» C’est donc avec raison, que les Rois Philippe le Bel et saint Louis chassèrent de France tous les Comédiens, et que le Parlement de Paris rendit dans le seizième siècle plusieurs Arrêts contre eux, tels que furent celui du 6. Octobre 1584. rendu contre ceux qui avaient établi un théâtre dans l’Hôtel de Cluny ; et celui du 10. […] C’est pourquoi ni la longueur du temps, ni l’autorité des personnes, ni les privilèges des nations, n’ont pas la force de rendre légitime une mauvaise coutume. […] Et est-il croyable, qu’il ait voulu approuver une Profession, qui rend infâmes et excommuniés ceux qui l’exercent ? […] Parce que cet exercice est très utile aux jeunes gens, tant pour fortifier leur mémoire, que pour les rendre plus hardis à parler un jour en public, soit dans la Chaire ou au Barreau. 3°.
Peut-on ne pas gémir de l’aveuglement de ceux qui s’y exposent, que tant d’exemples ne peuvent rendre sages ? […] Mauvaise raison : le monde entier ne peut rendre innocent ce que Dieu condamne. […] M. de Boissi, qui en fut témoin, en rend témoignage. […] Que la volupté rend foibles ! […] Lorsque les Espagnols se furent rendus maîtres, il crut leur faire honneur, & leur fit fort valoir la grace qu’il leur faisoit, d’y aller quelquefois avec eux pour les animer & les rendre plus magnifiques.
Si c’est là, mes Pères, être, selon vous, le plus digne, d’un Archevêché, que de se jeter après et de s’en saisir, comme votre allégorie porte à croire que votre Prélat a fait, c’est selon l’Ecriture et les Pères, s’en rendre très indigne quelques belles qualités qu’on pût avoir d’ailleurs. « Jésus Christ , dit l’Apôtre, 6 n’a point pris de lui-même la qualité glorieuse de Pontife.… nul ne s’attribue à soi-même cet honneur, mais il faut y être appelé de Dieu comme Aaron. » C’est ce divin modèle du Fils de Dieu qu’ont toujours suivi et imité tous les véritables Pasteurs : Et l’Eglise n’en honore aucun comme Saint, dont elle ne puisse dire ce qui est marqué dans le Bréviaire de Paris pour le commun des Pontifes : « Ille non vano tenuit tremendam Spiritu sedem, proprio nec ausu, Sed sacrum jussus Domino vocante Sumpsit honorem. » Les Saints n’ont pas seulement été éloignés de cette ambition pour les charges de l’Eglise, qui fait, pour parler conformément à votre allégorie, que l’on se jette après, qu’on tâche de s’en saisir et qu’on y court en dansant, c’est-à-dire dans une disposition bien contraire à cette crainte et cette frayeur que leur humilité leur a toujours inspirée, mais ils ont encore marqué quels étaient sur cela leurs sentiments, et qui selon eux étaient les plus dignes de ces charges. […] Jérôme dit de Népotien 9 : « Il méritait d’autant plus d’être élevé au Sacerdoce qu’il refusait de l’être, et il s’en rendait d’autant plus digne, qu’il s’en publiait indigne. » Et voici le conseil que S. […] Thomas dit,10 « Que celui qui prie lui-même qu’on l’élève à une dignité qui a charge d’âme, s’en rend indigne par sa présomption, et qu’ainsi ses prières sont pour un indigne. » On ne saurait trop représenter aujourd’hui ces belles paroles de deux Empereurs Léon et Anathème :11 « Un Ecclésiastique, disent-ils, doit être tellement éloigné de briguer et de poursuivre cette dignité (ils parlent de l’Episcopat) qu’il faut le chercher pour l’y contraindre, et qu’étant prié et convié de l’accepter, il doit se retirer, et s’enfuir en sorte qu’il ne se rende qu’à une nécessité absolue qui l’excuse devant Dieu.
Parmi tous les Œdipes que nous avons, je choisirais celui qui s’éloigne le moins de l’original Grec, et qui me paraît le plus aisé à rendre parfait ; c’est celui de M. de Voltaire. […] Je ne pus faire alors ce que M. de Voltaire désirait, parce que mon Livre était sous presse ; mais je ne veux pas l’omettre dans cette occasion, pour rendre toute la justice qui est due à son goût, à sa modestie, et à sa politesse. […] Sophocle a rendu Œdipe presque odieux par son orgueil, et par les injustes traitements qu’il fait à Créon ; ce qui contribue infiniment à donner à Œdipe un caractère. […] En conséquence ils soutiennent que Sophocle a dû rendre Œdipe odieux par rapport à Créon, et que par là il a satisfait en même temps aux règles de l’art et de la saine raison. […] Je sais bien que l’on m’opposera que c’est une faute nécessaire dans cette Tragédie, pour rendre Créuse en quelque façon coupable, et pour affaiblir la compassion que l’on pourrait avoir de sa mort.
L’épouse du Cantique le dit innocemment à son mari, dont le mariage rend les plaisirs légitimes : Dabo tibi ubera mea. […] Elle la punit par l’endroit qui avoir le plus allumé la passion du prophanateur, son visage & ses cheveux ; elle la rendit difforme, & changea ses cheveux en serpens. […] La vanité énivre, la paresse engourdit, la colere transporte, la crapule rend bête, l’avarice rend insensible, dur, &c. la chicane est une Gorgone qui ruine, accable, pétrifie les plaideurs. […] Elle se rend celebre par un si beau triomphe, elle lui coupe la tête, c’est-à-dire, elle ruine sa santé, épuises ses forces, abrege ses jours. […] C’est un extrait de fleurs (qui fait fleurir les visages) Son coloris rend par gradation celui de la rose.
Celui qui se rend aux assemblées où l’on danse avec danger de commettre quelque péché mortel, devient sans doute coupable de péché mortel en hasardant ainsi son salut ; et en s’exposant à perdre la vie de son âme, qui est inestimable. […] Et nous ajoutons, que non seulement celui qui s’expose au péril du péché, avec une connaissance évidente ou probable de ce même péril, pèche grièvement : mais qu’encore celui qui doit raisonnablement appréhender qu’il se mettra dans le même danger, en assistant à la danse, commet la même faute : car la témérité, et l’aveuglement d’esprit avec lequel il met en hasard son salut éternel, ne peut jamais lui servir d’excuse, au contraire c’est ce qui le rend coupable.
Le Parodiste détourne donc à un autre sujet & à un autre sens une Pièce sérieuse, par le changement seul de quelques expressions, si c’est de la déclamation, ou de quelques expressions & de quelques airs, si c’est une Pièce chantante ; au moyen de quoi, il rend le grand & le pathétique, burlesque, ridicule, ou tout au moins bas & trivial. […] Le Cyclope d’Euripide, la seule Parodie des Anciens qui nous soit parvenue, est dans ce genre : on y voit des railleries sur Homère & sur les Poètes Tragiques, dont il parodie l’enflure par des expressions triviales & souvent dégoutantes, mais que la Langue Grecque rendait supportables. Une seconde espèce de Parodie Dramatique, est la Parodie-d’imitation, qui consiste à suivre pas-à-pas la marche d’un Ouvrage, à en rendre les situations par des Personnages d’un ordre inférieur, sans critique & sans ridicule.
Car, sans parler du concours et des rendez-vous de la jeunesse de tout sexe, à qui la comédie est une occasion de désordre, jugeons de la comédie par ses circonstances et par les sujets qui y sont représentés. […] La comédie, il est vrai, rend le vice ridicule ; mais elle ne le rend pas odieux : elle en fait rire, mais elle ne le fait pas pleurer.