Il faut remarquer que les Italiens ont deux sortes de Comédiens, savoir des mercenaires dont je viens de parler ; et des domestiques, dont les Acteurs sont des personnes de famille qui ne gagnent pas d’argent à jouer. […] Corneille de parler en ces termes : « Si mon âme à mes sens était abandonnée, Et se laissait conduire à ces impressions Que forment en naissant les belles passions. » Et l’humilité de Théâtre souffre aussi qu’elle réponde de cette sorte en un autre endroit : « Cette haute puissance à ses vertus rendue, Et si Rome et le temps m’en ont ôté le rang, Il m’en demeure encore le courage et le sang, Dans mon sort ravalé je sais vivre en Princesse Je fuis l’ambition, mais je hais la faiblesse. » Il fait voir ensuite que les passions qui ne pourraient causer que de l’horreur, si elles étaient représentées telles qu’elles sont, deviennent aimables par la manière dont elles sont exprimées.
; enfin parce que l'état d’un Chrétien en cette vie est de fuir toutes sortes de plaisirs, et de faire consister toute sa joie dans les larmes de la pénitence, dans le pardon de ses péchés, dans la connaissance de la vérité, et dans le mépris même des plaisirs les plus innocents et les plus légitimes. […] qui, au rapport de Tertullien, voyant que les Censeurs Romains avoient fait abattre plusieurs fois les théâtres, parce qu’ils corrompaient les mœurs du peuple, et voulant empêcher qu’ils ne détruisissent celui qu’il avait fait élever dans Rome, y fit dresser un autel qu’il dédia à Vénus, et appela cet édifice, non pas le théâtre, mais le temple de Vénus. « De sorte dit Tertullien, qu’en donnant ce titre spécieux à cet ouvrage, qui ne méritait que d’être condamné, il éluda par cette superstition les règlements que les Censeurs eussent pu faire pour le faire abattre.
Elle jouoit avec la même facilité toute sorte de rôles, prenoit toute sorte de visages, de figures, d’habits, de maintien, pleuroit, rioit, portoit le deuil, & donnoit des fêtes, louoit, blâmoit, caressoit & faisoit enfoncer le poignard ; dévotion & débauche, magnificence & simplicité, hauteur & bassesse, licence & modestie, tout lui étoit bon, tout lui étoit familier, elle étoit propre à tout, parloit avec la même aisance & la même hardiesse d’affaires d’Etat & de mascarades, de guerre & de galanterie ; le plus fin Conrtisan ne pouvoit la penêtrer, les plus rares politiques étoient ses dupes ; elle faisoit la guerre au Prince de Condé, & lui écrivoit pour le remercier d’avoir pris les armes contre le Roi son fils, armoit contre le Roi d’Espagne, & lui demandoit sa protection, faisant massacrer les Protestans, & leur accordant la liberté de conscience, manquant à toutes les promesses avec la même facilité qu’elle les avoit faites. […] Ce Prince, fort aguerri dans toute sorte de combats, conserva, comme un grand General, le sang froid dans la mêlée, & fut impénétrable, La Reine vint elle-même renforcer ses troupes, & caressa le Roi de Navarre, jusqu’à lui mettre la main dans le sein & le chatouiller. […] On ne peut disconvenir qu’un théatre, où on ne donneroit que de pareilles pieces ne fut infiniment moins dangéreux que celui où on ne représente que les amours des Dieux, les intrigues de la jeunesse, toute sorte de galanteries, avec des Actrices, dont l’air immodeste est aussi analogue aux sujets prophanes que la modestie convenoit à des sujets pieux. […] Branthome en fait un détail, dont il se dit témoin, qui passe tout ce que nous avons avancé, quoique nous ne l’ayons dit qu’avec une sorte de crainte d’exagerer.
ceci peut déplaire ; je donne trop matière à la censure ; quand, dis-je, on se parle de la sorte, on ne manque pas de rayer les fautes qui allaient échapper.
Une autre raison de politique l’engage encore à se comporter de la sorte.
Voilà donc le grand génie réduit à une sorte de matérialisme ou méchanisme des organes & la configuration des parties. […] C’est un Pantomime qui, avec la plus grande & la plus adroite célérité, change tout-à-coup d’habit & joue toutes sortes de rôles, de roi, de gueux, de militaire, de magistrat, de femme, de cardinal, de ministre, de paysan, monte son visage, en prend les attitudes, les tons, &c. C’est un siffleur qui, avec toutes les ustensiles de cuisine, un coûteau, une fourchette, une grille, une poële, une pipe, &c. joue toutes sortes d’airs, de la maniere la plus mélodieuse, comme avec une flûte, un violon. […] Ce discours distingue deux sortes de modesties, l’une bonne, qui rougit du mal, qui a honte de l’indécence, selon le mot de ce philosophe, à qui on reprochoit sa timidité.
« Il y en a de plusieurs sortes. […] Ces Reconnoissances ont cet avantage par dessus toutes les autres, qu’elles n’ont pas besoin de marques extérieures, & inventées par le Poëte, de colliers & d’autres sortes de signes. […] Un spectacle inventé pour attirer les Hommes par toutes sortes de charmes, doit émouvoir le cœur par l’Action, plaire à l’esprit par la peinture des Caracteres & des Sentimens, enchanter les oreilles par l’harmonie du Discours, & attacher les yeux par l’appareil de la Représentation. […] C’est pour cela qu’il faut que la voix sorte par un bel organe ; les mêmes paroles chantées avec la même justesse, les mêmes Modulations, ne nous feront pas la même impression, si les oreilles ne sont pas frappées d’un si beau son, au lieu que nous n’exigeons pas le bel organe du Déclamateur ; la voix d’Antoine que Cicéron trouvoit si propre à émouvoir, étoit, dit Quintilien, une voix rauque, & l’Auteur d’Athalie a possédé plus que personne, le talent de la Déclamation, quoique la Nature ne lui eût pas donné une belle voix, & qu’il fût incapable de chanter un seul air avec justesse ; il ne savoit pas prendre les tons du Musicien, & en déclamant il prenoit toujours ceux de la Nature.
J’Ai renversé, Mademoiselle, les moyens de votre Avocat, à mésure qu’ils se sont rencontrés sous mes pas : je n’ai laissé en arriere que ceux qui sont isolés, & qu’on ne pouvoit lier aux objets discutés, sans leur faire une sorte de violence.