Non contente d’empêcher l’homme d’être criminel sans être puni, elle ne souffre pas même qu’il soit impunément ridicule. […] Daignez comparer vous-même en particulier l’un & l’autre, ou souffrez que j’ose les confronter en public. […] Mais la Muse qui préside au Théatre, a la délicatesse de ne souffrir que des faits illustres & rares, parce qu’elle a le droit de n’en admettre aucun qui ne soit choisi, & que son choix est guidé par la prudence. […] Quique vous soyez, souffrez qu’avant que de répondre, je vous fasse moi-même quelques questions. […] Vous ne les inspirez pas ; mais vous les souffrez.
on ne peut souffrir les habits longs, qui de tout temps avoient regné en France, & qui regnent encore en Orient, qui ont leur commodité & leur grace, & sont beaucoup plus décens. […] Le mot Hébreu souffre différentes interprétations.
Souffrir que la jeunesse se marie clandestinement, c’est la perdre, c’est mettre le desordre dans les familles, annéantir l’autorité paternelle, & ouvrir la porte à la plus grande dépravation. […] Tous les domestiques se disent des choses trop libres, & prennent des privautés indécences, que la fille souffre sans beaucoup de resistance, souvent avec plaisir.
Quoi qu’il en soit, du moins est il certain qu’il a voulu dans son crucifiement souffrir à ses pieds les douleurs les plus ameres. Les pieds sont composés de nerf, de muscles, de tendons d’une extreme sensibilité, on n’a donc pu y enfoncer des clouds, & percer le bois de la croix, élever tout le corps, & l’appuyer sur ses pieds déchirés, sans faire souffrir les plus affreux tourmens J.
Montagne dans ses Essais dit de lui-même qu’il aime fort les bonnes odeurs, & ne peut souffrir les mauvaises ; que c’est une de ses folies, qu’il les distingue de plus loin que personne, & se compare au chien de chasse qui a l’odorat le plus fin ; namque sagacius odoror quam canis ubi lateat , il aime ou haït outre mesure tout ce qui est outre mesure n’est plus dans l’ordre. […] Mais on a beau faire, l’homme est destiné à souffrir & à mourir pour punir ses péchés, tous ses efforts ne retarderont pas d’un instant le coup de la mort, & n’empêcheront pas que l’odeur qui s’exhale de leur cadavre, n’oblige à les enfoncer bien avant dans la terre, pour n’en être pas infecté ; & c’est souvent au moment de leur dernier soupir, que comme Antiochus, leur corps tombe en pourriture, écarte leurs plus chers amis qui ne peuvent en approcher.
Les Livres saints méritent trop notre vénération pour les y exposer, & notre sainte Religion trop d’amour & de zele pour rien souffrir qui puisse lui nuire. […] Le Théâtre François ne les souffre pas ; Corneille, Racine, même Moliere, Regnard n’en ont point.
Chez toutes les nations le mélange des hommes & des femmes dans les lieux publics, même dans les Temples, n’est pas souffert. […] Nos théatres, par ce seul endroit, sont mille fois plus dangereux que les Payens avec toute leur prétendue licence, Les Communautés & les Collèges ne souffrirent jamais ce mélange dans leurs pieces ; les seuls Écoliers, les seules Pensionnaires paroissent sur la scène.
Souffrez que je touche cela. […] J’avoue ma surprise ; je suis étonné qu’on ait souffert au Théâtre qu’une femme à qui l’on adjuge un jeune homme afin qu’elle se récrée, s’asseoie sur le pied d’un lit, le prémier soir qu’elle est avec lui, en feignant de s’évanouir : stratagême usé qui n’en impose qu’à un novice.