Il est mort luthérien, continue la Marquise catholique, lettre 42, il ne sera pas enterré à Saint-Denis ; les préjugés de notre religion ne permettent pas de lui donner place dans le tombeau de nos rois (elle est fort au-dessus des préjugés cette pieuse dame). […] L’envie de combattre l’Eglise romaine a fait faire aux protestans des difficultés sur l’indissolubilité du mariage, contraires au bien public & à leurs propres intérêts Ils disent qu’en défendant le divorce, l’Evangile a excepté le cas de l’adultere, exceptâ fornicationis causâ : auquel cas il doit être permis de rompre & de se marier ailleurs. L’Eglise catholique, sur la tradition des peres, explique différemment ce passage, permet la séparation des mariés, si elle est jugée nécessaire ; mais croit que, dans tous les cas, le lien légitimement contracté est indissoluble. […] Dégoûté de sa femme, il lui dit fort militairement, nous ne nous convenons pas, il faut nous séparer, la loi du pays nous le permet pour cause d’adultere, je me charge de remplir la condition.
il est évident que ce sont ceux, qui à raison de leur dignité, & du rang qu’ils tiennent parmy les autres, sont obligez de leur donner exemple, & qui doivent prudemment juger, que leur presence authorisera ces divertissemens, dont on a tout sujet de se défier, & qui par-là, leveront tout scrupule à ceux qui ne sont pas obligez d’avoir les mémes ménagemens, parce que leur exemple ne fait point de consequence ; ainsi un Ecclesiastique, un Magistrat, une personne considerable pour sa Charge, pour son Employ, ou pour l’opinion qu’on a conçuë de sa probité ; qu’une personne, dis-je, de ce caractere distingué, se permette ces divertissemens, & contribuë à y porter les autres, & à les faire passer pour des choses absolument permises & indifferentes, c’est un scandale, & plus ces personnes sont reglées dans toutes leurs autres actions, plus ils donnent de hardiesse de les imiter en celle-cy. […] Il n’est pas moins inutile d’ajoûter, que quoyque l’on ne voye guere de pieces de Theâtre sans amour, & que pour l’y faire entrer, on n’a pas même égard à la verité de l’Histoire, pourvû qu’on ne sorte point de la vray-semblance ; neanmoins on n’y represente que des passions legitimes, qui ont pour fin le Mariage, que Dieu même a authorisé, & institué le premier ; parce que l’esprit de ceux qui les voyent representer, ne s’attache qu’à ce qui lui plaît, & fait abstraction des circonstances qui les peuvent justifier ; car ce n’est pas une chose que les Acteurs puissent regler dans ceux qui écoutent, ni arrêter dans les limites qui sont permises, comme fait le Poëte dans ses Vers ; au contraire les spectateurs n’en reçoivent souvent que ce qu’elles ont de criminel ; & elles agissent ensuite selon la difference des dispositions qu’elles rencontrent ; & l’on peut dire, que souvent la representation d’une passion couverte de ce voile d’honnêteté, a plus infailliblement son effet, que les autres les plus illegitimes, parce qu’on est moins sur ses gardes, qu’on s’en défie, & qu’on s’en défend le moins ; aussi agit-elle plus à coup sûr, & sans qu’on se précautionne des remedes qui pourroient en empêcher l’impression : d’où il s’ensuit que ces spectacles sont toûjours dangereux pour tout le monde, & qu’un Chrétien ne doit jamais se fier à sa propre vertu. […] General, permets, au Pere ** de faire imprimer un livre intitulé, Sermons sur tous les sujets de la Morale Chrétienne, cinquiéme partie contenant les sujets particuliers, tome second, les principaux desordres du Siecle, qui a esté vû & approuvé par trois Theologiens de nôtre Compagnie.
Des funambules, qui se permettaient de joindre à leurs exercices des scènes extraites des ouvrages courus, affublées d’un grand titre, vinrent s’installer sur le terrain occupé aujourd’hui par le château d’eau. […] Je lui en veux moins qu’aux censeurs d’alors, qui permirent des représentations, amas dégoûtants de tout ce qu’on peut apprendre sous les guichets de Bicêtre et de la Force. […] Arrivé à la barrière de Belleville, deux jeunes gens, dont l’un sortait du faubourg du Temple et l’autre descendait la chaussée de la Courtille, s’abordèrent en ces termes : « viens donc, Pierre, la répétition est arrêtée pour toi ; j’allais voir si nous pouvions afficher. » — « Me v’là, mais permets que j’respire un peu… j’avais des souliers à r’porter à des pratiques qu’on n’ trouve que l’ dimanche, ça m’a r’tardé d’une heure ; je n’ suis que d’ la septième scène, avec le quart d’heure de grâce, je n’ la gobe qu’ d’une demi-heure. » J’avais ralenti le pas au mot répétition, je croyais d’abord qu’il s’agissait d’un exercice de Lycée ; mais la mise et la suite du dialogue de mes champions, fixèrent mes idées sur eux. […] Je pris ma canne et mon chapeau, et je sortis de ce trou perfide, où des cannibales dramatiques se permettent, avec permission du maire de la commune, d’écorcher, deux fois la semaine, d’aimables productions, qui perdent tout en passant par la bouche de ces cuistres, qui s’arrogent effrontément le nom d’artistes.
