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110. (1731) Discours sur la comédie « PREFACE » pp. -

A entendre parler diverses personnes qui faisaient alors profession des armes, rien n’était plus grand, plus digne des Chrétiens, et plus méritoire que ces jeux, parce qu’on se rendait ainsi capable d’aller exterminer les Infidèles. […] Quoi qu’on ne puisse pas persuader à tout le monde, combien les spectacles sont dangereux, l’Eglise n’est pas moins assurée que tous les Théâtres, et les personnes qui les fréquentent, qui les autorisent, ne sont que de l’ivraie qui croît parmi les Chrétiens. […] Vous ne regardez personne impudiquement, à la bonne heure, mais l’on vous regarde impudiquement. […] Quand même les Lois Civiles permettraient des abus, et que plusieurs personnes les autoriseraient, il ne faudrait pas se dispenser de crier. […] C’est ce qui arriva à saint Augustin, lorsqu’il prêcha avec véhémence à Césarée en Mauritanie, contre ces jeux cruels et extravagants, où les personnes d’une même Ville, parents, amis, citoyens se divisant en deux bandes, s’attaquaient à coups de pierre.

111. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre VI [V]. Élizabeth d’Angleterre. » pp. 142-187

Elizabeth fut élevée comme les personnes de sa qualité. […] Personne ne parleroit de sa littérature, si elle n’eût été sur le trône. […] Pour sa personne, rien n’étoit épargné. […] La grossiereté de sa conversation étoit une autre indécence peu commune aux personnes de son rang, qui venoit d’une mauvaise éducation. […] Un exemple est un fait ; une personne est un modele, & non pas un exemple.

112. (1691) Nouveaux essais de morale « XIV. » pp. 151-158

Est-il possible, disais-je en moi-même, que des personnes si spirituelles, si sages, qui ont mené un extérieur si Chrétien, ne fassent jamais de réflexion sur ce que toute l’application de leur esprit ne tend qu’à fournir de la matière à des spectacles, auxquels ceux qui sont nos guides dans la Religion nous assurent qu’il n’est pas permis à des Chrétiens de se trouver ? J’admirais ce prodigieux aveuglement dans des personnes d’ailleurs si éclairées, et je le regardais comme un triste exemple de la vanité de l’homme, lequel pour se faire un nom dans le monde pour se donner la réputation d’homme d’esprit, s’applique à des choses qu’il n’est permis ni de voir, ni de lire, au moins selon les Pères auxquels je m’en rapporte, et auxquels je crois que nous sommes obligés de nous en rapporter. […] Il n’y a personne qui osât le penser, ni le dire.

113. (1845) Des spectacles ou des représentations scéniques [Moechialogie, I, II, 7] pp. 246-276

n’est-il pas à craindre qu’elle ne soit de celles des sages du monde, qui ne savent s’ils sont chrétiens ou non, et qui s’imaginent, comme dit encore Bossuet, avoir rempli tous les devoirs de la vertu, lorsqu’ils vivent en gens d’honneur, sans tromper personne, pendant qu’ils se trompent eux-mêmes en donnant tout à leurs plaisirs et à leurs passions ? […] Dites, continue le grave Bossuet, que la pudeur d’une jeune fille n’est offensée que par accident, par tous les discours où une personne de son sexe parle de ses combats, où elle avoue sa faute et l’avoue à son vainqueur même, comme elle l’appelle. […] Nous ne parlons ici que des personnes qui assistent au spectacle et non des acteurs, etc. […] Enfin, nous croyons devoir rapporter encore ici la règle de conduite à tenir à l’égard des personnes qui fréquentent les spectacles, que l’on trouve tracée par le pieux évêque feu Mgr Joly de Choin, dans le Rituel de Toulon. […] Si par hasard ces jeunes personnes ne meurent pas, un triste et peut-être un fatal hymen les unira à des vieillards de vingt-cinq ans, déjà tout courbés sous le poids des plaisirs et de la mollesse ; car c’est ainsi, comme ou sait, que se forment les alliances dans les sommités sociales.

114. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

Pour des figures, la multitude en est infinie ; symmétriser les figures, & entr’elles & avec leurs correspondantes, quand plusieurs personnes dansent ensemble, quel labyrinthe ! […] Tout cela est rendu avec tant d’énergie, & par des personnes si supérieures, qu’il est perpétuellement applaudi. […] La comédie la plus libre, dit-il, est mille fois moins dangereuse que la danse des femmes sur la scène ; j’espère que les personnes raisonnables seront de mon sentiment. […] Est-il de personne passionnée qui ne les aime éperdument, qui n’attende avec impatience, qui ne voie avec transport dans une piece les intermèdes dansés ? […] Il se corrigea de cette foiblesse en entendant quelque vers de la tragédie de Britannicus, où Racine en faisoit sentir l’indécence dans la personne de Néron.

115. (1715) Dictionnaire de cas de conscience « COMEDIE. » pp. 739740-750

Au reste on va voir dans les décisions suivantes quels sont les maux que produit la Comédie, et combien par conséquent elle est condamnable, selon le jugement même des anciens Romains, qui par leurs Lois mettaient les Comédiens au rang des personnes infâmes […] C’est pourquoi ni la longueur du temps, ni l’autorité des personnes, ni les privilèges des nations, n’ont pas la force de rendre légitime une mauvaise coutume. […] c’est offenser la Majesté de Dieu profaner la sainteté et la gloire de son Eglise et violer les règles de l’Evangile, que de permettre qu’elles soient souillées par la communication de personnes si indignes et si infâmes […] Novembre 1716. par une personne qui nous est inconnue, nous supposons avec saint Thomas, S. […] Parce qu’enfin on n’y voit point de garçons travestis en femmes ; et que tout s’y passe dans la modestie, et sans que personne s’en scandalise.

116. (1644) Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. Discours quatriesme « Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. » pp. 100-132

Cette bassesse apparente, auec laquelle les Poëtes Comiques s’accommodent à leur matiere, & cette modeste expression des actions ordinaires, ne laissent pas d’auoir vne dignité secrette, & telle que la vertu la donne aux personnes de moyenne condition. […] Et par consequent les jeunes filles, les soldats, & les nourrices representées par ces beaux esprits, sont d’vne espece qui ne se trouue point parmy nous ; sont des personnes inconnües, estranges, extraordinaires ; font d’vn autre Monde que le nostre ; ou il faut dire, Monsievr, qu’ils ont changé tout a fait le nostre. […] Ie veux dire, qu’ils font parler toutes les personnes, comme si elles auoient toutes estudié ; comme si l’Vniuersité estoit deuenüe toute la Ville ; comme si les Histoires rares & les Fables peu connües, les Allegories & les Antitheses s’estoient débordées iusques dans les Appartemens des Femmes ; dans les Sales du Commun ; dans les Boutiques des Artisans. […] Ces grandes & magnifiques paroles peuuent estre des ornemens, je le vous auoüe : Mais ce sont des ornemens qui n’ont pas esté faits pour les personnes qui les portent. […] Il se peut neanmoins, Monsievr, que ces Poëtes plaisent, je ne le nie pas ; Mais je ne pense pas que ce soit de la façon que les Poëtes de Theatre doiuent plaire, ny qu’ils plaisent aux personnes intelligentes.

117. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quatorzième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 260-274

Cependant ma vanité n’avait lieu que d’être flatée ; & lorsque ma Conductrice a eu dit ce que j’étais & ce que je desirais, personne n’en a paru fâché ; parce qu’heureusement Mademoiselle *** avait annoncé, que je ne pouvais prendre que ses Rôles : elle me conciliait par-là toutes les femmes. […] Personne ne fut admis : & dès que j’eus quitté mes habits de Représentation, nous nous échapames : un carosse de place, dans lequel Agathe m’attendait, nous remit chez Mle *** ; d’où je me rendis chez moi sur-le-champ. […] Ce fut cette petite personne qui troubla le bonheur d’une épouse vertueuse, en inspirant une passion violente au jeune Magistrat. […] Mais au-lieu de s’abandonner aux plaintes, aux reproches, cette jeune personne sans expérience, supporta patiemment son malheur ; elle eut même le courage de cacher à son père le chagrin qui la dévorait. […] Le Conseiller ne desaprouva que le secret qu’elle lui avait fait de ses goûts ; ensuite il lui parla de l’Actrice nouvelle, mais en homme transporté : & comme pour vanter la beauté de l’inconnue, il répétait souvent à sa femme qu’elle lui ressemblait, elle lui demanda si cette jeune personne surpassait la *** ?

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