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5. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

Vient-il seulement, comme l’Auteur du Discours le dit par rapport à l’imitation, de ce qu’un tel événement me présente une occasion de juger, ce que je ne fais jamais sans une secrete satisfaction ? […] Vient-il seulement, comme l’Auteur du Discours le dit par rapport à l’imitation, de ce qu’un tel événement me présente une occasion de juger, ce que je ne fais jamais sans une secrete satisfaction ? […] Je sens naître dans mon cœur des mouvements de respect & d’admiration : ce n’est plus seulement l’Art qui me frappe, c’est l’objet même que l’Art me présente. […] Il en est de même lorsque la Lunette appelle, pour ainsi dire, la façade d’un Palais éloigné, & l’oblige à se présenter devant moi. […] Mais je voudrois aussi que remontant de cause en cause jusqu’à la premiere, il nous expliquât les raisons de ce plaisir que nous prenons à juger ; & dans ce moment, il ne s’en présente que trois à mon esprit.

6. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — REGLEMENTS. Pour la Réformation du Théâtre. » pp. 99-116

A cet effet il serait obligé de produire des témoins et de présenter des Certificats en bonne forme : il se soumettrait sans réserve à tous les règlements du nouveau Théâtre ; et, si dans la suite il manquait à son devoir, ou que sa conduite se dérangeât, et qu’enfin on fût obligé de le congédier du Théâtre, il sortirait sans aucune récompense. […] Avant qu’une Pièce nouvelle puisse être présentée au Conseil, qui seul a droit de la recevoir, il faudra qu’elle ait passé par quatre examens particuliers. […] Quant aux difficultés qui peuvent se présenter dans l’exécution, je n’en trouve point d’insurmontables. […] Sans prétendre qu’il arrive dans les hommes une métamorphose si générale, je ne désespère pas qu’une bonne partie des Spectateurs ne se déclare en faveur du nouveau Théâtre, par les motifs que j’ai présentés plus haut : quant à ceux qui ne goûteraient pas ces motifs, je suis réduit à les plaindre de ce qu’ils n’ont pas la force de secouer le joug d’une mauvaise habitude : j’avoue cependant qu’il pourrait bien arriver que, dans les commencements, l’affluence des Spectateurs ne fût pas grande ; mais en ce cas la caisse du Théâtre suffira, pour soutenir la dépense, avec ses propres fonds, et tous les autres secours que nous marquerons plus bas.

7. (1641) Déclaration du roi

Et en cas que lesdits Comédiens contreviennent à notre présente Déclaration, nous voulons que nos dits Juges leur interdisent le Théâtre, selon la qualité de Faction ; sans néanmoins qu’ils puissent ordonner plus grande peine que l’amende, ou le bannissement. […] Ce que nous faisons afin que le désir qu’ils auront d’éviter le reproche que l’on leur à fait jusqu’ici, leur donne autant de sujet de se contenir dans les termes de leur devoir aux représentations publiques qu’ils seront, que la crainte des peines qui leur seraient inévitables, s’ils contrevenaient à la présente Déclaration.

8. (1824) Du danger des spectacles « INTRODUCTION. » pp. 1-3

Mais nous vivons dans un temps où une discussion libre et un examen de bonne foi de toutes les opinions ne manquent pas d’être accueillis, lorsqu’ils sont présentés avec la décence convenable. Nous osons donc espérer qu’on voudra bien parcourir avec attention ces pages où nous avons présenté l’opinion de plusieurs écrivains illustres et moraux, touchant les plaisirs de la scène.

9. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

Le Théatre de la Nation, la France entiere : ce sont des grands mots qui ne signifient rien, ou qui ne présentent qu’une idée ridicule. […] Il en présenta une seconde, & en a vainement sollicité la lecture pendant un an. […] Mercier se soit présenté à leur autel les mains vuides. […] Ces premiers succès l’encouragerent ; il composa une septieme piece, & la présenta à la Comédie Française. […] Cette condition interdit évidemment aux Comédiens toutes discussions sur la décence des ouvrages qui leur sont présentés.

10. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VIII. Les spectacles favorisent les duels. » pp. 93-95

« Quel usage plus ridicule, dit Jean-Jacques Rousseau, que celui qui présente l’opinion la plus extravagante et la plus barbare qui jamais entra dans l’esprit humain, savoir, que tous les devoirs de la société sont suppléés par la bravoure, qu’un homme n’est plus fourbe, fripon, calomniateur, qu’il est civil, humain, poli, quand il sait se battre ; que le mensonge se change en vérité, que le vol devient légitime, la perfidie honnête, l’infidélité louable, sitôt qu’on soutient tout cela le fer à la main ; qu’un affront est toujours bien réparé par un coup d’épée, et qu’on n’a jamais tort avec un homme, pourvu qu’on le tue ! […] Ces maximes font sur l’esprit des spectateurs de mauvaises impressions, sans même qu’ils s’en aperçoivent, affaiblissent l’horreur qu’ils ont pour ce crime, le leur font regarder comme une action héroïque, et les disposent à le commettre eux-mêmes lorsque l’occasion s’en présentera.

11. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

La Comédie Satyrique présentait d’abord une face avantageuse. […] Mais une Nation douce & polie, où chacun se fait un devoir de conformer ses sentimens & ses idées aux mœurs de la Société ; où les préjugés sont des principes ; où les usages sont des loix ; où l’on est condanné à vivre seul, dès qu’on veut vivre pour soi-même ; cette Nation ne doit présenter que des caractères adoucis par les égards, & que des vices palliés par les bienséances. […] Indépendamment de l’étude réfléchie des mœurs du grand monde, sans laquelle on ne saurait faire un pas dans la carrière du Haut-comique, ce genre présente un obstacle qui lui est propre, & dont un Auteur est d’abord effrayé : la plupart des ridicules des Grands sont si bien composés, qu’ils sont a peine visibles : leurs vices sur-tout, ont je ne sais quoi d’imposant, qui se refuse à la plaisanterie : mais les situations les mettent en jeu. […] La Farce est l’insipide exagération, ou l’imitation d’une nature grossière, indigne d’être présentée aux yeux des honnêtes-gens. […] Mais une division plus essencielle se tire de la différence des objets que la Comédie se propose : ou elle peint le vice, qu’elle rend méprisable, comme la Tragédie rend le crime odieux ; de-là le comique de caractère : ou elle fait les hommes le jouer des évènemens ; de là le comique de situation : ou elle présente les vertus communes avec des traits qui les font aimer, & dans des périls ou des malheurs qui les rendent intéressantes ; de-là le comique attendrissant.

12. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — CINQUIEME PARTIE. — Tragédies à rejeter. » pp. 235-265

Ce ne sont pourtant pas là les beautés dont je voudrais qu’on fit usage sur la Scène ; elles seraient admirables dans un Roman : quant au Théâtre de la Réforme, il n’adopterait jamais une passion d’amour telle que celle de Chimène et de Rodrigue ; et ne permettrait pas à un Amant de tuer le père de sa Maîtresse, ni à la Maîtresse d’épouser ensuite son Amant : outre que ce sont là des objets qui, selon moi, ne devraient jamais être présentés aux Spectateurs ; les chemins par où l’on passe, pour arriver à ces excès, avec tant de Scènes de tendresse, ne sont propres qu’à corrompre le cœur humain ; et, quant à moi, je ne l’admettrais point, quelque correction qu’on pût y faire. […] Si donc l’amour de Mithridate a fait paraître dans cette Pièce beaucoup d’esprit et d’imagination, je dis qu’il les a employés en pure perte, puisqu’au lieu de corriger et d’instruire, il ne nous présente que de mauvais exemples, et qu’il donne de mortelles atteintes aux bonnes mœurs et à la bienséance. […] Je déteste surtout le tableau qui pendant toute la Tragédie est sans cesse devant mes yeux, de deux frères qui aiment Rodogune et qui nous présentent presque à la fois des traits d’un Héroïsme manqué, et d’une véritable faiblesse. […] L’amour, traité avec cette espèce d’inaction, ne fera jamais une grande impression sur les Spectateurs, soit pour l’instruction, soit pour le mauvais exemple ; ainsi ce que l’on peut faire de mieux, selon moi, est de ne jamais exposer aux yeux du Public une Pièce dont le fond et le dialogue ne présentent qu’une passion illicite, soit de la part de la Reine, soit de la part de la Duchesse ; quoiqu’elle ne porte pas de grands coups ni en bien ni en mal. […] La Tragédie de Venceslas de Rotrou nous présente la passion d’amour dans un point de vue qui de notre temps ne serait jamais souffert sur le Théâtre.

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