Lui mandé & entré avec plusieurs anciens Avocats, ayant passé au Banc du Barreau, du côté du Greffe, a dit : Messieurs, La discipline de notre Ordre, l’honneur de notre profession, notre attachement aux véritables maximes, & notre zéle pour la Religion, ne nous ont pas permis de garder le silence, ni de demeurer dans l’inaction au sujet d’un Livre pernicieux qui a pour titre : Libertés de la France contre le pouvoir arbitraire de l’Excommunication, & qui est terminé par une Consultation signée, Huerne de la Mothe. […] Les momens précieux de la Cour ne me permettent pas, Messieurs, de faire l’analyse du second Mémoire à consulter, contenant deux cens vingt pages. […] Omer Joly de Fleury, Avocat dudit Seigneur Roi, portant la parole, ont dit : Que l’exposé qui vient d’être fait à la Cour, du Livre intitulé : Libertés de la France contre le pouvoir arbitraire de l’Excommunication, ne justifioit que trop la sensation que sa distribution avoit excitée dans le public ; qu’ils se seroient même empressés de le déferer il y a plusieurs jours, s’ils n’avoient été instruits des mesures que prenoient à ce sujet ceux qui se dévouent sous les yeux de la Cour, à la profession du Barreau ; que leur délicatesse, leur attachement à l’épreuve de tout aux maximes saintes de la Religion, & aux Loix de l’Etat, ne leur avoient pas permis de garder le silence ; & que dans les sentimens qu’ils venoient d’exprimer, on y reconnoissoit cette pureté, cette tradition d’honneur & de principes, qui distinguent singulierement ce premier Barreau du Royaume.
Un pasteur fera tout ce qu’un zèle éclairé lui permettra de faire, pour empêcher les danses et les bals de s’introduire dans sa paroisse. […] Si, malgré sa vigilance et ses exhortations, la danse s’introduit et s’établit dans sa paroisse, il doit la tolérer, sauf les cas suivants : 1° Un confesseur ne peut absoudre ceux qui persistent à vouloir fréquenter les danses regardées comme étant notablement indécentes, soit à raison des costumes immodestes qu’on y porte, « mulieribus nempe ubera immoderate nudata ostendentibus », soit à raison des paroles obscènes qu’on s’y permet ; soit enfin à raison de la manière dont la danse s’exécute, contrairement aux règles de la modestie. On excuserait cependant une femme qui, ne se permettant rien de contraire à la décence, prendrait part à la danse uniquement pour faire la volonté de son mari, auquel elle ne pourrait déplaire sans inconvénient.
C’est sous le règne d’Henri III que le clergé et les jésuites eurent la criminelle audace de proclamer les principes subversifs de toute monarchie légalement instituée : « Qu’un prince qui maltraite ses citoyens est une bête féroce, cruelle et pernicieuse ; « Qu’il y a des cas où il est permis à tout le monde de tuer, même celui qui est prince de droit, soit par succession, soit par élection, mais qui devient tyran par sa conduite ; « Que si un prince légitime devient tyran jusqu’au point de piller les fortunes publiques et particulières, s’il méprise notre sainte religion, s’il charge ses sujets d’impôts injustes, s’il fait des lois avantageuses pour lui et peu utiles au public, la république doit s’assembler et l’inviter à se corriger : que s’il ne répare pas ses fautes, elle peut lui faire la guerre, et si les circonstances le permettent, lui porter le fer dans le sein. […] 6° « Les évêques et les prêtres qui auront violé les serments faits pour la sûreté du prince, ou de l’Etat, seront déposés : il sera permis toutefois au prince de leur faire grâce.
Ces grands hommes ne nous ont laissés que leurs restes, s’il est permis de le dire, que ce qu’ils ont dédaignés. […] La Tragédie serait dans une aussi grande disette de sujets, s’il n’était permis d’y employer souvent les mêmes Passions. […] Ils ne leur était permis de mettre sur la Scène Tragique que deux ou trois Familles, célèbres dans leur Histoire, telles que celle d’Alcméon, d’Œdipe, d’Oreste, de Mèléâgre, de Thyeste, de Teléphus14. […] Permettez même qu’on traite une autre-fois, l’Avare, le Tartufe, le Joueur, le Glorieux, &c. […] Elle fait reparaître sans crainte, l’ambition, la cruauté, l’amour & l’héroïsme ; on lui permet encore de nous montrer plusieurs fois les sujets de ses Drames retravaillés de nouveau.
