Dans l’origine du Théatre Grec, les Sentences rares qu’Eschyle & Sophocle mettoient dans la bouche des personnages, étoient tellement liées au sujet ou au caractère de ces Acteurs, qu’elles sembloient des parties mêmes de l’édifice Dramatique.
Les Auteurs du Journal des Savans, après avoir rendu justice aux Observations neuves, ingénieuses & hardies que M. de Pompignan y présente sur le caractère de Racine, finissoient leur Extrait, en disant : Nous ne suivrons pas M.
Il est certain que les choses dans la vie dépendent beaucoup des noms qu’on leur attribue : par exemple on ne pare point d’un beau nom un indigne caractère, sans en déguiser l’idée naturelle, sans faire illusion à ceux qui ne sont pas assez sur leurs gardes, et sans les attirer par là dans le piège.
Oui, cet esprit doux, patient, humble, chaste, charitable, miséricordieux, qui fait le caractère et l’excellence des mœurs du Christianisme, a plus de convenance avec le génie et le cœur des femmes, à qui la douceur et la patience, la soumission et la pudeur, la compassion et la charité, sont des vertus presque naturelles : Au lieu que nous autres, si nous les voulons acquérir, nous sommes obligés de travailler beaucoup sur notre cœur ; qui est naturellement violent et impatient, fier et sensuel, dur et impitoyable. […] J’entends déposer publiquement contre elles tous ces bons faiseurs de Satires, de Caractères, et de Comédies, à qui l’on donne la louange de peindre si fidèlement d’après nature les mœurs de nos temps : Et pour faire ces portraits plus ressemblants, l’on emprunte les noms des femmes Grecques, et Romaines qui ont le plus deshonoré leur Sexe, et leur siècle.
Elle marque assez bien votre caractère. […] Mais cet enjouement n’est point du tout votre caractère.
Le caractère de bienfaisance que Beauchâteau a déployé dans la circonstance que je viens de décrire, et qui a pris son origine dans la pratique d’un des devoirs que la religion nous impose, doit couvrir et honorer sa mémoire de l’estime générale.
Ces deux Comédiennes furent deux phénomènes d’un caractère bien différent : l’une étoit Italienne, l’autre Angloise, toutes deux artificieuses, mais la Florentine, selon le génie de sa nation, étoit plus fine, plus rusée, plus hypocrite. […] Elisabeth, quoique bien faite, n’étoit pas une beauté à faire si rapidemeat des conquêtes ; il ne la vit qu’à travers les nuages d’une conspiration avérée, & leur caractère ne sympathisoient guère ; il seroit singulier que les deux jalousies de la Reine eussent sa sœur pour objet l’une sur Devonshire qu’elle aimoit, l’autre sur Philippe son mari ; la première étoit fondée, la seconde ne l’étoit pas. […] Dans un royaume héréditaire, les bâtards ne peuvent régner qu’au défaut de tous les Princes légitimes ; si la bâtardise étoient reconnue, tous les Stuart devoient lui être préférés : ces raisons sont évidentes, Philippe ne devoit pas demander, elle devoit tout uniment pour la refuser, non pas jouer la comédie, fait espérer par les plus grandes démonstrations, & échapper par des défaites ; mais le caractère perce par-tout même sans nécessité. […] Il y avoit bien là , dit Baile, qui le rapporte, & qui n’est pas suspect, de quoi déconcerter les Ambassadeurs ; il y a bien là aussi de quoi juger de la religion & du caractère comédien de cette Actrice qui tourne en dérision les choses les plus saintes, & ne sauve pas même la décence des termes, méprisant également l’une & l’autre Religion dans l’action des Rois la plus sérieuse. […] Elisabeth ajoute la dissimulation aux attentats, la fourberie à l’inhumanité, le deuil à l’assassinat ; ce n’est pas la conduite d’une femme d’esprit, on se fait mépriser quand on juge tout le monde si grossièrement dupe ; mais c’étoit son caractère, son art, son talent qu’on nomme politique, feindre, dissimuler, tromper.
On n’y voit qu’une foule de menus incidens, sans liaisons, sans à propos, sans vraisemblance ; point de nœud, point de caractère, point d’économie, point d’ensemble.
Pourquoi ce Marquis, dont la femme est jeune, belle, spirituelle, du meilleur caractère & de grande Maison, l’abandonne-t-il pour courir après les caresses d’un minois ignoble qui n’en refuse à personne ?
La Charité qui doit faire le quatrième trait du caractère du Héros, n’a rien qui la fasse reconnaître sous le Symbole d’Esculape, si fameux, dites-vous, pour ses guérisons merveilleuses.
Voilà qui décele le caractère des hommes, chacun s’arrange selon son goût ; les meubles & les habits sont une espece de Physionomie, qui peint les inclinations. […] Peut-on ne pas sentir le tort infini qu’on se fait dans le monde, même corrompu par le caractère des peintures qu’il étale, & par l’état où il le fait peindre lui & les siens ? […] On voit que quand on porte le Saint Viatique dans les maisons, s’il se trouve dans la chambre du malade, quelques tableaux de ce caractère, on a soin de l’ôter ou du moins de le couvrir, tant on en sent l’indécence, on le feroit encore pour recevoir la visite d’un Prince, d’un Grand qu’on sauroit ne pas aimer ces sortes de peintures ; on le feroit pour un homme de bien, un religieux, un homme grave, dont on connoît les sentimens.
Avant de s’informer du caractère & des mœurs d’Hercule, on jette les yeux sur ses exploits, parce qu’ils parlent aux yeux : son caractère ne se fait connoître qu’à l’esprit, qu’à la réflexion, qui ne travaillent que sur les mémoires que les premiers leur fournissent.
Nous ne devons pas laisser de louer ce critique : il réussit bien dans ce qu’il entreprend et soutient parfaitement le caractère des faux dévots dont il défend la cause. […] Ils n’ont point démenti leur caractère pour en venir à bout, leur jeu a toujours été couvert, leur prétexte spécieux, leur intrigue secrète ; ils ont cabalé avant que la pièce fût à moitié faite, de peur qu’on ne la permît, voyant qu’il n’y avait pas de mal.
