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116. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE II. Du Mariage. » pp. 30-54

La nuit trouve que cet emploi n’est pas fort honnête. […] La femme, instruite à cette sainte école, s’écrie : J’enrage d’être honnête femme, on se lasse par fois d’être femme de bien. […] Mais il n’en fit pas assez pour le rendre honnête (il est donc mal honnête encore).

117. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Une mère honnête ne les donneroit pas à lire à sa fille ; elle la voit sur son théatre, apprendre par cœur, exercer avec soin, réciter avec passion, les mêmes Contes tournés d’une maniere plus licencieuse que dans l’original ; elle y applaudit, elle les verra bien-tôt réaliser. […] Cet exercice est le plus propre à développer dans la jeunesse des talens (& des vices) qu’on ne lui eût pas soupçonnée, & des graces (une coquetterie), qui n’avoit besoin que d’une assurance honnête (de l’impudence) pour se produire dans tout leur éclat (séduire plus efficacement), & faire éclore dans les ames cette sensibilité précieuse (cette corruption funeste), germe de toutes les vertus (de tous les vices). […] Rien n’anime (ne dissipe) plus la société, ne forme plus le goût (du désordre), ne rend les mœurs plus honnêtes (moins honnêtes), ne resserre plus les nœuds de l’amitié (du libertinage) ; il n’y a que des barbares qui puissent les blâmer ou dédaigner.

118. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

L’Eglise qui condamne l’immodestie, la vertu qui la redoute, le sage gouvernement qui la proscrit, la conscience timorée qui en a horreur, l’éducation honnête qui en éloigne, n’ont jamais eu en vue que la licence des femmes qui découvre autre chose que le visage & les mains, & devient de plus en plus répréhensible à mesure qu’elle dévoile davantage. […] Quelle honnête femme pourroit en parler, & elle ose le montrer ! quelle honnête femme souffriroit qu’on l’en entretînt, & elle souffre qu’on le regarde, elle l’offre à tous les regards ! […] une honnête femme ne souffrira pas qu’on lui fasse connoître des désirs & des pensées impures, elle s’offense d’en être l’objet, & par son indécence elle les fait volontairement naître, elle en présente la matiere & l’amorce !

119. (1822) De l’influence des théâtres « [De l’influence des théâtres] » pp. 1-30

J’avais pour voisin un brave homme, qui jouissait dans le quartier d’une grande réputation, pour la réparation de la chaussure ; sa femme, son honnête et digne compagne, avait par jour dix ménages à faire, le mien était de ce nombre. […] Ce couple honnête pouvait un jour faire deux bons chefs de famille ! […] Je cherche sur les murs du bureau des déclarations si une officieuse affiche ne m’indiquerait point dans le voisinage un modeste restaurateur ; jugez de mon étonnement en apercevant, entre une récompense honnête et une consultation… dont la nature ne revient pas à ma mémoire, mais je crois bien qu’il ne s’agissait point du droit, encore une affiche de spectacle ! […] cette jeune fille était appelée à d’honnêtes fonctions ; un démon, jaloux de sa perte, est venu placer un théâtre sur une route du cercle de ses devoirs ; moitié faiblesse, moitié séduction, la pauvre enfant vole à sa ruine.

120. (1665) Réponse aux observations touchant Le Festin de Pierre de M. de Molière « Chapitre » pp. 3-32

Et quoique ses vers ne soient remplis que de pensées aussi honnêtes qu’elles sont fines et nouvelles, doit-on s’étonner si vous avez tâché de montrer à notre illustre monarque que ses ouvrages causaient un scandale public par tout son royaume, puisque vous savez qu’il est si sensible du côté de la piété et de la religion ? […] Dans toute autre matière que celle dont j’ai traité, j’aurais eu lieu d’appréhender que, comme le sentiment des ignorants est toujours différent de celui des gens d’esprit, on eût cru que Monsieur de Molière n’avait point eu l’approbation de ceux-ci, puisque je lui donnais la mienne ; mais le Festin de Pierre a si peu de conformité avec toutes les autres comédies, que les raisons qu’on peut apporter pour montrer que la pièce n’est point honnête sont aussi bien imaginaires et chimériques que l’impiété de son athée foudroyé.

121. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218

Le dénouement se fait par un mariage qui n’a rien que d’honnête et de légitime. […] Y a-t-il à balancer, Chrétiens mes frères, et chercherez-vous encore de vaines excuses et des prétextes déplorables, le meilleur moyen de vous justifier est de fuir cette fournaise de Babylone, de vous éloigner des attraits de l’Egyptienne, et s’il est nécessaire, de quitter plutôt votre manteau, comme fit Joseph, pour vous tirer des mains de cette prostituée, qu’enfin tout ce qui est véritable et honnête, tout ce qui est saint et édifiant, tout ce qui est vertueux et louable dans le règlement des mœurs, soit l’entretien de vos penséesPhil. 4.

122. (1777) Des divertissements du Carnaval « Des divertissements du Carnaval. » pp. 92-109

Si parmi les calomnies que les Païens faisaient aux Chrétiens, on s’était avisé de leur reprocher que tandis que notre Religion condamne le Paganisme dans tous ses chefs, elle en suit la licence en plusieurs points ; qu’avec une morale austère qui donne des bornes si étroites aux plus honnêtes divertissements, elle permet les joies et les fêtes des Païens ; que ses lois toutes pures, toutes saintes qu’elles sont, ne laissent pas d’autoriser en certains temps le libertinage : et que sévère ou indulgente, selon les diverses occurrences, elle permet en certains jours de l’année la dissolution et les débauches, qu’elle défend en d’autres temps : si l’on eût osé faire cet injurieux reproche aux Chrétiens, avec quelle hardiesse, avec quelle indignation eût-on d’abord crié, et avec raison, au mensonge, à la calomnie ? […] Ainsi auraient répondu avec confiance ces premiers Chrétiens, à qui on n’avait rien à reprocher, si ce n’est qu’ils ne paraissaient jamais dans le cirque, qu’ils fuyaient le théâtre, et les spectacles publics ; qu’on ne les voyait, ni couronnés de fleurs, ni vêtus de pourpre ; qu’une modestie inaltérable régnait dans tous les états ; qu’ils ne connaissaient point dans les âges, de saisons de plaisirs ; que leurs divertissements toujours honnêtes et toujours purs, étaient autant de leçons de vertus et de bienséance, et qu’en tout temps ils étaient Chrétiens.

123. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

On convient que le théâtre païen doit être interdit aux Chrétiens, mais on soutient que c’est le seul que les saints Pères condamnent, et que le théâtre purgé, tel qu’il est aujourd’hui, de l’obscénité du spectacle, n’a rien d’incompatible avec un cœur droit qui n’y cherche qu’un honnête divertissement. […] Il est de son intérêt qu’on le regarde dans le monde comme un divertissement permis et honnête.

124. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

L’homme né pour être dans le monde, étoit galant, cherchoit à plaire, s’attachoit à d’honnêtes femmes, & tâchoit d’avoir, comme on disoit alors, de bonnes fortunes. […] On défendoit le mariage entre parens jusqu’au septieme degré, & dans la maison des Evêques & des Abbés, & dans les Cloitres des Chapitres, il y avoit une Cour pour les duels entre les plus proches parens ; le Clergé pensoit que le désir de se marier étoit moins honnête que celui de tuer. […] Faire tuer de sens froid quatre hommes par semaine, & peut-être jusqu’à huit, est-ce un jeu bien honnête ? […] Une chanson honnête produit-elle cet effet ? Si elle n’est pas honnête, si elle n’est que la répétition de la comédie, est-elle permise ?

