Je parlerais sans deviner : mais le respect dû au public ne me le permet pas. […] Il est permis à Monsieur de s’habiller selon sa condition. Donc il faut lui permettre la Comédie. […] On peut dans l’ordre civil permettre un mal dont les effets sont moins tumultueux, pour éviter des maux trop éclatants et sans remède. […] C’est précisément la solution de la difficulté qui se trouve à décider, si la Comédie est toujours permise, ou toujours défendue.
p : pendant que les lois du siècle qui ne peuvent pas déraciner tous les maux permettaient l’usure et le divorce, ces grands hommes disaient hautement que si le monde permettait ces crimes, ils n’en étaient pas moins réprouvés par la loi de l’Evangile : que l’usure qu’on appelait légitime, parce qu’elle était autorisée par les lois romaines, ne l’était pas selon celles de Jésus-Christ, et que les lois de la cité sainte et celles du monde étaient différentes.
Monseigneur, Si j’avais l’honneur d’être mieux connu de Votre Grandeur, je prendrais la liberté de l’aller voir au lieu de celle que je prends de lui écrire, pour la supplier très humblement de me regarder comme le seul coupable de l’impression d’une Lettre que j’ai mise au devant de quelques Pièces de Théâtre que j’ai données au Public, (si toutefois il y a du crime à mettre au jour les sentiments des Pères de l’Eglise, touchant les Spectacles qui peuvent être permis, et ceux qui doivent absolument être défendus). […] » Si Votre Grandeur me voulait permettre de lui parler avec autant de bonne foi que de respect, je lui dirais que l’orage qui s’est élevé depuis quelques jours contre la Comédie, dont, sans y penser, j’ai été la cause, a été comme une de ces pluies heureuses, qui redoublent la fertilité de la Terre ; et que les raisons contre un Divertissement si approuvé ont paru si faibles qu’elles ont augmenté l’envie d’y aller. […] En Espagne et en Portugal, où l’Inquisition est si sévère, ne représente-t-on pas des Comédies : et parmi des Peuples où la moindre peccadille envers la Religion est souvent un crime irrémissible, ces Spectacles seraient-ils permis s’il était vrai qu’ils fussent si pernicieux ?
Car, si cela était vrai, l'Eglise y aurait fait quelque différence, en marquant à ses enfants quels sont les Spectacles qui leur sont permis, et quels sont ceux qui leur sont défendus. […] La troisième chose qu'il faut remarquer, c'est que quoiqu'un Concile d'Afrique, tenu l'an 424 se soit contenté de demander aux empereurs qu'ils défendissent tous les Spectacles à de certains jours plus particulièrement destinés au culte de Dieu, et aux exercices de piété, cela ne signifie pas qu'il prétendît les approuver et les permettre les autres jours. […] Sur quoi Zonare fait cette réflexion, les règles de la discipline Evangélique, bien loin de permettre aux Fidèles de s'abandonner au relâchement et à la dissolution, elles les obligent à se conduire vertueusement, et sans reproche, pour répondre à la sainteté de la Religion dont ils font profession; c'est pourquoi le Décret de ce Canon défend, et interdit tout ce qui relâche l'esprit, et dissipe son attention par un divertissement inutile qui cause le ris dissolu, et des réjouissances immodestes.
Si on dit que les Grecs et les Romains le permettaient, je réponds que c’était par superstition pour leurs Dieux ; mais les plus sages les ont toujours blâmés, car quoique les tragédies corrompent moins, Solon ayant vu jouer une tragédie de Thespis, le trouva fort mauvais. […] Il permet des jeux, mais des jeux de gymnastique qui forment le corps, des conversations philosophiques qui éclairent l’esprit, des repas innocents qui lient les citoyens. […] Dans le Dialogue sur les lois, obligé par l’empire de l’usage de tolérer malgré lui le spectacle, il veut du moins qu’on tâche d’en prévenir les abus, il ne permet à aucun citoyen ni à aucune personne libre, de monter sur la scène, il renvoie aux esclaves et aux étrangers ce méprisable métier. […] Quelque relâchée que paroisse cette décision, on peut l’appuyer par l’exemple de Naaman, à qui le Prophète Elysée permit d’accompagner le Roi de Syrie, son maître, dans le Temple de ses Idoles, et de se baisser avec lui quand il les adorerait. […] La loi permet de tuer un Magistrat ivre, Vespasien approuvait qu’on répondît injurieusement à un Sénateur agresseur : « Non opportet maledici Senatoribus, re maledici civile et fas est. » (Sueton.
Leur est-il donc permis de se jetter eux-mêmes dans un danger si évident ? Leur est-il permis d’ignorer qu’ Prov.
Docteur, permettez que je cite ici ses propres expressions : ) Equidem arbitror multos ex iis qui ad spectacula discesserant bodie prasentes esse. […] Ces abominations grossieres, ce n’étoit pas apparemment ce que les Chrétiens d’Antioche regardoient comme des divertissements permis ; car vous supposerez bien, sans doute, ces Chrétiens d’Antioche aussi réservés, aussi chastes qu’on peut l’être dans notre siecle ; or ce sont ces divertissements, qu’ils croyoient permis, que S. […] Je leur demande s’il est permis aux Chrétiens d’assister aux spectacles ; ils sont persuadés que vous y avez renoncé ; ils répondront en nous citant les premiers écrits de nos Docteurs à leurs Césars. […] répondoit Saint Thomas en traitant ce sujet même, tout ce qu’on ne punit pas le tolere-t-on ; & permet-on tout ce qu’on tolere ? […] mes Freres, permettez-moi de le dire, vous ne savez pas même ce que c’est que l’innocence.
Un de nos Rois, défendant les habits somptueux aux honnêtes femmes, les permit aux femmes publiques, pour les faire distinguer par leurs excès. […] Il n’est pas même permis aux Comédiens d’avoir des chaises, ni de s’asseoir dans un lieu public, ni de paraître dans les assemblées publiques, quoique cela fût permis à tous les citoyens : « Exceptis Scenicis, et qui spectacula populo præbent, cœteris omnibus, sellarum, sedendi, et conveniendi in publicum, tribuimus facultatem » (L. […] Parmi nous ils n’ont aucun rang, à la vérité, on ne leur permettrait pas des distinctions, et ils n’oseraient se mêler parmi ceux qui ont des places marquées ; mais on ne s’avise pas s’ils viennent aux assemblées, s’ils y sont assis ou debout. […] Et alors elle partage entre eux la dépense sans partialité, leur permettant néanmoins d’enchérir à l’envi les uns des autres, pour mieux mériter sa tendresse. […] la religion, les mœurs, le bon ordre, permettent-ils d’imaginer que dans un royaume chrétien on leur fasse une nécessité d’un métier infâme ?