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102. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE V. Réforme de Fagan. » pp. 110-128

Les loix de Constantin, Théodose, Valentinien, Honorius, Justinien, subsistent encore ; dès-lors comme aujourd’hui régna sur la scène la décence qui exclud les grossieretés. […] Cyprien qui parlent de la scène payenne, & qui la condamnent par les mêmes raisons que nous employons contre la moderne, malgré sa prétendue réforme. […] Il humanise la piété pour la rapprocher de la scène. […] La renonciation va plus loin ; les pompes sont les avenues, les occasions, les facilités, les objets, l’aiguillon, l’instrument, le piege du péché, parés de l’éclat éblouissant de la scène, & du poison séducteur de la volupté. […] Cependant, deux pages après, Fagan dit qu’elles sont trois ou quatre mois par an sans paroître sur la scène, & dans le temps le plus rempli la plus nécessaire ne paroît que trois fois la semaine.

103. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Ariettes, & des autres parties du Chant théâtral à une seule voix. » pp. 297-328

Est-il vraisemblable que des personnages qui n’ont rien à faire sur la scène, y demeurent sans sujet ? […] Quel parti la Scène enjouée ne tirerait-elle pas du Vaudeville ! […] Qu’ils se gardent de placer des airs dans les situations froides, & de les employer dans le milieu du dialogue avant que la Scène soit suffisamment échauffée. […] Je crois qu’ils ne doivent absolument placer aucune ariette dans le tems que l’intérêt est à son comble, ni dans des Scènes qui doivent marcher rapidement, comme dans celles qui approchent & forment la catastrophe. […] Je finirai ce qui regarde les Ariettes par avertir que celles où il n’est purement question que d’amour, font quelquefois un mauvais éffet sur la Scène.

104. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V. Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. » pp. 51-75

Attacher incessamment son cœur sur la scène, c’est annoncer qu’il était mal à son aise au-dedans de nous. […] Mais tel est le goût qu’il faut flatter sur la scène ; telles sont les mœurs d’un siècle instruit. […] La scène surtout qu’ils ont ensemble est conduite avec tant d’art, que Mahomet, sans se démentir, sans rien perdre de la supériorité qui lui est propre, est pourtant éclipsé par le simple bon sens et l’intrépide vertu de Zopire. […] On frissonne à la seule idée des horreurs dont on pare la scène française. […] « Ce qui achève de rendre ces images dangereuses, c’est précisément ce qu’on fait pour les rendre agréables ; c’est qu’on ne le voit jamais régner sur la scène qu’entre des âmes honnêtes, qui sont des modèles de perfection.

105. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE IV. Apologie des Dames. » pp. 119-155

Le Genevois, qui n’a jamais connu sans doute de gens d’une vertu extraordinaire, ne veut pas qu’on peigne d’autres mœurs sur la scène Française qu’on n’ait point d’autres Héros ni d’autres Acteurs que ceux des Grecs. […] Mais « Nescius aurae fallacis, le jeune insensé court se perdre en pensant devenir un Sage. » L’intention du jeune homme est louable ; il est édifiant que le Théâtre l’ait suggérée ; mais il est injuste de vouloir faire retomber sur la scène la maladresse, l’aveuglement, le défaut de jugement du jeune homme qui, trop précipité dans son choix, en a fait un mauvais. […] Je me contenterai de vous traduire, ou plutôt de vous paraphraser une scène de cette Tragédie, pour vous faire juger, sinon de la sublimité de son style, au moins de la majesté de ses idées. […] Il m’est impossible de rendre toute l’énergie de son style, et je vous avoue que le mérite de sa Poésie m’oppose tant de difficultés, que j’ai cru devoir choisir non pas une des plus fortes scènes de sa Pièce, mais celle qui m’a paru la plus facile à traduire. […] Ceux qui n’y viennent que pour s’y faire voir, que pour y trouver des rendez-vous, que pour donner à l’Assemblée l’attention qu’ils devraient à la Pièce, ceux-là porteraient les mêmes intentions à l’Eglise ; ce n’est donc pas pour eux que le Théâtre est fait, et la scène n’est pas plus responsable que le Temple des abus qui s’y commettent.

106. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Le ridicule des Dieux du paganisme est le seul point de vue qu’il soit permis de mettre sur la scène. […] Si jamais la scène a dû faire des conversions, c’est dans des excès aussi ridicules, qui ne méritaient que la risée publique ; mais on n’arrête pas par là les progrès de leur secte. […] Ces pièces n’ont été jouées sur aucun théâtre public, et je doute qu’on les eût goûtées, quoiqu’il y ait des scènes très comiques. […] Le Comédien défigure, joue, parodie les choses les plus saintes avec une indécence irréligieuse ; il débite sur la même scène le bien et le mal, la vertu et le vice. […] Ces dialogues forment des scènes où paraissent divers interlocuteurs.

107. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

Il est pourtant très possible que ce ne soit là que du remplissage, comme quelques scènes languissantes qui ne font qu'allonger le spectacle. […] combien d'anecdotes, vraies ou fausses, fourniront matière à une scène que la Trappe aura ouverte, dont la religion et les mœurs feront tous les frais ! […] Je ne sais pourquoi le Poète tragique a négligé cette circonstance, que lui avait fourni le sieur Dorat, et qui aurait pu faire une scène dans le Frère Euthime. […] Il le serait sans doute, si la scène était toujours aussi rembrunie. […] Elle est antérieure de deux siècles à la réforme de la Trappe par l'Abbé de Rancé, dont le tombeau figure sur la scène, qui mourut en 1700 (v.

108. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE II. Du Mariage. » pp. 30-54

La scène Angloise fait mourir ; mais le François a plus à cœur la propagation que la destruction. […] La scène ne connoît point de pareilles causes. […] Mais ce sont des idées gothiques qu’on n’oseroit sur la scène seulement laisser entrevoir, sous peine d’être déclaré imbécille ou tartuffe, & régalé de mille sifflets. […] Ce qui amène deux scènes aussi maussades que scandaleuses, où maître Jacques leur cocher veut mettre la paix entre le père & le fils qui le prennent pour arbitre. […] Mais est-il de religion pour la scène ?

109. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

Elles déclamèrent des scènes de Pollieucte ; on les admira. […] Ces rôles imposteurs sont-ils rares sur la scène ? […] Ces déguisemens sont fréquens sur la scène ; une jeune Actrice fera le personnage de l’amour, un Acteur vigoureux celui des furies. […] oseroit-on mettre sur la scène un Ravaillac, un Damiens ? […] l’Acteur entrant sur la scène prenoit chaque fois le masque qui lui convenoit.

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