125. (1731) Discours sur la comédie « SECOND DISCOURS » pp. 33-303

Voyons néanmoins par des preuves positives, que les pièces de Théâtre étaient souvent plus honnêtes et plus chastes que celles d’à présent. […] Despréaux, et les autres qui ont traité depuis peu des pratiques du Théâtre, ont-ils donné des règles plus pures, plus honnêtes, plus louables ? […] » On représentait sans doute beaucoup de pièces qui n’étaient pas bien mauvaises ; c’est pourquoi Cécilius appelait ces plaisirs, honnêtes et légitimes. […] Les Comédiens représentent quelquefois des pièces fort honnêtes ; Ne sera-t-il pas du moins permis d’aller à celles-là ? […] que si les Comédiens représentent quelquefois des pièces honnêtes et quelquefois de déshonnêtes, c’est un péché d’assister jamais à aucune.

126. (1647) Traité des théâtres pp. -

Or voilà une belle école aux filles et aux femmes pour y apprendre à être honnêtes ? […] Tout cela étant constant, je demande quel jugement on doit faire des Théâtres, et si on les peut tenir pour honnêtes, puis que ceux qui y montent sont marqués comme gens infâmes, et indignes de tenir rang entre les Citoyens. […] Et quant à vous cependant, toujours en suspens, et en souci, vous vous retranchez vous-mêmes de la jouissance des plaisirs honnêtes, ne venez point voir les jeux et spectacles, ne voulez point assister aux Pompes. […] Si par fois il se joue là quelque pièce qui soit honnête, le même aussi avait lieu sur les Théâtres des Païens, nonobstant quoi les Anciens les ont condamnées, considérant, que de celles-là plus tolérables, Satan faisait un leurre, et un piège pour les autres, où il mêlait son venin ; Ce qui se trouve de même ès Théâtres d’aujourd’hui. 3. […] 2. d’une concession à une jeunesse honnête, pour s’exercer, à l’aveu d’une profession laquelle ceux qui suivent sont déclarés infâmes ?

127. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE IV. Détail des péchés qu'on commet en allant aux Spectacles. Réponse à ceux qui demandent s'il y a péché mortel, et si tous ceux qui y vont, sont également coupables. » pp. 76-81

Que doit-on répondre à ceux qui disent qu'ils y vont sans aucune mauvaise intention, et qu'ils savent séparer ce qu'il y a de mauvais, et de vicieux d'avec ce qu'il y a d'honnête, et de conforme aux bonnes mœurs ?

128. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

Les partisans de ce divertissement ne se contentent pas de le vouloir faire passer pour un plaisir indifférent, ils prétendent même qu’il est honnête, et digne des Chrétiens. […] Enfin l’Auteur de la Dissertation, après avoir supposé dans le Chapitre XI. que les Poèmes Dramatiques ont toujours été si honnêtes qu’ils n’ont point été condamnés ; conclut dans le dernier Chapitre, que la représentation des Comédies, et des Tragédies, ne doit point être condamnée, tant qu’elle sera modeste, et honnête. […] Que les combats de la prose, et de la poésie servaient d’aiguillon aux beaux esprits ; et qu’un juge ne perdrait rien de sa gravité pour donner quelques heures de récréation aux voluptés honnêtes et permises. […]   ; et ils avaient de la vénération pour celles-ci, comme pour des choses honnêtes, et dignes du culte des Dieux ; parce qu’étant revêtues de quelques interprétations qu’on leur donnait pour remarquer les divers effets de la nature, et étant accompagnées de quelques cérémonies que les Prêtres y joignaient, ils croyaient qu’elles étaient sanctifiées, et qu’elles devenaient honnêtes. […] Direz-vous que vous permettez tout cela comme des choses honnêtes ?

129. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

Comme on ne représente sur les théatres que des galanteries, des aventures romanesques & licentieuses, les femmes sont flattées des adorations qu’on y rend à leur sexe ; elles s’habituent à être traitées en Nymphes ; de là le dédain qu’elles ont de s’occuper du soin de leur ménage ; elles abandonnent au peuple ces connoissances de détail réservées aux meres de famille, & elles préferent d’exercer tous les talens séducteurs qui ne conviennent point à une femme honnête. […] Or sied-il bien à des personnes honnêtes, d’aller se confondre avec des êtres qu’on amuse, de peur qu’ils ne deviennent aussi malfaicteurs dans leurs actions, qu’ils le sont dans leurs plaisirs ? […] L’unique regret qui me reste, c’est de ne pouvoir point assez effacer le scandale que j’ai pu donner à la Religion par ce genre d’ouvrage, & de n’être point à portée de réparer le mal que j’ai pu causer sans le vouloir … … les gens de bon air, les demi-raisonneurs, les pitoyables incrédules, peuvent à leur aise se moquer de ma démarche : je serai trop dédommagé de leur petite censure & de leurs froides plaisanteries, si les gens sensés & vertueux, si les ames honnêtes & pieuses voient mon humble désaveu avec cette satisfaction pure que fait naître la vérité lorsqu’elle se montre ».

130. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

) avoit-il tort de dire : Pour avancer qu’aujourd’hui la comédie n’a rien de contraire aux bonnes mœurs, il faut donc que nous passions pour honnêtes les impiétés & les infamies dont sont pleines les comédies de Moliere, qui remplit tous les théatres des plus grossieres équivoque dont on ait jamais souillé les oreilles des Chrétiens. […] Il fait beau voir cette honnête personne écouter nonchalamment dans quatre-vingt vers les plus honteuses déclarations, entremêlées de plusieurs libertés criminelles, & se contenter de dire d’un air indifférent : D’autres prendroient cela d’autre façon peut-être ; Mais ma discrétion veut se faire paroître. […] Sachez que d’une fille on risque la vertu, Lorsque dans son hymen son goût est combattu ; Que le dessein d’y vivre en honnête personne Dépend des qualités du mari qu’on lui donne, Et que ceux dont partout on montre au doigt le front, Font leurs femmes souvent ce qu’on voit qu’elles sont.

131. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VI. Les obstacles qu’on peut rencontrer pour parvenir à la Réformation du Théâtre. » pp. 59-68

C’est en suivant ces principes et en prenant ces précautions que l’on écrit et que l’on représente tous les ans dans les Collèges des Poèmes dramatiques ; et, loin de croire que ces Pièces soient capables de corrompre les mœurs des jeunes gens qui les jouent, ou de gâter l’esprit des Spectateurs, je pense, au contraire, que c’est un exercice honnête, dont les uns et les autres peuvent retirer une véritable utilité.

132. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Dix-Septième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 282-286

mon ami, tu seras enchanté lorsque tu la verras : dans son jeu, c’est la nature ; mais embellie, mais séduisante, parée de fleurs de la jeunesse & de la beauté : son ton est celui de la douceur & de la vertu ; avec ce ton enchanteur, l’expression devient plus honnête, le sentiment se place sous chaque mot qui sort d’une si belle bouche ; à tout elle donne un prix inconnu.

133. (1607) Conviction véritable du récit fabuleux « letter » pp. 3-26

J’ajoute que celui qui jouait Lucifer a pour nom Simon Vannerot, et que tous deux sont honnêtes enfants de belle expectation, jouissant encore aujourd’hui d’une pleine santé, sans avoir été ni peu ni prou atteints de maladie : de quoi te feront foi tes yeux et tes oreilles, si pour voir la laideur de tes mensonges il te prend fantaisie de t’en venir informer en cette ville. […] Celui qui habite dedans icelle tour est homme de bien, et honnête personne, appelé Michel Gouille, qui assurera le même que je dis. […] Le fameux Apollinaire d’Antiocheck ne gagna pour autre raison tant le cœur de l’Église en ses commencements, que pour avoir su proprement accommoder la Bible à la poésie, la poésie à l’échafaudcl, et tous deux à un honnête plaisir et instruction.

134. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VII. Est-il de la bonne politique de favoriser le Théâtre ? » pp. 109-129

Plus elle est charmante, plus elle est dangereuse ; plus elle semble honnête, plus je la tiens criminelle. » Il cite l’exemple de Chimène dans le Cid, alors si admiré et si honnête : « Elle exprime mieux son amour que sa piété, son inclination est plus éloquente que sa raison, elle excuse plus le parricide qu’elle ne le condamne ; sous ce désir de vengeance qu’elle découvre, on remarque une autre passion qui la retient, elle paraît incomparablement plus amoureuse qu’irritée ; prête à épouser le meurtrier de son père, l’amour qui triomphe de la nature, va la rendre coupable du crime de son amant. […] Il s’en montre si éloigné qu’il recommande de ne pas même en parler, mais de faire rouler la conversation sur des choses décentes et honnêtes.

135. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IX. Sentiments de Tertullien. » pp. 180-200

Vous, Païens, dit-il, avez aboli les lois les plus sages, dont vos ancêtres étaient scrupuleux observateurs, telles que les lois somptuaires, qui défendaient tous les excès du luxe et de l'intempérance ; celles qui distinguaient les états, en interdisant au peuple les habits des gens de condition, et aux honnêtes femmes les parures des courtisanes ; celles qui prescrivaient aux femmes la modestie et la sobriété, jusqu'à leur défendre de boire du vin, et de porter de l'or sur leurs habits ; en particulier les lois qui proscrivaient le théâtre, et le faisaient partout détruire, comme le corrupteur des bonnes mœurs : « Leges quæ theatra stuprandis moribus orientia destruebant. […] fuyez jusqu'à l'air empesté qu'on y respire : « Ipsum aerem constupratum. » Ne m'opposez pas qu'on y dit quelquefois des choses indifférentes, agréables et même honnêtes. […] Ainsi le démon cache son venin mortel dans des viandes délicieuses ; regardez comme du poison couvert de miel, tout ce que le théâtre peut avoir de noble, de poli, de judicieux, d'honnête : n'achetez pas votre satisfaction au prix d'un si grand danger.

136. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « LA PREMIÈRE ATTEINTE CONTRE CEUX QUI ACCUSENT LES COMÉDIES » pp. 1-24

Mais où trouverons-nous des paroles capables de ces effets qu’aux lieux publics où l’on voit l’honnête et l’agréable ensemble, et l’art et la science qui répondent également, sur les théâtres des Comiques, figurant les actions de celui du monde, où chacun essaie de désarmer Pallas, louer la vertu, reprendre le vicef. […] [NDE] Comprendre : « Mais où trouverons-nous des paroles capables de ces effets, sinon dans les lieux publics où l’on voit l’honnête et l’agréable ensemble, et l’art et la science qui se répondent, c’est-à-dire sur les théâtre des comédiens, qui figurent les actions du théâtre du monde, et où chacun essaie de désarmer la guerre, louer la vertu, reprendre le vice.

137. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 4. SIÈCLE. » pp. 120-146

Les lois des Païens rendent les Comédiens infâmes, et vous allez en foule avec toute la Ville pour les regarder sur leur Théâtre, comme si c'était des Ambassadeurs, ou des Généraux d'armée, et vous y voulez mener tout le monde avec vous pour emplir vos oreilles des ordures et des infamies qui sortent de la bouche de ces bouffons; vous punissez très sévèrement vos serviteurs lors qu'ils disent chez vous des paroles peu honnêtes ? […] Il semble, dirent-ils, que les Romains n'aient ni femme, ni enfants, et qu'ainsi ils aient été contraints de s'aller divertir hors de chez eux; voulant montrer par là qu'il n'y a point de plaisir plus doux à un homme sage et réglé, que celui qu'il reçoit de la société d'une honnête femme, et de celle de ses enfants.

138. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

L’effet de la morale du Théâtre est donc moins d’opérer un changement subit dans les cœurs corrompus, que de prémunir contre le vice les âmes faibles par l’exercice des sentiments honnêtes, et d’affermir dans ces mêmes sentiments les âmes vertueuses. […] Or si on ne peut, et si on ne doit peut-être pas étouffer l’amour dans le cœur des hommes, que reste-t-il à faire, sinon de le diriger vers une fin honnête, et de nous montrer dans des exemples illustres ses fureurs et ses faiblesses, pour nous en défendre ou nous en guérir ? […] Vous n’y voyez qu’un exemple continuel de libertinage, de perfidie et de mauvaises mœurs ; des femmes qui trompent leurs maris, des enfants qui volent leurs pères, d’honnêtes bourgeois dupés par des fripons de Cour. […] qu’un bourgeois qui veut sortir de son état, avoir une femme de la Cour pour maîtresse, et un grand Seigneur pour ami, n’aura pour maîtresse qu’une femme perdue, et pour ami qu’un honnête voleur ; dans les scènes d’Harpagon et de son fils ? […] , p. 4 : « […] mais si c’était en effet leur [= celui des pasteurs] sentiment, et qu’ils vous l’eussent confié, sans doute ils vous l’auraient dit en secret, dans l’honnête et libre épanchement d’un commerce philosophique ; ils l’auraient dit au Philosophe, et non pas à l’Auteur.

139. (1684) Epître sur la condemnation du théâtre pp. 3-8

L’amour, dans tes écrits, honnête, généreux, Dès qu’il fut déréglé se trouva malheureux.

140. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — Avertissement » pp. 72-80

nous éloigne de Dieu et de l'esprit chrétien ; qu'en l'état même le plus honnête où on la puisse mettre,Chap. 27.

141. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre XI. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics, en augmente le danger. L’on ne peut assister aux spectacles sans péril. » pp. 191-200

On ne va à la Comédie, dit-on ordinairement, que pour y prendre un plaisir honnête.

142. (1694) La conduite du vrai chrétien « ARTICLE VI. » pp. 456-466

J'ai marqué ci-devant, en parlant de la comédie, qu’il y en avait d’honnêtes, et éloignées de toutes paroles et actions malfaisantes, auxquelles on pourrait assister, supposé que quelques circonstances ne dussent pas s’y opposer.

143. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

Jamais on ne vit de comédien dans la liste des héros, on n’en voit pas même parmi les honnêtes gens, parmi les gens distingués d’une ville, non plus qu’une honnête femme parmi les actrices, ni une actrice parmi les honnêtes femmes. […] L’amour des femmes est le goût dominant, & il n’y est pas épargné, ce crime est irremissible : qu’on ne soit pas, dit-il, la dupe des apparences ; aujourd’hui les vices & les vertus se cachent, on voile des propos honnêtes, des sentimens qui le sont le moins, la liberté de la société est portée au plus haut degré. […] On ne trouve plus dans la Société cette politesse, ce respect pour le sexe, cette délicatesse Française qui annoblissoit l’amour, & faisoit naître, du besoin des sens, la noble émulation de la vertu ; tout se reduit à payer cher des courtisannes, qui font grâce à nos merveilleux de l’honnête, qui formeroient avec elles un contraste incommode ; elles le debarrassent lestement de leur santé, de leur argent, de leur conscience ; ils font leurs dupes, & le savent bien ; mais qu’importe ?

