IL y a deux sortes de Parodies dramatiques, l’une où les Acteurs parlent tout simplement, & l’autre qui se chante : cette dernière, de beaucoup plus ancienne, appartient de droit au Spectacle moderne par sa nature & par son genre.
Je ne sais quel plaisir nous fait éprouver une Pièce qui débute de la sorte.
De cette sorte, si nous l’en croyons la confession même où tous les péchés se découvrent, n’en découvre point dans les théâtres ; et il assure avec une confiance qui fait trembler, « qu’il n’a jamais pu entrevoir cette prétendue malignité de la comédie, ni les crimes dont on veut qu’elle soit la source »page 40. [« Lettre d’un théologien », page 40].
On doit par conséquent éloigner, autant que possible, de la lecture de ces sortes d’ouvrages, qu’on ne peut lire sans danger pour l’innocence, la vertu, les mœurs.
Ne soyez donc plus étonnés s’ils ne vous respectent plus, s’ils méprisent vos ordres, s’ils ont secoué le joug de l’obéissance et de la soumission qu’ils vous doivent, s’ils se livrent au libertinage ; ce sont là les tristes résultats des maximes antichrétiennes et libertines qu’ils ont recueillies au théâtre : sous prétexte de corriger en eux quelques travers et quelques ridicules, on leur a fait avaler le poison de la volupté, dont la violence les porte à toute sorte d’excès.
Mais toutes ces sortes de libelles, où la haine et le mensonge prennent impudemment le langage de la vérité, dégoûtent les plus beaux génies, étouffent les talents, et détruisent l’émulation.
Je considère sa personne : j’admire ses talents : j’aime ses ouvrages : je suis sensible au bien qu’il a dit de mon pays : honoré moi-même de ses éloges, un juste retour d’honnêteté m’oblige à toutes sortes d’égards envers lui ; mais les égards ne l’emportent sur les devoirs que pour ceux dont toute la morale consiste en apparences.
Tant de prix académiques de tant d’especes : Science, Eloquence, Poésie, Musique, Peinture, Sculpture, Chirurgie, Agriculture, Dessein, & notamment prix Dramatique, établi depuis quelques années, & accordé pour la premiere fois, au sieur du Beloy ; bourgeois de Calais ; & ces innombrables académies ou écoles, pour toutes sortes d’objets, ont bien pu faire naître dans une Cour toute Française, l’idée d’une école dramatique, pour la représentation ; on y joindra bien tôt aussi l’académie de musique, de la danse, de poésie, on en fera une Université théatrâle, avec les quatre facultés, les assemblées de ce corps gravissime de l’amplissime Recteur, des savantissimes Professeurs, des illustrissimes Docteurs, de ces méritissimes Licenciés, Bacheliers, comédiens, formeront une jolie scéne, qu’ouvrira un bedeau avec sa masse ; on n’y oubliera pas les écolieres & les régentes des actrices, qui ne sont pas moins nécessaires que les acteurs, soit qu’on les incorpore dans les classes & les corps des acteurs ; soit qu’on en fasse une université fémelle, séparée avec ses facultés, ses suppots, ses appartenances, ce qui seroit plus décent, mais qui exerceroient moins les uns & les autres, que s’ils prenoient leurs leçons & faisoient ensemble leurs exercices académiques. […] Ses repas étoient d’une longueur excessive, d’une somptuosité, d’une délicatesse la plus recherchée ; toujours environné de Bouffons, & Bouffon lui-même dans ses propos, ce que les flatteurs appelloient de la gayeté, sa vie étoit une sorte de comédie perpetuelle, & il en faisoit jouer souvent dans son Palais, souvent par des jeunes Seigneurs les plus distingués : il ne pouvoit souffrir le sérieux des affaires, sur-tout des affaires ecclésiastiques : aussi l’Eglise reçut elle de son tems la plus profonde plaie qu’elle eût jamais soufferte : l’héresie de Luther, & ses suites, qui durent depuis deux siécles, & vraissemblablement dureront longtems encore. […] Les ariettes, les vaudevilles qui ont eu quelque cours, sont un genre de mérite emprunté, qui peut enrichir toute sorte de théatre, les graces, la coquetterie des acteurs, des danseuses, des figurantes, qui achalandent un théatre, ne sont pas un mérite dramatique, & sont un très-grand démérite pour la Réligîon & les mœurs. […] Il fit à sa mort une sorte de conversion, voulut par dévotion être enterré chez les Dominiquains de Venise, & leur laissa sa bibliothéque théatrale ; sans doute afin que tous ses ouvrages, si utiles pour les mœurs, ne tombassent pas en des mains profanes : tous, ces graves écrits ne sont-ils pas bien placès dans un Couvent ?