Le reste de cet Article est vrai : mais le poids de la critique ne tombe que sur les Drames que le Projet propose de rejetter ou de corriger. […] Le renversement que je propose ici dans l’usage, est-il bien fondé ? […] C’est une vérité dont il est aisé de vous convaincre, par une histoire abrégée du Théâtre, que je me propose de vous lire demain. […] quelle source de nouveaux plaisirs ne découvre-t-on pas dans le Règlement proposé ? […] Quel mal voit-on dans ce que je propose à son sujet ?
Qui sont ceux qui proposent le plus communément une semblable objection ! […] Pour ceux qui ont un besoin réel et effectif de quelque divertissement, qu’ils en cherchent de convenables à la profession Chrétienne et à leur état particulier, car comme le besoin que nous avons de nourriture pour réparer ce que la chaleur naturelle consume et ce qui dépérit à tout moment, ne nous donne pas droit d’user de quelque aliment qui aurait des qualités malignes, et qui ne manquerait pas d’altérer nôtre tempérament, parce qu’il produirait un effet contraire à la fin que nous nous proposons, aussi la nécessité prétendue de se divertir n’autorisera jamais ces pernicieux passe-temps qui causent plus de ravages dans une âme, qu’une viande empoisonnée dans un corps, divertissez-vous à la bonne heure, mais comme des Saints, vous regardant en la présence de Dieu, lui offrant vos recréations, et les rapportant à sa gloire.
Ne la regarde-t-on pas comme une belle faiblesse qu’on propose à imiter ? […] Ses amis lui proposèrent un jour d’aller avec eux à l’amphithéâtre ; il résista à leur invitation et à leurs pressantes sollicitations : ils l’y entraînèrent de force.
On voit bien des incestes de fait ou d’imagination sur la Scène ; mais Corneille a marché par une autre route : il a supposé Léonce fils de Maurice, et par conséquent frère de Pulchérie ; par là les deux Amants sont saisis de la crainte de commettre un inceste, s’ils donnaient leur consentement au mariage que le Tyran leur propose ; et cette réflexion détruit en eux jusqu’à la moindre étincelle d’une tendresse suspecte, puisqu’ils ne se regardent que comme frère et sœur. […] Nous ne pourrions pas de nos jours proposer de pareils modèles ; ou, du moins, nous ne devrions jamais le faire, parce qu’ils blesseraient nos mœurs : aussi la Tragédie de Phèdre est elle du nombre de celles que je rejette : mais, dans Andromaque, il ne s’agit que d’un amour tout naturel, et qui, eu égard aux personnes et aux circonstances, n’a rien en soi de criminel ; cependant cette passion, toute simple qu’elle est, se trouve portée à un tel point de violence, dans Pyrrhus et dans Hermione, qu’elle produit tous les excès que nous voyons. […] A l’égard même du but qu’on se propose dans ces sortes de Pièces ; et c’est de corriger et d’instruire, il n’y a que deux voies pour y parvenir l’une en présentant le vicieux déshonoré par sa passion, l’autre en faisant voir la passion punie dans le vicieux.
S’ils font une sérieuse attention aux principes que je déduis, aux régles que je propose, en parlant souvent d’après les plus fameux Auteurs de Poètique, ils en sentiront l’importance, & s’éfforceront de les mettre en usage.
Il suffit d’avoir observé ce qu’il y a de malignité spéciale dans les assemblées, où comme on veut contenter la multitude, dont la plus grande partie est livrée aux sens, on se propose toujours d’en flatter les inclinations par quelques endroits : tout le théâtre applaudit quand on les trouve ; on se fait comme un point d’honneur de sentir ce qui doit toucher, et on croirait troubler la fête, si on n’était enchanté avec toute la compagnie.
[NDE] « toutes autres » dans l’original ; après Urbain et Levesque, nous reprenons la correction proposée par Ledieu.
, et il ne faut pas s’imaginer qu’il ne parle que pour les moines ; puisqu’au contraire, et ses paroles et ses preuves et tout l’esprit de ses discours démontrent qu’il veut proposer les obligations communes du christianisme, comme étant d’autant plus celles des moines, qu’un moine n’est autre chose qu’un chrétien qui s’est retiré du monde pour accomplir tous les devoirs de la religion chrétienne.