Comparez deux hommes dont l’un sort de prison, l’autre revient du spectacle ; vous verrez celui-ci flétri, troublé, plein de dégoût & de chagrin ; celui-là, libre, dégagé, prêt à tout, comme s’il avoit des aîles. […] Vous en sortez plein de ces idées, elles vous reviennent pendant le sommeil, & souillent votre cœur par de mauvais songes. […] L’homme sage au contraire, qui sait donner un frein à cette passion, & comme un athlète plein de courage sait la combattre & la vaincre, en ressent la plus pure joie.
Ce qui est plein de profanation de l’Ecriture Sainte, d’ordures et de dissolutions, de blasphèmes et invocations des Dieux Païens, ne doit être toléré en l’Eglise Chrétienne : La matière des Jeux Comiques et Tragiques est telle : Ils ne doivent donc être tolérés en l’Eglise Chrétienne.
Si elle a quelque défaut naturel, on supplée à tout, les poudres changent la couleur des cheveux, le fard et les pommades unissent les visages, qui ne le sont pas ; les corps de jupes sont pleins d’artifice, pour corriger les défauts, et pour couvrir les difformités de la taille ; on charge ensuite le corps de rubans, dont la diversité des couleurs répond à la diversité des passions. […] Comment voulez-vous que ces personnes, qui la composent, qui ont la même passion infiniment plus vive et plus ardente, dont le corps est nourri si délicatement, vêtu avec tant de mollesse, et de luxe, assiégées de jeunes gens, qui abandonnent tous leur sens, pour en boire le poison avec plus de liberté, qui jettent mille regards malhonnêtes, leurs yeux étant comme des canaux voluptueux par où passe l’amour, et comme les ambassadeurs de cette infâme passion, qui ont des entretiens pleins de tendresse, et souvent pleins de dissolutions : quand il ne se passerait point autre chose, pouvez-vous dire en bonne foi, que les uns et les autres sont chastes ? […] Chacun de son côté fait diverses postures de son corps, l’âme se répand toute par les yeux qui sont pleins de douceurs et d’œillades lascives : on s’échauffe dans cet exercice : on cherche à se plaire l’un à l’autre, et on s’empresse de se rendre mutuellement des témoignages de l’estime et de l’affection dont on se trouve possédé. […] C’est pour ce sujet, que je veux vous rapporter ce qu’en a écrit une personne pleine de piété et de lumière.
Elles ont leurs Prêtres et leurs Prêtresses qui entretiennent leur culte avec le plus grand zèle, des Prédicateurs pleins d'esprit et de talents qui en débitent la morale et lui gagnent une foule de prosélytes, des Dévots innombrables qui viennent assidûment l'écouter et la mettent fidèlement en pratique, et dans leur sainte impatience vont dans des chambres pratiquées à dessein autour du Temple en faire dévotement les exercices. […] On y entend des cantiques pleins d'onction, accompagnés de la musique la plus brillante, tantôt vive et légère, tantôt grave et majestueuse, tantôt triste et lugubre, le plus souvent tendre et voluptueuse. […] Ainsi pleine d'erreurs qu'elle croit légitimes, Sa tranquille vertu conserve tous ses crimes. » Voilà l'Evangile du théâtre. […] Dévoré d'un saint zèle, il va tout entreprendre pour sa gloire ; il est si plein de respect pour Jupiter, Apollon, Mars, quel va être son courage pour la cause du Dieu véritable ! […] Qui a plus d'éloignement de la prière, des saintes lectures, des bons discours, et de tout exercice de piété, qu'un homme plein des frivolités du théâtre ?
Il en est de même de la requête & des Factums qui sont pleins d’esprit. […] ce sont les plaintes journalieres dont tout retentit, dont les livres sont pleins. […] Il est des villes, sur-tout dans les provinces méridionales, où la chaleur du climat fait bouillir les humeurs, des villes où à certains jours de l’année les rues sont pleines de ce chaos ; on diroit que toute la ville est dans un accès de démence. Les chevaux courent à toute bride chargés de masques ; les ânes y étalent des insensés dans des attitudes d’ivrogne ; les charrettes, les carrosses, les chaises pleines de gens masqués, roulent toute la journée. […] Tout est plein de dangers dans le monde, on nous attaque de toute part.
dit qu'elle commençait toujours par l'honneur des Dieux, et que c'est un sentiment de Religion de nommer le Théâtre un Temple ou un Sanctuaire et la procession qui se faisait dans Athènes aux Bacchanales pour sacrifier à Bacchus le Bouc dont on avait honoré le Poète vainqueur en la dispute de la Tragédie, était estimée si religieuse, que Plutarque se plaint de ce que la pompe orgueilleuse de son temps avait corrompu la simplicité de son origine ; Car il n'y avait au commencement qu'une cruche pleine de vin, et un cep de vigne au-devant du Bouc, suivi de celui qui portait une corbeille pleine de figues, avec quelques marques de l'impudence de cette superstition ; mais par le cours des années la pompe en était devenue si superbe, que sans s'arrêter aux vieilles cérémonies, on y voyait une infinité de gens masqués, grand nombre de vases d'or et d'argent, de riches habits et des chariots magnifiques, dans la croyance qu'ils honoraient ainsi plus dévotement que leurs aïeux cette Divinité chimérique : Et comme l'institution et la célébration de Jeux du Théâtre n'avait point d'autre fondement que la dévotion des Païens envers leurs Dieux, ils y ont presque toujours représenté leurs personnes, et les miracles qu'ils avaient faits.
Evremond qui n’est plus, me réplique : convaincu de mon insuffisance, et toujours plein de la même estime pour lui, je ne l’attaque point, tout mort qu’il est. […] Mais ces légers changements ne doivent point offenser les parties intéressées ; parce qu’ils sont inévitables, et qu’ils n’altèrent point le fonds d’un ouvrage : j’ai même eu la précaution de les citer à la marge ; du moins j’en ai cité assez pour qu’on ne revendique point ceux que je laisse, afin de ne pas surcharger les marges déjà pleines des citations de mon Auteur.
Toutes ces comédies, selon son goût, sont pleines de malignité & de licence. […] Ville pleine de courtisannes à tout prix, & où l’on voit des théatres & des actrices commodes à toutes les places publiques. […] Tout étoit plein de factions & de guerres en Italie : chaque parti vouloit décrier ses adversaires, & le faisoit écrire ; sa plume vénale se prêtoit à tout, & chacun la faisoit valoir. […] de Boispréaux, très-bien écrire, pleine de recherches, que cet homme ne méritoit pas qu’on fit pour lui. […] A ces folies près, le Tasse étoit un homme aimable, plein d’esprit, plus habile que ne sont ordinairement les poëtes, une ame noble, un bon cœur, un fond de religion qu’il avoit sucé avec le lait.