Le caractère de ces représentations, dont les pèlerins de la Terre-Sainte avaient donné l’idée, procura à la compagnie de leurs inventeurs le privilège d’être érigés en confrérie pieuse. […] C’est ce qui a donné lieu de se servir de ces mots, patelin, patelinage, pour exprimer le caractère d’un homme de mauvaise foi.
« Il suffit qu’on soit homme, & qu’on soit malheureux. » Voilà ma façon de penser ; elle ne sera pas du goût de tout le monde ; on pourra soupçonner trop d’orgueil dans l’aveu que j’en fais, mais je répondrai que je ne la détaille pas pour en être loué : tant d’autres ont pris ce tour, que j’aurais mauvaise grace de m’enservir ; ce n’est point là mon caractère : non, Messieurs, & vous pouvez m’en croire.
Pour faire paraître votre Héros vigilant, vous le représentez comme un homme qui aime la danse, et qui la regarde avec attention, ce qui n’est pas moins indigne d’un Evêque que le défaut, que vous voulez éloigner de son caractère.
Je vais donner l’Abrégé et le caractère de chacun de ces Ouvrages, avec toute l’exactitude que l’on peut souhaiter, afin de les conserver plus facilement à la postérité.
L a Comédie est un Poème Dramatique qui représente une action, qui d’une manière ingénieuse et plaisante corrige les défauts des hommes, et divertit par la peinture naïve qu’elle fait de leurs différents caractères.
Le premier caractère du beau considéré par rapport à ses effets sur le cœur humain, seroit-il la nouveauté ? […] Quelques observations sur l’ordonnance du tableau, nous mettront en état de mieux juger de ses proportions & de la vérité de ses caractères.
Raison plausible qui fait sentir de quel caractère sont les gens qui s’y trouvent. […] Ceux de ce caractère qui liront ces Réflexions en seront-ils fort touchés ?
« Or, peut-on appliquer ces caractères aux spectacles auxquels on court aujourd’hui avec tant d’empressement ? […] Est-ce avec ce caractère d’opprobre qui pourrait la faire redouter ?
C’est par ces degrés que Molière a fait monter l’Athéisme sur le Théâtre, et après avoir répandu dans les âmes ces poisons funestes, qui étouffent la pudeur et la honte ; après avoir pris soin de former des Coquettes, et de donner aux filles des instructions dangereuses ; après des Écoles fameuses d’impureté, il en a tenu d’autres pour le libertinage, et il marque visiblement dans toutes ses Pièces le caractère de son esprit : il se moque également du Paradis et de l’Enfer, et croit justifier suffisamment ses railleriesDans sa Critique. […] Ou Louis XIV, le plus glorieux de tous les Roys au monde (s.l., 1664), qui qualifie Molière ainsi : « Un homme, ou plutôt un Démon vêtu de chair et habillé en homme et le plus signalé impie et libertin qui fut jamais dans les siècles passés, avait eu assez d’impiété et d’abomination pour faire sortir de son esprit diabolique une pièce toute prête d’être rendue publique, en la faisant monter sur le Théâtre, à la dérision de toute l’Église, et au mépris du caractère le plus sacré et de la fonction la plus divine, et au mépris de ce qu’il y a de plus saint dans l’Église, etc. » Le pamphlet a été pilonné, apparemment sur ordre de Louis XIV. […] Ou Louis XIV, le plus glorieux de tous les Roys au monde (s.l., 1664), qui qualifie Molière ainsi : « Un homme, ou plutôt un Démon vêtu de chair et habillé en homme et le plus signalé impie et libertin qui fut jamais dans les siècles passés, avait eu assez d’impiété et d’abomination pour faire sortir de son esprit diabolique une pièce toute prête d’être rendue publique, en la faisant monter sur le Théâtre, à la dérision de toute l’Église, et au mépris du caractère le plus sacré et de la fonction la plus divine, et au mépris de ce qu’il y a de plus saint dans l’Église, etc. » Le pamphlet a été pilonné, apparemment sur ordre de Louis XIV.
C’est même proprement son caractère. […] Si on pouvoit la voir & entendre le ton des passions, on rendroit parfaitement tous les caractères. […] Quel spectacle auguste pour un être qui pense, d’un côté l’assemblée des Plénipotentiaires, des Puissances de l’Europe, & de l’autre le sanctuaire de la politique ouvert, le conseil des Rois, le cabinet des Ministres, les mysteres d’Etat exposés aux yeux du public, les intérêts des nations pesés, discutés, balancés, la morale des Cours, le caractère des grands, le langage des dépositaires de la fortune mis dans un beau jour ; pourquoi ne goûteroit-on pas un plaisir solide & instructif ? […] Dans cette crise les mœurs & les manieres anciennes contrastoient avec les lumieres nouvelles ; le caractère national, formé par des siecles de barbarie, cessoit de s’assortir avec l’esprit nouveau qui se répandoit. […] Ne soyons pas les dupes de la charlatanerie typographique, retranchons les vignettes, les culs de lampe, les titres des actes & des scenes, les noms des acteurs répetés dix fois dans chaque page, dont chacun étant d’un plus gros caractère emporte trois ou quatre lignes ; supprimons les demimots, monosyllabes, oui, non, mais, les phrases commencées & interrompues qui ne signifient rien, les liaisons triviales entrez, sortez, allez, dont chacune tient fierement sa ligne, & honorée du nom d’un acteur, (cette réduction est équitable) il ne faut pas un génie bien trancendant pour enfanter ces prodiges.
