CHAPITRE PREMIER.
La grace de Jesus-Christ produit dans les prédestinés une aversion pour toute vanité, & pour les spectacles de la Comedie : Saint Luc au livre des Actes des Apôtres parle des premiers Chrétiens comme des gens livrés & devoués à la grace ; & ces gens ne paroissoient jamais aux spectacles de la Comedie : ou s’il y en paroissoit quelqu’un, on le regardoit délors comme un Apostat & un Infidéle. […] Dieu par sa grace se trouve auprés d’elle les matins pour entendre de sa bouche quelque sacrifice, & être le depositaire des premiers soins de chaque jour : tourne-t-elle aussi le cœur vers lui pour l’offrir au Créateur ? […] quelles sont ordinairement ses premieres pensées, & son premier soin ? […] Or les saints Peres m’apprennent, que d’abandonner les spectacles de la Comedie c’étoit une marque de Religion, & une marque bien autentique dans l’estime commune des premiers chrétiens, qui jugeoient selon la morale de Jesus-Christ.
Songez que je vous apporte mes premiers vœux, mes premiers regards ; on dit que le cœur des mortels attend nos premiers sentiments, pour être rempli ? […] Non, je crois les plaisirs nécessaires ; je ne les fuirais pas, s’ils avaient conservé leurs premiers charmes : ils étaient faits pour nous rendre heureux ; mon cœur, sans les avoir jamais connus, en chérira toujours l’image ; mais ils ne sont plus, ils ont péri par les mains qui nous les dispensaient….
Ie croiray sans peine tout ce que m’en diront les habiles ; ie suis prest à donner tel encens que l’on voudra à ces premiers Genies, qui ont défriché la Scene, & qui ont donné le iour à l’Art. […] A l’egard du premier, il seroit a besoin de regler cette trop grande égalité qui regne parmy eux, & qui leur fait souvent preferer les mauvais avis aux meilleurs ; qui fait naistre dans une Troupe un orgüeil intraitable, & des opiniatretez seditieuses & mal fondées.
Les législateurs ecclésiastiques sont les évêques et les prêtres qui ont composé nos premiers conciles, ces conciles étaient, par rapport à la religion et à l’Eglise, ce que sont nos assemblées législatives par rapport à nos lois et à la politique qui régit les Etats ; les lois émanées des conciles se nomment décrets et les articles de ces décrets s’appellent canons, c’est-à-dire, articles de la loi. […] Car, en matière de religion, l’exemple est le moteur le plus fort et le plus victorieux ; le sang des premiers martyrs a amené des flots de sang, parce que chacun voulait payer de sa vie son entrée dans la foi, et obtenir la couronne céleste, en mourant pour le fils de Dieu qui en était le suprême dispensateur ; Et puisque les ecclésiastiques veulent soumettre les autres chrétiens à l’observation des décrets des conciles, et qu’au moment de leurs décès ils leur font la fausse application de sentences exterminatoires, il est de toute justice, de toute pudeur publique qu’ils rentrent eux-mêmes dans la volonté de leurs propres lois, et qu’ils s’en montrent les fidèles et les zélés observateurs.
Solution burlesque, où la charité, cette première loi du Christianisme, n’étoit pas moins insultée que le bon-sens. […] C’est abuser des mots que d’employer cette expression pour caractériser des hommes du premier ordre qui ont embrassé avec succès plus d’objets que d’autres, comme Aristote, Cicéron. […] Ce morceau du premier Acte, De cette nuit, Phénice, as-tu vû la splendeur, jusqu’à ce vers, le monde en le voyant eût reconnu son maître, est véritablement sublime. […] Tels sont particuliérement les deux morceaux sur la Puissance de Dieu, l’un dans la bouche de Mardochée, au premier Acte : Pour dissiper leur ligue il n’a qu’à se montrer, Aussi-tôt dans la poudre il les fait tous rentrer…. […] Tant il est vrai que l’envie, la cabale, singuliérement le mauvais goût combattent quelquefois, étouffent même le succès des meilleurs ouvrages, & la réputation des Ecrivains du premier ordre.
Si vous mandons, que du contenu en ces Presentes, vous ayez à faire jouyr ledit Exposant, pleinement & paisiblement, cessant & faisant cesser tous troubles & empeschemens au contraire : Voulans en outre que mettant au commencement ou à la fin dudit Livre, coppie des Presentes ou Extrait d’icelles, elles soient tenuës pour bien & duëment signifiées ; commandons aussi au premier nostre Huissier ou Sergent sur ce requis : faire pour l’execution des Presentes, tous Exploits necessaires, sans pouvoir demander autre permission, nonobstant clameur de Haro, Charte Normande, & Lettres à ce contraires Car tel est nostre plaisir : Donné à Paris, le jõur de l’an de grace, mil six cent soixante-sept, & de nôtre Regne le vingt-cinq.
Première Lettre.