Qu’on ne demande pas quel en fut le succès, il faudroit la plume du Poëte & le jeu de l’Actrice pour l’exprimer.
Sans élever aucune barriere entr’elles & la mauvaise compagnie, qui toujours s’y rassemble, nous les laissons pêle mêle avec le premier venu que le libertinage y amène, nous les excusons, nous les applaudissons, nous les y engageons, nous les faisons monter sur le théatre public, nous leur élevons dans les maisons des théatres de société, nous leur laissons apprendre les arts empoisonnés qui y séduisent, nous les louons de leurs succès, ou plutôt de nos défaites, tandis que nous laissons imprimée sur le front des Comédiens la tache de l’infamie légale, du mépris public, & des anathèmes de l’Eglise.
A la vérité, quelques Spectateurs moins aguerris souffrent de ces succès qu’ils regardent comme autant d’outrages faits à la nature.
On connaît les oppositions du Corps des Secrétaires, les ordres qu’il fallut arracher à Louis XIV, pour faire enregistrer ses provisions, et le peu de succès, puisque malgré sa réception forcée, il n’osa ni ne pût en faire aucune fonction.
Que sera-ce de les pensionner, de les applaudir, les attirer chez soi, récompenser leurs talents empoisonneurs et leurs succès funestes par des libéralités aussi criminelles qu’aveugles et déplacées : « Vitium est immane donare Histrionibus. » C’est une question célèbre en morale, si une femme publique peut en conscience garder le prix qu’elle a reçu de son crime.
Ce fameux Catéchiste d’Alexandrie, emploi qu’il exerça pendant trente ans avec le plus grand succès, a laissé plusieurs ouvrages remplis d’érudition, entre autres des instructions morales à la jeunesse, sous le nom de Pédagogue, mais qui sont utiles à tout le monde.
Joignez à tout cela les oppositions qui naissent des parents et des rivaux, les entrevues échappées qui paroissent venir du hasard, les déclarations d’amour ; enfin l’heureux succès, comme ils disent, dans leur passion. […] Secondement, je dis que quand ce serait un amour légitime, la Pièce ne laisse pas d’être mauvaise et scandaleuse, parce que les témoignages passionnés d’un amour légitime aussi bien que d’un autre, ses ménagements, ses descriptions, ses poursuites, ses succès quand ils se font en public, sont dangereux à la pureté de ceux qui en sont les témoins, et qu’il n’est pas permis à des jeunes mariés de se faire deux ou trois heures durant devant tout le monde des caresses trop tendres.
Falloit-il ambitionner des succès aux petits appartemens de Versailles, ou dans le Couvent de Saint Cyr ?