Lorsque la Paix permit aux Muses de respirer, le repos & les plaisirs amenèrent à leur suite la Comédie, si l’on peut appeller de ce nom le genre monstrueux qui délassa long-tems les Français.
Tout Poëte connoissant son Art, en traitant ce Sujet, aura pour objet d’inspirer l’horreur d’une Passion qui a des suites si terribles : l’objet de Dryden paroît tout contraire.
Elle en regarde le commencement, la suite et le dénouement, si les passions y sont traitées avec délicatesse, ou avec force et véhémence selon leur nature, ou selon leur degré, si les caractères et les mœurs des nations, des âges, des conditions, des sexes et des personnes y sont gardées: si l'action, le temps, et le lieu sont conformes aux règles que les Poètes se sont prescrites pour faire que l'esprit de l'Auditeur n'étant point partagé soit plus susceptible du plaisir, ou de l'instruction qu'on prétend lui donner: si la versification en est belle et pure, et si les vers aident, par leur tour, par leur justesse, par leur son, par leur gravité, par leur douceur, par leur richesse et leur magnificence, par leur agrément, par leur langueur ou par leur vitesse, à la fidélité de la peinture que les pensées qu'ils expriment, doivent faire dans les esprits, ou à l'émotion du cœur qui doit être excité par les sentiments qu'ils représentent.
Dans la suite les personnes libres, oubliant par libertinage les lois de l’honneur, voulurent se mêler avec les esclaves dans l’action la plus honteuse, regardée comme l’apanage de la servitude.
Chrysostome : Qu’ils développeraient avec soin les suites et les effets funestes des spectacles ; et qu’enfin ils n’oublieraient rien pour déraciner ce mal, et faire cesser cette source de corruption.
On poursuivit les auteurs d’un si grand scandale : le peintre prit la suite, le graveur fut mis en prison, Arétin par la faveur des Médicis obtint sa liberté. […] Il n’a aucun but, aucune suite, ni commencement, ni fin, ni milieu ; il entame cent histoires, les interrompt, les abandonne, ne termine rien : c’est une intempérance incroyable de l’imagination la plus romanesque, qui n’observe aucune vraisemblance.
Evitons donc par la suite l’intempérance de jeu ; elle détruit l’illusion ; elle est aussi nuisible que la froideur. […] Les Actrices n’auront point un geste à ressorts, le ton des Furies, les regards effarés, la démarche forcenée : on ne les verra point quitter la Scène dix fois de suite précisément avec un modulement pareil dans le ton, & le même déploiement dans le geste ; la nature sur un fond unique diversifie toujours les formes, & se fait une loi de la variété. […] Dans toutes les Comédies à composer dans la suite, on ne parlera qu’en prose ; les vers étant un abus dans des Pièces où l’on doit prendre le ton ordinaire de la conversation. […] D’ailleurs, les jeunes-gens de condition, destinés à représenter dans le monde, se formeraient sur le Théâtre ; ils se mettraient en état, de parler & d’agir, dans la suite, par eux-mêmes ; ils se feraient un nom d’avance, & deviendraient plus sensibles à la gloire de se faire estimer dans le cours de leur vie, d’un Peuple dont ils seraient aimés & connus.
Moliere n’avoit point de valet-de-chambre ; il rampa longtemps dans la bassesse & l’indigence, & quand dans la suite il eut acquis en bien, avare & mesquin dans son domestique, il n’eut jamais qu’une vieille servante qui faisoit tout chez lui, à qui il lisoit ses comédies, faites en effet la plupart pour la populace, & qu’on veut donner pour un trait de génie, & qui n’est qu’une habitude de familiarité avec le peuple, contractée sur les tréteaux de province.