D’une action fort honnête faire un exemple de corruption : voilà l’effet des amours permis au Théâtre. […] « Dans une grande ville pleine de gens intrigants, désœuvrés, sans religion, sans principes, dont l’imagination dépravée par l’oisiveté, la fainéantise, par l’amour du plaisir, et par de grands besoins, n’engendre que des monstres, et n’inspire que des forfaits ; dans les grandes villes où les mœurs et l’honneur ne sont rien, parce que chacun dérobant aisément sa conduite aux yeux du public, ne se montre que par son crédit, et n’est estimé que par ses richesses ; la Police ne saurait trop multiplier les plaisirs permis, ni trop s’appliquer à les rendre agréables, pour ôter aux particuliers la tentation d’en chercher de plus dangereux. […] « Je voudrais qu’en général, dans les bals que je propose, toute personne mariée y fût admise au nombre des spectateurs et des juges, sans qu’il fût permis à aucune de profaner la dignité conjugale en dansant elle-même : car à quelle fin honnête pourrait-elle se donner ainsi en montre au public ? […] Rousseau nous permette de trouver plaisant ce souverain mépris de l’Auteur de Narcisse f pour l’Auteur des trois Cousines g. […] Est-il permis de donner ces couleurs à un amusement sans conséquence, que nous nous procurons dans nos sociétés ?
Caffaro, « Lettre d’un théologien, illustre par sa qualité et son mérite, consulté par l’auteur pour savoir si la Comédie peut être permise, ou doit être absolument défendu », in Pièces de théâtre de Boursault, Paris : Jean Guignard, 1694, pages 38, 40 etc. […] Caffaro, « Lettre d’un théologien, illustre par sa qualité et son mérite, consulté par l’auteur pour savoir si la Comédie peut être permise, ou doit être absolument défendu », in Pièces de théâtre de Boursault, Paris : Jean Guignard, 1694, pages 38, 40 etc.
Le Docteur qui soutenoit qu’elles n’avoient point péché, discit que puisqu’il est permis de massacrer l’ennemi & d’employer toute sorte de moyens pour l’affoiblir, à plus forte raison est-il permis de le rendre malad. […] Mais il a pris un tour nouveau & ingénieux ; il a fait une lettre sous le nom d’un Marchand d’étoffes pour prouver que la profession de Marchand est aussi criminelle que celle de Comédien, & que s’il ne lui est pas permis d’aller à la comédie, il ne lui est pas plus permis de débiter sa marchandise. […] Ces désordres ne sont pas plus permis à un Soldat qu’à un Bourgeois, au peuple qu’à un Seigneur. […] Si elle n’est pas honnête, si elle n’est que la répétition de la comédie, est-elle permise ? […] Jamais les farces jouées en grande licence ont-elles dû être permises ?
S’il ne nous est point permis de changer les mœurs dans les choses essentielles, au moins sommes nous obligés de rapprocher le cérémonial et les formalités. […] Je ne déciderai point la question que vous me proposez, savoir s’il est permis à une Femme de qualité d’aller à la Comédie ? […] Ceux qui ont de l’indulgence pour les spectacles, disent qu’il en faut raisonner comme des autres jeux, dont l’usage n’a rien de criminel, et peut être permis, quand il est modéré. […] La Comédie est un assemblage de paroles et d’actions réjouissantes, inventées pour le plaisir du spectateur, et capables de lui délasser l’esprit ; mais il faut supposer que ce qu’on voit, et ce que l’on dit au Théâtre, ne passe pas les bornes d’un divertissement honnête et permis. […] Si nos mœurs ne sont pas plus chastes que celles des Anciens ; au moins notre langue est infiniment plus retenue et plus modeste ; elle ne se permet jamais la moindre licence, semblable à ces prudes farouches, avec lesquelles on est toujours dans le respect.