Les oracles de la vérité, les Ordonnances du Seigneur, le sort heureux ou déplorable d’un éternel avenir sont devenus un amusement de Théâtre et une matière de mépris. […] Jésus-Christ nous dit qu’il est la voie, la vérité, la vie ; qu’il est venu pour rendre témoignage à la vérité ; que sa parole est vérité. […] C’est pour les donner à Valentin, lequel dans sa fureur feinte dit à l’Avocat « Bougran : Je suis la vérité… Je suis la vérité. […] Je suis la vérité, et je puis le remettre dans le bon chemin. […] N’y a-t-il point de disproportion entre la vérité et la fable ?
Tâchons de vous démontrer cette vérité. […] Est-il possible que vous vous déterminiez à sacrifier la vérité à la passion ? […] Employons contre lui les armes d’une vérité claire et; convainquante. […] Combien de personnes seront dans le cas de convenir avec elles-mêmes de cette vérité ! […] La vérité, me répondrez-vous, fait des ennemis.
J’attendrai d’abord l’heureuse issue du procès intenté contre les deux journaux, dont tout le crime est de publier des vérités utiles à la vraie religion, aux souverains, aux gouvernements et aux peuples. […] Je dois donc déclarer que si j’ai dit des vérités incontestables, je suis bien éloigné d’approuver, et encore moins de partager, cet acharnement aveugle de tous les partis, sans en excepter aucun. […] Gardons tous nos ministres tels qu’ils sont, et jusqu’à nouvel ordre ; c’est la manière dont je pense, c’est mon vœu, mais continuons toujours de leur adresser la vérité, c’est à eux de réformer eux-mêmes les abus que nous leur dénoncerons au moyen de la liberté de la presse : toute autre voie serait anarchique. […] Ce que je dis ici le déjouerait sans doute plus que les reproches de ses détracteurs ; mais la vérité, je l’espère, triomphera.
» Les Grecs, par une conduite honteuse, à la vérité, mais conséquente, bien loin de regarder les Comédiens comme infâmes, les élevaient quelquefois aux honneurs, ne croyant pas pouvoir mépriser des hommes dont le métier honorait les Dieux : « Græci turpiter quidem, sed Diis suis omnino consequenter. » Ce qui devait faire sentir combien ces Dieux étaient méprisables qui se croyaient honorés de la représentation de leurs crimes : « Quomodo non detestandi Dii qui inter honores sua celebrari flagitia poscerent ? […] Peuple célèbre, enfants des Régulus, des Scipion, des Fabius, éveillez-vous, voici le jour de la vérité, soupirez après la céleste patrie, où vous régnerez bien plus glorieusement que dans la capitale du monde. […] Vous avez commencé de sentir la vérité lorsque dans le temps que vous vouliez les honorer par les jeux du théâtre, vous avez déclaré infâmes les Acteurs qui les représentaient. […] Or tout homme qui se sert de la science et de la vérité par intérêt ou par passion, préfère le plaisir et l’argent à la vérité et à la science. […] Il n’y en a pas un qui agisse par amour de la vérité, de la science, de la vertu.
C'est encore un nouveau motif à ce philosophe pour bannir de sa République les poètes comiques, tragiques, épiques, sans épargner ce divin Homère, comme ils l’appelaient, dont les sentences paraissaient alors inspirées : cependant Platon les chassait tous, à cause que ne songeant qu’à plaire, ils étalent également les bonnes et les mauvaises maximes ; et que sans se soucier de la vérité qui est simple et une, ils ne travaillent qu’à flatter le goût et la passion dont la nature est compliquée et variable. […] Il introduit donc les lois, qui à la vérité renvoient ces derniers avec un honneur apparent et je ne sais quelle couronne sur la tête, mais cependant avec une inflexible rigueur, en leur disantDe Rep. 3.
