Vous entreprenez beaucoup, quand vous prétendez qu’on doit s’abstenir des danses, des bals, & des comédies : c’est un usage que bien des gens ne condamnent pas, & une ancienne coûtume : pourquoi ne sera-t-il pas permis de la suivre ? […] Le troisiéme Concile de Toléde, tenu en 589 sous Pélage II, déclare impie la coûtume de danser aux solemnités des Saints, & ordonne aux Prêtres & aux Magistrats, de s’appliquer à abolir, dans toute l’Espagne, un si pernicieux usage. […] Nous remarquerons cependant, 1. que l’usage des masques étant un desordre très-pernicieux & défendu par les ordonnances de nos Rois & les Parlements du Royaume ; les Magistrats & autres supérieurs doivent s’y opposer & l’empêcher autant qu’ils peuvent. 2.
Il était d’usage que tous les grands Magistrats donnassent des jeux au peuple. […] On l’accusait d’avoir du goût pour les combats et la chasse des bêtes féroces, et il les fit tuer toutes à même temps : « Omnes feras uno momento jussit interfici. » On disait qu’il aimait les jeux du cirque et du théâtre, il n’y parut plus, il ne les permit plus, même les jours solennels de sa naissance et de son couronnement, où ils étaient d’usage : « Ne solemnibus quidem natalibus, vel imperialis honoris gratia putabat celebrandos. » Tant il savait être son maître, et dans l’âge le plus tendre égaler la force et la sagesse des vieillards : « Adolescentem videres senilem ferre sententiam. » Il y avait à Rome une Courtisane d’une beauté parfaite, qui corrompait la jeune noblesse, d’autant plus dangereuse que c’était une Comédienne (car dans toutes les affaires de galanterie il se trouve toujours quelque héroïne de théâtre) : « Scenicæ cujusdam forma et decore Romæ adolescentes nobiles deperire. » Valentinien ordonne qu’on la fasse venir à la Cour. […] à peine a-t-elle l’usage de la raison, qu’elle est le témoin de la vérité ; ses mains, novices au combat, ne le sont pas à la victoire ; à peine en état de souffrir, elle fait recueillir des palmes : « Nondum idonea pœnæ, et jam matura victoriæ, certari difficilis, facilis coronari. » Est-ce au théâtre qu’on cueille de pareilles couronnes, ou qu’on apprend à les cueillir ?
Ce ne sont pourtant pas là les beautés dont je voudrais qu’on fit usage sur la Scène ; elles seraient admirables dans un Roman : quant au Théâtre de la Réforme, il n’adopterait jamais une passion d’amour telle que celle de Chimène et de Rodrigue ; et ne permettrait pas à un Amant de tuer le père de sa Maîtresse, ni à la Maîtresse d’épouser ensuite son Amant : outre que ce sont là des objets qui, selon moi, ne devraient jamais être présentés aux Spectateurs ; les chemins par où l’on passe, pour arriver à ces excès, avec tant de Scènes de tendresse, ne sont propres qu’à corrompre le cœur humain ; et, quant à moi, je ne l’admettrais point, quelque correction qu’on pût y faire. […] Je pense donc que le meilleur usage que l’on en puisse faire, c’est de laisser aux curieux le plaisir d’en goûter les beautés à la lecture, plutôt que de s’obstiner à la faire représenter sur aucun Théâtre, quelque correction qu’on y fasse. […] La passion d’amour, qui du temps de Racine s’était si généralement emparée du Théâtre, peut seule l’excuser d’en avoir fait usage avec tant de profusion.
.° Quoique dans l’Empire Romain ce fût un usage immémorial, qui était devenu une obligation dans les grandes magistratures, de donner des spectacles au peuple, cependant on ne pouvait pas admettre aux saints ordres ceux qui pendant le temps de leur administration avaient fait ces libéralités. […] On se scandalise de le voir au théâtre, et on l’y sollicite, et on le traite de scrupuleux, s’il s’en abstient ; il lui inspire son esprit, et le blâme de le prendre ; il condamne sa modestie, et ne peut souffrir le saint usage de ses biens. […] Il ajoute que même cette règle de bienséance est abrogée par un usage contraire, puisqu’en Italie on voit tous les jours des Ecclésiastiques à la comédie, que personne ne s’en scandalise et ne s’en autorise, car on y irait également. […] Si ce sont les usages des lieux où ces Auteurs ont écrit, du moins ce ne sont pas ceux de France.