» Diable et orthodoxe joints ensemble font un effet qui répond assez au caractère de l’Auteur : car rien n’a plus l’air d’une imprécation contre la morale chrétienne. […] Tout ce que dit Rasor jusqu’ici est d’un caractère de libertin et de misérable au naturel : mais il rentre ensuite couvert d’une haire et tient le même discours que la Tribulation dans le Chimiste. […] il rejette quelquefois ses verves impies sur des Personnages d’un autre rang et d’un autre caractère que des valets et des misérables. […] son impatience va loin, il est vrai ; mais le caractère de la personne, la nature et l’occasion de son supplice sont des circonstances qui rendent ses plaintes comme naturelles et ordinaires, quelque outrées qu’elles paraissent : la violence de sa passion, la force de son tempérament et la grandeur de son courage ne pouvaient guère manquer d’ajouter de l’énergie et de la véhémence à ses discours. […] L’impiété ne doit jamais se souffrir, quelque tempérament qu’on y apporte : elle doit être exilée de chez nous sans condition et sans réserve : nul prétexte emprunté du caractère ou de l’exemple qu’on en veut faire n’est suffisant pour l’excuser ; nulle prétendue règle du Théâtre ne peut être une autorité pour l’y introduire.
Vous aimeriez mieux un sermon peut-être, mais souvenez-vous de ce beau précepte d’Horace « segnius irritant etc.. »p « Qu’on n’attribue pas au théâtre le pouvoir de changer des sentiments et des mœurs qu’il ne peut que suivre et embellir. »q Embellir des mœurs n’est-ce pas à peu de chose près les changer, rendre un Peuple voluptueux, galant ; un Peuple badin, spirituel et délicat ; un Peuple naturellement farouche, brave et généreux ; c’est ce me semble gagner beaucoup sur l’humanité, c’est profiter d’un caractère vicieux faute de raison qui l’éclaire, pour en former un caractère qui devient estimable par sa réforme : c’est retrancher des mœurs ce qu’elles avaient de défectueux auparavant ; et Molière en se bornant à l’embellissement des mœurs du Peuple qu’il voulait corriger, a sans doute rempli la tâche que la raison impose aux Philosophes. […] La complaisance d’un Auteur à peindre dans ses personnages les mœurs et les caractères de ses compatriotes, c’est-à-dire de donner à ses Héros des Vertus que l’histoire leur refuse, et qui sont communes dans sa Patrie, me paraît louable en ce que c’est un moyen d’entretenir ces bonnes qualités dans la Nation, de les faire aimer davantage et de captiver l’attention du spectateur en l’intéressant pour des Vertus et des bonnes qualités qu’il a lui-même ; c’est sans doute le motif qui a porté Racine à donner à ses Héros la politesse et la galanterie Françaises, et ce ne sont que des gens de mauvaise humeur qui peuvent trouver que ces Héros y aient perdu. […] On voit bien que vous n’avez pas sous les yeux les objets de votre critique, les livres vous manquent et surtout Molière, votre mémoire ne vous dédommage pas de cette privation, vous n’auriez pas imaginé qu’il est des caractères estimables qu’on n’ose mettre sur la scène tel que celui d’un homme droit, vertueux, « simple et sans galanterie, [qui ne] fait point de belles phrases, ou un sage sans préjugés qui ayant reçu un affront d’un spadassin, refuse de s’aller faire égorger par l’offenseur : qu’on épuise, ajoutez-vous, tout l’art du Théâtre pour rendre ces personnages intéressants comme le Cid au peuple Français, j’aurai tort si l’on réussit. »ac Pour détruire cette objection, il m’est facile de prouver que nos Auteurs n’ont pas eu la lâche complaisance que vous dites et de le prouver par des faits. […] La scène d’un jeune homme, d’un caractère doux et bienfaisant, qui cependant, emporté par les fumées du vin, vient de jeter une assiette au visage d’un de ses meilleurs amis, contient des réflexions et en fait faire de si sensées à tous ceux qui l’écoutent ou qui la lisent, qu’on peut présumer que des scènes dans ce goût, et destinées à la même critique, feraient une impression très utile dans le cœur de nos ferrailleurs étourdis. […] , p. 21-22 : « Il s’ensuit de ces premières observations, que l’effet général du Spectacle est de renforcer le caractère national, d’augmenter les inclinations naturelles, et de donner une nouvelle énergie à toutes les passions.
L’abus, dit-il, qu’il s’agit de détruire, est barbare, et la justice devrait employer selon moi quelque chose du caractère de ceux qui s’y livrent. […] Etc.. »fp Ces soupçons que votre perfidie cherche à donner de nous au Public, sont aussi bien fondés que ceux que quelques idiots avaient conçus contre le caractère de M. de Crébillon. Ils s’étaient imaginé, dit-il, qu’un homme qui avait pu traiter si énergiquement le caractère d’Atrée devait avoir l’âme aussi noire que son Héros. […] Votre méchanceté vous ôte la mémoire : vous venez de reprocher tout à l’heure aux Comédiens de paraître ce qu’ils ne sont pas et de revêtir un autre caractère que le leur. […] L’art de se contrefaire, de revêtir un autre caractère que le sien, de paraître différent de ce qu’on est […] » fb.
Une seule lettre changée dans un nom devient une Parodie : ainsi Caton parlant de Marcus-Fulvius Nobilior, dont il voulait censurer le caractère inconstant, l’appelait M.
En écrivant à ce pieux missionnaire, je crois avoir conservé le ton de modération, de décence et d’urbanité qu’exigeaient à la fois et son caractère sacré, et le sujet que je voulais traiter, et les lecteurs auxquels je m’adressais. […] D’abord, Monsieur, et avant que d’entamer la discussion sur le théâtre et les bals, vous parlez de l’influence qu’exerce un ministre du culte à raison de son caractère et du talent plus ou moins distingué avec lequel un sujet est traité.
Le plan, l’économie, les caractères, les mœurs, les passions, appartiennent aux premieres. […] Nous admirons une belle pensée, un sentiment noble, dans une expression simple ; & c’est quelquefois le caractère du sublime.
Ne sont-ce pas là les caractères de l’asservissement le plus formel ? […] Si un Souverain s’avisoit en chassant dans une Forêt, d’y faire un fagot, imprimeroit-il aux Bucherons un caractère de Noblesse ineffaçable ?
Voir Alexandre attendri, soupirant, doucereux auprès d’une femme, il semble que cela ne s’accorde point avec la haute opinion que nous avons de ce Héros ; Alexandre n’est connu généralement que du côté de la grandeur d’âme, de la magnanimité et du courage, et le faible de la passion d’amour paraîtra toujours en défigurer le caractère. […] Leurs caractères sont faux dans l’héroïsme, dans le politique et dans l’amour même ; C’est l’amour qui produit tout cela, et c’est de ce point que partent toutes les extravagances qu’ils font.
