Cette idée bien plus ancienne que lui, & généralement reçue, il l’a mise en beaux vers latins ; il n’est coupable que de l’avoir rendue trop naturellement & d’une manière dangereuse, il n’auroit pas dû prêter son pinceau à la volupté, mais il n’en est pas le créateur. […] Hébreu, Grec, Latin, Allemand, on ne voit rien de si ridicule dans aucune langue ; on ne le connoît qu’en France, soit qu’on y croye les complimens sans conséquence, & un verbiage frivole qui semble tout dire, & ne dit rien comme ils le font en effet sur-tout en galanterie, soit que l’entousiasme pour les femmes y soit porté à l’excès & à une sorte d’adoration ; l’usage a consacré ces termes, ils sont devenus de style ; c’est le protocole de Cithère, platitude puérile, plus basse que respectueuse de se mettre à genoux devant les femmes, qui ne convient qu’envers Dieu & à un criminel qui demande grâce : cette attitude a un autre principe, c’est pour les contempler à son aise, & être à portée de prendre avec elle des licences ; les femmes sont communément assises, il faut se baisser pour les mieux voir, prendre & recevoir avec plus de facilité des libertés indécentes dont elles peuvent moins se débarrasser.
Il est encore quelque reste des loix de décence, dont on ne sauroit s’écarter aux yeux du public, sans se livrer à son mépris ; on n’y joue pas un rôle qui fasse briller & les talens & les graces, & on n’oseroit se déclarer Actrice ; il n’est pas encore reçu qu’une Dame se mêle avec les Comédiens. […] Dans la tolérance de l’exposition des enfans approuve-t-on le crime qui les fit naître, parce que pour leur sauver la vie on bâtit des hôpitaux où on les reçoit sans examen ?
Elles en reçoivent les éloges avec complaisance, & on les leur prodigue avec intérêt ; elles sont ingénieuses & attentives à se placer dans le point de vue le plus favorable, & inépuisables en moyens de ne laisser rien échapper de leurs graces, & les curieux à n’en rien perdre. […] Vous prétendez qu’on vous recherche, vous faites la difficile & la renchérie ; à peine daignez-vous recevoir les hommages de vos adorateurs.
Et pour nous arrêter à la Comedie, qu’on prétend être la plus honnête, aprés qu’on en a banni tout ce qui l’a tant décriée dans les siecles passez ; je maintiens qu’elle est encore un piege, & une occasion prochaine de peché pour ceux qui ont quelque disposition à recevoir le poison qui est si bien déguisé. […] Il n’est pas moins inutile d’ajoûter, que quoyque l’on ne voye guere de pieces de Theâtre sans amour, & que pour l’y faire entrer, on n’a pas même égard à la verité de l’Histoire, pourvû qu’on ne sorte point de la vray-semblance ; neanmoins on n’y represente que des passions legitimes, qui ont pour fin le Mariage, que Dieu même a authorisé, & institué le premier ; parce que l’esprit de ceux qui les voyent representer, ne s’attache qu’à ce qui lui plaît, & fait abstraction des circonstances qui les peuvent justifier ; car ce n’est pas une chose que les Acteurs puissent regler dans ceux qui écoutent, ni arrêter dans les limites qui sont permises, comme fait le Poëte dans ses Vers ; au contraire les spectateurs n’en reçoivent souvent que ce qu’elles ont de criminel ; & elles agissent ensuite selon la difference des dispositions qu’elles rencontrent ; & l’on peut dire, que souvent la representation d’une passion couverte de ce voile d’honnêteté, a plus infailliblement son effet, que les autres les plus illegitimes, parce qu’on est moins sur ses gardes, qu’on s’en défie, & qu’on s’en défend le moins ; aussi agit-elle plus à coup sûr, & sans qu’on se précautionne des remedes qui pourroient en empêcher l’impression : d’où il s’ensuit que ces spectacles sont toûjours dangereux pour tout le monde, & qu’un Chrétien ne doit jamais se fier à sa propre vertu.
Ajoûtez la disposition ordinaire, qu’on aporte à la comédie, où l’on ne va, que pour recevoir avec plaisir & douceur tous les charmes du Théatre.
On n’offroit à leurs yeux que des Acteurs modestes : leurs oreilles n’entendoient que des leçons de vertu : le cœur en recevoir l’empreinte, elle s’étendoit sur toutes les actions.
Notre auteur trouve que la morale en aurait été bien plus belle et les sentiments plus chrétiens, si ce jeune éventé se fût retiré de ses débauches et qu’il eût été touché de ce que Dieu lui disait par la bouche de son père ; et si on lui montre qu’il est de l’essence de la pièce que le foudre écrase quelqu’un, et que par conséquent il nous faut supposer un homme d’une vie déréglée et qui soit toujours insensible aux bons mouvements, lui dont les soins ne butent qu’àb la conversion universelle nous répliquera sans doute que l’exemple n’en aurait été que plus touchant si, malgré cet amendement de vie, il n’avait pas laissé de recevoir le châtiment de ses anciennes impudicités.
aventure, une description, une tempête, ou quelque autre discours ; et il s'en trouva qui ne dansaient que les Poésies d'Homère, d'où ils reçurent le nom d'Homéristes.