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54. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IX. Sentiments de S. Ambroise. » pp. 200-211

Ce saint Docteur, fils d’un Préfet du Prétoire des Gaules, la première dignité de l’empire d’Occident, y suivit plusieurs années le barreau, exerça la charge de Conseiller Assesseur du Préfet du Prétoire, et fut enfin Gouverneur de deux provinces consulaires, l’Emilie et la Ligurie ; avec les honneurs de Consul, magistrature suprême dans l’Empire. […] Gardez-vous, dit-il, de fixer vos regards sur la beauté, sur la parure des femmes ; le désir suivrait de près, et le crime serait commis dans le cœur : « Jam mœchatus est in corde. » Gardez-vous d’écouter les douces paroles ni de souffrir les caresses empoisonnées d’un femme de mauvaise vie ; elle porterait le poison et la mort dans votre cœur, bouchez vos oreilles avec des épines, pour échapper à ses pièges : « Aures spinis sapiendæ, ut illecebras sermonis excludas. » Ce détail suffirait pour anéantir les spectacles, où sont réunis tous les dangers du vice. […]  1.), où par l’exemple d’Abraham, à qui Dieu fit quitter son pays, de Loth, que les Anges obligèrent de sortir de Sodome, de Moïse, qui s’éloigna de l’Egypte, des Apôtres, qui abandonnèrent leur famille pour suivre Jésus-Christ, il prouve combien nous devons soigneusement éviter les dangers infinis du vice, qui se trouvent sur tous nos pas dans le siècle. […] Elle est toujours suivie d’un cortège de vices, « vitiorum succinta comitatu » ; par un funeste concert tous les crimes forment autour d’elle une espèce de chœur, « nequitiæ choro circumfusa ».

55. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

le cœur de la jeunesse est attendri, ou plutôt, amolli comme la cire ; il est prêt à suivre la première impression qu’on lui voudra donner ; tout dépend de la société que le jeune-homme ou la jeune-fille vont trouver en sortant du Spectacle : les honnêtes-gens leur feront chérir l’union sainte du mariage ; une Catin, un Célibataire égoïste, les plongeront dans la débauche. […] Il opère une révolution funeste dans les mœurs : nos jeunes-hommes, parvenus à craindre ce ridicule, plus que nos femmes ne redoutent le crime de l’infidélité, les dernières suivent leur penchant que la Comédie n’a point attaqué, flétri ; & les seconds souffrent le desordre, de peur d’être honnis. […] Pourquoi les Citoyens d’une Ville médiocre seraient-ils pour jamais privés des plaisirs que le Spectacle procure, surtout si l’on considère, que les desordres publics des Acteurs, & des Particuliers avec les Actrices, y seront plus rares ; parce que le deshonneur qui suit le vice, est toujours sûr dans un pays où tout le monde se connaît ? […] Les Règlemens seront suivis, lorsque les bonnes dispositions des Sujets en assureront l’exécution. […] Le Spectacle serait soutenu sur les fonds publics ; & ce que l’on propose ici pourrait avoir lieu, même en exécutant le nouveau Plan, quoiqu’on ne suive pas cette idée dans la disposition des articles qui regardent les Salles de nos Spectacles.

56. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

Et quand même ces effets, que je n’ose faire entrevoir, ne s’en suivraient pas, n’est-ce pas un terrible mal que cette idolâtrie que commet le cœur humain dans une violente passion ? […] N’est-ce pas par ce sentiment qu’Alcionée mourant par sa propre main, dit à Lidie: « Vous m’avez commandé de vaincre, et j’ai vaincu, Vous m’avez commandé de vivre et j’ai vécu : Aujourd’hui vos rigueurs vous demandent ma vie, Mon bras aveuglément l’accorde à votre envie, Heureux et satisfait dans mes adversités, D’avoir jusqu’au tombeau suivi vos volontés. » Rodrigue ne parle t-il pas de même à Chimène, lorsqu’il va combattre dom Sanche. […] Pour ceux qui sont remplis des maximes de la chair et du monde, et que Dieu par un juste, mais terrible jugement, a abandonnés aux désirs de leur cœur ; je ne m’étonne pas qu’ils trouvent de la faiblesse dans mes raisonnements ; ils en trouvent dans l’Evangile : ils n’ont pas accoutumé d’examiner les choses par les règles que j’ai suivies. […] Je ne puis vous trop recommander cet avis, ni vous exprimer comme il faut, les maux que causent les Chansons malheureuses qui font tout le divertissement et toute la joie de ceux qui suivent les maximes du siècle. […] Les pères et les mères qui ne se seront pas efforcés de suivre ces règles de l’Apôtre dans l’Education de leurs Enfants, et qui ne leur auront pas absolument défendu ces Chansons corrompues, seront d’autant plus coupables devant Dieu, qu’il leur est plus facile dans ce siècle de les en détourner.

57. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. Des différens genres qu’embrasse le nouveau Théâtre. » pp. 14-20

Il s’en suit de-là que presque tous les Poèmes qui paraissent chaque jour au Spectacle moderne ne sont point justement désignés. […] Ces Messieurs aiment trop leur intérêt pour suivre de sitôt un tel projet.

58. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE V. Du principal motif de la Réformation du Théâtre. » pp. 49-58

A leur âge, ils ne sont pas en état de suivre l’intrigue d’une Pièce, ni de faire des réflexions sur l’instruction qu’on peut tiret des défauts d’un caractère : ils n’ont des oreilles que pour entendre ce que l’on dit ; et ce qu’ils auront entendu, ils le répéteront sans cesse, et ne l’oublieront jamais. […] On commence, de bonne heure, par dire aux petits enfants, qu’ils doivent suivre l’exemple de leur père et de leur mère ; parce que tout ce qu’ils font est bien fait : ainsi quand ce sont les pères et les mères qui les conduisent aux Spectacles, ces enfants sont persuadés que non seulement il n’y a pas de mal, mais que c’est même un bien que d’y aller.

59. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

On a beau dire que c'est le développement de son cœur par gradation, qui en montre les divers jours, et en fait suivre, saisir les plus légères impressions. Et c'est là le mal qu'elle ose réveiller, suivre, saisir et faire saisir ces jours et ces impressions scandaleuses ; c'est là l'absurdité qu'au moment où les poumons ne peuvent plus que pousser le râle de la mort, on fasse pendant demi heure disséquer son cœur et détailler sa vie à une femme qui se meurt. […] C'est d'abord un scandale de faire blasphémer Dieu et la providence, même en faisant suivre le repentir ; ce qui arrive cent fois dans la pièce. […] » Voilà le corps réduit en poussière, comme l'Auteur en avertit : précaution fort inutile, la chose est claire ; mais elle sert à détourner l'attention aux paroles qui suivent, où est le venin. […] Cruel, ma destinée est assez malheureuse ; La foudre suit le spectre, et l'enfer a mugi, Puissé-je dans ces feux allumés par le ciel Expier les erreurs d'un penchant criminel. » Quel galimatias !

60. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXII. De l’usage du Théatre relativement au Comédien. » pp. 104-121

Soit que l’Acteur représente lui-même, soit qu’il suive l’action d’un autre ; l’usage du Théatre ne peut lui être d’aucune utilité, quand il s’agit de juger d’une piéce dramatique. […] Que du moins les beautés répandues dans leurs Ouvrages soient des modéles qu’il faille suivre servilement ; ensorte que les premiers servant de piéces de comparaison aux derniers, il ne soit pas permis de mettre ceux-ci en œuvre sans les avoir pésés dans la balance des autres. […] Ces fastueuses compilations ont toujours suivi le siécle des chef-d’œuvres, & n’en ont jamais produits.

61. (1768) Des Grands dans la Capitale [Des Causes du bonheur public] « Des Grands dans la Capitale. » pp. 354-367

Suivez-le dans le Temple, & admirez comme tous les regards sont fixés sur lui ; sa modestie inspire le recœuillement ; sa piété ranime la ferveur. […] Suivez-les dans ces asyles de la misere publique ; qu’ils y versent quelques bienfaits ; qu’on voie un de ces personnages illustres soulager ce vieillard mourant ; celui-ci croit qu’un Envoyé du Ciel vient lui ouvrir les portes de l’Éternité : & tous ceux qui contemplent tant de piété, étonnés, ravis, sentent diminuer leurs peines. […] Riccoboni, devroit toujours être suivi de malheurs, comme il est précédé de traverses, si on ne le mettoit sur le Théâtre que pour l’instruction des Spectateurs, & pour la correction des mœurs.

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