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178. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

Sa coquetterie & ses amans jetoient les plus violens & les plus amers soupçons dans le cœur d’un mari qui connoissoit mieux que personne la vertu des Actrices. […] Il se brouilla avec un Médecin dont il étoit locataire, qui pour récompenser ses vertus, le chassa de sa maison. […] On n’a jamais combattu la vertu qu’en décriant ceux qui la pratiquent, pour obscurcir la lumiere de leurs leçons, & énerver la force de leur exemple. […] Ce n’est pas le dessein d’élever l’homme à la perfection de la vertu, c’est plutôt celui d’affoiblir la vertu, de l’humaniser, de l’abaisser jusqu’à l’homme. […] Ici on prêchoit la vertu, là on enseignoit, on rendoit agréable le vice.

179. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « Stances à Madame Isabelle, sur l’admiration où elle a tiré la France » pp. -

Ou si dans le monde suprême Elle eut cette vertu extrême, Qui nous l’a fait tant admirer : Ou si le démon de science, Et la plus haute intelligence Lui viennent encor inspirer. […] Dont au lieu de quatre contraires, Il voulut par divins mystères, Qu’elle eut le Ciel pour Elément : Les grâces en fussent nourrices, Que les Muses soient ses délices, Les vertus ses contentements.

180. (1759) Lettre d’un ancien officier de la reine à tous les François sur les spectacles. Avec un Postcriptum à toutes les Nations pp. 3-84

des vertus de préjugé… une corruption religieuse & politique , de ce qu’au lieu de nous avoir parlé de vraies vertus, il ne nous a pas dit que tout meure avec nous. […] Mais la notre est-elle la vertu de Lyncée ? […] pour détruire toutes les vertus morales…. […] Tous les systêmes de coquetterie, tous les rôles amoureux de nos Thalies & de nos Melpomènes feront-ils pour vous autant de leçons de vertu ? […] Comment donc a-t-on pu nommer vos vertus des vertus de préjugé dont l’observation exacte ne contribue en rien au bonheur public  ?

181. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

On leur doit les progrès de l’esprit, & peut-être ceux de la vertu. […] Qu’ils viennent aux représentations des Ouvrages de nos grands Maîtres ; ils verront la licence bannie d’un lieu qu’ils ont méprisé ; ils sentiront la vertu pénétrer insensiblement dans leur cœur ; ils apprendront à s’intéresser au sort des malheureux. […] La Vertu surmonte enfin les obstacles qui s’opposaient à sa félicité ; le Crime est terrassé, & nos cœurs sont satisfaits. […] Si vous voulez que les Spectacles soient regardés comme une école de la vertu, & une occupation digne des honnêtes-gens, ôtez la tache qui flétrit, en France seulement ceux qui s’y consacrent par état.

182. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Hé que ne nous dit-elle pas sur ces Vertus ? […] Si elle met la vertu à une rude épreuve par une longue suite de malheurs, elle finira par la couronner. […] Elle n’ose d’ordinaire exposer les vertus & les vices que séparément & en leur place. […] Qu’étoit-il besoin du concert merveilleux de tant d’arts, pour attaquer & vaincre une trop fragile vertu ? […] Qu’une Ecole, que vous avez livrée au vice, devienne, par vos efforts, une Ecole de vertu.

183. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

 10.), il y a dans la salle de la comédie un endroit qu’on appelle la Casuela, la cellule où toutes les Dames d’une médiocre vertu se placent, & tous les Seigneurs y vont causer avec elles. […] un quartier séparé dans la salle du spectacle pour les femmes de médiocre vertu ! […] Depuis que Thalie a établi son empire sur les rives de la Garonne, cette belle vertu est montée aux cieux : les Actrices la souffriroient-elles ? […] Jugez : voilà le vice, voilà la vertu, l’Actrice & la Chrétienne. […] C’est l’un & l’autre ; elle a les défauts de tous les deux, & n’est ni l’un ni l’autre, elle n’a les vertus d’aucun.

184. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VI. Suite de l’infamie civile. » pp. 126-152

Le christianisme diminua un peu la grossièreté de ce scandale, pour ne pas révolter les idées de vertu que la religion répandit. […] Ne donnassent-elles que des pièces pieuses, cette nation vendue à l’iniquité, serait infiniment pernicieuse ; la plupart des pièces sont licencieuses : la société, la seule vue de ces femmes est un souffle empesté qui détruit toute idée de vertu. […] quelle punition ne mériteraient pas les insultes qu’elles font à la vertu, si elles n’étaient à l’abri sous le privilège de leur état ? […] Mais le respect pour la religion et la vertu a fait passer par-dessus toutes ces considérations, et dicté ces lois singulières en faveur de ceux qui voulaient se convertir. […] Il est juste de prendre ce ton avec des gens qui font métier de se moquer de tout, et ne peuvent que se rendre ridicules quand ils parlent continence et vertu.

185. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

Si un jeune homme vous manque de respect, vous lui rappelez les droits de votre vieillesse ; mais s’il faut le conduire à la vertu, que devient votre gravité, vous qui êtes fou du spectacle ? […] Ici, comme dans toutes les passions, un plaisir d’un moment, & un regret éternel du vice, une peine d’un moment, & une éternité de délices dans la vertu : Vitium momentaneum habet voluptatem dolorem perpetum, virtus laborem omnem fructum œternum. […] Comment conserverez-vous la vertu & serez-vous vainqueur dans les rudes combats de l’impureté, lorsque vous vous laissez gagner par le chant des Actrices ? Car si même vivant éloigné du danger, on a tant de peine à conserver cette vertu, comment la conservera-t-on quand on s’y livre ? […] c’est elle qui dégoûte les hommes de leurs femmes, & de la pratique de toutes les vertus.

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