Après avoir mis aux pieds de leurs Trônes, ce tribut d’admiration & de respect, rentrons dans notre sphère. […] Qui les enhardit à manquer de respect à leurs Juges ?
Il faut, dit saint Clement, que les fidèles reçoivent avec respect la connaissance des volontés de Dieu de la bouche de leur Evêque, qu’ils demandent au Prêtre les avis nécessaires pour parvenir un jour à l’éternité bienheureuse qu’ils espèrent, et qu’ils apprennent des Diacres les règles de la discipline Ecclésiastique. […] Me jetant donc aux pieds de votre Béatitude, et les baisant avec toute sorte de respect et d’humilité : je supplie la bonté divine, de conserver dans une santé parfaite, pour l’utilité, et pour l’avantage de son Eglise, votre Sainteté, qui marche si droitement en toutes choses.
Dieu a fait à l’homme une grande grace, de lui donner une pudeur naturelle qui inspire l’horreur du crime & en éloigne, & une estime, un penchant, un respect pour la vertu, qui nous réunit avec ceux qui la pratiquent.
Tertullien le plus austère de tous nos Ecrivains, dit que les Comédies et les Tragédies étaient les meilleurs Spectacles des anciens, et n'y blâme autre chose que les adultères, et les autres crimes de leurs Dieux, que l'on y représentait avec beaucoup de mépris ; il en condamne le sujet par le peu de respect qu'ils portaient à leur Religion ; mais il ne charge ni d'infamie ni d'anathème ceux qui les représentaient.
Ces tableaux tragiques remplissent l’imagination d’idées fausses qui affaiblissent presque toujours dans l’âme des spectateurs le respect qu’ils doivent avoir pour elle.
Il secoua le joug, & composa contre eux des satyres les plus ingénieuses à la vérité, mais les plus ameres & les plus indécente, qui condamnoient ses meilleurs amis, tant le théatre fait perdre aux meilleurs cœurs, les sentimens les plus justes de respect, d’amour, de reconnoissance, aussi bien que les vertus chretiennes. […] C’est dommage que ces nuages obscurcissent des discours où brillent les plus grandes beautés ; nous avons cru devoir les remarquer à l’honneur de la Religion devant le public, devant l’Académie, sur-tout devant l’illustre Prélat qui lui succede , pour qui nous avons le plus grand respect. […] Young avoit des vertus, il étoit charitable pour les pauvres, zéle pour ses brebis, plein de respect pour la Religion, aussi n’aimoit-il ni Voltaire, ni sa philosophie, il est surprenant que le Théatre ne l’ait pas corrompu ; mais les Drames tout opposés à la dépravation qui y regne, ne sont que des effeverscenses momentanées de son chagrin, comme dans les autres ; ce sont des bouillons de colere, des ivresses d’amour, des expressions de malignité, des débordemens de bouffonneries, il ne quitta pas sa Paroisse ni ses fonctions pour aller dans les coulisses, se brûler avec les actrices comme le papillon à la chandelle. […] Mais les Anglois, par un ancien respect pour leur Poëte favori, ont fait représenter un grand nombre de fois ce maussade Amphigourri, & l’ont vu avec entousiasme ; ils y ont trouvé de la vérité, du sublime, du tendre, du naïf, du bouffon, il y a de tout en effet ; c’est une espece de Pouding, de ragoût à l’angloise, où on mêle toute sorte de drogue qui picotte agréablement le palais Britannique. […] On a ramené les Scènes d’Arlequin qui successivement est Empereur, Médecin, Héros, Suisse, savant, Paysan, & c’est encore un Comédien nommé Houart qui a composé le second Amphigourri, comme le Comédien Garik avoit composé le premier, malgré le profond respect qui est dû au pere de la Tragédie Angloise & à son immortel Panégyriste.
« Maintenant qu'il s'agit de mon seul intérêt, Vous demandez ma mort, j'en accepte l'arrêt, Votre ressentiment choisit la main d'un autre; Je ne méritais pas de mourir de la vôtre, On ne me verra point en repousser les coups: Je dois trop de respect à qui combat pour vous, Et ravi de penser que c'est de vous qu'ils viennent, Puisque c'est votre honneur que ses armes soutiennent, Je vais lui présenter mon estomac ouvert, Adorant en sa main la vôtre qui me perd. » En vérité, peut-on pousser la profanation plus avant, et le faire en même temps d'une manière qui plaise davantage et qui soit plus dangereuse. […] « C'est là que tu verras sur la terre et sur l'onde Le débris de Pharsale armer un autre monde, Et c'est là que j'irai pour hâter tes malheurs, Porter de rang en rang ces cendres et mes pleurs, Je veux que de ma haine ils reçoivent des règles, Qu'ils suivent au combat des urnes au lieu d'Aigles; Et que ce triste objet porte à leur souvenir Les soins de me venger, et ceux de te punir. » On ne peut pas dire qu'en cet endroit le Poète ait voulu donner de l'horreur de la vengeance, comme il a voulu en donner de celle de Cléopâtre dans Rodogune; au contraire, c'est par cette vengeance qu'il prétend rendre Comélie recommandable, et la relever au-dessus des autres femmes, en lui faisant un devoir, et une espèce même de piété, de sa haine pour César, qui attire le respect, et qui la fasse passer pour une personne héroïque. Mais il ne croit pas que sa vertu soit dans un degré assez haut, s'il ne fait monter sa piété vers Pompée jusques à l'impiété et au blasphème vers les dieux de l'antiquité, car il la fait parler, dans la première scène du cinquième Acte, aux cendres de son mari, en cette manière : « Moi, je jure des Deux la puissance suprême, Et pour dire encor plus, je jure par vous-même; Car vous pouvez bien plus sur ce cœur affligé Que le respect des dieux qui l'ont mal protégé. » Et sur la fin de la scène quatrième du même Acte : « J'irai, n'en doute point, au partir de ces lieux, Soulever contre toi les hommes et les Dieux.
Après s’être gaussé des choses séculières, on se raille des choses les plus saintes, de la confession, de la prédication ou des images, des cérémonies de l’Eglise et des personnes sacrées ; on y mêle les paroles même de la Bible, on profane ce qu’il y a de plus saint et de plus auguste en l’Eglise ; les serviteurs, les servantes et d’autres personnes qui ont l’esprit faible, entendant ainsi parler avec mépris des choses saintes, perdent le respect, la vénération et l’estime qu’ils en avaient ; ils s’accoutument à les considérer comme des choses profanes, indifférentes et de petite conséquence, ils tombent en un état d’insensibilité et d’endurcissement ; ce qui fait qu’ils se confessent, qu’ils communient, qu’ils prient Dieu et qu’ils entendent les sermons par manière d’acquit.