Si ces observateurs, ne voyant pas bien que le tartufe dont il s’agit est en même temps tartufe de religion et de mœurs, que compromettre en le mettant en spectacle les vertus chrétiennes, ce fut aussi compromettre les autres vertus sociales qu’il avait besoin d’affecter aussi et qu’il affectait également, persistaient à croire que cette satire, qui ne regardait que les hypocrites de religion, n’a pu contribuer si puissamment à la démoralisation générale ; sans entreprendre de démontrer une seconde fois une vérité qui me paraît évidente, il suffirait à ma thèse de leur rappeler que la Criticomanie, comme pour consommer l’ouvrage du premier tartufe, nous en a donné plusieurs subsidiaires, et nommément un tartufe de mœurs ; personnage presque tout imaginaire, composé de différents caractères, de vices incompatibles, ou phénomène dans la société, auquel, au reste, on doit appliquer ce que j’ai dit de l’autre, fût-il même regardé comme un tableau fidèle, parce qu’il n’a été propre aussi qu’à faire triompher et rire le parti alors plus nombreux des hommes sans masques, et des femmes au courant, qui ne faisaient pas tant de façons, ainsi qu’à réchauffer leur bile et renouveler leur pouvoir, qui commençait à vieillir, de faire naître les défiances, et des soupçons injustes contre les personnes, et de travestir avec succès les meilleures actions. […] Oui, ces peintures outrées qui ne corrigent personne ; c’est une vérité reconnue jusques dans les écrits de leurs plus éloquents défenseurs, ont beaucoup contribué encore à augmenter le nombre des méchants en fournissant de bons modèles à la multitude des gens enclins au mal, qui ne les auraient jamais imaginés, et qu’ils se sont fait l’habitude d’imiter ou servilement, ou avec des modifications selon les circonstances. […] Comme l’erreur que j’attaque est si ancienne qu’elle a pris, pour beaucoup de monde, nature de vérité, je crois ne pouvoir trop multiplier les raisons qui peuvent appuyer celles avec lesquelles je viens de la combattre. […] L’élite des hommes éclairés de la Grèce, les juges d’Athènes blâmaient tellement le dernier que d’après un réglement appelé Mos civitatis, ils refusaient même d’entendre à leur tribunal, comme exaltant aussi l’imagination, égarant la raison, les discours trop fleuris, ornés de figures, ou soutenus de toute autre magie oratoire ; ils voulaient qu’on leur présentât la vérité en style simple et sévère, afin de pouvoir toujours prononcer avec l’esprit et le cœur libres. […] Cet avis, transmis per aurem, au moyen du récit de quelque fait, pouvait à la vérité ne pas suffire à un aveugle fait exprès, à un têtu sans pareil comme Orgon ; mais il aurait suffi sans aucun doute à la masse des honnêtes gens, pour les engager à se mettre en garde contre ces loups, comme il suffit d’avertir ainsi les laboureurs qu’il y en a d’une autre espèce auprès de leurs bergeries, dans des bois même où ils n’en ont jamais vu, pour les déterminer à veiller nuit et jour sur leurs troupeaux ; en effet, on n’a jamais été obligé pour cela de représenter publiquement une de ces bêtes féroces croquant un mouton.
… Non : une Actrice d’une conduite dérèglée, est, à la vérité, un scandale continuel ; sa vue seule réveille la lubricité : mais fût-elle la vertu même, elle est encore très-dangereuse n’excite-t-elle pas la passion, les desirs ? […] Duchemin père, jouait les Rôles de Financier & les Rôles à manteau dans la plus grande vérité. […] Ses rôles d’honnête-homme, dans le Haut-Comique, sont d’une vérité qu’on ne peut qu’admirer & sentir. […] DROUIN, 11 Juin 1742 : Cette Actrice joue (maintenant) les rôles de caractère, avec beaucoup de vérité. […] PRÉVILLE, 1757 : Les Coquettes, les Femmes-de-qualité, avec beaucoup de finesse ; mademoiselle Grandval en mettait moins dans son jeu, & lui donnait peut-être plus de vérité.
, aiment la vérité, lorsqu’elle leur montre sa lumière, et qu’elle brille à leurs yeux, et ils la haïssent, lorsqu’elle leur représente leurs défauts, et qu’elle les pique jusqu’au vif ; ils l’embrassent, lorsqu’elle leur découvre ses agréments et sa beauté, et ils ne la peuvent souffrir ; lorsqu’elle les découvre à eux-mêmes, parce qu’elles veulent asservir cette vérité à leurs affections, et non pas leurs affections à la vérité, et que l’amour de l’amour-propre l’emporte sur l’amour de la vérité. De là vient qu’ils s’élèvent contre ceux qui leur représentent leurs vices et leurs passions injustes, ils les fuient, ils les évitent, et ne les peuvent supporter de peur que la vérité connue, ne les force d’abandonner ce qu’ils aiment. […] Quand vous êtes aux pieds des Confesseurs, vous changez bien de langage ; la vérité et votre conscience vous contraignent d’avouer tout ce que nous venons de dire, et souvent votre plus grand malheur et celui des autres femmes, ou des Filles vient d’un premier entretien dans un bal, ou de quelque autre divertissement, dont on leur a donné le régal, et qui les a fait tomber. […] Mais celui du saint homme Job me semble encore plus fort pour prouver cette vérité : c’est un homme qui tenait le rang d’un prince dans son pays, comblé de richesses, d’honneurs, d’amis, et d’autorité, au au milieu d’une famille la plus heureuse qui fût au monde, par le moyen du nombre des Enfants bien nés et bien faits, que Dieu lui avait donnés. […] Vous me répondrez sans doute que vous êtes présentement convaincus de ces vérités, et qu’elles paraissent trop clairement pour pouvoir être contestées ; mais dites-nous, que faut-il faire au milieu de tant de rencontres, dans lesquels la nécessité, ou la coutume nous emportent, et nous entraînent malgré nous ?