournent adultères du Théâtre.
Si cette considération ne renfermait pas une réponse suffisante, et que je fusse obligé d’en faire une au libelliste froid qui, à la vue de la plus grande misère, et du pouvoir commun à tous les hommes d’être immoral, m’a contesté l’affaire et le besoin pur d’écrire sur l’indigence et l’immoralité, et de traiter des moyens d’en détruire les causes, je pourrais y ajouter, qu’ayant vu dès mon enfance la maison de mon père, administrateur des pauvres, continuellement assiégée ou remplie de malheureux pleurant, souffrant la faim et le froid, marqués de tous les traits de la misère, ces tristes scènes, ont fait naître et laissé dans mon cœur un sentiment pénible que je n’ai pu soulager que par la composition de ce Traité ; et que ma mission fut, par conséquent, de la nature de celle que nous recevons tous de la pitié, pour tâcher de retirer notre semblable d’un abîme où nous le voyons périr.
Il dit que le jeu, le bal et la comédie sont des choses indifférentes : mais il est visible qu’il ne parle ainsi que par une pure tolérance ; il tolère, il souffre ces sortes de plaisirs, mais il ne les permet pas : il y a bien de la différence entre souffrir et permettre ; Dieu souffre même le péché, mais il ne le permet pas.
Il y en eut enfin qui n’avaient d’autre objet que l’exercice du corps et le pur divertissement.
Les mœurs regardent l’âme, et consistent moins dans une certaine politesse, dans de certaines manières consacrées par le bel usage, que dans un cœur droit et pur, une conduite sage et réglée. […] Ici tout est dangereux, là tout est pur ; c’est un exercice utile à la jeunesse, c’est un plaisir qui contribue à son instruction. […] Il ne pense pas qu’elle ait raison de se flatter d’être plus pure que l’ancienne : le caractère qu’il fait de Molière est achevé ; et par là même il en fait un maître dans l’art des mœurs d’autant plus mauvais, qu’il le fait meilleur dans l’art du poème dramatique. […] M.F. lui-même ne doit pas tirer un grand avantage de cette anecdote, puisqu’elle prouve que si saint Charles a approuvé la Comédie, il ne l’a approuvée qu’autant qu’elle serait pure et innocente, et qu’il ne l’a permise que dans le cas où elle ferait, comme on soutient ici qu’il faudrait qu’elle fût, pour être tolérable ; qu’il n’y eût dans l’action, ni dans la conduite, rien de nuisible à l’innocence de la jeunesse, ni capable de scandaliser les spectateurs Chrétiens. […] On n’a eu pour but que de mettre la Comédie dans son vrai point de vue, et de montrer qu’elle n’est ni aussi pure ni aussi innocente qu’on le dit.
Tout ce qui est contraire aux loix de l’Eglise & à ses constitutions canoniques, n’est d’aucune autorité, & n’est qu’un pur abus. […] Cependant malgré toutes ces réformes, ce grand Patriarche de l’Eglise Grecque ne laissa pas que de crier encore contre ces jeux de théâtre, comme contre un scandale public, qu’il appelle des écoles de libertinage & d’adultére, non pas à la vérité pour les choses obscénes qu’on y représentât, puisqu’on les en avoit retranchées, mais parceque les comédiens de l’un & de l’autre sexe affectoient des gestes, des postures & des airs efféminés, capables d’amollir les cœurs les moins sensibles & les plus purs.
Il ne signifie rien : c’est une pure & basse cheville qui ne fait honneur ni au personnage ni à l’Auteur. […] Sa morale, qu’on dit si pure, & qui souvent ne l’est guere, se borne à la loi naturelle, à la probité, à la droiture, à la bienfaisance, vertus dont tous les Déistes se piquent, & dont les Payens se faisoient honneur, mais qui ne suffisent pas pour entrer dans le Ciel.
