Ce Confesseur avoit raison. […] Parmi les leçons que cet illustre pénitent donnoit à son fils, il lui recommandoit de ne point faire des vers par une raison prise de sa propre expérience. […] Boileau disoit de lui : la raison conduit ordinairement les hommes à la foi, mais c’est la foi qui a conduit Racine à la raison. […] La raison & la foi toujours d’accord se conduisent l’une & l’autre. La raison sans la foi n’est qu’égarement ; qu’on ne se flatte pas d’être raisonnable sans la foi ; combattre la Religion, c’est combattre la raison.
Il luy representera que dans la foule des communians, & à raison des divers jours où l’on communie pendant la quinzaine, il seroit difficile de remarquer s’il a communié ou non : de plus que quand on remarqueroit qu’il ne communie pas, on peut croire que son Confesseur luy a differé le devoir du temps paschal pour s’y mieux disposer, ou pour s’instruire de la doctrine chrestienne : mais qu’enfin quand quelqu’un pourroit soupçonner qu’il n’auroit pas communié acause de quelque peché extraordinaire qu’il pourroit avoir commis, il vaudroit mieux souffrir par penitence cette humiliation, que de se mettre en danger de faire une communion sacrilege, qui est un des plus grands malheurs qui luy puisse arriver. Mais si le penitent n’estant pas persuadé de ces raisons presse le Confesseur de luy donner l’absolution ? […] L’ignorance qui n’excuse pas de peché celuy qui fait le mal ne croyant pas qu’il soit mal, est celle de la loy naturelle qui regle les devoirs essentiels de l’homme envers Dieu, envers soy-mesme, & envers le prochain, que l’on ne manqueroit pas de connoistre si la raison n’estoit obscurcie par le peché. […] Or quand le Confesseur voit son penitent dans cette derniere sorte d’ignorance, s’il juge qu’il y ait danger de luy découvrir la verité à raison des grands inconveniens qu’il y auroit à apprehender, il n’y est point obligé, & il peut laisser son penitent dans la bonne foy où il le trouve ; ce qui s’entend néanmoins en sorte que le public n’y soit pas interessé, & qu’il n’y ait point de scandale : car autrement il faudroit l’en avertir, par exemple si l’invalidité d’un mariage qui seroit inconnuë aux personnes mariées, estoit connuë de plusieurs autres personnes qui auroient raison d’en estre scandalisées : mais si la cause de cette invalidité estoit cachée, on pourroit ne la leur pas découvrir, s’il y avoit de grands inconveniens à craindre de cette separation ; puisque demeurant dans la bonne foy, ils ne commettent point de mal de vivre ensemble, comme S. […] Mais l’experience fait voir qu’il y en a beaucoup d’autres à qui elle nuit plus qu’elle ne sert, & que tout consideré il y a de grandes raisons qui font voir qu’il seroit plus à propos sur tout pour les filles & pour les femmes que les confessions ne fussent point si frequentes.
J’en vais dire la raison. […] Quichotte nous en dit la raison, dans une conversation entre le Curé & le Chanoine. […] Elle parut écrite & conduite plus naturellement que toutes celles que l’Italie avoit encore produites, & c’est par cette raison que l’Abbé Conti place à cette Piéce l’époque du bon goût du Théâtre de sa Nation. […] Est-ce là respecter les Mœurs, la Raison, & la Tragédie ? […] On profite quelquefois des exemples & des leçons de ceux même qu’on affecte de mépriser, parce qu’on est forcé de rendre justice à la raison.
