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35. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

Les Incas ont défendu le fard par une loi expresse, comme nuisible à la santé, mais l’ont permis aux filles du soleil, quand elles sont présentée au Monarque Philosophe, parce qu’il aime les couleurs vives & brillantes. […] Il n’est pas nécessaire d’avertir que Paris, le théatre & les Actrices sont l’original de ce portrait fidèle, Les Persans ont un esprit vif, un penchant enjoué ; ils aiment la poësie pour laquelle ils ont un genie particulier, & sont naturellement Acteurs. […] Mais il est vrai que l’écriture le dit d’une maniere plus noble, plus vive, plus imposante, & bien digne de Dieu. […] Elle fait des sermons en badinant, & châtie les mœurs par des peintures vives du ridicule. […] Les yeux d’une jolie Actrice, Au teint vif, aux brillants appas, D’un coup d’œil, d’un mot ou d’un geste Brouillant le code & le digeste, Font mentir Barthole & Cujas.

36. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Neuvième Lettre. De la même. » pp. 233-241

Nous avons beau leur plaire, être belles, avoir ces charmes qui les séduisent ; l’imagination, durant l’absence, fait nous en prêter bien davantage : le desir s’éteint dès qu’on possède ; mais souvent il arrive aussi qu’il devient plus vif pour le bien qu’on n’a plus, que pour celui dont on n’a jamais joui. […] Jamais le goût du Théâtre ne fut si vif, si général.

37. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — QUATRIEME PARTIE. — Tragédies à corriger. » pp. 180-233

Pour rendre cette Tragédie parfaite, je voudrais retrancher jusqu’à la moindre idée d’amour dans le cœur d’Æmilie ; j’ai toujours pensé, en voyant représenter Cinna, qu’Æmilie n’aime point, et qu’elle ne respire que la vengeance ; et je suis persuadé qu’un Spectateur, qui entre dans cette pensée, regardera les plus vives expressions de l’amour d’Æmilie, comme autant de feintes auxquelles elle a recours pour engager Cinna à poignarder Auguste ; car on sait que ce sont là les armes ordinaires des femmes, lorsqu’elles veulent parvenir à leurs desseins. […] L’action de la Tragédie de Médée, n’est que la vengeance qu’elle prend de l’insulte que Jason lui a faite, en la renvoyant ; et la catastrophe de l’action est l’excès de son crime ; c’est ce crime qui seul doit attacher les Spectateurs, et faire sur eux une vive impression. […] On dira, peut-être, que l’expérience nous apprend le contraire de ce que j’avance ; puisque nous sommes témoins chaque jour que les justes supplices, décernés aux grands criminels, font sur les hommes les plus vives impressions d’horreur et de compassion ; pendant qu’ils ne voient qu’avec répugnance les coupables languir dans les douleurs : mais, il on fait réflexion à la différence qu’il y a de voir avec les yeux de l’âme, ou avec les yeux du corps, on cessera de faire cette objection. […] Dans les Scènes entre Romulus et Hersilie, je trouve du côté de Romulus des expressions de sentiment vives et tendres, qui me paraissent devoir être supprimées. […] Dans mes examens précédents j’ai placé, parmi les Pièces que je conserve, des Tragédies qui, sûrement, ont encore plus besoin que celles de Jugurtha, d’une recherche exacte et rigoureuse, pour être purgées de quelques expressions trop vives, j’aurais donc pû conserver celle-ci telle qu’elle est ; mais des gens plus délicats que moi trouveraient peut-être quelque chose à reprendre dans les Scènes d’amour qui se passent entre Artemise, Ilione et Adherbal : c’est ce qui m’a obligé de la mettre dans le rang des Tragédies à corriger, après l’avoir examinée avec la dernière sévérité.

38. (1675) Traité de la comédie « XIII.  » p. 293

Toutes leurs pièces ne sont que de vives représentations des passions d'orgueil, d'ambition, de jalousie, de vengeance, et principalement de cette vertu Romaine, qui n'est autre chose qu'un furieux amour de soi-même.

39. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XIII.  » p. 468

Toutes les pièces de M. de Corneille, qui est sans doute le plus honnête de tous les Poètes de Théâtre, ne sont que de vives représentations de passions d'orgueil, d'ambition, de jalousie, de vengeance, et principalement de cette vertu Romaine, qui n'est autre chose qu'un furieux amour de soi-même.

40. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

Quatre petits Amours viennent leur reprocher leurs manieres vives & brusques (on devroit dire leur débordement & leur impudence), & leur enseigner comment il faut s’y prendre pour plaire & se faire aimer (belle leçon de vertu ! […] Mais avec tous ces différens goûts les passions sont toûjours les mêmes : la nature n’est pas moins foible, ni l’amour du plaisir moins vif, ni la volupté moins séduisante. […] Dans combien de pieces voit on un Acteur caché, qui a tout entendu, montrer la plus vive & la plus juste indignation d’un entretien qu’on n’auroit osé tenir devant lui, tout innocent qu’on veut le faire croire ? […] Le spectateur, par quelque faux jour, par l’éloignement, l’embarras de la foule, en perdît-il quelque trait, l’Acteur qui joue avec elle, saisit tout, il est obligé par son rôle de se repaître de cet objet, de lui marquer la plus vive passion. […] Elle ressemble à ces poudres si corrosives, qu’après avoir consumé les chairs baveuses d’une plaie, elles rongeroient la chair vive, cariroient & pourriroient jusqu’à la moëlle.

41. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De l’Indécence. » pp. 21-58

Il est assez difficile qu’il ne nous reste au fond du cœur de vives impressions de tant de peintures agréables & voluptueuses. […] La modestie, l’adresse du naïf la Fontaine, font des impressions plus vives dans l’ame de ses Lecteurs, que la licence éffrénée de Grécourt & de l’Arétin. […] Mais il faut bien se garder de la peindre avec des couleurs trop fortes, cette passion si vive, si dangereuse. […] Les Pièces qu’ils auraient eu sous les yeux, leur auraient montré l’importance d’une vive sortie contre le genre plus que galant. […] La Scène VI. du second Acte est peut-être d’une volupté trop vive ; je parle de cette Scène où la belle Laurette dans une attitude voluptueuse se laisse peindre en Vénus, recevant le Dieu Mars.

42. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A la signore Isabelle » pp. 25-

Ainsi en ces vives couleurs vous faites briller l’éclat, le pourpre étincelant, et l’émail des vôtres, et entre mille belles fictions sentez un aise véritable de dire la vérité, qui citoyenne du ciel ne permet qu’aux Déesses la jouissance de sa conversation : Le souvenir du bonheur de la vôtre me tire ces paroles du cœur, Que je suis ravie en l’admiration des perfections, qui vous ont aussi dignement acquis mon esprit, que l’affection dont je vous veux honorer et servir, et ne me laisser non plus égaler en ce désir, que vous aux vertus qui vous élèvent au trône de la gloire, que je loue par mon silence, puisqu’il faut que le pauvre Aristée se taise lorsque le grand Apollon commence à chanter.

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