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75. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

Que le fol amour de la fable cette enfin de l’emporter sur la tendre vénération que l’homme sage doit à la vérité. […] Quel peut être l’effet de l’espece humaine, non-seulement informe, mais corrompue à l’excès, dont on souille sans cesse la scène ; de ces fables scandaleuses & ridicules des dieux & des déesses du paganisme, dont on étale les débauches ? Que sont toutes les fables de la mythologie que des adulteres, des incestes, des vices de toute espece, placés sur les autels ? […] Il s’est fait beaucoup de tableaux, beaucoup d’ouvrages sur l’état des hommes à la naissance du monde soit selon la vérité de l’histoire d’Adam & d’Eve, dans la Genese, comme Milton, &c. soit dans les fables de la mythologie, sous les noms de Promethée, de Pandore, de Deucalion, de Pyrrha, comme le théatre de Saint-Foix, & depuis peu Colardeau, poëme de l’homme, d’après l’histoire naturelle de Buffon.

76. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

La fable de Biblis est prise des Metamorphose d’Ovide. […] Ce n’est que fable sur fable : on ne peut rien apprendre au Théatre, ni l’histoire, ni la mithologie, encore moins la religion & la vertu ; ce n’est que mensonge & libertinage.

77. (1759) Lettre d’un professeur en théologie pp. 3-20

Ceux qui pensent autrement, à notre avis, ressemblent à la Mouche de la fable, qui, grimpant le long d’un magnifique bâtiment, prouve que l’architecte qui l’a construit étoit un ignorant, par les chemins raboteux qu’elle rencontre dans la sculpture des colonnades.

78. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [N] » pp. 431-435

Le moyen que je viens de proposer, pour rendre utile le Théâtre-Ephébique, n’est pas le seul ; il en est un autre, peut-être moins avantageux pour les jeunes Acteurs, mais dont l’effet serait plus présent pour le Public : Qu’on abandonne tout-à-fait le mauvais genre de Pièces, adopté, faute de pouvoir mieux par le Néomime soumis au caprice des Grands-Comédiens : au lieu d’intrigues communes & triviales, de passions froides, dont l’expression est aussi gauche que messéante dans la bouche des Enfans-acteurs, qu’ils jouent de petites Pièces plus proportionnées à leur âge ; par exemple, que ces nouvelles Atellanes peignent les passions, les goûts, les défauts de l’Enfance : qu’on prenne encore des sujets naïfs dans les Fables de Lafontaine de Lamotte &c.

79. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre II. Que la représentation des Comédies et Tragédies était un acte de Religion parmi les Grecs et Romains. » pp. 36-56

En quoi certes il ne faut pas dire que les Anciens se moquaient de ceux qu'ils adoraient comme Dieux, en représentant des actions que l'on pouvait nommer criminelles, comme des meurtres, des adultères et des vengeances, ni qu'ils avaient dessein d'en faire des objets de Jeux et de risée, en leur imputant des crimes que l'on condamnait parmi les hommes ; Car toutes ces choses étaient mystérieuses, et bien que le petit peuple, ignorant et grossier fut peut-être incapable de porter sa croyance au-delà des fables que l'on en en contait ; il est certain que leurs Théologiens, leurs Philosophes, et tous les gens d'esprit en avaient bien d'autres pensées, et tout ce que nous lisons maintenant de la naissance de leurs Dieux et de toutes leurs actions avait une intelligence mystique, ou dans les secrètes opérations de la Nature, ou dans les belles Maximes de la Morale, ou dans les merveilles incompréhensibles de la Divinité.

80. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE III. De la comédie et des comédiens chez les païens et chez les chrétiens. » pp. 101-112

C’est en empruntant principalement leurs sujets de la fable, qui leur offrait un paradis et un enfer, que les comédiens de l’antiquité, trouvaient si facilement, dans le séjour céleste des dieux du paganisme, et dans le royaume infernal de Pluton, un merveilleux surnaturel propre à relever et agrandir les objets.

81. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Nous avons assez de choses à réciter, nous avons assez de Vers, assez de Sentences, assez d’Hymnes, et assez de Cantiques ; et ce ne sont ni fables ni fictions, mais des vérités pures et sincères. […] Et en répondant à l’exemple de David qui a dansé devant l’Arche ; il dit, que cet exemple ne favorise en rien les Chrétiens qui assistent au Théâtre : « Nihil adjuvat in theatro sedentes Christianos fideles », parce que dans la danse de David il n’y a rien de honteux, ni qui ressente la licence des scènes et des fables grecques. Mais il ne s’ensuit pas pour cela que saint Cyprien approuve « les Opéras et les Comédies d’aujourd’hui, et qu’il ne condamne que les Spectacles qui représentaient les fables en la manière lascive des Grecs et des Romains, et qui se célébraient en l’honneur des Idoles », ainsi que l’assure le Docteur. […] Saint Cyprien n’a pas condamné la danse de David ; donc il n’a condamné que les Spectacles qui représentaient des fables en la manière lascive des Grecs, et qui se célébraient en l’honneur des Idoles. […] Que notre Docteur cesse donc de dire, « Que saint Cyprien n’a condamné que les Spectacles qui représentaient les fables en la manière lascive des Grecs et des Romains, et qui se célébraient en l’honneur des Idoles » ; puisqu’il s’explique si nettement au contraire.

82. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

On rapporte l’exemple de la mère de sainte Macrine sœur de saint Grégoire de Nysse, qui avait un si grand soin de sa fille, qu’elle ne lui permettait pas de lire des Fables ni des Comédies, regardant comme une chose honteuse de gâter un esprit encore tendre, par toutes ces Histoires tragiques de femmes, dont les fables des Poètes sont remplies, ou par les idées mauvaises des Comédies.

83. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

Il savait qu’une erreur ancienne devient sacrée ; qu’avec de l’esprit, on peut faire goûter aux hommes quelques vérités ; mais qu’avec plus d’esprit encore, on s’abstiendrait de les leur découvrir toutes : il savait que ces préjugés de naissance, que cette chimère, plus ridicule que celle des Fables, née de l’orgueil, nourrie par la flatterie, défendue par l’opinion, et couverte du voile épais des siècles, ne pouvait être attaquée impunément : il savait que les Grands lui pardonneraient de peindre leurs vices et leurs ridicules, et non de les dépouiller d’un éclat étranger, mais imposant, qui leur tient lieu du mérite qu’ils n’ont pas : il savait enfin qu’on aimait le merveilleux au théâtre, et c’est peut-être ce qui l’a déterminé à donner au vertueux Dom Sanche un père couronné. […] … Je vois un Hercule, un fils de Jupiter, plus grand que ce Dieu lui-même, embrasé d’un feu cruel qu’il a cru légitime, sensible encore à l’amitié, se vaincre pour elle, triompher de l’Amour, comme il avait triomphé de la mort, et rendre croyables, par cet effort, tous les prodiges que la Fable attribue à ses forces plus qu’humaines.

