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119. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XV. Les spectacles éteignent le goût de la piété. » pp. 133-137

une expérience journalière nous apprend qu’on perd le goût de tous les biens spirituels en s’abandonnant aux plaisirs grossiers des spectacles, que les actions même sérieuses et communes deviennent à charge, qu’on n’aime plus qu’à se satisfaire, et que ce désordre est si funeste à l’homme, qu’il ruine entièrement en lui toutes les qualités de l’esprit et du cœur, et devient la source de tous les vices. […] « Combien de personnes qui, avant de connaître ce funeste plaisir, ne trouvaient de joie et de consolation que dans la pratique des œuvres de justice ! […] « Doutera-t-on, après cela, qu’une source d’où coulent tant de désordres ne soit une source infecte, et que des plaisirs si contraires à l’innocence et à la vertu ne soient interdits aux chrétiens ?

120. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

Quel plaisir pourrais-je y goûter ? […] Ce plaisir, je l’avoue, répugne à ma conscience, et si tout le monde faisait comme moi, le théâtre se fermerait bientôt ; mais lorsque la bienséance l’exige, lorsque des amis réclament ma complaisance pour les y conduire, je ne suis point assez ridicule pour m’y refuser. […] Entre tous les plaisirs dangereux pour la vertu il n’y en a pas qui soient plus à craindre que ceux du théâtre. […] On disait que dans un temps de grande misère, il s’était introduit dans un bal public, qu’il y avait fait une quête pour les pauvres, et que satisfait de ce qu’il y avait recueilli, il était sorti en souhaitant bien du plaisir à la compagnie. […] O vous tous, que l’attrait du plaisir entraîne vers ces lieux dangereux, pesez bien ces réflexions avant de franchir le seuil, qui y conduit, et vous reculerez d’effroi.

121. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

Passons aux plaisirs de l’esprit, dont Salomon ne parle pas. […] C’est un elixir de tous les plaisirs. […] Ces plaisirs, pour être si vains, furent-ils moins dangereux pour le plus sage des hommes qu’ils firent apostasier ? […] Le plaisir que vous y goûterez, ne vaut pas un morceau de pain : Prætium vix unius panis. […] Elles s’étoient enivrées de ses plaisirs, le regardant comme leur Dieu, & elles n’avoient jamais aimé qu’elles mêmes.

122. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

Considération de la fin des spectacles comiques et tragiques, et du plaisir qu’on y prend. […] Les Acteurs ont pour but de donner du plaisir et du passe-temps aux spectateurs, et en tirer, du gain et du profit. […] Ceux donc qui le font pour donner du plaisir, et pour efféminer les hommes, et rendre les femmes impudentes, sont en abomination à Dieu ; et ceux qui prennent plaisir à ce déguisement contre nature, ne peuvent s’excuser devant Dieu. […] Peut-il regarder vers ceux qui font les insensés ès cirques à la façon des bacchantes, et qui prennent plaisir de voir imiter les sales amours ès théâtres ? […] Nous corrigeons « vicieuses » et « pernicieuses » en « vicieux » et « pernicieux » (les voluptés et les plaisirs).

123. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre premier. » p. 162

I l est de nos plaisirs comme de nos sciences. […] Cette conformité avec les plaisirs anciens, dont nous venons de parler, ne m’empeschera pas de donner icy quelques avis sur nos Spectacles & sur nos divertissemens.

124. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177

est-il sorte de rafinement & d’embellissement qu’on ne mette en œuvre pour charmer le cœur par le plaisir ? […] Ici c’est une narration douce, insinuante, animée, agréable, qui se fait écouter avec plaisir & goûter ses leçons ; qui l’ignore ? […] Elle disoit un jour à une personne qu’elle honoroit de sa confiance : Je ne conçois pas comment on peut goûter quelque plaisir aux représentations du théatre, pour moi c’est un vrai supplice. […] Cette réflexion m’occupe & m’absorbe toute entiere pendant le spectacle : quel plaisir pourrois-je y goûter ? […] Voici des meurtres plus déplorables, des gens qui tuent leur ame, qui se damnent pour me divertir ; quel plaisir puis-je y goûter ?

125. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

La Religion n’est pas entendue dans un si grand fracas de plaisirs ; rien n’est du goût que ce qui flatte les sens, et parmi tant d’objets si capables de plaire, et qui plaisent en effet, l’âme sera-t-elle maîtresse de ses désirs ? […] Quels sentiments aurait eu Jésus-Christ des fidèles qu’il formait, s’il avait jugé nécessaire de leur interdire par une loi expresse, des plaisirs païens ? […] Que signifie autre chose, tout ce que l’Ecriture sainte dit de l’extrême pureté du cœur, qui est comme la base de la vie chrétienne, tout ce qu’elle dit de la mortification des sens, de la légèreté de l’esprit, de la faiblesse de la chair, de la force des passions, de la malice et des ruses du tentateur, du danger de s’exposer aux moindres occasions d’être tenté ; enfin, tout ce qu’elle dit de l’attention, et de la vigilance sur les désirs, de la modération des plaisirs, des victoires sur son propre cœur, de la perversité des maximes et des joies mondaines. […] Nul autre langage n’est reçu dans ces lieux de plaisirs. […] Qu’on se fasse un système de conscience, tel qu’on voudra ; que les libertins raisonnent tant qu’ils voudront, il sera toujours faux que les spectacles profanes soient licites ; il sera toujours vrai que les dangers qu’on y trouve, les dispositions qu’on y apporte, la Religion qu’on professe, le sentiment et l’exemple des Saints qu’on respecte, les obligations qu’on a, et l’édification qu’on doit, que tout cela interdit aux Chrétiens la comédie, les spectacles profanes, et toutes ces assemblées de plaisirs, d’où l’on ne sort presque jamais, que moins Chrétiens.

126. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132

« Or, pour savoir si cette idée peut s’allier avec celles des spectacles, il suffit d’examiner ce que c’est que le spectacle ; il suffit de remarquer, avec Tertullien, que c’est une assemblée d’hommes mercenaires, qui, ayant pour but de divertir les autres, abusent des dons du Seigneur, pour y réussir, excitent en eux-mêmes les passions autant qu’ils le peuvent, pour les exprimer avec plus de force : il suffit de penser, avec saint Augustin, que c’est une déclamation indécente d’une pièce profane, où le vice est toujours excusé, où le plaisir est toujours justifié, où la pudeur est toujours offensée, dont les expressions cachent le plus souvent des obscénités, dont les maximes tendent toujours au vice et à la corruption, dont les sentiments ne respirent que langueur et mollesse, et où tout cela est animé par des airs qui, étant assortis à la corruption du cœur, ne sont propres qu’à l’entretenir et à la fortifier : il suffit de comprendre que c’est un tableau vivant des crimes passés, où on en diminue l’horreur par la manière de les peindre : il suffit de considérer, avec tous les saints docteurs, que le théâtre est un amas d’objets séduisants, d’immodesties criantes, de regards indécents, de discours impies, animés toutefois par des décorations pompeuses, par des habits somptueux, par des voix insinuantes, par des sons efféminés, par des enchantements diaboliques. […] Un chrétien qui ne doit connaître que la mortification et la pénitence, qui, dans son baptême, a renoncé à la chair ; qui s’est engagé par là à ne pas vivre selon les sens, à ne pas flatter les désirs corrompus de son cœur, peut-il fréquenter des endroits où tout ne lui inspire que l’indolence, la mollesse et le plaisir ? […] Ceux qui se divertissent toujours, et qui sentent le besoin d’aller au spectacle, pour y trouver un remède au dégoût, qui accompagne naturellement la continuation des plaisirs, ne doivent-ils pas considérer ce besoin comme un vice d’habitude, dont ils doivent se défaire en s’occupant sérieusement ? […] Si des plaisirs si cruels, qui ne devaient inspirer que de l’horreur, étaient capables de produire de tels effets, que sera-ce des spectacles de nos jours, où, loin de révolter, tout amollit et flatte, où l’on n’éprouve que les attaques d’une insinuante volupté ? […] N’est-ce pas le comble de la misère de ne pouvoir trouver de plaisir que dans ses propres maux, et de récompenser ceux qui apprennent à les entretenir et à les rendre incurables ?

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