(réflexion ridicule, il y a peut-être deux ou trois femmes d’Officiers François) Le séjour des François opere des grands changements dans les mœurs : les festins, les danses, les comédies ont succédé aux horreurs de la guerre ; ce prodige a été opéré par le caractère (frivole & libertin) d’une nation qui répand par-tout l’amour du plaisir : Incidit in Scyllam cupiens vitare caribdim. […] Peisonnel, Consul de la nation, intitulée Selim ou la foi du sujet ; elle a eu les plus grands applaudissements, le sujet en a été trouvé neuf, & vraiment tragique ; les caractères bien soutenus, la conduite sage, les situations intéressantes, le style noble & nerveux, les sentiments d’amour & de fidélité du sujet envers son Roi, y sont dévelopés d’une maniere, qui fait autant d’honneur à l’auteur qui en est rempli, qu’au Monarque qui les inspire. […] Sans doute ces cinq Temples étoient destinés aux quatre vertus cardinales, la Prudence, la Justice, la Force, la Tempérance, & enfin à la Réligion, qui doivent faire le caractère du Magistrat.
On charge même les caractères, on les contraste, pour en faire mieux sentir les défauts, & donner matiere au ridicule. […] A cette source féconde l’homme le plus borné va s’aguerrir, le caractère le plus doux va se nourrir de poison ; à cet attelier, à cet arsenal public de médisance, toute une ville va se fournir d’armes dont il se fera mille blessures, les aiguiser, apprendre à les manier, & enfoncer le poignard en riant. […] Il n’est pas étonnant qu’une nation médisante par caractère, aime si fort l’art de médire, & la médisance mise en action, parée de toutes les graces les plus piquantes, & fondue avec la galanterie, autre sel qu’elle ne trouve pas moins piquant, & que le théatre à son tour souffle, attise, alimente ce feu.
Cette indulgence seroit même assez conforme à la douceur de son caractère. […] Qu’on réunisse toutes ces conditions, qu’il n’y ait rien de mauvais, d’indécent ou de dangereux, jamais d’excès ni dans la chose ni dans l’affection qu’on y a ; que la gravité chrétienne la modestie, la piété s’y conservent ; qu’on ne se le permette que comme un besoin, un soulagement à la foiblesse humaine ; qu’on se traite comme les enfans, à qui on permet des récréations, mais sans excès, sans danger, sans indécence ; qu’on n’y souffre rien que de convenable aux temps, aux lieux, aux caractères des personnes, aux jours de fête & de pénitence, & on verra que si ce Saint paroît, dans la spéculation d’une abstraction métaphysique, avoir quelque légère indulgence pour le spectacle en général dans sa nature, personne n’en est en effet un censeur plus sévère dans la réalité & la pratique, où jamais ne sont ni ne peuvent être observées les sages loix qu’il a prescrites. […] Le danger est de même relatif au caractère des personnes, plus grand pour les uns que pour les autres.
A leur âge, ils ne sont pas en état de suivre l’intrigue d’une Pièce, ni de faire des réflexions sur l’instruction qu’on peut tiret des défauts d’un caractère : ils n’ont des oreilles que pour entendre ce que l’on dit ; et ce qu’ils auront entendu, ils le répéteront sans cesse, et ne l’oublieront jamais.
Pour se livrer à l’envie, à la vengeance, à la colère, au soupçon, etc. il est nécessaire d’être mal né, d’avoir un mauvais caractère et souvent le cœur corrompu : pour aimer il suffit d’être homme.
Ce grand homme n’étoit pas fait pour être un tabarin ; l’élévation de son esprit, sa sublime géométrie, sa profonde métaphysique, son système du monde, son caractère sérieux ; sa vie triste & errante, que ses persécuteurs lui firent mener, l’objet qui l’avoit fait venir en Suêde, pour expliquer sa philosophie à la Reine, elle voulut se donner la comédie en y faisant travailler le plus grand Philosophe. […] Ce caractère jovial, cette fécondité d’historiettes inconnues en Suede y parurent un prodige & firent sa fortune, il plut à la Reine par ses folies même, elle étoit trop frivole elle-même pour ne pas en être enivrée ; son père lui avoit fait faire ses classes & prendre le petit colet, il l’envoya à Paris auprès d’un oncle, qui exerçoit la médecine, cet oncle qui n’avoit pas d’enfans, le prit en affection, le fit étudier & prendre le bonnet de Docteur en médecine. […] Elle se fit donc un honneur de son abdication forcée, & se donna pour une Héroïne ; cette idée romanesque, son unique ressource, analogue à son caractère & aux chimères de grandeur dont elle se repaissoit ; elle s’imagina que toute l’Europe l’admireroit comme un prodige, le changement de Religion en relevoit le prix, il lui donnoit un air de martyre, cependant elle voulut conserver l’éclat, les honneurs, les richesses de la royauté ; après l’avoir quittée, & même en exercer l’autorité souveraine de vie & de mort, elle trouva d’abord assez de condescendance pour entrer dans ses vues, & des flatteurs pour la combler d’éloges ; mais le prestige cesse, les vices, les défauts parurent, & après quelques éclairs de grandeur, elle tomba dans le mépris, fut oubliée, & mourut dans l’obscurité. […] Aussi son père qui désiroit fort d’avoir un garçon, & qui n’eut que cette fille, s’en consoloit quand il eut connu son caractère, en disant, elle vaut bien un garçon. […] Jeu de mots qui ne signifie rien en lui-même, comme s’il y avoit un Être qui tient le milieu entre les deux sexes ; elle devoit aimer les arbres qui ne sont point femmes, c’étoit assez maladroitement écarter le soupçon du vice, elle affectoit une grosse voix, marchoit avec précipitation, rioit à gorge déployée, elle faisoit profession de mépriser les femmes à cause de leur ignorance & de la frivolié des choses dont elles ont coutume de parler, & de la futilité de leur caractère ; mais elle prenoit plaisir de s’entretenir avec les hommes, & sur des choses mauvaises plutôt que sur des bonnes, sa conversation étoit fort licencieuse, pleine de gros mots & de juremens ; car quoiqu’elle entendit & parlât assez bien le François, elle avoit retenu, je ne sais quoi de grossier qui sentoit son Suédois & l’indécence de ses manières.
