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15. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VI. Ericie, ou les Vestales. » pp. 138-159

Cette piece à qui l’irréligion a donné quelque célébrité, n’est pas sans mérite du côté littéraire. […] L’Auteur d’Ericie, qui paroît avoir quelque talent, pouvoit tirer un meilleur parti de sa piece, & en faire cinq actes bien remplis. […] Comment donc trouver cette troupe de Vestales annoncée dans la piece, cette vingtaine de figurantes étalées sur le théatre ? […] Est-il rien de plus absurde que cette piece ? […] Combien de fautes de style, de doctrine & de conduite dans cette piece !

16. (1674) Le Theâtre François pp. -284

Comediens sçauans à preuoir le succez que doit auoir vne piece. […] Comediens sçauans a preuoir le succez que doit auoir vne piece. […] Andromaque piece de Machines. […] Psyché, piece de Machines. […] Elle entretient le Lecteur de la nombreuse Assemblée du iour precedent, du merite de la piece qui doit suiure, & de la necessité de pouruoir aux Loges de bonne heure, sur tout lors que la piece est nouuelle, & que le grand monde y court.

17. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

La premiere piece de ce jeune homme à cheveux blancs, est, Cornelie Vestale, c’est, dit-on, le premier essor d’une ame pure, étonnée des sentitimens qu’elle commence d’éprouver, c’est-à-dire, la sienne sous le nom d’une Vestale. C’est la premiere foiblesse d’un jeune homme bien élevé, qui n’ose secouer le joug qu’il commence à trouver trop pesant : cette piece sagement écrite, est bien différente de la Vestale Ericie, trop exercée aux sentimens les plus passionnés pour en être étonnée & qui plutôt brave la religion & la pureté par les sentimens qu’elle ose montrer. […]  2., prétend que le désordre & la frivolité sont si grands au théâtre, qu’on n’y vient pas même pour voir la piece ; qu’on ne l’écoute pas. […] Il y a aussi des revenans dans cette piece. […] La piece des Cuménides, qui en est la suite, n’est que la justification du parricide.

18. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

La piece de Loredon occasionna une mortifi aux comédiens. […] Le prologue de la piece avoit été comique ; mais le dénouement fut tragique. […] Les comédiens répondent fort poliment, mais refusent de jouer sa piece. […] « Les maîtres, dit-il, ne cherchent pas le bien des jeunes gens, mais veulent se faire honneur de l’exécution de la piece. […] Ce qu’ils appellent un joli conte, une jolie piece, une heureuse découverte : il n’y a que le vice qui puisse souscrire à ces beaux titres.

19. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VI. Euphemie. » pp. 129-148

Ces trois poëmes ne sont que la même piece déguisée sous les habits des Moines de la Trape, sous ceux d’une Religieuse d’un Couvent austère, & ceux des Religieuses Payennes. […] C’est sur un théatre de société ; on ne souffriroit en Italie ni cette piece ni ces habits sur le théatre public : je doute qu’on le souffrît en France. […] On court lui donner du secours ; mais ne pouvant la faire revenir, on l’emporte mourante, & l’Auteur, aussi mourant qu’elle, dénoue la piece, en disant la toile se baisse. […] Cette piece est pleine de mauvais principes, ignorance ou irréligion ; la vérité y est fort peu respectée. […] Voici toute la piece.

20. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

Ce peuple conserva quelque temps, & représentoit chaque année une piece dans l’ancien goût. […] C’est sur tout pour eux qu’on donne la petite piece après la grande. […] L’ordre, la suite, l’enchaînement, les combinaisons, les vraies beautés d’une piece bien faite demandent une attention qui fatigue un spectateur frivole qui ne cherche qu’à s’amuser. […] Danchet, qui déclamoit bien, récitoit aux Comédiens une piece de sa façon qu’il vouloit faire représenter, & ornoit de toutes les graces la déclamation. […] Aujourd’hui cette saillie ne seroit pas pardonnée ; elle suffiroit pour rejeter la meilleure piece.

21. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Si le personnage vicieux qui fait le sujet de la piece, se déclare lui-même injuste, peut-on craindre qu’il surprenne l’approbation de son iniquité ? […] Considerez ce fameux scélérat, à la fin de la piece. […] Pour en être éclairci, examinez la piece. […] Eraste, l’honnête homme de la piece, s’occupe avec son cortege de soins que les Loix payent de la corde. […] Mais remarquez que c’est une piece uniquement d’intrigue, presque dénuée d’intérêt, une piece par conséquent du dernier ordre, où l’on ne laisse pas cependant d’appercevoir encore le but toujours constant de l’art du Théâtre, qui est la peinture des mœurs, & le ridicule toujours jetté sur les personnages vicieux : car enfin, de quoi rit-on dans cette piece ?

22. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE V. Du Mensonge. » pp. 100-113

Vous croiriez encore à chaque piece voir représenter le Menteur & la Suite du Menteur. […] Dans la seconde piece une maîtresse, dont il est indigne, va le chercher, & s’abaisse pour lui à des avances très-indécentes (autre leçon de vertu), & son rival, qu’il a trompé, la lui cède lâchement. […] Aussi le valet véridique qu’on lui oppose, termine la piece par ces vers, qui en sont en effet le fruit & la morale : Peu sauroient, comme lui, s’en tirer avec grace. […] Il n’est pas surprenant que Corneille, en bon Normand, ait fait l’éloge du mensonge, du moins est-il sincère dans l’aveu du mauvais effet que produit cette piece, & convient fort naïvement que la comédie, faite pour plaire, n’a pas ce mélange d’utilité pour les mœurs ; elle viole la maxime touchant la récompense des bonnes actions & la punition des mauvaises. […] Même aveu en justifiant la Suite du Menteur, qui n’a pas réussi, quoique mieux écrite, par la même raison qui devoit assurer son succès, parce qu’elle a moins de mauvaises mœurs : Si je croyois que la poësie a pour but de profiter aussi-bien que de plaire, je dirois que cette piece est beaucoup meilleure, parce que Dorante y est plus honnête homme & donne des exemples de vertu à suivre (se battre en duel), & dans l’autre, il ne donne que des imperfections à éviter (mentir par caractère, à tous propos, à tout le monde, n’est donc qu’une imperfection).

23. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Croira-t-on qu’après un tel aveu le Journaliste, qui est un Religieux, dise : Cette jolie piece complette le premier volume du théatre de société de M. […] Cette piece est faite pour un théatre de société : on promet plusieurs volumes de pareilles pieces. […] L’Auteur que le Mercure fait parler entre dans le détail d’une piece qu’il a fait représenter, & où il jouoit le premier rôle. […] On ne craint chez soi ni la censure du parterre, ni l’animadversion de la police, ni la sagacité du réviseur de la piece ; on n’a que des amis indulgens, des amans passionnés, des libertins décidés. […] Le héros de de la piece, l’idole pour qui on s’intéresse, est toujours une jeune personne aimable & amoureuse.

24. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

La piece a eu des succès différens. […] Une piece de théatre mérite peu d’occuper les savans. […] Un Curé est même déplacé dans cette piece. […] Mais c’est leur rôle, & le dessein de la piece. Mauvaise piece, formée sur un tel dessein de rôles si scandaleux.

25. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

a eu la même ambition, & a joué la même piece. […] Cette piece, dit-on, étoit peu de chose ; les comédiens refuserent de la jouer, comme ils ont refusé de jouer les Courtisannes de Palissot. […] Cette piece, dit-on, étoit peu de chose ; les comédiens refuserent de la jouer, comme ils ont refusé de jouer les Courtisannes de Palissot. […] La piece ne fut pas jouée : on étoit trop enthousiasmé de la farce critiquée, & on avoit eu trop de peine à obtenir la permission de la jouer. […] Il n’a point paru sur le Théatre François de piece plus scandaleuse : sa licence fait son mérite.

26. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

Pour celui de Melanie, l’auteur a eu la maladresse de mettre à découvert un Curé de Paris, ce qui jette un vrai ridicule sur lui & sur sa piece. […] Il se trompe, elle est également méprisée ; ses contes, ses poésies sont d’une saleté aussi dégoutante que vaine, bien digne d’un Poëte des Guinguettes ; il se loue lui-même outre mesure dans cette piece ; il ne la récitoit qu’aux libertins comme lui. […] A ces mots, l’Abbé s’enflamma, court au Théatre, fait sentir aux Comédiens la beauté de cette piece, & force leur admiration. […] Dans une piece représentée à la Cour, le Roi fut si content de son jeu, qu’il augmenta sur le champ de 3000 sa pension de 1000 qu’elle avoit déjà. […] Il a donné une Parodie du Jubilé de Shakespear, intitulé le Jubilé d’Arlequin, avec de la musique & du pantomime, ornement qui manquoit à la piece parodiée dont on a copié le personnage de Shakespear.

27. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Machiavel. » pp. 198-214

On avoit annoncé une piece nouvelle analogue à l’état de la ville, le Blocus de Boston, composée par un officier de marque, par conséquent parfaite, quoique cette expédition dramatique ne soit pas trop de son métier. […] La piece ne fut point jouée, Arléquin prit la fuite, fit semblant de courir aux armes, au grand regret des spectateurs, des acteurs, de l’auteur & de ceux qui furent tués ou blessés. […] Outre ses comédies & son histoire de Florence, ses poësies érotiques des plus licencieuses, il a composé des contes infames, tels que l’Asne d’or, où il a copié Lucien & Apulée dans toute leurs infamies, Beelphegor, dont Lafontaine a fait un de ses contes dans le même goût, & Mandragore, piece de théatre la plus licencieuse. […] Le Machiavélisme joue sur le théatre quelques rôles à chaque scène : il n’est point de piece où on ne trompe, où l’on ne dépouille quelqu’un par violence ou par artifice ; la tragédie le fait en grand par des princes, des seigneurs, des ministres, des troupes, par l’effusion de sang. […] Mais, quoiqu’il ne soit pas en état de faire comme Novere un piece entiere en pantomime, tous les hommes, mêmes les enfans, le peuple, les muëts & les étrangers, qui ne savent pas la langue du pays, parlent & entendent naturellement ce langage : la passion l’enseigne, les femmes sur-tout y sont éloquentes, parce qu’elles ont plus de délicatesse & de sensibilité.

28. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

L’abbé d’Aubignac, qui voulut se mêler de tous les deux, ne réussit ni dans l’un, ni dans l’autre ; on sait le bon mot du Prince de Condé après avoir vu jouer une piece de cet Abbé, où toutes les règles étoient observées : Je sais bon gré à d’Aubignac, dit-il, d’avoir suivi les règles d’Aristote ; mais je ne puis pardonner aux règles d’Aristote d’avoir fait faire une si mauvaise piece à l’Abbé d’Aubignac. […] On retouche un vers, une scene, une piece, on l’a devant les yeux ; mais le langage du corps ne subsiste pas, un coup d’œil, un ton de voix, un mouvement de la main n’ont qu’un moment. […] Nous avons, dit-il, des tragédies, comédies, tragi-comédies (comi-tragédies), comédie bourgeoise, comique l’armoyant, tragédies divines ou opéra pastoral, opéra comique, piece d’intrigue, piece de caractere, piece de l’état de nature, farce, parades, marionnetes, débit d’orviétan, &c. […] Cette piece n’a pas été jouée ; elle a des beautés, sur-tout des scenes de vérité (quel jargon !) […] Moliere distribua ce cahos, comme il pût, en actes & en scenes, & ne fit qu’une mauvaise piece, qui coûta beaucoup, & ennuya plus qu’elle ne divertit, & qu’on n’a plus daigné jouer sur aucun Théatre.

29. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Suite d’Anecdotes Ecclésiastiques. » pp. 106-132

Il a paru pendant le Conclave une piece réguliere intitulée, le Conclave de 1774, drame en musique, pour être joué sur le théatre des Dames pendant le carnaval de 1775. […] En effet, deux jours après on fit courir dans Rome le premier acte d’une nouvelle piece pire que la premiere, préparée sans doute depuis longtemps, qui se vendoit publiquement en manuscrit jusqu’à dix sequins. […] La piece satyrique est tombée dans l’oubli. […] Toute la vie n’est qu’une piece de théatre, dont Dieu distribue les rôles dans les états où il nous place : ne songeons qu’à bien représenter, pour obtenir la récompense éternelle. Tout le reste est indifférent, comme à un acteur l’intrigue & le dénouement de la piece qui lui sont étrangers.

30. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE III. Réformation de l’Abbé de Blesplas. » pp. 55-81

Parce qu’il y a une bonne piece entre mille, faut-il le maintenir ? Mais non, cette piece, applaudie à Paris, à la Cour, à Calais, n’a fait aucune sensation dans les provinces. […] Les François jouent beaucoup plus de comédies que de tragédies, & toujours après la piece il faut une petite comédie pour délasser de la grande. […] Il représenta une piece à son profit, par souscription, sur un théatre de société. […] Une Actrice distinguée ayant refusé de chanter à une piece annoncée, on lui fit passer le guichet : Hélas !

31. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

Dira-t-on que c’est mauvaise humeur de ne pas citer cette piece si courue, en preuve de la réforme du théatre, & de la pureté des mœurs qui y règne ? […] Il est même convenu que dans le doute si la piece est licencieuse, si on est foible, si on succombera au danger, on doit s’en abstenir. […] Le spectateur, témoin éloigné, étranger à la piece, en est ému ; l’Acteur, à qui tout s’adresse, & qui se le rend propre, sera-t-il insensible, pourra-t-il s’empêcher de réaliser ce qu’il joue ? […] Aussi quel langage se tiennent les Comédiens après la piece ! le même que dans la piece : mêmes douceurs, mêmes sentimens, toute leur vie n’est que l’exécution de la scène, une sorte de comédie, de délire perpétuel.

32. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

N’importe, cette bisarrerie est elle-même une Scène du Théatre de Nicolet ; & une piece du Comédien censeur pourroit être très-amusante, mais c’est une des fonctions les plus délicates, la matiere la plus dangéreuse, la plus critique, la plus susceptible & la plus communément remplie des traits repréhensibles. […] Les Censeurs, juges & parties, ne souffrent aucune piece réguliere & décente ; la décence & la régularité sont chez eux des titres d’exclusion. […] Dans une piece intitulée Didon heureuse, le sieur Méricour, contre la vérité & contre toute la tradition du Théatre & du Parnasse, veut faire jouir l’Opera, du privilege des boulevards : il fait marier avec Enée cette Princesse célébre par son désespoir, de ne l’avoir pas épousé. […] Le mérite de Piron est médiocre : il a fait la Métromanie, bonne piece ; tout le reste de ses Œuvres n’a pas droit à l’honneur du buste. Je ne sai même si une piece unique, quoique bonne, peut voler jusques-là.

33. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

Dans la piece d’Adam & d’Eve, au lieu de mettre après les noms des Acteurs, la scène est dans le Paradis terrestre, on auroit dû mettre, la scène est sur le Théatre. […] Qu’on passe derriere le théatre, qu’on aille après la piece voir ce Héros, ce Monarque, cette Reine, cette beauté ; qu’y verra-t-on ? […] La plûpart des pieces en sont tirées, & chaque piece en est un : sujet, récit, conversation, intrigue, dénouement, c’est un roman en action mille fois plus dangereux qu’un roman en récit. 4.° Les chansons, les discours licentieux. […] L’Empereur en est si épris, qu’une piece bien jouée a souvent valu aux Actrices une place parmi les Reines. […] Je gâtai ma piece pour leur plaire, en l’affadissant par des sentimens de tendresse.

34. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

L’idée du mariage qui la termine ne dure qu’un instant à la fin de la piece, & on n’y pense plus. L’image licencieuse de l’intrigue qui y conduit dure toute la piece ; elle est aussi amusante que l’autre est sérieuse. […] L’état d’émotion & de crime où il s’est mis, subsiste toujours après ce mariage étranger, dont l’idée momentanée & future, n’a pu rendre pour lui la piece innocente, & après qu’elle est passée, ne peut excuser les péchés auxquels elle a fait une si légere diversion. […] La Rosiere de Salenci, piece nouvelle, prise d’un usage utile aux bonnes mœurs, pourroit servir à l’instruction de la jeunesse ; mais le theatre empoisonne tout. […] Il faut être épris de l’amour jusqu’à l’ivresse, pour ne pas sentir l’obscenité d’une intrigue contraire à la vérité, à la vrai-semblance, au costhume, à l’esprit même de la piece.

35. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Ainsi se termina ce grand spectacle, qui, bien analysé, consiste à lever une piece de taffetas de dessus une statue, & lui aller faire des révérences. […] Aussi n’a-t-on pas souffert que le portrait de Monsieur sût exposé au théatre, même pendant sa piece. […] Plusieurs autres vers dispersés dans la piece font allusion au nouveau gouvernement & aux Parlemens rétablis. […] Cette piece connue & jouée avec applaudissement sur divers théatres d’Allemagne, déplut beaucoup aux gens de qualité & à ceux qui prétendent l’être. Une autre piece, le Noble journalier, (c’est une satyre des gens de Justice) se fit d’autres ennemis.

36. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

En 1758 on établit un prix dramatique, à l’imitation des prix académiques, pour la piece de théatre que le public auroit jugé la meilleure. […] La toile prépare à la piece, & quelle statue est aussi séduisante qu’une danseuse ? […] Est-il de personne passionnée qui ne les aime éperdument, qui n’attende avec impatience, qui ne voie avec transport dans une piece les intermèdes dansés ? […] Rien ne peint mieux le goût François que le compliment fait par une Actrice pour prévenir favorablement le public dans une piece composée par une femme, qui quoique médiocre ne put à ce titre manquer de réussir. […] Dans une piece où elle dansoit, elle imagina, & eut l’art de placer une action épisodique d’un Sultan dans son serrail (il faut que cette Sallé ait l’imagination bien lascive pour créer & placer de pareils épisodes).

37. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

Il y a neuf actions principales dans la piece, outre une foule d’actions indécentes. […] On pourroit faire une jolie piece sous le titre, l’enthousiasme & l’abandon réunis . […] Marmontel appelle cette piece une école de vertu, & ces situations des images décentes, il faut nécessairement changer la signification des termes ou les regles de l’évangile. […] Autre délire : il se dédie sa piece à lui-même, & se parle à lui-même sous le nom de ma chere personne. […] Elle alloit s’élancer de sa loge, si on ne l’eut arrêtée : ce qui causa la plus grande émotion dans l’assemblée, & fit défendre la piece.

38. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Lorsqu’on joua devant lui, en 1670, la belle piece de Britannicus, il fut frappé du portrait que fait le poëte des folies de Néron, parmi lesquelles son amour excessif pour les spectacles lui donnoit les plus grands ridicules. […] On a vu jusqu’à la piece de Georges Dandin, exécutée à Rome, par des religieuses, en présence d’une foule d’ecclésiastiques & de dames. […] La piece fût-elle décente, les acteurs vertueux, la seule assemblée qui compose le théâtre est un préjugé contre lui, & devroit le faire éviter.

39. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre II. Charles XII. » pp. 32-44

La piece, qui est très-ingénieuse, finit ainsi : Enfin chacun des Dieux discourant de sa gloire, Le plaçoit par avance au Temple de Mémoire : Mais Bacchus & Venus n’en disoient pas un mot. […] Quand à Bender, réfugié chez le Turc, & presque son prisonnier, il soutint un siége dans sa maison avec quelques domestiques contre une armée ; quand pour ne pas rendre visite au Grand Visir, il fit le malade, & demeura dix mois dans un lit, sans vouloir se lever ; quand allant à Varsovie, il déclare à la République de Pologne, qu’il prend la qualité de Protecteur du Royaume, comme Cromvel voulut l’être en Angleterre ; quand on voit trente mille hommes attaquer serieusement la maison où il est logé, pour en faire le siége, & le Roi, au milieu de toutes ces attaques, jouer tranquillement aux échets, & selon sa coutume & ses idées guerrieres, qui le faisoient s’exposer à tout comme le moindre soldat, faire marcher le roi du jeu comme un pion, à droite & à gauche, sans précaution ; ce qui le faisoit échouer à tout moment, & perdre la partie : on pense comme cet officier qui se trouva auprès de lui au moment de sa mort, & qui dit, la comédie est finie, allons souper, comme Auguste mourant à ses amis, j’ai bien joué mon rôle, la piece est finie, battez des mains . […] Car si par malheur le Marivaudagerime (je ne sai ce que c’est) faisoit des progrès, & si une piece vantée à Paris n’étoit pas entendue hors de sa banlieue, le Théatre François perdroit beaucoup de la réputation qu’il s’est acquise chez les étrangers, où le manege & la mode des beaux Arts ne peuvent atteindre.

40. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

Les paroles s’envolent, les gestes s’évanouissent ; la situation & le jeu du théatre, qui présente tant de faces différentes aux mêmes choses, tout disparoît, & après la piece on peut tout désavouer, & la plûpart des choses s’oublient. […] Tel est encore le caractère des farces qu’on joue toûjours après la piece sérieuse, pour ne pas laisser prescrire les droits de la licence. […] Les Anglois, qui y étoient en grand nombre, le régalèrent à son entrée par une piece de théatre ; ils exercèrent plusieurs de ces batteleurs, & se signalèrent par un spectacle nouveau pour l’Allemagne, d’où il se répandit dans toute l’Europe, & singulierement en France, où l’on vit depuis des troupes de Confrères qui représentoient des mystères. […] ), après avoit pompeusement détaillé ce que l’approbation marquée du Roi a fait faire en divers endroits en faveur du sieur Belloy, ajoûte : A Athènes, du temps de Sophocle, l’Auteur dont la piece étoit agréee par l’Aréopage, étoit couronné dans le lieu même où s’assembloit cet auguste Sénat ; on lui décernoit un triomphe public, & le Poëte couronné, quoiqu’ordinairement il eût été Acteur de ses pieces, n’en parvenoit pas moins aux souveraines dignités de la République. […] Un honnête homme, un Ecclésiastique, un Religieux, peut faire quelque piece ; il se déshonoreroit de monter sur le théatre.

41. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

On peut déclamer fort bien la plus mauvaise piece & fort mal la meilleure. […] C’est une répétition de la piece du sieur Arnaud, avec quelques additions qui ne lui donnent pas plus de prix, & plutôt le diminueroit. […] Les plus grands ennemis de Voltaire ne l’ont jamais plus maltraité que son ami Dorat ; il suffit de rapporter cette piece imprimée dans ses œuvres. […] Dorat vient d’en donner un second qui ne vaut pas mieux, ou plutôt une nouvelle Edition où il y à inséré quelque piece fugitive composé depuis, il est intitulé, mes Torts, ou nouveau Mêlange de Poésie pour servir de suite à mes fantaisies. […] Le Journal rapporte tout au long une piece de vers dont voici des traits :     Amans des Muses, pauvres diables, Qui courez à la gloire au milieu des sifflets,             Et qui vivez bien misérables Dans le visible espoir de ne mourir jamais.

42. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

Pour une bonne piece, il y en a cent de mauvaises ; pour une senne utile, il y en a trente de dangereuses dans la même piece. […] Il faut que cette piece ait été composée, jouée & applaudie aux petites-maisons. […] Comme il est impossible d’observer sur la scène le costume anglois, à plus forte raison le françois, par la variation continuelle des modes ; d’une reprise à l’autre de la même piece, d’une semaine, d’un jour à l’autre, les habits & les décorations ont changé. […] Elle ne détourne pas moins le spectateur, qui, aulieu de saisir la piece, s’amuse à des papillons. […] De pareils cartels donneroient tout un autre tour au combat, une gloire immortelle aux dames, dont la beauté seroit décidée à la pointe de l’épée, les acteurs seroient animés d’un motif plus noble que celui de l’argent qui doit leur revenir, les spectateurs seroient plus attendris, & la piece plus intéressante, plus utile.

43. (1769) Dissertation sur les Spectacles, Suivie de Déjanire, Opéra en trois actes, par M. Rabelleau pp. -71

Il avoit près de cent ans, lorsqu’il célébra sa patrie par sa derniere piece d’Œdipe à Colone. Ses enfans l’ayant traduit en Justice comme un vieillard incapable d’administrer ses biens, il produisit cette piece pour toute réponse. […] Les Auteurs eux-mêmes faisoient corps avec eux, ainsi qu’on le remarque dans les prologues de chaque piece qui sont destinés à demander l’indulgence du public pour la piece nouvelle, & à justifier l’auteur des critiques des autres. […] En 1629, Corneille donna sa Mélite, piece qui fut présentée à la troupe par Hardi, qui ne fut reçue que sur son témoignage & à sa sollicitation, & dont le succès fut si grand, contre l’attente des Comédiens, qu’ils se séparerent de nouveau & établirent la troupe du Marais. En 1632, Corneille donna sa tragédie de Clitandre, sa seconde piece & la premiere où il n’y a rien de licencieux.

44. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

Il est vrai que Racine ne fit depuis que deux tragédies, Esther & Athalie, pleines de sentimens de religion, où il n’entre point de galanterie : mais tout est lié au théatre, d’une piece sainte on passe aisément à une piece profane ; & dans la piece sainte même, le goût du spectacle que l’on prend, la décoration mondaine qu’on étale, ne sont gueres moins dangereuses dans Esther & Athalie, que dans Phedre & Bérénice : Clairon est Clairon par-tout.

45. (1772) Spectacles [article du Dictionnaire des sciences ecclésiastiques] « Spectacles. » pp. 150-153

Nous instruisons un moment, mais nous avons long-tems séduit ; & quelque forte que soit la leçon de morale que puisse présenter la catastrophe qui termine la piece, le remede est trop foible & vient trop tard. […] Le théâtre, quelque épuré qu’on le suppose, est donc la véritable école des vices & des passions ; & la censure du vice, jointe à l’éloge de la vertu qu’on voit à la fin de quelques comédies, est un foible antidote contre le poison qu’on a bu avec délices durant toute une piece dans une délicate & séduisante peinture. […] que sont donc ces émotions, ces troubles, ces attendrissemens, tant d’autres impressions également vives & touchantes, tant d’autres mouvemens que le cœur éprouve dans le cours d’un spectacle, & qui continuent, & qui reviennent si souvent long-tems après la piece ?

46. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE V. De la Parure. » pp. 107-137

Ce seroit une jolie matiere à traiter sur la théatre, que la toilette d’une Actrice, & les aventures des foyers & des coulisses avant, pendant & après la piece. […] Dans plusieurs comédies les Acteurs s’entretiennent sur la piece, sur leur conduite, & se disent leurs vérités. […] jalousie, cabale, sifflets, ridicule, mépris, oubli ; fussent-ils favorablement accueillis, leurs lauriers seroient bien-tôt flétris, une nouvelle piece, une nouvelle mode, tournent ailleurs les regards. […] Il est vrai qu’en revanche pendant leur printemps la vogue est brillante & les profits honnêtes, & qu’elles n’ont pas besoin de l’embarrassant appareil des habits & des décorations ; un héros leur suffit pour jouer la piece entiere. […] ils sont orateurs ; quelle piece d’éloquence va plus droit au cœur qu’un visage mis dans un beau jour ?

47. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

Benoit a donné une piece, où pour le triomphe de la probité, elle introduit un Avocat qui plaide contre sa maîtresse, & lui fait perdre un grand procès, qui l’a ruinée, & ensuite l’épouse pour la dédomager ; cet héroïsme romanesque est sans vraissemblance, il est impossible que dans le cours d’un procès un Avocat ne connoisse le nom & les qualités des parties, & ne s’apperçoive qu’il plaide contre sa maîtresse. […] Ils vouloient la comédie gratis, mais les acteurs ni les actrices ne prodiguent pas gratuitement leurs faveurs, les boursiers furent refusés ; ils s’aviserent de faire grand bruit dans leur collége, pendant la piece, tantôt avec des trompettes, des cors-de-chasses, des chaudrons, des instruments de cuisine ; tantôt en chantant, en argumentant, en faisant semblant de se battre, &c. on ne s’entendoit plus au théatre, il falut composer & acheter la paix. […] Un aveugle sera plus affecté d’une bonne piece, qu’un sourd ne le seroit d’une bonne gesticulation ; l’aveugle ne seroit pas blessé du défaut du Costumé, de la décoration, des habits mesquins, de la laideur des actrices, qui défigurent une piece ; mais aussi seroit-il privé de l’agrément qui résulte de la perfection de toutes ces choses, dont l’assemblage forme l’illusion & le plaisir, quand elles sont bien assorcies, & par conséquent le danger pour les bonnes mœurs. […] Le Pere Tournemine Jésuite, entousiasmé de Corneille, écrivit en Espagne pour savoir en quelle année Calderon avoit composé sa piece, & s’il étoit venu en France ; on ne se souvint pas de l’année de la composition, mais on lui apprit celle de l’impression, après 1647, que l’Heraclius de Corneille fut joué ; mais avant son impression, on lui marqua que Calderon étoit venu à Paris, y avoit fait des vers à l’honneur d’Anne d’Autriche, qu’il avoit pu voir représenter, & avoir retenu plusieurs traits de Corneille.

48. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. La Rosiere de Salenci. » pp. 10-37

Selon le témoignage même de Favart, qui, dans les éclaircissemens historiques qu’il donne sur sa piece, avoue, & il dit vrai, qu’ il n’y a pas un seul exemple d’une fille qui ait eu quelque foiblesse, & d’une Rosiere qui ne méritât la couronne . […] Le Seigneur qui a intenté le procès, a cru voir un titre dans cette piece. […] Cette condition combat sa piece & celle de son éleve, qui toutes deux donnent aux parens de leurs Rosieres de grands défauts, même des vices. […] M. de Sauvigni a donné l’Histoire de cet Etablissement, dont Favart a fait un extrait (d’après sa piece). […] Comment Favart n’a-t-il pas vu que, par ce mêlange mal-adroit de modestie & de licence, de bonne & de mauvaise morale, de passion & de pruderie, il se fait le procès à lui-même & à sa piece, & qu’il en a manqué le sujet, l’esprit, & presque tous les rôles ?

49. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

A peine fut-il assis, que la toile se lève, & la piece commence. Le Prélat pris au trébuchet ne put s’en dédire ; il vit jouer la piece, s’en consola sans peine, & racontoit de bonne grace le tour qu’on lui avoit joué. […] Après la piece les Comédiens la firent monter sur le théatre avec l’Abbé femme. […] Au milieu de la piece il y sit mettre le feu par un homme affidé. […] est-il presque de piece qui n’en soit infectée, dont ils ne fassent l’agrément ?

50. (1751) Avertissement (Les Leçons de Thalie) pp. -

Que de rôles étrangers à ceux de la piece, se jouent entre les spectateurs !

51. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Madame de Longueville. » pp. 40-83

Un bal où on la força de se trouver, fut le prélude de sa défaite, & comme la premiere scène d’une piece dont les désordres furent le triste dénouement : ce qu’elle ne répara dans la suite qu’en y renonçant. […] Cette piece étoit en italien, & tenoit six heures : double raison de s’ennuyer. […] Toutes ces variations sont des scènes à ajouter à la piece. […] Dans le moment de son entrée le Duc d’Orléans & sa fille avoit ordre de sortir de Paris ; le Cardinal de Retz fut arrêté & conduit à Vincennes ; les Princes & Princesses qui s’étoient réunis à Bordeaux, furent avec leurs adhérans, dispersés dans les quatre coins du royaume ; la piece finit, la toile fut baissée. […] Ces trois mariages terminerent la piece avec sa vie ; & le Ministre le plus accrédité qui fût jamais, cet homme plus comédien que grand génie, alla sans doute recevoir dans le ciel des trésors plus précieux que les richesses immenses qu’il avoit ramassées sur la terre, & que ses nieces eurent bientôt dissipées.

52. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

Ce qu’une piece aura calmé, une autre piece l’excitera, & détruira l’ouvrage de la premiere. […] Ainsi au théatre la plus belle piece réussit ; après un certain nombre de représentations, il faut que des pieces, des décorations, des Actrices nouvelles viennent picoter le palais blasé du spectateur. […] Chaque Comédien s’est efforcé de lui témoigner son zele, & cette piece, ainsi que la suite des plaisirs de cette journée, ont été autant de triomphes pour cette admirable Actrice. […] Les Comédiens Mexiquains faisoient succéder les bouffonneries, les danses, les chansons licencieuses qui amusoient bien davantage ce Prince voluptueux ; c’étoit la farce, la petite piece après la tragédie. […] Le plus souvent la grande piece ne vaut pas mieux que la petite pour les bonnes mœurs.

53. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

On vérifia les dates de leur naissance, on compulsa les livres des Imprimeurs sur l’année de leur impression, & les registres des troupes sur celles de leurs représentations : les admirateurs de Corneille prétendirent que Caldéron étoit venu à Paris, & avoit pu voir & copier cette piece. […] Les plus singuliers des interlopes sont les sieurs Sedaine & Collé, qui, pour le compte du Roi Henri IV, sont allés pirater en Angleterre & en Espagne l’original de leur piece, la Chasse de Henri IV, ou le Roi & le Fermier, thème en deux façons. […] Il n’y a pas de piece qui fût soufferte sur le Théatre françois, si on n’en élaguoit la moitié. […] Quoique cette piece fourmille de fautes, elle est infiniment au-dessus de tout ce avoit paru jusqu’alors. […] Il n’y point de piece de Théatre que les poëtes ne défigurent ; chacun compose à sa maniere.

54. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-4

Au théatre le crime est certain, il est avéré, il forme le nœud de la piece, & le Poëte cherche à le faire excuser.

55. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Henri IV. » pp. 121-168

Le fonds la piece est la Bataille d’Ivri, qu’on suppose gagnée sur la fin du jour, entre le dîné & le soupé ; la scène se passe le jour même dans un château voisin. […] Il faut certainement beaucoup de génie & de fécondité pour ce tableau musical : c’est une espece de pantomime pour l’oreille qui a fort bien réussi : la piece lui doit tout. […] Cette derniere circonstance, inutile à la piece, imaginée pour faire valoir le zele, l’adresse & le bonheur de Varenne, dont l’auteur se dit descendant (descendance qui décrédite cette historiette). […] Le Chevalier du Coudrai est entré dans la carriere que Collé & Durosoi avoient ouverte, il a donné une piece sur Henri IV, intitulée comme la fable de Lafontaine, Le Roi & son Ministre. […] Ce recueil, qui fait tout le prix de la piece, & ne suppose que le mérite de copiste, la met au-dessous des deux autres.

56. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

La piece fût-elle décente, les Acteurs vertueux, la seule assemblée qui compose le spectacle est un préjugé contre lui, & devroit le faire éviter. […] On prend le parti de donner une autre piece où les Héros & l’Héroïne n’eussent point de rôle. […] Les jours de spectacle un Exempt des Gardes alloit les chercher pour jouer leurs rôles dans les pieces annoncées, & après la piece les ramenoit en prison. […] Cette réflexion est confirmée par le discours que Belcour prononça le mercredi suivant 17 avril, avant que de commencer la piece.

57. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

A la Chine, au Japon, dans toute l’Inde on voit des troupes nombreuses de Comédiennes courir de ville en ville, de maison en maison, jouer toutes les pieces qu’on leur demande, & après la piece rendre tous les services que l’on veut. […] Cela peut être, le chant & la danse sont des attraits du vice bien puissans ; les tragédies sont plus sérieuses, moins luxurieuses que les pieces lyriques qui ne roulent jamais que sur l’amour ; l’étude d’un rôle, l’exercice de la déclamation, l’exécution d’une piece, occupent beaucoup plus, & sont plus difficiles que quelque récitatif langoureux, quelque chanson légère qui se débite lentement. […] Ce Doyen de l’Académie a pourtant en le courage de dire, en parlant de la Judith de l’Abbé Boyer, piece uniquement faite pour des femmes, où on défigure l’Ecriture pour faire de cette héroïne une coquette, une Actrice, après avoir loué les talens & les mœurs du Poëte, de dire en gémissant : N’auroit-il pas dû choisir une route plus convenable que le théatre à son honneur & à son état ? […] Elles en sont l’ame, l’ornement, le plaisir, elles lui fournissent toute sa matiere ; c’est le théatre de leur gloire plus que celui de la piece.

58. (1768) Compte rendu du Monthly Review pp. 288-290

« The death of that piece gave birth to the following controversy between the Intendant des Menus, who is an advocate for the players, and the Abbé Grizel, on the side of the church. » It is strange that the solemn, illiberal, absurd farce of refuting authors by fire and faggot, is still continued, not only in popish but in protestant countries!

59. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrysostome. » pp. 181-192

Voyez la fin de la piece. […] Ainsi quand la mort a terminé la piece & abattu la toile, il n’est plus question de titres & de parure, de petit & de grand ; il n’est de richesse que celle des œuvres, de grandeur que celle des vertus.

60. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

Ils furent employés sur le théatre dans les intermèdes, le prologue, après la piece, pour délasser les spectateurs, ce qui subsiste en Espagne & en Italie. Il y a toujours quelque Arlequin qui de temps en temps dans la piece vient débiter des bouffonneries. On y supplée en France par les danses, les fêtes des entr’actes, & la petite piece à la fin.

61. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 4-42

Cet insipide salmigondi qui ne peut fournir que de bouffonneries & amuser que la populace au coin des rues, a toujours fait, à quelque piece reguliere près, la partie essentielle de la scéne italienne. […] Riccoboni en avoit rempli plusieurs portefeuilles, tout cela est très-peu de chose ; c’est proprement l’acteur qui compose, il a plus besoin de génie, d’exercice, de fécondité que l’auteur, pour remplir sur le champ ces idées seches, & imaginer à propos des choses plaisantes, analogues à la piece ; on sent combien doit être licencieux un dialogue abandonné à l’imagination libertine d’un comédien, & d’une actrice qui peuvent impunément dire tout ce qui leur vient dans l’esprit, pour faire rire le parterre. […] Il fut pris au mot, soutint la gageure, fit la piece, & elle eut le plus grand succès ; encouragé par cet essai, il y prit goût, & en a fait depuis beaucoup d’autres ; en effet, que sont dans le fond toutes les comédies, reduites à leur juste valeur, & dépouillées du prestige de la représentation, du clinquant de la décoration & des habits, des graces des actrices, de la musique, de la danse ? […] Il est pourtant vrai que la tragédie est plus difficile, qu’il y a moins de poëtes tragiques que de comiques, & de bonnes tragédies que de bonnes comédies ; sur-tout que la tragédie est de sa nature, plus châtiée, plus décente, moins dangéreuse pour les mœurs ; mais tout sera équitablement balancé par l’aréopage dramatique, il vaut bien mieux que celui de Paris : il est composé des personnes d’un mérite distingué, récommandables par leur érudition, leur probite, leur intelligence, à l’abri de tout soupçon, qui jugeront avec connoissance, & sans partialité  ; au lieu qu’à Paris c’est une troupe de comédiens & de comédiennes, grands Seigneurs & petits maîtres , dit Voltaire, qui s’assemblent pour juger les pieces ; leurs séances sont des vraies scénes comiques, souvent tragiques, pour le pauvre poëte, qui, après avoir long-tems fait sa cour, & essuyé les hauteurs, les caprices, les railleries, les mépris de ce grave sénat, est réfusé avec dédain, & ne peut esperer de succès que par la sollicitation, les présents & l’intrigue, foible garant de la bonté de la piece. […] Pour réussir constamment chez les Italiens, il faut un esprit supérieur, outre les tâlents nécessaires à l’acteur ; on a besoin d’un génie créateur, pour trouver sur le champ, sans le répéter, une infinité de choses ingénieuses & plaisantes, convenables à la piece, & assorties au caractère.

62. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

Ce mêlange est le plaisir le plus recherché du théatre, & le seul pour bien de gens, qui n’écoutent pas même la piece, & ne s’occupent que des femmes qu’ils y voient. […] Tout spectacle n’est pas une piece de théatre. […] Ce grand mobile monte & met en mouvement tous les ressorts de son ame, comme une piece nouvelle entre les poëtes, une découverte entre les savans, la paix ou la guerre entre les nouvelistes. Un visage bien paré, n’est-il pas une piece de poëtes, un vrai drame, une nouvelle mode ? […] Il n’y a pas même une piece sur aucun théatre, où l’on représente même par jeu, la charité pour les pauvres.

63. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

Ce commentateur a joint aux pieces de Chaulieu une piece du jeune Voltaire, qui marque plus d’irréligion que de talens. […] Je ne sai si le Mercure, octobre 1774, a cru s’embellir, en rapportant comme bonne une Epître de près de quatre-vingts vers de l’Abbé de Chaulieu, & faire honneur au talent de son héros : il ne pouvoit lui rendre un plus mauvais office, & il s’est mal servi lui-même ; c’est bien la piece la plus plate & la plus basse. […] Il parcourt cette paperasse qui lui étoit inconnue, écrite en italien qu’il n’entend pas y trouve une foule de lacunes, se confirma dans ses idées, & la livre sans peine à l’officieux historien qui veut la donner au public ; & en retire un reçu, pour pouvoir le présenter aux enfans de sa femme, si cette piece étoit insérée dans l’inventaire. […] 2.° Il y a des loges particulieres pour les Comédiennes qui ne jouent pas, où elles vont voir représenter la piece, juger leurs compagnes & s’instruire elles-mêmes ; on voit autour d’elles, dit l’auteur, une troupe de jeunes évaporés comme des papillons badiner, chuchoter, singer ; les autres se donnent mille ridicules que la fatuité du siecle met au nombre des belles qualités. […] Celles de Paris sont très-lucratives & louées par abonnement afin qu’il n’y ait point de vuide dans l’année ; ce profit est réservé aux comédiens ; les auteurs de la piece n’y ont point de part ; c’est un profit net ; il ne contribue point aux frais du spectacle qui se prend uniquement sur la recette de la porte, & diminuent d’autant la portion des auteurs.

64. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

La gazette a annoncé une piece du comique larmoyant jeudi dernier 1776. […] Il a eu la témérité de dédier sa piece à la Reine, & de faire jouer sous ses auspices les ballets de Campargue. […] Elles ont fait le vrai & même le seul mérite de la piece. […] Le Pygmalion de Saint-Lambert, autre piece aussi scandaleuse que sa Campargue, a donné lieu vraisemblablement à une nouvelle pantomime qui ne vaut pas mieux. […] Il a pourtant retiré telle piece munie, dit-il, de l’approbation publique, & n’a plus osé la faire représenter.

65. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Théatre de Pologne. » pp. 80-105

On représenta pour début & par préférence ; non une piece pieuse, une drame sérieux, une comédie de caractère, mais un opéra-bouffon italien, l’Amour artisan, qui fut suivi d’un ballet. […] Cette piece répandue dans le public est une nouvelle gazette qui donne au législateur actuel de la Pologne, des coups de pinceau aussi peu favorables que ceux des gazettes étrangeres, dont il s’est plaint si amerement en différentes cours, & qu’il a fait brûler dans la place publique du théatre, & dont les cendres voltigeant portées au loin par le vent de la renommée, lui assurent l’immortalité. […] Epargnons aux lecteurs le reste d’une piece burlesque, & le récit d’une querelle de harangeres, qui ne peuvent figurer que sur les tréteaux de Ramponeau, ou plutôt faire gémir sur l’esprit du théatre, qui dégrade les plus grands seigneurs & les premieres têtes d’un royaume où il est devenu dominant.

66. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

Moliere fit lui-même la critique de la piece, moins pour en excuser les défauts que pour en tourner en ridicule les censeurs. […] Aussi la conclusion est digne de la piece. […] Je ne garantis pas que la piece eût réussi hors de S.

67. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Toute la piece a rapport à ce point, & forme un total de portrait achevé, comme dans un tableau, où le jour, les ombres, les nuances, les accompagnemens se rapportent à bien rendre l’action principale. […] Il passe sous silence le Tartuffe, piece infame, pour laquelle Moliere a tant combatu. […] Le Mysantrope fut sa piece la plus célèbre ; mais la plus scandaleuse, la plus hardie est le Tartuffe.

68. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

Emouvoir, étonner, ravir un Spectateur, soit par les passions, soit par ce qui devroit les corriger, & qu’il trouve le moyen de nous faire jouir dans la même piece, des plaisirs du vice, & de ceux de la vertu. […] Il finit d’ailleurs ce trouble, cette agitation, cette anxiété, qui cause une douce torture à notre imagination par le nœud & l’intrigue de la piece ; c’est une espece de délivrance qui succéde heureusement aux douleurs de ce travail, &, si je l’ose dire, de cet enfantement d’esprit. […] C’est donc dans la beauté du sujet même & de toutes ses circonstances, c’est dans la grandeur singuliere de l’événement, dans les caracteres des Héros de la piece, dans leurs sentiments, dans leurs expressions, en un mot, dans ce que le Poëte imite, qu’il faut chercher la principale source du plaisir qu’il fait goûter. […] Corneille vouloit que l’on eût l’indulgence pour les Poëtes Tragiques, d’admettre un lieu théatral, où, sans blesser la regle de l’unité, on voulût bien supposer que tous les événements de la piece auroient pû se passer avec vrai-semblance ; mais si son idée a quelque chose de bisarre, il ne l’est point de penser que la plûpart des hommes ont une imagination disposée à recevoir toutes les fictions & les suppositions du Poëte, où chacune se place, & où l’apparence fait presque la même impression que la vérité. […] Le plaisir que nous sentons à satisfaire ce désir s’useroit bien-tôt, & il y auroit peu de personnes qui voulussent revoir plusieurs fois la même piece, ou tout autre Ouvrage, puisqu’elles n’auroient plus rien de nouveau à y apprendre ; il n’y a personne d’ailleurs qui ne sente en soi-même quelque chose de plus que ce plaisir d’apprendre, quand il ne chercheroit dans une Tragédie ou autre Poëme, que la justesse & la vérité de l’Imitation.

69. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Maurice de Saxe. » pp. 118-145

Ressource bannale aussi absurde que fausse d’un poëte qui ne sait comment se tirer d’affaire ; c’est moins le dénouement de la piece que celui du poëte. […] Ce fut celle de Psyché, piece très-médiocre, il est vrai, mais qui peignoit l’Electeur sous le nom de l’Amour, & la Comtesse sous celui de Psyché. […] Il jetta à la Comtesse un mouchoir richement brodé, & la fit asseoir avec lui sur un sofa, le reste de la compagnie s’assit sur des carreaux de velours ; une troupe de bateleurs & de sauteurs des deux sexes amuserent, en attendant la piece réguliere.

70. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177

Il en avoit fait représenter grand nombre dans le Collège de Louis le Grand, où chaque année la représentation d’une piece étoit une grande fête. […] Qu’on ait donc grand soin de n’admettre aucune piece, je ne dis pas grossierement licencieuse, mais efféminée, qui ne soit dans la règle des mœurs ; qu’on ne se charge pas d’un rôle vicieux, que le vice soit toujours puni, qu’on quitte absolument le théatre, pour ne pas perdre les autres & soi-même. […] La plupart retirés dans des Communautés, occupés à des études sérieuses & des fonctions saintes, ne connoissent point le théatre, à peine ont-ils vu quelque piece de Collège.

71. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VII. » pp. 115-130

A présent tout s’y trouve conforme au génie délicat du siécle ; les portraits sont tirés d’après nature, il régne dans toute la piece une illusion séduisante ; le cœur qu’elle a le don d’intéresser, se suppose volontiers en la place des interlocuteurs, & puise des vices réels dans le spectacle des passions imaginaires.

72. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-9

Il tient le même langage de galanterie ; &, loin de former à la sagesse, il répete les mêmes folies, les mêmes sentimens, & n’est employé qu’à confirmer le libertinage de la piece & des acteurs.

73. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Fêtes de Théatre. » pp. 95-114

que ces gens-là voulant se donner un air de littérature & de beaux esprits, & se mettre à la mode de Paris, ont bâti un théatre qu’ils décorent du grand nom de Théatre National, qu’ils y représentent des pieces, qu’un d’entr’eux, qui fait des vers, a composé une tragédie, qu’ils ont jouée ; mais quelle piece, mais quel succès, mais quels applaudissements ! […] Nous avons quelques piece dévote, Athalie, Polieucte, où il est parlé de Dieu.

74. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

Quoi qu’il en soit de la modestie moderne sur la galanterie, il est du moins de notoriété que notre siecle n’est pas converti sur la médisance : presque point de piece nouvelle où il n’y ait des traits malins contre quelqu’un. […] Plus une piece est remplie de sel & de bons mots, plus elle plaît.

75. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

Deux Comédiennes, Marote Beaupré & Catherine les Ursis, se donnèrent rendez-vous sur le théatre du Marais, pour se battre l’épée à la main, & se battirent en effet à la fin de la piece (c’étoit deux rivales qui se disputoient un amant, comme les Chevaliers se disputoient leurs Dames). […] Quand l’Auteur écrivoit ces folies, il venoit sans doute de composer la piece des Parfaits Amans sur des décorations de Calot, trouvées au magazin de la comédie Italienne. Cette piece est un tissu de pareils monstres d’une imagination échauffée.

76. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

avec chacune sa piece à la main ; enfin, une troupe de génies de la philosophie avec des compas, de l’histoire avec le portrait de Charles XII, du Poëme Epique & du cheval d’Henri IV, de Louis XIV & de son siécle ; c’est ainsi que les Romains dans leurs funérailles faisoient porter les statues de leurs ancêtres, & que les triomphateurs trainoient à leurs chats les esclaves, & les dépouilles des nations qu’ils avoient vaincues. […] Un double mont, un chœur de poëtes, la Harpe, Marmontel, &c. avec les journalistes, une multitude d’Anglois, de Prussiens, de Russes ; un collége de Prêtres & de Prétresses d’Apollon : il paroissoit convenable que le grand Prêtre de ce Dieu, à la tête de tout, eût fait les honneurs ; mais le Sacerdoce féminin est plus du goût du chaste Héros de la piece ; ce fut la belle, la jeune, la savante, la dévote, l’incomparable Fretillon, qui, d’une voix unanime, en fut chargée.

77. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IV [III]. La Grange & Destouches. » pp. 90-114

Jamais homme n’a mieux possedé l’art de bien conduire une piece de théatre. […] L’Auteur se plaint encore que le goût depravé a fait assaisonner sa piece de beaucoup de licences & de mauvaises maximes , qu’il a supprimé.

78. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre V [IV]. De la Chaussure du Théâtre. » pp. 115-141

Les chaussures héraidiques ne pouvoient servir qu’à une piece & à un personnage, il eût fallu les changer à chaque piece, & pour bien suivre ce costume savoit le blason aussi bien que le P.

79. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 75-112

On trouva la Tragédie froide, excepté la reconnoissance de Joseph par ses freres, la texture de la piece commune, les caracteres des personnages peu intéressants, la versification prosaïque. […] Un homme si frivole, qui ne faisoit que voltiger, n’a pas fait des pieces de Théatre, les bouffonneries étoient au-dessous de lui ; mais le dessein suivi d’une piece noble, l’enchaînement des scenes, le développement d’une intrigue, l’adresse d’un dénouement, la variété des caracteres, bien soutenus, étoient au-dessus de son génie. […] S. on leur faisoit l’affront de leur distribuer des rôles subalternes, ils les dédaigneroient avec raison, & la piece iroit mal.

80. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — PREMIERE PARTIE. Quelle est l’essence de la Comédie. » pp. 11-33

Marmontel de prouver que Tartuffe est ridicule, ou il peut se flatter d’avoir une grande disposition à saisir le ridicule, s’il en trouve dans ce personnage : pour moi je ne crois pas être seul de mon avis, quand je dis que Tartuffe est odieux d’un bout de la piece à l’autre ; la Comédie de l’Imposteur est cependant, à ce que je crois encore, une vraie Comédie ; donc les vices odieux sont du ressort de la Comédie.

81. (1722) Chocquet, Louis [article du Supplément au Dictionnaire Historique et Critique] « article » pp. 42-44

Le second de signe na point, Dont pour acheuer nostre poinct Pierre, tenez les en uos mains, Et eulx deux, qui sont incertains Ou le signe est, n’en quelle espece, Viendront tirer chascun sa piece, Et celluy auquel escherra Le signe, subrogue sera Au lieu qui est ja devise.

82. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien cinquieme. Le danger de la Comedie en particulier, decouvert par le R. P. F. Guilloré de la Compagnie de Jesus. » pp. 67-79

Et aprés tout cela, n’est-il pas étonnant, que pour se jetter dans le danger de son salut, que pour perdre souvent son innocence, que pour pecher souvent mortellement, l’on aille à la comedie avec autant de chaleur & de passion, qu’aux plus fameux Predicateurs ; qu’on y trouve même plus de goût, & que l’on coure comme au feu, à la nouveauté de quelque piece ?

83. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XII. Des Machines & du merveilleux. » pp. 179-203

Le Poëte devoit en instruire & n’en dit pas un mot dans toute la piece.

84. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XX. Suite des prétendus talents du Comédien & de la Déclamation théatralle. » pp. 63-85

Toute son action sort du fond de la piece, c’est l’Auteur qui la lui prète.

85. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. —  CHAPITRE V. Tribunal des Comédiens. » pp. 128-140

Mais il est un autre tribunal qui n’a rien que de risible, qu’on peut appeller la Parodie du Palais, quoique les auteurs qui y vont humblement plaider leur cause ne le redoutent pas moins, que le prévenu, sur la scellette, redoute l’arrêt de la Tournelle ; c’est le tribunal des Comédiens, où l’on juge souverainement de la vie poétique, de l’honneur dramatique ; & du profit de la représentation d’un poëte qui présente une piece nouvelle ; l’un des grands abus du théatre ; c’est l’empire souverain qu’on a laissé prendre aux comédiens, sur les auteurs & sur les piéces.

86. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

A chaque ville, à chaque station, un théatre se trouve dressé, une troupe d’Acteurs prête, une piece jouée. […] Mais il faut convenir que la piece étoit bien déplacée & peu décente.

87. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

Le théatre a fait de la danse un art véritable & fort étendu, de grands maîtres, d’habiles élèves, des plans réguliers, un système suivi, une vraie académie, une science profonde ; tout y est choisi, préparé, combiné, symmétrisé ; uniformité de parures, assortimens de décorations & d’habit, égalité de tailles, ressemblance de traits, harmonie & cadence, symmétrie des pas & des figures, dextérité, légèreté, souplesse, force, tendresse, tous les agrémens imaginables, par conséquent tous les traits de la séduction ; tout y peint la volupté, met la passion en action, & y fait naître un vif intérêt, sur-tout lorsqu’adroitement combinée avec la piece représentée, elle fait avec elle un vrai tableau, naît-des événemens, les prépare ou les accompagne, comme l’a fait souvent le voluptueux Quinaut dans ses opéra, & que tâchent de faire ceux qui le suivent, car l’opéra est le vrai trône de la danse, le trône des danseuses, des figurantes. […] Et comme dans les bons tableaux il ne doit pas y avoir de couleurs oisives, d’objets inutiles, si ce n’est dans des bordures ou des lignes de séparation, la danse ne peut être un hors-d’œuvre, un trait étranger au tableau, que dans les entractes, comme autrefois, ou à la fin, comme une petite piece après la grande.

88. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

Racine a eu la sagesse de ne pas permettre des danses dans Esther, quoiqu’il y ait des chœurs de jeunes filles ; les Comédiens qui y mêlent des danses, s’éloignent de l’esprit de la piece. […] C’est le parterre même de l’opéra, que par une machine ingénieuse on élève tout à la fois à la hauteur du théatre, pour ne faire qu’une piece de plein pied, & qu’en suite la même machine remet à sa place.

89. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre VI [V]. Élizabeth d’Angleterre. » pp. 142-187

C’étoit une premiere actrice, qui changeoit d’habits à une piece où la décoration changeoit à toutes les scenes. […] Cette piece secrette de son procès, qui ne fut pas insérée dans l’information, influa plus qu’une autre sur son arrêt. […] Il fait donner un bal sur ce théatre comme le bal de l’Opéra d’aujourd’hui, & exécuter un baller par Elizabeth, les Seigneurs & Dames de la Cour, qui l’ont appris & disposé dans deux jours, pour servir d’intermedes à la piece.

90. (1644) Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. Discours quatriesme « Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. » pp. 100-132

Il assistoit à la representation d’vne piece, remarquable par ces belles choses ; admirée de tous les habiles de la Ville, & de toute vne Academie, qui estoit presente.

91. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

Dieu n’a point élevé des théatres pour rendre les hommes heureux dans le paradis terrestre, où tous les biens étoient réunis ; on n’y jouoit point de comédies, à moins qu’on ne donne pour une piece dramatique la tragique scène qui perdit l’homme, & qui fut le modelle de toutes les autres, par la séduction & ses effets.

92. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

Et pour vous faire voir que je n’outre pas la matiere, & que je ne vous impose point, ç’a tirés ce rideau & levés cette tapisserie, qui voyés-vous paroître sur le theatre, sinon les faux dieux, & les ridicules deesses de l’antiquité, c’est à dire des hommes vicieux & des femmes prostituées, qui ont étés érigés en divinités par les Gentils, ou bien on y voit paroître un illustre Payen, un Prince malheureux, ou un amant infortuné, dont le Poëte fait le Heros de la piece, qu’il resuscite par une espece de negromantie, & auquel il fait rendre plus de culte, & brûler plus d’encens qu’à tous les saints canonizés de l’Eglise, écrits dans nôtre martyrologe, & invoqués par les Fideles. […] Helas, M. l’auriez-vous jamais crû, que dans l’état present du Christianisme, & que dans des villes bien policées on eût ouvert des écoles publiques pour y enseigner le vice, & pour y corrompre les bonnes mœurs ; comme si la nature gâtée comme elle est, jusques dans son fond, n’étoit pas une assez sçavante maîtresse pour enseigner toutes sortes de vices aux enfans ; cependant c’est ce qui se pratique tous les jours dans la comedie, où l’on enseigne non seulement l’art d’aimer, qui fit bannir autrefois un Poëte de Rome, mais encore l’art de commettre le peché avec esprit, & de conduire une intrigue avec adresse ; d’où il arrive que le poison de l’amour, aussi bien que celuy du plaisir, qu’Arnobe appelle, lenocinia voluptatum , venant à couler par les yeux & par les oreilles de ce jeune homme, & de cette jeune fille, il s’insinuera si avant dans leurs ames & dans leurs cœurs, qu’ils se rendront les veritables Acteurs de la piece, qu’ils ont vû representer par les Comediens, & feront qu’on verra dans le parterre ou dans la ville la scene de ce qui s’est joüé sur le theatre.

93. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

Et on regarde l’effet comme une partie si essentielle à la piece, que si elle manque par cet endroit, elle passe pour un ouvrage froid & insipide. […] tout le but de son travail est qu’on s’agite avec le personnage qui s’agite, qu’on s’associe à la douleur d’une femme affligée, qu’on prenne part au ressentiment d’un homme offensé qui exagére l’outrage qu’il a reçu ; & si l’effet n’accompagne pas l’exécution de sa piece, ne regarde t-on pas le secret de l’art comme manqué ? […] Car enfin, ce n’est pas pour vous seuls qu’une piece est représentée : or, en supposant que vous y fussiez insensible par la disposition de votre cœur, ne péchez-vous pas toujours par le mauvais exemple que vous donnez en y assistant, qui autorise tant d’autres à vous imiter ?

94. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Il n’est point de mauvais livre, de piece licencieuse, qui dans les séduisantes comparaisons des lys & de la neige, n’en trace le dangereux tableau : qui en ignore les pernicieux effets ?

95. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Ses deux Vicaires qui confessoient aussi, & l’avoient imité subirent le même sort, les actrices triompherent, la piece fut jouée avec encore plus d’éclat ; il y eut bal, on dansa toute la nuit, on y fit toutes sortes de folies.

96. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

Quel plus beau présent à faire à un philosophe algebriste, qu’une piece de théâtre, surtout quand elle prêche la tolérance du paganisme, & quelque criaille contre la réligion ?

97. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

Pour rendre l’ouvrage parfait, il faudroit tous les jours prendre des bains de ceruse, comme l’Imperatrice Poppée prenoit tous les jours des bains de lait d’ânesse, & y tremper toute la personne, comme on trempe une piece d’étoffe dans la chaudiere d’un teinturier, encore même y a-t-il quelquefois des taches.

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