84. (1697) Lettre à Mme la Marquise de B. « A MADAME LA MARQUISE DE B… » pp. 302-316

C’est-là que tu verras un Héros véritable Surpasser en Valeur ceux qu’inventa la Fable.

85. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V bis. Le caractère de la plus grande partie des spectateurs force les auteurs dramatiques à composer licencieusement, et les acteurs à y conformer leur jeu. » pp. 76-85

leur sied-il bien d’aller se confondre avec des gens oisifs et corrompus dont l’imagination dépravée par l’oisiveté et l’amour du plaisir ne se repaît que d’aventures scandaleuses, que de fables obscènes, n’engendre que des monstres et n’inspire que des forfaits ?

86. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XX. Spectacles condamnés par les saints Pères et par les saints conciles. » pp. 168-178

Les mimes sont ceux, ajoute ce Père, qui copient les actions humaines pour les tourner en ridicule dans la comédie ; leurs fables sont mêlées d’intrigues ; on y voit des filles séduites, et le commerce odieux des femmes galantes28. » Saint Bernard, qui vivait dans le douzième siècle, n’a pas laissé de condamner les représentations théâtrales, quoiqu’elles fussent alors très-rares, sous prétexte que ces sortes d’exercices flattent les passions en retraçant des actions criminelles29.

87. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE II. De la passion d’amour sur le Théâtre. » pp. 18-35

Les Modernes, au contraire, n’ont adopté que le faible de cette passion, qui, dans ce point de vue, n’est propre qu’à corrompre, comme nous l’avons dit ; et il y a même cette différence entre les Modernes et les Anciens, que les Anciens n’ont mis l’amour sur leur Théâtre que très rarement, et que les Modernes en ont fait le motif principal et le fondement de toutes leurs fables.

88. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130

« La Fable est proprement l’imitation de l’Action. J’entens par le mot de Fable le tissu [ou le contexte] des affaires. […] La Fable, les mœurs, la diction, le sentiment, la décoration [& tout ce qui est pour les yeux] & le chant. […] Tout Sujet, quelque dangereux qu’il soit, peut donner lieu à des Réflexions vagues ; mais la Morale d’une Piéce est celle qui est particuliere à la Piéce qui en fait le fondement, & que le Poëte a eu en vue quand il a construit sa Fable.

89. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Mais, dit-on, tout le monde sait que les aventures dramatiques sont des fables, qu’on pleure au théatre la destinée d’un héros qu’on n’a jamais vu, qui peut être n’a jamais été ; qu’on y rit des foiblesses, des ridicules d’un bourgeois, d’un valet, d’un marquis chimérique, &c. qu’importe ? […] Arnaud, dans sa préface sur Fayel, tragédie horrible, qu’il vient de donner, avance deux paradoxes, l’un sur le genre terrible qu’il dit être le seul vraiment tragique ; l’autre sur la division des drames en cinq actes, qu’il traite de puerilité : il a fait comme Fontenelle à la tête de ses Eglogues, & la Mothe à la tête de ses Fables, & la plupart des écrivains, qui, pour faire l’éloge de leurs ouvrages, commencent par donner des regles sur le genre qu’ils ont traité : ces regles auxquelles leurs écrits ne peuvent manquer d’être conformes, puisqu’elles ont été formées d’après eux-mêmes, sont toutes prises de leur goût particulier, & du caractère du livre qu’elles justifient. […] Les païsages, les marines, les foires, les grotesques, les amours, les fables, les histoires, ne sont-ils pas de vrais tableaux quoique de divers genres, & le fruit de divers talents ?

90. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

On croit s’assembler au spectacle, & chacun s’isole ; chacun oublie ses parens, ses amis, ses voisins, pour s’intéresser à des fables, pleurer sur des malheurs, des morts, & rire aux dépens des vivans. […] On a démontré combien il étoit aisé de lutter contre ces tourbillons d’esprits follets, qui ne débitent que des fables ridicules & grossieres, dignes de ces petits romans à papier bleu, que leur adeptes vantent & colportent dans nos villages ; je m’attends qu’en élevant la voix contre les spectacles, ils déclameront contre moi, effrayés par la perte qu’éprouveroit la caisse philosophique, dont les Opéra & les Comédies font les plus clairs revenus, & dont les derniers ne sont accordés qu’à des forbans de littérature : n’importe, je proteste contre tout ce que la cohorte pourra dire ou écrire.

91. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre XI. Du Balet. » pp. 209-318

Qu’il ne parle que des pieds & des mains ; Que ses gestes & ses mouvemens dechiffrent & developent tous les mysteres du dessein, il a satisfait à tous ses devoirs : Car le Balet n’est, apres tout, qu’une Fable müette, où les Anciens estoient si bien versez, que sans aucun besoin de Truchement Ils faisoient lire dans leurs actions & dans leur danse, leurs desseins & leurs pensées, comme s’ils eussent usé de la voix & des paroles. […] Il leur semble, dis-je, que pour faire ou choisir un Sujet, ils n’ont qu’à detacher quelque trait de la vieille Fable, quelque poinct de l’histoire moderne, où quelque nouvelle bizarrerie de leur imagination, de les distribuer en quelques entrées, de les soustenir ou revêtir de quelques visions extravagantes, & enfin de les enrichir aux dépens du Prince. […] Pour faire le choix d’un beau Sujet, il faut bien examiner si le poinct de l’Histoire ou de la Fable qui nous a pû fraper l’imagination, a cette seve necessaire pour fournir à toute l’action. […] Ie ne vois pas de fonds ny plus sûr ny plus riche que l’Histoire, où que la Fable. […] Ce n’est pourtant pas assez que la Fable ou que l’Histoire ayent consacré un poinct illustre, ou quelque singulier évenement, & qu’ils l’ayent rendu considerable dans tous les Monumens de l’Antiquité, il faut qu’il soit clair & intelligible.

92. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre II. De la Comedie. » pp. 163-177

Messieurs Corneille le ieune, Desmarests, Moliere, Quinaut, Gilbert, Boyer, Racine, & Mademoiselle Desjardins ont droit aux plus justes loüanges qu’on ait jamais données ; & si nous voulons étaler nos petites Galanteries, & tous ces petits amusemens de Theatre, par où l’on tâche de delasser l’esprit des Auditeurs apres de serieux Spectacles : Il est des Devisés, des Viliers, des Iacobs, des Poissons, des Boursault, Chevalier, & beaucoup d’autres, que ie n’ay pas le bien de connoître, ou qui sont echapez de mon souvenir, qui sont tres-capables de divertir les plus delicats par leurs petites Comedies, & d’effacer les anciennes Fables Atellanes.

93. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXV. Conclusion de tout ce discours. » pp. 138-152

Il ne faudrait donc que goûter ces douceurs célestes, et cette manne cachée, pour fermer à jamais le théâtre, et faire dire à toute âme, vraiment chrétienne : « Les pécheurs, ceux qui aiment le monde, me racontent des fables »Ps.

94. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Henri IV. » pp. 121-168

On pardonne aux héros de a fable ce langage d’opéra, on est accoutumé à les entendre parler en chantant, la musique fait partie de la fiction & du merveilleux ; mais, pour un grand Prince avec ses généraux, au moment de la bataille, ces folies sont insoutenables. […] Il prie les personnes qui liront son drame, de lire aussi sa dissertation : espece de portique en ce genre, à l’exemple de Fontenelle pour les Eglogues, de Lamothe Houdart pour les Fables, de Voltaire sur le poëme épique, &c. […] de Maintenon ; toutes les comédies morales sont des proverbes, mais plus longs, les fables, les contes moraux sont des proverbes, mais plus court : il n’y a qu’à les dialoguer. […] Le Chevalier du Coudrai est entré dans la carriere que Collé & Durosoi avoient ouverte, il a donné une piece sur Henri IV, intitulée comme la fable de Lafontaine, Le Roi & son Ministre.

95. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Ses Fables sont très-bonnes & très-utiles, ses Contes ne sont pas plus mauvais que les farces de Moliere, son langage est plus pur, plus noble. […] Platon & les sages Législateurs du Paganisme rejetoient loin d’une république bien policée les fables & les instrumens de musique qui pouvoient amollir une nation par le goût de la volupté. […] il ressemble au vrai Dieu ou aux Dieux de la fable. […] Trouver les pensées célestes d’un Evêque dans la description de l’Elizée, n’est-ce pas mêler le saint & le profane, le christianisme & la fable dans un Evêque, aux dépens de la bienséance & de la piété ?

96. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE IV. Extrait des Lettres de M. Clément. » pp. 85-106

Ici la fable est simple. […] Ils sont aussi-bien écrits que ses Fables, qu’on fait apprendre aux enfans, aussi-bien & mieux écrits en leur genre que les Tragédies de Racine : leur lecture est moins dangéreuse que l’étude de ses tragédies.

97. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

L’histoire & la fable y sont toutes rournées du côté de la morale. […] Le théatre connoît & a représenté cette fable, il en sent & fait sentir la vérité & la moralité ; que sera-ce des passions réelles, des traits de flamme, des mouvemens lascifs ?

98. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

Que souvent es Temples très saints, principalement ès actes de la fable, on récite, en façon de chœur, les larcins des adultères, et les sales amours. […] Cela ne se fait pas avec des clameurs, risées, et applaudissements ; moins encore par les histoires saintes, détournées de leur droit usage, et profanées quand elles sont converties en fables. […] J’ai vu moi-même, et eu en mon pouvoir, un assez gros volume imprimé à Paris,29 il y a plus de cent ans, auquel toutes les histoires du Nouveau Testament étaient converties en fables comiques et tragiques, en plusieurs endroits si blasphématoires ; en d’autres si ridicules, qu’il y a à s’étonner, ou de la malice, ou de l’ignorance des auteurs. […] A quoi se rapporte ce que Cicéron écrit, que l’ancienne Grèce a sévèrement puni les acteurs de telles fables. […] » Lactance Fimian 65, « Je ne sais pas aussi (disait-il) s’il y a corruption plus vicieuse que celle des Théâtres comiques, car les fables des Comédies parlent ou de la défloration des Vierges, ou des amours des garces ; et plus ceux qui ont inventé ces forfaits sont éloquents ; d’autant plus sont-ils persuasifs par l’élégance de leurs sentences : et les vers nombreux et ornés, se retiennent plus facilement en la mémoire des auditeurs.

99. (1705) Traité de la police « Chapitre premier. Des Spectacles anciens, leur origine, leur division, leurs dérèglements, et les Lois qui ont été faites pour les réformer. » pp. 434-435

Ceux-ci mêlèrent au chant et aux danses les récits d’actions héroïques, tirés de l’Histoire ou de la Fable : tout cela se fit d’abord sans beaucoup d’appareil et sans qu’aucun lieu y fut singulièrement destiné.

100. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Il prétend faire entendre, que la Comédie ne peut attaquer avec succès les vices favoris ; & qu’elle n’ose, comme l’Ane de la Fable, insulter que les ridicules expirans. […] Une émotion passagère & vaine n’a jamais produit le moindre acte d’humanité… Quand un homme est allé admirer de belles actions, dans des Fables, ne s’est-il pas acquitté de tout ce qu’il doit à la vertu par l’hommage qu’il vient de lui rendre ? […] Les actions de ces troisièmes Dieux étaient connues : avec quelques additions, que la tradition orale rendit monstrueuses au bout d’un siècle, on composa ce qu’on nomme la Fable ; & l’on représenta les actions de ces Héros dans les Temples. […] « Tous les sujets des Pièces Grecques, dit monsieur Rousseau, n’étant tirés que des antiquités nationales, dont les Grecs étaient idolâtres, ils voyaient dans leurs Acteurs, moins des gens qui jouaient des Fables, que des Citoyens instruits, qui représentaient aux yeux de leurs Compatriotes l’histoire de leur Pays. » Et plus haut : « Comme la Tragédie avait quelque chose de sacré dans son origine, d’abord les Acteurs furent plutôt regardés comme des Prêtres, que comme des Baladins. » Mais chez les Romains, l’on ne donna que quelques chétives Tragédies, qui ne pouvaient faire une impression bien vive, parce qu’elles n’offraient que des Fables étrangères à la Nation ; telles étaient le Thyeste de Gracchus ; l’Alcméon de Catulle ; l’Adraste & l’Œdipe de Jules César ; l’Ajax d’Auguste, dont il fut si peu content lui-même, que ses amis lui ayant demandé un jour, ce que fesait Ajax, il leur répondu en riant, qu’il était sous l’éponge * ; la Médée d’Ovide. […] On peut voir quelques-unes de ces Fables recueilles, & sérieusement rapportées par Arnauld d’Andilli, frère du célèbre Docteur, dans son Roman intitulé : Vies des PP. des Deserts.

101. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

« Quand un homme est allé admirer de belles actions dans les fables… ne s’est-il pas acquitté de tout ce qu’il doit à la vertu par l’hommage qu’il vient de lui rendre ? […] J’ajoute que quand cela seroit vrai, les fables, les allégories et; les paraboles ont été de tout tems regardées comme les moyens les plus propres à instruire les hommes ; tous les Législateurs les ont employé avec succès. […] Si je fais une action sainte en me nourrissant des vérités sacrées, je n’en ferai pas une mauvaise, en cherchant une bonne morale dans la Fable. […] On ne doit point détruire les Fables reçues, mais on peut manier avec habileté les incidens sans changer le fond de la chose. […] Les Piéces de Théatre les inciteront à la connoissance de la Fable et; de l’Histoire.

102. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE III. Théatre de S. Foix. » pp. 52-75

Dans la fable & dans l’histoire l’homme a toujours vécu dans une société toute formée, qui connoissoit la religion & la pudeur. […] Ces petits soi-disans drames de trois ou quatre scènes, qui dans une action d’un quart d’heure forment un croquis d’intrigue, se rapportent, dit-on, à une sentence ou proverbe (& pourroit se rapporter à trente), qui est l’ame, dit-on, le fonds, le mot de l’énigme ; comme presque toutes les fables d’Esope, de Phedre, de la Fontaine, qu’on commence ou termine par quelque trait de morale, elles forment chacune un petit drame, qu’il ne faudroit qu’étendre pour en faire des Proverbes dramatiques.

103. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

Le saint Concile de Trente, « voulant réprimer la témérité avec laquelle on détourne à des choses profanes, à des inutilités, des fables, des bouffonneries, les paroles et les sentences de l’Ecriture sainte, pour empêcher cette irrévérence et ce mépris, défend à toute sorte de personnes d’employer jamais, de quelque manière que ce soit, les paroles de Dieu à de pareils usages, et il veut que ces téméraires profanateurs soient punis par les Evêques des peines de droit ou arbitraires. » (Temeritatem illam reprimere volens, etc. […] « Il est bien difficile, dit-il, que par des fables ou des opinions incertaines, le Poète ne corrompe une histoire pour laquelle on doit avoir un respect singulier.

104. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

« Les Ecclesiastiques n’assisteront point aux Fables, aux Comedies, aux Joütes ; aux Tournois, ni aux autres Spectacles vains & profanes, de peur que leurs oreilles & leurs yeux, qui sont consacrez au culte de Dieu, ne soient soüillez par des actions & par des paroles badines & impures. » Les Statuts Synodaux du Cardinal de Tournon Archevêque de Lyonb en 1566. […] « Que les Ecclesiastiques n’assistent jamais aux Comédies aux Fables, aux Danses, ni autres divertissemens que les Comédiens donnent, de peur que leurs yeux, qui sont consacrez au service de Dieu, ne soient soüillez par la contagion des Spectacles deshonnêtes ; Qu’ils n’en representent aussi jamais eux-mêmes. » Le Concile Provincial de Bourgese en 1585. […] « Nous défendons aux Ecclesiastiques d’assister aux Comédies, aux fables, ni aux autres spectacles que les Comédiens & les Boufons representent, de peur que la pureté du Sacerdoce ne soit soüillée par la vûë des choses vaines & malhonnêtes. » Les Statuts & Réglemens du Diocese d’Evreux en 1644d.

105. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des caractères & des Mœurs Tragiques. » pp. 131-152

Les caractères pris de l’Histoire ou de la Fable, sont au moins ébauchés.

106. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « Instruction chrétienne sur la Comédie. » pp. 443-453

Toute la rimaille que ces badins viennent déclamer sur leur Echafaud, n’est souvent remplie que de fables ridicules, où n’y a autre vérité, sinon qu’ils publient en vers, les vices qui se commettent en prose dans les maisons : ce qui ne peut agréer aux personnes raisonnables.

107. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

Et certes s’il s’en faut rapporter aux fables, les Dieux n’ont pas manqué de guerre ; ils ont donné des combats, non seulement comme on le voit dans Homère, lorsque deux armées ennemies avaient chacune des Dieux dans leur parti ; mais lorsqu’ils ont pris les armes pour eux-mêmes contre les Titans, et les Géants. […] Augustin, comprend les fables des Dieux, et leurs allégories et mythologies dans la Théologie fabuleuse qu’il condamnait. […] ,tâchent par des cérémonies sacrées de donner quelque apparence d’honnêteté aux fables des Dieux, quelque déshonnêtes qu’elles soient », c’est ce qu’ils appelaient des mystères, et des choses mystérieuses. […] La Philosophie, qui est l’étude de la sagesse, bannit de son sanctuaire tout ce genre de fables, qui ne fait que flatter l’oreille, et le renvoie au berceau des nourrices. » Secondement les Philosophes improuvaient la Comédie et la Tragédie, à cause de l’impression qu’elles donnent de l’amour infâme. […] On n’y reconnaît plus Bacchus, et Vénus pour des divinités, mais pour des fantômes de l’Enfer, ou tout au plus pour des songes de la Poésie : il n’y a plus d’autels ni de sacrifices, si ce n’est pour représenter quelques vieilles fables, qui font aussi peu d’impression sur nos esprits que les contes ridicules des Fées.

108. (1722) Chocquet, Louis [article du Supplément au Dictionnaire Historique et Critique] « article » pp. 42-44

Ceux qui revenoient de Jerusalem & de la Terre-Sainte, de Saint Jaques de Compostelle, de la Sainte-Baume de Provence, de Sainte Reine, du Mont Saint Michel, de Nôtre-Dame du Puy, & de quelques autres lieux de pieté, composoient des Cantiques sur leurs Voyages, y méloient le recit de la vie & de la mort du Fils de Dieu, ou du Jugement dernier d’une maniere grossiere, mais que le chant & la simplicité de ces temps là sembloient rendre pathetique, chantoient les miracles des Saints, leur Martyre, & certaines Fables à qui la créance du peuple donnoit le nom de Visions, & d’Apparitions.

109. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien cinquieme. Le danger de la Comedie en particulier, decouvert par le R. P. F. Guilloré de la Compagnie de Jesus. » pp. 67-79

C’est aussi pour cela, que l’on court volontiers au theatre, où l’on voit si bien faire ce personnage, & d’où l’on tire de si belles leçons : Theatre mal-heureux, sur lequel on a vû naître de nos jours, quelque chose de pis, que ce qu’avoit celuy des Romains, où la pieté n’étoit pas tant décriée par les infidéles qui l’ignoroient, qu’on la veuë l’être aujourd’huy par des Chrétiens, qui la connoissant, en ont fait leur fable & leur divertissement !

110. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [G] » pp. 408-415

La Décoration versatile était un triangle suspendu, facile à tourner, & portant des rideaux où étaient peintes différentes choses qui se trouvaient avoir du rapport au sujet de la Fable, ou du Chœur, ou des Intermèdes.

111. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre II. Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. » pp. 15-28

Tous les sujets des pièces n’étant tirés que des antiquités nationales, dont les Grecs étaient idolâtres, ils voyaient dans ces mêmes acteurs moins des gens qui jouaient des fables, que des citoyens instruits qui représentaient aux yeux de leurs compatriotes l’histoire de leur pays. 4°. 

