/ 561
372. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrysostome. » pp. 181-192

Au sortir du théatre on est arrêté par les yeux de toutes les femmes, joug plus pesant que toutes les chaînes de fer ; au sortir de la prison on ne trouve plus rien de difficile & de rude ; quand on compare son état présent avec celui dont on vient d’être délivré, tout est aisé, tout est doux ; le prix de la liberté est au-dessus de tout. […] Il y revient sans cesse, & bien plus que les autres Pères, dont les ouvrages sont la plûpart des traités théologiques, des commentaires sur l’Ecriture, où cette matiere vient rarement.

373. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

Il y a toujours quelque Arlequin qui de temps en temps dans la piece vient débiter des bouffonneries. […] Il fait avec les plus grands éloges le détail de la vie de Spurinna, & remarque que pour rendre les repas utiles, ce sage vieillard de soixante-dix-sept ans, bien revenu de toutes les folies de la jeunesse, mêloit les avantages de l’étude avec les plaisirs de la table, & pour cela faisoit venir des Comédiens pour l’entretenir de choses utiles : Frequenter comædis cœna distinguitur ut voluptates quoque studiis condiantar. […] Il passe de là aux spectacles ; il condamne absolument les pantomimes, comme indécens, mimorum exercitia, les tournois, les combats de taureaux, comme cruels, torneamenta, & distingue deux sortes d’histrionats, l’histrionat honnête, de la maniere & avec les conditions que nous venons d’expliquer, & l’histrionat malhonnête, qui ne les observe pas, & dont les profits, dit-il, comme celui des Courtisannes, est un gain honteux, turpe lucrum, quoiqu’il n’y ait pas une obligation rigoureuse & de justice à la restitution.

374. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De la Musique Française & Italienne. » pp. 252-286

Mais les Nations les plus policées sont celles qui doivent éxceller davantage dans la musique ; car la connaissance des Arts, & sur-tout de ceux qui tiennent à la frivolité, n’est venue qu’à mesure que les lumières se sont agrandies, & que le luxe a fait des progrès. […] Il me serait facile de faire voir que la musique de l’Opéra-Sérieux nous vient directement d’Italie ; ce serait de Lully que je tirerais toutes mes preuves. […] Père firent venir devant eux les deux Musiciens opiniâtres ; ils leur ordonnèrent de déclarer les raisons qui les portaient à agir avec si peu de retenue.

375. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Ainsi il fit construire des machines, qui servoient à faire sortir une Ombre des Enfers, ou à faire descendre un Dieu du Ciel, d’où vint le proverbe, un Dieu de la machine. […] Quel triomphe pour un Poëte, qui voit des malheureux lui venir rendre graces de ce qu’ils doivent à ses Vers la liberté & la vie ! […] Tandis que Lisandre étoit à table avec ses Capitaines, un Musicien chanta par hazard ce Vers du Chœur à Electre, Fille d’Agamemnon, je suis venu dans ta rustique chaumiere.

376. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Le jeune-homme qui vient d’être ému, troublé, transporté hors de lui-même, s’est mis à la place de l’Amant ; il a cru voir dans celle qui représentait l’Amante, l’objet qui doit faire sa félicité ; son âme abusée ; s’est élancée vers l’Actrice ; la personne a fait oublier le rôle : dès le lendemain, il court revoir son enchanteresse, & dans la bouche de cette femme, les maximes saines, salutaires ne font plus que parer des charmes de la vertu l’idole de la volupté. […] Je vois même un avantage considérable à donner de-temps-en-temps cet amusement aux Provinces éloignées ; il consiste en ce que le Spectacle dramatique, quoique momentané, retiendra chez eux les gens aisés, qui ne se verront pas dans la nécessité de venir le chercher coûteusement à la Capitale. […] *** Vous commencez à entrevoir où je veux en venir : à ma première, vous serez entièrement au fait.

377. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE II. Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. » pp. 52-86

Je vais enfin ajouter ici d’autres exemples du même genre qui viennent à l’appui de ce que j’ai avancé. […] Plusieurs savants écrivains, aussi religieux que profonds, ont démontré d’une manière évidente ce que je viens d’avancer ; et s’il est nécessaire, j’en présenterai un jour l’extrait, accompagné de réflexions. […] On sent que les exemples ne manqueraient pas pour venir à l’appui de ce que je viens de dire.

378. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VIII. De la Comédie les jours de fête. » pp. 159-179

La Purification nous fait admirer une Vierge qui vient dans le temple consacrer son Fils au Seigneur ; sur la scène on est enchanté d’une Actrice qui vient immoler les cœurs au Démon. […] Quel besoin pressant, quel danger, obligent à monter sur le théâtre, ou à venir aux spectacles ?

379. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

« Maintenant qu’il s’agit de mon seul intérêt, Vous demandez ma mort, j’en accepte l’arrêt, Votre ressentiment choisit la main d’un autre, Je ne méritais pas de mourir de la vôtre, On ne me verra point en repousser les coups, Je dois trop de respect à qui combat pour vous, Et ravi de penser que c’est de vous qu’ils viennent, Puisque c’est votre honneur que ses armes soutiennent, Je vais lui présenter mon estomac ouvert, Adorant en sa main la vôtre qui me perd. » « En vérité peut-on pousser la profanation plus avant, et le faire en même temps d’une manière qui plaise davantage et qui soit plus dangereuse ? […] Cette estime pour Cornélie que le Poète a voulu donner en cet endroit aux Spectateurs, après l’avoir conçue lui-même, vient du fond de cette même corruption qui fait regarder dans le monde comme des enfants mal nés et sans mérite, ceux qui ne vengent pas la mort de leurs pères, ou de leurs parents, en sorte que le public attache souvent leur honneur à l’engagement de se battre contre les meurtriers de leurs proches ; qu’on les élève dans de si horribles dispositions, et qu’on mesure leur mérite à la correspondance qu’on trouve en eux, au sentiment qu’on prétend leur donner ; que ces sortes de représentations favorisent encore d’une manière pathétique, et qui s’insinue plus facilement que tout ce qu’on pourrait leur dire d’ailleurs. […] De là vient qu’on ne peut être parfait Chrétien, que ce corps de péché ne soit détruit, que l’homme céleste ne règne, et que le vieil homme ne soit crucifié.

/ 561