MONSIEUR, Il y a quelque temps qu’il vous plut me commander de faire quelque chose en faveur de la Comédie, et répondre au libelle du Père Augustin, ce que j’ai fait avec autant d’affection, que j’ai d’intérêt à la défense de sa cause ; Il est vrai que j’eusse différé de rien mettre au jour pour diverses raisons que le silence et le respect m’oblige de taire, Mais le pouvoir que vous avez eu sur mon esprit, m’a fait rompre toutes sortes de considérations pour vous rendre cette satisfaction, et donner cette lettre apologétique au public, sous l’aveu de votre protection, espérant que vous l’agréerez d’aussi bon cœur, que je désire me conserver la qualité de MONSIEUR Votre très humble et affectionné ServiteurA.D.L.B. […] Outre que la question ayant été depuis peu réveillée dans cet auguste Parlement de Paris, touchant la réception de Laffémas 1que l’on accusait de l’avoir exercée, (sans preuve toutefois), où les plus beaux esprits de la Cour assistèrent, et nombre de Docteurs en Théologie pour vider ce différend ; il fut conclu et arrêté, après les diverses contestations d’une part et de l’autre,s que la Comédie n’ayant plus rien du Paganisme et de contraire aux bonnes mœurs, elle pouvait être reçue entre les honnêtes récréations, puis même que le Concile de Trente ne l’avait décidée que comme action indifférente ; Et que quant au regard dudit Sieur de Laffémas soit qu’il l’eût professée ou non, il jouirait pleinement de la charge de Lieutenant Civil, avec injonction et défense de ne jamais opposer ce reproche à ceux qui voudraient être admis aux offices de judicature, comme superflu et de nul effet ; Jugez par là si ce Docteur particulier, a raison de vouloir contester une proposition que les plus savants de la Sorbonne ont définie. Ce qui m’étonne d’avantage, c’est de voir que celui, qui devrait avoir une domination de raison, sur les impétueux mouvements de son esprit, le laisse emporter à des licences qui sont non seulement indignes d’un Chrétien, mais même d’un Athée, que celui (dis-je) qui doit donner un calme et une tranquillité à la partie imaginative de son âme, et régler ses écrits à la dignité de sa vocation, s’altère l’esprit contre une chose que tout le monde approuve ; Je suis fâché qu’un Religieux qui doit être le miroir de soi-même pour servir d’exemple à la piété, ne résigne plutôt les affections de son cœur à des actions saintes, qu’à se jeter sur les invectives. […] C’est un discours rampant et vide de sens, plein d’autant de vanité que son auteur a de présomption et qui n’a rien qui soit bastantw d’ébranler le moindre esprit, ses raisons sont si mal rangées, ses paroles si confuses, et ses termes si grossiers, qu’ils tiennent de la froideur de son tempérament, et de la qualité de son jugement ; Bref, il aurait besoin de se faire relever de la folie, comme d’un acte de sa Minorité, ou faire un voyage au pays d’Anticyre pour se purger le cerveau d’un peu d’elléborex. […] L’idée semble être qu’il ne suffit pas faire une bonne œuvre si la raison pour laquelle on agit est vicieuse.
La comédie est à plus forte raison interdite aux Ecclésiastiques en place. […] A plus forte raison des Religieux qui font une profession déclarée de régularité et d’éloignement du monde. […] Il est inutile d’entrer ici dans le détail des preuves ; mais j’en conclus qu’à plus forte raison la comédie leur est défendue : plus indécente et plus dangereuse que tous ces exercices, elle en réunit plusieurs, en ajoute d’autres, et les surpasse tous. […] Raison ridicule, qui mènerait à dire que pour les laïques les lieux publics ne pèchent pas même contre la bienséance. […] On a cru avec raison qu’il y avait toujours et du scandale pour le Clergé, et des dangers pour tout le monde, d’aller à la comédie.
Le Théâtre Grec comparé au Théâtre Latin ; raisons de l’infériorité du dernier. […] C’est une vérité reconnue ; mais on ne nous en a guères donné de raisons. […] C’est encore pour cette raison que les premières Comédies étoient toute satyriques. […] Ceux des Poëtes Latins, qui ont commencé à se faire connoître par leurs Tragédies, les écrivoient en Grec, & ce fut encore une raison du peu de progrès qu’ils firent dans cet art.
L’importance de l’affaire et la vénération du Poète pour ces sortes d’endroits n’en seraient-elles pas les raisons ? […] Il apporte d’excellentes raisons pour ne le point montrer au public. […] et y eut-il jamais plus de raisons d’en soupçonner et de s’en garantir qu’en cette rencontre ? […] Lorsqu’ils approuvent ou condamnent une chose ; n’est-ce pas une forte raison pour nous de l’approuver ou de la condamner ? […] On y élève en honneur les passions et les vices, qu’il est du devoir essentiel de la raison de mettre dans le décri.
Qu’au reste il ne lui a pas été difficile de changer de sentimens, & qu’après avoir examiné la chose à fonds, il est très convaincu que les raisons qu’on porte pour excuser la comédie, sont très-frivoles, & que celles que l’Eglise a pour la condamner, sont incontestables. […] L’Archevêque méprisa comme de raison, la lettre de Boursaut ; mais il crut devoir donner a son peuple le contre-poison. […] Aussi les raisons sont aussi solides que les rôles. […] A se mocquer de leurs adversaires, à les accuser de malignité, de jalousie, de corruption secrette, couverte d’un zele hipocrite : la plaisanterie, style du Théatre, la récrimination, défense ordinaire des criminels, sont de fort petites raisons dont le mensonge seul peut avoir besoin. 2°. […] La vue de tant de sang répandu dans le cirque, accoutume à le voir couler sans pitié, rend l’homme cruel, sanguinaire : des bêtes féroces lui apprennent à se faire un jeu de la vie de ses semblables, à plus forte raison à le sacrifier à ses intérêts.