Vous savez, mon Dieu, que je n’ai jamais désiré de mari (& toutes en sont folles), que j’ai toûjours conservé mon cœur pur de tout désir corrompu (& toutes en sont remplies) ; je ne me suis jamais livrée aux jeux & aux divertissemens (elles ne font autre chose), & je n’ai jamais eu de commerce avec ces hommes frivoles qui se conduisent avec légèreté (elles n’en voient point d’autres). […] Ce temps expiré, vous userez de vos droits avec une intention pure & sainte, & dans la crainte du Seigneur, non par un mouvement de passion, mais par le désir de participer aux bénédictions que Dieu accorde aux enfans d’Abraham : Accipiet virginem cum timore Domini, amore filiorum magis quàm libidine ductus.
L’amour le plus pur perd sur le théatre son innocence, en faisant naître des idées corrompues dans le spectateur le plus indifférent. Ce qui est pur sur le papier change de nature en passant dans la bouche des Actrices, & devient criminel quand il est animé par l’exécution théatrale.
Enfin y a-t-il rien si capable d’attirer son indignation, que de scandaliser ainsi toute l’Eglise, et violer sa discipline toute pure et toute sainte par une effronterie sans pareille, et une licence si publique et si honteuse « Erubescat senatus, erubescant ordines omnes ; ipsæ illæ pudoris sui interemptrices semel erubescant », dit à ce sujet Tertullien. […] Tenez pour constant, dit-il, que plusieurs femmes y ont entièrement perdu leur chasteté ; que plusieurs s’en sont retournées chez elles bien moins résolues de la garder, qu’elles ne l’étaient auparavant et que pas une n’en est jamais revenue plus chaste et plus pure, qu’elle n’y était allée. » La Comédie produit encore une infinité d’autres méchants effets que je ne fais que toucher.
Mais passons et disons qu’une Comédie ne doit pas être appelée épurée et honnête, pour n’avoir pas de ces ordures grossières que des oreilles un peu chastes ne peuvent souffrir ; quand d’ailleurs elle est remplie d’autres passions spirituelles, qui déplaisent autant à Dieu, qui est un pur esprit, que ce vice grossier qui tire son origine de la boue de notre corruption. […] S’il promet de se corriger, c’est par pure politique.
» Ils se sont avisés Monsieur d’instruire la jeunesse dans la langue latine qui est nécessaire pour les plus justes emplois des hommes, et de donner aux enfants une traduction pure et chaste d’un Auteur qui excelle dans la pureté de cette langue. […] Reconnaissez donc, Monsieur, que la Traduction de Térence est bien différente des Comédies de Desmarets, et qu’une Traduction si pure, qui est une preuve de doctrine et un effet de charité, ne saurait jamais être un fondement raisonnable du reproche que vous faites à ceux que vous attaquez.
Un Comédien n’attend pas sans doute qu’un Ange lui mette un charbon sur les lèvres, quoique moins pures que celles du Prophète : « Vir pollutus labiis ego sum. » 3.° On ne doit pas écouter ce père du mensonge, lors même qu’il dit la vérité. C’est un faux monnayeur qui toujours la déguise, l’altère, la profane ; peut-elle venir pure par un canal si corrompu ?
Cet ennui, si commun au théâtre, malgré tous les efforts qu'on fait pour l'éviter, et que les plus assidus éprouvent plus que les autres, au milieu des plaisirs dont ils sont les plus enivrés, devrait nous en faire sentir la vanité, et nous bien convaincre qu'il n'est point de joie pure sur la terre, qu'elle se trouve encore moins dans les plaisirs des sens. […] Dans les pièces les plus épurées, ces prétendus Prédicateurs de théâtre composent et débitent des préceptes à leur mode et des sentences à leur goût, ajoutent, retranchent, changent, adoucissent à leur gré la doctrine chrétienne, et la donnent pour la pure vérité, avec une assurance qui étonne.
La religion la plus pure auroit autorisé les spectacles (c’est-à-dire la religion de l’Auteur), mais non pas le Judaïsme. Les Juifs alors captifs, que Cirus délivra, n’ont jamais connu le Théatre, & captifs, ils ne pensoient guere à jouer la comédie ; encore moins le Christianisme, qui n’existoit pas alors, qui ne vint que long-temps aprês, & qui n’est pas sans doute une religion assez pure pour autoriser les spectacles. […] Bossuet, qui en lut une, dit en Courtisan : Si dans toutes les pieces les sentimens étoient aussi purs que dans Peneloppe, on pourroit ménager quelque accommodement avec le Théatre.