Passant ensuite à l’influence réelle du théâtre en France, et le considérant particulièrement aux époques des grands événements qui ont précédé ou suivi le cours de la révolution, j’ai fait voir qu’il avait beaucoup contribué au bouleversement de l’Etat, et nui singulièrement à sa prospérité, en affaiblissant les grandes idées religieuses dans l’esprit des peuples, en corrompant les mœurs, loin de les corriger, enfin en altérant jusqu’au bon goût, et en changeant même le caractère national sous le rapport du sentiment et de l’urbanité.
» Voilà le caractère Français, le goût du frivole, le Français même en convient et en rit, le petit maître s'en fait gloire : aucune nation dans le monde, ni toutes les nations du monde ensemble n'ont autant composé de romans, de comédies, de chansons, de petites poésies de toute espèce. […] Une mauvaise éducation laisse ignorer les lois de la décence, la paresse néglige de les observer, la dureté du caractère refuse de s'y assujettir.
Ce n’est cependant pas la faute de l’auteur, puisque lui-même, dans l’une des scènes précédentes, établit ainsi le vrai caractère qui distingue le prêtre digne de ce nom, du misérable fanatique qui le déshonore. […] Ne sachant plus nourrir la force du comique et des caractères, on a renforcé l’intérêt de l’amour. […] Le rôle de Sainte-Luce peint bien le caractère d’un aimable étourdi qui peut plaire à beaucoup de monde ; il est au-dessus de celui du Colonel, que sa passion rend quelquefois fade et langoureux. […] Ce caractère n’est point dans la nature ; il est en opposition directe avec les vrais sentiments de l’homme, qui, à moins d’une abnégation purement religieuse, ne peut se trouver heureux ni se complaire dans un état, même apparent, d’infortune et de misère. […] Mais il fait plus de nos jours, il altère le bon goût et change même le caractère national.
Le théâtre doit instruire et divertir le public, mais les instructions de piété n’y doivent être ni fréquentes ni affectées, il faut qu’elles soient regardées comme des sentiments qui sont attachés aux caractères des Acteurs, et qui servent à l’action qui se passe sur la Scène.
où est cet assemblage, et cet amas criminel de diverses impuretés et débauches, c’est-à-dire, la désolation et le renversement de notre espérance et de notre salut : et encore que ces choses fussent en usage parmi eux, pendant qu’ils vivaient dans les ténèbres du Paganisme, ils étaient toutefois bien moins criminels, n’étant point coupables de prévarication contre une chose sainte et sacrée, ni une injure faite au Sacrement et contre son caractère : mais pour nous, comment pouvons-nous nous défendre, vu que nous confessons et publions que nous renonçons au don précieux et incomparable du salut, et qui fait qu’on nous peut justement reprocher, et demander où est notre Christianisme ?
Ce n’est pas ici une perfection, c’est un vœu, c’est le premier de tous vos devoirs, c’est le caractère le plus inséparable de la Foi… Et de là, voilà bien des questions résolues. […] L’art de se contrefaire, de revêtir un autre caractère que le sien, de paraître différent de ce qu’on est, de se passionner de sang froid, de dire autre chose que ce qu’on pense, aussi naturellement que si on le pensait réellement, et d’oublier enfin sa propre place, à force de prendre celle d’autrui. […] Ajoutez que le Poète, pour faire parler chacun selon son caractère, est forcé de mettre dans la bouche des méchants, leurs maximes et leurs principes, revêtus de tout l’éclat des beaux vers, et débités d’un ton imposant et sententieux, pour l’instruction du parterre. » « Si, dans la Comédie, on rapproche le ton de Théâtre à celui du monde, on ne corrige point, pour cela les mœurs ; le plaisir même du comique étant fondé sur un vice du cœur humain, c’est une suite de ce principe, que plus la Comédie est agréable et parfaite, plus son effet est funeste aux mœurs. […] 38. » « Enfin, quelle idée peut-on se former des Spectacles, si l’on en juge par le caractère des personnes qu’on se propose principalement d’y amuser, et qui abondent dans les grandes villes ?
Le fard réunit tout ces caractères, orgueil, ambition, cupidité. […] Le Puits de la vérité est un petit roman ingénieux & amusant, plein d’une très-bonne morale, sous l’écorce d’une fiction de deux sœurs, d’un caractère fort différent, dont l’une doit être élue Reine par les suffrages du peuple. Chacun à son parti, & ces partis aussi différents qu’elles par leur caractère, occasionnent bien des incidents & des réflexions agréables.
Ce sont encore là des preuves de décence & des titres en faveur du théatre, pour ne pas rougir de ces infamies & de cent autres de ce caractère, pour en soûtenir la représentation, pour en louer les Auteurs, applaudir aux Actrices qui ont le talent de les réaliser, & en charger les nouvelles publiques. […] Le caractère des Magistrats l’arrête, ou lui laisse le champ libre. […] Il y a quelques scènes ingénieuses & divertissantes ; mais le caractère outré & imbécille du Bourgeois, qui n’exista jamais ; la scène copiée du Tartuffe, où Nicole & Covielle se fuient & se poursuivent ; la cérémonie Turque, copiée dans le Malade imaginaire, pour la réception d’un Médecin, &c. sont de pures arlequinades & de vraies extravagances.
La plupart de ces fictions manquent de vrai-semblance, & à tout moment démentent le caractère étranger qu’on a pris, & laissent voir le François qui joue si mal-adroitement son rôle : Tout a l’humeur Gasconne en un Auteur Gascon. […] Cette idée favorite de notre Auteur, qui peint lui-même sous ces traits le caractère de ses productions, le développement naïf du plaisir qui règne par-tout, est la mollesse elle-même qui dédaigne les plaisirs bruyans, & s’endort voluptueusement dans les bras du vice. […] Voilà le caractère du siecle, & la prétendue décence des Comédiens de nos jours, une décence factice, une délicatesse de mots, qui voile les horreurs du vice, & assaisonne l’aliment de la corruption par un petit sel de modestie qui le rend plus piquant.
