Je n’appelle pas de ce nom la mort ou la punition d’un homme : le personnage qui forme le nœud de l’action, qui la conduit et qui la termine, est celui, selon moi, sur qui la catastrophe tombe ; soit qu’il en périsse, soit qu’il en reste chargé d’opprobre, ou couronné de gloire, suivant que l’action l’exige ; je m’explique. La catastrophe tombe sur Œdipe, non pas parce qu’il se creve les yeux ; mais parce qu’il est lui-même le sujet de l’action, parce que c’est lui qui y donne le mouvement, et qui la termine ; enfin parce qu’il parvient, par toutes ses recherches, à connaître le meurtrier de Laïus, et à le punir. Dans la Tragédie de Britannicus, c’est Néron qui fait tout, et c’est sur lui que tombe la catastrophe : dans Géta, c’est Caracalla : disons en autant de Phèdre, et des autres Tragédies. Si Britannicus meurt, quoi qu’innocent ; c’est pour servir au caractère de Néron, et le faire détester davantage : Si Géta est assassiné, sans l’avoir mérité ; c’est pour mieux peindre la cruauté de son frère : si Hyppolite périt ; c’est pour charger le crime de Phèdre : ainsi ce n’est pas sur les personnages qui meurent que tombe ce qu’on appelle la catastrophe ; mais sur ceux qui commencent et qui conduisent l’action à une bonne ou à une mauvaise fin, et qui excitent le plaisir ou l’indignation des Spectateurs suivant les circonstances du sujet. Il est aisé par là de reconnaître que plusieurs des Tragédies modernes sont mal nommées, et que d’autres le sont exactement : par exemple, dans Héraclius, c’est ce Prince sur qui tombe la catastrophe, quoique ce soit Phocas qui meure ; parce que l’action et tout le mouvement des Acteurs n’ont pour objet que la reconnaissance du fils de Maurice, et non pas la punition et la mort de Phocas, sur lequel cependant on dit abusivement que la catastrophe tombe.
Outre cela les Comédies, et les Tragédies expriment tout ce qu'il y a de honteux dans l'histoire de vos Dieux: vous regardez avec plaisir le Soleil plaindre le malheur de son fils qui est tombé du Ciel; vous voyez sans rougir que Cybèle soupire pour un berger qui la méprise; vous souffrez que l'on représente tous les crimes de Jupiter, et que Paris juge le différent de Junon, de Minerve, et de Venus. […] si nous prenons d'autres voluptés que vous; Mais si nous voulons ignorer toutes sortes de réjouissances, il me semble que ce n'est pas votre intérêt, et que si en cela il y a quelque perte; Elle tombe toute sur nous. […] c'est tomber du Ciel, comme on dit, dans un égouts d'ordures: N'est-ce pas une chose honteuse d'honorer les Comédiens de votre approbation, et de vos applaudissements en frappant des mains, que vous venez d'élever pour invoquer le nom de Dieu ? […] Pleurons donc pendant que les gens du monde, et les Païens se réjouissent, afin que lors qu'ils commenceront à tomber dans l'état épouvantable de douleur, que la Justice de Dieu leur reserve, nous puissions entrer dans la joie que notre Seigneur prépare aux prédestinés: Car si nous voulons être dans la joie avec eux en ce monde, nous serons affligés avec eux éternellement.
Mais nous devons encore fuir les choses même qui nous paraissent indifférentes, et qui portent néanmoins insensiblement au péché; Car comme celui qui marche sur le bord d'un précipice, quoi qu'il n'y tombe pas, ne laisse pas d'être toujours dans la crainte. Et il arrive souvent que la crainte le trouble, et le fait tomber dans le précipice. De même celui qui ne s'éloigne pas du péché, mais qui en est proche, doit vivre dans l'appréhension, car il arrive souvent qu'il y tombe. […] Lors donc qu'à cette inclination naturelle nous ajoutons encore l'art et l'étude, comment ne tomberons nous pas dans l'Enfer, puis que nous nous hâtons de nous y jeter ?
Le premier objet est celui qui tombe sous les sens : n’est-on pas frappé d’étonnement, dès que l’on ouvre l’œil attentif sur la beauté de l’univers ? […] Le fer de la cognée échappé des mains d’un prophète, tombe dans le Jourdain ; Elisée, ayant prié, présente le manche, aussitôt le fer, nageant sur les flots, vient lui-même occuper sa première place. « Parcourez les miracles du conquérant de la Palestine ; il ordonne au soleil de s’arrêter ; il fait tomber les murs de Jéricho au son des trompettes.
Sur mille pieces de théatre qui ont paru depuis un siécle, il n’y en a pas une où la jeunesse joue un rôle d’une parfaite modestie, où on ne lui donne des leçons de vice, où on ne l’y fasse tomber. […] Les traits tombent sur tous ceux qui la voient, & à qui ne se fait-elle pas voir, de qui ne veut-elle pas être vue ! […] Cette faim factice fait trop mangez, cette altération forcée fait tomber dans l’ivresse. […] On tombe deux jours après dans l’indigence. […] Salomon lui-même, le plus sage des hommes, devenu insensé par l’amour des femmes, tombe avec elles dans l’idolatrie.
L’Hecyre de Térence tomba parce que pendant qu’on la représentoit le Peuple s’occupa à regarder des Danseurs de Corde. […] Les Ediles chargés de donner les Jeux, & qui achetoient les Piéces, devoient bien payer les bons Poëtes : il ne paroît pas cependant que les meilleures Piéces ayent fait la fortune des Auteurs, puisque Plaute étoit obligé pour vivre de louer ses bras à un Boulanger, & que l’amitié des Grands que Térence avoit tant cultivée, loin de l’empêcher de tomber dans la misere, l’y conduisit. […] Nous apprenons par Horace que le Théâtre étoit souvent couvert de fleurs, sur lesquelles on faisoit couler des eaux de senteur ; on trouva le secret de les faire tomber en pluye ; on les élevoit au-dessus des Portiques, & elles retomboient par tous les tuyaux cachés dans les Statues. […] Les Pantomimes qui devinrent si fameux sous Auguste, & que favoriserent ses Successeurs, qui ne cherchoient comme lui qu’à amuser un Peuple qu’ils opprimoient, firent tomber tout amour des belles choses. […] Rome devint la proie du Barbare vainqueur, & la main des Goths fit tomber Théâtres & Amphitéâtres, ouvrages qui paroissoient à Pline construits pour une Eternité : Æternitatis destinatione.
Tout estimable qu’elle fût, elle serait tombée dans l’oubli, si malicieusement on ne l’eût dénoncée à M. de Harlay. […] Quoique une compagnie dans laquelle il y a toujours eu des gens de lettres d’un grand mérite ait mis cinquante ans à le faire, il est tombé, dès qu’il parut, dans l’oubli et dans le mépris si fort qu’on n’ose le citer ; aussi dit-on que les illustres n’y avaient pris que peu de part et que c’est l’ouvrage des jetonniers.
, cela lui sert de réjouissance et plaisir, et le retire d’autres vices plus grands : froide et maigre considération, par laquelle cuidantf fuir un gouffre, l’on tombe dans un autre plus dangereux. […] qu’est le menu peuple des villes de France, principalement de Paris, lequel mâtinek tout le monde, s’échappant des charges et cotisations lesquelles tombent entièrement sur les médiocresl des villes et aux champs, sur plus pauvres cent fois que ne sont telles manières de gens Artisans, vivant assurément dans les villes plus francs que les Gentilshommes.