On a beau dire que la comédie est autorisée par l’usage dans les Etats les mieux policés, qu’elle est permise partout : dèslors qu’on ne voit ni des Edits de la part des Princes, ni des Arrêts de la part des Magistrats qui la défendent, le prétendu usage en ce cas sera toujours un véritable abus qui ne la justifiera jamais, puisque l’Eglise l’a toujours condamnée. […] Or la comédie est évidemment contraire aux loix de l’Eglise, qui l’a toujours condamnée ; elle est donc un abus manifeste, nonobstant tout ce que l’on peut appeller usage, tolérance & coutume. […] P., que la tolérance de la comédie n’en justifie point aujourd’hui l’usage, qui ne sera jamais regardé que comme un véritable abus. […] Gardez-vous de vous conformer aux usages de ce siécle , dit saint Paul.
Ces trois sortes de faste que l’intention distingue, & dont elle rend l’usage bon ou mauvais, portent sur le même principe & produisent le même effet ; elles en imposent à l’homme, & en frappant les sens, aggrandissent ses pensées. […] Dans les grandes révolutions de la Chine, ce qui fit le plus de peine au peuple, c’est que leurs vainqueurs les obligèrent à se couper les cheveux qu’ils aimoient beaucoup ; selon l’usage des Tartares : il y eut des guerres, des séditions, des révoltes, des meurtres ; plusieurs aimèrent mieux mourir ou s’expatrier, que de renoncer à leur chevelure. […] Tous ces Nains se placèrent dans l’Église au milieu d’un cercle formé par la Cour & les Spectateurs ; le Papa après les cérémonies d’usage, demanda au Nain s’il vouloit une telle pour son épouse : sans doute , répondit-il, & point d’autre ; la Naine répondit à la même question : il seroit plaisant que j’en prisse un autre, comme Monsieur par exemple , (elle montroit du doigt un homme d’une taille gigantesque) ; l’Empereur tenoit lui-même la couronne sur la tête de la fiancée. […] Dieu punit l’usage du fard par un effet contraire à celui que la vanité s’y propose, il fait plus de mal que de bien, même à la beauté, au lieu d’embellir il défigure. 4.° Cette annonce approuvée par les Docteurs de la Faculté des Perruquiers, contredit les autres annonces du fard par eux également approuvées, par lesquelles on assure que le fard ne gâte pas la peau ; les fards se combattent, les faiseurs se détruisent, les amateurs se contredisent. […] condamne avec tous les Auteurs, comme un péché, l’usage & la vanité du fard par les raisons ordinaires & les passages de l’Écriture & des Pères que nous avons cités ; il en ajoute qui lui sont propres, que nous allons examiner.
Ainsi, les hommes ne pouvaient mieux faire qu’ils ont fait pour sortir entièrement de l’usage de la raison, et être toujours répandus au-dehors. […] Que prouve donc l’usage des Spectacles chez les Religieux réguliersPage 28. […] Il est vrai qu’Albert le Grand considère la Musique et la Danse selon l’usage que David et la sœur de Moïse en faisaient ; et que notre Théologien a pour objet des jeux, où l’esprit du Monde et les passions triomphent : mais Albert le Grand a parlé de jeux, de danses, de Spectacles, c’est assez pour appuyer le Théâtre, et laisser vivre sans remords les Comédiens. […] L’Eglise n’exige pas des Comédiens qu’ils fréquentent les saints Sacrements : au contraire elle leur en interdit l’usage : elle exige qu’ils renoncent à leur infâme profession. […] , qu’il consent qu’on modère un peu l’usage des Spectacles, parce que ce temps étant destiné aux larmes, la Musique alors ne fait pas un si bon effet, comme s’il ne savait pas que toute la vie d’un Chrétien est un temps de pénitence, et que l’institution du Carême ne tend qu’à nous en faire souvenir, et à nous ranimer dans notre pèlerinage.
De l’usage de composer des Pièces, ou des Rôles pour un ou plusieurs Acteurs. […] Enfin, cet usage est contraire aux Comédiens mêmes.