Représente-t-il une action villageoise, on croit voir agir les vrais habitans de la campagne ; l’ame trompée par les charmes de l’illusion, éprouve alors le même sentiment dont elle est pénétrée quand nos oreilles sont frappées du son rustique des chalumeaux, & quand nos yeux errent agréablement sur une vaste plaine couverte d’herbes & de fleurs. […] Quel cas ne devons nous pas faire de notre Opéra qui veut bien conserver le goût du simple & du vrai, au milieu de la dépravation générale ? […] ………………………………………………………………………………………… Rien n’est beau que le Vrai, le Vrai seul est aimable, Il doit règner par-tout, & même dans la Fable2. […] Un des panégyristes de l’illustre Boileau vient appuyer mon sentiment3 ; « ce n’est que dans le Vrai seulement que tous les hommes se réunissent ; il ne se trouve que dans la Nature, ou pour mieux dire, il n’est autre chose que la Nature même ». […] On rougirait de chercher la compagnie des vrais personnages.
Si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie. Je dois maintenant, suivant le plan que je me suis proposé, examiner si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que la Comédie doit se proposer. […] Il a donc rendu le Misanthrope moins haïssable que ridicule ; il a donc manqué le vrai but de la Satire dans cette Comédie. […] Je ne vois dans Moliere qu’une Comédie traitée selon les vrais principes, c’est celle de l’Imposteur. J’en appelle au témoignage de ceux qui suivent les Spectacles, si la représentation de cette piece n’inspire pas une vraie horreur de l’hypocrisie.
Qui peut croire un homme dont la vie est un rêve perpétuel, si exercé à user de prestiges, si naturalisé avec la tromperie, qu’on ne peut savoir s’il dit vrai ou faux ? […] Il n’y a de vrai chez eux que le libertinage & la débauche. […] Il accoûtume au faux & le fait goûter, enseigne à agir & à parler faux, à le couvrir du masque du vrai, & l’emporter sur le vrai. […] Ce mélange du vrai & du faux a répandu de si épais nuages sur les annales du genre humain, que l’origine de toutes les nations n’est qu’un cahos. […] Le théatre travestit le vrai en faux, ne connoît la vérité que pour la déguiser, le mensonge, que pour le pallier, & tromper tout le monde pour le divertir.
Le fonds est vrai : il y auroit de l’erreur & de la témérité de le nier. […] Un recueil d’Anecdotes Ecclésiastiques, que n’a pas dicté la soumission à l’Eglise & le respect pour les choses saintes, mais qui renferme plusieurs choses vraies, accuse le Théatre d’être l’auteur de toutes ces rapsodies, qui ne seroient que burlesques si elles n’intéressoient la vertu. Il y a peut être de l’excès dans cette généralité, mais il n’est que trop vrai qu’il y a beaucoup contribué. […] Le Théatre, il est vrai, faisoit souvent usage des enchantemens, & en Grece, & à Rome ; mais les Chrétiens n’y paroissoient pas : ils avoient horreur de la scène, & ses prestiges ne faisoient impressions sur aucun Fidele. […] Ainsi la scène fait un double mal, elle embellit la fausse religion, le paganisme, c’est-à-dire, le vice, & défigure la vraie, le Christianisme, c’est-à-dire, la vertu.
Il devint amoureux de cette Princesse, dont il décrit la beauté en vrai Héros de roman. […] C’est sans doute rendre service au public de s’approprier les beaux morceaux comme siens, sans en faire honneur à leur vrai maître. […] Ces façons, quoique vraies & trop ordinaires, ne sont pas nécessaires à la piéce, & produisent de très-mauvais effets. […] C’est un vrai desordre. […] Il dit vrai, c’est une véritable fureur.
Mais il est vrai qu’ils ont bien embelli la copie. […] Il est vrai que ce fut un phenomene. […] Il est vrai que Moliere n’étoit rien moins qu’un Adonis. […] Il y a quelque chose de vrai dans cette fatuité. […] De deux contradictoires l’une est nécessairement vraie.
Enfin c’est une raison mille fois confondue, puisque quand il serait vrai qu’on aurait ôté de la Comédie tout ce qui peut blesser les oreilles chastes des Chrétiens et tout ce qui sent l’idolâtrie, on a fait voir que la Comédie ainsi épurée n’en est encore que plus dangereuse, en ce qu’elle empoisonne plus finement et plus spirituellement. Car dans cet état même elle ne plaît que parce qu’elle représente d’une manière vive et touchante ce que peuvent les passions de l’amour, de la vengeance et de l’ambition, dans leurs plus grands emportements ; et il est vrai qu’on ne prend plaisir à la représentation de ces passions, que parce qu’on aime les passions mêmes. […] Mais peut-on dire avec vérité que la Comédie soit absolument purgée de toute idolâtrie, s’il est vrai qu’on ne puisse faire de Comédie sans y mêler les Dieux de la Fable. […] Ils verraient clairement qu’il faut obéir à Dieu en tout, qu’il faut obéir aux puissances établies de Dieu en toutes les choses, où Dieu ne nous défend pas de leur obéir, et là où il nous le défend, s’il ne faut pas obéir, il faut souffrir, De sorte que la devise d’un vrai Chrétien à l’égard des Puissances, est d’obéir ou de souffrir.
L’auteur, vrai Pygmée en logique, ne cesse de déraisonner avec âcreté, et sa fureur s’exhale dans chaque page et pour ainsi dire à chaque ligne de son livre. […] De même aussi notre auteur du livre des crimes de la presse, en vrai Pygmée et sans être revêtu des armes de la logique et du bon sens, ose se mesurer avec l’un des plus grands orateurs de la tribune, avec ce puissant génie, si brillant d’éloquence et si fort de raisonnement. Toute la dialectique de notre auteur Pygmée, est renfermée dans un cercle vicieux, qui se réduit à soutenir naïvement, que la vérité est vraie, et que celui qui ose nier la vérité de notre religion, qui est vraie, (et à cet égard son antagoniste ne le contestait pas), mérite sans rémission d’être puni dès ce bas monde, et d’y jouir par anticipation des douceurs de l’enfer. […] Ce n’est pas son intention, sans doute ; mais en osant violer les règles du raisonnement, au point de dire ou faire entendre, qu’une vérité est vraie, parce qu’elle est vraie, il a manqué de respect envers les mystères révélés de notre religion, en employant pour les défendre, des arguments puérils et absurdes. […] Pour l’instruction de ce néophyte dans l’art de raisonner, je consens à lui apprendre ce que tout le monde sait, ou doit savoir, qu’en logique, on appelle pétition de principe, la supposition pour vrai, de ce qui n’est qu’en question.