Il y a une très grande différence entre ce qui est corrompu, et ce qui est pur et sain ; parce qu’il y en a une très grande entre l’auteur et le corrupteur. […] Cela est vrai : je sais que le soleil jette ses rayons sur un cloaque, sans qu’il en devienne moins pur. […] Ce ne sont point des fables grossières ; ce sont de saintes vérités : ce n’est point un ramas de strophes ampoulées ; c’est un trésor de sentences pures, et sans affectation.
Ceci pourra paroître singulier à la plupart de ceux qui sont accoutumés à regarder la Comédie comme un Spectacle de pur amusement ; mais je les prie de mettre à part les préjugés que l’habitude leur a fait contracter, & d’examiner quelques Comédies d’après les principes constitutifs de son essence, j’espere après cela, que la plupart de mes lecteurs trouveront mon opinion moins extraordinaire.
J’avertis par avance que quand même Moliere ne sortiroit pas de cet examen aussi pur que je le souhaiterois, je ne l’en regarderois pas moins comme le meilleur Poëte comique que la France ait eu, & qu’elle aura peut-être jamais ; il sera toujours vrai que ses portraits sont de main de maître, & que les dialogues de ses personnages sont d’un naturel inimitable : ce que je dis ici, est pour me garantir de la malignité de ceux qui croiroient que je choisis Moliere au hasard, sans en connoître le mérite.
Si l’on voulait donner au Théâtre plus de magnificence, au-lieu des trottoirs élevés, il conviendrait mieux, que l’on construisît autour de la Place, des portiques colonadés, dans le goût de ceux des Théâtres Grecs & Romains, qui prendraient tout l’emplacement qu’occupent aujourd’hui les maisons : l’on découvrirait le fleuve des deux côtés ; l’air serait en été plus frais & plus pur : l’isolement de l’Edifice donnerait la facilité d’y pratiquer des ventouses, des ventilateurs, & tous les moyens de purifier l’air & de rafraîchir usités en Italie.
On prêche aux hommes la vertu en pure perte : mais le vice n’a pas besoin de Prédicateur, il est lui-même son Evangéliste, s’il m’est permis de parler ainsi.
Tout semblait leur être permis, et foulant à leurs pieds les divins préceptes de Jésus-Christ et la morale chrétienne et évangélique la plus pure, la mauvaise foi et le parjure ne leur coûtaient rien et ils commettaient, sans honte comme sans remords, de pieuses fraudes de pieuses calomnies, de pieux empoisonnements, de pieux assassinats, non seulement juridiques mais même de guet-apens et le tout pour la gloire de Dieu, pour l’intérêt de la religion, et en général pour le plus grand bien de la fin spirituelle.
Les théâtres de pur amusement, où l’on exige moins du spectateur, sont le seul asile où il leur soit possible de pénétrer ; ils s’y réfugient.
Nos plus purs sentimens ne sont-ils pas toujours l’ouvrage de nos sens ? […] Nos plus purs sentimens ne sont-ils pas toujours l’ouvrage de nos sens ? […] Tous les Drames du sieur Mercier respirent la morale la plus honnête & la plus pure. […] Vous savez que sur dix-huit suffrages, sept se déclarerent ouvertement pour l’acceptation pure & simple, en me comblant d’éloges ; huit, en répétant les mêmes applaudissemens, ne motiverent leur refus que sur l’indécence du sujet, & témoignerent le plus grand regret de la délicatesse trop sévere à laquelle ils se croyoient forcés.
Tout le monde conviendra que les Poètes, énnemis de Bacchus, ne sauraient rien produire de passable : il est donc nécessaire de mêler l’Hipocrène avec le doux jus de la Treille ; je crois pourtant qu’on ferait encore mieux de boire pure la précieuse Liqueur de la vigne, sans l’altérer par aucun mêlange.
Au reste, ce mépris est plus fort partout où les mœurs sont plus pures : c’est pourquoi il y a des pays d’innocence et de simplicité où le métier de comédien est presque en horreur.
Car ceux qui selon les Lois divines ont été chassés de l’Eglise et demeurent dehors, donnent par leur conduite quelque bonne espérance, qu’après s’être corrigés des péchés pour lesquels ils ont été chassés de l’Eglise, ils y rentreront avec une conscience pure.
Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat Je suis de l’avis de ceux qui pensent que les bons citoyens dans leur belles pièces sérieuses peuvent inspirer, entretenir et fortifier l’amour pour la patrie et des sentiments de courage, de justice, et de bienfaisance ; je crois de même que dans leurs pièces comiques ils peuvent inspirer du dégoût et de l’aversion pour la mollesse, pour la poltronnerie, pour le métier de joueur, pour le luxe de la table, pour les dépenses de pure vanité, pour le caractère impatient, chicaneur, avaricieux, flatteur, indiscret, hypocrite, menteur, misanthrope, médisant, en un mot pour tous les excès qui font souffrir les autres et qui rendent les vicieux fâcheux et désagréables pour plusieurs des personnes avec qui ils ont à vivre.
Le Scoliaste fait ces réflexions sur quelques vers d’Hippolyte, « Que l’imagination d’un Poète doit être pure, et que les Muses étant Vierges, il faut que les Poèmes soient assortis à cet état. […] il y est communément hors de sa place ; par conséquent à pure perte. […] Le Couronnement est un autre Poème de lui, dont le Prologue est conçu en ces termes : « Il n’y a point ici de ces équivoques dont on sème quelquefois la Scène pour donner un divertissement grossier : le langage y est semblable à l’onde pure d’une claire fontaine.
C’est la pure vérité. […] 5.° Il est de la derniere importance pour le bonheur de la vie, comme pour le salut, de n’entrer dans le mariage que par des vûes pures & saintes, & on ne peut être heureux, si on ne met Dieu dans ses intérêts : & comment obtenir ses bénédictions, si on ne se conforme à ses volontés ?
L e Triomphe estoit sans doute le plus superbe Spectacle des Romains : & bien que la gloire du Vainqueur en fût le pur objet & la seule matiere ; il ne laissoit pas d’avoir des circonstances agreables, & qui donnoient autant de divertissement, que le mystere & le serieux de la ceremonie pouvoit donner d’admiration. […] Quoy qu’il en soit, la superstition les rendoit capables de toute sorte de fascination, & ils croyoient que ce Dieu estoit Tout-puissant contre les morsures & les chagrins de l’envie, & qu’il pouvoit en garantir les Triomphateurs, & leur conserver leur joye toute pure, & la rendre commune & generale dans tous les Spectateurs.
Son ciel, si pur en apparence, est quelquefois couvert de nuages.
Je réponds que les choses morales ne se doivent pas ainsi considérer dans la pure spéculation, et d’une manière abstraite et métaphysique, mais telles qu’elles sont en effet, et avec toutes leurs circonstances.
Les perles croissent dans le milieu de la mer sans recevoir dans leur nacre une seule goutte d’eau salée, les diamants naissent parmi les rochers sans en recevoir la mousse, et l’or le plus pur de tous les métaux s’engendre dans les entrailles de la terre parmi des ordures.
[NDE] Avec une conscience pure (littér. non endommagée).
Mais enfin l’homme accoutumé à ces horribles boucheries, fit cesser le bruit et la symphonie, pour regarder avec une attention toute ramassée, et une joie toute pure ce cruel spectacle. […] C’est pourquoi dans une corruption si générale, et des périls si grands où tout le monde se précipite, on ne doit pas s’imaginer que nous portions trop loin la sévérité, si nous n’osons excuser de péché mortel ceux qui courent aux Comédies ; puisqu’Alexandre de Ales m cet Auteur dont la doctrine est si pure, à l’endroit où nous l’avons déja cité, p. 4. dit, qu’il n’ose excuser de péché mortel ceux qui même malgré eux, ou par hasard, se trouvent aux Comédies, quand il s’y passe des choses propres à exciter les passions. » Je ne sais comment on peut citer en faveur de la Comédie, un Saint qui y est si opposé et en cela si digne Successeur de saint Ambroise, dont nous avons déja rapporté le sentiment. […] Enfin ils emploieront tous leurs soins à représenter avec un zèle pieux, et avec autant de véhémence qu’il leur sera possible, combien les Comédies, qui sont la source et la base presque de tous les maux et de tous les crimes, sont opposés aux devoirs de la Discipline Chrétienne ; combien elles sont conformes aux dérèglements des Païens ; et que comme elles sont une pure invention de la malice du démon, le Peuple Chrétien les doit entièrement abolir. » Saint Charles ne se contente pas d’animer le zèle des Prédicateurs contre les Comédies, il arme encore le bras des Grands du monde pour les exterminer :Const. et Decret. […] Il devrait bien plutôt les avertir du danger évident où ils sont que Dieu n’alloue jamais aucune des œuvres sur lesquelles ils se confient, et leur répéter ces paroles qui suivent immediatement les reproches ci-dessus : Lavez-vous, soyez purs, ôtez le mal de vos pensées de devant mes yeux, cessez de mal faire, et apprenez à bien faire.
