Ce qui a été dit plus haut sur la corruption des prêtres comédiens, est prouvé par les canons des conciles de Carthage, de Mayence, de Tours, de Reims, de Chalon-sur-Saône m, etc., qui défendaient au clergé de jouer la comédie et d’assister à des représentations théâtrales. […] Il est donc prouvé que des moines et des prêtres, ainsi que des évêques et des archevêques, exercèrent en quelque sorte l’art du comédien ; mais plus souvent comme amateurs, pour leur plaisir. […] Son accusateur prétend prouver que ce prêtre a spéculé sur les malheurs d’une auguste victime de la révolution7, et qu’au moyen d’un faux matériel, il en a tellement imposé, qu’il est parvenu d’abord, à certaines époques, de ramasser à son profit d’abondantes aumônes ; et profitant d’un crédit usurpé, il aurait enfin obtenu l’une des meilleures cures de Paris, qui n’aurait dû être confiée qu’aux talents et à la science, unis à la vertu. Je ne me range point parmi les accusateurs de M. le curé de Saint-Germain l’Auxerrois ; mais de deux choses l’une, ou ce curé est coupable et il est indigne du poste qu’il occupe, ou il est innocent et alors son caractère sacré lui impose l’obligation de prouver publiquement et authentiquement son innocence, de la manière et sous telle forme que le jugeront convenables ses supérieurs. […] de Sénancourt ne sait donc pas que ce principe qu’il professe, se trouve inscrit positivement et clairement dans les constitutions de l’infâme société des jésuites dont on ne saurait trop dévoiler les doctrines fausses et horribles ainsi que tant d’auteurs l’ont prouvé et pour ainsi dire inutilement, tant est grande leur influence !
Je laisse rire ceux que la moindre chose étonne, & je vais prouver en peu de mot ce que j’avance. […] Enfin un dernier trait achèvera de prouver la ressemblance des Drames modernes avec les chefs-d’œuvres des Homère & des Virgile. […] Je pourrais étendre davantage ce parallèle ; mais en voilà bien assez pour en prouver la justesse, & pour égayer mon Lecteur, que j’ai cherché à distraire un instant.
Je sais bien que vous pourriez, pour justifier votre opinion, nous mettre au niveau des femmes par rapport à l’éducation : il vous serait facile de prouver que celle qu’on nous donne ne vaut guère mieux que celle que les femmes reçoivent. […] Ce que vous dites ci-dessus pour prouver que le spectacle ne peut porter le goût de la Vertu dans nos cœurs se trouve anéanti maintenant ; écoutez-vous vous-même. […] Tout ce que vous dites des Anciens à l’égard des femmes prouverait bien plutôt leur impolitesse que le cas qu’ils faisaient de leur Vertu. […] Elle fait des Vers par lesquels elle prouve que le génie n’est pas réservé seulement aux hommes : que ne puis-je traduire dignement une Tragédie qu’elle achève maintenant ! […] Dès que l’original paraîtra vous me saurez gré de mon scrupule, il me suffit de vous avoir prouvé par ce peu de vers qu’elle sait penser en grand homme.
C’est conclure sans façon par la chose qui est à prouver, et d’une comparaison tout à fait raisonnable. […] Que prouve donc l’usage des Spectacles chez les Religieux réguliersPage 28. […] Que prouve la présence du Souverain Pontife à ces Spectacles, où le Père le place si noblement ? Elle prouve ou que ces Spectacles sont très différents de ceux de Lully et de Molière ; ou que la corruption se glisse parmi les personnes qui en devraient être les plus exemptes. […] On peut prouver au contraire que lorsqu’il en a trouvé l’occasion, il a fait sentir aux Comédiens ce qu’il est, et ce qu’ils sont.
Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M. […] Si c’est là le genre de charge que vous attaquez, vous ne réussirez sans doute pas mieux à prouver le danger du spectacle. […] Prouvez encore un coup que nos mœurs sont mauvaises et que nos Drames entretiennent la corruption. […] Et M. de Marivaux ne vous prouve-t-il pas bien qu’on peut être un grand Philosophe, un excellent critique, sans être insolent ? […] En voilà sans doute assez pour vous prouver qu’on peut attaquer la fausse bravoure sur la scène sans indisposer le Public et sans choquer les mœurs.