., mais surtout par le caractère de ceux qui s’y montrent, gens en place faits pour édifier, gens graves et réguliers, dont la réputation y donne un nouveau poids, un père, une mère, un maître, qui en donne l’exemple à ses enfants, ses élèves, les y laisse aller, leur fournit de l’argent ; par le caractère de ceux à qui l’on tient, famille chrétienne, communauté régulière, corps respectable, fonctions publiques, profession distinguée, etc. […] Un Magistrat, père du peuple, vengeur des crimes, protecteur des bonnes mœurs, interprète des lois, oracle d’une province, dont la sagesse, la modération, la décence font le caractère, qui tient à un Corps respectable, qui remplit les plus importantes fonctions, sur qui le public a les yeux fixés, à qui il doit son respect et sa confiance, est sans doute plus que personne obligé d’édifier : les scandales portent des coups mortels sur les cœurs.
avec nous des lumières de la vérité, qu’ils nous laissent en possession de notre créance ; qu’ils voyent parmi les ours à trouver des caractères analogues à leur manière de penser… & à leurs maximes capables de troubler l’ordre de la société . […] ) Quel est leur caractère, pour s’ériger en réformateurs publics de la Religion & de l’Etat ? […] est gravée sur nous, & portant nous mêmes les caractères ineffaçables de votre divinité . […] Quel est son caractère pour s’ériger en réformateur public de nos amusemens qu’une tradition plus que centenaire nous a transmis, pour attaquer… détruire un sentiment que la Nature a gravé dans nos cœurs, & que le théâtre d’aujourd’hui ne fait que développer & perfectionner ? […] mon zèle alors n’écouteroit que mon devoir : Mais montrez-moi, Chrétiens, dans quelque endroit de la Loi, l’obligation de dénoncer ce qui a tous les caractères de la publicité.
Il ne faut donc plus employer contre le Théâtre de notre temps ces grandes paroles de zèle et de foudre que les anciens Pères de l'Eglise ont autrefois prononcées, et l'on ne doit pas condamner un divertissement que les Papes et les Princes Chrétiens ont approuvé depuis qu'il a perdu les caractères de l'impiété qui le rendaient abominable.
On voyait en effet des prêtres, malgré leur caractère sacré et respectable, partager le blâme attaché à ceux qui jouaient des comédies licencieuses.
Ce nouveau conseil serait, quoi qu’il en dise, un tribunal véritablement inquisitorial, il en aurait tous les caractères odieux. […] Ce qu’il y a de plus funeste dans ces horribles maladies, et surtout dans l’hydrophobie, c’est que le caractère spécifique de la rage est, comme on sait, l’envie de mordre indistinctement et ses amis et ses ennemis.
Je demande d’abord, si l’on peut donner le nom de Poème dramatique à l’Ouvrage informe qui ne contient que des Scènes mal-cousues, & dans lequel on ne voit ni intrigue, ni caractère principal ?
Le zèle représenté par Hercule, fait le premier trait du caractère : mais il fallait, mes Pères, que vous en fussiez bien transportés vous-mêmes pour nous faire une si étrange peinture de la Ville ou du Diocèse d’Aix, en y faisant régner l’erreur, la violence, la discorde, l’impiété, la dissimulation, la calomnie, afin de donner matière à votre Hercule d’exercer son zèle et d’employer sa massue à chasser ces vices ou à les terrasser.
Le caractère de l’opéra, dit La Bruyèreaw, est de tenir les esprits, les yeux et les oreilles dans un égal enchantement.
Nos décorations auroient aisément servi à la scene Grecque & Romaine, & les décorations Grecques & Romaines formeroient aisément nos théatres ; il n’en est pas de la Peinture comme du langage & du style ; celui-ci se diversifie, & prend différentes nuances, selon les lieux & le caractère des peuples ; le pinceau rend toujours les objets tels qu’ils sont, ce fut toujours une Venus : le corps humain ne change pas, le peintre ne peut représenter que les mêmes carnations, & les mêmes formes, Laïs & la Couvreur, Phriné & la Clairon seront toujours des portraits très-dangereux. […] L’expression, qui, comme plusieurs autres de ce caractère, que ce bouffon met à tout moment dans la bouche de ses acteurs, ne signifie rien dans la phrase ; ces vilains termes, ce langage aussi plat qu’irréligieux ne sont que déceler un cœur dépravé, in abundantia cordis os loquitur ; & la mauvaise habitude qui, à tout propos, le séme dans la conversation sans esprit & sans goût. […] Auguste l’acheta 100 talents, (cent mille écus) & le plaça comme le plus bel ornement dans le Temple de Jule César son pere adoptif ; des portraits de ce caractère sont inestimables. […] Doutez-vous des effets que ses objets produisent, examinez le caractère de leurs adorateurs, sont-ce les gens de bien qui les placent, les contemplent, les admirent ?
La Bruyère, Les Caractères, 1688 • La Bruyère, Jean de (1645-1696) : Les Caractères de Théophraste traduits du grec. Avec les Caractères ou les Mœurs de ce Siècle, Paris, Estienne Michallet, 1688, in-12, (29 ff.) 308 p. […] La Bruyère, Les Caractères, 1689 • La Bruyère, Jean de (1645-1696) : Les Caractères de Théophraste traduits du grec. Avec les Caractères ou les Mœurs de ce Siècle, 4e édition, corrigée et augmentée, Paris, Estienne Michallet, 1689, in-12, (20 ff.) 425 p. + table et privilège. […] I, p. i-lxxii ; 3e partie, « Des mœurs et des caractères de l’Iliade », première section, « Des mœurs des héros », t.
Je ne dis rien de la Comédie-mêlée-d’Ariettes, parce qu’elle lui ressemble souvent, & que lorsqu’elle adopte un genre plus noble, elle s’écarte trop de ce qui devrait être le caractère distinctif du nouveau Théâtre.