Tout cela considéré montre que cette objection est un pur sophisme. […] Une autre de leurs exceptions, sur laquelle surtout ils font fortdr, est une pétition pure de principe, comme on parle ès Ecoles. […] Posé que de grâce, et par une concession pure, on leur accordait, que de leur nature ils sont tels, et en l’ordre des choses libresdu, ils se font paraître très mauvais Théologiens, voulant ôter aux Conducteurs de l’Eglise, le pouvoir d’y faire des règlements, selon qu’il est jugé plus expédient pour le bien et édification des troupeaux qui leur sont commis. […] er , auquel ils disaient que « comme le rayon du Soleil peut donner sur de la fange, sans toutefois s’y infecter à cause qu’il est pur, eux de même, ayant les âmes nettes, ne recevaient nulle atteinte de tout le mal qui pouvait être ès Théâtres ». […] Comprendre : à supposer qu’on leur accorde, par pure bienveillance, que les théâtres sont des adiaphora, ils se montrent mauvais théologiens en refusant aux autorités ecclésiastiques le droit d’édicter des règles pour le bien des fidèles.
D’où nous concluons qu’on ne peut s’arrêter innocemment à ces sortes de divertissements, qui sont pour l’ordinaire des écoles de coquetterie & de libertinage, où la vertu la plus épurée n’est pas en fureté, & d’où l’on sort toujours moins pur qu’on n’y est entré : ce qui a fait dire à Tertullien, Loco cit.
Cette œuvre profane & de l’invention de Satan, peut-elle trouver sa place parmi les œuvres pures des Chrétiens ?
Il fait plus toutefois, il condamne son geste et sa voix, et par un pur zèle de chrétien et qui part d’un cœur vraiment dévot, il dit que la nature lui a dénié des agréments qu’il ne lui faut pas demander, comme si, quand il manquerait quelque chose à Molière de ce côté-là, ce qui se dément assez de soi-même, il devrait être criminel, pour n’être pas bien fait.
Dans Judith ils sont criminels, Holopherne par pure débauche en devient amoureux, veut en abuser, lui fait demander & obtient son consentement, la fait enfermer dans sa tente pour passer la nuit avec elle, elle y couroit les plus grands risques ; heureusement pour Judith l’ivresse suspend ses poursuites, elle profite de ce moment pour lui couper la tête. […] N’imputons point ces contradictions au Mercure, semblable à l’Imprimeur & au Colporteur, à celui qui cole les affiches aux carrefours, il débite ce qu’on lui donne ; c’est moins le Mercure de France que le Mercure de Cythère ; ce n’est d’abord jusqu’aux enigmes, c’est-à-dire, un grand tiers que contes, vers, chansons, de pures galanteries souvent licencieuses ; ensuite les spectacles, opéra, comédies, éloges des Actrices tiennent une autre bonne partie ; la Littérature, les Arts, les Académies, articles utiles sont ordinairement défigurés par le mêlange des futilités de la galanterie, en sorte que dans la somme totale, l’amour en occupe plus de la moitié.
Revient-on du théatre avec une conscience plus délicate, des idées plus pures, un langage, des manieres plus chrétiennes, plus de goût pour la dévotion ? […] Les ames pures & mortifiées ne sont pas si tranquilles.
