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120. (1705) Traité de la police « Chapitre II. De l’origine des Histrions, des Troubadours, des Jongleurs, et des autres petits spectacles qui ont précédé en France l’établissement des grandes pièces de Théâtre, et des Règlements qui les ont disciplinés. » p. 436

La décadence de l’Empire, au commencement du cinquième siècle, attira celle de ces mêmes jeux, et les ensevelit, pour ainsi dire, sous les ruines des lieux où ils avaient été autrefois représentés. […] Ceux-ci qui n’étaient attachés à aucun lieu permanent, continuèrent à courir le monde, et à représenter leurs bouffonneries dans les Places publiques, ou dans les maisons des particuliers qui les y appelaient pour s’y donner ce plaisir. […] une autre Ordonnance du Prévôt de Paris, du quatorzième Septembre 1395. il leur fut défendu, « de ne rien dire, représenter, ou chanter dans les Places publiques ou ailleurs, qui put causer quelque scandale, à peine d’amende arbitraire, et de deux mois de prison au pain et à l’eau.

121. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VI. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Romains. » pp. 145-175

La Jeunesse Romaine qui se réserva à elle seule le droit de représenter ces Piéces, ne voulut point qu’elles fussent profanées par les Comédiens. […] Saint Augustin représente aux Romains qu’un de leurs Citoyens a été plus sage que leurs Dieux, puisqu’il a condamné des Spectacles qu’ils avoient établis pour honorer leurs Dieux. […] Comme ils étoient Esclaves, la récompense que le Peuple demandoit quelquefois pour eux, étoit la liberté : ce qui ne les empêchoit pas de continuer à représenter. […] Et quel Poëte, capable d’en faire une bonne, eût voulu s’en donner la peine, lorsque l’Action qu’il eût mise en Vers, charmoit bien plus le Peuple quand elle étoit représentée par les gestes d’un Acteur muet ? […] Cette danse très-ancienne, connue du tems d’Eschyle, approuvée de Socrate, & unie aux Représentations Dramatiques chez les Grecs, fut longtems sage, & n’étoit que l’imitation de l’Action représentée.

122. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

Michel se battir avec Lucifer ; fondé sur l’autorité d’un Peintre qui représente les Anges au bal, & sur un passage de S. Basile (que je n’ai pu trouver) qui représente, dit Cahusac, les Anges toujours occupés dans le ciel à l’exercice de la da danse, & nous exhorte à les imiter : Quid beatius potest esse in terra quàm tripudium Angelorum imitari ? […] Il avoit ailleurs fait danser dans le ciel les étoiles & les planètes (c’étoit sans doute une danse ronde), & assure que les Prêtres Egyptiens en avoient imaginé une très-ingénieuse pour représenter les mouvemens mesurés des corps célestes. […] Il y renferme tous les mouvemens du corps qui peuvent peindre & représenter, la déclamation oratoire, l’art des pantomimes, &c. […] On n’est pas surpris de trouver dans Lucien cette liste & ces images, c’étoit un Payen & un cinique ; mais peut-on voir des Chrétiens faire métier de représenter ces infamies, & des milliers de Chrétiens spectateurs s’en repaître journellement ?

123. (1590) De l’institution de la république « QUATORZIEME TITRE. Du Théâtre et Scène. » pp. 507-508

pour autant qu’ils ne pouvaient donner au peuple chose, qui lui fût plus agréable, que de leur représenter et exhiber des comédies, tragédies, spectacles, et jeux publics. […] Ceux de la Comique représentaient maisons d’hommes particuliers, ayant leurs fenestrages et ouvertures faites à la mode commune.

124. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VII. De l’idolâtrie du Théâtre. » pp. 143-158

Mais les idées du paganisme étaient bien différentes ; les spectacles représentaient les actions, ou plutôt les vices de ses Dieux infâmes. […] Le théâtre était innocent, et même pieux dans les principes du paganisme : on y célébrait les Divinités reconnues, on y débitait la morale reçue, on y représentait des événements consacrés, on y rendait un culte autorisé dans l’Etat. […] Comment un vrai Chrétien peut-il souffrir, louer, aimer, représenter l’une et l’autre idolâtrie dans ces spectacles, qui sont toujours pour les hommes une source intarissable de péchés ? […] La comédie, ou, pour mieux réaliser les choses, une Actrice brillante, la le Couvreur, la N… est bien représentée par la femme de l’Apocalypse (Ch. […] Eloignez-vous de ces infâmes prostituées, qui ne sont que trop au dedans ce qu’elles font gloire de paraître au dehors, ne sentent et n’inspirent que trop ce qu’elles représentent.

125. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XII. Des Spectateurs. » pp. 355-358

Il faut donc autant qu’il est possible, que les Spectateurs puissent réellement voir ce qu’on leur représente : l’illusion est en effet plus grande quand le lieu de la Scène est fixé dans un Carrefour, dans la campagne, à l’entrée d’un Palais, enfin par-tout où il est naturel qu’une foule de Peuple peut se trouver. […] On conclura aisément de ce que je viens de dire, que les meilleurs sujets pour le nouveau Théâtre sont ceux qui représentent des Artisans.

126. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « V. » pp. 23-26

Ce Jupiter que l’on voit dans les livres des Poètes comme tonnant et adultère tout ensemble, représente ici par les soins des R.R.P.P. […] Et chacun à mes pieds conservant sa malice, N’apporta de vertu que l’aveu de son vice. » Mais vouloir, comme on fait ici, représenter le souverain Etre, par un être réel et animé tel que Jupiter, c’est non seulement manquer de bon sens et d’équité, et violer toutes les règles de la piété et de la bienséance, mais c’est comme dit encore M.

127. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

Et saint Thomas conclud qu’il n’y a aucun inconvénient pour la conscience, de représenter de pareils éxercices sur le théâtre ; parceque tout se termine à occuper agréablement l’esprit, sans faire aucune dangereuse impression sur le cœur. […] Mais quand ce saint Docteur parle de la comédie, telle que les Conciles & les Peres l’ont condamnée, & qu’on la représente aujourd’hui, je veux dire de ces piéces comiques & bouffonnes qu’on joue sur le théatre, où par mille artifices séduisans on excite les passions les plus déreglées, il la condamne formellement aussi. […] Il ne s’y représente rien qui puisse blesser tant soit peu la bienséance & la pudeur, & si ces grands Saints voyoient la comédie sur le pié qu’elle est à présent, loin de la condamner, ils l’approuveroient ; parceque ce n’est en effet qu’une juste & continuelle critique de tous les vices qui régnent dans le monde, où chacun se reconnoît dans les portraits ingénieux qu’on y en fait : & les Prédicateurs dans leurs sermons ne font guéres de morales plus intéressantes. […] On ne représente rien sur le théatre aujourd’hui, dites-vous, qui puisse blesser tant soi peu la bienséance & la pudeur ; cela peut être : mais ce qui est constant, est qu’on y dit au moins bien des choses qui y donnent de fâcheuses atteintes ; & la seule façon de représenter ce que l’on y joue, quelqu’honnête qu’on le suppose, est un grand sujet de scandale. […] Mais ces portraits, pour être trop ingénieux, n’en sont que plus condamnables : la fin qu’on s’y propose, les intrigues qu’on y représente ordinairement entremêlées d’amourettes, loin d’inspirer de l’horreur du vice, le fomentent & le rendent plus aimable.

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