» Et quoiqu’il n’ait pas coutume de parler à son désavantage, il avoue que les Spectacles faisaient de si grands changements dans son cœur, qu’il en retournait non seulement plus avare, plus ambitieux, plus amateur des plaisirs et du luxe : mais encore plus cruel et moins homme ; parce, dit-il, que j’ai été avec des hommes ; « Avarior redeo, ambitiosior, luxuriosior, imo vero crudelior et inhumanior, quia inter homines fui. » Que l’on prouve si on le veut, que les Comédies qui se jouent aujourd’hui ne peuvent causer que des passions innocentes, et des sentiments raisonnables, qu’on en conclue qu’il n’y a aucun danger, que ceux qui les représentent, nous communiquent les mouvements qu’ils expriment ; cela ne s’accorde point du tout avec l’expérience ; et s’il était ainsi, les gens du siècle pour qui elles sont faites, ne s’y divertiraient nullement. […] Il prouve invinciblement par ces belles paroles de Jésus-Christ à ses Disciples, « Pendant que le monde se réjouira, vous serez dans la tristesse », que l’on ne peut être heureux ici sur la terre et ensuite dans le Ciel, que chacun est heureux et malheureux à son tour […] Accordons à la coutume qu’on peut aimer les divertissements et les rechercher ; mais aussi ne saurait-on dénier que les plaisirs criminels ou dangereux, tels qu’on a prouvé qu’est celui de la Comédie, ne soient défendus.
Le prêtre qui refuse les prières de l’église et la sépulture à un acteur, pour le seul fait de sa profession, commet un véritable délit envers les lois civiles et ecclésiastiques, c’est ce que nous avons déjà prouvé dans le chapitre précédent, en parlant de MM les procureurs du roi, dont le devoir est de s’opposer à de pareils abus. […] La triste situation de nos voisins au-delà des Pyrénées, ne prouve que trop, combien ces craintes se réalisent effectivement de nos jours, par la complication des désordres anarchiques de la faction monacale et jésuitique ; que de parjures ! […] Cette supposition est entièrement contraire à la raison, puisque dans tout raisonnement, ce qui sert de preuve, doit être plus clair et plus connu, que ce que l’on veut prouver. On peut rapporter à ce sophisme, tous les raisonnements, où l’on voudrait prouver une chose inconnue, par une autre chose qui est autant ou plus inconnue, ou une chose incertaine, par une autre chose qui est autant ou plus incertaine. […] Suivant cet auteur si judicieux, je ne serai à ses yeux, qu’un hypocrite impie, irréligieux, athée, et séditieux, et ce ne sera qu’en haine de la religion, si je suis parvenu à prouver qu’il a complètement déraisonné ; mais après tout, est-il possible d’empêcher un loup furieux, de mordre, et de hurler ?
Il m’en coûte, je le confesse, de montrer, dans tout son jour, la faiblesse de mon adversaire ; je. n’aurai aucun mérite à prouver que, loin de me réfuter, il me donne gain de cause, et, par amour propre autant que par charité chrétienne, il me faut user de ménagemens : Je saurai n’en point manquer. […] Vous prouvez que dans une cause désespérée toutes armes sont bonnes. […] M. le Laïc, j’en suis bien faché, mais je me vois encore obligé de vous prouver que vous avez tort et que j’ai raison ; que s’il y a ignorance, quant aux conciles, ce n’est pas de mon côté ; que rien de ce que j’ai écrit n’a été hasardé, qu’aucune de vos assertions n’est soutenable et que fort innocemment vous avez dit la chose qui n’est pas. […] J’aurais pu, en multipliant les citations, ne pas me borner à Louis XIV dont, quoique vous en disiez, la danse ne fut pas le plus grand péché ; une foule de traits auraient prouvé que ce prince n’était pas le seul qui eût du goût pour cet exercice : on sait que le duc de Chartres, depuis Régent, s’attira l’admiration de toute la cour par un menuet et une sarabande qu’il dansa au mariage du duc de Bourgogne, où celui-ci se distingua lui-même en dansant une courante. Mais vous prétendez qu’un bal serait aussi dangereux aux Tuileries que dans tout autre lieu ; encore une fois, vous ne ferez croire à personne que dans le palais du Roi de France très-chrétien, les devoirs du catholique soient oubliés au point d’y permettre ce que la morale défend : on y donne chaque jour des exemples de piété, et pour prouver que le danger existe, il ne faudrait pas se borner à dire : il y a du danger.