La force de ses raisons nous persuaderait à demi, & le souvenir de ses vertus acheverait de nous convaincre.
Il est donc constamment vrai que nous n’aimons les grandes pièces qui nous représentent ces vertus Romaines (c’est-à-dire l’orgueil, la vengeance, l’ambition, l’amour, jusques, où l’imagination la plus outrée et la plus forcée les peut pousser) Car on s’abuse bien si on croit que les Romains étaient tels qu’on nous les dépeint sur les theatres : c’étaient des hommes, et les hommes naturellement ne pensent point tout ce qu’on leur fait dire.
Tu es grand en noblesse ; ta race te rend glorieux : mais ne sais-tu pas que notre naissance est égale, et qu’il n’y a que la vertu qui doive mettre de la différence parmi les hommes ?
L’argent ne manquera point pour ces folles dépenses : les peuples sont dans la misere, & on prodigue des sommes immenses pour dotter magnifiquement des spectacles, auxquels la Réligion & la vertu défendent de se trouver. […] Avec cette différence que ces peuples sont sauvages, qu’ils ne font mourir personne, & que ce peuple si célebre par ses Loix, ses vertus, sa sagesse, y faisoient périr des milliers d’hommes, & pire que les barbares s’amusoient de cette boucherie, à la mort, aux funérailles, au mariage, à la naissance des enfans, &c. […] Dans toutes les Réligions vraies ou fausses, le cérémonial du culte public, est une sorte de spectacle mystérieux & figuratif, pour mettre les dogmes, les loix, les vertus sous les yeux du peuple, l’instruire, l’effrayer, le toucher.
Il me semble que nos Poètes Tragiques, encouragés par les applaudissemens qu’ils ont vu prodiguer à M. de Belloi, doivent s’appliquer à nous peindre les infortunes, les vices, les vertus, des grands hommes nés dans la France. […] Il serait alors de notre honneur d’estimer plutôt les Tragédies de Corneille, où respire l’antique vertu des Romains, que des Pièces où l’on dépeint d’après nature un misérable Artisan.
Cette société ambitieuse et sans cesse agissante a tout osé, car elle a renversé de fond en comble la religion chrétienne pour y substituer une nouvelle religion de son invention, une religion jésuitique, mais infâme, car leurs maximes favorites sont, que la religion ne peut se soutenir et triompher, que par le pouvoir absolu et les richesses, que par la force, la terreur et les supplices, et enfin, que par les crimes les plus odieux, en soutenant que ces crimes deviennent des vertus, lorsqu’étant commis avec une direction d’intention, ils ont pour but l’intérêt de la religion et de la gloire de Dieu. […] Il prétendra que j’ai voulu exciter la haine contre les bons prêtres, néanmoins si respectables à mes yeux, lorsqu’ils mettent en pratique la charité, cette vertu divine qui est au-dessus de la foi, ainsi que l’a dit saint Paul (voyez ci-dessus page 17).
Ainsi ce Prince s’étant avancé dans la vertu par les instructions, et par les exemples, entra dans un âge plus parfait de la vie spirituelle, où l’on ne demeure plus, comme dit S. […] Et c’est dans cette espérance de voir revivre les vertus de feu son Altesse sérénissime, dans Messeigneurs les Princes ses Enfants, que nous avons sujet de nous consoler de notre commune perte. […] Cela nous fait connaître clairement, que le menu peuple même est capable de se régler sur la bonne vie du Prince, et que tout le monde se porte à la vertu, quelque sévère qu’elle soit, lorsque le Prince la pratique. […] que Socrate étant allé à une Tragédie d’Euripide, comme il vit qu’il se moquait de la vertu, disant, qu’il était bon de la laisser échapper, sans se mettre en peine de la suivre ; il se leva, et dit en se retirant de dépit, que c’était une honte de croire qu’un esclave qui s’est dérobé, mérite bien qu’on coure après lui, pour tâcher de le retrouver ; et de laisser perdre une chose aussi précieuse qu’est la vertu. […] : « Donner son bien aux Comédiens, c’est un vice énorme, bien loin d’être une vertu.
; mais encore par un Prince aussi grand par sa piété & ses vertus, que par son auguste naissanceM. le Prince de Conty.