Je pense qu’il leur est permis de mettre en action toute la vie de leurs personnages, de sorte que leurs Tragédies sont l’histoire détaillée de leur Héros ; car je ne crois pas qu’ils ayent de Comédies ; parce qu’une action comique ou la peinture d’un ridicule, ne sçaurait être d’une si grande étendue qu’une action purement tragique.
Ces rôles font rire dans le plus sérieux tragique, lorsqu’on les voit joués par nos Actrices.
J’avais en même temps une passion violente pour les Spectacles du Théâtre, qui étaient pleins des images de mes misères, et des flammes amoureuses qui entretenaient le feu dont j’étais dévoré : Mais quel est ce motif qui fait que les hommes y courent avec tant d’ardeur, et qu’ils veulent ressentir de la tristesse en regardant des choses funestes et tragiques, qu’ils ne voudraient pas néanmoins souffrir ? […] Mais quelle compassion peut-on avoir des choses feintes et représentées sur un Théâtre, puisque l’on n’y excite pas l’auditeur à secourir les faibles et les opprimés, mais qu’on le convie seulement à s’affliger de leur infortune ; de sorte qu’il est d’autant plus satisfait des Acteurs qu’ils l’ont plus touché de regret et d’affliction ; et que si ces sujets tragiques et ces malheurs véritables ou supposés, sont représentés avec si peu de grâce et d’industrie, qu’il ne s’en afflige pas ; il sort tout dégoûté et tout irrité contre les Comédiens ? […] J’ai vu une Bible entière réduite ainsi en Vers et en Colloques, qui avait bien trois cens ans : J’ai encore eu entre mes mains un Manuscrit en Vers et en forme d’Opéra tragique, où l’Histoire de la mort de Pilate était jouée ; et tout le monde sait que l’Hôtel de Bourgogne a été autrefois occupé par une Confrérie de gens qui s’étaient dévoués à représenter la Passion de Jésus-Christ.
En parlant des actions, des miracles, des souffrances d’un Dieu, convient-il de dire, théatre, scene tragique, action, intrigue, dénouement, &c. […] Toute la terre d’un pôle à l’autre a souvent vu ces tragiques scenes.
.) : « Epistre au Lecteur », (f. 5-7), in Tragique comédie française de l’homme justifié par Foi, s. l., s. n., 1554, in-8º, 47 ff. […] XVI, 1765, p. 520, ARTFL) ; • « Tragique, le » [Poésie dramatique] (Jaucourt, t. […] Tilenus, Traité des jeux comiques et tragiques, 1600 • [Tilenus, Daniel (1563-1633)] : Traité des jeux comiques et tragiques, contenant instruction et résolution de la Question : assavoir si tels esbats et passe temps sont permis aux Chrestiens, Sedan, Jacob Salesse, 1600, 8º, 62 p. (1f.). […] Quatrième partie : Supplément 1585-1643, Genève Droz, 1985, p. 101) mentionne un exemplaire à Caen : Traité des Jeux Comiques et Tragiques.
Pourquoi prétendez-vous encore qu’« il n’y a que la raison qui ne soit bonne à rien sur la Scene, et; qu’un homme sans passions ou qui les domineroit toujours n’y sauroit intéresser personne. » Le même Zopire dont je parle ici est une preuve du contraire dans le Tragique. […] Avançons. « On se croiroit, à votre décision, aussi ridicule d’adopter les vertus des Héros Tragiques que de parler en vers et; d’endosser un habit à la Romaine. » Exceptez-moi, s’il vous plait, du nombre de ceux à qui vous prêtez cette façon de penser. […] Vous croyez convaincre du peu de profit qu’on peut tirer des Spectacles pour les mœurs, parce que, dites-vous, « la plûpart des actions tragiques n’étant que de pures fables, des événemens qu’on sait être de l’invention du Poëte, ne font pas une grande impression sur les Spectateurs. » Je répons à cela qu’il n’est pas exactement vrai que la plûpart des actions tragiques soient de pures fables, qu’il y en a quelques-unes, mais que le grand nombre est fondé sur de véritables histoires. […] Par exemple la catastrophe de son Électre, au lieu d’exciter la terreur et; la compassion, donne de l’horreur, ce qui passe le tragique.
Il n'y a rien dans la nature de la Tragédie, ni de la Tragi-comédie, qui puisse nous les faire désapprouver ; il paraît même que le but des premiers Tragiques a été bon, et qu'ils ont voulu instruire les peuples d'une manière qui fût capable de les frapper davantage, que la simple exposition des choses qu'ils leur voulaient insinuer n'aurait pu faire.
Eusebius, Evêque de Césarée en Palestine, en l’une de ses œuvres de la foi des Evêques, reproche qu’il y en avait parmi eux, qui ressemblaient aux Comiques, qui avaient l’apparence belle, et le dedans corrompu des vices de l’arianismeh ; Le grand Saint Basile, Evêque de Césarée en Cappadoce, en son traité des gestes de l’Eglise, écrivant à Constantin second, le réprime de ce qu’il permet l’insolence des Histrions, et des Tragiques.