Le Drame des Bergers, s’il m’est permis de m’èxprimer de la sorte, est certainement plus ancien que la Comédie & la Tragédie. […] Le Musicien pousserait son art jusques au dernier point de la perfection, s’il fesait en sorte que les accords des instrumens imitassent les sons champêtres que les Bergers tirent des leurs : c’est la seule imitation que la musique-Pastorale puisse se permettre.
On permet aux Personnages du nouveau Drame, de se servir simplement de la parole, lorsqu’ils ne sont pas trop animés ; mais on ne veut point qu’un Air de Pont-Neuf se trouve à côté des chefs-d’œuvres d’un Compositeur moderne ; une pareille bigarure déplaît. […] On voudrait que la mélodie de nos Compositeurs ne fut point si babillarde, s’il est permis de s’èxprimer de la sorte. […] Ce n’est pas dans une Pièce de vers d’aussi peu d’étendue qu’il est permis de prendre des licences.
Il ne faudrait pas en permettre l’usage à un peuple civilisé, à plus forte raison à une nation chrétienne. […] « Quant à ces jeunes personnes aimables et naturellement portées au bien, qui se plaignent de la rigueur avec laquelle on leur interdit les plaisirs du monde, et qui s’écrient que cette rigueur n’est point dans l’Evangile, qu’elles me permettent de leur demander, avec la plus affectueuse sollicitude, comment, dans leur conscience, elles peuvent concilier leur présence aux spectacles qu’elles fréquentent, avec ces préceptes de l’Evangile : “Soyez économe du temps ! […] Il y a longtemps qu’on discute la légitimité des représentations théâtrales ; qu’il me soit permis d’observer que la discussion eût été bientôt terminée, si l’on fût parti de l’amour de Dieu, comme du point principal.
c’est offenser la Majesté de Dieu profaner la sainteté et la gloire de son Eglise et violer les règles de l’Evangile, que de permettre qu’elles soient souillées par la communication de personnes si indignes et si infâmes […] La seconde : parce qu’il n’est jamais permis à des Religieux de se dépouiller de leur habit pour peu de temps, sous prétexte d’une plus grande commodité dans une récréation même licite ; tel qu’est le jeu de boule en particulier. A plus forte raison doit-on dire, qu’il ne leur est donc pas permis de s’en dépouiller pour se revêtir d’habits de théâtre, ni même d’en couvrir les leurs en les mettant par-dessus leurs robes : ces habits n’étant propres qu’à des gens que l’Eglise regarde comme excommuniés.
Mais il y a plus de rapport que tout autre ; & en tout cas vous me permettrez d’user de la liberté que se sont donnée les Peres, maîtres, & modeles des Prédicateurs. […] Qu’il est permis & même ordonne de relâcher l’esprit : & que le théatre est aujourd’huy si purifié, que le vice y devient haïssable, parce qu’on l’y rend ridicule, & que la vertu n’y paroît avec guere moins d’honneur que dans les Chaires. […] Je vous le permets, dis-je, à ces conditions, persuadé, que vous trouverez ma permission impraticable, & que vous n’en userez point du tout. […] J’ai déja montré, qu’il ne l’est pas ; & j’ajoûte, que ceux qui le prennent n’ont aucun droit de se divertir ; car dans les principes de la Religion, le divertissement n’est permis, qu’à ceux qui ont le corps ou l’esprit lassé par un long & penible travail, & la pluspart des personnes dont nous parlons, sont dans une oisiveté perpetuelle, qui seule suffit pour les damner, selon la Doctrine des Peres après l’Evangile, sola otiositas sufficit ad damnationem. […] Un plaisir qui n’est pas innocent, comme sans doute celuy-cy ne l’est pas, ne peut estre jamais permis : & je soûtiens que dans les siecles passez le Théatre n’estoit pas si gâté qu’il l’est dans le nôtre.