112. (1666) Seconde Lettre de Mr Racine aux deux apologistes des Hérésies Imaginaires « De Paris ce 10. Mai 1666. » pp. 193-204

[NDE] Goibaud-Dubois : « Pour qui pensez-vous passer, et quel jugement croyez-vous qu’on fasse de votre conduite, quand vous offensez tous les juges en comparant le Palais avec le théâtre, la jurisprudence avec la Comédie, l’histoire avec la fable, et un très célèbre avocat avec un très mauvais poète ?

113. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

Dans une fable intitulée le Fol, La Fontaine place un homme dans une loge de comédie, qui se croit un Dieu, & s’imagine gouverner l’univers du fonds de sa loge ; tout le monde se mocque de lui voici la réflexion de l’Auteur. […] Nos Sacrifices sont-ils des jeux, nos Mistéres des fables ?

114. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

Plus les auteurs de ces fables ont de talents, plus ils sont dangereux ; ils s’insinuent par leurs grâces, se gravent plus profondément, et se font mieux retenir par l’harmonie et la beauté des vers : « Facilius intrant in memoriam versus numerosi et ornati. » Des tragédies ne représentent que les fureurs et les amours des mauvais Rois ; ce ne sont que des forfaits montés sur le cothurne : « Regum malorum cothurnata scelera. » Les gestes et les mouvements licencieux des Acteurs, la mollesse de leurs corps efféminés, leurs déguisements en femmes, à quoi servent-ils ? […] Ce ne sont que des fables ou des bouffonneries : « Mendaciis aut risu scutat. » Ces Divinités, ces Héros, ces grands exploits, ne sont que l’ouvrage des passions criminelles : « Divinitates fortia facinora ex vitiosis affectionibus. » Fuyez les lectures des livres licencieux, elles ne sont propres qu’à faire des plaies dans votre cœur, ou à rouvrir les anciennes ; les connaissances que vous y puisez sont pireae que l’ignorance : « Perniciosiores ignorantia cladem inferunt. » On n’exceptera pas les Auteurs dramatiques de ces justes condamnations ?

115. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

Les Chrétiens sont-ils faits, dit Saint Chrysostome, pour entendre des fables diaboliques, et des airs qui ne respirent que l’impudicité ? […] lisez l’histoire de Joseph, celle de Moïse, celle des Machabées, histoires si attendrissantes, si supérieures à toutes les fictions, que ceux mêmes qui ont voulu les mettre en vers, et qui ont cru les embellir, les ont défigurées ; lisez les souffrances de Jésus-Christ, les circonstances de sa douloureuse Passion, celles de son ignominieux Crucifiement, et si vous ne versez pas des larmes, c’est que votre cœur n’a de sentiment que pour les crimes et pour les fables.

116. (1680) Entretien X. Sur la Comédie « Entretien X. sur la Comedie » pp. 363-380

C’est aussi pour cela, que l’on court volontiers au théâtre, où l’on voit si bien faire ce personnage, & d’où l’on tire de si belles leçons : Theâtre mal-heureux, sur lequel on a veü naître de nos jours, quelque chose de pis, que ce qu’avoit celuy des Romains, où la pieté n’estoit pas tant décriée par les infidelles, qui l’ignoroient, qu’on l’a veuë l’estre aujourd’huy par des Chrêtiens, qui la connoissant, en ont fait leur fable & leur divertissement !

117. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218

, ils m’ont raconté leurs fables, mais qu’ont-elles de comparable à votre Loi ?

118. (1694) Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, avec une réfutation des Sentiments relachés d’un nouveau Théologien, sur le même sujet « Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie. » pp. 1-132

On trouve des Canons12 qui permettent à quelques personnes, dans la vue de quelque utilité et non de quelque plaisir, qui permettent, dis-je, de lire les Comédies et les Fables des Anciens ; mais on n’a jamais permis d’assister aux Comédies et d’en être spectateurs. […] Jean de Salisberya Evêque de Chartres qui vivait au même temps, a réprouvé les Spectacles, quand il a dit que de son temps les Spectacles allumaient le feu de l’impureté, que les Comédiens entretiennent l’oisiveté de ceux qui ne peuvent vivre sans quelque amusement, que c’est un dérèglement pernicieux, puisqu’une simple oisiveté serait encore plus avantageuse qu’une si honteuse occupation59. « Dans le siècle où nous vivons, dit ce savant Evêque, où l’on est fort adonné à tout ce qui ressent la fable et la bagatelle, on ne se contente pas de prostituer ses oreilles et son cœur à la vanité ; mais on est encore ravi de charmer sa paresse par le plaisir des oreilles et des yeux, on est ravi d’enflammer la luxure en cherchant à fomenter le vice. […] La mère de cette Sainte, dit ce Père, avait un grand soin de la faire instruire, et entre autres choses elle ne lui permettait point de lire les Fables, ni les Comédies : « Car108 elle regardait, dit-il, comme une chose honteuse et tout à fait indécente, de gâter un esprit bien élevé et encore tendre par toutes ces tragiques histoires de femmes dont les Fables des Poètes sont remplies, ou par les saletés qui se trouvent dans les Comédies ».

119. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

Les anciens Philosophes, peut être plus severes que les nouveaux Casuistes, nous ont appris que la Tragédie, aussi bien que le Poëme Epique, ne devoit chercher à plaire que pour instruire : ils ont cru que l’une & l’autre n’étoient véritablement qu’une Fable plus noble, à la vérité, plus étendue, plus ornée que celles d’Esope, mais du même genre & qui avoit le même but, c’est-à-dire, d’employer le secours & l’agrément de la fiction, pour faire entrer plus aisément dans l’esprit, & pénétrer plus avant dans le cœur, une vérité morale qui en est l’ame, & qui en doit animer tout le corps. […] * Jusqu’ici je n’ai encore parlé que du premier & du principal Membre de la division d’Aristote, je veux dire, de ce que le Poëte imite, ou de l’objet de son imitation, & j’ai tâché d’y découvrir les véritables causes de l’impression que fait la Tragédie ; j’y ai mêlé avec la fable ou l’action imitée, ce qui regarde les mœurs ou les caracteres, les pensées ou les sentimens, qui selon le même Philosophe, sont les deux dernieres choses que le Poëte doit imiter. […] Je consens très-volontiers qu’on regarde le goût que la plûpart des gens d’esprit ont pour la Peinture, pour la Sculpture, pour la Musique, pour les Fables, comme une des preuves du plaisir qu’ils prennent à l’Imitation, pourvu néanmoins qu’on y joigne toujours cette impression d’un ordre supérieur que les choses mêmes qui sont imitées font sur notre ame ; mais j’aurois plus de répugnance à mettre l’Histoire dans le même rang.

120. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VIII. » pp. 131-157

Les Mimes sont ceux, ajoute ce Pere1, qui copient les actions humaines, pour les tourner en ridicule dans la Comédie ; leurs Fables sont entremêlées d’intrigues2 employées à la séduction des jeunes filles, ou bien à réaliser un commerce odieux de la part des femmes galantes.

121. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. —  CHAPITRE V. Tribunal des Comédiens. » pp. 128-140

Leurs infirmités viennent d’un autre genre de travail, dont le Mercure de la fable ne fut jamais le reméde.

122. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre II. Charles XII. » pp. 32-44

Elle faisoit des vers françois avec autant de délicatesse qu’une personne née à Versailles ; elle en composa pour Charles XII, où elle introduisoit les dieux de la Fables qui louoient les vertus de ce Prince.

123. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VII. Sentimens des Prédicateurs. » pp. 168-180

Les Chrétiens sont-ils faits pour se repaître d’impuretés & de fables ?

124. (1705) Pour le Vendredy de la Semaine de la Passion. Sur le petit nombre des Elûs. Troisiéme partie [extrait] [Sermons sur les Evangiles du Carême] pp. 244-263

Jesus-Christ donneroit le mouvement à des levres qui ne debitent que des fables ?

125. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XI. Les Grecs ont-ils porté plus loin que nous la perfection de la Tragédie ? » pp. 316-335

Quand nos Spectacles ne furent plus ceux du Peuple, leur caractere changea, & pour occuper des Spectateurs d’un autre goût, on traita les Sujets de la Fable, & de l’Histoire profane, & nos Poëtes durent avoir en les traitant des vues que ne pouvoit avoir un Poëte Grec.

126. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IX. Sentiments de S. Ambroise. » pp. 200-211

Il en tire tous les traits qu’il lance dans les cœurs, selon les idées familières de la fable.

127. (1579) De l’Imposture et Tromperie « Livre premier. Des jeux et autres observations séculières retenues de l’ancien Paganisme. Chapitre 22. » pp. 101-107

Auxquels jours nous n’oublions rien de tous jeux et ébats séculiers jadis inventés par les Gentils : de bouffons mathassinse, mômeries, mascarades, toutes sortes de danses, comédies, fables ou farces, comme nous disons, par lesquelles on représente comme ès Florales, sinon de fait au moins de paroles, de signes, gestes, et de substance choses vilaines, et déshonnêtes qui ne peuvent qu’aviser, induire, et inciter les personnes à ce faire, à la première occasion qui s’y offre.

128. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

Tous les Dieux & Déesses étoient danseurs, & aimoient éperdument la danse ; toute l’idolâtrie n’est que le culte des passions sous le nom bizarre des Dieux & Déesses de la fable, qui n’ont été que des débauchés & des femmes de mauvaise vie, que l’on a eu la folie de diviniser. […] Sur-tout il doit savoir l’histoire & la fable (mieux que Scaliger & Petau) depuis le développement du cahos & la naissance du monde jusqu’à nos jours, & pour lui donner la leçon, on lui fait le détail d’une infinité de sujets qu’il doit représenter.

129. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

Sujet tiré des Métamorphoses d'Ovide, qui n'a de liaison avec le premier que le rapport de l'inceste de Comminge avec sa cousine, et de Térée avec sa belle-sœur, et l'envie de mêler le sacré avec le profane, les vertus de la Trappe avec les amours de la fable, le Chrétien avec le Païen : « Ut placidis coeant immitia. […] Tout est fable, tout est licence, tout est irréligion sur le théâtre.

130. (1731) Discours sur la comédie « TROISIEME DISCOURS » pp. 304-351

mandat et præcipit ad tollendam hujusmodi irreverentiam et contemptum, ne de cætero quispiam quomodolibet verba scripturæ sacræ ad hæc et similia audeat usurpare et omnes hujusmodi homines temeratores et violatores verbi Dei, juris et arbitrii pœnis per Episcopos coerceantur. » . « Le saint Concile voulant réprimer la témérité avec laquelle on mêle et on détourne let paroles de l’Ecriture sainte dans les choses profanes, plaisanteries, fables, inutilités, etc. […] L’Evangile à l’esprit n’offre de tous côtés, Que pénitence à faire et tourments mérités ; Et de vos fictions le mélange coupable, Même à ces vérités donne l’air de la fable. » Laissons donner aux Poètes les éloges que ces Vers méritent, et ne nous arrêtons pas davantage à faire sentir combien toutes sortes de fictions sont indignes de l’Ecriture, surtout celles qui ne roulent que sur des intrigues d’amour.

131. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

Les Protestans se sont souvent moqués de la Papesse Jeanne, dont ils ont fait cent contes, & même des comédies ; le sujet en étoit très-susceptibie, s’il eut été vrai ; mais eux-mêmes d’après leur fameux Ministre Blondel, reconoissent aujourd’hui avec tout le monde que ce n’est qu’une fable, mais la Papesse Elisabeth n’est pas une fable : à la face de l’univers pendant quarante-quatre ans elle a été reconnue par toute le nation Chef de l’Église Anglicane, elle a gouverné absolument son Église, tous les actes ecclésiastiques ont été faits en son nom, & ce n’est pas par surprise en déguisant son sexe comme on le disoit de la Papesse Jeanne ; mais de son aveu, & avec la plus grande notoriété, jamais comédie ne fut poussée si loin. […] Pour excuser tant d’atrocités, & de fourberie qu’on ne peut dissimuler, on se jette sur l’imprudence des Papes qui, dit-on, ne ménagèrent pas assez Elisabeth, reçurent mal ses Ambassadeurs, l’excommunièrent, la déposèrent, délièrent ses Sujets du serment de fidélité, sur quoi on lui fait dire ce bon mot : Le Pape veut donc tout perdre pour me faire beaucoup gagner  ; c’est la fable du loup & de l’agneau ; on pourroit dire que c’étoient la France & l’Espagne qui aigrissoient les Papes contre elle, qu’il lui étoit si aisé de se concilier avec eux, qu’elle se ligue avec Sixte V contre Philippe II ; on pourroit dire que les Souverains, comme les particuliers ont quelquefois des caractères brusques, & des momens de mauvaise humeur qu’il peut leur échapper, des vivacités & des aigreurs, qu’on rend mal leurs paroles, qu’on empoisonne leurs expressions.

132. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

La fable de ce drame est prise de ce mauvais livre, a quelques circonstances près, qu’on a changées pour l’accomoder au théatre. […] La fable de Melanie a paru un chef-d’œuvre aux cotteries qui en ont entendu la lecture. […] Dans la fable de Mélanie le nœud lui-même se détruit.

133. (1634) Apologie de Guillot-Gorju. Adressée à tous les beaux Esprits « Chapitre » pp. 3-16

Ne voit-on pas que la Philosophie des enfants sont les Fables d’Esope ?

134. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

Si l’on rencontre de la fable ou de la superstition, on lui montrera l’aveuglement horrible des Païens qui faisaient des divinités des objets de leurs passions, et qui se familiarisaient avec le crime par l’exemple des Dieux de leur façon : on lui fera reconnaître en même temps la grandeur des miséricordes de Dieu sur nous, qui nous a montré la voie de la Justice et la manière de l’adorer, pendant que tant de Nations demeurent dans les ténèbres, et sont abandonnés à leurs imaginations.

135. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

« L’on croit s’assembler au Spectacle, et c’est là que chacun s’isole : c’est là qu’on va oublier ses amis, ses voisins, ses proches, pour s’intéresser à des fables, pour pleurer les malheurs des morts, ou rire aux dépens des vivants.

136. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

. ; & sous l’écorce d’une fable, on joue tout le monde, sans qu’il puisse se facher ; car si on joue à découvert ce n’est plus persifflage, c’est insulte. […] Ce n’est donc ni le besoin de la fable, ni l’instruction des spectateurs, encore moins l’intérêt de la vertu, qui fait mettre de la galanterie ; c’est le besoin du vice (affreuse verité) on ne met l’amour que pour l’amour, le vice seul le rend nécessaire au spectateur libertin : Trahit sua quemque voluptas.

137. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

Le premier exclut Tirésias même de son Œdipe ; quoique le retranchement de ce personnage estropie la fable et se trouve bien à dire dans sa Tragédie. […] Outrager les Envoyés du Seigneur, c’est au fond ne le reconnaître point lui-même ; c’est regarder les saints Livres comme des fables, et les vérités de l’autre vie comme des impostures inventées par les Prêtres : c’est s’être dit à soi-même, je suis désormais résolu de ne point épargner la profession de ces imposteurs.

138. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « I. Point. » pp. 178-200

 ; or rien ne nous est plus dangereux, susceptibles d’erreur au point où nous le sommes, que de prendre l’habitude de quitter les choses réelles pour nous attacher à leur ombre, et de mettre notre plaisir dans le néant, c’est pourquoi Tertullien ne fait aucune difficulté de dire que tout ce qui tient de la fiction passe devant l’auteur de la vérité pour une espèce d’adultère, « adulterium est apud illum omne quod fingitur », et comme ces fables sont ingénieuses, et embellies de tous les ornements de l’art, et des traits de l’éloquence, elles viennent non seulement à vous plaire plus que la vérité, mais encore à en inspirer le mépris et le dégoût.

139. (1574) Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces « Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces. » pp. 423-426

Car jamais il ne dansa une fable lascive des Grecs, avec mouvements déshonnêtes, branlant ses bras ça et là.

140. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

Les Poètes, qui ont souvent caché la vérité sous le voile des fables, ont dit que Vénus, pour se venger des Scythes, qui avaient pillé son temple, et de Philoctète, qui avait tué Pâris, ne fit que leur donner le goût des jeux, de la mollesse et de la volupté : « Vulnera sic Paridis dicitur ulta Venus » (Thucid.

141. (1666) De l’éducation chrétienne des enfants « V. AVIS. Touchant les Comédies. » pp. 203-229

Augustin a dit, sur ce qu’on l’avait exercé en sa jeunesse à réciter les fables des Poètes, « qu’il y a plusieurs manières différentes de sacrifier aux Anges rebelles » ; et que si les comédies de notre temps ne se représentent pas en l’honneur d’un Mars, d’un Jupiter, et d’un Neptune, elles sont pourtant uniquement consacrées à l’amour profane, au plaisir de ceux qui les regardent, et à l’avarice et à la cupidité de ceux qui les représentent.

142. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

C’est un tableau très-divertissant que celui d’Hercule aux pieds d’Omphale, cet homme, si célebre dans la fable, & sur la scene, vraisemblablement copié en partie sur l’histoire de Samson aux pieds de Dalila. […] Sa fécondité (très-bornée, très-monotone, on s’y copie) sa profondeur (tout y est superficiel) ; sa vérité, il est plein de mensonge ; sa justesse, tout y est exagéré, défiguré ; son équité, tout y est malignité, médisance ridicule ; sa noblesse, tout y est familier ; la décence, mille grossiéretés ; sa modération, les passions y font tout ; sa force, ce n’est que molesse, galanterie ; sa constance, tout y voltige, tout y est léger ; la science, tout y est superficiel, ignorance, fables.

143. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

Il y a quelque chose de vrai dans les Fables de celui-ci, mais c’est une chimere dans tout le reste. […] Ce n’est pas, dit-elle, un homme qui compose, c’est un arbre qui porte du fruit, un fablier qui produit des fables comme un prunier porte des prunes.

144. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Ce fou qui se disait le Père éternel, la taille gigantesque de Poliphème dans la fable, de Gargantua dans Rabelais, le sculpteur qui voulait faire du mont Athos une statue d’Alexandre, lui mettre une ville dans une main et un fleuve dans l’autre, étaient donc sublimes ? […] Voyez une troupe de faunes et de satyres qui, le masque à la main, passe la vie à danser, rire, chanter, se moquer de tout : voilà le théâtre ; nos acteurs et nos actrices valent bien les satyres de la fable.

145. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Machiavel. » pp. 198-214

Approuve-t-on l’idolatrie, quand on explique les fables des dieux & des déesses dans les poëtes païens.

146. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

Le Saint Esprit y a répandu les parfums de sa grace, les pierres précieuses de ses dons, & vous y renfermez les pompes, les fables du Démon, les chansons d’une Comédienne.

147. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE VII. Histoire de la Poësie Dramatique moderne. » pp. 176-202

Les Sujets les plus merveilleux de la Fable furent consacrés à un Spectacle, qu’on vouloit rendre merveilleux par les Machines & les Décorations.

148. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VII. De l’idolâtrie du Théâtre. » pp. 143-158

Je ne parle pas de l’esprit faux et frivole qu’inspire et qu’entretient l’étude continuelle des fables et des chimères, du mauvais goût que donne le tissu de folies et de crimes dont on se repaît comme de quelque chose de bien merveilleux, des entraves qu’il met au génie, en persuadant que tout le beau, le sublime, l’agréable est renfermé dans ce petit nombre d’objets sans cesse répétés et ressassés, qui n’ont plus que de la fadeur.

149. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

Ce Comédien lui répondit, comme le prétend notre Apologiste, qu’il n’y avait point de mal à dire et à faire des choses fausses, quand ce n’est que par divertissement : mais Solon plus éclairé et plus sage en cela que l’un et l’autre, frappant avec indignation la terre de son bâton, déplora le malheur des hommes qui souffraient un tel désordre, et dit ces belles paroles qui devraient confondre tous les partisants de la Comédie : « Nous souffrons et nous approuvons la fausseté dans les divertissements, nous la verrons bien-tôt, par notre faute, s’insinuer dans les sociétés et dans les Contrats. » Ovide lui-même qui a tant publié de Fables, et dont on a tiré tant de sujets pour des Comédies, ne laisse-pas de reconnaître de bonne foi que ces représentations sont la cause de beaucoup de désordres. […] Mais en quoi il s’abuse, c’est que la vertu d’Eutrapélie n’autorise nullement la Comédie, parce qu’elle ne veut dire autre chose dans l’esprit de saint Thomas, qu’un mélange de la joie et de la modestie dans des paroles et des actions qui naissent naturellement au milieu d’une conversation libre, et non pas des paroles bouffonnes, des mensonges, des fables, et des expressions d’amour, de vengeance ou d’orgueil, dont les Comédies sont remplies. […] Mais il relativise en effet l’autorité de Tertullien et Cyprien en s’appuyant sur l’argument de l’idolâtrie : « [...]ce saint Docteur [saint Cyprien] ne condamne pas absolument les Danses, les Chants, les Opéras et les Comédies, mais seulement les Spectacles qui représentaient les fables en la manière lascive des Grecs et des Romains, et qui se célébraient en l’honneur des Idoles. » (ibid.

150. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

S. ce prétexte faisoit agir, on devroit bien plus bannir les images des Dieux de la fable. […] ce seroit bien plutôt celle d’une femme parée, pour faire des conquêtes, comme la femme de l’Apocalipse, qui donne à boire aux Princes dans la coupe de la volupté ; comme l’enchanteresse de la fable, qui change les hommes en bêtes par un breuvage délicieux, comme le pêcheur prend les poissons a l’hameçon.

151. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « Réfutation des sentiments relachés d'un nouveau Théologien touchant la Comédie. » pp. 1-190

Or après avoir parlé des Fêtes et des jeux consacrés à l’idolâtrie, et avoir rapporté ce qu’il pouvait y avoir de plus honteux et de plus criminel ; après avoir aussi parlé des sales représentations que l’on faisait des Fables de l’antiquité, et des crimes qui étaient déjà ensevelis dans l’oubli, ce qu’il attribue à l’amour qu’on avait pour tout ce qui était défendu. « Ita amatur quod non licet, ut quae etiam aetas absconderat sub oculorum memoria reducantur. […] Dans sa Lettre à Donat dont nous avons déjà parlé, ne montre-t-il pas le danger qu’il y a à voir représenter les parricides et les incestes, qui font le sujet de Tragédies ; les Fables et les Métamorphoses, qui sont celui des Comédies ? […] Vous dites page 17 que « la Comédie est un tableau où sont représentées des histoires ou des fables pour divertir, et plus souvent pour instruire les hommes en les divertissant, et en les délassant de leurs occupations sérieuses ». […] Qu’on examine encore de près la Fable de l’Ecrevisse, et l’on verra qu’elle tend plutôt à justifier la conduite d’une fille qui s’est perdue en suivant les méchants exemples d’une mère, qu’à blâmer celle de la mère. Je ne parle pas de tant de pensées coupées, dont on laissait à l’auditeur dans la représentation le soin de finir et de suppléer la mauvaise application ; de tant de paroles à double sens qu’Esope et Doris avaient soin d’expliquer par leurs gestes, de manière qu’une seule expression renfermée dans la Fable de l’Ecrevisse, et accompagnée du geste d’Esope, était capable de faire rire pendant un temps considérable.

152. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE X. » pp. 171-209

Ce ne sont pas des fables qu’ils contiennent, la vérité s’y rencontre toute pure ; ce ne sont pas des strophes brillantes, où l’on ne cherche qu’à plaire à l’esprit ; c’est votre cœur que l’on prétend charmer.

153. (1640) Lettre apologétique pp. 2-42

Mais si nous considérons en quel point est aujourd’hui la Comédie, nous trouverons qu’elle n’a aucune marque de l’antiquité, et ceux qui la professent, témoignent par la probité de leur vie, et par la représentation de leurs actions, qu’elle est entièrement dépouillée de toutes les qualités, qui pouvaient la noter d’infamie, et son mérite, l’ayant montée au plus haut degré de sa perfection, s’est mise dans une telle considération, auprès des Rois et des Princes, qu’elle leur tient lieu d’une sérieuse occupation ; Aussi se fait-elle avec tant de modestie, par l’innocence de ses poèmes, qu’elle dépite l’envie d’en offenser la réputation ; Je dirai de plus qu’elle est tellement Civile en ses diversités, qu’elle contraint les plus Religieux de lui donner des louanges, et chacun confesse que la force de ses charmes est si grande, qu’il faut être privé de sens commun pour en choquer la bonne odeurk ; Si l’on regarde le nombre de ses qualités, on verra, que c’est le tableau des plus agréables passions, la parfaite image de la vie humaine, la vraie histoire parlante, la pure philosophie visible, l’entretien des bons esprits, le trône de la vertu, l’exemple de l’inconstance des choses, l’ennemie de l’ignorance, le modèle de l’Orateur, le raccourci de l’éloquence, le Cabinet des plus riches pensées, le trésor de la moralité, le miroir de la justice, le magasin de la fable ; bref j’en dis peu pour n’en pouvoir dire assez, et j’ai de trop faibles Eloges, pour la moindre de ses parties : Et quoique ce Pédant l’attaque par les plus rudes invectives de sa haine, elle est un puissant rocher, contre l’orage de ses malédictions, une tour, pour résister aux écueils de sa médisance, une muraille de bronze contre ses calomnies, un boulevard pour s’opposer à ses accusations, un bouclier contre ses impostures, un rempart capable de dissiper la foudre de passion, elle est enfin à l’épreuve de ses machines, et conservera sa renommée malgré l’effort de ses intentions.

154. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « LIVRE PREMIER. CHAPITRE I. Le Clergé peut-il aller à la Comédie ? » pp. 10-27

(traité où on n’irait pas chercher cette question), et quelques autres Casuistes, qu’il est permis aux Religieux d’aller à la comédie, pourvu qu’il n’y ait point de scandale (par exemple, dans des loges grillées), de danger de péché mortel, de défense particulière de leur règle, et que le sujet de la pièce soit quelque histoire sainte ou humaine, ou quelque fable de l’invention du Poète, (c’est-à-dire à toutes les pièces, car il n’y en a point d’une autre espèce).

155. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre I. Convient-il que les Magistrats aillent à la Comédie ? » pp. 8-25

C’est là que le galant Jurisconsulte s’égaie sur tous les crimes et toute la matière de cette passion, à l’occasion des lois et des canons qui peuvent y avoir quelque rapport, qu’il entre-mêle d’une infinité de passages, d’histoires et de fables des Poètes et des Auteurs profanes, à peu près dans le goût du recueil des Arrêts d’amour.

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