Ils ont exigé des précautions qu’il faut croire que Racine prenait avec ses élèves, et que l’on prend dans les communautés et les collèges, mais que certainement ne connaissent pas sur le théâtre les gens sans mœurs qui les donnent à des spectateurs, dont la plupart n’en ont pas davantage, et avec des accompagnements qui les feraient perdre à ceux qui les auraient les plus pures. […] Y eût-il quelque Poète, amateur, ou Comédien singulier, qui eût des motifs si purs ; ce serait un prodige.
Abbé, en qui on ne doit supposer ni passion ni ignorance, n'est pas meilleur théologien ; il est le plus souvent inintelligible ou hérétique : « La piété console, et n'est que la nature, Ardente à secourir, plus sensible et plus pure. » Quelle doctrine ! […] » On trouve ces idées si belles, si pures, qu'on les lui fait répéter à la mort : « Je cherchai pour l'objet de ce nœud respectable Un mortel qui jamais ne me parût aimable, Dont le choix odieux rassurât mon amant.
L’amour dont parle l’Ecriture, est celui qui, selon saint Paul, vient « d’un cœur pur, d’une bonne conscience, et d’une foi sincère, et qui est la fin des Commandements ». « Car si vous vous aimez d’un amour inutile et mauvais, et que vous aimiez votre prochain de cette sorte, quel avantage peut-il recevoir de votre amitié, dit saint Augustin Præf. in Psal. 140. […] "La charité qui est selon Dieu doit procéder d’un cœur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sincère 1.
Ce grand trait de patriotisme n’est qu’une fable, ces héros prétendus sont des lâches, ces brillans sentimens de pures rodomontades. […] Au contraire, dit-il, ces sujets sont plus touchans & plus beaux, ils ont le mérite d’une vérité authentique & d’une morale pure. […] Il est à désirer, dit-on, qu’on puisse représenter cette piece, apparemment défendue, & avec raison, qui n’enseigne que la morale la plus pure & la félicité publique de tous les Etats, la destruction de toutes les religions.
Et comme les monnayeurs, quand ils mêlent quelque autre matière avec l’or, disent, que c’est pour le rendre plus ferme et durable ; Aussi les hommes de ce siècle, tiennent que la parole de Dieu, plus désirable que l’or le plus affiné, ne se peut manier ni employer en l’usage commun, toute pure ; ains qu’il y faut mêler quelque peu de prudence humaine, pour la rendre propre à la pratique du monde, au cours du marché. L’odeur de cette Maxime se sent partout ; en l’Eglise, en la Policeb ; en public, et en particulier : Est trouvée bonne même par quelques-uns de ceux, qui de bouche en approuvent une toute contraire, à savoir : Que la pure parole de Dieu, sans aucune sophistrie, doit être la seule loi, guide, règle, balance, et lumière de notre foi, et de toutes nos actions ; laquelle ils ébrèchent, affaiblissent, et énervent par telles exceptions, modifications et restrictions, que requièrent leurs affaires, en font un nez de cire, une règle de plomb, pour l’accommoder à leurs fantaisies : Et cependant ils se plaindront, aussi bien que nous, de la corruption ; confesseront, qu’elle se glisse partout, comme l’air : Mais chacun exceptera et exemptera de ce blâme, dispensera de ce titre sa corruption particulière, pensera faire œuvre de charité, de persuader à autrui, par quelque apparence de raison, ce qu’il s’est imprimé en son cerveau par une folle opinion ; plus il se trouvera d’absurdité en la chose, de difficulté en la preuve, de danger en la créance ; plus apportera-t-il d’artifice pour la colorer, d’autorité pour l’établir, d’opiniâtreté pour la maintenir. […] Voilà à quelles gens il appartient de se plaindre de nous, à savoir aux Païens ; non aux Chrétiens, qui se souviennent de la règle, que l’Apôtre prescrit à toutes nos actionsPhil. 4 ff , quand il dit : « Toutes choses qui sont vraies, toutes choses honorables, justes, pures, amiables de bonne renommée ; S’il y a quelques vertu, et quelque louange, pensez à ces choses.