Des faits de ce caractère sont admirables, ils décrient les Réligieux & les Ecclésiastiques, les libertins se croient autorisés par l’exemple des personnes si respectables. […] 23, dit, la comédie ést une chose indifférente, régardée en elle même, dans la speculation, comme une simple représentation d’une action humaine : elle seroit toutefois très-dangereuse, par les circonstances , (choix de l’action réprésentée, maniere de la représenter, caractères des représentans, dispositions des spectateurs ;) mais il seroit bien plus dangereux de les affectionner. c’est dommage de semer dans votre cœur des affections si vaines, si sottes, à la place des bonnes impressions ; on ne trouve pas mauvais que les enfans courent après des papillons ; mais n’est-ce pas une chose ridicule & lamentable, de voir des hommes faits (à plus forte raison des Ecclésiastiques) s’affectionner à de si indignes bagatelles qui outre l’inutilité, nous mettent en danger de nous perdre ! […] Il n’y eut jamais d’Imprimeur à Figeac, il falut écrire ; mais malgré le soin qu’on prit de déguiser l’écriture, on crut connoître la main, peu exercée, qui avoit tracé ces caractères.
Respectez votre habit & votre état, imposez par votre modestie, édifiez par vos exemples ; le déguisement, fruit ordinaire du libertinage, n’est bon qu’à enhardir le vice, multiplier les scandales, donner carriere à la légèreté, & autoriser le mépris du caractère avec celui de la personne qui le déshonore. […] Il y a cent autres traits de ce caractère. […] De ces hommes innombrables qui peuplent la terre, il n’y en a pas deux qui se ressemblent ; les traits, la physionomie, le coup d’œil, la couleur, la taille, la démarche, le geste, la voix, les talens, les goûts, les passions, les vices, les vertus, le caractère, &c. sont différens.
Imaginez-vous de prétendues comédies sans unités, sans intérêt ; pour tout sel des obscénités claires, ou ce qu’on appelloit autrefois des quolibets et qui se nomme aujourd’hui des calembourgs ; figurez-vous des danses dénuées de caractère, et exécutées par de foibles enfans qui s’excédent, des pantomimes monstrueuses, mélanges de bouffonnerie et d’héroïque, dans lesquelles il y a toujours des duels, des coups de canon, des supplices, et souvent des hommes métamorphosés en chats, en chiens, en ours, en singes. […] Ce fonds, assez ingénieux, est gâté par l’invraisemblance des caractères ; tel que celui de l’Homme ruiné ; fou, vrai fou, qui, en contant dans un grand détail des malheurs affreux qui lui sont arrivés, rit à gorge déployée. […] Mais il s’agit bien d’un autre intérêt ; il s’agit d’un nouveau degré de futilité ajouté au caractère national, d’un esprit de bouffonnerie, devenu l’esprit de tout le monde, et qui consiste moins encore à découvrir le ridicule où il est, qu’à le supposer où il n’est pas ; travers funeste, dont l’influence combinée avec tant d’autres causes, telles, par exemple, que la fureur de philosopher tend à détruire tous les principes sur lesquels sont fondés la pudeur, l’amour conjugal, l’attachement des pères pour leurs enfans, et celui des enfans pour leur père, le respect dû à l’âge avancé, &c.
Que les exemples ne forment ni lois ni décisions, et qu’on ne nous en citera jamais émanées de cette Capitale du Monde Chrétien, qui annoncent que le Spectacle est compatible avec la pureté d’une Religion dont l’un des principaux caractères est le renoncement à soi-même, et à toutes les pompes et vanités du siècle12. […] Etre également prêt, suivant les occasions, à refuser un cartel, ou à forcer un rempart et un retranchement, c’est ce qui forme le Héros, dont le caractère doit être, quoi qu’il lui en puisse coûter, de ne jamais reculer sur aucun devoir.
L’admirable caractère de Chimene est un mêlange d’attachement aux devoirs les plus sacrés, & de tendresse pour Rodrigue.
Les Personnages tout-à-fait bas sont les seuls qui soient mis selon le costhume, ou selon le caractère de leur role.
Il s’en suit que la Comédie ne saurait peindre trop fortement les caractères qu’elle va chercher dans le monde ; plus leurs traits seront marqués, plus ils seront chargés de ridicules, & plus ils réjouiront les Spectateurs.
Ce caractère convient-il aux comédies d'aujourd'hui ?
J’avoue que cette licence effrénée d’un Particulier sans caractère, nourri dans nos Théâtres, qui ose faire publier à Paris un Libelle aussi monstrueux, contre une Nation dont il n’a qu’à se louer, m’a révolté ; et je n’ai pu m’empêcher de faire la critique de son Livre, malgré toute la faveur où sa façon d’écrire et la nouveauté des idées qu’il présente, le mettent aujourd’hui auprès du Public.
Page 156 Caractère odieux de la religion jésuitique. […] Page 208 Caractères de l’hydrophobie.
quel avilissement de leur caractère ! […] Aucun d’eux n’a réussi ; ils n’ont pas moins fait mépriser leurs talents que dégrader leur caractère.
Il faut déposer le caractère de Juge ; il jure avec le théâtre ; n’y en dépose-t-on pas aussi les sentiments ? […] C’était un caractère singulier et fort enjoué : on est naturellement comédien à Béziers, sa patrie.
C’est du caractère particulier, c’est du degré de lumières, c’est du caprice de quelques hommes, que dépend la permission de représenter une Pièce de Théâtre. […] Echauffé, dès mon enfance, par les écrits des grands hommes, pénétré des vérités sublimes qu’ils ont exprimées avec tant d’énergie, passionné pour l’indépendance, & révolté contre toute espèce de tyrannie ; mais, par une suite de ce caractère, me sentant très-incapable de parvenir à la faveur, sous un Gouvernement arbitraire, je m’étois livré de bonne heure à la Philosophie & aux Belles-Lettres. […] J’ai tâché de représenter fidèlement le caractère irrésolu, timide & cruel du Roi Charles IX, la politique sombre & perfide de Catherine de Médicis, l’orgueil & l’ambition du Duc de Guise, ce même orgueil, cette même ambition masquée, dans le Cardinal de Lorraine, d’un zèle hypocrite pour la Religion Catholique.
