C’est la doctrine de Roselius, et de Sylvestre, après Alexandre de Halès, qui pour exposer plus clairement leur avis par des exemples, marquent le temps de l’Avent jusques à l’Epiphanie, et depuis la Septuagésime jusques à Pâques ; ne doutant point que pendant ce temps, les danses ne soient illicites, et criminelles. […] Et pourquoi ne serait-il pas permis aux personnes mêmes consacrées à Dieu, de danser, et à celles qui ne le sont pas de prendre ce divertissement dans un lieu saint, et de le faire autant de temps qu’il leur plaira ? […] Or le temps marqué pour la pénitence comprend les jours des Litanies, et des Quatre-Temps, et tous les autres jours dans lesquels les fidèles sont tenus de jeûner. […] Car Angélus ne condamne pas la danse aux jours de Fêtes, pourvu qu’on ne s’y adonne point au temps des Offices divins, et qu’on n’y emploie que la moindre partie du jour. Et Sylvestre est encore descendu dans un relâchement plus étrange, réduisant l’obligation de ne point danser en ces jours, au seul temps de la Messe.
Et quel mérite donne ce carnaval à des divertissements qui en tout autre temps sont illicites ? Quel privilège ont ces jours qui précèdent le Carême, pour autoriser ce qu’on condamne en tout autre temps ? […] Le temps du carnaval sera donc le temps qu’on se livrera à toutes les passions, le temps qu’on s’exposera sans crainte à mille périls, le temps qu’on sacrifiera publiquement à tous les vices. […] Le vice est-il moins vice en un temps qu’en un autre ? […] Le temps viendra que ces jeunes personnes, ces libertins, ces gens du monde, condamneront avec indignation contre eux-mêmes, avec une espèce d’horreur, tous ces profanes divertissements, mais en sera-t-il temps ?
Venons à l’Unité de tems. […] L’Action Théâtrale ne doit point absolument passer ce tems précis, c’est-à-dire, douze heures, ou vingt-quatre tout au plus. […] L’ouverture de la Scène est à six heures du soir ; & c’est alors le tems que le Spectacle commence. […] Il est de la nature de notre Opéra d’acourcir ainsi l’unité de tems : son intrigue étant éxtrêmement vive & pressée, il s’en suit qu’elle éxige un tems peu considérable, & qu’elle doit bien-tôt se terminer. […] Les Drames du nouveau Spectacle ne suivent guères cette maxime établie de tout tems.
De tout temps les prêtres, dans leur intérêt, s’efforcèrent toujours de replonger les peuples dans les ténèbres de l’ignorance. […] On conçoit difficilement le succès de ces maîtres fourbes, et pourquoi dans les temps anciens, ainsi que les casuistes relâchés que la société de Jésus a vomis dans des temps plus modernes, ils réussirent à faire goûter si rapidement aux mondains, la morale la plus corrompue. […] C’est cet heureux accord d’intérêts qui a toujours produit cet ascendant inconcevable dont les prêtres abusèrent en tout temps. […] Il est temps que le chef de l’église rompe un silence si nuisible qui semblerait l’accuser de donner son approbation, à la rébellion et à l’anarchie. […] Il est temps qu’il fasse connaître à tous les souverains de l’Europe, qu’il se désiste loyalement des prétentions exorbitantes de ses prédécesseurs.
Si un Evêque peut défendre qu’on ne danse les jours des Fêtes, ou même en quelque temps de l’année que ce soit. […] La seconde, s’ils peuvent étendre cette défense à tous les autres temps de l’année. Pour le premier point, il est évident qu’ils peuvent sous des peines Ecclésiastiques défendre la danse les jours des Dimanches et des Fêtes, et pendant tout le temps qui est particulièrement destiné à l’exercice de la pénitence et de la prière, parce que comme nous avons auparavant prouvé, la danse qui ne s’est introduite que par l’instinct de la nature, et pour la satisfaction des sens, est prohibée les jours des Dimanches et des Fêtes, et pendant tout le temps qui est consacré à la mortification et à l’Oraison, par les Canons et par les Lois. […] Il faut même dire, que la considération de la sainteté du temps qui est consacré au culte de Dieu et à la pénitence, Franc. […] Et de là il s’ensuit nécessairement qu’ils peuvent défendre la danse en tout temps, parce que comme nous avons prouvé dans tout cet ouvrage, ce divertissement, non seulement est opposé à la piété Chrétienne, mais encore il ne peut être qu’une source de maux et de péchés.
que la comédie partage avec Dieu et avec l’office divin les jours de dimanche ; et l’autre où il abandonne à ce divertissement même « le temps de carême : encore, continue-t-il, que ce soit un temps consacré à la pénitence, un temps de larmes et de douleurs pour les chrétiens ; un temps, où, pour me servir des termes de l’écriture, la musique doit être importune, et auquel le spectacle et la comédie paraissent peu propres, et devraient ce semble être défendus. » Malgré toutes ces raisons, qu’il semble n’avoir proposées que pour passer par-dessus, malgré le texte de l’écriture dont il les soutient, il autorise l’abus de jouer les comédies durant ce saint temps.
Elles ne défendent pas avec moins de rigueur ces usages sensuels et profanes, comme l’on voit dans un Canon du Concile de Carthage, qui fut célébré presque à même temps que ces lois que nous avons citées de l’Empereur Valentinien et des autres furent faites ; et ce Canon est inséré dans le Droit. […] Mais il est nécessaire de combattre en cet endroit la manière d’interpréter ces Canons, et les opinions relâchées des Casuistes, qui en ont voulu altérer le véritable sens par des gloses dangereuses : car de ce que les Canons en défendant la danse, et toute sorte de spectacles les jours des Fêtes, font mention du temps des divins Offices ; quelques-uns ont pris occasion de dire, que cette prohibition de la danse, et des autres divertissements mondains, n’a été faite qu’en considération des Offices divins ; et ainsi, qu’il est permis aux fidèles de danser en tout autre temps que celui des Offices ; et c’est le sentiment d’Angélus. […] Sans doute que ces Auteurs ont eu plus d’égard dans cette occasion à l’usage commun de leur temps, qu’à la vérité et à l’esprit de l’Eglise. […] D’où il s’ensuit sur le principe commun, et reçu de tout le monde, que celui-là pèche mortellement, qui en ces saints jours emploie injustement le temps en cette sorte d’exercices, si ce n’est que l’ignorance et le sentiment relâchée de ceux qui lui donnent conseil, et qui le conduisent, puisse diminuer sa faute : ce que Dieu n’a jamais promis. […] NDE Comprendre: Angélus reste trop sévère envers ceux qui passent du temps à se divertir.
Le tems ne peut étendre ni resserrer l’espace, non plus que l’espace ne peut ni prolonger ni abreger le tems ? […] Le tems n’est lui-même que des momens qui se suivent : le moment s’embrasse-t il ? […] O tems ! […] Comment le tems plane-t-il sur les lieux ? […] Le tems n’est ni dessus, ni dessous rien : le tems plane-t-il avec gloire ?