144. (1790) Sur la liberté du théatre pp. 3-42

Les comédiens Français ont donné Marie de Brabant, Ericie, l’Honnête Criminel, et l’on a été surpris, de n’y pas trouver un seul vers qui pût alarmer la prudence des magistrats. […] Mélanie ; l’Honnête Criminel ; Comminges ; Jean Hennuyer, évêque de Lizieux, ont toujours été proscrits de la scene. […] Aux grands danseurs du roi, l’Honnête Huissier, le Voleur converti, le Héros Américain, les Enfans du Soleil, piece dans laquelle l’auteur a enchâssé plusieurs morceaux du poëme des Incas, de M. de Marmontel ; enfin aux délassemens, on ne voit sur l’affiche que Louis XII ; Robert le Fort ; Pharamond, etc. […] Le bruit que le peuple fait avant que la toile soit levée est épouvantable ; c’est le passe-tems du peuple dans les galeries, de ce peuple qui ne s’embarasse guere de ce qui est honnête et séant ; mais qui sait qu’il est libre.

145. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

Saint Thomas en ces endroits parle seulement de certains jeux de théatre, qui sont en quelque façon utiles & même nécessaires pour l’honnête récréation du monde, par maniére de délassement d’esprit ; tels que sont les piéces qu’on représente en nos tragédies, des révolutions de Régnes & d’Empires par le sort des armes ; des histoires tragiques & surprenantes, qui n’excitent que des passions nobles, comme l’admiration, par la singularité des glorieux événemens & de quelques faits prodigieux ; la compassion, par la fatale destinée de quelques illustres malheureux que le sort a outragés nonobstant leur vertu ; tantôt la joie, quelques momens après la tristesse & la douleur ; tous ces mouvemens opposés d’espérance, de force ou de crainte, dont la variété plaît & réjouit innocemment l’esprit sans corrompre le cœur, parceque les mœurs n’y sont aucunement intéressés. […] On a beau dire que le théâtre aujourd’hui est des plus corrects & des plus honnêtes. […] Dieu a établi tous les états différens de la vie qui sont honnêtes & légitimés ; mais il n’a jamais établi la comédie.

146. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

Racine converti était si persuadé que la tragédie la plus sainte suffisait pour le damner, que si on ne l’eût retenu, il allait brûler, comme indigne d’un Chrétien, son Athalie, la plus belle et la plus honnête des pièces de théâtre, seule capable de réconcilier le théâtre avec la religion, si cette paix était possible. […] Lett. d’août 1680), « Eh bien, voilà la plus honnête femme du monde, qui n’aime point du tout son mari. » Il faut encore que l’impiété se glisse dans les sujets les plus pieux, sous prétexte de faire parler quelqu’un en impie. […] contra Marcionem), que Dieu soit loué par le Démon, la vérité par le mensonge, la vertu par le vice, comme il serait honteux pour un Catholique de l’être par un Hérétique, pour un sujet fidèle par un révolté, pour une honnête femme par une Comédienne : « Virgines à Meretricibus commendari non decet. » Leurs censures, leurs malédictions, feraient plus d’honneur ; leurs éloges rendent la vertu suspecte.

147. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

Il faut que cette gloire soit bien peu de chose, puisqu’elle dépend de leur caprice & de leur avidité ; & que les comédiens soient des ames bien peu honnêtes pour voler leurs maîtres & leurs bienfaiteurs, à qui ils doivent tout ; & ces maîtres même bien dégradés à leurs propres yeux, pour se soumettre eux & leurs ouvrages à de vils histrions. […] Ces femmes étoient alors condamnées au mépris & à l’infamie, bannies de toutes sociétés honnêtes ; leur rang étoit marqué après la derniere classe des citoyens, leur nom n’étoit prononcé qu’en rougissant ; elles étoient non-seulement punies par le déshonneur, mais leurs moindres écarts les exposoient à la sévérité des loix, elles étoient renfermées dans des maisons de force, & rigoureusement châtiées. […] Cette délibération est consignée dans un registre public, elle le blesse comme littérateur & comme citoyen, elle lui forme pour jamais la carriere du Théatre, elle le déclare auteur d’un libelle, & une pareille imputation ne peut être indifférente à une ame honnête. […] Tous les Drames du sieur Mercier respirent la morale la plus honnête & la plus pure. […] C’est infailliblement le fruit des premieres paroles échappées à notre jeune Monarque, de ces paroles que les ames honnêtes se sont empressées de recueillir, & qui ont exprimé le premier désir qu’il ait formé sur le Trône : celui de rendre aux Mœurs de la Nation plus de décence & de dignité.

148. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Post-scriptum. » pp. 201-216

En attendant ce nouvel exemple d’un malfaiteur hypocrite appréhendé personnellement, démasqué et puni, je crois bon de donner l’extrait suivant d’une ancienne plainte, dans l’espoir de la faire concourir avec tant d’autres plus récentes du même genre, à rappeler et rétablir enfin, d’une manière stable, la sécurité et le bonheur dans une grande division de la société, dans toutes les administrations nationales, côté du domaine de la patrie, où une portion considérable de citoyens honnêtes et utiles, dont la plupart, pères de famille, végètent dans la plus grande anxiété, sont toujours dévorés d’inquiétudes, étant les éternels jouets du caprice et de toutes les passions des méchants qui les entourent.

149. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre X. Que l'extrême impudence des Jeux Scéniques et des Histrions fut condamnée. » pp. 217-229

Felix, le plus ancien de nos Auteurs, « qui faisons profession d'une vie honnête, nous nous abstenons de vos Pompes, de vos Spectacles, et de tous les mauvais plaisirs que l'on prend, dont nous savons bien que l'origine est un effet de votre superstition, et que leurs agréments sont condamnables ; Car dans le Cirque qui peut souffrir la folie de tout un peuple qui se querelle ; dans les Gladiateurs le cruel art de tuer les hommes, dans les Jeux Scéniques une prodigieuse turpitude ?

150. (1666) De l’éducation chrétienne des enfants « V. AVIS. Touchant les Comédies. » pp. 203-229

Car enfin quelques efforts que ces grands Saints, et ceux qui les ont suivis, aient fait pour étouffer ce désordre ; il s’est tellement accru dans ces derniers siècles par la corruption générale, qui s’est répandue parmi les fidèles, qu’il passe maintenant pour un divertissement honnête, et que les comédies, qui sont la honte et la confusion du Christianisme, sont devenues la plus sérieuse occupation de la plupart des Chrétiens. « Ce qui m’afflige davantage, disait autrefois S. […]  ; 8. parce que supposé qu’il y en eût d'honnêtes, les Chrétiens ne doivent toujours les regarder que comme un miel envenimé, dont ils ne peuvent goûter sans danger de se donner la mort Chap.

151. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « Discours préliminaire. » pp. -

J’ai au moins trouvé un prétexte honnête de composer un Livre sur le Théâtre.

152. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXII. Passages de Saint Ambroise et de Saint Jérôme sur les discours qui font rire. » pp. 124-131

, où ce père traite à peu près les mêmes matières que Cicéron a traitées dans le livre de même titre, où ayant trouvé les préceptes que donne cet orateur, et les autres philosophes du siècle : saeculares viri : sur ce qu’on appelle joca, railleries et plaisanteries, mots qui font rire : commence par observer qu’il « n’a rien à dire sur cette partie des préceptes et de la doctrine des gens du siècle : de jocandi disciplina : c’est un lieu, dit-il, à passer pour nous : nobis praetereunda »: et qui ne regarde pas les chrétiens, parce qu’encore, continue-t-il, « qu’il y ait quelquefois des plaisanteries honnêtes et agréables : licet interdum joca honesta ac suavia sint : ils sont contraires à la règle de l’église : ab ecclesiastica abhorrent régula : à cause, dit-il, que nous ne pouvons pratiquer ce que nous ne trouvons point dans les écritures : Quae in scripturis sanctis non reperimus, ea quemadmodum usurpare possumus ? 

153. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SEPTIEME DISCOURS. De la Magnificence des Princes dans les Habits, dans les Festins et dans les Spectacles publics. » pp. 202-209

Mais si nous en voulons juger sans prévention, nous avouerons que plus elle est charmante, plus elle est dangereuse ; Et j’ajouterais même que plus elle semble honnête, plus je la tiens criminelle.

154. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Vous m’obligez de recourir, malgré moi, à la religion, pour vous répondre ; néanmoins pour ne vous pas faire croire que je fais le scrupuleux et le dévot hors de saison ; j’avoue que cette réflexion, pourrait être mieux reçue si elle venait d’un autre que d’Achille, et que supposé qu’on voulût en faire une instruction pour le peuple, on aurait pu lui donner un tour plus honnête et plus ingénieux. […] Je vous avertis auparavant que j’ai lu une partie de ce que les Saints Pères ont écrit des Spectaclesf, aussi bien que le Traité du Prince de Contig, et que cela ne m’a pas convaincu qu’il y eût du danger à voir les Tragédies de ce temps, où la Vertu est presque toujours récompensée ; et où l’Amour le plus violent est honnête, et dans les bornes de la plus exacte retenue. […] Mais quand on voit un Prince dont tous les sentiments sont généreux, et toutes les actions honnêtes ; l’estime que nous avons pour lui nous dispose à le suivre dans ses faiblesses, et l’on croit qu’il est permis d’être amoureux, en voyant des Princes illustres et d’une si haute vertu, qui n’ont pas fait scrupule d’avoir de l’amour. […] Si vous ne m’eussiez pas vous-même engagé dans le discours que je viens de faire, vous n’auriez jamais tiré la conséquence que vous tirez ; puisqu’enfin mon dessein était de vous faire voir qu’on peu souffrir la Tragédie, et que même c’est un divertissement fort honnête.

155. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE II. Réponse aux objections qu'on tire de saint Thomas pour justifier les Spectacles, et aux mauvaises raisons qu'allèguent ceux qui croient pouvoir les fréquenter sans péché. » pp. 55-63

Est-il impossible de donner un tour Chrétien, ou même honnête aux comédies ?

156. (1643) Les Morales chrétiennes « Des Théâtres. » pp. 511-519

Il est certain que si les théâtres ne représentaient que les choses honnêtes, la pompe de leur appareil, et les naïvetés de leurs actions, seraient de belles et puissantes armes, pour assurer l’empire de la vertu dans le cœur.

157. (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50

Une femme Chrétienne, une femme honnête peut-elle se résouder à devenir ou l’objet de leur indécente critique, ou l’aliment du feu impur qui les dévore ? […] Mon esprit y trouve un délassement aussi honnête que nécessaire ; & mon cœur n’y voit point le poison qu’une morale trop sévère croit y appercevoir. […] Mais tout ce qui est véritable & sincère, tout ce qui est honnête, tout ce qui est saint, tout ce qui est d’édification & de bonne odeur, que ce soit-là l’objet de vos pensées & la règle de vos mœurs ; & que la paix de Dieu, cette paix infiniment supérieure à tous les plaisirs du monde ; cette paix qui surpasse tout sentiment & toute pensée, garde vos esprits & vos cœurs en Jésus-Christ notre Seigneur, jusqu’à l’éternité bienheureuse que je vous souhaite au nom du Père, &c.

158. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre V. Infamie civile des Comédiens. » pp. 101-125

Quinault, fils d’un Boulanger, selon Furetière, dans son Factum contre l’Académie, et d’une honnête famille, selon l’Abbé d’Olivet, dans son Histoire de l’Académie, mais fort pauvre, puisqu’il fut valet de Tristan l’Hermite, homme fort peu pécunieux aussi, de qui il apprit à faire des vers, Quinault, dis-je, avait été dans la suite Clerc d’un Avocat au Conseil, où il avait appris quelque mot de chicane, qui lui facilita l’exercice de sa charge, et lui donna du crédit chez son Marchand. […] Sans convenir de ces faits, l’Avocat réplique : « Il abandonna donc un état honnête (Précepteur) pour en prendre un infâme (Comédien). […] Un Comédien vertueux, une Comédienne sage et honnête, est une espèce de prodige.

159. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

» Ce n’est point par des passions qu’il faut s’amuser, et ce n’est pas être sage de préférer l’agréable à l’honnête et à l’utile : « Neque qui sapit jurandum meliori prætulerit. » Les deux SS. […] Personne sans doute ne voudrait imiter les cruautés et les débauches de ce Prince ; mais on n’imite que trop son goût et ses profusions pour les Comédiens : magnificence honteuse, qui prostitue son bien à des gens indignes : « Cœca et contemptibile magnificentia gratiam Histrionibus prostituunt. » Nous avons vu quelquefois des Comédiens plus honnêtes que les autres, si l’on peut appeler honnête un état qui toujours couvert d’infamie, est indigne d’un homme libre : « Hominis liberis indignum indubitanter turpe. » On trouve de ces pièces comiques dans Ménandre, Plaute, Térence, etc.

160. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

Caffaro que les spectacles n’ont rien que d’honnête, & qu’il faut de la variété dans les amusemens, comme il y en a parmi les esprits & les caractères. […] Ne permit-il pas aux comédiens de s’allier avec d’honnêtes familles ?

161. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Du Législateur de Sans–souci. » pp. 93-109

Cette loi n’est pas juste ; il y a des personnes avec qui le pere peut avec raison vouloir ou ne pas vouloir le mariage de son fils, lui défendre d’épouser une Actrice qui le déshonore, lui ordonner d’épouser une honnête fille qu’il a séduite ; il peut y ajouter en punition ou en récompense le don ou la privation de quelque bien dont il a droit de disposer ; il ne peut pas, à la vérité, le priver de sa légitime. […] Si un homme, maître de ses droits, séduit une honnête fille sous promesse de mariage, ce sera un mariage véritable sans fiançailles ni bénédiction.

162. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II. Excellentes raisons qui ont porté les Pères de l’Eglise à condamner les Comédies, et à les défendre aux Chrétiens. » pp. 12-28

La conduite des Chrétiens devrait être aussi élevée au-dessus de celle des plus honnêtes Païens, que le Ciel l’est au dessus de la terre. […] Et si jusqu’ici nous avons eu tant de peine à conserver un peu de pudeur, de modestie et de retenue, par des exercices honnêtes ; comment sera-t-il possible de le faire dorénavant parmi tant de pièges dont ces vertus seront attaquées ?

163. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre II. Du Théâtre Moderne, & de celui des François. Celui-ci comparé au Théâtre Grec. » pp. 25-38

Le Poéte & le Comédien s’animerent d’une ardeur mutuelle ; l’un substitua la régularité du plan, une diction noble, l’éclat des pensées, aux licences extravagantes, aux sujets peu convenables, à un badinage grossier ; l’autre, au lieu de la bouffonnerie trivialle, des contorsions, des grimaces, donna à son jeu une action honnête, une déclamation aisée, des gestes expressifs.

164. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE IV. Deux conséquences que les Pères de l’Eglise ont tirées des principes qui ont été établis ci-devant. » pp. 82-88

Enfin on doit conclure que la Comédie est un plaisir contraire aux bonnes mœurs, aux règles de l’Evangile, aux décisions de l’Eglise, aux sentiments des Saints Pères, de tous les Auteurs Ecclésiastiques, de tous les gens de bien qui ont une piété solide, et que même elle est contraire aux sentiments des honnêtes Païens, comme on l’a fait assez voir.

165. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « PRÉFACE » pp. -

Le séjour de cette ville, que bien des Français regardent comme triste par la privation des spectacles, deviendrait alors le séjour des plaisirs honnêtes, comme il est celui de la philosophie et de la liberté ; et les Etrangers ne seraient plus surpris de voir que dans une ville où les spectacles décents et réguliers sont défendus, on permette des farces grossières et sans esprit, aussi contraires au bon goût qu’aux bonnes mœurs.

166. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

Je suis mondain , dit-il, je fais gloire de l’être ; j’ai des passions, je serois bien fâché d’en manquer ; j’ai beaucoup de richesses, & j’en désire encore ; j’aime les plaisirs honnêtes, je les quitte le moins que je pris, je les conduis d’une table delicate à des jeux amusans, que j’intéromps pour pleurer les malheurs d’Andromaque, en-rire des boutades du Misantrope ; je me garderai bien de les imiter. […] Charmé de pleurer avec Andromaque, ou de rire du Misantrope, il n’a garde de bannir les plaisirs qu’il dit honnêtes par des réflexions sombres. […] Si ces opulens ne suppléent par des exercices convenables aux fatigues du corps dont ils sont dispensés ; si au lieu de vaquer à des fonctions honnêtes, ils regardent le travail avec mépris ; s’ils treuvent qu’il est beau de s’ensevelir dans l’oisiveté & la mollesse, il est impossible que les passions n’exercent tous leurs caprices, & que l’esprit qui conservent toute son activité, ne produise mille monstres. […] Le parterre les hua, & par ses huées multipliées, les força de prendre un maintient plus honnête.

167. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

L’amour, dans tes écrits, honnête, généreux, Dès qu’il fut déréglé se trouva malheureux. […] Lorsque ce sentiment n’a d’autre objet que ce qui peut flatter les sens, on perd souvent de vue ce que Ciceron renferme sous l’idée de l’honnête, c’est-à-dire, les principes qui doivent assujettir notre conduite à la raison. […] Ce seroit renoncer à une source de plaisirs honnêtes, que de rejetter ces Ouvrages de génie. […] C’étoit donc d’une action fort honnête faire un exemple de corruption. […] Ils partagent leur temps entre les armes & les livres, entre les travaux militaires & les devoirs d’une société honnête.

168. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

Pierre de Villiers, de l’Ordre de Clugny, mort en 1728, Prieur de Saint Taurin, étoit du nombre de ces honnêtes Littérateurs. […] Leur parure n’est guere plus honnête que leur intention. […] Mais ce n’est pas à mauvaise intention qu’on va aux Spectacles : on n’y cherche qu’une honnête récréation. […] Il a pour titre : Le Mimographe, ou idées d’une honnête femme pour la réformation du Théatre national. […] On ne parle au contraire & dans les conversations & dans les Ecrits, que de mœurs douces, de passions douces, de cœurs honnêtes, d’esprits honnêtes, d’ames honnêtes, de créatures honnêtes.

169. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

La peinture est un langage, & le discours un tableau ; la modestie doit donc également regner dans l’un & dans l’autre ; la peinture doit être aussi chaste que le langage : c’est une des bonnes qualités de la langue Françoise, d’être naturellement modeste ; nous l’avons prouvé dans une autre occasion, par un Discours exprès sur la chasteté de la langue Françoise ; il s’en faut bien que le pinceau, que le burin soient aussi retenus que l’homme sage ; quelle honnête femme oseroit faire la description du corps humain, en nommant les choses par leur nom, comme une estampe les prononce & les étale ? […] Or quelle honnête femme oseroit se montrer dans le désordre où on la représente.

170. (1640) Lettre apologétique pp. 2-42

Outre que la question ayant été depuis peu réveillée dans cet auguste Parlement de Paris, touchant la réception de Laffémas 1que l’on accusait de l’avoir exercée, (sans preuve toutefois), où les plus beaux esprits de la Cour assistèrent, et nombre de Docteurs en Théologie pour vider ce différend ; il fut conclu et arrêté, après les diverses contestations d’une part et de l’autre,s que la Comédie n’ayant plus rien du Paganisme et de contraire aux bonnes mœurs, elle pouvait être reçue entre les honnêtes récréations, puis même que le Concile de Trente ne l’avait décidée que comme action indifférente ; Et que quant au regard dudit Sieur de Laffémas soit qu’il l’eût professée ou non, il jouirait pleinement de la charge de Lieutenant Civil, avec injonction et défense de ne jamais opposer ce reproche à ceux qui voudraient être admis aux offices de judicature, comme superflu et de nul effet ; Jugez par là si ce Docteur particulier, a raison de vouloir contester une proposition que les plus savants de la Sorbonne ont définie. […] Exuper dit qu’une réprimande modeste pour les mœurs, est une correction honnête.

171. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

Jouissance morne, inquiéte, qui répugne à toute ame honnête, qu’un Egoïsme féroce n’a pas encore dénaturé. […] Cette cruauté, ce persiflage, cet Egoïsme féroce, cette ame dénaturée, si peu honnête, cette jouissance morne, inquiéte, ce plaisir de nuire, ce talent dangereux, ne sont pas un panégyrique flatteur de ce composé admirable, de ce Sublimé. […] Ma frivolité y pratique tout ce qui est honnête & respecte pour ce qui est sacré, (excepté la décence & la religion.)

172. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

Dans La Femme Provoquée ; Constant jure comme un Crocheteur ; il sollicite au crime Madame Brute, se donne crûment pour infâme, et préfère sans hésiter la débauche à un honnête mariage. […] Combien de fois les qualités louables d’une profession honnête, l’habileté, la science, la sage économie, ont-elles reçu des brocards dans leurs Comédies ? […] à ramener la forme et les mœurs des anciens, et à ne rien mettre sur la Scène que d’honnête et d’instructif : ce qui est la fin principale de la poésie.

173. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE III. Est-il à propos que les jeunes gens aillent à la Comédie ? » pp. 55-83

Toutes décriées qu'elles sont, elles inspirent de plus fortes passions que les honnêtes femmes : le rôle qu'elles font sur le théâtre, donne du goût pour celui qu'elles jouent ailleurs. […] Les honnêtes femmes, il est vrai, ne paraissent point à celui-ci, elles seraient déshonorées ; mais de toutes ces vérités, il résulte que la vertu des femmes court au spectacle les plus grands risques, et que c'est la plus mauvaise éducation de leur permettre d'aller au spectacle. […] Et selon M. de la Rochefoucaut dans ses Maximes, « tous les grands divertissements sont dangereux pour la vie chrétienne ; mais il n'en est point de plus à craindre que la comédie, elle anime et fait naître la passion dans nos cœurs, surtout celle de l'amour, principalement quand on le représente chaste et honnête ».

174. (1697) A Monseigneur de Harlay, Archevêque de Paris « A MONSEIGNEUR DE HARLAY, ARCHEVEQUE DE PARIS, DUC ET PAIR DE FRANCE  » pp. 394-406

Je n’avais garde de la lui demander, sûr qu’il ne me l’accorderait pas : mais, comme j’ai d’autres Pièces à faire représenter, et entre autres Esope à la Cour, que je suis prêt de soumettre à la Censure la plus austère, je me flattai que les Auditeurs me seraient plus favorables si je leur faisais voir que les Pères et les Canons qui ont détesté les Comédies détestables n’ont point prétendu interdire les divertissements honnêtes, et, pour ainsi dire, plus capables de corriger les mœurs que de les corrompre.