C’est-là que l’esprit se laisse enfler d’orgueil, quand il voit que l’ambition est le caractere essentiel qu’on y donne toujours au héros de théâtre, & que le cœur se laisse amollir par des amours feintes que souvent en font n’aître de véritables : c’est-là que l’ame se livre toute entiere aux divers mouvemens de la joie & de la tristesse, de l’espérance & de la crainte, de la pitié & de l’indignation : c’est-là enfin, que les passions sont d’autant plus dangereuses, qu’on les ressent avec un plaisir tout pur, exempt de ces peines & de ces inquiétudes qui les accompagnent toujours, & qui servent quelquefois à les en dégoûter. […] Une jeune personne vient aux spectacles, comme dit saint Cyprien, avec un cœur encore pur & chaste, & elle en sort avec un cœur tout gâté & tout corrompu ; tant d’images dangereuses qui restent dans l’esprit, & qui donnent naissance à une foule de mauvaises pensées ; tant de vers tendres & de chansons passionnées qui sont autant de leçons d’un amour profane & criminel, & dont le souvenir qui ne peut presque plus s’effacer, fait couler sans cesse dans l’ame un poison subtile & mortel ; c’est ce que la jeunesse en remporte, & ce qui cause ensuite cette corruption de mœurs dont on ne sauroit trop gémir. […] & craindrez-vous de préférer des plaisirs purs & innocens à des fatisfactions qui ne sont suivies, que de crimes & de remords ? […] le divertissement innocent d’une joie pure & simple ne peut-il vous suffire ? […] l’action d’un pur déclamateur peut davantage pour imprimer la vertu dans les cœurs, que le zele saint qui nous enflamme ?
aussi tout compté et tout rabattu n’étaient-ce que de pures imaginations pour une République en Idée.
Les vérités incontestables que je viens de proclamer, ne recèlent rien d’irrespectueux, ni d’offensif, envers le souverain pontife, qui aujourd’hui professe la morale chrétienne et évangélique la plus pure, et qui, par ses éminentes qualités, sert de modèle à tous les vrais chrétiens.
Tous les jours la vertu la plus pure risque & éprouve les mêmes malheurs, lorsqu’elle s’expose sans secours ; & c’est sur-tout ici que se vérifie l’oracle du sage : Malheur à celui qui est seul ; personne ne le releve s’il tombe, ne le défend s’il est attaqué : Væ soli, cùm ceciderit non habet sublevantem se. […] Ainsi la plus pure des vierges se trouble à la parole d’un Ange : Turbata est in sermone ejus.
Erasme, qui a beaucoup travaillé pour l’éducation, dont on a long-temps fait lire les entretiens dans les Colleges, parce qu’ils sont & d’une latinité élégante & d’une morale pure, Erasme, de Institut. […] De cette fête établie pour célébrer la plus pure vertu, on a fait une intrigue galante & licencieuse.
» Je me flatte qu’on ne trouvera pas mauvais le peu que je viens de dire à la louange du Clergé : il n’y a pas de vanité à reprocher lorsqu’il s’agit nécessairement de se défendre : c’est pure justice que de se laver des taches dont on est noirci, et de rappeler les choses de l’erreur à la vérité. […] Le Prêtre est capable de faire des fautes aussi bien que les autres ; mais son caractère est toujours le même, il est toujours pur et sans tache : l’homme dans lui peut devenir méprisable, et jamais le Prêtre.
Il regrettait que les Vers du Poète Quinaut, eussent en pure perte, tant de délicatesse, de finesse, de douceur ; c’est l’Albane, nous répétait-il souvent, qui met tout le fini de son art & les grâces de sa touche, à peindre un plafond. […] L’objet du Règlement que je propose est d’ôter les inconvéniens du Drame, ceux du Comédisme & de l’Actricisme ; de rendre les leçons plus efficaces, par l’attrait d’un plaisir plus pur. […] La seconde manière de produire un plaisir pur est extérieure ; elle s’opérera par les modelemens. […] L’imitation française ne produit la terreur qu’à l’instant où le jeune Hamlet s’écrie derrière la scène : l’Acteur se fatigue en pure perte durant tout le reste de la Représentation. […] Que dans nos Acteurs, nous voyions une jeunesse chérie, vertueuse, pure : alors, nos cœurs, pénétrés de la douce chaleur du plaisir, feront éclore le germe des vertus.