Je plains votre Ordre, je suis persuadé que votre Lettre lui a fait de la peine, on en ressentirait à moins : peut-être même lui fera-t-elle du tort. […] On n’est que trop persuadé que la plupart ne sont engagés dans leur profession que par la vue d’un intérêt sordide ou par le libertinage. […] Quoique vous n’en croyiez pas la lecture défendue à un Théologien, il y a longtemps que je suis persuadé qu’il doit mieux employer son temps. […] Je ne sais si vous trouverez que j’en ai dit assez, pour vous persuader que cette seconde condition ne se trouve pas dans les Comédies que vous avez eu dessein de justifier. […] Vous ne nous persuaderez pas qu’elles inspirent de saintes pensées et de pieuses affections : rapportons-nous-en aux Vers de la Satyre dont j’ai déjà parlé.
Je conviens que le Poète pouvait se dispenser de mettre dans la bouche de Pauline le mot d’amour, qui force Polyeucte à lui faire la réponse que nous venons de voir ; mais on ne doit pas oublier qu’elle est Payenne ; elle a recours, pour persuader son mari, aux plus fortes armes dont elle pouvait faire usage : si Pauline avait été Chrétienne, Corneille ne lui aurait pas fait tenir un pareil langage ; ou, s’il l’eût fait, on aurait pu, avec justice, le lui reprocher. […] Je suis donc persuadé que cette Tragédie doit rester au Théâtre, comme un ouvrage qui non seulement ne peut pas avoir de suites dangereuses, mais qui, au contraire, est très capable de produire un grand bien. […] « En un mot, dit-il, je suis persuadé que les tendresses, ou les jalousies des Amants ne sauraient trouver que fort peu de place parmi les incestes, les parricides et toutes les autres horreurs qui composent l’histoire d’Œdipe et de sa malheureuse famille. » M. […] Si pourtant on se donne la peine de lire avec attention la mort de César, de M. de Voltaire, je suis persuadé qu’on conviendra que, dans toute Pièce aussi bien imaginée et aussi rigoureusement écrite que celle-ci, les rôles des femmes peuvent être supprimés, sans que les Spectateurs les regrettent.
J'espère qu'il touchera leur conscience, et qu'il leur persuadera aisément de sortir volontairement, leur faisant connaître qu'il n'y a que ceux qui se portent à faire cette pénitence, qui soient véritablement dans l'Eglise : au contraire ceux qui vivant dans le dérèglement demeurent dans notre communion, quoi qu'ils soient ici présents de corps, ils en sont néanmoins séparés, plus véritablement que ceux qu'on a mis dehors, de telle sorte qu'il ne leur est pas encore permis de participer à la sainte Table, car ceux qui selon les Lois divines ont été chassés de l'Eglise, et demeurent dehors, donnent quelque bonne espérance par leur conduite qu'après s'être corrigés des péchés pour lesquels ils ont été chassés de l'Eglise, ils y rentreront avec une conscience pure ; mais ceux qui se souillent eux-mêmes, et qui étant avertis de se purifier des tâches qu'ils ont contractées par leurs crimes, avant que d'entrer en l'Eglise, se conduisent avec impudence, ils aigrissent l'ulcère de leur âme, et rendent leur mal plus grand; car il y a bien moins de mal à pécher, qu'à ajouter l'impudence au crime qu'on a commis, et à ne vouloir pas obéir aux ordres des Prêtres. […] Saint Paul nous a défendu les paroles de raillerie, et celles qui ne tendent qu'à un vain divertissement ; mais le Démon nous persuade d'aimer les unes et les autres. […] Ils leur applaudissent pour des choses pour lesquelles on les devrait lapider, et ils s'attirent ainsi sur eux-mêmes par ce plaisir malheureux le supplice d'un feu éternel ; car en les louant de ces folies, on leur persuade de les faire, et on se rend encore plus digne qu'eux de la condamnation qu'ils ont méritée.
Mais le bon accueil que ce premier Ouvrage a reçu de toutes les personnes d'honneur et d'esprit, me persuade que celui-ci ne sera pas mal venu.
Aussi je suis persuadé que c’est une composition de quelque bel esprit aventurier, et non pas un écrit du Prince d’Orange.
On me dira peut-être, il est inutile et superflu de vous tant échauffer contre la comédie ; superflu, parce que tout le monde fait ce que vous avez à dire, sent par expérience, et dans le fond est persuadé qu’on ne peut en conscience y aller ; inutile, parce que malgré vos exhortations et celles de tous les Prédicateurs du monde, malgré ces connaissances, cette persuasion et ces remords, on n’y ira pas moins. Cela peut être ; mais ne doit-on ni prêcher, ni écrire contre le vice, parce que tout le monde est persuadé que l’impureté, l’usure, la médisance sont des crimes, et que malgré ces connaissances et ces remords il y aura encore des libertins et des usuriers ?
Suivant le sentiment des personnes les plus graves, l’amour et les femmes fournissent les deux principaux motifs de la réformation du Théâtre ; mais je suis persuadé que quiconque proposerait de les en bannir, bien loin d’être écouté, ne ferait que s’attirer les railleries de la plus grande partie des hommes. […] Si le Théâtre moderne avait commencé par la passion d’amour, je suis persuadé qu’on l’aurait étouffé dès le berceau.
Les Dames, auxquelles vous avez montré ma Lettre, craignent d’être privées de ce qui les flâte ; elles voudroient bien vénir à bout de me persuader, que ce, qu’elles desirent, est honnête & innocent. […] Je veux la supposer telle, qu’elle se pique d’être : point d’attachemens, point d’intrigues : elle a des amitiés innocentes, liaisons honnêtes : j’en conviens : mais pour cela elle n’est pas dans le chemin du salut : elle s’en peut flâter tant qu’elle voudra ; je suis persuadé du contraire, & je vais le lui montrer. […] La devote fait quelque chose indigne de sa profession, si elle assiste à la Comedie ; & une fille de Jesus-Christ se persuade, qu’il n’y a rien de messéant à un si grand nom de se trouver au Theatre ? […] Hé bien, si Madame sa parente lui vouloit persuader, qu’elle montât le Theatre, & y fît la Comedienne, suivroit-elle ce conseil ?