On a pu y mêler des gestes de toute espèce, & s’en servir pour caractériser certaines personnes, un paysan, un arlequin, une furie, &c. on y a joint des habits appropriés à leur caractère. […] Les actions du caractère le plus bas & du genre le plus libre furent, dit-il, l’objet de la danse théatrale ; on donna aux danseurs le nom de Mimes, ils ne varioient leur danse que par quelque figure licencieuse, qui les précipitoient toujours dans la grossiereté. […] Il choisit la danse, la mit à la mode, feignit de l’aimer, & fit venir les deux plus habiles danseurs qui eussent jamais paru ; tout s’en occupa, Rome ne tourna plus ses regards sur le gouvernement qu’on lui avoit ravi, & subit le joug : politique fine, qui étoit dans son caractère.
En vain Horace et Despréaux chanteraient que vous n’avez produit que des caractères ignorés ou entièrement négligés par les Anciens, en vain ils applaudiraient à l’usage que vous avez fait de l’Amour, en vain vous aurez justifié cette passion en ne lui donnant que la Vertu pour principe, en vain vous aurez peint des couleurs les plus noires toute passion qui n’a pas la Vertu pour objet, votre Censeur atrabilaire trouvera que tous vos ouvrages sont des Romans, il le dira, il l’écrira, et ses zélés Catéchumènes l’en croiront sur sa parole. […] La force des caractères, la beauté, la nouveauté des situations, l’énergie et l’élégance du style, le naturel des pensées, tout s’y trouve avec l’exactitude peu commune aux Auteurs de sa Patrie, de s’être renfermée dans les règles des unités. […] Destouches soit mort avant d’avoir achevé de traiter cet admirable caractère.
Comme si on y faisait un aveu, que le Théâtre ne peut subsister sans galanterie, on crée un personnage, un Misaël amoureux de Judith, un jaloux follement transporté, pour ne la quitter jamais, et pour lui faire tenir le langage des amants sans religion, se prosterner aux pieds de Judith372, l’appeler beauté immortelle, faire cent réflexions sur ses appâts, et ne parler que de mouvements jaloux qui l’agitent sans cesse 373, c’est son caractère et l’exercice qu’on lui donne. […] » Sont-ce là des caractères qu’on puisse trouver parmi les Comédiens ou dans leurs assemblées : assemblées, où ceux qui font profession de piété ne sauraient se trouver sans être un sujet de scandale. […] Mais enfin si l’on souffre ces sortes de personnes pour éviter de plus grands maux, comme on a toléré autrefois des choses qui paraissaient plus mauvaises ; il faut du moins qu’on fasse entendre qu’elles sont mauvaises ; et le comble des maux, est que le mal veuille se revêtir de tous les caractères du bien.
Il écoute avec extase ; caractères, intrigues, catastrophes, sentimens, diction, intérêt, situations, ensemble, tout enfin y est merveilleux, admirable !
On appelait ainsi chez les Romains, des Acteurs, qui par des mouvemens, des signes, des gestes, & sans s’aider de discours, exprimaient des passions, des caractères & des évènemens.
Les caractères que M.
général du Spectacle est de renforcer le caractère national, d’augmenter les inclinations naturelles, et de donner une nouvelle énergie à toutes les passions.
Cependant les beautés de cet ouvrage et le fruit que les Spectateurs peuvent retirer du caractère de l’Avare, m’ont obligé à souhaiter qu’elle pût être corrigée.
Les caractères sont si chargés, qu’ils n’offrent que des vertus au-dessus de la force humaine, ou des vices rares à trouver. […] Timante encor, Madame, est un bon caractère. […] Sans aller chercher plus loin, M.F. nous en offre une dans ses originaux, l’une des trois Pièces qui composent ses caractères de Thalie. […] On a joué jusqu’à présent les Curieux, les Menteurs, les Joueurs, les Distraits, etc. tant d’autres caractères que l’on a ou trop flattés ou trop outrés ; en les rapprochant de la vérité, ils en offriraient de nouveaux. […] Que le comble des maux, est que le mal ose se revêtir de tous les caractères du bien.
Ses deux gendres rencontrèrent dans leurs épouses des caractères totalement éloignés de leur naturel & de leur humeur. […] C’est ce qui a commencé les Pièces de Caractère, même sect. p. 175. […] « Histrions ou Mimes se mirent à représenter les Comédies qui approchaient le plus de leur caractère ; c’était les Attelanes. […] Caractère de Théophraste & pensées de Mr. […] La Comédie pour & contre, insérée à la suite de ces Caractères ; l’Auteur est celui du Dictionnaire des Arrêts.
dans le même temps un homme d’un caractère bien différent (S. […] Il est encore dans son caractère de donner pour garant de ces faits le Cardinal Baronius, qui les combat précisément, et fait voir la fausseté de cette relation, qu’on dit se conserver manuscrite dans la bibliothèque de S.
« On peut juger avec certitude de l’esprit et du caractère des hommes par le genre de leurs plaisirs et de leurs amusements. […] D’abord, on ne peut se refuser à reconnaître que les ouvrages dramatiques ne renferment un grand nombre de sentiments profanes, impurs et irréligieux, sentiments d’autant plus dangereux qu’ils sont revêtus des noms les plus doux et embellis par une action intéressante et le développement des caractères les plus attachants.
On commencera par m’opposer que mon systême (toute proportion gardée) peut être comparé à celui de Platon, par rapport à sa République : il aurait fallu, pour la peupler, que ce Philosophe eût créé des hommes nouveaux ; et, pour fonder le Théâtre que je propose, on dira qu’il faudrait pétrir des hommes d’une pâte toute nouvelle : on ajoutera qu’il est impossible que des Spectateurs, qui n’ont jamais connu d’autres Spectacles que ceux où l’amour sert de base, où cette passion anime les intrigues, où elle détermine presque les caractères, et où enfin les épisodes et la diction ne respirent que l’amour, il est impossible, dis-je, que de tels Spectateurs adoptent précisément le contraire, et ne soient pas révoltés par mon système.