Voltaire & tous les apologistes du théatre font les étonnés de la contradiction qui se trouve entre l’infamie légale des comédiens & la considération dont ils jouissent ; du moins dans la capitale, car dans les provinces la loi & le public sont toujours d’accord. […] Au bout de l’isle se trouve une grande tente à la Turque, où vingt-quatre jeunes turcs superbement vêtus offrent des rafraîchissemens dans des corbeilles de vermeil.
Par le premier les richesses des Grands refluent vers le peuple sans faste & sans éclat ; par l’autre le peuple se trouve six mois de l’année au pair avec les Grands, & oublie sous le masque leur domination & sa dépendance. […] Le Roi fut instruit de tout, & lui fit tirer un coup de pistolet par un inconnu, qu’on poursuivit comme un assassin, mais qui ne se trouva pas.
Me direz-vous encore, qu’on en voit, qui estant consacrez à Dieu, ne font aucune difficulté de se trouver avec les seculiers, pour prendre le divertissement de la comédie ?
Théodose, Gratien & Valentinien, défendirent par une Loi du 19 Mai 386, à tous Juges de se trouver aux jeux publics, soit du Théâtre, soit du Cirque, à l’exception des jours de la naissance & de l’avénement des Empereurs : leur défendent même dans ces jours d’y assister l’après-dîner.
Eh pourquoi nos Paysanes seraient-elles plus réservées que tant de nos jeunes Demoiselles, qui se trouvent dans le même cas, malgré l’èxcellence de leur éducation ?
Il se trouve dans les Hameaux, comme dans les Villes, des hommes méchans ; c’est le petit nombre : des hommes tièdes, qui ne semblent ni bons ni mauvais, & que les circonstances poussent tantôt vers le bien, & tantôt vers le mal ; c’est le grand nombre : des hommes droits, amis de l’ordre, & de toute chose honnête ; ils sont en plus grand nombre que les tout-à-fait méchans ; & ceux-ci, dans les campagnes, sont admirables ; ce sont les hommes par excellence.
Une salle, le rendez-vous de tous les libertins, et de tout ce qu’on appelle dans une ville gens oisifs, gens de plaisirs : peu dont les mœurs ne soient corrompues, moins encore qui soient de bonnes mœurs : une assemblée où règne un luxe étudié, où tout éblouit, où tout brille, et dans laquelle il ne se trouve pas une jeune personne qui n’ait employé tout ce que l’art a de plus séduisant pour plaire et pour tenter : Des loges pleines d’écueils d’autant plus dangereux qu’ils sont plus à couvert, et d’où les yeux peuvent rassembler plus d’objets à la fois, tous plus à craindre.
Un chrétien, qui a promis d’embrasser la croix de Jésus-Christ et de mourir au monde, de faire vivre son Sauveur en lui, et de continuer sa vie sur la terre, peut-il se trouver dans des assemblées où règne l’esprit du monde, où on apprend à vivre comme lui, à se conformer à ses maximes, à ses coutumes, et à ses usages criminels ?