Pères pour servir de DECISION sur la COMEDIE ET LESCOMEDIENS.
Pour montrer la fausseté de cette excuse, notre Théologien se sert des moyens & des raisons les plus sensibles. […] Ramire le renverse sans peine & il y trouve des armes, dont il se sert contre ses ennemis, avec le plus grand avantage. […] Ici le Théologien Espagnol reprend de nouvelles forces, il se met à la tête d’une légion innombrable de Docteurs ; il s’arme de canons & de loix ; de Decrets pontificaux, & d’Edits impériaux ; il s’en sert pour foudroyer les Partisans de la Comédie.
Pour montrer la fausseté de cette excuse, notre Théologien se sert des moyens & des raisons les plus sensibles. […] Ramire le renverse sans peine & il y trouve des armes, dont il se sert contre ses ennemis, avec le plus grand avantage. […] Ici le Théologien Espagnol reprend de nouvelles forces, il se met à la tête d’une légion innombrable de Docteurs ; il s’arme de canons & de loix ; de Decrets pontificaux, & d’Edits impériaux ; il s’en sert pour foudroyer les Partisans de la Comédie.
Je ne rapporterai point les termes dont se servent les Rituels de Sens, l’Alet, de Langres, de Coutances, de Bayeux, de Reims ; mais tous ces Rituels ordonnent les mêmes peines contre les Comédiens. […] Il se sert encore d’un autre motif, pour détourner les Fidèles des Spectacles ; c’est dans le chap. 25 du même Livre, où il parle de la manière suivante : « Un homme pensera à Dieu dans ces lieux où il n’y a rien de Dieu ? […] Il n’y a rien de plus scandaleux dans tous les Spectacles, que de voir avec quel soin et quel agrément, les hommes et les femmes y sont parés : l’expression de leurs sentiments conformes ou différents pour approuver ou pour désapprouver les choses dont ils s’entretiennent, ne servent qu’à exciter dans leurs cœurs des passions déréglées.
Les premiers Auteurs qui subirent cette rude épreuve & cette humiliante catastrophe, servirent d’exemples aux suivans. […] On serait mal fondé à m’objecter que de pareils accidens peuvent avoir lieu aux Théatres de la Nation ; l’expérience, qui, en pareil cas, doit seule nous servir de guide, nous prouve le contraire. […] Mais est-il vrai que les Trétaux servent à faire découvrir les mauvais sujets ? […] Nous ne verrons plus les malheureux arrêtés pour dettes, confondus dans les prisons avec ces infames brigands qui doivent un jour servir de victimes à la vindicte publique. […] Le Roi, qui veut faire le bonheur de tous, n’a besoin que de sujets sobres, tempérans, industrieux, actifs, laborieux, qui aiment & pratiquent les vertus qui servent de regle à sa propre conduite.
Ceux-là qui adoptèrent et prêchèrent un tel principe, abusèrent des religions et s’en servirent comme d’un levier puissant, qu’ils mettaient en œuvre, avec d’autant plus de facilité, que les hommes ignorants sont portés naturellement vers la superstition. Les prêtres s’en servirent pour augmenter leur influence, leur crédit, leurs richesses et leur autorité sur terre. […] Je le répète donc, il est injuste de condamner le peuple à l’ignorance : cette injustice est une mauvaise action, qui, dans aucune hypothèse, ne peut faire le bonheur de la société, ni devenir un bienfait politique, et encore moins servir de moyen pour mieux gouverner. […] La faction religieuse, dès la plus haute antiquité, joua toujours le premier rôle en se rendant dépositaire des sciences humaines, les prêtres s’en servirent pour abuser de la stupidité du vulgaire ignorant et crédule. […] Les souverains et les gouvernements doivent donc refuser leur confiance à de pareils conseillers, à des êtres qui enseignent que le crime est permis dans l’intérêt de la religion, à des prêtres hypocrites pour lesquels la perfidie est une action vertueuse et qui en trompant les hommes prétendent servir le ciel.
un artisan, qui aussi bien qu’un Tapissier, un Charpentier, un Cordonnier, gagne sa vie à servir le public pour de l’argent. […] La loi est expresse : Vous ne ferez travailler ni vos enfants, ni vos esclaves, ni vos animaux, ni même les étrangers qui passent sur vos terres : « Etiam filii tui, et servi, et jumentum, et advena. […] Les raisons de dispense des œuvres serviles, sont le culte divin, pour parer les autels ; la charité du prochain, pour servir un malade ; une perte considérable, pour cueillir la moisson exposée à l’orage ; un danger de naufrage sur mer, une incendie à éteindre, une ville assiégée à défendre, un besoin pressant, un pauvre qui n’a pas un morceau de pain, les aliments ordinaires à apprêter, etc. […] A quoi vous servent vos jeûnes, disait le Seigneur aux Juifs ? […] A quoi vous servira l’abstinence, si le dédommagement de la volupté vous rend criminel ?
Les différentes beautés des pièces consistent aujourd’hui aux diverses manières de traiter l’amour ; soit qu’on le fasse servir à quelque autre passion, ou bien qu’on le représente comme la passion qui domine dans le cœur. […] Comme ces deux passions ne passent dans l’esprit de ceux qui ne se conduisent pas par les règles de l’Evangile, que pour de nobles maladies de l’âme, surtout quand on ne se sert pour les contenter que des moyens que le monde trouve honnêtes : les Poètes se rendant d’abord les esclaves de ces maximes pernicieuses, en composent tout le mérite de leurs Héros. […] Mais il ne croit pas que sa vertu soit dans un degré assez haut, s’il ne fait monter sa piété vers Pompée, jusques à l’impiété et au blasphème envers les Dieux de l’antiquité ; car il la fait parler dans la première Scène du cinquième Acte aux cendres de son mari, en cette manière ; « Moi je jure des Dieux la puissance suprême, Et pour dire encore plus, je jure par vous-même ; Car vous pouvez bien plus sur ce cœur affligé, Que le respect des Dieux qui l’ont mal protégé. » Et sur la fin de la Scène quatrième du même Acte : « J’irai, n’en doute point, au partir de ces lieux, Soulever contre toi les hommes et les Dieux : Ces Dieux qui t’ont flatté, ces Dieux qui m’ont trompée, Ces Dieux qui dans Pharsale ont mal servi Pompée, Qui la foudre à la main l’ont pu voir égorger : Ils connaîtront leur crime, et le voudront venger ; Mon zèle à leur refus, aidé de sa mémoire, Te saura bien sans eux arracher la Victoire. » « Ce serait une fort méchante excuse à cette horrible impiété, de dire que Cornélie était Païenne ; car cela prouve seulement qu’elle se trompait, en attribuant la divinité à des choses qui ne la possédaient pas : mais cela n’empêche pas que supposé qu’elle leur attribuât la divinité, elle n’eût pas des sentiments effroyablement impies. […] Mais comme l’Auteur de la Dissertation avait voulu justifier les Jeux du Cirque par Constantin et Théodose ; le sieur de Voisin lui oppose l’autorité de saint Ambroise qui les a condamnés dans deux endroits de ses Ouvrages, premièrement dans son Traité de la Fuite du siècle Chapitre 1. où il dit que le Cirque est une vanité qui ne sert de rien, la vitesse des chevaux n’est que vanité, le Théâtre est vanité. […] N’endurez point que des bouches qui doivent être un jour sanctifiées par la nourriture céleste du Corps de Jésus-Christ, soient profanées par des Chansons infâmes, et que des langues qui doivent être teintes dans le Sang du Sauveur, se servent d’un langage tout corrompu.