Nos peres y protestoient qu’on les trouveroit par tout les premiers pour le service de l’Etat & de l’Empire : sur la terre, sur la mer, dans le commerce de la société, sur les tribunaux, dans les armées ; qu’il n’y a que deux endroits où ils sont profession de ne jamais paroître ; que, quoiqu’on fasse pour les y forcer, on ne les y verra jamais : dans les temples des Idoles & sur les théâtres.
Dans presque toute la terre, les femmes se coëffent en cheveux : c’est la coëffure naturelle ; mais grace à l’inépuisable fécondité de leur vanité, la maniere de se coëffer est infiniment diversifiée.
Chez toutes les nations de la terre, de Pekin à Gibraltar ces femmes auroient été prises pour des foles, on les auroient enfermées ; mais en France les folies des Dames sont des graces, leurs sortises des gentillesses, qu’on se fait un devoir d’admirer, on les traite comme des enfans, leurs adorateurs ne sont-ils pas des enfans aussi, que le hochet de l’amour amuse ?
Le suc des herbes, les dépouilles des bêtes, les pierres de la terre peuvent-ils ajouter à votre dignité ?
Bazile fait leur portrait d’après nature (Serm. du Luxe) : Des femmes lascives, qui ont perdu la crainte de Dieu & secoué le joug de Jesus-Christ, ne faisant aucun cas des feux de l’enfer, méprisant Dieu & les Anges ; elles ôtent avec impudicité de dessus leur tête le voile sacré de la modestie, regardant les hommes avec impudence, couvertes d’habits somptueux, leurs cheveux étalés, l’air dissolu, le ris lascif, leurs pieds dans l’agitation folle de la danse, provoquant l’incontinence, corrompant la jeunesse, souillant l’air par des chants efféminés, la terre par des danses luxurieuses, toujours environnée de libertins, &c.
L’Auteur est un homme de bien, & un homme d’esprit, mais trop ébloui de l’éclat, de l’élévation, de la splendeur (terme favori) des Dieux de la terre.
De ces hommes innombrables qui peuplent la terre, il n’y en a pas deux qui se ressemblent ; les traits, la physionomie, le coup d’œil, la couleur, la taille, la démarche, le geste, la voix, les talens, les goûts, les passions, les vices, les vertus, le caractère, &c. sont différens.
Que ce soit là le sentiment de ce saint Prélat, la preuve en est claire ; car dans le même endroit il parle en général de la Comédie, il veut qu’on avertisse les Princes et les Magistrats, afin qu’ils chassent les Comédiens de leurs terres et de l’étendue de leur Juridiction68. « Nous avons, dit-il, jugé à propos qu’il était bon de remontrer aux Princes, et d’avertir les Magistrats qu’il fallait chasser hors de leurs terres les Comédiens, les Farceurs, les Bateleurs et tous les autres méchantes gens qui sont de cette sorte.