175. (1705) Traité de la police « Chapitre III. Du Théâtre Français, son origine, et qu’il n’a été occupé pendant plus d’un siècle, qu’à la représentation de pièces spirituelles, sous le titre de Moralités. » pp. 437-438

Le Parlement par Arrêt du dix-neuvième Novembre 1548. leur permit de s’y établir, à condition de n’y jouer que des sujets profanes, « licites et honnêtes, et leur fit de très-expresses défenses, d’y représenter aucun Mystère de la Passion, ni autres Mystères sacrés : il les confirma au surplus dans tous leurs privilèges, et fit défenses à tous autres qu’aux Confrères de la Passion, de jouer ni représenter aucuns jeux, tant dans la Ville, Faubourgs, que Banlieue de Paris, sinon sous le nom et au profit de la Confrérie. » Ce sont les termes de l’Arrêt.

176. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

La Dame répond excellemment que « ce n’est pas en s’emportant qu’on réprime le mieux les folies de cette espèce, et que souvent un froid refus opère mieux que de dévisager les gens ; qu’une honnête femme ne doit faire que rire de ces sortes d’offense ; et qu’on ne saurait mieux les punir qu’en les traitant de ridicule ». […] La Suivante sur cela, qui n’est pas si honnête que le Frère, ne peut s’empêcher de s’écrier « Le pauvre homme !  […] C’est un homme qui, à la manière obligeante, honnête, caressante et civile dont il aborde la compagnie, soi-disant venir de la part de Monsieur Panulphe, semble être là pour demander pardon, et accommoder toutes choses avec douceur, bien loin d’y être pour sommer toute la famille dans la personne du chef, de vider la maison au plus tôt : car enfin comme il se déclare lui-même, « il s’appelle Loyal, et depuis trente ans il est Sergent à verge en dépit de l’envie ». […] Cela se voit bien clairement dans cette Scène ; car cet homme, qui a tout l’air de ce qu’il est, c’est-à-dire du plus raffiné fourbe de sa profession ; ce qui n’est pas peu de chose : cet homme, dis-je, y fait l’acte du monde le plus sanglant, avec toutes les façons qu’un homme de bien pourrait faire de plus obligeant ; et cette détestable manière sert encore au but des Panulphes, pour ne se faire point d’affaires nouvelles, et au contraire mettre les autres dans le tort par cette conduite si honnête en apparence, et si barbare en effet. […] C’est que jamais il ne s’est frappé un plus rude coup contre tout ce qui s’appelle galanterie solide en termes honnêtes, que cette pièce ; et que si quelque chose est capable de mettre la fidélité des mariages à l’abri des artifices de ses corrupteurs, c’est assurément cette Comédie ; parce que les voies les plus ordinaires et les plus fortes par où on a coutume d’attaquer les femmes, y sont tournées en ridicule d’une manière si vive et si puissante, qu’on paraîtrait sans doute ridicule, quand on voudrait les employer après cela ; et par conséquent on ne réussirait pas.

177. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V. Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. » pp. 51-75

Personne ne se croit obligé d’être un héros, et c’est ainsi qu’admirant l’amour honnête, on se livre à l’amour criminel. « Ce qui achève de rendre ces images dangereuses, c’est précisément ce qu’on fait pour les rendre agréables ; c’est qu’on ne le voit jamais régner sur la scène qu’entre des âmes honnêtes, qui sont des modèles de perfection.

178. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

Si l’amour de l’honnête et du beau n’était pas en nous, l’Auteur ne l’y porterait pas : mais c’est parce qu’il y est, que les Poètes dramatiques vont l’y chercher, et qu’ils l’augmentent. […] Ce ne sont point les tours que joue le fils au père, qu’on veut faire passer pour honnêtes, ils ne sont que les suites et la punition de l’avarice : il fallait montrer à des avares, pour les corriger, ce que leur vice a de funeste pour eux-mêmes : il fallait qu’ils eussent à se reprocher les fautes mêmes de leurs enfants, dont leur conduite peut et doit corrompre le bon naturel.

179. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Quoiqu’il en soit il est toujours vrai que l’entretien est une honnête relâche de notre esprit ; car les choses dont il s’y parle ordinairement ne sont ni si sérieuses, ni d’une si haute élévation, qu’elles demandent une attention bien pénible. […] De plus en un honnête entretien la même personne ne parle pas toujours, chacun y vient à son tour, et cette aimable variété fait comme une espèce de Comédie imprévue, où il y a autant de personnages qu’il y a d’hommes qui veulent parler. […] Romains qui avaient reconnu les utilités très considérables, qu’on peut recueillir de ce divertissement, avaient dressé en leur ville de très belles allées, les unes à l’air, les autres couvertes, afin que quelque temps qu’il fît, cette honnête exercice ne manquât point à qui le voudrait prendre. […] Cela leur donne une honnête hardiesse ; elles en prennent souvent trop, et l’assurance qu’on prétend leur donner, leur ôte le respect : Si quelqu’un en doute il n’a qu’à prêter l’oreille aux justes plaintes des pères et des mères qui se lamentent de ne trouver plus de déférence auprès de leurs enfants. […] Il est d’autant plus aisé de s’y tromper, qu’ils n’ont quasi qu’un même visage et une même livrée : Tous nous tient d’abord, et tous nous promettent une honnête relâche de notre esprit : mais qui n’y veut point être trompé, doit être plus en défiance de ceux qui lui font meilleur mine.

180. (1759) Lettre sur la comédie pp. 1-20

Les gens du bon air, les demi-raisonneurs, les pitoyables Incrédules peuvent à leur aise se mocquer de ma démarche ; je serai trop dédommagé de leur petite censure & de leurs froides plaisanteries, si les gens sensés & vertueux, si les Ecrivains dignes de servir la Religion, si les ames honnêtes & pieuses que j’ai pu scandaliser, voient mon humble désaveu avec cette satisfaction pure que fait naître la vérité dès qu’elle se montre.

181. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VI. » pp. 98-114

L’amour profane passe-t-il en votre esprit pour une passion honnête ?

182. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-9

Il compare le poëte, non à un actrice, mais à une femme honnête, qu’on obilgeoit quelquefois de danser aux fêtes de la grande Déesse, & qui, bien loin de se faire gloire d’étaler ses charmes, en danseuse de théatre, n’y paroissoit que malgré elle, modeste & confuse, ut sacris matrona moveri jussa diebus interevit satyris paulum pudibunda protervis .

183. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien premier. Sentiment du reverend Pere Bourdaloue de la Compagnie de Jesus, touchant les Bals & les Comedies en general. » pp. 8-16

Car c’est alors qu’elle se met en defense, qu’elle devient subtile, & ingenieuse, qu’elle s’imagine mille pretextes pour appuyer son droit, & que dans la crainte d’être privée de ce qui la flate, elle vient enfin a bout de se persuader, que ce qu’elle desire est honnête & innocent, quoi qu’au fond il soit criminel, & contre la loi de Dieu. * Mirum quippe quam sapiens sibi videtur ignorantia humana, cum aliquid de hujusmodi gaudiis ac fructibus veretur omittere.

184. (1697) Lettre à Mme la Marquise de B. « A MADAME LA MARQUISE DE B… » pp. 302-316

Il vous semble que les Auteurs qui ne peuvent faire tenir le même langage à leurs Héros, feraient mieux de les choisir dans un Pays où l’on ne les ait pas tant mis en œuvre ; et vous dites qu’un Grand-homme de notre France dont la Vie serait pleine de belles Actions, et qu’on ferait parler comme naturellement les honnêtes Gens y parlent, ferait pour le moins autant de plaisir à voir, que des Héros dont les Noms paraissent tout usés à force de les entendre répéter.

185. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V bis. Le caractère de la plus grande partie des spectateurs force les auteurs dramatiques à composer licencieusement, et les acteurs à y conformer leur jeu. » pp. 76-85

Quand ils traiteraient les passions de la manière la plus honnête, cette apparence d’honnêteté et le retranchement des choses immodestes rendraient leurs pièces beaucoup plus dangereuses, parce que en attaquant la pudeur d’une manière moins directe, les personnes vertueuses en ont moins d’horreur, et pensent moins à se défendre du poison qu’elles contiennent.

186. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XX. Spectacles condamnés par les saints Pères et par les saints conciles. » pp. 168-178

Saint Augustin qui assista à ce concile en avait conservé tout l’esprit, lorsqu’il déclarait que les dons faits aux gens de théâtre ne sont point au rang des libéralités honnêtes : « Donare res suas histrionibus, vitium est immane, non virtus36. » Le concile de Trulle, ainsi nommé parce qu’il se tint dans le dôme du palais à Constantinople, l’an 692, s’explique en ces termes : « Le saint concile défend les farceurs et leurs spectacles, et les danses qui se font sur le théâtre.

187. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

« Quelle mère, s’écrie Bossuet, je ne dis pas chrétienne, mais tant soit peu honnête, n’aimerait pas mieux voir sa fille dans le tombeau, que sur le Théâtre ? […] S’il n’y a rien là que d’honnête, rien qu’il faille porter à la Confession ; hélas ! […] Les gens du bon air, les demi-raisonneurs, les pitoyables incrédules peuvent, à leur aise, se moquer de ma démarche : je serai trop dédommagé de leur petite censure et de leurs froides plaisanteries, si les gens sensés et vertueux, si les écrivains dignes de servir la Religion, si les âmes honnêtes et pieuses que j’ai pu scandaliser, voient mon humble désaveu, avec cette satisfaction pure que fait naître la Vérité, dès qu’elle se montre… L’unique regret qui me reste, c’est de ne pouvoir assez effacer le scandale que j’ai pu donner à la Religion par mes Ouvrages, et de n’être point à portée de réparer le mal que j’ai pu causer sans le vouloir.

188. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

Les Dames, auxquelles vous avez montré ma Lettre, craignent d’être privées de ce qui les flâte ; elles voudroient bien vénir à bout de me persuader, que ce, qu’elles desirent, est honnête & innocent. […] Je veux la supposer telle, qu’elle se pique d’être : point d’attachemens, point d’intrigues : elle a des amitiés innocentes, liaisons honnêtes : j’en conviens : mais pour cela elle n’est pas dans le chemin du salut : elle s’en peut flâter tant qu’elle voudra ; je suis persuadé du contraire, & je vais le lui montrer.

189. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VIII. De la Comédie les jours de fête. » pp. 159-179

Une honnête recréation est permise les jours de fête, plus même que les autres jours. […] Mais un divertissement si vif, si long, si suspect, si opposé à la sainteté, ne fut jamais cette joie sainte que Dieu recommande, cette honnête recréation qu’il permet : Gaudate in Domino semper.

190. (1768) Des Grands dans la Capitale [Des Causes du bonheur public] « Des Grands dans la Capitale. » pp. 354-367

C’étoient eux qui procuroient des spectacles honnêtes & décentsa.

191. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVI. Des périls auxquels on s’expose en allant au bal. » pp. 97-118

Il est donc évident que ceux-là pèchent grièvement qui vont aujourd’hui au bal, et qui fréquentent la danse, à cause des dangers qui en sont inséparables, et auxquels ils s’exposent : car quand il pourrait se rencontrer quelque bal où l’on n’appellerait que les seuls parents, ou les seuls amis ; néanmoins il est vrai de dire absolument qu’il n’y peut avoir aujourd’hui aucune assemblée pour la danse où il n’y ait du danger, à cause de la corruption du siècle et des mauvaises coutumes qui s’y sont introduites, ne se tenant plus aucun bal où la jeunesse ne se rende, et où elle n’entre de gré ou de force ; et cet usage a si fort prévalu, que si on fait quelque assemblée pour la danse où on veuille faire ce choix des personnes honnêtes, parentes ou amies, et fermer la porte aux étrangères, on heurte insolemment, et on fait mille outrages et mille affronts au maître de la maison.

192. (1664) Traité contre les danses et les comédies « INSTRUCTION, et avis charitable sur le sujet des Danses. » pp. 177-198

Vous avez le Prince des Orateurs Cicéron, qui soutient et avec raison, que d’appeler un homme danseur, c’est lui faire une injure fort atroce, parce que, dit-il, ce vice ne va jamais qu’il ne soit accompagné de plusieurs autres ; car personne d’ordinaire ne danse étant sobre, si ce n’est qu’il soit fol, ni en solitude, ni dans un festin modéré et honnête : la danse suit volontiers les banquets déréglés, les lieux plaisants et les autres délices.

193. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De la discipline ecclesiastique, et des obligations imposees par les saints conciles dans la vie privee des pretres.  » pp. 341-360

Conc. de Cologne, can. 1536 ; « 4° Afin que les ministres de l’Eglise puissent être rappelés à cette continence et pureté de vie, si bienséante à leur caractère, et afin que le peuple apprenne à leur porter d’autant plus de respect qu’il les verra mener une vie plus chaste et plus honnête, le S.

194. (1825) Des Comédiens et du Clergé « article » pp. 60-68

Ceux-ci, établis d’abord à l’hôtel de Flandre, puis à l’hôtel de Bourgogne, obtinrent en 1548 un arrêt du parlement qui les confirmait dans tous leurs privilèges, sous la condition de ne jouer que des sujets profanes, licites et honnêtes. « C’est ici , dit l’auteur, le troisième âge de l’existence des comédiens en France et l’origine certaine des comédiens de nos jours : car il est bien avéré que les confrères étaient de vrais comédiens, montant sur le théâtre et débitant des scènes.

195. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Quelle comparaison d’un guerrier chrétien avec Mars, d’une honnête femme avec Vénus, un emporté, un furieux qui n’aime que le carnage, une prostituée sans pudeur qui ne connoît que le vice, qu’on n’honore que par l’impureté ! […] Elles sera livrée le premier janvier à quiconque de quelque condition, âge ou province du royaume qu’il soit, qui, dans le cours de l’année précédente, aura fait, sans pouvoir être soupçonné d’ambition, de vanité, d’hypocrisie la meilleure action dans l’ordre moral & politique, comme un génereux sacrifice de ses intérêts pour un malheureux, la libération d’un prisonnier pour dettes considérables, le relevement de quelque honnête famille, la dotation de quelques orphelins, l’établissement de quelque communauté, la construction d’un pont nécessaire, un acte extraordinaire de piété filiale, d’union conjugal, de réconciliation, de reconnoissance, &c. […] Nous avons déjà marqué nos allarmes sur la tragédie atroce, qui semble avoir passé les mets, & a transporté du théatre anglois sur le nôtre Beverlei, l’honnête criminel, le Roué vertueux, &c. avoient annoncé ce goût. […] Ne pourroient-ils entrer dans le monde honnête qu’en descendant du théatre, & prenant les airs impertinens d’un faquin.

196. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

La vanité & la volupté y sont également flattées, elles aiment la danse plus que les hommes, y réussissent communément mieux, y montrent plus de légèreté, de goût, de finesse, d’élégance, souvent même plus qu’il ne convient à une honnête femme, selon la remarque de Salluste : Saltat elegantiùs quam necesse est probæ. […] à combien d’elles adresseroient-ils ces paroles : Vous dansez trop bien pour une honnête femme : Saltas elegantiùs quam necesse est probæ.

197. (1768) Observations sur la nécessité de la réforme du Théatre [Des Causes du bonheur public] «  Observations sur la nécessité de la réforme du Théâtre. » pp. 367-379

Il y regne ordinairement trop de frivolité, ou aumoins d’uniformité ; & le retour éternel des objets entraîne bientôt l’ennui ; on trouveroit ici un divertissement honnête.

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