Quant à son idée de nous ôter les Actrices, je l’ai regardée comme un délire, une déraison improposable dans un siécle sensé. […] Remarquons bien que tant qu’on en put dire autant du Peuple de Rome, l’Italie regarda les Acteurs du même œil que la Grèce. […] On sent combien cet usage rendait la profession du Théâtre infamante, & qu’il était tout naturel après cela, de regarder les Actrices comme des Prostituées. […] Si ce goût me prenait, ne le regarderiez-vous pas comme innocent ? […] on voit que le Théâtre & les Jeux étaient regardés comme en Grèce.
Que les danses d’aujourd’hui ne soient déréglées et vicieuses, puisque ce sont des particuliers qui font ces assemblées de leur autorité privée, sans aucune raison qui regarde le bien commun ; mais par la seule inclination vers son propre plaisir.
Il est certain que toute espèce de chant est peu naturel ; car on peut le regarder comme l’image outrée de la manière dont parlent les hommes lorsqu’ils sont agités de quelque passion : il n’est supportable que dans un Spectacle entièrement consacré au merveilleux. […] Le déffaut que M. de Voltaire reproche à l’Opéra-Sérieux regarde aussi l’Opéra-Bouffon. […] Le Poète qui sera jaloux de se distinguer aura donc soin de ne point écrire ses morceaux chantans avec trop de rapidité ; qu’il les regarde au contraire comme autant de petits poèmes qui doivent être gracieux, élégans, & qui lui offrent les moyens d’acquérir quelque honneur. […] Je finirai ce qui regarde les Ariettes par avertir que celles où il n’est purement question que d’amour, font quelquefois un mauvais éffet sur la Scène.
Il me semble qu’eux-mêmes s’en expliquent assez, et qu’ils font consister tout leur art et toute leur industrie à toucher l’âme, à l’attendrir, à imprimer dans le cœur de leurs lecteurs toutes les passions qu’ils peignent dans les personnes qu’ils représentent : c’est-à-dire à rendre semblables à leurs héros, ceux qui doivent regarder Jésus-Christ comme leur modèle, et se rendre semblables à lui. […] Ainsi nous voyons que ceux qui cherchent à s’agrandir dans le monde, ne s’offensent point des injures que leur disent les Philosophes contemplatifs qui prêchent la vie retirée : ils les regardent dans un ordre dont ils ne sont pas, et où l’on juge autrement des choses. […] Mais vous n’y regardez pas de si près ; et d’ailleurs c’est là tout le nœud de l’affaire. […] Mais nous en parlons bien à notre aise, nous qui le regardons de sang froid.
Ce différend, digne des uns et des autres, dont la plaidoirie dût donner la comédie au barreau, ne nous regarde pas ; mais ce qui a rapport à notre sujet, et qui me paraît fort singulier, c’est d’y voir le Cardinal d’Estrées sur la scène. […] Ces peuples sont trop sérieux et trop sages pour voir sans indignation la religion donnée en spectacle ; on ne réussirait pas à leur faire regarder comme le souverain bien et le culte de l’Etre suprême, ce qu’ils auraient vu travesti en comédie : rien ne serait plus propre à décréditer le christianisme. […] Je ne sais qui peut y tenir, soit à jouer, soit à regarder. […] Leurs crimes, qui étaient regardés comme des malheurs publics, faisaient tout craindre de la colère des Dieux.
Mais c’est que le monde l’envisage avec les yeux de la passion, et ce Père le regarde en Chrétien. […] Scipion Nasica, votre Pontife, que vous n’oseriez regarder en face, arrêterait vos murmures. […] » Les Grecs, par une conduite honteuse, à la vérité, mais conséquente, bien loin de regarder les Comédiens comme infâmes, les élevaient quelquefois aux honneurs, ne croyant pas pouvoir mépriser des hommes dont le métier honorait les Dieux : « Græci turpiter quidem, sed Diis suis omnino consequenter. » Ce qui devait faire sentir combien ces Dieux étaient méprisables qui se croyaient honorés de la représentation de leurs crimes : « Quomodo non detestandi Dii qui inter honores sua celebrari flagitia poscerent ? […] Voilà un bon Acteur, vous l’aimez, vous lui applaudissez, vous vous dépouilleriez pour lui, vous le regardez comme votre fils.
Je ne regarde point le langage, qui est assez bon et meilleur qu’il n’appartient à un étranger.
« Il faut s’abstenir, dit ce Souverain Pontife, les jours des Fêtes de toutes les affaires séculières, afin que l’âme Chrétienne puisse plus librement et entièrement les passer dans l’Eglise, et s’entretenir avec Dieu par des Psaumes, des Hymnes, et des Cantiques spirituels. » « Idcirco in diebus festis ab opere mundano cessandum est, ut liberius ad Ecclesias ire, Psalmis, Hymnis, et Canticis spiritualibus insistere, orationi vacare, etc. valeat Christianus. » Il est donc évident par l’autorité de ce Pape, et par plusieurs autres que nous en avons rapportées, que le fondement général de toutes les prohibitions qui regardent la solennité des Fêtes, est l’obligation de les sanctifier, qui nous est imposée dans l’Ecriture sainte, et par le commandement de Dieu même. […] D’ailleurs, la raison sur laquelle ces lois sont appuyées, regarde la danse aussi bien que les autres divertissements mondains ; car elles prohibent ces divertissements, parce que les jours des Fêtes sont destinés à gémir humblement : l’on ne fait pas moinsd au bal, et à la danse qu’à la comédie et aux autres spectacles.